SAINT PIERRE
Goélette de 149 tonnes immatriculée à Bayonne
Armement J. Legasse
Navire réquisitionné par l'Etat.
Le seul voilier caboteur portant ce nom que l'on trouve chez Lacroix est une goélette de 210 t construite à Nantes en 1902 pour l'armateur Douillard. Il s'agit probablement d'un autre voilier.
Liste d'équipage

La perte de SAINT PIERRE
A quitté Saint Malo le 6 Août 1916 pour Le Tréport, avec un chargement de cailloux pour les ponts et chaussées.
Le 10 Août à 19h30, SAINT PIERRE se trouve, d'après le capitaine, par 49°56 N et 03°20 W , ou peut-être à 18 milles au NNE de Barfleur.
(Nota :Ces deux points, fort éloignés l'un de l'autre, apparaissent très fantaisistes. En réalité, le patron de SAINT PIERRE qui n'a pas eu de point depuis 3 jours en raison de la brume, et qui n'a pas vu la côte du Cotentin, ignore où il se trouve.)
Il fait route vers l'Est, toutes voiles dehors, à 4 nds. Petite brise d'ouest. Temps superbe, mais embrumé.
A 19h30, aperçu un sous-marin à ¾ de mille sur l'arrière, dans le sillage de la goélette. Fait monter tout le monde sur le pont et disposé les embarcations. Le sous-marin vient à 150 m et fait signe d'amener les embarcations. Il tire un coup de pistolet pour appuyer son ordre.
Les deux embarcations sont amenées avec trois hommes dans chacune. Elles sont pourvues de biscuits et de conserves, d'un compas et d'un fanal. Le capitaine prend avec lui le chronomètre, le sextant et le compas de relèvement. Il reçoit l'ordre d'accoster le sous-marin et un officier lui demande en français s'il est français et lui ordonne de remettre les papiers du bord qu'il examine et garde.
Deux marins allemands munis de revolvers, d'une grosse masse et d'une tranche embarquent dans le doris qui est pris en remorque par le sous-marin et ramené près du SAINT PIERRE, mais à une telle vitesse (7 nds) qu'il manque par deux fois de chavirer. Chronomètre et fanal, complètement submergés, sont rendus inutilisables.
Les marins allemands montent sur SAINT PIERRE, défoncent les panneaux de cale pour vérifier la nature du chargement. Le matelot Gouriou est autorisé à se rendre dans le poste et rapporte du pain et des boites d'endaubage.
Revenu sur le sous-marin, le capitaine demande au commandant de lui donner un fanal, le sien étant inutilisable. Celui-ci répond : "Je ne peux pas vous en donner, n'en ayant pas moi-même."
Le capitaine Bagot lui demande alors l'autorisation de retourner en chercher un sur la goélette. Mais le commandant répond qu'il est trop tard et lui demande de s'éloigner vers l'ouest avec les doris. Dès qu'ils sont à 500 m le sous-marin ouvre le feu. Il tire une série de 10 coups, puis une deuxième série de 7 coups. Mais SAINT PIERRE coule très lentement et met 40 minutes à disparaître.
Les naufragés vont nager toute la nuit vers le sud. Ils entendent très distinctement le moteur du sous-marin qui reste dans le voisinage des doris. Vers 22h30 (personne n'ayant de montre) il aperçoivent la masse énorme d'un vapeur stoppé tous feux éteints, d'au moins 2000 tx. Ils s'approchent et crient de toutes leurs forces, espérant être recueillis. Mais les ayant identifiés, le vapeur remet ses machines en route et disparaît dans le NW sans plus s'occuper d'eux. Le 11 Août vers 05h30, ils croisent un contre torpilleur qui poursuit sa route sans les voir.
A 06h50, malgré le brouillard, c'est le navire-hôpital ST PATRICK qui les aperçoit, les recueille et les dépose à Rouen vers 15h00. La position où les naufragés ont été recueillis est 49°52 N et 00°06 W, au NW de Fécamp, « position très éloignée de celle où le capitaine prétend avoir rencontré le sous-marin, mais certainement plus exacte » écrit l'officier enquêteur. (Capitaine de Frégate Reinach-Werth)
Description du sous-marin
Petit modèle. Environ 50 m de long.
Pas de numéro
Canon sur l'avant du kiosque, certains disent de 90 mm. Mais le second, qui est un ancien canonnier, (il a fait son service en 1890) dit 65 mm et le matelot Gouriou dit que c'est un petit calibre « gros comme le bras ».
Plate-forme étroite portée par des tôles ajourées, l'eau circulant librement sous elle.
Passerelle au dessus de cette plate-forme, où se tenait le commandant.
Périscope et mâtereau avec pavillon de guerre allemand.
Voici la silhouette du sous-marin

Commandant : 27/30 ans. Parle très bien français. Vêtement blanc et casquette avec macaron.
Un autre officier, habillé en sombre a examiné les papiers. Il parlait aussi français.
Vu 3 marins sur le pont, servants de la pièce, et les 2 qui sont montés dans le doris.
Le sous-marin attaquant
C'était l'UB 18 de l'OL Otto Steinbrinck. (Je pense que le rapport des archives de Vincennes écarte toute possibilité d'erreur d'identification comme signalé sur uboat.net).
Le navire sauveteur
Voici deux clichés de ce navire hôpital


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