Bonjour,
Cette tombe découverte dans le cimetière ancien de Saint-Denis-d’Oléron pose question.
En effet, il n’existe pas de soldat nommé « Raymond Vaché » dans la base Mémoire des Hommes ni dans celle du site MémorialGenWeb.
Après enquête, on découvre que ce soldat a bel et bien existé, mais que ce prénom sur sa tombe n’est pas le sien. Ce soldat se prénommait en vérité Marcelin, et Raymond n'était pas un surnom, comme on le trouve parfois.
Alors pourquoi ce prénom, Raymond, sur sa tombe... ?
Quelques recherches militaires et généalogiques, actes de naissance, de mariages et de décès, nous apportent finalement la réponse à cette question, sur cet homme issu d’une vieille famille Dyonisienne, mort pour la France en 1918.
Marcelin Vaché naquit à Saint-Denis-d’Oléron, sur l'île d'Oléron en Charente-inférieure, le 2 décembre 1895 de Jean Désiré Prosper Vaché, cultivateur, et d’Ernestine Moquay. Célibataire, devenu maçon, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il est incorporé à compter du 16 décembre 1914 au 12ème régiment d’infanterie. Soldat de 2ème classe, il passe, le 29 janvier 1915, au 14ème régiment d’artillerie de campagne, devenant 2ème canonnier-servant. Le 1er janvier 1917 il passe au 12ème régiment d’artillerie de campagne et part combattre dans la Marne sur le front de Perthes-lès-Hurlus. Le 15 juillet 1918, quatre mois avant la fin de la guerre, Marcelin Vaché est tué à l’ennemi, dans les tranchées du nord, nord-est de Souain. Son corps sera rapatrié en Charente-Inférieure après la guerre et réinhumé dans le cimetière de Saint-Denis-d’Oléron où il naquit. Prénommé « R » sur la plaque commémorative de l'église Saint-Denys et Raymond sur sa tombe, l’initiale de son prénom réel, en revanche, « M », apparaîtra néanmoins sur le Monument aux morts de la commune.
Alors d’où provient le prénom de Raymond, ce Raymond Vaché inscrit sur la tombe de Marcelin ?
On comprend mieux l’histoire lorsqu’on découvre que son père, Jean Désiré Prosper Vaché, fut marié une première fois, le 28 août 1886, avec Marie Pérot, servante, née en 1865 et décédée en 1892. Le couple eut deux enfants, Clémentine Marie Louise Vaché, née et décédée cette même année de 1887, et enfin Raymond Vaché, né le 6 mai 1892 et décédé trois mois plus tard, le 14 août 1892.
Veuf en 1892, et ayant perdu les deux enfants qu’il eut avec Marie Pérot, Jean Désiré Prosper Vaché se remaria deux années plus tard, le 27 janvier 1894, avec Ernestine Moquay, dont il aura deux autres enfants, Marcelin, en 1895, et Marceline Alexandrine, en 1898.
Ainsi, nous ne saurons probablement jamais pourquoi fut inscrit par erreur sur la tombe de Marcelin Vaché, le prénom de son demi-frère Raymond Vaché qui ne vécut que trois mois, résolvant néanmoins l’énigme du soldat Vaché dans le cimetière ancien de Saint-Denis-d’Oléron...
L’énigme du soldat Vaché dans le cimetière ancien de Saint-Denis-d’Oléron
L’énigme du soldat Vaché dans le cimetière ancien de Saint-Denis-d’Oléron
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - (Éditions des Indes Savantes) - "Le lieutenant de Mandchourie" (Éditions de L'Harmattan)
Re: L’énigme du soldat Vaché dans le cimetière ancien de Saint-Denis-d’Oléron
Merci Bruno pour cette recherche
Alain
Alain
Alain
L’énigme du soldat Vaché dans le cimetière ancien de Saint-Denis-d’Oléron.
Bonsoir à tous,
□ Classe 1915, n° 769 au recrutement de La Rochelle, étant prénommé Marcellin.
—> https://archinoe.com/v2/ad17/visualiseu ... l?id=97473
□ Classe 1915, n° 769 au recrutement de La Rochelle, étant prénommé Marcellin.
—> https://archinoe.com/v2/ad17/visualiseu ... l?id=97473
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Daniel.
Re: L’énigme du soldat Vaché dans le cimetière ancien de Saint-Denis-d’Oléron
Bonjour,
Une explication donnée par l'un des lecteurs du site "Entre nous cultures" sur lequel je partage mes recherches:
"Ce n'est pas une erreur, c'est la tradition du nécronyme qui jusqu'au début du XXe siècle était pratiquée en France. Il n'était pas rare de surnommer/appeler un enfant du nom d'un ainé décédé prématurément bien que le prénom officiel (papier) diffère. La pratique peut être inverse dans certaines culture (interdiction de porter le prénom).
Une variante de cette tradition a donné les prénoms composés "rené" pour dire "nouvelle naissance" (cf. François-René de Chateaubriand)."
Ceci explique cela, effectivement, ce n'est pas la première fois que je suis confronté à ces modifications de prénoms sur certaines tombes de 14/18. Comme quoi, on apprend toujours!
Cordialement
BB
Une explication donnée par l'un des lecteurs du site "Entre nous cultures" sur lequel je partage mes recherches:
"Ce n'est pas une erreur, c'est la tradition du nécronyme qui jusqu'au début du XXe siècle était pratiquée en France. Il n'était pas rare de surnommer/appeler un enfant du nom d'un ainé décédé prématurément bien que le prénom officiel (papier) diffère. La pratique peut être inverse dans certaines culture (interdiction de porter le prénom).
Une variante de cette tradition a donné les prénoms composés "rené" pour dire "nouvelle naissance" (cf. François-René de Chateaubriand)."
Ceci explique cela, effectivement, ce n'est pas la première fois que je suis confronté à ces modifications de prénoms sur certaines tombes de 14/18. Comme quoi, on apprend toujours!
Cordialement
BB
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - (Éditions des Indes Savantes) - "Le lieutenant de Mandchourie" (Éditions de L'Harmattan)