ANTONIN Quatre-mâts barque Cie Bordes

Bouteilley
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Re: ANTONIN Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par Bouteilley »

Olivier
Une bonne idée et un beau travail de recherche pour enfin comparer le présent du passé, on reconnait bien le clocher de l'église dans le coup de crayon de mon grand-père ...
Merci
Bouteilley alain
Rutilius
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ANTONIN — Quatre-mâts barque — Armement Antoine-Dominique Bordes & Fils.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


Mouillage de Pacasmayo (Pérou)


PACASMAYO - Croquis -  .jpg
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: ANTONIN Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

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Navires coulés Date Equip. Chargement Position

GLADYS ROYAL 9 Janvier 25 4500 t charbon 35°N 25°W
LUNDY ISLAND 10 Janvier 24 4500 t sucre 35°N 22°W
CHARLES GOUNOD 21 Janvier 24 3200 t maïs 08°N 26°W
PERSEE 28 Janvier 8 400 t poisson 10°N 27°W
ANTONIN 3 Février 31 4000 t salpêtre 07°N 26°W
BUENOS AYRES 9 février 20 3000 t salpêtre 05°N 31°W
DUNMORE 19 Février 29 3700 t maïs 06°N 25°W
BRITISH YEOMAN 26 Février 22 3070 t blé 04°N 31°W
LA ROCHEFOUCAULD 27 Février 25 3050 t salpêtre 05°N 31°W
DUPLEIX 5 Mars 24 3000 t salpêtre 01°N 28°W
HONGARTH 11 Mars 33 4500 t maïs 02°S 26°W
CAMBRONNE 21 Mars 22 2600 t salpêtre 20°S 26°W

Telle est la liste des navires coulés par le SEEADLER que dresse avec beaucoup de précision le novice d’ANTONIN. On retrouve cette liste à la fiche SEEADLER Corsaire allemand, sur ce lien

viewtopic.php?t=44906

Les 22 pages du récit du novice seront mises petit à petit à partir de demain sur le forum. Ce récit est fort intéressant.

Cdlt
olivier
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Re: ANTONIN Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Récit du novice

Page 1 (voir mon post du 15 Novembre dernier)
viewtopic.php?f=29&t=43752&start=40#p541176
Page 2

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Cela veut dire que pendant deux heures tu auras le nez en l’air. Tu gouverneras de telle sorte que le cacatois, voile la plus haute, ne reçoive ni trop de vent dedans, mais assez cependant pour ne pas haulloter comme un pavillon. Moyennant quoi, en faisant bien attention, tu ne seras… ni par le capitaine, ni par tes camarades, en train de peindre sur les vergues.
10h00
Deux heures que mon cou s’allonge et que je louche. Le second, qui est de quart, vient vers le capitaine en train de me proposer de me relever :
- Capitaine, un navire par bâbord venant à contre-bord !
- Quel genre ?

Page 3

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- Coque noire. L’air d’un trois-mâts carré. Quelque norvégien sans doute à son allure
- Bien. On va lui parler. Venant d’Europe, il doit avoir de plus fraîches nouvelles.
Se tournant vers moi :
- Tu resteras paré à hisser le pavillon français et notre numéro quand je te le dirai.
- Oui Capitaine.
La distance entre les deux navires se raccourcit. Nous voyons maintenant les détails du navire contre-bordier. Navire à voile gréé en trois-mâts carré en effet. On commence à distinguer des pavillons de neutralité peints sur sa coque noire. Mais, quelle drôle d’allure !

Page 4

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A-t-on idée, par si belle mer et si beau temps de n’avoir pas toute sa toile dessus ? En effet, le navire qui vient pour passer près de nous et nous contourner sur l’arrière a ses hautes voiles et ses cacatois et perroquets sur leurs vergues.
Nous sommes maintenant près l’un de l’autre. Nous distinguons un pavillon norvégien à la corne, un numéro du code et des couleurs norvégiennes sur la coque.. Je suis paré à la drisse de pavillon.

- « Hisse », ordonne le Capitaine.
Le pavillon français monte à la corne d’artimon et notre numéro au dessous.

(A suivre)

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Re: ANTONIN Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Suite du récit .

Page 5

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Je tourne la drisse quand : Boum, un coup de canon nous claque aux oreilles et, oh stupéfaction et surprise de mauvais goût, les couleurs norvégiennes de la coque de celui à qui nous allions demander « Avez-vous de bonnes nouvelles de la guerre sous-marine ? » sont masquées tandis que le pavillon de guerre allemand monte à la corne remplacer les couleurs norvégiennes qui descendent.

Le Capitaine me regarde. « Pas possible ! » disent ses yeux.

- Si Capitaine. C’est le pavillon de guerre boche. Si vous n’avez plus besoin de moi, je vais aller prendre mes bottes et mon ciré pour aller dans un canot tout à l’heure.

Dans la marge le capitaine Lecoq, dont l'écriture est différente mais qui a certainement lu le récit du novice, a noté : « A raconter d’une façon plus véridique, mais aussi que nous allons pour de long froid et de dure mer ».

Page 6

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Au bruit du canon, tout l’équipage est sur le pont, n’en croyant pas ses yeux. « Oui est cela », le « all is right » anglais !
Couché, brasse le grand phare, la barre dessous » hurle notre sympathique grand mât qui est plus docile qu’il y a quelques jours.
Le timonier a mis toute la barre dessous. Nous n’allons pas assez vite à cause du vent. Tuile nouvelle, le navire vire vent devant. Veille si l’Allemand croit que nous voulons essayer d’échapper. Mais non, nous revenons en panne, mais sur le petit hunier.

Pendant ce temps, le corsaire allemand

Page 7

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(Pendant ce temps le corsaire allemand) a cargué ses voiles, nous passe sur l’arrière et vient se placer par bâbord à nous à petite distance.
Trop tard, nous comprenons que s’il avait si peu de toile sous couleurs norvégiennes, c’est qu’il avait un moteur dans sa cale.
« Nous y sommes » dit mon second maître (nota : Julien Perrigaud) qui fut pris sur l’UNION « et dire que j’ai signé que je ne naviguerai pas ! Pas de bile mon vieux. Ce ne sont pas les mêmes. Prépare tes bottes et ton ciré. »

Page 8

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Les deux navires se sont étalés à la même hauteur à ¼ de mille l’un de l’autre. Nous voyons une baleinière à moteur se détacher de notre agresseur. Elle tangue, roule, disparaît entre deux crêtes de lames et nous accoste à bâbord. Un colosse vêtu de la tenue blanche d’officier allemand aux colonies monte à bord. Vraiment, Lieutenant Pries (j’ai su votre nom par le livre du commandant von Lückner) vous êtes taillé pour faire un officier de prise : 1,92 m, large à masquer une porte, tête massive et énergique, mais un sourire rassurant pour ceux vers qui il vient.
('à suivre)

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Re: ANTONIN Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Suite du récit

Page 9

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L’officier allemand monte à bord, salue rapidement mais correctement et nous dit qu’il allait nous transporter sur son navire avec toutes nos affaires, sauf le matériel de couchage. Il ajouta que nous avons le temps. En effet, pris le matin, l’ANTONIN ne devait aller au fond que le soir. Chacun de nous se dirigea vers son coffre de bois et son grand sac de marin. Un quart d’heure d’arrimage et tout était prêt. Tout ceci sous l’œil de marins allemands, mi sérieux, mi amusés, qui nous aidaient même à boucler nos valises.

Page 10

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Je crois que jamais huissier ne mit tant de bonhommie à expulser un locataire. Sans chercher à ironiser, je puis le dire en la circonstance, officier de prise et marins allemands furent courtois et humains.
Notre bagage assemblé sur le pont, restait à déborder nos canots et à les amener à la mer. Ce ne fut pas une petite affaire. Nos baleinières avaient été si souvent peintes et repeintes, mais si peu souvent mises à l’eau (sans doute en conformité avec les règlements sur la sécurité de la navigation ! Mais qu’est cela) qu’il fallut tout l’équipage réuni, hâlant, jurant, sur

Page 11

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chaque garant pour arriver à les décoller. Après bien des efforts nous eûmes la satisfaction de voir flotter des coques de noix qui allaient nous transborder, nous et toute notre fortune. Je dis satisfaction de voir flotter, car nous aurions pu tout aussi bien avoir le déplaisir de les voir remplir une fois chargées. Elles furent charmantes et ne prirent eau que jusqu’à moitié hauteur !
Nos malles nagèrent un peu, et ceux de nous qui montèrent dedans les premiers pour les étancher en eurent pour toute la durée du transbordement à vider l’eau qui y entrait sans cesse.
Moyennant quoi, nous fûmes

Page 12

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transbordés sur notre nouveau navire.

Dans le trajet de notre malheureux navire à notre prison, nous sûmes par les matelots allemands que cette coque noire avait nom Seeadler. Pourquoi pas Vautour ?
Pleins d’attention, nos informateurs nous dirent de nous tranquilliser et qu’en arrivant sur le pont du Seeadaler nous trouverions de charmants camarades anglais, quelque temps auparavant sur de malheureux voiliers ou vapeurs capturés.

(A suivre)

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Re: ANTONIN Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Suite du récit du novice

Page 13

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Me trouvant trop jeune pour être appelé durant la dernière guerre, j’ai néanmoins vécu quelques heures éprouvantes qu’elle m’a procurées.
En 1915, au mois de Juin, ma vocation d’être marin agissant, je m’embarquai. 1916 vint, n’apportant aucun fait saillant dans la vie excessivement monotone, quoi qu’on en dise, qu’est celle de marin.
Pays vus, gens et bêtes s’effacent assez rapidement de la mémoire, ou du moins perdent tout contour ou physionomie ben précise.

1916 m’amena à partir pour un voyage des mers du Sud sur un voilier de la maison Bordes, l’Antonin, beau 4-mâts barque.

Page 14

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La fin de cette année me trouva au Chili d’où nous repartîmes quelques jours après notre arrivée à Iquique.
1er Janvier 1917. C’est au large des Malouines que nous le passons. Beau temps gris de l’été austral. Journée triste où le navire, poussé par une faible brise variable, court doucement vers le Nord. Midi, calme, brassé carré partout et fouets de basses voiles cargués pour rallier le vent. C’est une accalmie après les jours rudes de la mer tourmentée du Cap Horn. Ce passage au large des Malouines nous amènent sous le gaillard, à causer de la fin des croiseurs allemands envoyés par le fond dans les parages. C’est avec

Page 15

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propos, les souvenirs de captivité de notre second maître qui fut prisonnier d’un croiseur corsaire allemand et rapatrié à Buenos Ayres. En écoutant ce récit déjà connu, nous ne pensions point qu’un mois plus tard notre mémoire s’enrichirait d’un souvenir vécu de ce genre là.
L’Antonin, bon marcheur et favorisé, gagnait rapidement vers la ligne que nous devions passer en fin Janvier, si toutefois sur un navire à voile il peut être permis de fixer une date d’arrivée en un lieu. Les alizés de SE frais nous faisaient faire de beaux points. Déjà, marin de long courrier, chacun supputait ce qu’il pourrait

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bien faire à l’arrivée.
Le xx Janvier vers xx , (nom probable d'un matelot mais illisible), au bossoir, signa deux coups de cloche : navire par bâbord. Cinq minutes après, la cloche retentit deux fois à nouveau pour un nouveau navire signalé aperçu du même bâbord.
C’était après le travail. Les navires en vue étant la seule chose venant rompre la monotonie de notre vie, nous nous précipitâmes tous sur la lisse bâbord. Faiblement éclairés par le crépuscule, deux vapeurs faisaient route sur nous. C’étaient deux coques grises impossibles à identifier à la distance à laquelle elles étaient. La nuit tombant rapidement, nous n’allions bientôt plus

(A suivre)

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Re: ANTONIN Quatre-mâts barque Cie Bordes

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Bonjour à tous,

Suite du récit du novice

Page 17

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Voir que les feux de route de ces deux navires croyions-nous. La nuit tropicale vint, rapide, noire. Point de feux. Etant en guerre, cela signifiait prudence veut qu’un navire soit aperçu le moins possible. Cependant si loin ? De nouveaux croiseurs corsaires ennemis seraient donc sortis. Les journaux chiliens auraient donc dit vrai en signalant des raids de sous-marins allemands de grande puissance et de long rayon d’action ? Cherchant à percer l’obscurité nous songions.
Tout à coup, droit derrière nous, une lueur fuse, s’épanouit, un grondement retentit. Pas de doute, nous

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avons à faire à un navire de guerre et nous recevons un coup de semonce. Cela voulait dire « Stoppez immédiatement », en terme marin, « mettez en panne ».
Ne pouvant croire que cette semonce nous était adressée, vu la présence de deux vapeurs dont l’un pouvait être le poursuivi, l’Antonin continua sa route filant 5 ou 6 nœuds, voiles hautes, tribord amure.
Nouveau coup de canon, pas de doute, c’est pour nous. Troisième coup à blanc et soudain le faisceau d’un projecteur se braque sur nous, inspectant notre voilure. Le capitaine fait hisser nos couleurs, pensant

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qu’avec son projecteur l’arraisonneur verra qui nous sommes. En même temps, en cas de chasse, comme on dit en style marin, le capitaine commande :
-« Tout le monde à soulager les baleinières sur leur chantier. »
Les deux bordées (20 hommes) courent vers l’arrière, font exécuter la manœuvre. Comme nous mettons les pieds sur l’échelle de la dunette, à l’appui du faisceau qui se promène inspectant notre voilure, retentit un nouveau coup de canon, beaucoup plus près et nous avons l’agrément d’entendre un obus siffler au dessus de la mâture.
-« Cargue les cacatois, saisi le fouet de basse voile, tout le monde

Page 20

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à contre brasser le grand phare avant et le grand phare arrière » hurle le capitaine.
Enfin, la manœuvre tant attendue par notre poursuivant s’exécute et l’Antonin s’étale rapidement, dérivant faiblement sous le vent. Nous sommes en panne et il ne nous reste plus qu’à tout disposer pour que les hommes de l’embarcation qui va venir puissent monter à bord. Tout est paré. Le projecteur braqué sur nous ayant vu l’effet de la dernière semonce nous quitte pour se braquer sur la mer et nous éclairer un canot qui vient vers nous.

(A suivre)

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Re: ANTONIN Quatre-mâts barque Cie Bordes

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Bonjour à tous,

Suite du récit du novice

Page 21

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Qui sera-t-il ? Ami ou ennemi ? Notre sort sera fixé dès qu’il sera le long du bord.
C’est fait. Les paroles de l’officier hélant le bord nous renseigne. Ce sont des Anglais. Que nous veulent-ils ? Attentes… A-t-on idée de faire mettre un voilier en travers au moment où le vent lui est favorable et quand il est de toute évidence qu’après deux ans et demi passés de guerre, la mer est aux alliés ! Il fallait croire que le croiseur avait des raisons de se méfier. Un officier monte à bord suivi d’hommes en armes. Présentation au capitaine. Demande classique de confier

Page 22

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les papiers du bord. Champagne ! Tout est bien.
« All right, you can go again. » Nos enquêteurs descendent dans leur canot. Avant qu’ils débordent, nous leur demandons : « Sous-marins ? Corsaires dans l’Atlantique ? »
Réponse délicieuse pour lever un doute :
« All is right ».
Merci du renseignement. Avec cela on peut aller au bout du monde et pour éviter un ennemi, c’est infaillible en effet.

(à suivre)

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Re: ANTONIN Quatre-mâts barque Cie Bordes

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Bonjour à tous,

Commentaire

Le novice décrit en détail, avec beaucoup de précisions, l’arraisonnement du voilier par le SEEADLER et aussi par le navire de guerre anglais fin Janvier 1917.
On note qu’il signale tout de même le mauvais entretien des embarcations du bord.

A ce propos, un second récit existe, remis au Consul de France à Rio de Janeiro. C’est un document exceptionnel, car par l’intermédiaire du novice, c’est en fait tout l’équipage de l’ANTONIN qui se plaint du capitaine et du second capitaine. Il reprend entre autre le récit de l’arraisonnement par le navire de guerre anglais, et les propos sont édifiants.

Récit remis au Consul de Rio de Janeiro

Page 1

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A Monsieur le Consul de France à Rio de Janeiro

Nous tenons, Monsieur le Ministre, à vous informer de la conduite de notre capitaine envers son équipage à bord du navire allemand où nous avons été retenus prisonniers. Nous fûmes avisés, par l’intermédiaire de notre capitaine que l’équipage de l’Antonin serait astreint aux travaux du bord. Depuis ce jour-là, nulle vexation ne nous fut épargnée. A la suite d’une réclamation bien faite par des matelots de notre bord au sujet du dit travail, notre second traduisit au maître d’équipage allemand que nous refusions de prendre le travail. Ceci était absolument faux. La chose étant faite, le 22 le second gifla un de nos matelots,

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le nommé Riou. A 11h00 le second jour, nous étions rassemblés pour comparaître devant l’officier en second allemand. Celui-ci, n’ayant su que les paroles mensongères du second et ne nous ayant pas entendus, nous fit savoir qu’à la première récidive nous serions punis d’emprisonnement, et qu’à la seconde nous devrons recevoir une balle dans la tête.

Au lieu de nous (xxxxxx) et de créer en conséquence une raison de danger pour notre vie, il aurait mieux valu que notre capitaine et notre second prennent un peu plus de soin du matériel de sauvetage de l’Antonin. Aucune baleinière n’était en état de tenir la mer et si nous avions été obligés de nous sauver par nos propres moyens, pas un de nous

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n’aurait revu la terre. La preuve évidente nous en fut donnée le 26 Janvier 1917. A 06h30 du soir, la vigie signale un vapeur bâbord, faisant la même route que nous. Un instant après, le vapeur vire de bord. A 07h15, l’homme de vigie signale un autre vapeur. A 07h45 ces deux navires sont près l’un de l’autre et tout à coup on ne voit plus leurs feux.
A 08h00 précise on entend un coup de canon, mais à bord on n’y prend pas garde. Un quart d’heure après, nouveau coup de canon, mais beaucoup plus distinct que le premier. Le capitaine n’y fait toujours pas attention et ne donne aucun ordre pour la manœuvre. Environ dix minutes après, nouveau coup de canon, mais très

(à suivre)

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