HISTOIRE DE L'HOSPICE "SAINT STANISLAS" -NANCY- début du 20° siècle

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mounette_girl
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HISTOIRE DE L'HOSPICE "SAINT STANISLAS" DE NANCY
À PARTIR DU DÉBUT DU 20ème SIÈCLE
(et durant les deux guerres mondiales)



Depuis le 24 Juillet 1889, une nouvelle catégorie d'enfants était déjà accueillie par l’Hospice dépositaire SAINT STANISLAS de Nancy (54). Il s’agissait d’ "enfants délaissés, maltraités, ou moralement abandonnés".

Mais, par les lois des 27 et 28 Juin 1904, considérées comme la Seconde charte des Enfants Assistés, la tutelle des enfants fut enlevée à l'Hospice dépositaire, pour être donnée au Préfet lui-même. Ce dernier devenait ainsi Tuteur des Pupilles de l'Assistance, dénomination nouvelle pour une catégorie englobant les "enfants trouvés, abandonnés et orphelins pauvres, ainsi que les enfants concernés par la loi de 1889".
Une deuxième catégorie d'enfants assistés fut également définie. Elle concernait "les enfants secourus, les enfants en garde, et ceux dits en dépôt".

En 1906, une nouvelle rébellion éclata à l'Hospice Saint Stanislas. Il s'agissait cette fois de la révolte des garçons.
En 1909, l'école de l'Hospice fut supprimée, et les enfants fréquentèrent les écoles de la ville.
Puis survint la guerre de 1914 : on fit alors confectionner aux enfants de la charpie, pour les pansements des blessés.
En 1916, Nancy fut victime de bombardements. Ce qui amena les autorités à demander à la Commission administrative des Hospices, gestionnaire de l’Hospice Saint Stanislas, de transférer ailleurs tous les enfants assistés, afin de mettre les bâtiments ainsi libérés à la disposition des enfants des écoles de Nancy.
De mars 1917 à novembre 1918, la population habituelle de l'Hospice s'installa donc dans l'ancien couvent des Pères Oblats situé sur la Colline de Sion, à l'exception des enfants de la Pouponnière qui furent confiés à l'Hôpital Marin de Nancy.
En 1919, un Asile pour mères-nourrices fut annexé à cette Pouponnière.
En 1924, ces deux services intégrèrent l'Hospice Saint Stanislas.
Puis en 1929, l'Asile maternel fut installé à la Maternité nouvellement créée dans le département.

En 1930, la ville de Nancy remit aux administrateurs des Hospices Civils la grande propriété du parc de Saurupt, à laquelle s'ajouta le legs d'une veuve qui souhaitait que soit érigé un nouvel orphelinat pour les enfants pauvres de Nancy et de sa région. Les travaux, auxquels l'Etat participait, furent commencés, puis interrompus par la seconde guerre mondiale.
A partir du décret-loi du 30 Octobre 1935, les mineurs vagabonds, qui dépendaient antérieurement de l'administration pénitentiaire, furent confiés à l'Assistance Publique :
".. Cette catégorie de mineurs devrait être séparée des enfants assistés proprement dits, en vue d'éviter toute contamination morale", disait Madame Lacore, Secrétaire d'Etat, dans sa circulaire du 7 Juillet 1936. Quant à la circulaire du 15 Septembre 1937, qui recommandait d'apporter beaucoup d'attention à l'éducation des pupilles "déficients", elle a ceci de particulier qu'elle relatait les inspections effectuées tant à la célèbre colonie de Mettray que dans d'autres établissements de redressement.
Ces inspections révélaient que "les enfants immoraux, violents ou vicieux, n'étaient pas toujours distingués des mineurs simplement difficiles. Il est cependant essentiel de ne pas négliger cette discrimination qui est à la base de toute possibilité de relèvement, et dont la loi du 28 Juin 1904 a posé le principe".
Dans cette ambiance moralisatrice particulière, le Service de l'Enfance de Meurthe-et-Moselle recherchait les moyens propres à améliorer ou modifier le caractère de ses pupilles difficiles. Il plaçait donc certains "mauvais sujets" dans des écoles professionnelles ou de réforme : écoles d'Aumale, de la Faye, de Frasnes-le-Château, Bons Pasteurs, etc...


En Août 1939, avant la déclaration de guerre et la mobilisation générale, les enfants de l'Hospice Saint Stanislas, pouponnière y comprise, furent dirigés sur la Fondation Victor Poirel de Rosières-aux-Salines, établissement pour malades convalescents qui appartenait à la ville de Nancy.
Puis, en Octobre 1939 les orphelins, et des assimilés pupilles estimés orphelins (enfants du Vietnam, par exemple), bénéficièrent encore d'un traitement spécial : séparés des autres mineurs, ils quittèrent Rosières pour se rendre dans le département de la Gironde, d'où ils ne revinrent pas, pour la plupart.

Quant aux locaux de Saint Stanislas, ils furent occupés par le Grand Séminaire pendant toute la période de la guerre 1939-1945. Les enfants ne réintégrèrent leur établissement qu'en 1946.
Il est à noter que c'est à partir de la loi du 15 Avril 1943 que le terme de pupille de l'Etat se substitua à celui de pupille de l'Assistance Publique, mais cela ne concernait plus qu'une fraction, certes encore importante, des mineurs accueillis. Pourtant cette même loi assimilait encore aux pupilles les enfants recueillis temporairement et les enfants en garde, en ce qui concernait leur surveillance, leur mode de placement et la gestion de leurs deniers.
Peu après la fin de la guerre, les tout-petits de la Pouponnière quittèrent Saint Stanislas pour être hébergés, d'abord au C.H.R., puis à la Maternité Départementale, où se trouvait déjà l'Asile maternel.

Enfin, en Novembre 1968, le Foyer Saint Stanislas se scinda en deux : les enfants de moins de six ans et ceux de plus de douze ans furent transférés au Foyer nouvellement construit à Laxou, 1 A, rue Bel Air. Ce furent les dernières années de vie de l'établissement.

Progressivement dépeuplé, il dût fermer définitivement ses portes en Décembre 1986, après 212 années d'existence. Dès lors, trois établissements publics allaient assurer la mission d'accueil qui avait été la sienne dans le département :
. le Foyer Départemental de l'Enfance de Laxou (qui abritait désormais la Pouponnière de l'A.S.E ),
. le Foyer de l'Enfance de Pont-à-Mousson (qui regroupait deux ex-orphelinats, celui de "Jules Colombé" et celui de "Magot de Rogéville"),
. le Centre Maternel Départemental (qui regroupait l'ex-Maison maternelle et l'ex-Hôtel maternel, tous deux héritiers des "Maisons de couches" prévues par la loi du 19 Mars 1793).

Enfin, à partir de 1983 et de la décentralisation, l'Aide Sociale à l'Enfance a été confiée au Conseil Général de Meurthe-et-Moselle.

* * * * *


Voir : APPROCHE DE L'HISTOIRE DES ENFANTS ASSISTÉS EN MEURTHE-ET-MOSELLE

APPROCHE DE L' HISTOIRE DES ENFANTS ASSISTÉS EN MEURTHE ET MOSELLE

La consultation fréquente de dossiers anciens et documents de toutes sortes (tels le règlement général du Service des Enfants Assistés dans le département de la Meurthe, ou le décret portant sur la gestion des deniers des Pupilles de l'Assistance Publique, ou les livrets de pupilles, ou les registres d'immatriculation, registres des baptêmes, livres-journal, procès-verbaux d'abandon, ou bien encore des correspondances, etc ...), la consultation de ces pièces d'archives, donc, permet de retracer, dans ses grandes lignes, l'histoire de l'Aide Sociale à l'Enfance dans notre département.

Il faut mentionner aussi une plaquette d'environ 30 pages, éditée par le Centre Hospitalier Régional de Nancy, pour le bicentenaire du Foyer Saint-Stanislas (qui fut jadis "Hôpital des Enfants Trouvés" et, pendant longtemps, seul hospice dépositaire dans le département). C'est un document précieux.

Mais, la consultation de toutes les pièces d'archives, relatives à la protection de l'enfance dans le département de la Meurthe, et depuis 1871 dans celui de Meurthe-et-Moselle, n'a évidemment pas été effectuée. Elle nécessiterait un long travail de recherche .

L'historique présenté aujourd'hui n'est donc qu'une "approche" Il ne peut en aucun cas être considéré comme exhaustif.

L'HISTORIQUE :

Bien avant la Révolution, les orphelins pauvres furent protégés en France, et particulièrement en Lorraine.
Le duc Charles IV fonda pour eux, au sein de l'Hospice Saint-Julien de NANCY, une centaine de lits en 1626.
Le roi Stanislas en ajouta vingt-quatre autres en 1774. Il avait en outre le projet d'accueillir quelque six cents à douze cents enfants trouvés, mais n'eut pas le temps de le réaliser.

Rien n'était donc prévu pour les enfants trouvés et abandonnés jusqu'en 1774. La plupart mourraient, faute de soins. Mais, sur les conseils de la princesse Adélaïde, Louis XVI, son neveu, ordonna la fondation à Nancy d'un "Hôpital des Enfants Trouvés", par lettres patentes du 28 Juillet 1774.
Il affecta à cette œuvre 220.000 livres, plus un apport personnel de 42.392 livres, l'exempta de la gabelle et des taxes sur les denrées entrant dans la ville, lui accorda une coupe annuelle de douze arpents de bois pour son chauffage, autorisa les dons et legs en sa faveur, l'installation de "troncs dans toutes les églises et autres lieux pour exciter le zèle et la charité", et enfin préconisa la fabrication par les enfants de "toute espèce d'ouvrage en fils de coton et laine" destinée à être vendue.

Le bureau d'administration de cet hôpital était composé de 15 membres, dont l'Evêque. Un contrat fut passé avec une congrégation religieuse et hospitalière, celle des "Soeurs de Saint Charles Borromée", congrégation issue d'une œuvre d'abord laïque (fondée en 1652 par l'avocat Emmanuel Chauvenel : "Filles de la Charité, Marie, Jésus, Joseph").

En 1774 donc, le bureau d'administration loua une maison particulière sise rue Saint-Dizier à Nancy (n° 114 actuellement), en attendant de pouvoir installer les enfants et les religieuses dans les bâtiments de l'ancienne Vénerie ducale, sise à l'emplacement actuel de la Faculté de Droit de Nancy. Cette installation se fit en 1778, et l'Hôpital des Enfants Trouvés demeura là jusqu'en 1805.

Avec une moyenne de 397 enfants abandonnés par an, entre 1774 et 1793, l'Hôpital avait en permanence à sa charge quelque 600 à 800 enfants, malgré une très sévère mortalité.

Les abandons ont toujours existé, et il y a toujours eu, de par le monde, des personnes ou des collectivités charitables, pour recueillir les petits abandonnés. Ces bébés, délaissés à la naissance ou au cours de leurs premiers mois d'existence, étaient généralement "exposés" dans des lieux publics pour être plus facilement "trouvés". Les expositions étaient donc pratiquées sur les places publiques, devant les porches des maisons cossues, plus fréquemment devant ceux des églises et à l'intérieur de celles-ci, puis à la porte des hospices comme l'Hôpital des Enfants Trouvés de Nancy.

A cette époque déjà, ce n'était pas le fait d'abandonner qui était un délit, mais la manière de le faire, si elle mettait l'existence d'un enfant en péril. Donc, pour protéger la vie des enfants, Nancy adopta très tôt le système du "tour", qui existait déjà en Italie depuis le VIII° siècle semble-t-il, et que Saint Vincent de Paul aurait introduit en France.

Le tour était une porte pivotante, en forme d'armoire cylindrique, avec un guichet pour y déposer l'enfant à abandonner, et équipée (par la suite) d'une sonnette pour alerter la personne chargée de le recueillir aussitôt. Si l'usage de ce tour n'était pas encore un mode légal d'abandon en 1793, par contre le secret de l'abandon était déjà garanti par la loi. Ce secret avait pour but de lutter contre l'avortement et l'infanticide, et également de défendre l'intérêt des familles.

En 1793 également, l'Assemblée législative et la Convention décidèrent que les institutions, comme l'Hôpital des Enfants Trouvés de Nancy, devaient être à la charge de la nation toute entière. L'établissement devint donc "Hospice des Enfants de la Patrie".

En 1794, il n'y eut plus de religieuses ; elles furent remplacées par un personnel composé de cinq filles hospitalières, quatre filles de peine, un tailleur, un boulanger, et un jardinier.

Par la loi du 27 Frimaire de l'an V (17 Décembre 1796), l'Etat se déchargea en grande partie de l'entretien des enfants abandonnés et des orphelins et plaça ces enfants assistés sous la tutelle du président de l'administration communale, tutelle exercée en fait par les commissions administratives des hospices qui venaient d'être créées.

A Nancy, l'Hospice des Enfants de la Patrie n'eut plus d'existence légale, puisqu'il était rattaché aux Hospices de la ville, tous hospices dépositaires comme lui. Ce qui accrut les difficultés : accroissement du nombre des abandons (par la multiplication des lieux de "dépôt"), contacts des enfants avec malades et vieillards, problèmes budgétaires... Mais à partir de l'an V également, les religieuses purent reprendre leurs fonctions, sous un habit néanmoins laïc, et sous leurs noms patronymiques précédés du titre de "Citoyennes".

En 1798, la charge des orphelins de l'Hospice de Boudonville échut aussi à la Commission administrative des Hospices de Nancy. Puis, en 1801, le Consulat octroya à ces Hospices Civils l'ancien Noviciat-Collège des Jésuites, lesquels avaient été expulsés en 1768 : ce bâtiment, situé à l'extrémité de la rue Saint-Dizier, et à l'ombre de la porte Saint Nicolas, était un magasin militaire et un corps de garde. Les Hospices Civils envisagèrent alors de regrouper là tous les enfants assistés, qu'ils soient orphelins, abandonnés ou trouvés.

En 1805, sous l'Empire, les enfants emménagèrent donc une nouvelle fois rue Saint-Dizier, au Collège des Jésuites, remis en état et doté d'une chapelle aménagée dans l'ancien réfectoire des religieux en question, parce que la gestion de l'Hospice était à nouveau confiée à une religieuse économe, et que les quatre services d'enfants étaient à nouveau sous la responsabilité d'autres soeurs (8 au total).

Débaptisé, l'Hospice des Enfants de la Patrie devint "Hospice des Orphelins", parce qu'il allait regrouper tous les orphelins des hospices de Nancy : ceux de l'Hospice de Bienfaisance (ex-Saint Julien), puis ceux de l'Hospice des Orphelines Sainte Elisabeth, supprimé le 17 Messidor de l'an XIII.

Des abandonnés et trouvés on ne parlait plus, et pourtant ils étaient là. En 1809, tous les enfants étaient enfin regroupés sous le même toît. Cependant, ils n'étaient pas confondus, mais soumis à des règles et traitements différents, selon leur appartenance à tel ou tel groupe.
Quant à la Vénerie ducale, elle fut vendue, parce qu'elle nécessitait des réparations trop importantes.

Le Décret-Loi impérial du 19 Janvier 1811, que l'on considère comme la première charte des Enfants assistés, donna à l'établissement de la rue Saint-Dizier un statut légal, et le Préfet fit de lui, pour un certain temps, l'unique hospice dépositaire du département, chargé du recueil d'enfants.

Par ce même décret-loi impérial, l'ancien système du "tour" devenait un mode légal d'abandon; il convenait donc d'en ré-installer un à Nancy, à la porte principale du nouvel Hospice des Orphelins, avec une sonnette. Ce qui fut fait le 14 Août 1811. Mais il fut supprimé en 1818, en raison des accidents qu'il risquait de provoquer. Cependant, les expositions et abandons demeuraient nombreux à cette époque.

En 1817, la loi de finances obligea le département à participer aux frais de l'Hospice.
En ce début du XIX° siècle, 60 à 70 % des enfants étaient dispersés à l'extérieur de l'établissement, en nourrices, chez des cultivateurs, ou en apprentissage chez des artisans et manufacturiers. Il n'y avait donc qu'une centaine d'enfants à l'intérieur de l'Hospice.

Sous la Restauration, l'Hospice des Orphelins devint "Hospice des Orphelins sous l'invocation de Saint Stanislas". Et on finit par l'appeler, rapidement et tout simplement "Hospice Saint Stanislas".

Pour avoir une idée de l'importance de cette institution qui s'occupait de tous les enfants assistés du département, ou présumés issus du département, voici ses effectifs : en 1821, l'Hospice veillait sur 1843 enfants, et en 1823 sur 1882 enfants. Un commissaire spécial, chargé de vérifier deux fois par an les registres d'admissions, fut nommé en 1823 par le Préfet, sous l'instigation du Conseil Général de la Meurthe (ému par le nombre d'enfants illicitement entrés à Saint Stanislas, alors qu'ils relevaient d'autres départements). Il y eut donc une surveillance, mais peu efficace semble-t-il.

En 1831, la vague d'abandons fut forte, et en 1832, une épidémie de choléra obligea l'Hospice à recueillir aussi beaucoup d'orphelins. Puis, on enregistra une baisse d'effectifs à partir de 1834 (94 admissions dans l'année seulement).

Administrativement parlant, le caractère départemental du Service date de 1839. En effet, une fonction d'inspecteur, chargé de la surveillance des placements, a été créée le 12 Mars 1839 dans chaque département, par instructions données à chaque préfet. Dans notre département, cette fonction n'a été exercée qu'à partir de 1843, par des inspecteurs d'écoles primaires dans un premier temps, et ce, en raison d'un manque de crédits. A cette époque, l'Hospice Saint Stanislas résorbait ses déficits, par différentes activités : fabrication de toiles de coton et de laine, aumônes, quêtes, et présence des enfants aux convois funèbres...

A la suite de plusieurs incendies, des travaux furent entrepris dans l'établissement : ainsi, en 1853, le gaz y fut partiellement installé et, peu après, le bâtiment principal fut rehaussé d'un étage.

C'est à ce moment que se situe le premier arrêté préfectoral portant règlement général du Service des enfants assistés dans la Meurthe. Il réunissait en un seul document les dispositifs qui régissaient ce service antérieurement. Cet arrêté a été signé le 2 Décembre 1861 par Monsieur de Saint Paul, préfet de la Meurthe.

La loi du 5 Mars 1869 déchargea alors l'Hospice de toutes les dépenses intérieures, pour les imposer au département. Les layettes et vêtements confectionnés pour les enfants furent remboursés, et les frais pharmaceutiques ne furent plus à la charge des nourrices auxquelles des enfants étaient confiés.
En 1869 également, l'Inspecteur de l'Assistance Publique devint fonctionnaire d'Etat, et l'exercice de la tutelle sur les pupilles lui fut délégué par le Préfet.

La guerre de 1870 fit à nouveau augmenter le nombre des admissions à l'Hospice Saint Stanislas (212 dans l'année). Et en 1871 naissait le département de la Meurthe-et-Moselle, formé des deux fractions de la Meurthe et de la Moselle laissées à la France par le traité de Francfort.

En 1872, le conseil municipal mit fin aux lugubres cérémonies d'enterrements auxquelles les enfants devaient participer presque chaque jour. La vie n'était pas facile pour les enfants assistés. Révoltés par l'injustice de leur sort, et par la discipline contraignante qu'ils subissaient, certains se rebellèrent. Ainsi en fut-il, par exemple, du groupe des grandes filles en 1873.

Quelle était la situation des pupilles à cette époque ? Nous avons vu qu'il s'agissait d'orphelins pauvres, d'abandonnés ou d'enfants trouvés. On ne parlait pas encore d'autres catégories. Les familles étaient donc officiellement absentes, et le préfet et l'inspecteur décidaient seuls du sort des enfants.

Examinons, pour illustrer ce propos la situation en 1873 par exemple :
La guerre venait d'accroître les difficultés en augmentant les effectifs des enfants assistés. A l'Hospice Saint Stanislas, le groupe des jeunes filles s'agitait. Les problèmes d'orientation, et de placements nourriciers et à gages étaient importants. Le préfet et l'inspecteur trouvèrent donc intéressante l'offre de l'Etat qui, par l'intermédiaire de son Département de la Marine, attribuait certains avantages aux jeunes filles qui voulaient bien s'expatrier en Nouvelle Calédonie.

En effet, cette terre française manquait de femmes. Des démarches furent donc effectuées auprès des jeunes filles pupilles pour les inciter à émigrer. Pour obtenir un certain nombre d'adhésions, la collaboration des maires, curés et instituteurs fut sollicitée, parce que ces pupilles semblaient n'avoir pas suffisamment compris, ni apprécié, les avantages qui étaient offerts, à savoir notamment :

"... la perspective de contracter des mariages avec les colons sérieux du pays, composé, comme vous le savez, de nombreux émigrants volontaires et libres exploitant les terres acquises du domaine ou exerçant une profession, et de gens envoyés par punition à la Nouvelle-Calédonie, mais qui ont su se réhabiliter par le travail et la propriété". Cet exemple, à lui seul, suffit pour illustrer une idéologie dominante en cette fin du XIX° siècle et les pratiques impératives de l'Assistance Publique de notre département.

Entre 1880 et 1882, des travaux importants furent entrepris à l'Hospice Saint Stanislas : nouveaux dortoirs, cour d'entrée pavée, cour de récréation cimentée, amenée des eaux de la Moselle, aménagements des anciens lieux d'aisance etc..., puis installation de premières salles de bains.

Par la loi du 24 Juillet 1889, une nouvelle catégorie d'enfants fut accueillie dans l'établissement : les délaissés, maltraités, ou moralement abandonnés. Par celles des 27 et 28 Juin 1904, considérées comme la Seconde charte des Enfants Assistés, la tutelle des enfants fut enlevée à l'Hospice dépositaire, pour être donnée au Préfet lui-même. Ce dernier devenait ainsi tuteur des Pupilles de l'Assistance, dénomination nouvelle pour une catégorie englobant les enfants trouvés, abandonnés et orphelins pauvres, ainsi que les enfants concernés par la loi de 1889. Une deuxième catégorie d'enfants assistés fut également définie. Elle concernait les enfants secourus, les enfants en garde, et ceux en "dépôt".
"Tes yeux brillaient moins aujourd'hui /Dis-moi, dis-moi pourquoi chère âme /Dis-moi quel chagrin, quel ennui /Mettait un voile sur leur flamme." - Sergent Ducloux Désiré, dit Gaston - 146° RI
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