T.E. LAWRENCE était-il francophobe ?

Francois Sarindar
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Re: T.E. LAWRENCE était-il francophobe ?

Message par Francois Sarindar »

Quand Maurice Lares a publié sa thèse consacrée a : T. E. Lawrence, la France et les Francais, c'était en 1980, dire que Lawrence n'avait pas été francophobe n'allait pas de soi. Aujourd'hui, ce serait moins difficile, encore que les réactions pourraient très bien se partager entre deux tendances bien marquées : de l'admiration pour le soldat hors norme qu'il représentait et que l'on apparentait à un aventurier, et le conseiller politique de Faysal qui nous semble moins sympathique parce que l'on sent que tout cela cache un parti pris en faveur de la Grande-Bretagne, même quand c'est revêtu de belles couleurs exotiques et d'une apparence d'action faveur d'une Syrie libre de choisir elle-même son destin sous la douce autorité de Faysal.
De quoi en veut-on à Lawrence ? De nous mettre mal à l'aise en raison des ambitions qui furent les nôtres en Syrie ? Nous ne pouvions pas séparer le Liban de la Syrie comme Lawrence espérait que nous le ferions. Quand il parlait du Liban, c'était avec peu de sympathie et pas mal de mépris. Etait-ce parce qu'il savait les liens de ce pays avec la France. Il le disait trop "cosmopolite", trop "métissé", pas assez pur du point de vue de ce que l'on peut considérer comme vraiment arabe, et c'est ici que l'on peut dire qu'il manque de respect envers une communauté. Et c'est peut-être l'une des raisons qui font que certains font encore quelques réserves quand on leur parle de cet homme par ailleurs admirable.
La question mérite d'être réétudiée.
François Sarindar
Francois Sarindar
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Re: T.E. LAWRENCE était-il francophobe ?

Message par Francois Sarindar »

Clarification pour les lecteurs :
1/ Sarah, la mère de Thomas Edward Lawrence, était la fille illégitime d'Elizabeth Junner et de Jonh Lawrence ;
2/ Le père de Thomas Edward Lawrence se nommait Thomas Chapman, il était tombé amoureux de Sarah alors qu'il se trouvait être l'époux d'une certaine Edith Hamilton Rochfort-Boyd ; cette dernière refusa de divorcer, ce qui contraignit Chapman et Sarah à vivre en concubinage ; ils en furent très malheureux, mais eurent cinq fils tout en donnant les apparences d'un couple légitimement uni sous le nom de Lawrence (patronyme du père de Sarah) ; tout aussi malheureux qu'eux, Thomas Edward Lawrence, leur deuxième fils (le futur Lawrence d'Arabie) ; au lendemain de la guerre, Chapman mourut en 1919 laissant à ses fils une lettre culpabilisante dont T.E. Lawrence prit connaissance par sa mère ; il en voulut terriblement à ses parents, surtout à sa mère, et c'est pour cela, selon moi, qu'il inventa le personnage de S.A., que je déchiffre comme étant Sherif Aurens (car il était El Aurens pour les Arabes), et il lui prit l'idée de dire adieu à ce S.A. comme s'il était mort, car il projetait de se débarrasser de son nom (Lawrence), car il aurait bien voulut s'appeler Chapman comme son père, mais cela lui fut impossible, et alors il prit le nom de John Hume Ross en s'engageant dans la R.A.F., puis pour récupérer ses prénoms qu'il aimait, il prit le nom de T.E. Shaw.
C'est ce que j'explique dans mon livre paru en 2010 aux éditions L'Harmattan ("Lawrence d'Arabie, Thomas Edward, cet inconnu").
François Sarindar
jlaurent
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Re: T.E. LAWRENCE était-il francophobe ?

Message par jlaurent »

Bonsoir,
les pages si dures sur la population du Liban ne sont elles pas dues aux considérations de l'époque idéalisant les vertus guerrières des bédouins? alors que les populations des villes et des côtes seraient ramollies par leur confort et avilies par l'argent. Dans l'armée coloniale aussi on préférait les pasteurs aux agriculteurs, les nomades aux sédentaires.
L
Francois Sarindar
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Re: T.E. LAWRENCE était-il francophobe ?

Message par Francois Sarindar »

Bonjour,
Cela est tout à fait exact : la population côtière au Liban n'intéressait pas Lawrence, et vous avez exposé clairement l'une des raisons pour lesquelles il différenciait les Libanais des Syriens ; les Français pour leur part étaient plus liés aux Libanais qu'aux Syriens, mais comme les premiers voulaient que Paris ne dissociât pas la prise d'un mandat sur le Liban sans qu'il valût aussi pour la Syrie en raison des liens commerciaux entre les deux pays, notre diplomatie prêta davantage l'oreille aux revendications libanaises qu'aux demandes qui étaient faites par les Syriens de devoir respecter leurs particularités et leur désir d'indépendance ; outre ces deux visions antagonistes, celle de Lawrence qui voulait seulement installer Faycal à Damas et laisser le Liban aux Français comme un os à ronger, et celle des Français qui, suivant les recommandations de leurs amis Libanais voulaient prendre le contrôle sur la Syrie pour mieux protéger le Liban, il y avait également une revendication du Chérif de La Mecque, qui, renvoyant Britanniques et Français dos à dos, entendait empêcher les puissances coloniales de se répartir les dépouilles de l'Empire ottoman et entendait rassembler les provinces arabes de cet Empire en déclin dans un seul ensemble qu'il aspirait à gouverner seul. Évidemment, il avait contre lui Lawrence et les Français qui avaient intérêt à ce que le Moyen-Orient restât morcelé. Mais la solution préconisée par Lawrence, pour généreuse qu'elle fût à l'égard de Faycal, fils du Chérif Hussein, à qui il promettait de tout faire pour qu'il pût tenir les rênes du pouvoir en Syrie, gênait finalement les intérêts de Paris et de Londres qui avaient intérêt à passer des compromis pour s'incruster au Moyen-Orient, et qui en trouvèrent un en échangeant la zone pétrolifère qui s'étendait autour de Mossoul cédée à la Grande-Bretagne par la France, qui aurait dû la détenir en vertu des accords Sykes-Picot, contre la Syrie où les Britanniques acceptèrent de laisser les troupes françaises les relever, avec la bénédiction de la Société des Nations, ce qui n'empêche pas Faycal, implanté à Damas, d'essayer d'empêcher les Français d'y entrer, ce qu'il ne réussit pas à faire. Il fut alors facile d'écarter Lawrence, regardé comme un obstacle et renvoyé à ses chères études, au propre comme au figuré, car il ira en effet enseigner un moment à Oxford, avant de "repiquer" pendant un bref moment à la politique un peu plus tard avec Churchill. Lloyd George en s'entendant avec Clemenceau avait scellé le sort de la Syrie, et Lawrence n'avait plus voix au chapitre, tant il apparaissait comme l'un des plus grands opposants aux ambitions françaises en Syrie. En fait, c'est la passion du combat mené en faveur de Faycal et des intérêts de l'Empire britannique qui l'a fait s'opposer à nous plus qu'une réelle francophobie, sentiment qu'il n'éprouvait visiblement que pour des raisons de cœur et des raisons "patriotiques".
François Sarindar
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herbert plumer-35
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Re: T.E. LAWRENCE était-il francophobe ?

Message par herbert plumer-35 »

Bonjour à tous.

Je déterre ce sujet afin de vous présenter les techniques de guérilla des irréguliers arabes durant la révolte du Hedjaz, étant donné que cette année marque le centenaire du début des opérations menée par Lawrence d'Arabie (sources à l'appui).

Très cordialement


https://acierettranchees.wordpress.com/ ... t-inconnu/
« Contenir l’ennemi par la menace silencieuse d’un désert inconnu » (Thomas Edward Lawrence)

Acier & Tranchée (blog)
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