Histoire courte sans question.
En tournant au hasard les pages du JMO du 220e RI (26 N 718/11), je suis arrivé à un cliché et un mot. Ce n'est qu'après que j'ai lu un message posté en mars dernier sur le forum qui évoquait ces documents.
Les voici :
La tombe n'est pas celle d'un officier du 220e, mais celle d'un officier du 211e RI. On trouve sa trace dans le fichier MDH et dans le JMO du 211e RI ( http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html ) dans les pertes du 9 avril. A part l'erreur de date des soldats allemands qui ont inhumé le commandant Marret (due à une confusion probable entre les deux attaques, celle du 7 et du 9 avril), rien d'anormal. A part que le JMO du 211e RI ne donne aucune information sur sa disparition.Nous avons l'honneur de vous envoyer une photographie du tombeau du commandant Marret tombé et enterré par nous le 7 avril 1915 et prions à adresser cette photographie à sa famille. L'inscription de la croix c'est veut dire :
Ici repose le Français commandant Marret [...] ses braves soldats [...]
Nous espérons que [nos] camarades qui sont tombés devant vos tranchées seront enterrés avec les mêmes honneurs.
Vos adversaires
Extrait du JMO du 211e RI :
Je me suis donc lancé dans une petite recherche sur les circonstances qui ont conduit à ce mot.
- Avril 1915, est de Lacroix-sur-Meuse :
Le 9 avril, le front d'attaque est divisé en deux : un secteur droit avec un bataillon du 220e RI en première vague, deux compagnies du 211e RI en deuxième vague. Et un secteur gauche avec un bataillon du 220e RI en première vague et deux compagnies du 302e en deuxième vague.
Or, le commandant Marret n'est pas tombé dans le secteur de droite où était son régiment (le 211e), mais dans le secteur de gauche.
L'explication vient d'une attaque annulée la veille, le 8 avril, mais où l'artillerie française, non touchée par le contre-ordre, a commencé la préparation à l'heure prévue. Le contre barrage allemand n'a pas tardé et a touché les lignes françaises mal protégées et remplies de troupes. A ce moment, le commandant du bataillon du 220e RI devant attaquer à gauche fut tué.
Le lendemain, après la préparation d'artillerie précédée de deux préparations de diversion, à 17h00, les troupes s'élancent.
C'est justement dans les pages qui concernent cette période qu'ont été glissés les deux documents.
Pour résumer :A gauche, les 23e et 24e compagnies, très vigoureusement enlevées, peuvent arriver jusqu'à proximité immédiate des tranchées allemandes. Mais, là aussi, les cadres sont fauchés : tous les officiers, tous les chefs de section de ces deux unités tombent. Malgré tout, quelques éléments de chacune de ces compagnies se regroupent autour de quelques gradés énergiques, peuvent sauter dans les tranchées. Le commandant Maret, du 211e, qui, le matin même, est venu remplacer dans son commandement le commandant de la Harpe, tué la veille, pénètre dans l'ouvrage ennemi en même temps que ces éléments et y est tué.
16h45 : début de la préparation d'artillerie
17h00 : début de l'assaut
17h15 : mort du chef de bataillon Marret
17h40 : retour ans les tranchées françaises
Pertes du jours : 21 officiers, 1000 soldats (bilan proche de l'attaque du 7 avril d'ailleurs)
Les circonstances de la mort du commandant et la suite des opérations expliquent que le corps ait pu être inhumé ainsi par les Allemands : il est tombé dans leur tranchée, rapidement évacuée par les soldats français. Elles expliquent aussi la citation du commandant Marret à l'ordre de la 1ère Armée demandée par le 220e RI :
Tout comme sa présence parmi les pertes du 211e RI : sa nomination a-t-elle été faite officiellement ou s'agissait-il d'une nomination temporaire afin de fournir un chef de bataillon à un bataillon prévu pour une attaque ? En tout cas, il appartenait toujours au 211e RI. D'ailleurs ce changement d'affectation n'est pas mentionné dans le JMO du 211e RI.4 mai 1915, 6e bataillon, cité par le 220e Régiment d'infanterie
Ordre général n¨167 de la 1ère Armée. MARRET Henri François, chef de bataillon. A l'attaque du 9 avril a entraîné son bataillon avec un élan admirable et a sauté des premiers dans la tranchée allemande, où il a trouvé une mort glorieuse.
- Epilogue 1 :
- Epilogue 2 :
le lieutenant SerramiacDans la nuit du 25 au 26 [octobre] une patrouille de la 22e compagnie ramène dans nos lignes les corps de M. le sous lieutenant Sarramiac et du soldat Briaud, tués le 9 avril.
le soldat Briaud
A la semaine prochaine,
Arnaud
PS : un remerciement à Hervé Toulotte pour sa carte qui m'a été bien utile.