COMMANDANT BARATIER
Trois-mâts goélette de Cancale
Construite en 1901 au chantier Buron de Saint Malo.
Armé à La Rochelle
Armateur Eugène LOUVET de Cancale
324 tx JB 255,76 tx JN
11 hommes d’équipage
Le nom de la goélette
Il s’agissait d’une goélette qui avait effectué la campagne de pêche à la morue sur le grand banc de Terre Neuve en 1914-1915. Voici quel avait été le résultat de cette campagne.

Elle portait le nom du capitaine Albert Ernest Augustin Baratier (Belfort 1864 – Courcy 1917) qui s’était rendu célèbre en 1896 avec la mission Marchand en traversant l’Afrique du Congo au Nil. L’expédition avait atteint Fachoda et s’était heurtée à l’armée britannique commandée par Kitchener. Une grave crise avait suivi, avec menace de guerre franco-anglaise, mais finalement Marchand s’était retiré, devenant un héros national, tout comme Baratier élevé au grade d’officier de la Légion d’Honneur. En 1899 il fut nommé chef d’escadron (Commandant) grade qu’il avait donc en 1901 au moment du lancement de la goélette.
Le voici à cette époque.

Général de Brigade en 1914, il était à la tête du régiment du 14e chasseur à cheval lorsque Joffre lui fit rencontrer Kitchener sur le front. Voici la photo de Joffre, Kitchener et Baratier qui revoyait l’Anglais pour la première fois depuis Fachoda.

Lord Kitchener trouvera la mort le 29 Mai 1916 dans le naufrage du HMS HAMPSHIRE qui sauta sur un mine de l’U 75 devant Scapa Flow et Baratier fut tué le 17 Octobre 1917 lors d’une visite de tranchée en première ligne alors que, Général de Division, il commandait la 134e division d’infanterie.
Naufrage du 19 Février 1918

Rapport du capitaine
Quitté Brest le 18 Février à 09h00 du matin à destination de Cardiff avec un chargement de poteaux de mine pris à La Rochelle. Vent établi au secteur Sud. Après avoir passé le chenal du Four à 16h00, gouverné à l’WNW suivant l’ordre des convoyeurs.
A 08h00 le 19, le vent saute au Nord. Reçu l’ordre du torpilleur TROMBLON de naviguer au plus près bâbord amures. Suivi cette allure jusqu’à 14h00. Viré de bord à 4 milles de la côte Ouest du cap Lizard et louvoyé jusqu’à 19h30.
Je venais de descendre dans ma chambre lorsque le second m’appelle, me disant que nous étions attaqués. Je monte aussitôt et j’entends siffler les balles de 4 coups de fusil. N’étant pas armé, je fais préparer les embarcations et mettre en panne, le sous-marin se trouvant à 400 m à tribord et se dirigeant vers nous. Nous embarquons dans deux doris et nous dirigeons vers son bord. Il fait monter un de mes hommes comme otage, tandis que deux des siens prennent place dans mon canot et se font conduire sur le voilier où ils placent des bombes.
Elles explosent à 20h00 et le sous-marin me rend alors mon matelot et nous nous partageons dans 3 embarcations. Le voilier coule à 20h30 à environ 6 milles au Sud de Penzance. J’ai fait route sur ce port où je suis arrivé à minuit. Les deux autres canots sont arrivés à 03h00 du matin le 20.
Rapport de l’officier enquêteur
Il précise que le convoi comportait 24 navires, mais qu’ils étaient dispersés. Le capitaine fut autorisé à retourner à son bord pour affaler un 3e canot car il n’avait mis à l’eau que 2 doris.
Après avoir détruit COMMANDANT BARATIER, le sous-marin mit le cap sur un autre voilier situé à ½ mille, mais fut accueilli à coups de canon. On ignore ce qui s’est passé ensuite.
Description du sous-marin
Le capitaine Le Bourdais donne une longueur de 35 m et comme on lui fait remarquer que c’est bien peu, il affirme que le sous-marin s’est tenu longtemps près de son bâtiment et qu’il était plus petit que COMMANDANT BARATIER qui mesure 40 m de long. On en déduit que le sous-marin était évidemment en demi plongée.
Le commandant du sous-marin a demandé « Qui êtes-vous, d’où venez-vous, où allez-vous et que transportez-vous ? »
Les deux matelots allemands qui ont placé les bombes ont échangé des mots avec les hommes du canot. C’étaient deux jeunes gens d’environ 18 ans qui se sont lamentés sur la durée de la guerre et ont déclaré qu’elle était l’œuvre de bourgeois capitalistes.
Il y avait un canon d’environ 100 mm sur l’avant du kiosque et deux torpilles extérieures très visibles.
Kiosque de forme elliptique s’élevant à 1,75 m au dessus de l’eau.
Pas de mât, mais deux fils d’antenne allant de l’avant à l’arrière.
Peinture gris foncé récente.
Voici la silhouette du sous-marin

Le sous-marin attaquant
C’était l’UB 33 de l’Oblt z/s Fritz GREGOR.
Cdlt