Bonjour à tous, je présente deux objets qui m'ont interpellé, un timbre et un médaillon au message radicalement "anti boche" est ce un objet très courant à cet époque ? avez vous des infos sur ce genre d'objet ?
Je ne vais pas être long sur les objets car je n'ai pas trop à dire dessus. Par contre, je peux parler un peu sur le contexte. Il y a eu pendant la guerre un courant violemment anti-allemand. On l'a trouvé dans la population en début de guerre quand certains s'en prenaient aux personnes (souvent non allemandes d'ailleurs), aux marques allemandes.
Mais ce qui est plus intéressant, au-delà de la propagande visible dans les journaux, est la création de "ligues anti-allemandes". Je ne prendrai qu'un exemple, extrait de l'étude d'Alain Jacobzone sur L'Anjou dans la guerre. Une ligue fut créée par un professeur d'anglais début 1916 à Angers, avec le soutien de quelques dizaines de personnes "en particuliers dans le milieu des affaires" précise l'historien. Avril 1916 : 30 adhésions. Mars 1917 : 50 personnes à l'AG. Je passe sur les actions de cette ligue (essentiellement des attaques contre les biens ottomans, c'est-à-dire des commerçant Arméniens - vous noterez le paradoxe ! -, Syriens notamment, qui obtiennent la protection de la municipalité d'Angers !).
Alain Jacobzone, En Anjou, loin du front, Editions Faits et Gestes, Vauchrétien, 1988, pages 235-326.
Le rapprochement principal que je fais avec la première image est le rôle joué par la sphère économique : on semble plus vouloir chercher un concurrent économique que lutter contre les Allemands au niveau politique.
Très intéressants documents et merci à Arnaud pour les Ligues. Ce que je trouve tout de même curieux, c'est la demande de ne plus EMPLOYER D'ALLEMANDS. En temps de guerre, je ne vois pas comment des civils allemands auraient pu survivre en France et être employés quelque part !! Aussi ce timbre ne peut-il pas dater d'avant-guerre ??
Certes il y a bien le mot "Boche" mais celui-ci est utilisé dès avant 1914.
Cordialement,
Jé
L'homme en campagne a les mêmes besoins qu'en temps de paix ; ces besoins deviennent même plus impérieux, étant exacerbés par une existence plus active et plus énervante.(Henry Mustière)
Bonsoir,
Dans les actes d'un colloque qui s'est tenu à Rouen en 1979 ( 1914 psychoses de guerre CRDP de Rouen) on trouve un article de Jean Vidalenc :"Les allemands en Seine Inférieure avant 1914" On peut y lire : "Ceux qui étaient restés en Normandie comme non mobilisables furent le plus souvent rassemblés dans un camp d'internement créé à Granville, mais il restait encore à Rouen, en 1916, 21 bonnes d'enfants et domestiques de nationalité allemande demeurés chez leurs employeurs et continuant leur activité ordinaire.".
Par ailleurs, selon l'inventaire des archives départementales de la Seine Maritime, dans le fond de la sous préfecture du Havre, il existe des documents concernant la"Surveillance des personnes et des établissements. Ressortissants des pays ennemis : instructions et dossiers collectifs ; Allemands et Austro-hongrois ; sociétés allemandes ; bulgares ; russes, Tchèques ; turcs, étrangers arrêtés. 1914-1921" (A noter Tchèques et Russes dans ce dossier). Il y avait donc des ressortissants, entre autres, allemands restés en France.
Bien cordialement
Valérie
Bonsoir Valérie,
Merci pour ces précisions,ça ne devait tout de même pas être évident pour eux !! Sinon, je persiste à penser que ce timbre doit dater d'avant guerre, le soldat a un clairon mais pas de fusil. Curieux tout de même...
Cordialement,
Jé
L'homme en campagne a les mêmes besoins qu'en temps de paix ; ces besoins deviennent même plus impérieux, étant exacerbés par une existence plus active et plus énervante.(Henry Mustière)
Merci pour ces documents, c'est une découverte pour moi.
Une précision de pure forme : je pense qu'il ne s'agit pas à proprement parler de timbres, car dépourvus de valeur faciale, mais plutôt de vignettes qu'on pouvait certes coller sur les enveloppes de correspondance mais qui ne dispensaient sûrement pas l'expéditeur d'affranchir son courrier
Bien cordialement,
Jean-Baptiste (qui collectionnait avidement les timbres, jadis...).
"D'autres heures naîtront, plus belles et meilleures / La victoire luira sur le dernier combat / Seigneur, faites que ceux qui connaîtront ces heures / Se souviennent de ceux qui ne reviendront pas"
Sylvain Royé, disparu à Douaumont le 24 mai 1916