Femmes lorraines dans la Grande Guerre

italique
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Re: Femmes lorraines dans la Grande Guerre

Message par italique »

Bonjour,
Comme promis des infos sur la publication de l'article: les magazines Metz Femmes et Nancy Femmes sont en kiosque depuis vendredi avec l'article en couverture.
Portraits de Marie Marvingt, soeur Gabrielle, Nicole Girard-Mangin, Irène Ducloux, Mathilde Mangé, à mon avis bien brossés et joliment illustrés. Evocation également d'autres personnages. Une lecture découverte intéressante réalisée par une journaliste débutante.
Cordialement,
Elise
Rutilius
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Re: Femmes lorraines dans la Grande Guerre

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


Bulletin meusien, Organe du Groupement fraternel des réfugiés et évacués meusiens, n° 110, Jeudi 7 décembre 1916, p. 2, en rubrique « Nécrologie ».


« Hannonville-sous-les-Côtes. — Nous avons le vif regret d’apprendre le décès, à l’âge de 35 ans, de Mlle Mangé, receveuse des Postes et télégraphes d’Hannonville-sous-les-Côtes (Meuse), évacuée à Bar-le-Duc, qui, on s’en souvient, reçut le 14 juin 1915, des mains du général Sarrail, dans la cour de l’hôpital mixte, la médaille militaire pour sa brillante conduite au moment de l’invasion.
Des obsèques simples et émouvantes lui ont été faites le lundi 27 novembre à 2 heures et demie, à l’église Saint-Jean de Bar-le-Duc, en présence de M. le général de division Goigoux, de M. le Préfet de la Meuse, de M. le maire de Bar-le-Duc, du directeur des Postes et des Télégraphes du département et de son personnel, des chefs et représentants du service télégraphique militaire, et du service de la poste aux armées, de délégations militaires désignées par le commandant d’armes, et d’un nombreux concours de personnes amies et sympathiques venues apporter un dernier hommage à la courageuse fonctionnaire.
Au cimetière, D. Brandstetter, directeur des Postes et des Télégraphes, a retracé en ces termes la carrière de Mlle Mangé et rappelé les faits qui lui ont valu la haute et rare distinction dont elle a été l’objet :

Au nom de M. le Ministre du Commerce, de l’Industrie, des Postes et des Télégraphes, au nom du personnel des Postes et des Télégraphes, au nom du personnel des Postes et des Télégraphes de la Meuse, au nom de la grande famille postale toute entière, je viens dire un dernier adieu à notre regrettée camarade Mlle Mangé, receveuse des postes et Télégraphes d’Hannonville-sous-les-Côtes, médaillée militaire pour sa brillante conduite au moment de l’invasion, qu’une maladie cruelle vient d’enlever prématurément à notre affection.
Née le 3 novembre 1881 à Vélosnes (Meuse), d’un père brigadier des douanes, à deux pas de cette frontière belge et luxembourgeoise toujours menacée, qui, en 1914, devait connaître la première les horreurs de l’invasion, Mlle Mangé avait on peut le dire, été élevée à l’école du patriotisme.
Après avoir débuté comme aide des postes au bureau de Briey en 1899, elle y devint plus
tard employée titulaire et y resta jusqu'en 1913, époque à laquelle elle fut nommée receveuse d’Hannonville-sous-les-Côtes. Elle occupait ce poste depuis dix-huit mois, lorsque la guerre éclata.
Le 2 septembre, une première patrouille ennemie pénètre dans le village.
Mlle Mangé se fait renseigner par les habitants sur les forces et les mouvements de l'ennemi ; portes closes et persiennes fermées, elle transmet ces renseignements à l’autorité militaire française, il est entendu que lorsque le danger deviendra trop pressant, les habitants la préviendront pour lui permettre de fuir par son jardin et de se réfugier dans une maison voisine.
Le 7 septembre, elle signale le passage d’un régiment de cavalerie, puis de forces importantes d’artillerie et d’infanterie.
Le 10 septembre, elle voyait les mêmes troupes traverser de nouveau le village, mais en
se dirigeant cette fois vers Metz et bientôt après les troupes françaises réoccupaient le pays : c’était l’effet de la Marne.
Cependant, le général commandant en chef avait été frappé de la précision des renseignements fournis, ainsi que de la présence d’esprit et du courage dont faisait preuve cette jeune receveuse des postes et je reçus l’agréable mission de lui adresser des félicitations de sa part.
Malheureusement, la 21 septembre, l’ennemi revenait en forces et je restais sans nouvelles de Mlle Mangé, jusqu’en mars 1915 où j’apprenais par une de ses collègues de Briey, rapatriée, qu’elle était elle-même à Briey, dans sa famille.
Enfin, le 25 mars, Mlle Mangé, rapatriée à son tour, arrivait à Évian et, quelques jours après, à Bar-le-Duc, où elle était affectée en attendant la réouverture de son bureau.
J’eus alors le plaisir de lui annoncer, à sa grande surprise et à sa non moins grande émotion, que le général commandant en chef avait proposé de lui décerner la médaille militaire en récompense de sa courageuse attitude avant et pendant l’occupation allemande.
Cette proposition fut ratifiée par un arrêté du Ministre de la Guerre en date du 23 mai 1915, avec le motif suivant :


" Pendant la journée du 7 septembre 1914, a renseigné sur les mouvements et dispositions de l’ennemi et a continué même après l’occupation du village."

Cette haute distinction fut remise solennellement à Mlle Mangé, le 14 juin 1915, dans la cour de l’hôpital mixte de Bar-le-Duc, par M. le général Sarrail, commandant à l’époque la 3e armée, en présence de hautes personnalités militaires et civiles. Nous avons tous conservé le souvenir impressionnant de cette cérémonie où notre jeune camarade, tremblante d’émotion, recevait sa récompense en même temps que de glorieux blessés amenés sur leur lit d’hôpital.
Mais il était visible que, déjà, Mlle Mangé avait reçu les atteintes du mal cruel qui devait l’emporter, conséquence des souffrances matérielles et morales qu’elle avait endurées.
Un cruel deuil de famille — perte d’une sœur qui vivait avec elle — et l’obligation où elle s’est trouvée de se séparer ensuite de sa mère, faute de pouvoir lui prodiguer elle-même les soins que nécessitait sa santé qui n’avait pu résister à tant de fatigues et de secousses morales, aggravèrent encore son état.
Dans sa détresse, elle trouva dans des compensations. En particulier, une précieuse aide morale et matérielle lui fut accordée par une famille que je tiens à remercier ici du grand cœur et du dévouement dont elle a fait preuve à son égard. Elle resta ainsi entourée jusqu’à ses derniers moments de soins dévoués et ne se sentit pas abandonnée.
Mlle Mangé, reposez en paix ! Fonctionnaire chargée d’un service intéressant la défense nationale, vous avez largement rempli votre devoir. Votre souvenir restera comme un exemple de devoir et de patriotisme."
»

Source —> http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... A9%22.zoom


Journal officiel du 28 mai 1915, p. 3.393.


Image


— MANGÉ Laure Adèle, née le 3 novembre 1881 à Velosnes (Meuse).

Fille de Joseph Laurent MANGÉ, né vers 1848, sous-brigadier des Douanes, et de Marie Anaïse CARLE, née vers 1854, sans profession, son épouse.

(Registre des actes de naissance de la commune de Velosnes, Année 1881, f° 2, acte n° 4).
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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Skellbraz .
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Re: Femmes lorraines dans la Grande Guerre

Message par Skellbraz . »

Bonjour à toutes et tous,
je viens d'indexer ce fil de discussions dans le "sommaire" qui scotché en haut de page
cordialement
Brigitte
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