Abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I.

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Pax et labor 51
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Abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I.

Message par Pax et labor 51 »

Bonjour

Je continue mes recherches sur les hommes dont le destin a croisé celui de mon grand-oncle Octave Noir, Capitaine au 294e R.I., tombé à Morval le 7 octobre 1916. Je m'intéresse en ce moment à l'abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I., dont je possède deux lettres, écrites au crayon à papier, en réponse aux demandes du frère d'Octave pour connaître les circonstances de la disparition du corps. J'ai découvert la deuxième lettre il y a quelques jours seulement, perdue dans des papiers de famille que je n'avais pas encore explorés.

Lettre 1 ( la fin a été perdue)

16-5-17
Mon Lieutenant
J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre du 10 courant, et du fond de ma tranchée, je vous réponds avec une simplicité de moyens que vous voudrez bien excuser.
C’est bien le lieutenant Rozière qui a transmis les renseignements donnés, ainsi que les objets recueillis. Mais ce n’est pas moi qui ai découvert le corps du Capitaine. Je n’ai pu savoir encore qui c’est, mais j’essaierai de me renseigner.
Cependant j’ai inhumé dans le secteur 95 morts pour ma part, dont un certain nombre du 294ème.
Le terrain était largement découvert, en pente, vers l’ennemi. 7 régiments avaient attaqué avant mais sans réussir. Le 125 fit une notable avancée qui porta les lignes à plus d’un kilomètre plus loin. Une large bande de terrain fut donc dégagée, que je pus explorer pour enterrer les morts. Des cadavres étaient en décomposition. D’autres, gelés, faisaient corps avec la terre où ils étaient enfoncés – et les boches, en face, canonnant tout mouvement suspect, troublaient le travail. Ce qui vous explique très bien comment quelqu’un, passant à l’aube ou à la brune auprès du corps d’un officier, ait pu noter son nom, prendre ses papiers, en le laissant ensuite sans pouvoir l’enterrer. Cependant, depuis, ces parages ont été un peu plus dégagés.

Lettre 2

30-6-17- +
Caves de C*** - en réserve

Mon lieutenant –

En réponse à votre lettre du 9 – reçue à mon retour de permission –
Le lieutenant Rozière est passé à la 10e Cie du régiment – mais ni lui ni son successeur ne peut dire exactement ce qui s’est passé – ces officiers restant toujours très loin derrière les lignes.
On ne peut s’imaginer à l’arrière ni dans le civil comment les choses se passent. Et nous autres nous ne le savons pas toujours, qui sommes pourtant au milieu de la fournaise.
Des soldats partant à l’attaque – et qui n’en sont peut-être pas revenus – ont trouvé le corps du capitaine. Ils ont enlevé ses papiers, et ont pu faire établir le décès – mais ne l’ont pas inhumé.
Quelle était cette compagnie ? quel jour était-ce ? à quelle attaque, nous en avons fait plusieurs…
Les hommes maintenant sont dispersés. Celui qui a rapporté les papiers, est parti pour Salonique… D’autres ont été évacués… alors, où retrouver ces gens-là…
Je crois savoir que l’on a mis mon nom au procès-verbal, parce que j’avais fait beaucoup d’inhumations dans ce secteur…
Le régiment qui nous a remplacé est le 66e d’inf. dont je ne connais pas le secteur postal. Le lieutenant Rozière ne vous apprendra rien – son successeur, fort peu de choses – et je ne puis en savoir davantage.
Je ne puis que déplorer une situation qui impose à tant de personnes de si lourds sacrifices et vous envoyer à nouveau l’assurance de mon religieux souvenir et de mes prières pour celui que vous avez perdu –
Après l’avance faite par là en février, les secteurs ont du être explorés méthodiquement – les cadavres enterrés – les vieilles tombes refaites et marquées sur un plan. Mais qui vous communiquera cela ?? – Le ministère de la guerre, peut-être ?
Veuillez agréer l’assurance de ma considération distinguée
J Giraudeau
Brancardier – 125 .
1e Ce M - Sec 166


Notes

1- La croix qui marque le haut de la lettre indique que Joseph Giraudeau était prêtre, comme c’était souvent le cas pour les brancardiers.

2- Selon le J.M.O. du 125e, le 1e Bataillon, auquel appartient la 1e Compagnie de Mitrailleurs, « cantonne dans les caves de Cormicy » (Marne), à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Reims. Il s’agit donc de caves pour le champagne, Cormicy étant le vignoble le plus septentrional de ce cru.

3- « Celui qui a rapporté les papiers, est parti pour Salonique… » Dans une lettre du 17 juillet 1917, l’Officier Payeur du 125e RI écrit que le caporal Toussaint avait été affecté au 176e Régiment d’Infanterie à Béziers « Armée d’Orient ».



J'ai trouvé la notice de l'abbé Giraudeau sur Gallica, dans le Livre d'or du clergé et des congrégations 1914-1922: la preuve du sang/i], voir le lien ci-dessous :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k ... 0125e%20ri#

J'ai regardé dans le JMO du 125e RI et du service de santé de la 152e Division, mais je n'ai pas trouvé grand chose.

Peut-être l'un d'entre vous aurait-il une autre piste à me proposer...

Merci beaucoup !

Pax & Labor 51
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Pax et labor 51
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Re: Abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I.

Message par Pax et labor 51 »

Re-bonjour

J'ai oublié de signaler que j'ai bien sûr consulté Geneanet : Joseph Henri Fernand Giraudeau (1883-1958) est né et mort à Candé dans le Maine-et-Loire. Mais j'aurais voulu quelque chose de plus consistant, des témoignages ou des anecdotes sur le personnage, voire sa photo.

Merci

Pax & Labor 51
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mireille salvini
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Re: Abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I.

Message par mireille salvini »

Bonsoir Pax,

Je ne vais pas répondre directement à votre demande, juste faire un commentaire.

Merci d’avoir retranscrit ces 2 lettres sur le forum.
C'est un témoignage exceptionnel ❤.
Les mots de ce brancardier- prêtre sont à la fois plein d’empathie, malgré sa lassitude, pour faire accepter la réalité à son interlocuteur.
Et en même temps, ce qu’il décrit relève d’un quotidien épouvantable, où la vie n’a aucune valeur, au milieu des morts.
Je me demande comment il a pu conserver son équilibre psychique au milieu de tant de déshumanisation.
Sans doute sa mission de brancardier donnait un sens à ce qu’il vivait, secourir les blessés, rechercher les morts, procéder aux inhumations....par son action, il remettait de l’humanité là où il n’y en avait plus.

Pourriez-vous mettre une photo de ces lettres, pour voir son écriture ?
Merci encore pour le partage :jap:

Bien cordialement,
Mireille
Aucune justice n'est possible pour les morts… mais si nous ne pratiquons pas le devoir de mémoire, ils mourront une seconde fois.
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Pax et labor 51
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Re: Abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I.

Message par Pax et labor 51 »

Merci, Mireille, d'avoir mis des mots si justes sur les impressions que j'ai ressenties en lisant ces deux lettres.Voici un scan de l'écriture de l'abbé Giraudeau, comme vous me le demandez (première et dernière pages de la lettre n°2). Pour économiser le papier, il a écrit sur une moitié de feuille 27x21 cm pliée en deux : on voit au bas du feuillet des traces de la découpe, faite au canif ou au coupe-papier. Ce n'est hélas pas visible sur le scan.
1917_06_30_Brancardier_1.jpg
1917_06_30_Brancardier_1.jpg (1.11 Mio) Consulté 1215 fois

Bien cordialement

P&L 51
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mireille salvini
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Re: Abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I.

Message par mireille salvini »

Bonsoir Pax,

Merci d’avoir accédé à ma demande de visualiser l’écriture de Joseph Giraudeau :jap: ça "parle" aussi une écriture, j’aime les regarder ;)

Par rapport à votre demande à vous, j’ai trouvé un petit lien où on voit que l’abbé Giraudeau a été le prêtre de la paroisse de St Mathurin entre 1929 et 1939.

Vous pourriez peut-être essayer de contacter le curé actuel de la paroisse ( voir en bas de page du lien) car s’il y a un endroit où se trouvent les traces d’un homme d’église c'est bien au diocèse ;)

https://baugeoisvallee.diocese49.org/la ... -paroisses

Bien cordialement,
Mireille
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Pax et labor 51
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Re: Abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I.

Message par Pax et labor 51 »

Bonjour Mireille

Excellente idée !

Je vais faire faire la démarche que vous me conseillez et vous tiendrai au courant si j'obtiens de nouveaux éléments d'information.

Bien cordialement

P&L51
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Pax et labor 51
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Re: Abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I.

Message par Pax et labor 51 »

Bonjour

L'archiviste du diocèse d'Angers m'a envoyé un dossier de 18 pages contenant les documents qu'il a trouvés au sujet de Joseph Giraudeau. Je vous en livre un extrait ci-dessous :

GIRAUDEAU Joseph_page-0010.jpg
GIRAUDEAU Joseph_page-0010.jpg (1.15 Mio) Consulté 982 fois
GIRAUDEAU Joseph_page-0011.jpg
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Après vérification dans le J.M.O.du 125e R.I., il semblerait que Joseph Giraudeau raconte dans ce texte des événements qui se sont déroulés à la fin du mois de juin, alors que le Régiment se trouvait dans la Marne, à Louvercy. Le J.M.O. mentionne en effet à cette date la relève de certains unités par des troupes russes.Le Commandant du 3e Bataillon était alors le Commandant Baffet,son adjudant le Sous-Lieutenant Maucourt.

Le Bulletin paroissial de Saint-Maurille de Chalonnes, année 1919-1921, précise que l'abbé Giraudeau était à la fois brancardier et aumônier.

Enfin, un de ses confrères, le Chanoine Henri Seng, dans l'oraison funèbre qu'il prononça le 5 décembre 1958, rappelle que durant son service au 125e R.I., "il se dépensa sans compter et conquit si bien l'estime de tous qu'après la paix ils le choisirent comme président des Anciens du 125e."
Il ne me reste plus qu'à trouver une photo...

En tout cas, merci encore à Mireille pour son conseil, et bravo au prêtre de la paroisse de Saint-Pierre-en Vallée (49) et à l'archiviste diocésain qui m'ont répondu immédiatement avec beaucoup d'amabilité et d'efficacité.

Cordialement

P&L 51
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mireille salvini
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Re: Abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I.

Message par mireille salvini »

Bonsoir Pax,

Je suis sincèrement ravie pour vous du succès de votre recherche :)
Et quel résultat !
Merci effectivement au prêtre Luc Benêteau et à l’archiviste du diocèse du Maine-et-Loire pour leur disponibilité et leur réactivité :jap:

Et merci à vous d’avoir publié cet extrait d’un autre moment de vie de Joseph Giraudeau.
Son style narratif était bien talentueux, je n’ai eu aucun mal à visualiser la scène et à percevoir ce qu’il captait de son environnement et des soldats qu’il croisait :love:

Dire qu’il a tenu un carnet de notes....si seulement il pouvait être retrouvé !
Peut-être qu’un jour.... :bic:...sait-on jamais.


Bien cordialement,
Mireille
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Pax et labor 51
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Re: Abbé Joseph Giraudeau, brancardier au 125e R.I.

Message par Pax et labor 51 »

Je n'ai toujours pas de photos de l'abbé, mais voici quelques informations complémentaires :

Né à Candé dans le Maine-et-Loire en 1883, l’abbé Joseph Giraudeau appartenait lui aussi à la même génération qu’Octave Noir, Louis de Dartein ou l’abbé Hélie.

Candé se trouve en Anjou, dans un pays de bocage à la limite de la Bretagne.

Le père de Joseph Giraudeau fut d’abord teinturier, puis fabricant de tissus par tricotage mécanique. La fiche du diocèse d’Angers le donne pour négociant.

Wikipédia signale l’installation à Candé, dans les années 1870, d’une fabrique de flanelle, un tissu de laine de mouton, cardée, puis « brossée ». La mécanisation de sa production la rendait accessible au plus grand nombre, et ses utilisations se multiplièrent : ceinture de santé, gilet, sous-vêtement, camisole, pyjama, peignoir, doublure… La flanelle est un tissu doux et chaud, et la fameuse ceinture de flanelle fit partie de l’équipement du soldat de la Grande Guerre pour se protéger du froid : elle ne faisait pas moins de trois mètres de longueur !

On peut penser que cette fabrique de flanelle avait été fondée par le père de Joseph Giraudeau. Sur Geneanet Mme Giraudeau est notée comme « commerçante » : elle participait sans doute à la vente de la production, et Joseph lui-même commença par être voyageur de commerce, comme l’indique le chanoine Henri Seng dans son oraison funèbre :

« Je me souviens de ce mois d’octobre 1909 où, l’un comme l’autre, nous abordions la vie cléricale. Mes confrères et moi avions le privilège de la jeunesse. Lui avait déjà atteint l’âge mûr. Son air grave, son ton doctoral, sa vaste culture, assortie d’expériences humaines, nous en imposaient. Nous savions aussi que, pour répondre à l’appel de la grâce, il avait abandonné une situation d’avenir et, courageusement, s’était remis à l’étude. Ce n’est pas que sa science fût insuffisante : voyageur de commerce, il s’en allait de bourg en bourg, à la cadence de quelques lieues à l’heure, trompant la solitude et la longueur des voyages par des lectures que sa mémoire enregistrait fidèlement et dont, à plusieurs années de distance, il nous faisait profiter. »

Joseph était l’aîné d’une fratrie de quatre, et le seul garçon. S’il répondit à sa vocation si tard, c’est peut-être parce que son père attendait de lui qu’il reprenne son entreprise. Une sœur de l’abbé épousa en 1908 Paul Douezy, dont Geneanet indique qu’il était fabricant, dans le domaine du tricotage mécanique. Il aurait donc repris l’entreprise de son beau-père, laissant Joseph libre d’entrer au séminaire.

Fils d’un père assez énergique pour fonder et faire tourner une fabrique, Joseph Giraudeau semble avoir été lui-même très dynamique et avenant. D’ailleurs le métier de voyageur de commerce demande jovialité, assurance et bagout !

Le chanoine Seng évoque ainsi son « allure martiale, dégagée et rapide ». Joseph Giraudeau n’hésitait pas à partager ses connaissances avec ses camarades, et à leur narrer des anecdotes : « Il aimait, et il savait, raconter, et nous nous plaisions à l’entendre évoquer certains souvenirs de sa vie militaire par exemple. »

Comme son père, l’abbé Giraudeau était entreprenant : durant ses années de vicariat, il s’occupa des patronages sur ses trois premières paroisses, Feneu, Chalonnes-sur-Loire et Saint-Serge d’Angers. C’était l’époque du « patronage-école d’éducation intégrale ». Il s’y donna de toute son énergie, avec succès, ayant « la hantise de l’apostolat et le sens de l’éducation ». En particulier, il organisait des spectacles de théâtre, « qui dépassaient la simple distraction pour viser à la formation spirituelle et artistique de ceux dont il avait la charge».

Devenu curé de Saint-Mathurin à Angers, une paroisse difficile, il démissionna pour raison de santé en 1939, après s’y être dépensé sans compter pendant plus de dix ans, puis reprit du service comme curé à Querré pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de se retirer définitivement en 1955. Il mourut à Candé le 3 décembre 1958.

Le chanoine Seng souligne « sa cordialité », « sa jeunesse d’âme », « sa connaissance des problèmes actuels et des méthodes nouvelles », « sa curiosité toujours en éveil », « cette soif de savoir, qui fut un des traits saillants de sa physionomie morale », enfin « sa préoccupation constante d’être à la hauteur de sa tâche ».

« Il appréciait la noblesse de son sacerdoce et il en vivait avec exactitude les sublimes exigences. Il en avait la fierté et ses jugements s’en inspiraient. Il avait le culte de la vérité et ses convictions profondes s’extériorisaient en affirmations qui, sous une apparente solennité, témoignaient de la netteté et de la fermeté de sa foi. »

Sa conduite pendant la guerre de 14 montre courage et énergie. Mobilisé un an après avoir été ordonné prêtre, il fit toute la campagne au 125e Régiment d’infanterie, dans le 9e Corps d’armée, cumulant les fonctions de brancardier et d’aumônier.

Il obtint trois citations, la première lors de la bataille de la Somme : « Brancardier courageux et zélé ; s’est distingué par son dévouement dans la relève des blessés, sous un violent bombardement, dans la période du 20 octobre au 2 novembre 1916. »

Il s’illustra ensuite lors de la prise du parc de Grivesnes, au sud-est d’Amiens : « Brancardier intelligent et dévoué qui, dans la nuit du 9 au 10 mai 1918 et la journée du 10 mai, a assuré le nettoyage du champ de bataille malgré un violent bombardement, a organisé le cimetière militaire où il a procédé à l’inhumation de ses camarades morts à l’ennemi, et l’a précieusement entretenu pendant toute la période du secteur. »

Il reçut sa dernière citation pour sa conduite exemplaire pendant la contre-attaque Mangin, au plateau de Méry, dans l’Oise : « Brancardier animé du plus bel esprit ; a vaillamment rempli son double rôle de brancardier et de prêtre, en pansant et relevant les blessés malgré un violent bombardement pendant les journées du 11-12 et 13 juin 1918 et en assurant pendant la nuit la relève et l’inhumation des morts de son bataillon. »

Selon le chanoine Seng , « il se dépensa sans compter et conquit si bien l’estime de ses camarades qu’après la paix ils le choisirent comme président des Anciens du 125e R.I. »

Sa faconde et son talent de conteur trouvèrent tout naturellement à s’exprimer dans l’écriture de chroniques inspirées de son carnet de guerre, des « récits vivants, imagés et d’un style original » . En effet, « la vie mouvementée de « l’avant » ne lui fit pas délaisser sa formation personnelle. Il continua à enrichir son expérience. Pour ne pas se rouiller il tint à jour un carnet de route où dans un style alerte, il consignait les événements dont il était le témoin ou le héros. De temps à autre il en détachait quelques récits qui étaient accueillis avec ferveur par la Semaine Religieuse ou le journal. Ainsi il se gardait la main. Plus tard il n’aura qu’à laisser courir sa plume pour donner des chroniques très personnelles et pour rédiger des conférences où la documentation le disputait à l’édification et à l’humour. »

Sources :
Chanoine Henri Seng, In memoriam, M. l’abbé Joseph Giraudeau (1883-1958), 5 décembre 1958, Archives diocésaines d’Angers
L’Écho chalonnais, 1e avril 1919
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