Bonsoir Jean,
Bonsoir à tous,
A propos du phénomène météorologique observé au matin du 9 janvier 1924, qui fut alors improprement qualifié de «
raz-de-marée ».
• L’Ouest-Éclair — éd. de Caen — n° 8.153, Jeudi 10 janvier 1924, sous le titre
« Un terrible raz-de-marée ravage la côte de France depuis la pointe Saint-Mathieu jusqu’à l’Espagne. ».
« Jeudi matin, le baromètre indiquait une forte dépression. A Lorient, par exemple, il marquait 729 millimètres. On s’attendait à un " coup de tabac ", cependant, nous télégraphie notre correspondant lorientais, à part quelques averses et un temps sombre, il ne se passa rien de fâcheux. Et pourtant, à ce moment, une tempête effroyable passait au large en direction de la pointe Saint-Mathieu au cap Finisterre (Espagne), soit à une distance d’environ cent milles au large. On signalait quelque temps après à la Préfecture maritime de Lorient, que les flots bouleversés avaient occasionnés un raz de marée violent qui avait eu une intensité particulière sur les côtes de Penmarc’h et dans le golfe de Gascogne. »
Les éditions des jours suivants révèlent que ce phénomène météorologique, déjà observé en Bretagne en 1877 — vraisemblablement le 1er janvier — et en 1899, avait en réalité été ressenti sur toute la façade Atlantique, depuis le Sud du Royaume-Uni jusqu’à Casablanca, provoquant de nombreux appels de détresse auprès des sémaphores et entraînant plusieurs naufrages.
• L’Ouest-Éclair — éd. de Nantes —, n° 8.153, Jeudi 10 janvier 1924, p. 2.
« A Royan.
ROYAN, 9 janvier. ― Un raz-de-marée d’une violence inouïe s’est abattu ce matin à Royan. Le boulevard Botton et le square Lessore sont envahis par la mer qui est allée jusqu’à la place Notre-Dame. L’hôtel des Postes, les magasins et les maisons particulières du boulevard Botton sont inondés.
Le vapeur de la Compagnie Bordeaux-Océan a coulé dans le port. Le vapeur qui fait le service Royan ~ Pointe-de-Grave est à la côte ainsi que quatre bateaux-pilotes, bateaux de pêche et autres embarcations. Les plages et de nombreuses voies sont encombrées d’épaves de toutes sortes. La balustrade du casino municipal a été fauchée et ses débris sont épars dans les jardins. Le parapet du boulevard Garnier s’est effondré sur une grande étendue. Le bateau de pêche Pitopo a été pulvérisé sur la plage Foncillon. Les boulevards sont ravinés et la circulation est interrompue. Le chemin de Robinson s’est effondré. Il n’y a heureusement pas d’accident de personne. »
(Dépêche identique publiée dans Le Figaro, n° 10, Jeudi 10 janvier 1924, p. 2).
• Le Temps, n° 22.800, Vendredi 11 janvier 1924,
p. 3, sous le titre général : « Tempête et raz-de-marée. » .
« [...] ― Les dégâts ont été particulièrement graves à Royan, où plusieurs bateaux, notamment celui des ponts et chaussée, ont été portés sur le quai. Le bateau de pilotage René, les bateaux de pêche Rose-France et Coquelicot ont rompu leurs amarres et ont été jetés sur la grande plage où ils sont allés s’échouer. Une gabarre faisant le service des marchandises entre Bordeaux et Royan a été portée sur le quai où elle s’est défoncée ; elle a coulé ensuite au milieu du port. Tous les quais et les terre-pleins voisins du port ont été recouverts par les eaux et il était absolument impossible de porter secours aux navires menacés. »