Re: Artillerie Spéciale - Le Canonnier Marius Gottvallès de l'AS 499

[Tanker]

Bonjour,

Le post de Béatrice dans le vieux sujet "Régiment de chars" de Loïc permet de parler un peu de ces unités d'AS, autres que les unités de combats comme les RAS (Renault FT)et les Groupements (Schneider et St Chamond).

viewtopic.php?f=34&t=52509

". . . / . . . mon grand oncle Marius Gottvallès a aussi fait partie de la 500è RAS et 501è RAS en tant que canonnier.
Aux vues des personnes évoquant les camarades de leurs aïeux, ce nom là a t'il été évoqué dans les souvenirs familiaux ? Ou dans des documents particuliers ?
Né le 20/10/1897 aux Andélys (27), Mort pour la France à l'hôpital de Neufchateau dans les Vosges
Classe 1914, (surprenant non que sa classe soit 1914 et non 1917), principe des 20ans
Cordonnier à Paris avant d'être absorbé dans les rouages de la grande guerre."

La fiche "Mémoire des Hommes" de Marius permet de voir qu'il appartenait à l'AS 499.



L'AS 499 était la Compagnie dépôt du Camp d'AS de Bourron.
Cette compagnie appartenait au BIAS (Bataillon d'Instruction de l'Artillerie Spéciale) du GPAS (Grand Parc d'Artillerie Spéciale) de Bourron
Le BIAS a été créé le 5 Aout 1918 à Bourron. ( notes du Carton SHD Vincennes n° 16N568)

Avec le repli du camp des chars de Champlieu de fin Mars 1918, sur Cercottes et Bourron, le GPAS était en charge de la montée en puissance
des unités de Renault FT, créés à Cercottes, avant leur mise à disposition des Armées.
Ce parc assurait aussi, en relation avec les industriels, la réparation des Renault FT endommagés au combat.
Le GPAS disposait d'une unité américaine de mécaniciens qui participaient aux opérations de réparation et se formaient aux techniques d'entretien du char Renault FT.

Il est probable que Marius soit mort de la grippe espagnole.
Etait-il affecté, comme personnel permanent d'encadrement de cette compagnie ou, simplement présent temporairement
dans cette unité dépôt, suite à une blessure et une convalescence ?

La lecture de sa fiche individuelle permettrait d'y voir plus clair et, probablement, de découvrir :
- sa date d'arrivée dans les chars,
- ses possibles affectations ultérieures dans l'AS.

Il est assez courant de voir des erreurs se glisser dans les fiches.
Si sa date de naissance est bonne il s'agit effectivement simplement d'une erreur d'écriture.
La mention de 501° RCC comme régiment d'affectation en est une deuxième.

L'utilisation de RCC (Régiment de Chars de Combat) montre bien que la fiche à été rédigé après guerre.
Cette appellation a remplacé celle de RAS (Régiment d'Artillerie d'Assaut) seulement au début de l'année 1919.
Mort en Octobre 1918, Marius n'a pas pu être affecté au 501° RCC.

Par ailleurs, l'AS 499 n'a jamais appartenu au 501° RAS. Il s'agit d'une autre erreur dans cette fiche.
Marius Gottvallès appartenait, comme tous les affectés dans l'AS, au 500° RAS (unité administrative de tous les personnels affectés dans l'Artillerie Spéciale).

Très bonne journée - Michel

[Bidjeck]

Bonjour et merci rétroactif pour vos retours d'il y a quelques années. Je suis retombée sur mon post en faisant une recherche Google sur le nom Marius Gottvalles. L'indexation du Forum est efficace.

La date de naissance est juste. Il s'est engagé le 10 septembre 1914 avant soit 3 ans avant sa date d'appel.

Voici les informations inscrites sur la fiche individuelle.
https://archives.calvados.fr/ark:/52329 ... 85c371d091

Engagé Volontaire pour la durée de la guerre le 10 septembre 1914 à la mairie du 12e Arrondissement à Paris au titre du 21e régiment de Chasseurs à Cheval.
Arrivé au corps des chasseurs de 2e Classe le 13 Septembre 1914.
Passé au 81e régiment d'Artillerie lourde le 16 décembre 1916 par décision ministérielle n° 45694/2 du 11 décembre 1916
Passé au 501e Régiment d'artillerie d'assaut le 1et mai 1918
Décédé le 20 octobre 1918 à l'hôpital auxilliaire 21 à Neufchâteau de maladie contracté en service commandé (AOJD2787 (ou AOJD257?) du 19 novembre 1918

Blessures, citations : Blessé le 11 juin 1918 Plaie mâchoire inférieure.

A savoir que ce qui est noté dans la colonne de droite sur les champs Armée active :
- 21e Rgt de chasseur à cheval
- 81e régt d'artillerie lourde
- 500e régiment d'artillerie d'assaut et non plus 501e régiment d'artillerie d'assaut comme dans la colonne de gauche

Ce que j'ai découvert c'est qu'il fait partie de la 3e génération d'hommes de sa lignée à s'être engagé dans l'armée quelque soit le régime politique en place. La carrière militaire ayant offert à ses prédécesseurs, à l'issue de l'engagement, des opportunités de carrières dans la fonction publique. Comptable, chargé des contributions indirectes, chef de gare et des origines Lorraines... deux des multiples raisons de s'engager dès septembre 14...

Bonne lecture et merci de vos précédents et possibles futurs éclairages .

Béatrice

[Tanker]

Bonjour Béatrice,

Pour moi, plus que l'indexation du forum, ce sont mes douze ans et trois mois à attendre votre retour sur le sujet qui sont à signaler.
Il est vrai, qu'à l' époque, j'aurai du prendre le soin de mentionner, dans le sujet initial, que j'ouvrai un sujet rien que pour vous !

Ceci dit, en 2011, l'accès au fiche matricule était une autre affaire.

Si la fiche Matricule est aussi mal rédigée que la fiche de Mémoire des Hommes, elle apporte tout de même quelques informations utiles.

La mention du passage au 501°RCC au 1° Mai 1918 est une erreur de rédaction,
il s'agit bien du 500°, mentionné dans la colonne de droite et cette affectation au 500° RAS (et non RCC), est commune à tous les personnels de l'Arme des chars de 1918, puisqu'il s'agissait du passage d'une administration de l'artillerie Spéciale par le 81°RALT à celle d'un régiment (Dépôt / Instruction) spécifique à cette Arme.
Toutes les fiches matricule des personnels de l'AS présents en 1918 possèdent cette mention qui ne changeait rien à leur formation de combat d'affectation.

Cette fiche a été rédigée après Mai 1920 par un rédacteur du 501° RCC, devenu depuis la dissolution du 500° RAS, à la fin 1919, le corps dépôt des régiment de chars. Moins de deux ans après la fin de la guerre les subtilités d'organisation de l'AS étaient passées à la trappe, ce qui explique les nombres erreurs de ce type que contiennent ces fiches.
Pour faire simple, RAS (Régiment d'Artillerie Spéciale), c'est pendant la guerre, RCB (Régiment de Chars Blindés), c'est en 1919 et RCC (Régiment de Chars de Combat), c'est en 1920, avec la bascule des chars dans l'infanterie.

L'autre point qui pêche dans cette fiche matricule est la rubrique "Campagne" qui le donne comme affecté en Zone des Armées du 13 Septembre 1914 au 20 Octobre 1918. C'est totalement faux !
Pour sa formation initiale, il a nécessairement commencé sa carrière militaire en Zone de l'Intérieur et, avec son affectation au 81° RALT, il a, de nouveau été affecté en Zone de l'Intérieur, comme d'ailleurs après Juin 1918.
Il appartenait au 21°RCh, régiment de cavalerie qui, en décembre 1916 a fait partie de ceux qui ont dissous des Escadrons de réserve, devenus inutile avec une guerre sur Front stabilisé, pour être basculé dans les chars.
Le 6° Escadron du 21°RCh (10 Officiers, 17 Sous-Officiers et 165 Cavaliers) est dissous le 6 Décembre 1916 et renvoyé au Dépôt du régiment à Limoges pour y être basculé dans l'Artillerie Spéciale.
Sur la base de cette dissolution, le Régiment avait à fournir un effectif précis d'Officiers, de Sous-Officiers et d'Homme du Rang et des volontaires d'autres Escadrons pouvaient alors avoir fait partie de ce détachement de Cavaliers affectés dans les chars. Notre nouvel artilleur pouvait donc aussi bien s'être porté volontaire qu' avoir été parmi les désignés d'office du 6° escadron . . . .
Il est donc, en Zone de l'Intérieur dès le 6 ou le 7 Décembre 1916.

Concrétement, que peut-on extraire de cette fiche ?
Le 16 Décembre 1916 Marius Gottvallés est affectée au 81° RALT. Il rejoint, toujours en Zone de l'Intérieur, la 80° Batterie du 81° RALT, au Fort du trou d'Enfer de Marly-le-Roi.
En l'absence d'une bonne rédaction de la case Campagne de sa fiche, il est impossible de dire à quelle date il a rejoint le Camp de Champlieu en Zone des Armées. Ce qui est certain, c'est qu'il est, de Marly-le-Roi, passé au Camp AS de Cercottes (près d'Orléans), avant de rejoindre Champlieu.

La deuxième information intéressante de sa fiche matricule est sa mention de blessure au 11 Juin 1918 qui permet d'affirmer qu'il a du être blessé à la Bataille de Méry et se trouvait donc affecté dans un Groupe de chars Schneider du Grpt III ou de chars Saint Chamond des Gprt XI ou XII.
Il n'est pas mentionné dans la liste détaillée du Grpt X engagé sur Courcelles-Epayelles.

Il serait maintenant intéressant de voir si le SAMHA de Limoges à conserver la trace de son passage dans les hopitaux. Son unité de combat pourrait y être mentionnée. Cette demande peut se faire en ligne, sur fourniture de sa fiche matricule.
Une autre piste qui pourrait être intéressante. A-t-il été cité et pourrait-il être décoré . . . . ?
Une demande au CNAPM (Centre national des archives du personnel militaire) de Pau pourrait, dans cette hypothèse apporter d'autres éléments.

Avec cette blessure à la machoire, son affectation au Camp de Bourron à l'AS 499 était probablement des plus logique.

A suivre, si Pau et Limoges apportent de nouvelles informations.

Bonne suite de recherche et à plus, si possible avant 12 ans - Michel

[Tanker]

Petit complément,

La Fiche Mémoire des Hommes de Marius indique qu'il est décédé, dans les Vosges, à l'Hopital Auxiliaire n° 21, ce qui indique qu'il était alors probablement affecté (ou détaché) au Camp AS de Martigny-les-Bains (en Zone des armées) et non à Bourron (près de Fontainebleau), en zone de l'Intérieur.

Les demandes d'information au SAMHA de Limoges et au CAPM de Pau sont faites.
La réponse sera très certainement arrivée en 2035, lorsque Béatrice reviendra jeter un oeil sur le forum

[Tanker]

Bonjour,

En attendant Béatrice . . . . . .
Marius Gottvallès est un cas intéressant de recherche car engagé volontaire en 14 et appartenant normalement à la classe 1917 il possède donc deux Fiches Matricules et, comme engagé volontaire en 14, il faut le chercher dans la liste des engagés de la classe (et non dans la liste générale).

Sur la fiche Mémoire des Hommes, la référence de classe est celle de 1914, qui amène donc à la Fiche Matricule de la classe 1914 de l'Eure, fiche qui donne les éléments permettant de découvrir la Fiche Matricule de la Classe 1917.

500° RAS - AS 499 - Canonnier Marius Gottvallès - Listes de classe (01a).jpg (279.81 Kio) Consulté 1085 fois

[Tanker]

Bonjour,

Moins d'un mois pour recevoir la réponse postale du SAMHA, avec 13 pages de photocopie concernant Marius Gottvallès !
Beau résultat, ce d'autant que ces documents apportent bien les réponses attendues et fournissent, au passage, les identités de 2 autres membres de son unité.

Ont été retrouvés par les documentalistes de Limoges :

- Un extrait du Registre des Décès du HAA 21 de Neufchateau
- Un extrait du Registre des Entrées (le 17 Octobre 1918) au HAA 21
- Un extrait du Carnet de Passage avec mention de son passage au HOE 12 de Rimaucourt.
(C'est de cet HOE que Marius Gootvallès est arrivé le 17 octobre 1918 à Chateauneuf)
- Une fiche 2P concernant Marius Gottvallès
- Un extrait du Carnet à souche des bulletins 46 C, (fiche rédigée en trois exemplaires pour toute entrée à l'hopital)

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La première information qu'apporte ces documents, concerne le patronyme de Marius qui, dès son inscription à Rimaucourt, est appellé " Guettvallès "
L'acte de décès, envoyé à Lyon par le HAA 21 de Neufchâteau est rédigé avec cette même erreur, comme d'ailleurs l'acte de décès des archives de Lyon. Ce n'est qu'en 1922 que cette erreur sera corrigée sur le registre décès de Lyon.
Marius Gottvallès, étant né en Normandie, la mauvaise orthographe de son nom était plus difficile à détecter, ce d'autant qu'il était célibataire ..

Le Bulletin 46 C permet de découvrir que Marius Gottvallès appartenait au Groupe de char Saint Chamond AS 34 (Groupement AS XI).

Le Registre de Décès du HAA 21, mentionne aussi l'AS 34 et précise qu'il est mort le 20 Octobre à 5H 30 et a été inhumé le même jour à 16 heures.

Le troisième document confirmant l'appartenance à l'AS 34 est l'extrait du Carnet de Passage qui contient, par ailleurs une autre information. Le déclenchement de sa bronchite aigue est donnée comme datant du 11/10/1918 à " Sivry-en-Argonne"..
S'agit-il de Sivry-la-Perche ou de Givry-en-Argonne avec, probablement, un premier organisme médical qui a du y recevoir notre tankiste ?

Ayant débarqué en gare de Dombasle-en-Argonne le 21 Septembre 1918, les chars Saint Chamond rejoignent le camp H par voie routière (au coin Sud-Est de la forêt de Hesse, près de Sivry-la-Perche).
C'est à partir de ce camp que les Groupes AS 34 et 35, seront engagés les 4 et 5 Octobre 1918, dans le secteur du bois des Ogons avec la 80° DI US.
A l'issue de ces engagements, les chars rejoindront le camp H, le 8 octobre 1918 pour réembarquer à Dombasles, à partir du 13 Octobre.
C'est certainement au Camp H que Marius Gottvallès a ressenti les premiers symptôme de la grippe qui l'emportera, une dizaine de jours plus tard.
Il est évacué sanitaire, avant le ré-embarquement du Groupement XI à Dombasles

L'extrait du Carnet de Passage mentionne deux autres membres de l'AS 34 ayant suivi le même circuit médical (Alfred Guillement et Gabriel Butavand) qui, ont rejoint leur unité.

Les archives médicales de Limoges ne possédent aucun document concernant la blessure de Marius Gottvallès à la bataille de Méry. Il est assez probable que cette blessure à la machoire ait été traitée sur place et qu'elle n'avait pas nécessité d'évacuation.

Quoiqu'il en soit, après Méry, notre homme a visiblement bien participé aux engagements du Groupe AS 34 dans les secteurs de Saint Mihiel et d'Argonne de la fin Septembre et du début d'Octobre 1918.
Le Groupe AS 34 rejoint le camp de Martigny-les-Bains le 15 Octobre, alors que depuis le 11 Octobre il est évacué, malade, sur Givry-sur-Argonne.
Engagé au profit de l'Armée américaine le Groupement XI a donc vu ses malades et blessés évacués dans des structures médicales de cette armée, avant probablement d'être confié aux hôpitaux français.

La mention de son appartenance à l'AS 499, sur sa fiche Mémoire des Hommes est probablement un erreur.
Sans vrais détails sur ses affectations successives cette information reste invérifiable et il reste possible qu'il y ait été affecté, avant de rejoindre la Groupe AS 34.

Il reste à connaître sa fonction à bord du char. Peut-être mitrailleur.
Sa blessure à la machoire pouvant être le résultat d'éclats de balle de 7,92, touchant les fentes d'observation.

Les archives de Pau apporteront, peut-être quelques éléments supplémentaires.
A suivre - Michel