Jean Godineau - porté disparu à Hooge en 1914 - prisonnier à Stendal - condammé à mort par contumace pour désertion

[benoitlaurent]

Bonjour,

J'ai donc suivi les conseils de jobdx.

Le CICR m'a gentiment et rapidement répondu par rapport à la fiche incohérente en apparence. Je cite :

Le tampon a été apposé en 1915 pour dater la création de la fiche elle-même. Il était apposé au verso de chaque fiche.
La date du 1919 est relative à une demande d'information de la famille. En effet, cette fiche ne correspond pas à une information à son sujet mais liste les différentes interractions qu'a pu avoir le CICR à son sujet. La date de 1919 est donc à lire comme "une demande d'information à son sujet de la part de Mme Marie Godineau est arrivée en 1919". A aucun moment elle ne mentionne quoi que ce soit sur la situation du détenu. D'ailleurs, si vous lisez la ligne suivante, la demande de Mme Gatineau a abouti à la saisie d'un formulaire.

Mon interlocutrice n'avait pas la réponse par rapport au formulaire mais je doute qu'il soit important finalement.

On a donc résolu le petit mystère de la fiche. Par contre, cela n'apporte pas de preuve de vie de notre homme en 1919.

L'interlocutrice du CICR me conseille de solliciter les archives nationales des Pays-Bas, de l'Espagne et des États-Unis (jusqu'en 1917) :

Afin de compléter votre investigation, je vous conseille de contacter les archives nationales des Pays-Bas, de l'Espagne et des Etats-Unis (jusqu'à leur intervention dans la guerre en avril 1917). En effet, selon le droit international de La Haye, ces pays neutres ont joué le rôle de puissances protectrices pendant ce conflit. A ce titre, des représentants diplomatiques de ces gouvernements ont aussi inspecté des camps de prisonniers militaires et de civils dans les pays en guerre.

Yapuka !

Pas encore de retour du service des sépultures de guerre de Metz...

La suite au prochain numéro...

[kglbayrRIR2]

Bonne soirée,

Je n'arrive pas à accéder à votre lien. Est-il correct ? Pouvez-vous envoyer le document en message privé ?

Le lien est correct.
Alors que je pensais initialement que les PDF pourraient être rejetés à la frontière du Rhin, avec les migrants , il s'avère que le serveur du Land de Saxe-Anhalt est parfois surchargé.

À la page 151, il y a une photo du monument et quelques informations.
Voici les informations de la page 151. Malheureusement, elles ne sont pas particulièrement utiles non plus.
J'ai appris par une autre source que les tombes des prisonniers de guerre français morts ont été transférées en France en 1925.

stendal friedhof.png (75.8 Kio) Consulté 584 fois

Dans le cimetière se trouve un monument en pierre calcaire, conçu par deux prisonniers français du camp. Les prisonniers ont eux-mêmes collecté les fonds nécessaires à sa construction. L'inscription latine sur le monument dit :

• « Ils ont combattu avec acharnement,
  ils sont morts en captivité.
  Toujours demeurent ici
  Les pensées de ceux qui sont restés . »

Un tailleur de pierre de Stendal a réalisé le mémorial, ainsi que les « pierres tombales très simples », « qui portent le nom de la personne enterrée en lettres noires ».
De plus, une trentaine de soldats allemands décédés furent inhumés au cimetière du camp de prisonniers de guerre en novembre 1917. Ils furent réinhumés en 1918 dans un cimetière d'honneur nouvellement créé, dans la partie II du cimetière municipal. En effet, comme l'indique une note du 28 novembre 1917, en raison du grand nombre imprévisible de tombes de prisonniers de guerre, « les tombes allemandes avaient presque disparu et n'apparaissent plus que comme des annexes des anciennes ».
Au total, environ 135 personnes y furent enterrées à la fin de la guerre.
Ces tombes ont disparu aujourd'hui.

Cordialement
Joseph

[thibval]

Bonjour,

Je prends en train cette enquête que je trouve passionnante!
J'ai regardé dans les TSA (Tables de successions et absences) du bureau de Thouarcé, dont dépend Chanzeaux.
Je n'ai pas trouvé Jean GODINEAU jusqu'à la date de décès de son épouse en 1957 ou elle est notée veuve.
Par ailleurs, la fiche indiquant une recherche de l'épouse en 1919, signifie qu'elle est sans nouvelle de lui alors que la guerre est terminée. Il n'est pas rentré et elle ne sait pas où il est.
Donc soit il est décédé est Allemagne, mais dans ce cas un jugement de décès aurait été prononcé, ce qui aurait entrainé l'ouverture de sa succession et son inscription sur la TSA de Thouarcé. (Une recherche dans les actes de décès de Chanzeaux sur la période permettrait de confirmer).
Je me demande alors si en fonction de son état psy, il aurait pu être interné ailleurs, et décéder dans un asile quelque part?
A mon sens, la recherche la plus simple serait de demander les actes de mariage de ses enfants (3 enfants vivants en 1957 a priori?). La condition des parents est notée, même s'il y a des chances pour que Jean soit "absent sans adresse connue", ou simplement "décédé". Mais cela reste plus simple à mon avis dans un premier temps que d'aller s'enquérir des archives nationales des Pays-Bas!
Bonne continuation pour vos recherches!
Bien à vous,
Thibaut

[benoitlaurent]

Je prends en train cette enquête que je trouve passionnante!

J'avoue être littéralement happé moi aussi.

A mon sens, la recherche la plus simple serait de demander les actes de mariage de ses enfants (3 enfants vivants en 1957 a priori?).

J'ai déjà fait cette démarche pour l'une de ses filles (la grand-mère de ma femme).

La condition des parents est notée, même s'il y a des chances pour que Jean soit "absent sans adresse connue", ou simplement "décédé".

La mairie de Chemillé-en-Anjou (commune nouvelle intégrant Chanzeaux) m'a adressé hier une copie intégrale de l'acte de mariage de sa fille. Il indique ceci :
"... Jean Louis Godineau dont la résidence actuelle est inconnue..."

Cela ne nous apprend pas grand chose à part confirmer que les autorités françaises ignorent tout de son sort.

À ce stade, j'envisage plusieurs hypothèses :

1) Il est décédé durant sa captivité, après juillet 1917 par contre, puisque sa fiche militaire indique encore sa présence au camp de Stendal. Son corps aurait peut-être été rapatrié à la nécropole de Sarrebourg. J'ai envoyé un mail à l'ONaCVG mais je n'ai pas reçu de réponse pour l'instant.

2) Il a recouvré sa santé mentale et est resté en Allemagne. Son acte de décès doit figurer quelque part dans une ville allemande. Il a peut-être refait sa vie et a eu des enfants là-bas...

3) Il a définitivement perdu ses facultés mentales :
a] soit il a fini dans un asile en Allemagne ; mais est-ce que les Allemands avaient envie de garder ce genre de cas ?
b] soit il a été rapatrié en France sans que les autorités réussissent à retrouver le lien avec sa famille. Et alors, son nom figure peut-être sur la liste d'un asile (Cadillac ? Neuilly sur Marne ? Hôpital Sainte Anne ? ...) ?

4) ...

Je ne sais pas quelle hypothèse est la plus plausible.

[jobdx]

Bonjour,
A priori il n'est pas dans la liste des "Oubliés" du cimetière de Cadillac 33

Le service des sépultures de guerre a souvent eu des réponses utiles...espérons pour vous.

Il existe aussi peu-être une possibilité : il y a des listes de soldats internés rapatriés en Suisse...puisqu' inaptes au combat et ça décharge les Allemands de s'occuper d'eux. Ou ils partent finir la captivité dans des établissements en Suisse "pour malades / handicapés lourds....". Dans quel journal j'ai vu ça ?...la "Gazette des Ardennes" ?...Gallica..? Me souviens plus
Jo

[kglbayrRIR2]

Bonne soirée,

(...)
a] soit il a fini dans un asile en Allemagne ; mais est-ce que les Allemands avaient envie de garder ce genre de cas ?
Je ne sais pas quelle hypothèse est la plus plausible.

je suppose moi aussi qu'après 1919, personne en Allemagne n'avait l'intention de garder un prisonnier de guerre français malade, que ce soit dans un asile ou à l'hôpital. Le désir ou l'intention de rester en Allemagne devait à mon avis venir de Jean Godineau lui-même. Il n'est d'ailleurs pas besoin de beaucoup d'imagination pour comprendre que retourner dans une patrie qui l'attendait avec la peine de mort n'était pas son souhait le plus cher.
S'il avait été si malade mentalement qu'un traitement dans les hôpitaux allemands avait semblé impossible dès le départ, il aurait certainement été immédiatement échangé contre des prisonniers de guerre allemands par l'intermédiaire du CICR. Le fait que cela ne se soit pas produit suggère qu'il a réagi aux soins médicaux et qu'il a peut-être même pu retrouver une vie relativement normale vers la fin de la guerre.
Il est fort possible que lui-même, agriculteur, ait retrouvé soutien et sécurité auprès d'un agriculteur de la région de Stendal. Certains avaient perdu leur fils unique, d’autres avaient une fille...
Il est également fort possible que Jean Godineau ait été considéré comme une sorte de cobaye par les médecins psychiatriques allemands. Bien que la psychiatrie en fût encore à ses balbutiements à l'époque, de jeunes médecins refusèrent de servir de « mitrailleuses à l'arrière du front », comme l'avait si bien exprimé Sigmund Freud. Lorsque les « Kriegszitterer » [« trembleurs de guerre »] – comme on les appelait à l'époque – revinrent de plus en plus nombreux du front, on les prit d'abord pour des lâches, poussés par des émotions débridées.

https://www.youtube.com/watch?v=vXDgsY_0bG4

Le fait qu'un Français présente des symptômes similaires a certainement piqué la curiosité d'un ou deux médecins. Puisqu'un prisonnier de guerre n'avait pas à retourner au front, les symptômes auraient dû disparaître immédiatement si le « diagnostic standard » de l'époque avait été correct. De nombreux médecins allemands ont probablement eu leur première révélation dans ce cas.

Ce serait bien si nous pouvions retrouver Jean Godineau. Quoi qu'il en soit, je tenterai ma chance aux Archives municipales de Stendal

Cordialement
Joseph

[benoitlaurent]

Bonjour,

Je vous tiens au courant de l'avancée de mes recherches. Ma première hypothèse était la suivante :

1) Il est décédé durant sa captivité, après juillet 1917 par contre, puisque sa fiche militaire indique encore sa présence au camp de Stendal. Son corps aurait peut-être été rapatrié à la nécropole de Sarrebourg. J'ai envoyé un mail à l'ONaCVG mais je n'ai pas reçu de réponse pour l'instant.

L'ONaCVG m'a fait un retour : ils ont effectué des recherches qui se sont avérés infructueuses. Jean (Louis) Godineau a des camarades de régiment inhumés à la nécropole de Sarrebourg mais lui ne s'y trouve pas. En tous les cas, il n'y a pas de sépulture à son nom.

L'ONaCVG m'a conseillé trois instances à contacter (DAVCC, DMCA et SESMA), ce que je vais faire...

[benoitlaurent]

Bonjour,

Afin de vous tenir au courant, sachez que j'ai posté en parallèle un message dans un forum allemand https://forum.ahnenforschung.net/forum/ ... ur-stendal (pour les germanophones).

Une personne semble bien connaître à la fois le côté français et le côté allemand bien sûr. Selon elle, vu les recherches déjà effectuées, l'hypothèse d'un décès de Jean Godineau pendant ou peu après la guerre semble hautement improbable.

Elle m'a suggéré cet article : https://shs.cairn.info/revue-psn-2018-1-page-45?lang=fr
Il donne des informations sur un des principaux canaux de rapatriement des soldats malades mentalement, via Constance pour arriver à Bron près de Lyon. Personnellement, je ne connaissais pas. Je n'ai pas la certitude que Jean Godineau était encore malade après 1917 ni qu'il a été rapatrié mais la piste mérite d'être explorée.

[benoitlaurent]

Pour info, j'ai effectué une demande de recherche au SAMHA mais les délais sont assez longs : ils traitent actuellement les demandes reçues durant la première quinzaine de juin. Je m'attends donc à une réponse pas avant 2 mois.

[stcypre]

Bonjour,,
Le transfert en Suisse était effectué selon ... le Hasard...
Mon grand-père prisonnier au Fort de Vaux à Verdun, l' a été après avoir simulé une maladie...
Il ne faut pas croire qu'en Suisse c'était le paradis. En principe les PG était logés dans un hôtel avec des contraintes comme dans le camp.
CDLT.
Stcypre.
Spécialiste et auteur de 7 livres sur 13 publiés, consacrés au système concentrationnaire allemand en 14-18.