Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

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Arnaud Carobbi
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Re: Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

Message par Arnaud Carobbi »

Bonjour à tous,

La recherche a cette chose de plaisante : on ne sait pas où elle nous mène. De fil en aiguille, elle ouvre des pistes au fur et à mesure de l'avancement du travail. En lisant le JMO de la prévôté de la 62e DI, j'ai tout de suite eu envie de l'utiliser, mais pas dans la direction qui m'a été imposée par la suite. Il s'agissait uniquement de profiter du témoignage de ce JMO sur cette journée si particulière. Un bon titre pour accrocher le lecteur et de quoi lancer un peu la discussion à défaut d'une thématique. Et surtout montrer une fois de plus la richesse de cette source pour qui accepte de se plonger dedans.

Au final, deux manières de voir un même document :
- une simple lecture d'un témoignage sur les jours autour du 11 novembre, comment la nouvelle arriva ;
- un document pointant du doigt une histoire qui nous renvoie par une étrange mais dramatique boucle... en août 1914 !
  • Le 11 novembre 1918 à la 62e DI :
La lecture du 11 novembre 1918 dans le secteur de la 62e DI permet de rappeler certaines discussions riches sur les combats de la 163e DI.
pages1418/forum-pages-histoire/trebucho ... 7089_1.htm
pages1418/forum-pages-histoire/traverse ... 6599_1.htm
pages1418/Pages-memoire-necropoles-MPLF ... _1.htm#bas

Mais l'avancée ne continuait pas que pour cette division. Dans le cas de la 62e DI, elle se fit sans perte le 11 novembre et fut rapidement arrêtée, a priori sans victimes (ce qui ne fut pas le cas le 10 novembre au 307e RI : 2 morts, un disparu, 16 blessés).
Exceptionnellement, n'ayant pas à ma disposition de carte (!) de la zone, j'ai utilisé une carte américaine libre de droits, mais datant de 1954.
http://www.lib.utexas.edu/maps/ams/france/

Image

Voici le récit des 10 et 11 novembre, vus par la prévôté de la 62e DI :
10 novembre
(...)
Dans la soirée, des bruits d'armistice circulent. Le poste radio de la DI saisit un premier message non officiel, à peu près ainsi conçu : " Les plénipotentiaires allemands entreront dans nos lignes pour conclure l'armistice par la route Chimay - Hirson - La Capelle - Guise " puis un second message officiel du 21e CA : " Si des plénipotentiaires allemands dûment accrédités se présentent devant le front de la Division, il y aura lieu de les conduire d'urgence au PG du GA d'où ils seront dirigés sur le GQG français".

11 novembre :
Le 307e RI, régiment d'avant garde, a pour mission de continuer sa progression, dans le but de s'emparer de Sécheval et de se couvrir sur cette position. L'objectif est atteint.
La poursuite est continuée par le 279e RI avec la Meuse comme objectif.
Le PG reste à Sormonne et doit fonctionner ultérieurement à Arreux. Le 2e échelon est maintenu à Servion.
Le ravitaillement a lieu au centre de Rouvroy.
La gendarmerie assure la police de la circulation sur la route de la DI : Sormonne - Lonny - Cliron - Arreux - Sécheval.
A 9h00, le 279e, après avoir pris Sécheval, atteint la Meuse, entre Deville et Laifour.
A 9h30, le poste radio de la DI communique le message chiffré suivant (code SD) du 21e CA : "Suspendre, dès réception, toute progression en avant".
A 10h15, le poste radio de la DI communique le second message chiffré (code SD) dont traduction suit, du 21e CA : "Armistice signé. Hostilités suspendues. Cessez le feu sur tout le front à partir de 11 heures, le 11 novembre".
De 10h15 à 11h00, quelques coups isolés de fusil et de canon sont encore entendus ; tout cesse à 11h00. Au loin sur la droite cependant, on perçoit encore le bruit du feu de l'artillerie qui semble provenir du front de l'Armée américaine opérant sur la ligne Sedan - Montmédy - Longuyon. Vers 13 heures, le feu est complètement et définitivement arrêté.
Précision intéressante du JMO du 21e CA, page 34 : Le message reçu à 9h30 par la 62e DI était arrivé au QG du 21e CA à 5h00.
Le second message, celui annonçant armistice, arrive à 7h00 à la 9e DI.

  • Derrière les lignes :
Par ce titre, je fais référence à une discussion passionnante. Ceux qui l'ont lue voient de quoi il va être question ; pour les autres, vite avant de lire la suite, allez suivre le récit ICI.

Le second extrait, provient toujours du JMO de la prévôté de la 62e DI. Daté des jours précédents le 11 novembre, le voici transcrit tel quel :
Du 6 au 12 novembre :
Au cours de cette période victorieuse, dans toutes les localités libérées et réoccupées par la Division une heure ou deux seulement après l'évacuation allemande, la Prévôté s'informe auprès de la municipalité et des personnes civiles du nombre d'habitants, des malades, des suspects, des actes contraires au droit des gens commis par les Allemands pendant l'occupation etc. En outre, elle fait parer aux dangers des édifices menaçant ruine et nettoyer et purifier les sources d'eau potable.

Elle communique tous ces renseignements à l'EM de la DI qui fait ravitailler d'urgence les populations par la sous-intendance.

Le 8 novembre à Forest, elle dresse un PV d'enquête de laquelle il ressort :
1° Que les Allemands, découvrant en 1915 2 soldats français qui s'étaient réfugiés dans les bois de la Folie (2 km au nord de Forest) depuis septembre 1914, frappèrent la commune de Séraincourt d'une amende de 31 000 marks.
2° Que les Allemands, en juin 1915, à Chaumont-Porcien, sous le faux prétexte d'espionnage, fusillèrent 2 soldats français, Savarot et Peix, qui s'étaient réfugiés dans les bois de la Folie depuis 1914.
3° Que les Allemands en 1917, à Chaumont-Porcien, sous le faux prétexte d'espionnage, fusillèrent le docteur Fréal, de Chaumont-Porcien.
4° L'acte héroïque des cavaliers Savarot du 17e chasseur et Peix du 9e cuirassiers qui, réfugiés depuis 1914 avec 5 autres soldats français, dans les bois de la Folie et ravitaillés par quelques habitants, capturés par les Allemands en 1915, se firent fusiller à Chaumont-Porcien, sans que leurs bourreaux aient pu leur arracher la moindre révélation sur le lieu de retraite de leurs camarades et sur les personnes des environs qui les avaient approvisionnés,
5° L'attitude noble et courageuse devant les autorités allemandes de Mme Mennecier à la Folie, qui se déclara seule coupable d'avoir ravitaillé les soldats français cachés, dans les bois de la Folie, fut condamnée à 10 ans de prison, envoyée en Allemagne et séparée de ses 4 enfants en bas âge.
6° L'attitude indigne du soldat Noël, réfugié avec quelques autres soldats français dans les bois de la Folie depuis 1914, qui, en octobre 1916 par ses révélations aux Allemands, faites sans doute sous l'emprise d'une forte dépression morale résultante d'un séjour de 2 ans ½ dans les bois, semble avoir été l'instigateur de la capture de ses camarades et des représailles contre des habitants soupçonnés de les avoir ravitaillés.

Les faits ci-dessus ayant besoin d'être précisés, le dossier est transmis par le général commandant la DI à la Gendarmerie du Territoire, pour continuation d'enquête.

Le 10 novembre à Vaux-Villaine, elle constate par procès-verbal, avec déclarations de notables à l'appui, un crime commis par les Allemands, en 1915 qui ont fait fusiller à Aubigny deux aviateurs français ayant atterri sur le territoire de Vaux par suite d'une panne de moteur.
Réflexe classique : vite ! la fiche de ces hommes dans MDH. Le docteur Fréal et surtout Peix, 8e cuirassiers... Tout concorde sauf l'information sur le régiment. Savarot : inconnu dans MDH (et de nombreuses variantes) ou dans MemGenWeb. Un tour dans les historiques et JMO : rien. Dans la presse nationale de l'époque : rien.
Il est fait mention des suites de l'affaire en janvier 1919, affaire Thomas.
Fiche du soldat Peix :
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Fiche du docteur Fréal :
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L'histoire vraie, cela ne fait pas de doutes, mais les détails donnés par le rapport du gendarme sont-ils exacts (dates, noms ?). Les recoupements réalisés ne donnent pas les mêmes régiments mais ils montrent qu'il y a bien eu une affaire de ce genre dans ce secteur. Cependant, ces éléments vagues compliquent grandement la recherche.
  • Recouper les sources servant à recouper les informations de la première source...
Ma recherche sur le net d'informations sur cette affaire (Affaire de Forest) m'a permis de rentrer en contact avec l'auteur d'un blog sur Séraincourt. Il y a borde la question en donnant la transcription d'une étude locale (salutation à l'auteur de ce blog depuis inscrit sur le forum ! )
Blog sur Séraincourt : http://www.seraincourt-08.com/
Une nouvelle unité est citée : le 11e régiment de chasseurs à cheval. Or, la lecture exhaustive des JMO montre que le 11e chasseurs à cheval n'est pas dans le secteur en 1914.
  • La provenance de ces hommes :
Le JMO parle d'un chasseur du 17e régiment de chasseurs à cheval et d'un cuirassier du 9e Cuirassiers... et l'étude locale du 11e chasseur à cheval. Pour trouver l'identité de ces hommes et en savoir un peu plus sur leur unité d'origine, j'ai d'abord cherché les unités de cavalerie ayant séjournée non loin de là. Mon bon vieux "La Première Guerre mondiale" chez Larousse m'a donné deux pistes : fin août, la présence de la 9e DIC autour de Réthel ; en septembre, la mention d'une reconnaissance du Corps de cavalerie Conneau en direction de Sissone qui est non loin des lieux dont il est question. Après le 30 août 1914, Séraincourt ne semble pas avoir connu d'autres troupes que les Allemandes, jusqu'à sa libération fin 1918.
  • La 9e DIC, fin août :
Méthodiquement, j'ai lu les JMO d'abord des divisions, puis des brigades et finalement des régiments pour me faire une idée des mouvements. Le JMO de la 9e DIC ne mentionne que les combats autour de Château-Porcien. Les brigades (1ère et 9e Brigades de Cuirassiers et 16e Brigade de Dragons) sont un peu plus précises et permettent d'orienter la recherche vers une reconnaissance du 3e Régiment de Dragons en direction de Séraincourt le 31 août. Mais aucune perte signalée.
Le JMO du 8e régiment de cuirassiers lui donne une piste plus qu'intéressante : deux reconnaissances ne sont pas rentrées. L'un d'entre-elles, celle du lieutenant la Grandière devait se diriger en direction de Séraincourt le 30 août. Deux soldats sont notés comme disparus : Michel PEIX et RIMBERT. Et un des deux soldats exécutés est nommé Peix. Ce qui veut dire que ces hommes se sont cachés dès la fin août. Et cela concorde avec les informations fournies par la fiche MDH.
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La reconnaissance du sous-lieutenant de Fraville (qui est mort au combat) n'a pas réussi à percer la ligne ennemie. Hélas, on ne dispose pas de la liste des hommes qui l'accompagnaient, à part Cosson et Lassevaigne. Le premier n'a pas de fiche MDH qui indiquerait qu'il a été tué au combat ou plus tard. Le soldat Lassevaigne est tombé au combat le 30 août. Cependant, il y a peu de chances que des hommes de cette reconnaissance soient parmi ceux du bois de la Folie vu la distance qui sépare les deux lieux.
Quand à Rimbert et Peix, ils appartenaient à l'autre reconnaissance qui a pu rentrer le lendemain seulement. Si le rédacteur du JMO ne s'est pas trompé dans l'affectation des quelques hommes mentionnés.

Mais combien étaient-ils ? Pas un mot dans le JMO ou dans l'Historique. Les hommes cachés dans le bois de la Folie étaient-ils tous de ces escadrons du 8e cuirassiers ? D'où pourraient venir les autres soldats mentionnés dont « Noël » ?

Au final, à part le soldat Peix, pas le moindre nom sûr à mettre sur cette poignée de soldats cachés longuement dans le bois de la Folie.
  • Les suites :
J'ai ensuite cherché tout azimut pour retrouver la trace de ces hommes, en fait tout simplement leur nom. Toutes mes tentatives ont échoué. J'ai pourtant fouillé chaque piste donnée. Tout a tourné autour du procès d'un des principaux acteurs de l'exécution des deux soldats en 1915 : Thomas. Mais aucun nom lié à notre affaire de Forest n'est donné dans la presse parisienne qui relate le procès de l'affaire Thomas (aussi appelée des dénonciateurs de Laon) ; l'enquête et le procès se sont déroulés jusqu'en juin 1919. J'ai épluché la presse nationale qui a donné un écho important à l'affaire, mais si les noms des accusés sont cités ; Par contre, on en apprend beaucoup sur les affaires liées à celle-ci et sur la psychologie des accusés. Il y a d'ailleurs un travail à faire sur les soldats cachés et trouvés par la suite car les exemples dans cette affaire sont nombreux.

Un indice peut-être, mais non confirmé : cet article du Petit parisien du 22 janvier 1919 parle de l'arrestation de deux soldats le fameux Noël et un certain Wettel suite à l'exécution du docteur Fréal. Dans un autre article, un soldat est arrêté dans la Marne pour cette affaire, mais il n'est pas nommé. Probablement Noël.
Image

Cependant, rien sur un éventuel procès. La presse locale a dû se faire l'écho d'un telle affaire, mais je n'y ai pas accès.

Je suis donc à la recherche du nom des ces soldats du 8e cuirassiers et des quelques soldats qui se sont cachés pendant plus de deux ans, puis ont finalement été trouvés. Si vous avez la moindre piste, la moindre mention dans un ouvrage qui nous permettrait de repartir à leur recherche, n'hésitez pas ! Merci par avance.
Certains membre du forum ont déjà essayé de trouver des informations sur l'affaire de Forest, en vain pour l'instant. Merci à eux pour leur aide.

A la semaine prochaine
Arnaud
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IM Louis Jean
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Re: Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour Arnaud :jap: ,


C'était bien le 17ème Chasseurs à Cheval
JMO du 17e Régiment de Chasseurs à Cheval :

<<
13 septembre 1914
A l'aube le peloton Esne, de l'escadron Petiton, était parti pour une reconnaissance de deux jours ... et le peloton de Planta, de l'escadron Corrard, sur Signy l'Abbaye par Berry au Bac, Prouvais.
...
15 septembre 1914
La reconnaissance de Planta (partie le 13 septembre) n'est pas rentrée. Le chasseur Thierry, faisant partie de cette reconnaissance, rejoint le Régiment. Il rapporte que le peloton de Planta s'est heurté vers Prouvais à des patrouilles allemandes qu'il a mises en fuite, lui faisant un prisonnier. Le peloton a passé la nuit du 13 au 14 à Prouvais avec un bataillon d'Infanterie. Au jour, le 14, le Lieutenant de Planta a envoyé Thierry porter le renseignement, et s'est porté en avant pour continuer sa mission.
...
18 septembre 1914
Aucune nouvelle de la reconnaissance de Planta.
...
19 septembre 1914
Le peloton de Planta comprenant un officier (M. de Planta), les maréchaux des logis Henriet et Duchemin, trois brigadiers, onze cavaliers, est porté disparu.
>>

La suite dans "la gazette des Ardennes" par Le Rouge

<<Le 13 septembre 1914, une patrouille du 17° chasseurs à cheval français traversait les lignes allemandes à Berry-au-Bac. Elle poussait une pointe avancée, et, perdue dans le brouillard, elle était attaquée alors qu'elle revenait vers les lignes françaises.

L'officier qui commandait était fait prisonnier. L'un des cavaliers, Villaume, blessé, était transporté à Remaucourt. Les autres, parmi lesquels Noël, Savareau,
Firmeyer, Peix et Reimbert, sous le commandement du maréchal des logis Henriet, se dissimulaient dans le bois de la Folie.

Villaume avait été transporté de Remaucourt à Chaumont-Porcien, chez le maire de la localité, M. le docteur Fréal. Celui-ci s'était intéressé à lui. Il l'avait d'abord
soigné dans sa propre maison, pendant plus d'un mois, le dissimulant derrière une double cloison de planches. Puis, après l'avoir caché pendant six semaines chez un maréchal, M. La Bonglie, il l'avait placé chez Mme Dugard. Villaume y était resté jusqu'en janvier 1917. A ce moment, pour des raisons sur lesquelles nous nous expliquerons ultérieurement, Villaume se livrait, à Rocquigny, à Thomas. Traduit en conseil de guerre, il était condamné à mort. Mais sa peine était commuée en quinze années de travaux forcés. L'armistice le délivrait.

Les camarades de Villaume étaient restés dissimulés sans encombre jusqu'en juin 1915. A ce moment, ils avaient été dénoncés par un anonyme. Peix et Savareau, arrêtés, avaient été fusillés ; Henriet et Reimbert et Fimeyer (ndt : sic) échappaient. Ils n'étaient arrêtés qu'en fin de 1916. Ils étaient alors condamnés à mort, mais graciés Quant à Noël, il avait disparu.

Le docteur Fréal, arrêté à la même époque, était condamné à mort. Il était fusillé à Hirson. Mme Dugard, l'hôtesse de Villaume ; Chopineaux, le domestique du docteur Fréal, étaient condamnés de cinq à dix ans de réclusion.

Trois personnes sont actuellement inculpées à raison de ces drames : Villaume, Noël et une femme Damanet, suspecte à bon droit.
Noël faisait partie de la classe 1910. Il était maréchal ferrant et originaire du Périgord. C'était un caractère bizarre. Et le maréchal des logis Henriet avait eu à se
plaindre de son indiscipline et de sa brutalité pendant leur séjour commun au bois de la Folie.
On se rappelle que, lors de l'arrestation de Peix et Savaraud (ndt : sic), Noël avait quitté ses autres camarades. Qu'était-il devenu? Mystère ! Il n'avait été arrêté qu'en octobre 1916. Depuis lors, il jouait un rôle odieux. Il dénonçait tous ses camarades. Il dénonçait toutes les personnes qui les avaient aidés et ravitaillés, et il manifestait le cynisme le plus complet. Noël est, avant tout, l'auteur de toutes les condamnations que nous avons relatées.
Malheureusement, nous n'avons pas Noël, on a perdu sa trace depuis son départ en Allemagne. Il nous a bien été signalé par le service des prisonniers de guerre comme interné en 1917 au camp de Gardelegen, mais c'est tout ce que nous savons de lui. Aucun des prisonniers que nous avons pu toucher ne l'a connu. Sa famille n'a aucune nouvelle.
Nous avions pensé à provoquer son jugement par contumace, mais Noël paraissait, à certains moments, en possession d'une mentalité étrange. Il est permis de se demander s'il est vivant, s'il ne s'est pas livré sur lui-même à quelque extrémité. Il nous apparaît donc que la solution la plus convenable consiste dans la disjonction de son inculpation et dans la suspension des poursuites jusqu'au retour en France de Noël. Signalons qu'un mandat d'arrêt a été lancé qui permettra à l'affaire de s'ouvrir à nouveau presque automatiquement au retour de l'inculpé, s'il revient jamais.

Le cas de Villaume est différent. Villaume est un soldat de la classe 1918, cultivateur de la Meurthe-et-Moselle. Il aurait été affolé par l'agitation qui régnait dans
tout le pays à la suite des dénonciations de Noël. C'est dans ces circonstances qu'il se serait rendu.
L'attitude de Villaume après son arrestation a certes été des plus répréhensibles. Pressé de questions, il s'est laissé aller à donner sur ses bienfaiteurs, le docteur Fréal, Mme Dugard, M. Chopineaux, les renseignements qui devaient amener leur condamnation. Mais il ne nous semble pas que sa faute mérite une mise en jugement. C'est sous l'influence des menaces que Villaume a parlé. Ce n'est pas en pleine liberté qu'il a agi. Il représente un type du campagnard peu intelligent et peu dégrossi. N'oublions pas enfin qu'il a été condamné à mort par les Allemands et qu'il a subi un lourd châtiment.

Jeanne Gadroy, épouse Damanet, est originaire de Chaumont-Porcien. Au moment où le docteur Fréal a été arrêté, elle remplissait à la gendarmerie allemande
les fonctions de cuisinière. Elle était connue pour son antipathie pour le docteur Fréal et on on a conclu qu'elle pouvait être pour quelque chose dans la dénonciation dont il avait été l'objet.
Rien dans le dossier ne vient confirmer cette assertion.

Personne n'apporte une accusation précise contre la famille Gadroy. Aussi, quoique cette femme, par sa disparition à la suite des Allemands, puisse être considérée comme étrangement suspecte au point de vue national, nous ne nous croyons pas en droit, comme nous le proposons pour Noël, de laisser ouvert son dossier. Il nous apparaît qu'un non-lieu s'impose, en l'état du moins, car la femme Demanet (ndt : sic) aura sans doute, à son retour en France, des comptes à rendre à la justice.

Nous ne croyons pas devoir terminer ce chapitre, qui est le dernier de notre rapport, sans apporter au docteur Fréal, à Mme Dugard et à M. Chopineau (ndt : sic) le tribut de notre admiration. Après avoir passé en revue tant d'ignominies, après avoir constaté toutes les bassesses dont certains envahis ont été capables, il est réconfortant de s'arrêter sur des actes qui témoignent du patriotisme et du sentiment moral les plus élevés. Mme. Dugard et M. Chopineaux peuvent être fiers de la croix de guerre qui a été placée sur leur poitrine. Quant à Mme Fréal, si elle éprouve la grande douleur de n'avoir plus son mari à ses côtés ; elle peut avoir la conscience d'avoir été la compagne d'un grand Français. >>

C'est livré un peu en brut mais je n'ai hélas ni les compétences de maître Carobbi ni la disponibilité nécessaire en ce moment.

Cordialement
sesouvenir
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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IM Louis Jean
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Re: Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,

Le cavalier de deuxième classe du 17e Régiment de Chasseurs Savareau Maurice Henri Emile de MDH correspond au Savareau de cette affaire. Il est déclaré mort des suites de captivité (!) le 14 septembre 1914 à Prouvais Chaumont-Porcien dans l'Aisne.

Cordialement
IM Louis Jean
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Arnaud Carobbi
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Re: Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

Message par Arnaud Carobbi »

[:a caro] :love:

Bonjour à tous,

Un immense merci sesouvenir pour cette source qui répond à pas mal de questions et qui éclaire grandement l'histoire. J'ai fait une belle erreur de méthode en partant des unités de la 9e DIC sans tenir compte de cette mention du 17e chasseurs.
Reste que la recherche n'est pas finie puisque les soldats Peix et Reimbert sont bien du 7e cuirassiers et non du 17e chasseurs. Il y a donc encore des choses à démêler dans cette histoire. Alors sesouvenir, si vous êtes d'accord, je vous propose un travail en commun sur la question en "off", avec petite publication commune de nos conclusions dans ce sujet.

Amicalement et avec encore tous mes remerciements d'avoir permis d'en savoir un peu plus,
Arnaud
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Arnaud Carobbi
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Re: Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

Message par Arnaud Carobbi »

Bonjour à tous,

Je n'ai pas modifié une seule ligne de mon premier jet sur cette histoire, à part le titre qui ne mettait pas assez en valeur l'objet de l'étude. Elle n'est plus valable, mais montre à merveille :
- ce que les synergies de ce forum permettent : des résultats inespérés quand on est seul dans son coin ;
- ce que les erreurs de méthodes peuvent entraîner : on néglige une information, une source et on se retrouve à proposer une lecture trop approximative et en partie erronée d'un fait.

Voici donc une seconde version de cette histoire, version qui ne sera toujours pas définitive tant les détails varient d'une source à l'autre. Certaines parties de la 1ère publication ont tout de même été conservées, mais elles sont rares. La partie spécifique sur le 11 novembre n'a pas été reprise.

Ma plus grande gratitude à sesouvenir qui, dans l'ombre, a dû passer des heures pour chercher et trouver des sources complémentaires qui permettent ces avancées. Image
  • Pris au piège derrière les lignes allemandes :
Sujet assez récurrent sur le forum, certains cas apparaissent dans les JMO. C'est le cas d'un groupe de soldats qui apparaît dans une enquête menée juste avant l'armistice lors de la libération d'un hameau ardennais, Forest (commune de Séraincourt).

JMO de la prévôté de la 62e DI : http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
Le 8 novembre à Forest, elle dresse un PV d'enquête de laquelle il ressort :
1° Que les Allemands, découvrant en 1915 2 soldats français qui s'étaient réfugiés dans les bois de la Folie (2 km au nord de Forest) depuis septembre 1914, frappèrent la commune de Séraincourt d'une amende de 31 000 marks.
2° Que les Allemands, en juin 1915, à Chaumont-Porcien, sous le faux prétexte d'espionnage, fusillèrent 2 soldats français, Savarot et Peix, qui s'étaient réfugiés dans les bois de la Folie depuis 1914.
3° Que les Allemands en 1917, à Chaumont-Porcien, sous le faux prétexte d'espionnage, fusillèrent le docteur Fréal, de Chaumont-Porcien.
4° L'acte héroïque des cavaliers Savarot du 17e chasseur et Peix du 9e cuirassiers qui, réfugiés depuis 1914 avec 5 autres soldats français, dans les bois de la Folie et ravitaillés par quelques habitants, capturés par les Allemands en 1915, se firent fusiller à Chaumont-Porcien, sans que leurs bourreaux aient pu leur arracher la moindre révélation sur le lieu de retraite de leurs camarades et sur les personnes des environs qui les avaient approvisionnés,
5° L'attitude noble et courageuse devant les autorités allemandes de Mme Mennecier à la Folie, qui se déclara seule coupable d'avoir ravitaillé les soldats français cachés, dans les bois de la Folie, fut condamnée à 10 ans de prison, envoyée en Allemagne et séparée de ses 4 enfants en bas âge.
6° L'attitude indigne du soldat Noël, réfugié avec quelques autres soldats français dans les bois de la Folie depuis 1914, qui, en octobre 1916 par ses révélations aux Allemands, faites sans doute sous l'emprise d'une forte dépression morale résultante d'un séjour de 2 ans ½ dans les bois, semble avoir été l'instigateur de la capture de ses camarades et des représailles contre des habitants soupçonnés de les avoir ravitaillés.
A part les erreurs sur l'unité de Cuirassiers et l'orthographe des noms, les premières constatations effectuées par les gendarmes donnent une trame générale du drame qui se déroula dans ce secteur. Les isolés de deux unités trouvèrent refuge dans un bois et auprès de la population : deux ont été trouvés et exécutés, les autres ont été capturés peu à peu, l'un a semble-t-il collaboré et un dernier a craqué en janvier 1917. Et les civils ont chèrement payé leur aide à ces hommes...

Revenons au début de cette histoire, en août 1914...
  • Deux reconnaissances :
Le 8e Cuirassiers :
30 août 1914 : les troupes françaises reculent. Elles quittent peu à peu les Ardennes. Deux reconnaissances sont envoyées vers le nord pour localiser les troupes ennemies qui avancent, l'une vers Elcy, l'autre vers Séraincourt. La première, celle du sous-lieutenant de Fraville (qui est mort au combat) n'a pas réussi à percer la ligne ennemie pour rentrer. La seconde, celle du lieutenant de la Grandière finit par rentrer dans les lignes françaises, mais deux hommes sont portés disparus : Michel Peix et un dénommé Rimbert. Ce sont les deux premiers hommes isolés du bois de la Folie.

Le 17e Chasseurs :
13 septembre 1914 : c'est au tour des troupes allemandes de reculer après les combats de la Marne. Les positions des troupes ennemies sont inconnues, la cavalerie a encore un rôle primordial dans le renseignement. Et pour ce faire, des reconnaissances sont envoyées à travers les lignes allemandes qui ne sont pas encore fixées.
Deux reconnaissances de deux jours sont organisées à partir du 13 septembre :
Une première envoie le peloton du lieutenant Lesne (du 4e escadron du capitaine Petiton) « rechercher des forces ennemies importantes qui pourraient se trouver dans la direction de Mézières »
Une seconde envoie le peloton du sous-lieutenant Kirgener de Planta (du 1er escadron du lieutenant Corrard des Essarts) en direction de Berry-au-Bac – Prouvais puis Mézières pour une mission probablement identique.
Les deux reconnaissances partent à l'aube du 13 (5h30 de Baslieux-les-Fismes pour cette du lieutenant Lesne). La première ne peut franchir l'Aisne (1b sur la carte) et, poursuivant son chemin, se retrouve le soir à Reims (1c). La seconde parvient à franchir l'Aisne en un point inconnu et arrive à Prouvais (2b) où elle passe la nuit avec un bataillon d'infanterie (se trouvent dans le secteur les deux bataillons du 319e RI, le 6e du 306e et le 5e du 332e ; aucun ne signale la présence du peloton). Au matin, le sous-lieutenant de Planta envoie une estafette donner les informations recueillies et poursuit son avance vers Mézières (2c). Ensuite, le peloton est porté disparu le 18 septembre.
Le livre sur la gazette des Ardennes (voir sources en fin de message) nous apprend qu'une partie du peloton fut capturée et qu'une partie se réfugia dans le bois de la Folie, retrouvant ainsi les deux cuirassiers du 8e. Mais il associe tous les hommes dans une seule unité : celle des chasseurs.
(...) L'officier qui commandait était fait prisonnier. L'un des cavaliers, Villaume, blessé, était transporté à Remaucourt. Les autres, parmi lesquels Noël, Savareau, Firmeyer, Peix et Reimbert, sous le commandement du maréchal des logis Henriet, se dissimulaient dans le bois de la Folie. (...)
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Ce sont donc bien les isolés de deux unités qui ont trouvé refuge dans le bois de la Folie et ses alentours. Elaborer une liste est plus facile une fois que l'on croise les informations des JMO de ces deux unités avec la liste (inexacte quant aux unités) donnée par le livre sur la Gazette des Ardennes :

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Liste des noms d'après les différentes sources
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Liste finale :
- 8e cuirassiers : Peix et Rimbert, isolés depuis le 30/08/1914 ;
- 17e chasseurs : Maréchal des logis Henriet, cavaliers Fimeyer, Noël, Savareau, Villaume.

  • Survivre derrière les lignes :
Les 7 hommes se retrouvent dans le même secteur du bois de la Folie au nord de Forest, hameau isolé. Il est fort probable que les deux cuirassiers furent guidés vers ce bois par des habitants et que le regroupement avec les 5 chasseurs ne fut pas fortuit. Une partie de la population devait être au courant et ils ont dû être guidés vers ce lieu. Le rôle des civils dans cette histoire (comme dans celle des soldats isolés) est central. Un chasseur est arrivé blessé : Villaume. Il fut soigné par le docteur Fréal puis resta avec un autre cavalier chez des habitants ; les cinq hommes du bois furent ravitaillés par des habitants de Forest.

Je ne peux que vous renvoyer vers les sources au bas de ce sujet pour vous faire une idée plus précise. Mon objet n'est pas d'arriver à un récit précis de tout ce qui s'est passé, d'autant plus qu'il manque encore des sources pour recouper ce qui est souvent la reprise de souvenirs parfois imprécis.
  • Un crime en entraîne un autre.
Une source inattendue nous en apprend peut-être un peu plus sur le dénouement tragique de cette histoire. La transcription d'un mémoire familial rédigé en 1934 (voir sources en fin de message) nous narre l'histoire tragique elle aussi de deux locataires d'une maison possédée par la famille Defrise, retrouvés pendus. L'enquête pointe du doigt monsieur Defrise. En échange de sa liberté, ce dernier dénonce la présence de soldats français cachés et de soutiens parmi la population. Or les sources concordent pour dire que les premiers hommes capturés le furent suite à une dénonciation.
Le livre sur la Gazette des Ardennes était moins catégorique sur l'identité du dénonciateur : l'hypothèse d'une cuisinière qui travaillait chez les Allemands, Jeanne Gadroy, qui est ensuite partie en même temps qu'eux, a été évoquée mais sans suite. C'est en tout cas suite à une dénonciation que Peix et Savareau, ainsi que de nombreux civils, furent arrêtés et condamnés. Pour Peix et Savareau, face à leur refus de collaborer à l'arrestation des autres soldats, ce fut l'exécution en juin 1915.
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Le front stabilisé repoussait la perspective des soldats du front de rentrer chez eux. Pour Henriet, Reimbert, Villaume, Noël et Fimeyer, l'attente devait être plus terrible encore. Dépendre ainsi de la population locale, connaître le stress constant d'être capturé et exécuté comme leurs camarades, être ainsi isolés dans des conditions plus que précaires, sans savoir quand le calvaire se terminerait. En écrivant cela, je m'éloigne de l'étude purement historique, mais il nous rappelle que ce ne sont pas de simples noms, ce sont des individus qui ont dû subir ces épreuves. Pas question de héros, juste de la diversité des réactions face à une situation donnée, situation qui se représentera deux décennies plus tard avec les mêmes conséquences : refus d'aider l'occupant, collaboration active, dénonciations, exécutions...
Nous connaissons la suite, eux la vivaient au présent.

Pour Henriet, Fimeyer et Reimbert, la capture eut lieue fin 1916. Aucune source ne donne d'éléments de datation plus précis. Ils furent jugés, durement condamnés, mais non exécutés. Il est probable qu'ils furent dénoncés par un autre isolé français du groupe, Noël, qui , d'après les sources, fut cassé psychologiquement par l'attente et le stress. Il se rendit en octobre 1916 aux Allemands et dénonça ses camarades et les personnes qui l'avaient accueillis. Il fut ensuite envoyé vers un camp de prisonniers.
Ne restait alors qu'un chasseur, le blessé de septembre, Villaume. Il se rendit à son tour en janvier 1917, épuisé physiquement et psychologiquement. L'étude locale sous-entend qu'il mourut peu de temps après, le livre sur la Gazette des Ardennes non et qu'il fut libéré après l'armistice.

Pour les civils, les conséquences furent terribles : paiement d'une lourde amende pour la commune de Séraincourt (montant variable suivant les sources, 25 000 ou 31 000 marks) ; le maire, le docteur Fréal, fut dénoncé, jugé, exécuté.
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Les personnes dénoncées qui aidèrent les soldats français en fournissant de la nourriture ou un hébergement furent aussi condamnés à de lourdes peines.

Le fin de la guerre fit ressortir cette histoire : la famille Defrise n'a pas été condamnée par la justice, mais est mise à l'écart de la vie locale ; le policier Thomas qui reçut les aveux de Noël fut jugé dans l'affaire des « Dénonciateurs de Laon » en 1919 où il fut seulement condamné à du sursis (probablement pour avoir beaucoup parlé aux autorités françaises et permis l'arrestation des traitres qui furent eux, en majorité, exécutés). C'est à l'occasion de l'instruction de cette affaire qu'il parla de Noël ce qui conduit à son arrestation dans la Marne début 1919, ainsi qu'un dénommé Wetel ou Wettel, peut-être pour une autre affaire.
  • Le cas de ces isolés ne fut pas si... isolé.
- Exemple cité par Guy François : pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-cavale ... _1.htm#bas
- Exemple déjà cité car pour moi une référence : pages1418/Pagesvecuesrecitstemoignages/ ... _152_1.htm
- Exemple d'une mission d'espionnage qui tourne mal : pages1418/qui-cherche-quoi/fusille-alle ... 7465_1.htm

Pour ne citer que les exemples que j'ai en mémoire lus sur le forum.

D'autres attendent une mise en lumière car les simples recherches pour cette affaire de Forest ont mis en évidence d'autres cas de soldats isolés et exécutés :
- Le JMO de la prévôté de la 62e DI parle de « Le 10 novembre à Vaux-Villaine, elle constate par procès-verbal, avec déclarations de notables à l'appui, un crime commis par les Allemands, en 1915 qui ont fait fusiller à Aubigny deux aviateurs français ayant atterri sur le territoire de Vaux par suite d'une panne de moteur. »
- Mention de soldats français dénoncés :
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- Mention des noms de soldats isolés dénoncés :
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Et combien d'autres histoires tragiques autant pour les soldats que pour les civils.
Si vous en avez d'autres,si vous avez des informations sur les cas cités, n'hésitez pas.

A la semaine prochaine,
Arnaud


Sources utilisées :
JMO de la prévôté de la 62e DI : http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
JMO du 8e Cuirassiers : http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
JMO du 17e Chasseurs : http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
JMO du 4e escadron du 17e Chasseurs : http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... iewer.html
Le Petit journal, sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb3289 ... .r=.langfr
Le Rouge Gustave, Chassereau Louis, « La Gazette des Ardennes, son histoire, son organisation, ses collaborateurs. Editions Jules Taillandiers, Paris, sans date (fin 1919 probablement). Pages 196 à 203.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5 ... .r=.langFR

« Généalogie et résumé de l'histoire de la famille Doucet-Darcq et de ses descendants, 1798-1938 », rédigé par Jules Doucet en 1934, numérisé par Claude Prouvay en 2005 ; pages 24 à 26 du fichier - http://claude.prouvay.pagesperso-orange ... _Darcq.pdf
Gilles DEROCHE, « Les Ardennais pendant la Grande Guerre », Cahiers de la Grande Guerre, Association du souvenir de la bataille de Verdun et de la sauvegarde de ses hauts-lieux, n° spécial , Mémorial de Verdun et Terres ardennaises, 1998.
Extrait disponible sur le blog sur Séraincourt : http://www.seraincourt-08.com/
georges67
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Re: Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

Message par georges67 »

Bonjour

Dans la copie de presse ci dessus, Alice Aubert dénonça Madame Tassot; son mari fut fusillé par les allemands, près de chez moi un champs porte son nom je voudrais savoir ou et quand cela à eu lieu, certain disent au fort d'Hirson en 1916 ou 17. Merci
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Alain Dubois-Choulik
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Re: Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

Message par Alain Dubois-Choulik »

Bonjour,
Dans le livre de Robert Boucard " La guerre des renseignements" (Éditions de France 19139), un chapitre traite de ce sujet, d'après lui, 5 soldats tenaient encore les bois le 11 novembre 1918.
Cordialement
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Re: Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

Message par Achache »

Bonjour,

Une source hors JMO, mais peut être une recherche à y faire pour repérer ces 25 soldats et ce sergent major:

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Bien à vous,

[:achache:1]
Achache
Émouvante forêt, qu'avons-nous fait de toi ?
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Re: Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

Message par alaindu512010 »

Bonjour
Il y a cette histoire d'un groupe du 148 isolé en arrière des lignes allemandes qui cherche a regagner les lignes françaises , en halte et cachés a la ferme de la chapelle près de ServonMelzicourt il furent surpris par des allemands (non combattants )l 'officier allemand Held (héros) les extermine ; il en fait un récit (qu'il faut que je retrouve)
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... 090&h=1398
A moins qu'un foromeux ne retrouve ce récit
le capitaine Renon y perdit la vie
http://www.memoiredeshommes.sga.defense ... 2216770919
cordialement
alain
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Re: Au détour d'un JMO (14) - Isolés derrière les lignes allemande [MàJ]

Message par alaindu512010 »

Bonsoir

http://www.saint-cyr.org/flipbooks/Memo ... 14_PLE.jpg
si quelqu'un a le récit de cet épisode merci d'avance
cordialement
alain
alaindu 512010
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