Le Fort de Brimont après des tirs de 400

[Pierre-Yves Ancelin]

Bonjour,

À propos de la question des traces laissées par la guerre dans le Pays de Reims et en Champagne, les géographes de l'Université de Reims ont apporté certains éléments de réponse, notamment à travers les travaux d'Alain Devos et la thèse de doctorat de Pierre Taborelli (2018) intitulée "Les conditions géographiques et l'organisation spatiale du front de la Grande Guerre : application à l'évaluation environnementale post-conflit en Champagne-Ardenne (France)" (https://theses.fr/2018REIML004).

Outre les plans directeurs des GCTA, ou des Stellungskarten, équivalents allemands présentés par Guy François), la technologie LIDAR est également mise à contribution et permet de déceler des traces morphologiques héritées des conflits ("polémoformes"), parfois difficilement visibles sur le terrain.

C'est par exemple le cas au nord du vallon de Trigny, où la forme du tracé d'un ensemble d'épis de tir est vraisemblablement bien conservé sous forêt (épis en haut à droite du plan de Guy François).

Épis de tir au nord du vallon de Trigny

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En l'occurrence, l'ensemble du territoire français est en train de bénéficier d'une couverture LIDAR dont les données, bien que nécessitant certaines compétences de traitement, sont disponibles gratuitement : https://geoservices.ign.fr/lidarhd

Pierre-Yves Ancelin

[Pierre-Yves Ancelin]

Une question sur le sujet de la fortification du massif de Brimont.
Aux abords de la D944, existe-t-il des points en dur d'observation français ?
A une époque où la forme me permettait de parcourir le massif en courant, j'empruntais des tranchées, probablement les premières lignes, dans lesquelles se trouvaient des postes d'observation bétonnés en direction de la D944 et massif de St Thierry.

Bonjour,

Il est probable que les observatoires bétonnés les mieux conservés se trouvent dans le massif de Saint-Thierry, car : (1) il offrait le point de vue idéal pour surveiller la butte de Brimont, les deux reliefs constituant les versants de la vallée de la Loivre ; et (2) les structures situées en forêt ont été mieux préservées, les zones agricoles ayant fait l'objet d'un nettoyage intensif dans les années 1920.

Pour en repérer, il serait pertinent de consulter les plans directeurs français disponibles dans les archives départementales de la Marne (https://archives.marne.fr/ark:/86869/4prhls18n3zv), en se concentrant sur les feuilles de Brimont, Berry-au-Bac, Jonchéry-sur-Vesle et Reims. Mais concernant les réseaux de défense alliés, ces informations sont généralement omises intentionnellement par l’armée française. Il serait donc plus judicieux de chercher dans des plans allemands, bien que leur accès soit plus difficile.

En revanche, s'agissant du Massif de Brimont, un article sorti en 2019 propose un inventaire des traces morphologiques de la Première Guerre mondiale repérées au LIDAR, sur lequel sont indiqués, surtout en lisière forestière, des observatoires allemands regardant vers les lignes françaises : https://journals.openedition.org/geohist/660.

Synthèse de l’analyse spatiale des polémo-formes du massif de Brimont à partir du traitement automatique de l’image Lidar (fond Sky View Factor dérivé du Lidar)

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Pierre-Yves Ancelin

[Pierre-Yves Ancelin]

Toutes ces voies ferrées n'existent plus aujourd'hui ou pas à l'oeil nu.
Peut-on supposer que certaines soient recouvertes sous des routes ou chemins agricoles, viticoles ?
Si toutes ont été démontées c'est réellement
impressionnant.

Je dirais que les rails et les traverses ont presque toutes été démontées, notamment pendant les années 20, tel que cela est suggéré à la page 238 de la thèse de Taborelli (https://theses.fr/2018REIML004) :

[...] l’économie de la récupération métallique dans les bourgs ruraux le long du front est très développée pour ramasser l’acier et le cuivre des obus afin de les revendre à des ferrailleurs. Les défenses accessoires, et plus particulièrement les réseaux de fils de fer, sont également enlevées et vendues, mais parfois poussées puis enterrées dans les tranchées, retrouvées en fouille archéologique. Environ 230 000 km² seront nettoyés de 1920 à 1927 sur le front occidental et 2 361 km² de réseaux de fils fer enlevés.

Graphique de l’évolution des surfaces nettoyées, des tranchées comblées et des
réseaux de fil de fer enlevés de 1920 à 1927 (Laval, 1927).

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Les traces actuelles des voies ferrées et des épis de tir correspondent donc surtout aux excavations, aux terrassements et au ballast, encore parfois bien visibles sous forêt, et dont certaines traces ténues ressortent parfois au LIDAR.

Pierre-Yves Ancelin

[Pierre-Yves Ancelin]

Une question infrastructures sur ce massif militarisé.
Existe-t-il un recensement de tunnels aux abords du fort ?

À ma connaissance, il n'existe pas de tel recensement, mais j'espère me tromper !
De nombreuses entrées de sapes sont bien visibles sur les flancs de cette butte sableuse mais, du peu que j'ai pu observer sur le terrain, beaucoup d'entre elles sont effondrées.

Au fort de Nogent-l'Abbesse, plus d'un kilomètre de galeries allemandes sont bien documentées, et l'on peut imaginer que de tels travaux aient pu être entrepris dans les forts de Fresne et de Witry-lès-Reims implantés sur la craie.

Sur le Massif de Brimont, je n'ai pour l'instant observé qu'un seul plan français indiquant le tracé théorique de souterrains allemands partant du flanc sud-sud-est en direction du fort placé au sommet.

Pierre-Yves Ancelin

[Skipp]

Par contre, attention quant à l'exploration des cavités alentours. Certaines ont été creusées dans le sable et pour celles creusées dans un bon calcaire il arrive en encore qu'elles s'effondrent. Je me rappelle y avoir été plusieurs fois et il nous est arrivé de constater que certaines entrées s'étaient complètement effondrées. Donc méfiance. Mieux vaut prévenir que guérir.