Soldat Friche 74°RI

tomtraceur
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Re: Soldat Friche 74°RI

Message par tomtraceur »

air339 a écrit : jeu. août 08, 2019 11:46 am
Vous citez des renseignements sur les circonstances du décès (heure, prise en charge au poste de secours) : pourriez-vous les citer en entier ainsi que leur source ? cela permettrait de les confronter avec les 'autres informations.
Qu'est il écrit sur l'avis de décès, avant "... 26 mai 1916"
Bonsoir Régis,

Concernant ces informations, je vous mets en copie ce que j'ai sous la main pour le moment (je ne suis pas chez moi).

Extrait de la lettre du Sergent-Major Vétillard datée du 13 Juin 1916
"[...]
Friche a été blessé en allant au ravitaillement le 21 je crois, il a eu une jambe coupée par un éclat d’obus, c’est ce que son sergent major savait, aucun autre renseignement sur son évacuation. On croit qu’il a été évacué mais rien à sa compagnie n’était arrivé donnant ce renseignement lorsque je suis parti en permission le 11 Juin.
[...]
Sergtmajor 74e 10 Cie SP93

Vétillard"


Lettre de l'Agence Internationale des Prisonniers de Guerre


"Genève le 4 Janvier 1917

74 Infanterie, 3ème Bataillon

FRICHE Fernand Agent de Liaison
Tué par un éclat d'obus le 21 mai 1916 à 8h. du soir, au bois de La Caillette - Verdun.

Renseignement fourni par M. Jules Hubeau, Capitaine, Command. le 9e. comp. du 74eme d'Inf. camp de FRIEDBERG
X. 895 C."

Citation :

"Soldat modèle de bravoure. Tomber glorieusement le 22 mai 1916 en assurant la liaison avec son chef de bataillon durant l'attaque du fort de Douaumont."

Transcription de jugement déclaratif de décès :

Image

Image

Ce que j'arrive à comprendre d'après les informations c'est qu'en effet Fernand est parti en mission dans le bois de la Caillette le soir vers 20h pour préparer l'attaque du lendemain et à été blessé par un obus. Des brancardiers du poste de secours le plus proches seraient venus à son secours. La question est, a t'il été transporté ? Le corps ayant été porté disparu je me demande si c'est le cas.

Cependant, sur une lettre que je possède (je la posterai dès que je le pourrai) il est fait mention qu'il a bien été évacué avec pour diagnostic "détachement complet des jambes". De ce que j'ai pû lire, ce n'est pas les brancardiers qui établissent le diagnostic mais le poste de triage qui se situait à Dugny je crois (je n'ai pas ma doc sous la main).
Deux autres éléments me laissent perplexe, le premier concerne la fameuse mention d'une tombe à son nom dans le cimetière de ce Ballecourt. Est-ce Baleycourt ? Y avait il un ancien village (peut-être détruit) qui avait ce nom ?
Le deuxième élément est une lettre provenant des successions militaires qui indique à la mère de Fernand qu'hormis la plaque militaire de son fils , qui lui a déjà été restitué, ils ne possèdent pas plus d'objets. Donc pour moi, son corps a été retrouvés si sa plaque a été transmise à sa mère.

Enfin pour finir, je pense que c'est utopique mais il existe 2 tombes ( référence memorialgenweb : 2548944 et 2548971) de soldats inconnus du 74 ème RI à la nécropole de Fleury devant Douaumont. Après les avoir appelé, l'un de ces soldats à été tué à Douaumont sans précision, l'autre soldat à été tué au ravin de la Caillette.
Je n'y crois pas beaucoup mais peut-être que Fernand est l'un d'eux.
La personne s'occupant de cela est en vacances, je dois rappeler plus tard pour avoir plus d'informations.
J'attends vos avis concernant ceci.

Au plaisir de vous lire,
Amicalement, Thomas.
air339
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Re: Soldat Friche 74°RI

Message par air339 »

Bonjour,


En attendant d'autres pistes, voici où se situait le cimetière de Baleycourt, en 1920, au sud-ouest de Verdun :
Baleycourt.jpg
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b ... .item.zoom



Ce cimetière militaire à été transféré au cimetière national de Chattencourt courant octobre 1924, nécropole nationale encore existante aujourd'hui.


Cordialement,

Régis
air339
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Re: Soldat Friche 74°RI

Message par air339 »

Pour donner une idée du calvaire des blessés, voici le témoignage d'un soldat du 74e RI engagé au ravin de Caillette et blessé le 22 mai 1916 :


Alfred Salabelle, 74e RI in « Les 300 jours de Verdun », SHD

« A l’attaque de Douaumont je suis blessé par un éclat d’obus qui me fracasse la hanche gauche : je suis mis dans un trou d’obus et reste là jusqu’au soir. La soif commence. Au matin du 23 mai, je suis relevé et porté au ravin de la Caillette. Là, on me remet dans un trou en me disant qu’il y a un poste de secours tout près et que d’autres brancardiers viendront me chercher. Effectivement, dans la matinée du 23, un major vient constater ma blessure et repart en disant qu’il reviendra dans quelques instants faire le pansement. Jamais je ne le reverrai. Je demeure ainsi pendant trois jours sans manger ni boire. Le troisième jour, on met à mes côtés un deuxième soldat blessé aux jambes de plusieurs balles de mitrailleuse, et un troisième qui meurt aussitôt. Le 26 mai, le bombardement est terrible. L’aumônier Etcheber qui passe par là se jette dans le trou pour se garer des éclats. Il se trouve qu’il est du même pays que le blessé aux jambes, ils parlent en patois des Pyrénées. Le pauvre diable se confesse et reçoit l’absolution. Se tournant ensuite vers moi, l’aumônier me demande ensuite si je veux son secours, je ne peux accepter, n’étant pas baptisé. L’aumônier me baptise puis s’en va en me laissant sa gourde. Ce n’est que le sixième jour, au matin, que deux brancardiers passant par-là me relèvent et m’évacuent sur Landrecourt »

Cordialement.

Régis
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Stephan @gosto
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Re: Soldat Friche 74°RI

Message par Stephan @gosto »

Bonjour,

Rien à ajouter. Sans autres éléments, il est difficile de statuer dans un sens ou dans une autre de façon assurée. Reste que, je le répète, les éléments transmis par Thomas et le contexte (engagement du III/74) ne plaident pas pour une évacuation...

Après le calvaire de certains blessés rappelé par Régis, voici un aperçu d'un des postes de secours du 74e R.I., situé sur le versant nord du Ravin du Bazil. On y faisait du "tri" et l'on enterrait sur place, dans des trous d'obus, ceux qui expiraient dans les environs immédiats... J'avais posté ça sur Twitter il y a quelques temps :

https://twitter.com/_74eRI_/status/1143 ... 11104?s=20

Bonne soirée !
Stéphan
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tomtraceur
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Re: Soldat Friche 74°RI

Message par tomtraceur »

Bonsoir,

Merci à vous pour vos éclaircissements. Il faut que je retourne voir mon grand père qui aurait peut-être retrouvé d'autre objets/lettres dans ses affaires. Donc à voir pour d'éventuelles infos supplémentaires.

En attendant, je continue à chercher dans les différentes archives, lettres, témoignages, et je reviendrai ici en cas de nouvelles infos.

Régis, merci pour le partage de ce témoignage. Très intéressant et très touchant surtout.
À bientôt, Thomas.
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Stephan @gosto
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Re: Soldat Friche 74°RI

Message par Stephan @gosto »

Bonjour !

Le témoignage de Salabelle fut, à l'origine, publié dans le "Verdun" de Péricard. Arnaud Etcheber, de Bayonne, était aumônier au 49e R.I. Voici le texte de la citation qu'il a reçue suite à ces combats de Douaumont, et qui est parfaitement en phase avec les faits relatés par Salabelle : « Du 23 au 27 mai 1916, s’est fait remarquer par son mépris du danger, relevant les blessés sous un bombardement des plus intenses et les encourageant par sa présence et ses exhortations. »

Bonne journée.
Stéphan
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tomtraceur
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Re: Soldat Friche 74°RI

Message par tomtraceur »

Bonjour,

voici quelques nouvelles du front.
Après réception de nouveaux documents et relecture de toutes les lettres et documents je reposte l'ensemble des lettres comportant des infos.

Lettres du 1 Juin 1916
Image

Extrait de la lettre du Sergent-Major Vétillard datée du 13 Juin 1916
"[...]
Friche a été blessé en allant au ravitaillement le 21 je crois, il a eu une jambe coupée par un éclat d’obus, c’est ce que son sergent major savait, aucun autre renseignement sur son évacuation. On croit qu’il a été évacué mais rien à sa compagnie n’était arrivé donnant ce renseignement lorsque je suis parti en permission le 11 Juin.
[...]
Sergtmajor 74e 10 Cie SP93

Vétillard"

Extrait de la lettre d'un fourrier du 74RI 9e Cie (non identifié pour le moment) du 14 Juin 1916

"[...]
Renseignement pris au bureau du médecin chef.
Fernand a été évacué du poste de secours le 21 mai avec ce diagnostic :
« Détachement complet des jambes .»
Il est impossible de savoir dans quelle direction il a été évacué.
S’il est décédé dans une ambulance l’avis vous parviendra certainement.
[...]"

https://hostpic.xyz/files/15668139112385842993.jpg
https://hostpic.xyz/files/15668139363971228813.jpg


Lettre du même fourrier du 7 juillet 1916

"[...]
Merci de votre aimable lettre du 3 Juillet.
Dès que cette bonne nouvelle vous sera confirmé ayez l’obligeance je vous prie de me tenir au courant.
Je veux croire que le lieutenant qui s’occupe de faire les recherches s’entourera de tous les renseignements pour éviter toute méprise.
Je lues a rue Fernande comment l’ami Fernand a été fait prisonnier, des détails nous feront plaisir.
[...]"
https://hostpic.xyz/files/15668149123304278777.jpg
https://hostpic.xyz/files/15668150513821644365.jpg

Extrait de la lettre du service général des pensions, section des successions militaires, du 07 avril 1917

"[...]
En réponse à votre lettre du 21 Mars dernier, concernant votre fils, le soldat FRICHE, Fernand, du 74e d’infanterie, j’ai l,honneur de vous faire connaître qu’il n’est parvenu à son nom, au Bureau des Successions Militaires, que la plaque d’identité qui vous a été remise le 26 Janvier dernier par M. le Maire de VERNON.
[...]"


Extrait de la lettre du service général des pensions, section des renseignements aux familles du 2 janvier 1918

"[...]
Le décès de votre fils fut constaté le 26 Mai 1916, au Champ d'Honneur de Douaumont (Meuse). Malheureusement, les circonstances du moment ne permirent pas de procéder à l'inhumation immédiate.

D'autre part, les formations sanitaires ayant opéré dans la région ont été interrogées; elles ont répondu ne posséder aucun renseignement sur ce militaire.
[...]"

Brouillon de la lettre écrite par Mme FRICHE adressé au maire de Verdun, daté du 28 juillet 1919

"Monsieur le Maire,
Je viens solliciter de vous un peu de bienveillance au sujet de mon fils Fernand Friche du 74me Reg. d'Infanterie grièvement blessé au bois de la Caillette le 21 mai 1916 au soir.
Porté de suite au poste de secours il a du être évacué sur une des ambulance les plus proches.
Un jeune homme du pays nous dis avoir u sa tombe dans le cimetière de Ballecour.
Voilà plus de 10 lettres que j'écris au ministère, leur réponse toujours la même, on vous préviendra aussitôt que l'on aura quelque chose. C'est honteux de voir ces réponses copiées l'une sur l'autre.
C'est pourquoi Mr le Maire je viens m'adresser à vous si quelques fois vous pouviez savoir si mon pauvre enfant a bien eu la sépulture dans le cimetière de Ballecourt.
Il n'a toujours pas été enterré bien loin, il était grièvement blessé d'après le médecin du poste de secours (pronasec, je ne sais pas s'il s'agit du nom du médecin).
C'est bien triste de ne pas savoir ou sont les restes de ceux que l'on à tant chéri.
Pourriez vous me dire aussi si je pourrai écrire au maire de Douaumont l'avis que j'ai reçu 4 mois après porté décedé à Douaumont.

Veuillez agréer Mr le Maire mes remerciements anticipés."


En lisant ces lettres, on peut, pour moi, relancer le débat sur le fait que Fernand ait bien été évacué du poste de secours.
Le fait qu'il ne soit pas signalé à l'entrée de l'ambulance 5/3 indique qu'a priori il n'est pas parvenu jusqu'à Dugny. Du coup serait il arrivé au fort de Souville ?
Est il enterré dans un cimetière provisoire à coté du poste de secours ou bien a t-il été fait prisonnier comme l'indique la lettre du fourrier issu du 74e RI 9e Cie.

Sur le JMO du service de santé de la 5e DI, il est précisé que du 21 mai, 6H au 22 mai 1916, 6H, il y a eu "224 blessés enregistrés plus un certain nb non enregistrés en raison de l'affluence".

Après contact avec le SAMHA, Fernand ne possède aucune fiche médicale.
Je ne sais plus trop où chercher pour le moment, si quelqu'un à une idée, je suis preneur.
A bientôt,Thomas.
Scolari
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Re: Soldat Friche 74°RI

Message par Scolari »

Bonjour,

je comprends, comme beaucoup d'entre nous et je partage votre peine.

il y a toujours plusieurs lectures à vos documents officiels et les courriers non officiel.

du point de vue officiel :
s'il avait été inhumé officiellement, cela aurait laissé une trace administrative, surtout dans un cimetière militaire.

- ensuite une possible prise en charge par un poste de secours débordé...
les témoignages indiquant le fait qu'il est prisonnier , ne sont que des conjectures, puisque le décès est constaté le 26 mai.
- il est grandement possible que les soldats qui ont effectué la première inhumation, du fait des événements tragiques qui suivent, soient également décédé les jours suivant.
si la sépulture ressemblait à celle ci :
sépulture.GIF
sépulture.GIF (93.3 Kio) Consulté 3672 fois
et que les témoins directs soient décédés... il ne reste, à vous lire, que des témoins indirects qui estiment que.. qui ont entendu dire que...

bien à vous
Frédéric
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Re: Soldat Friche 74°RI

Message par air339 »

Bonjour,


Les documents ci-dessus permettent d'établir une chronologie des informations connues (en bleu, une autre lecture des écrits) :

26 mai 1916 : constat de décès à Douaumont. Note ministérielle du 31 août 1916.

13 juin 1916 : sergent-major Vétillard, 10e cie. (21, ravitaillement, jambe coupée, évacuation incertaine). Selon le sergent-major de la 9e compagnie.

14 juin 1916 : fourrier G… (21, détachement complet des jambes, évacué du PS). Selon le bureau du médecin-chef.

1er juillet 1916 : médecin-chef Baur (inconnu des registres des entrées à l’ambulance 5/3).

7 juillet 1916 : fourrier G… « je suis à me demander comment l’ami Fernand a été fait prisonnier ».

11 septembre 1916 : avis de décès transmis à la famille.

15 septembre 1916 : réponse négative du CICR (pas prisonnier).

8 décembre 1916 : sous-lieutenant Lemonnier (21, tué, près de Douaumont). Fiche CICR.

4 janvier 1917 : capitaine Hubeau (21, blessé). Fiche CICR.

4 janvier 1917 : CICR (21 à 8h, tué, bois de la Caillette).

26 janvier 1917 restitution de la plaque d’identité par le maire. Selon la section des successions militaires.

7 avril 1917 : réponse : seule la plaque d’identité est parvenue à la section des successions militaires.

2 janvier 1918 : décès constaté le 26, Douaumont, sans inhumation.

15 janvier 1919 : jugement déclaratif de décès (22, combat de Douaumont).


Cordialement,


Régis


PS : pour Stéphan, le récit d'Alfred Salabelle, dans le "Verdun" de J. Péricard, est très légèrement différent car le narrateur est Jacques Péricard qui décrit le calvaire de Salabelle à la 3e personne. C'est curieux.
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Stephan @gosto
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Re: Soldat Friche 74°RI

Message par Stephan @gosto »

Bonjour Régis,

Effectivement. On peut supposer que Péricard a livré dans son ouvrage un résumé du témoignage de Salabelle, qu'il jugeait peut-être trop long ou d'une facture qui cadrait pas avec le cahier des charges du "Verdun" alors en élaboration... Et l'on peut avancer sans trop se tromper que ce récit a été "repersonnalisé" lorsqu'il fut repris pour les "300 jours de Verdun", là encore afin de le faire "cadrer" avec la nature testimoniale des récits proposés tout au long de cet ouvrage. Procédé pour le moins hasardeux puisque l'on a collé un "je" à un récit de Péricard qui n'était déjà qu'une resucée du témoignage de Salabelle... Lorsque le fonds Péricard sera accessible, on en saura sans doute plus...

Le pauvre Salabelle, engagé volontaire de la classe 1918, venait d'être affecté, le 8 mai, au 74e. Le régiment était alors au repos... Salabelle n'aura connu qu'une journée de guerre en première ligne : celle où il fut blessé... suivront les 6 jours d'errance sur le champs de bataille...

Bonne journée !
Stéphan
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