Les condamnations des cours martiales américaines

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Eric Mansuy
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Re: Les condamnations des cours martiales américaines

Message par Eric Mansuy »

Bonsoir à tous,

Il n'est pas courant de pouvoir prendre connaissance du déroulement des débats d'une cour martiale par voie de presse, qu'elle soit américaine ou française. C'est donc une véritable perle qui a été publiée dans un organe de la Mayenne, mi-avril 1919 :

"A la Cour martiale américaine

Lundi matin ont commencé devant la Cour martiale américaine siégeant exceptionnellement au Palais de Justice, salle des Assises, les débats de l'affaire de la rue Gambetta, au Mans.
Il s'agit d'un soldat américain, Georges Bryant, qui, le 9 mars, au restaurant Porrel, tua d'un coup de couteau au coeur le soldat rapatrié Raymond Chevalier, qui dinait dans cet établissement.
En se dirigeant vers la salle, Bryant avait maladroitement renversé le verre de vin de Chevalier. Ce vin était tombé dans l'assiette à fromage. Chevalier s'était spontanément levé pour réclamer au maladroit Yankee le prix de ce fromage devenu immangeable. Bryant avait répondu par un coup de couteau en pleine poitrine.
Un de ses camarades, Robert V. Costello, aurait porté un coup de poing au soldat français. Il est poursuivi pour complicité. D'autres Yankees ainsi que des consommateurs français sont entendus comme témoins.
La Cour martiale américaine est composée de 13 officiers, dont l'un remplit les fonctions de président. Mais au contraire de ce qui se passe dans les conseils de guerre français, ce n'est pas le président qui questionne l'accusé. Chacun des membres de la Cour lui pose quand cela lui plaît des questions auxquelles l'accusé répond ou ne répond pas, car il est complètement libre.
Lorsque les débats, qui dureront plusieurs audiences, seront terminés, la sentence sera rendue par la Cour siégeant à huis-clos. Ce jugement ne sera pas communiqué immédiatement aux inculpés. Ils ne le connaîtront -et nous également- que plus tard, lorsque le général Pershing et un conseil suprême siégeant à Châlons-sur-Marne auront examiné l'affaire tant au fond que dans la forme et déclaré que la sentence rendue doit devenir exécutoire.
Au cours du procès, une exhibition macabre s'est produite. Un docteur américain, qui avait pratiqué l'autopsie de la victime, a été appelé à déposer. Il a sorti tranquillement de sa serviette le coeur de M. Raymond Chevalier et a fait voir aux juges la plaie par où avait pénétré le couteau de Bryant à la partie supérieure, provoquant la rupture de l'aorte en occasionnant une mort foudroyante.
Après l'affaire Bryant, la Cour martiale américaine jugera le soldat nègre Renard Blanding, inculpé d'avoir violé une jeune fille, Alice M., dans la forêt de Mayenne. Puis comparaîtront [sic] les soldats américains William Grammer de la Military Police, accusé [sic] d'avoir tué le soldat français Besnard."

Des affaires qui restent à explorer...

Bien cordialement,
Eric Mansuy
"Un pauvre diable a toujours eu pitié de son semblable, et rien ne ressemble plus à un soldat allemand dans sa tranchée que le soldat français dans la sienne. Ce sont deux pauvres bougres, voilà tout." Capitaine Paul Rimbault.
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Eric Mansuy
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Re: Les condamnations des cours martiales américaines

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,

La question a été posée ici concernant d'éventuelles différences de traitement des accusés pour des accusations similaires. J'ai déjà brièvement évoqué le cas de condamnés à mort pour lesquels, heureusement, tout s'est bien terminé : viewtopic.php?f=94&t=69391#p518936

Les auditions de la sous-commission des affaires militaires du Sénat américain, en août 1919, nous en apprend plus à ce sujet.Voici la traduction de l'une des parties les plus intéressantes :

"10 avril 1918
Memorandum pour le général Crowder
Objet : quatre cas (France) appelant la peine de mort

1. Outre ce qui apparaît dans l’aperçu de ces quatre cas, votre attention est appelée sur les détails suivants, qui concernent la justice et sa diligence afférente aux peines :

(a) Toutes ces affaires sont survenues au sein du 16th infantry. Deux des accusés n’ont pas été jugés au cours des 50 jours suivant les faits leur étant reprochés. Toutes ces affaires ont été jugées avec une diligence qui, au regard des pièces, n’a aucun semblant de délibération. Dans chacune de ces affaires, la défense des accusés a été si accessoire qu’elle a pratiquement été inexistante.

(b) Au cours de l’audience de l’une des deux affaires, seuls cinq officiers ont siégé : un colonel et quatre sous-lieutenants. Ces deux audiences ont duré de 20 heures à 21 heures 45 ; en d’autres termes, du début de la première audience à l’issue de la seconde, le temps écoulé a été d’une heure quarante-cinq minutes. Les conseils des accusés ne se sont exprimés au cours d’aucune des deux audiences.
Dans les deux autres affaires, huit membres de la cour ont siégé. La première des deux audiences a débuté à 13 heures 20, la seconde s’est achevée à 17 heures 25. Pour la première affaire, le conseil de l’accusé avait rédigé un argumentaire de six lignes, dans la seconde, un argumentaire de huit lignes.

(c) Deux des soldats – Ledoyen et Fishback – ont été jugés pour désobéissance à l’ordre de se rendre à l’exercice. Il apparaît que leur unité n’était au contact de l’ennemi, ni de près ni de loin. Ces deux hommes ont été jugés le même soir, entre 20 heures et 21 heures 45, en deux audiences. Fishback a été jugé le premier, or il est évident, au vu des pièces de l’affaire, que les deux hommes étaient ensemble au moment où l’ordre leur a été donné. Le lieutenant qui assure avoir donné ledit ordre a témoigné :
« Question : Est-ce qu’il (Fishback) a répondu à votre ordre ?
Réponse : Il a répondu, ou Ledoyen a répondu, qu’ils refusaient d’aller à l’exercice. »
Cette réponse laisse en suspens toute certitude quant à l’auteur du refus. De toute évidence, un ordre a été donné, qui concernait les deux hommes. De toute évidence, également, quand la cour a jugé l’affaire Fishback, elle a en pratique pris sa décision dans l’affaire Ledoyen, qui devait suivre immédiatement. En dépit de cela, le conseil de l’accusé n’y a pas fait objection.
Il est avancé que la désobéissance a eu lieu le 14 novembre. L’acte d’accusation mentionne que chacun de ces hommes a été incarcéré le 13 novembre. Des preuves, dans les pièces du dossier, existent quant au fait que ces hommes étaient aux arrêts ou sous bonne garde lorsque l’ordre a été donné. La raison pour laquelle ils étaient aux arrêts, qui les y avait mis, et s’ils devaient ou non être relevés des arrêts pour aller à l’exercice, n’est nullement mentionné.

(d) Quant aux deux hommes accusés de sommeil en faction, l’un (le soldat Sebastian) est censé avoir fauté dans la nuit du 3 au 4 novembre, et le soldat Cook, la nuit suivante. Cook a été mis aux arrêts le 13 novembre, Sebastian, le 14.
Le temps écoulé postérieurement au délit et antérieurement à la comparution, la diligence et les procédés de l’audience, la déficience de tout effort apparent de la part du conseil des accusés d’assurer leur défense, les circonstances d’épuisement révélées par les pièces – surtout pour les deux hommes accusés de sommeil en faction – les dispositions prises par cette même cour pour des cas de même nature au sein de la même unité, à la même période, tous ces éléments constituent un dossier au regard duquel il sera difficile de défendre ou de justifier l’exécution de la peine capitale autrement que comme pur et simple expédient militaire visant à l’effet moral susceptible d’être imprimé sur le reste de la troupe.

(e) Les quatre accusés ont intégré l’armée par engagement volontaire : Ledoyen le 3 février 1917 (à 18 ans et 1 mois) ; Sebastian le 18 avril 1917 (à 19 ans et 6 mois) ; Fishback le 17 février 1917 (à 19 ans et 2 mois) ; Cook le 11 mai 1917 (à 18 ans et 11 mois). Aucun d’entre eux n’avait d’expérience militaire.

(f) Allusion a été faite à d’autres affaires jugées par cette même cour. En voici le détail.
- William Hindman, soldat, company G, 16th infantry. Ce soldat a été accusé de sommeil en faction en première ligne dans la nuit du 5 au 6 novembre. Le soldat Cook, qui a été condamné, est accusé d’avoir commis le même délit durant cette même nuit. Dans l’affaire Hindman, le caporal Walenic et le soldat Clark étaient les témoins de l’accusation, comme ils l’ont été dans l’affaire Cook. Dans chaque affaire, il a été dit que le soldat Clark était en service quand ses camarades ont été trouvés endormis. Les déclarations du caporal Walenic sur le soldat Hindman sont dans leurs grandes lignes identiques à celles qu’il a faites concernant le soldat Cook. Les preuves retenues contre le soldat Cook étaient plus lourdes puisque le caporal Walenic a témoigné que le précédent était assis, une couverture sur la tête, et vraisemblablement endormi lorsque le caporal l’a découvert. Dans l’affaire du soldat Cook, qui a été condamné, les preuves montrent clairement qu’il se tenait debout, dans une position naturelle, contre le parapet, son fusil posé dessus, au moment du supposé délit. Cook a été condamné sur le témoignage des deux témoins susnommés, et Hindman a été acquitté par la même cour, en dépit des preuves fournies par les mêmes témoins.
- Adam Klein, soldat, company G, 16th infantry, a été accusé de sommeil en faction le 3 novembre 1917. Le soldat Sebastian est accusé d’avoir commis le même délit durant cette même nuit. Il est à noter que tous les hommes poursuivis appartiennent à la même unité. Le lieutenant D.S. McCune a témoigné avoir trouvé Klein endormi. Il était en service en première ligne. Klein a été acquitté.
- Dewey G. Brady, company G, 16th infantry, a été accusé de sommeil en faction dans la nuit du 5 novembre. Le soldat Cook est accusé d’avoir commis le même délit durant cette même nuit. Le caporal Walenic était le principal témoin de l’accusation. Ses déclarations quant aux circonstances dans lesquelles il a trouvé Brady endormi, a pris son arme, etc., sont dans leurs grandes lignes similaires à celles énoncées dans l’affaire Cook, et les preuves citées à l’appui contre Brady, pratiquement aussi lourdes, pour ne pas dire plus convaincantes que dans les affaires Cook et Sebastian, dans lesquelles les hommes ont été condamnés. Brady a été jugé par la même cour et acquitté.
- Le soldat Herbert Tobias, company E, 18th infantry, a été accusé de sommeil en faction en première ligne le 9 novembre. Il a été jugé par une cour différente, convoquée cependant par la même autorité, à savoir le général Bullard. Les preuves qu’il avait été trouvé profondément endormi à son poste étaient irréfutables. L’accusé ne s’est pas opposé à l’accusation, et n’a nullement nié. Il a été jugé le 15 décembre, a été déclaré coupable, et condamné à être renvoyé sans certificat de bonne conduite, et à être emprisonné 3 ans. L’autorité de révision a renvoyé les pièces avec une demande de correction de détails et la suggestion que la cour reconsidère l’affaire en vue d’aboutir à une peine plus lourde. Au final, c’est une peine de 10 ans d’emprisonnement qui a été décidée, laquelle peine a été définitivement approuvée.

(g) Une série d’autres affaires émanant d’autres unités, en France, dans lesquelles des hommes ont été condamnés pour sommeil en faction ou désobéissance à un ordre. En voici quelques-unes :
- John L. Shade, U.S. Marines, condamné pour sommeil en faction le 19 novembre 1917. La peine approuvée a été de 6 mois d’emprisonnement, et suspension de deux tiers de sa solde pour la même période. Autorité de révision : général Bundy.
- Soldat Aubrey La Lace, condamné pour sommeil en faction le 14 janvier 1918. La peine approuvée a été d’1 an et 1 mois d’emprisonnement, et suspension intégrale de sa solde pour la même période. Autorité de révision : général Kernan.
- Soldat William Glidia, condamné pour sommeil en faction le 31 octobre 1917. La peine approuvée a été de 6 mois d’emprisonnement, et suspension de deux tiers de sa solde pour la même période. Autorité de révision : général Coe.
- Enio J. Halonen, U.S. Marines, condamné pour sommeil en faction le 7 décembre 1917. La peine approuvée a été de 3 mois d’emprisonnement, et suspension de deux tiers de sa solde pour la même période. Autorité de révision : général Bundy.
- Soldat Edward M. Wood, condamné pour avoir quitté son poste avant d’en avoir été règlementairement relevé le 29 décembre. La peine approuvée a été de 6 mois d’emprisonnement, et suspension de deux tiers de sa solde pour la même période. Autorité de révision : général Kernan.
- Soldat James H. Hadestron, condamné pour avoir quitté son poste avant d’en avoir été règlementairement relevé le 14 novembre. La peine approuvée a été de 6 mois d’emprisonnement, et suspension de deux tiers de sa solde pour la même période. Autorité de révision : général Bundy.

Les pièces révèlent que dans certaines de ces affaires, les faits n’ont pas eu lieu en première ligne. Quant aux autres, les pièces n’indiquent pas où les faits ont eu lieu.
Une série d’affaires sont également venues de France, dans lesquelles des hommes ont été condamnés pour avoir désobéi à des ordres dans des circonstances qui ne diffèrent pas de celles de Fisback et Ledoyen, qui ont été condamnés à mort. Les peines varient alors de quelques mois à plusieurs années.

Alfred E. Clark, lieutenant-colonel, juge avocat."

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Bien cordialement,
Eric Mansuy
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Eric Mansuy
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Re: Les condamnations des cours martiales américaines

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,

S'il s'avère que la conduite de certains officiers du corps expéditionnaire en France a été sujette à questionnements, voire à enquêtes, il apparaît que les officiers américains, au pays, n'ont pas forcément été épargnés par quelque forme de clémence.
Il n'a ainsi pas été rare, loin de là, que les noms de fautifs et les raisons pour lesquelles ils faisaient l'objet d'une comparution en cour martiale, soient publiés par voie de presse. Voilà qui permet de comparer, même si l'on est ici à l'écume des choses, faute de pouvoir accéder à des dossiers de procédure, le contenu des articles du code militaire du temps de guerre et les décisions prises :

Absence illégale [toute peine à la discrétion de la cour martiale]
Janvier 1918 : Russell L. P. (lieutenant) [infanterie] ; décision : destitution
Avril 1918 : William E. L. (lieutenant) [infanterie] ; décision : renvoi au corps
Avril 1918 : Anderson H. F. (capitaine) [infanterie] ; décision : destitution
Septembre 1918 : John J. G. (sous-lieutenant) [infanterie] ; décision : commutation de peine (inconnue)
Novembre 1918 : George S. S. (lieutenant) [infanterie] ; décision : destitution et 1 an d’emprisonnement
Décembre 1918 : James B. C. (lieutenant) ; décision : commutation de peine (inconnue)

Adultère [peine : destitution (conduite indigne d’un officier et gentleman)]
Mars 1918 : George B. K. (lieutenant) [génie] ; décision : destitution
Mai 1918 : Paul F. (commandant) [aviation] ; décision : destitution

Agression / coups [toute peine à la discrétion de la cour martiale]
Mars 1918 : Arthur H. G. [U.S. Navy] ; agression et inconduite ; décision : destitution et 5 ans d’emprisonnement
Juin 1918 : Roy A. J. (capitaine) [infanterie] ; agression ; décision : commutation de peine en 3 mois d’emprisonnement
Novembre 1918 : William W. (lieutenant) [dépôt] ; agression ; décision : décision : commutation de peine (inconnue)
Décembre 1918 : Ulus C. M. (lieutenant) [infanterie] ; coups à un subordonné ; décision : destitution

Bigamie [peine : destitution (conduite indigne d’un officier et gentleman)]
Mai 1918 : Millard M. G. (lieutenant) [génie] ; décision : commutation de peine en 5 ans de travaux forcés

Déloyauté
Avril 1918 : John W. B. (commandant) [artillerie] : décision : emprisonnement (durée inconnue)
Novembre 1918 : Samuel H. H. (capitaine) [service de santé] ; décision : commutation de peine (inconnue)

Désertion [peine maximale en temps de guerre : peine de mort]
Juin 1918 : Stanley F. W. (sous-lieutenant) [infanterie] ; décision : commutation de peine en 10 ans d’emprisonnement
Juin 1918 : Robert H. H. (lieutenant) [dépôt] ; désertion et vol ; décision : destitution et 25 ans d’emprisonnement

Faute dans le service
Juillet 1918 : Henry B. [service de santé] ; décision : renvoi au corps

Fraude / usurpation / détournements [toute peine à la discrétion de la cour martiale]
Avril 1918 : Herman A. C. (sous-lieutenant) [infanterie] ; fraude ; décision : renvoi au corps
Juin 1918 : Frederick C. S. (capitaine) [Quartermaster Corps] ; fraude ; décision : destitution
Juillet 1918 : Ralph A. P. (capitaine) [Quartermaster Corps] ; fraude ; décision : destitution et 4 ans d’emprisonnement
Juillet 1918 : A. L. S. (sous-lieutenant) [infanterie] ; usurpation de grade ; décision : emprisonnement (durée inconnue)
Juillet 1918 : Daniel H. S. (capitaine) [Camp Dodge] ; détournement d’effets ; décision : destitution et 2 ans de travaux forcés
Août 1918 : Henry E. R. (sous-lieutenant) ; fraude ; décision : commutation de peine (inconnue)
Septembre 1918 : Fred S. M. (lieutenant) ; fraude ; décision : commutation de peine (inconnue)
Septembre 1918 : Robert J. R. (lieutenant) ; fraude ; décision : commutation de peine (inconnue)
Octobre 1918 : James C. S. (sous-lieutenant) ; fraude ; décision : commutation de peine en 3 ans d’emprisonnement
Octobre 1918 : John W. S. (sous-lieutenant) [infanterie] ; fraude ; décision : commutation de peine (inconnue)
Novembre 1918 : John R. W. (commandant) ; fraude ; décision : commutation de peine (inconnue)
Décembre 1918 : Sam B. (capitaine) [Camp Funston] ; fraude ; décision : destitution

Homicide involontaire / meurtre [peine de mort ou d’emprisonnement à perpétuité, à la discrétion de la cour martiale]
Mai 1918 : John F. M. (sous-lieutenant) [artillerie] ; homicide involontaire ; décision : destitution
Août 1919 : Halder P. (lieutenant) [infanterie] ; meurtre ; peine de mort demandée ; décision : commutation de peine en emprisonnement à perpétuité

Inconduite
Juin 1918 : Herbert T. B. (sous-lieutenant) [infanterie] ; décision : renvoi au corps
Octobre 1918 : Jonathan J. M. (lieutenant) [infanterie] ; décision : destitution

Inconduite devant l’ennemi [peine maximale en temps de guerre : peine de mort]
Février 1919 : Daniel S. (capitaine) [infanterie] ; peine de mort demandée ; décision : renvoi au corps
Février 1919 : Horace R. C. (lieutenant) [infanterie] ; peine de mort demandée ; décision : commutation de peine (5 à 10 ans)
Février 1919 : Robert W. C. (lieutenant) [infanterie] ; peine de mort demandée ; décision : commutation de peine (5 à 10 ans)
Février 1919 : Robert E. J. (sous-lieutenant) [infanterie] ; peine de mort demandée ; décision : commutation de peine (5 à 10 ans)

Ivresse [destitution, ou autre peine à la discrétion de la cour martiale, en temps de guerre]
Janvier 1918 : Louis P. N. (capitaine) [dépôt] ; décision : destitution
Avril 1918 : Geo W. B. (sous-lieutenant) [infanterie] ; décision : destitution
Mai 1918 : Henry R. F. (commandant) ; décision : commutation de peine (inconnue)
Juin 1918 : Sylvanus H. W. (lieutenant) [service de santé] ; décision : destitution
Août 1918 : David J. (sous-lieutenant) [infanterie] ; décision : destitution
Août 1918 : Carl R. K. (sous-lieutenant) [infanterie] ; décision : destitution
Septembre 1918 : George S. A. (lieutenant) ; décision : grâce
Novembre 1918 : Luther E. G. (capitaine) ; décision : remise de peine (inconnue)

Jeu
Mai 1918 : Alfred L. T. (sous-lieutenant) [dépôt] ; décision : commutation de peine en 3 mois d’emprisonnement
Mai 1918 : Joseph B. W. (sous-lieutenant) [dépôt] ; décision : commutation de peine en 3 mois d’emprisonnement
Juin 1918 : Charles D. F. (sous-lieutenant) [dépôt] ; décision : commutation de peine en 3 mois d’emprisonnement
Juillet 1918 : Thomas M. Lynch (sous-lieutenant) [infanterie] ; décision : destitution

Motif inconnu
Avril 1918 : Victor Felix von G. (lieutenant) ; décision : destitution

Refus de servir / refus d’obéissance / désobéissance [peine de mort ou toute autre peine à la discrétion de la cour martiale]
Février 1918 : David A. H. (capitaine) [infanterie] ; refus de servir ; décision : destitution et 25 ans d’emprisonnement
Juin 1918 : Eugene C. R. (capitaine) [dépôt] ; refus d’obéissance ; décision : destitution
Décembre 1918 : Henry L. M. (sous-lieutenant) ; désobéissance ; décision : commutation de peine (inconnue)

Encore de quoi donner à réfléchir et à chercher...

Bien cordialement,
Eric Mansuy
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Re: Les condamnations des cours martiales américaines

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,

Même si l’impossibilité de connaître le contenu des dossiers des procédures doit nous amener à beaucoup de circonspection et de modestie, ce qui s’est déroulé au sein du 16th infantry, dans les rangs duquel les premiers Américains ont été tués au front, vaut la peine que l’on s’y attèle et attarde. En croisant les éléments contenus dans la presse – pas avare de supputations et de révélations en tous genres – avec les écrits de Newton Baker et de George C. Marshall, émerge en effet la sensation d’une justice expéditive et pour le moins aveugle. Tentons d’en démêler l’écheveau.

Dans la nuit du 3 novembre 1917, près de Bathelémont-les-Bauzemont, le B.LIR 7 procède à un coup de main sur la compagnie F du 16th infantry. Durant l’affrontement, qui dure une vingtaine de minutes, trois Américains sont tués, onze à treize autres (selon les sources) sont capturés, cinq sont blessés.

Dès le surlendemain paraît dans l’Evening World un article dont certains passages accumulent les hypothèses. Comment des soldats américains, dont la bravoure et la qualité de préparation ne peuvent être mises en doute, appartenant à une division de l’armée régulière, la première débarquée en France, et dont le 2e bataillon (dont fait partie la compagnie F) a justement défilé le 4 juillet précédent dans Paris, ont-ils pu se trouver en pareille situation ? Une fois égrenées différentes suppositions quant au déroulement du coup de main et aux raisons de telles pertes, le rôle – voire la responsabilité – des sentinelles apparaît :

« Un premier raid allemand après un terrible barrage d’artillerie, mais les Américains se sont bien défendus – les tués et blessés semblent avoir été des sentinelles.

Washington – 5 novembre. Les forces armées engagées sous la bannière américaine ont connu leur première confrontation avec des soldats allemands lors d’une attaque menée par ceux-ci sur des tranchées de première ligne dans lesquelles les troupes des Etats-Unis étaient à l’instruction. Trois Américains ont été tués, cinq ont été blessés, douze manquent à l’appel ou ont été capturés.
Le Département de la Guerre l’a fait savoir aujourd’hui après réception d’une dépêche du général Pershing révélant que les forces allemandes, peu après avoir pris connaissance des positions occupées par les Américains, s’étaient lancées à l’assaut pour s’en emparer. Le rapport précise que les Américains sont face à des effectifs commandés par le prince héritier allemand.
Le Département de la Guerre a reçu une dépêche du général commandant le Corps Expéditionnaire Américain, indiquant qu’avant l’aube, le 3 novembre, un saillant occupé par une compagnie d’infanterie américaine à l’instruction avait fait l’objet d’un raid allemand. L’ennemi a effectué un violent tir de barrage, qui a isolé ce saillant du reste de l’effectif. Nos pertes ont été de trois tués, cinq blessés, et douze manquant à l’appel ou prisonniers. Les pertes ennemies sont inconnues. Un Allemand blessé a été capturé.
Selon des officiers, il semble que les soldats américains aient été piégés dans leurs abris, et n’aient eu le choix que de se rendre ou d’être mis en pièces à coups de grenades sans espoir de survie.
Aucune explication quant aux huit pertes et aux douze prisonniers n’a été donnée. Le fait qu’un Allemand blessé ait été capturé prouve que la tranchée perdue a été reprise par les Américains.
Rien ne permet de savoir si les tués et les blessés l’ont été durant un corps-à-corps avec les assaillants allemands ou ont été frappés par l’artillerie. Un seul et unique obus, tombé dans la tranchée, peut très bien avoir causé toutes ces pertes. Mais cela n’expliquerait pas la reddition des douze autres hommes. Sans avoir reçu un quelconque ordre les en dissuadant, ils auraient dû opposer plus de résistance aux Allemands rampant vers leur tranchée dans l’obscurité, et il y aurait alors eu plus d’un seul Allemand laissé sur le terrain quand les assaillants se sont retirés.
Il est de coutume que les coups de main menés par les Français, les Britanniques et les Allemands soient accompagnés d’un intense barrage d’artillerie afin d’isoler le secteur visé par l’incursion. En vue d’assurer une protection plus grande encore aux assaillants, les objectifs de l’artillerie s’étendent sur une zone bien plus vaste que celle du coup de main uniquement. Ceci a pour objectif de laisser les défenseurs dans l’ignorance du lieu qui sera visé, jusqu’à ce qu’il le soit effectivement.
Il est vraisemblable que la tranchée américaine assaillie ait été un poste avancé, dans lequel se trouvait une vingtaine d’hommes. Elle ne devait pas excéder cinquante à soixante pieds de large. Il est possible qu’il se soit agi d’une tête de sape dans le no man’s land, à angle droit avec la tranchée principale, utilisée comme poste d’écoute et d’observation.
Il semble également possible que les trois tués et les cinq blessés aient été des sentinelles submergées par l’intrusion des assaillants allemands en pleine nuit, et que les douze autres hommes aient été dans leurs abris. Ils n’auraient eu d’autre choix que de se rendre face à l’assaut d’ennemis invisibles leur intimant de sortir sous peine de recevoir des grenades en cas de refus. Les Allemands capturés par les Britanniques et les Français durant des coups de main l’ont été de cette façon, dans leur grande majorité. L’état-major allemand, dans son bulletin de la soirée de samedi, rapportait que des prisonniers « nord-américains » avaient été faits sur le canal de la Marne au Rhin à l’issue de l’incursion d’un détachement de reconnaissance. Le Département de la Guerre, à Washington, n’avait jamais autorisé la divulgation de la position des troupes du général Pershing à l’instruction dans les tranchées françaises, hormis le fait qu’il s’agissait d’un secteur calme. […] »

Si les choses n’ont pas été bien comprises sur le terrain, les sentinelles enclines à quelque « mollesse » doivent maintenant comprendre qu’une mort inévitable (et peut-être atroce) les attend au cas où elles n’ouvriraient pas l’œil (dans tous les sens du terme), comme nous le montrent ces deux articles :

« Les hommes du général Pershing apprennent qu’ils doivent s’attendre à être brutalisés s’ils sont capturés par l’ennemi. Le meurtre d’une sentinelle américaine est pris comme exemple.

La publication par le général Pershing dans les ordres officiels, du fait que les Allemands ont assassiné, après sa capture, une sentinelle américaine isolée en lui tranchant la gorge, ne pouvait être interprétée que d’une seule manière : le général commandant les troupes américaines voulait faire savoir à ses hommes, sans ambiguïté, à quoi ils devaient s’attendre en tombant entre les mains d’ennemis brutaux.

Cela ne sera pas suivi de représailles. Ce n’est pas de cette façon que les Américains se battent. Si le nombre d’Allemands capturés est faible, ultérieurement, ce ne sera pas la faute des troupes américaines. Ce que signifie ce meurtre allemand, d’après ce qu’ont déclaré des officiels aujourd’hui, est que les Américains doivent s’attendre à être traités comme les Canadiens. Les Allemands ont assassiné des prisonniers canadiens, les ont soumis à des tortures innommables, et ont employé tous les moyens possibles pour détruire le moral des troupes des dominions dès l’instant où elles sont entrées en guerre. Il est connu que les Allemands ne font pas de prisonniers canadiens s’ils le peuvent. Des preuves en nombre considérable sont détenues au quartier général d’Ottawa. L’on s’attend à ce que leur attitude soit identique envers les Américains.

La divulgation de cette cruauté a été faite par le truchement d’un bulletin du commandement :
« A la suite d’un coup de main allemand sur les tranchées tenues par les Américains, une sentinelle isolée du _____ d’infanterie a été découverte, la gorge tranchée d’une oreille à l’autre. Elle avait été surprise par un détachement allemand en force, et a dû être tuée après sa capture. Les vieux soldats ayant servi contre les sauvages durant la campagne des Philippines sont coutumiers de cette brutalité. »
La publication de ces faits dans le bulletin officiel aura naturellement pour effet d’endurcir les soldats américains, qui ont eu tendance à adopter une attitude tolérante vis-à-vis de leur ennemi. En l’espèce, le meurtre d’une sentinelle américaine aura un effet positif. Elle a également attiré l’attention sur le fait que les Allemands, les Français et les Britanniques combattent avec le couteau de tranchée, qui n’a pas fait partie de l’équipement du soldat américain jusqu’à présent ; son arme offensive est la baïonnette, et tous les hommes sont intensivement entraînés à son utilisation.

Le Secrétaire à la Guerre, Baker, a déclaré aujourd’hui n’avoir pas été informé du meurtre d’un Américain, et n’avoir pas entendu parler d’un tel meurtre. Dans le cadre de l’instruction des soldats américains sur les buts et causes de la guerre, un officier du Camp Logan a demandé au gouvernement de lui fournir des publications portant sur les atrocités afin de les inclure à ses conférences. Il a déclaré que parmi les ruraux sous son commandement existait une surprenante méconnaissance des causes et buts de la guerre et un sentiment très impersonnel envers les Allemands et leur gouvernement. » (Washington Times, 26 décembre 1917)

« Quatre soldats américains découverts endormis en faction ont été condamnés à mort. Pershing ne les a pas fait fusiller, dans l’attente d’une décision de Washington. Une sentinelle endormie, cela signifie souvent la mort pour nombre de ses camarades. Le sommeil, pour elle, devrait invariablement être synonyme de mort. S’il est en tort, la pensée de la mort gardera un homme éveillé. » (Guthrie Daily, 8 mars 1918)

Aux Etats-Unis, l’émoi se répand. Des collectifs lancent des pétitions, qui sont adressées au président Wilson, ce dont la presse fait état à plusieurs reprises durant le mois de mars 1918. Tel est le cas de mères de famille de Dallas, de 6.000 femmes de la fédération des clubs féminins de la ville de San Francisco, ou encore du comité exécutif des Filles de la Révolution Américaine de l’Iowa.

Le 3 mai 1918, un article du New York Tribune révèle où en est l’affaire :
« Le destin de quatre soldats condamnés entre les mains de Wilson. Des irrégularités dans les procédures pourraient amener le président à commuer la peine de mort.

Washington, 2 mai. Le président Wilson devra déterminer si les quatre soldats américains passés en cour martiale en France pour avoir contrevenu aux lois en vigueur dans l’armée doivent être exécutés, ou si la sentence du tribunal militaire doit être commuée en emprisonnement à perpétuité.
Les dossiers des deux soldats trouvés endormis en faction, et ceux des deux hommes poursuivis pour refus d’obéissance, ont été reçus aujourd’hui à la Maison Blanche, envoyés par le Secrétaire à la Guerre Baker. Aucune recommandation n’accompagnait ces dossiers. [c’est faux : Newton Baker, partisan de la clémence, a rédigé ses conclusions sur ces quatre cas le 1er mai 1918, dans une note adressée à Wilson]
Les hommes, dont les noms ont été gardés secrets par le Département de la Guerre, ont été reconnus coupables au cours de procès militaires effectués à la demande du général Pershing au début de cette année. En conformité avec les instructions du Département de la Guerre dans le cas où la peine de mort est demandée, les dossiers ont été transmis au Département de la Guerre à des fins de révision. Il apparaît que le bureau du Juge Avocat Général a découvert une irrégularité mineure dans les procédures, ce qui pourrait amener le président à réduire les peines à un emprisonnement à perpétuité. »

Le 4 mai, la nouvelle tombe : c’est la commutation pour les deux condamnés pour refus d’obéissance, la grâce pour les deux soldats endormis en faction.

En dehors de ce qui figurait dans la presse, les mémoires de George C. Marshall éclairent d’un autre jour ce qui s’est produit fin 1917, début 1918 au sein du 16th infantry :
« Au cours des 24 heures suivantes [après le coup de main du 3 novembre], je me suis très activement consacré à informer les autres unités américaines réparties sur un vaste front, de ce qui s’était produit et des leçons à en tirer. J’ai instruit le général Sibert du moindre détail du coup de main, puis me suis attelé à diverses tâches quotidiennes et planifications. Mais l’incident ne devait pas être si rapidement classé. Une commission d’officiers envoyée par le grand quartier général a été formée en vue d’enquêter sur les circonstances de ce coup de main, et d’émettre des recommandations afin d’éviter de telles pertes en prisonniers lors de tels événements. Je cite cela comme preuve de la surveillance toute particulière dont la Première division a fait l’objet durant les premiers jours de la guerre. A l’instar d’un enfant unique, nous avons été visés par trop d’attention, et nous avons souvent été irrités par la fréquence des visites d’enquêteurs, d’inspecteurs, et d’autres membres du plus haut niveau du commandement. Il y avait là un contraste criant avec les périodes ultérieures de la guerre, et je me suis souvent remémoré les demandes urgentes émanant du grand quartier général, réclamant des rapports immédiats et détaillés au sujet des incidents les plus minimes, en opposition totale avec l’absence d’une telle pression, par la suite, dans des cas tels que celui du « bataillon perdu » de la soixante-dix-septième division dans la forêt d’Argonne. »

Le 16th infantry a fait l’objet d’au moins six peines de mort :
- pour refus d’obéissance, Stanley C. Fishback et Olen Ledoyen, dont les cas ont déjà été évoqués ici ; la peine de mort est commuée en trois années d’emprisonnement ;
- pour sommeil en faction, Forest D. Sebastian (gracié), Jeff Cook (gracié), Vincent P. (peine commuée en trois années d’emprisonnement) ;
- pour désertion, Albert E. B. (peine commuée en emprisonnement à perpétuité).
Dans le même régiment, ont comparu devant une cour martiale, pour sommeil en faction, Adam Klein (acquitté), Dewey G. Brady (acquitté).

Si ce n’est dans le cas d’Albert E. B., qui appartenait à la compagnie H, tous les autres hommes poursuivis, qu’ils aient été condamnés ou non, appartenaient à la compagnie G du 16th infantry. Cette compagnie occupait, durant la nuit du sanglant coup de main du 3 novembre 1917, le P.A. Aéro, contigu au Nord au P.A. Artois, sur lequel le coup de main s’est abattu. Au moment où la compagnie F pansait ses plaies, et enterrait ses trois premiers tués au front, y a-t-il eu excès de zèle du quartier général américain, qui a alors trouvé des « lampistes » dans la compagnie voisine ? Le témoignage de Marshall, et les poursuites et / ou condamnations existantes, ainsi que l’issue définitive de ces procédures, tend à le faire penser : il fallait faire des exemples dans un régiment dont le commandement attendait autre chose en termes de tenue au feu et de combativité, et dont les attentes ont été cruellement déçues. Les Américains, quoique novices au front, ne pouvaient pas avoir été battus « à la régulière ». Soit les Allemands avaient été aidés par la chance, soit ils avaient été aidés par la défaillance de soldats américains indignes de la confiance placée en eux : des sentinelles prises en défaut, qui n’avaient pas exercé la vigilance la plus élémentaire et nécessaire à la sauvegarde et à la protection du reste de l’effectif. Ceux qui ont échappé aux Stosstruppen n’ont pas toujours évité une justice militaire expéditive, et n’ont dû leur salut qu’à une chance bien ténue.

Bien cordialement,
Eric Mansuy
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Eric Mansuy
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Re: Les condamnations des cours martiales américaines

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,

Il paraît que "le diable est dans les détails", mais sans doute aussi parfois au détour d'une phrase. Le 25 septembre 1919, le juge avocat général Walter Bethel répond aux questions du sénateur Chamberlain dans le cadre d'auditions de la commission des affaires militaires du Congrès. Un échange semblant anodin révèle en fait l'existence d'une justice pour l'exemple, dont les quatre premiers condamnés à mort du 16th infantry ont fait les frais :
"Chamberlain : pourquoi, dans ces quatre cas, y a-t-il eu recommandation qu'ils soient exécutés ?
Bethel : car l'on pensait que cela était nécessaire, à cette période, pour le maintien de la discipline, et que cela aurait un pouvoir dissuasif quant à la commission de pareils faits à l'avenir."

Celui qui est clairement désigné au cours des débats est Pershing, dont Bethel a antérieurement précisé le rôle :
"Le général Pershing avait le pouvoir de confirmer des peines de mort soumises à lui - dans le cadre des articles du code militaire pour le temps de guerre - concernant le meurtre, le viol, la désertion, la mutinerie. Il n'avait pas le pouvoir de faire exécuter une peine concernant le sommeil en faction, le refus d'obéissance, le fait de lever une arme contre un officier, ou tout autre crime pour lequel les articles du code militaire pour le temps de guerre permettent d'appliquer la peine de mort. Tous les cas, à l'exception de ceux concernant un meurtre, une désertion, une mutinerie, un viol, nécessitaient l'approbation du président quant à l'application de la peine de mort, ces cas étant transmis directement, comme le veut la loi, du commandant de division au président. Cependant, dans les premiers jours de l'engagement du Corps Expéditionnaire Américain, un ordre a été émis, stipulant que les dossiers requérant des peines devant être confirmées par une autorité supérieure soient antérieurement transmis à une autorité intermédiaire, afin que ladite autorité intermédiaire émette un avis et exprime des recommandations. En d'autres termes, les cas émanant des divisions étaient soumis au général Pershing, via les quartiers généraux de corps d'armée, au sein desquels les commandants de corps exprimaient des recommandations, et c'est ainsi que les quatre cas [de peine de mort] que vous mentionnez sont passés par le quartier général du général Pershing, au cours de leur transmission au président."

Intéressant éclairage sur la place de l'autorité militaire et du pouvoir politique dans la pratique de la justice militaire et la gestion des cas pouvant mener à l'exécution de la peine de mort, comme cela a également été le cas en France, entre autres. Cela me donnera l'occasion de revenir prochainement sur la "philosophie" de la discipline dans l'armée telle que présentée aux Etats-Unis au moment de ces débats au Congrès.

A suivre...
Bien cordialement,
Eric Mansuy
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alvin17
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Re: Les condamnations des cours martiales américaines

Message par alvin17 »

Bonjour Eric

Je viens de relire toutes ces pages à la recherche d'information sur une pendaison qui a surement eu lieu à Brest, mais je n'ai rien vu.

Voici la fiche de décès :
CROWLEY Willard Wag 934th Saint-Aignan Casual Co 2183615 DCD 16-02-19 par pendaison cim 531 LAMBEZELLEC croix 6 vers les USA (1).JPG
CROWLEY Willard Wag 934th Saint-Aignan Casual Co 2183615 DCD 16-02-19 par pendaison cim 531 LAMBEZELLEC croix 6 vers les USA (1).JPG (137.38 Kio) Consulté 5133 fois

J'en profite aussi pour te dire qu'à cette époque il n'y avait pas d'Afro-Américains chez les Marines de la 2nd Div.
61. Un Afro-Américain est exécuté sans jugement à Saint-Aignan ; il appartient aux Marines de la 2nd division.
Merci à toi pour d'éventuels renseignements sur ce cas.
Bien cordialement
alvin17
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Eric Mansuy
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Re: Les condamnations des cours martiales américaines

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,
Bonjour Christian,

Officiellement, c'est un suicide :
https://s1.sos.mo.gov/records/archives/ ... %20War%20I

J'avais d'abord pensé que tu avais peut-être trouvé une réponse au cas nébuleux cité devant le Congrès le 7 novembre 1921, à savoir l'exécution (en un lieu inconnu) d'un Afro-Américain après le meurtre d’une fillette de 7 ans à La Rochelle, en décembre 1918. De toute évidence, ce n'est pas cela.

Il me semble qu'un angle à exploiter concernant d'éventuelles exécutions "extra-judiciaires" serait la recherche des tombes américaines isolées dans des cimetières communaux : toute une série de communes n'ont en effet eu qu'une seule et unique tombe américaine sur leur territoire. Une situation qui peut parfois interroger.

Quant à ta remarque sur l'impossibilité de voir un Afro-Américain au sein des Marines, tu as tout à fait raison. C'est pourquoi j'avais écrit, dans mon message auquel tu fais référence, "Tout cela est passionnant à plus d'un titre. L'on y trouve tout à la fois des approximations ou des erreurs flagrantes (le nombre d'exécutions à Is-sur-Tille et à Bazoilles-sur-Meuse, qui a été au coeur des débats, que ce soit en séance plénière du Sénat ou devant la commission ad hoc, varie grandement pour se révéler finalement de deux exécutés "seulement" sur chaque site), des affabulations pures et simples, des juxtapositions de faits en réalité disjoints, etc." Aussi est-ce pourquoi, dans leur majeure partie, les faits énoncés n'ont pas été étayés par des témoins, et se sont avérés faux, pour ne pas dire farfelus.

Amicalement,
Eric
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alvin17
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Re: Les condamnations des cours martiales américaines

Message par alvin17 »

Bonsoir Eric

Merci pour ta recherche concernant ce CROWLEY Willard, c'est vrai qu'une pendaison, peut être un suicide.

Je vais t'envoyer un MP pour te fournir les coordonnées d'un historien de LA ROCHELLE, il en saura plus que moi, surtout qu'il a "travaillé" sur le sujet : les Américains en Charente-Maritime.

Merci à toi et bonne soirée
Christian
recherche cartes postales, photos, historiques et objets personnalisés sur les troupes Américaines en Europe de 1917 à 1919
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Eric Mansuy
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Re: Les condamnations des cours martiales américaines

Message par Eric Mansuy »

Bonsoir à tous,

Bien entendu, si des hommes ont fait l'objet d'exécutions sommaires dans les rangs du corps expéditionnaire américain, rien n'a été fait pour que la trace en puisse subsister, bien au contraire, et c'est ce sur quoi la commission du Sénat a tenté d'enquêter au mieux après la guerre. Cependant, des cas peuvent interroger, trouvés çà et là au détour des archives.

Il en est ainsi d'un soldat du 165th infantry, de la 42nd division. Enterré dans le petit cimetière de Croismare, en Meurthe-et-Moselle, "W. Wasas", de la compagnie F de ce régiment, possède une carte d'inhumation menant de "Wasas" à "Wassas", puis à "Wassis". Il apparaît alors que William Wassis, matricule 90394, est décédé des suites de blessure par balle ("gunshot wounds"), le 10 mars 1918. La personne à informer en cas d'urgence était son frère John Wassis, habitant Scranton, en Pennsylvanie. Dans un premier temps, l'identité de son frère avait été enregistrée comme étant "John Wasas", et la date initiale du décès, le 11 mars 1918. Et c'est là que les choses deviennent intéressantes, en se plongeant dans le carnet du soldat Joseph Jones, de la compagnie de commandement du 165th infantry, qui écrivait : "Mar[ch] 11, 1918. One Polack from drafted army shot for desertion at 8:30 am".

Un Polonais exécuté pour désertion le 10 ou le 11 mars 1918 ? Etait-ce ce Wasas ou Wassis ? Son corps est parti vers les Etats-Unis, et plus précisément Scranton, où il est arrivé le 2 novembre 1921. Où est-il ? La question reste entière, car il semble que son frère John ne l'ait pas réceptionné, étant mort quant à lui le 1er décembre 1919. Wasas, ou Wassis, était-il d'origine polonaise ? Une présence polonaise existait bel et bien en Pennsylvanie, à Scranton en particulier (où le cimetière Saint-Stanislaus est d'ailleurs un "cimetière polonais"), et des Wasas, originaires de Pologne, ont en effet migré vers les Etats-Unis (même si le nom paraît plutôt être hongrois à l'origine).

Bien des zones d'ombre, donc, et hélas, "testis unus, testis nullus", il est dommage que le témoignage de Jones ne puisse être, en l'état, corroboré par d'autres. Mais qui sait, peut-être le caractère parfois collaboratif de ce forum permettra-t-il d'en savoir plus... ?

Bien cordialement,
Eric Mansuy
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Eric Mansuy
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Re: Les condamnations des cours martiales américaines

Message par Eric Mansuy »

Bonjour à tous,

Début 1919, les dissensions existant entre le général Enoch H. Crowder - que l'on pourrait présenter comme le défenseur d'une justice militaire "équitable" pour ne pas dire "parfois clémente" - et le général Samuel T. Ansell - dénonciateur d'une justice militaire plus que zélée, voire implacable - éclatent au grand jour alors que se tiennent des audiences sur le sujet devant la commission du Sénat sur les affaires militaires.

En avril 1919, la presse fait état d'exemples concrets et significatifs de cette justice implacable, qui viennent d'être mis en exergue. S'ils sont énoncés dans le cadre d'une lutte d'influences entre deux hommes, laquelle dépasse la défense ou l'attaque d'un système - qui sera bientôt révisé d'ailleurs - à l'aide de débats techniques et d'arguties juridiques, ils permettent, de par leur caractère purement factuel, de se mieux représenter la rudesse de cette justice des cours martiales. Car si le nombre officiel des exécutés américains, entre 1917 et 1919, a été bien moindre que celui enregistré dans d'autres armées alliées, il ne doit pas faire oublier les exécutés "extra-judiciaires" et aussi et surtout, la poigne de fer ayant encadré les recrues, tant au pays qu'outre-mer, en Europe. Voici un aperçu de ce qui en a été publié :

"Dans le rapport émis hier par le secrétaire, le commandant Roscoe Stewart, il est affirmé que l’actuel système de justice militaire doit être jugé à l’aune des cas traités. Le rapport avance que la question devant être posée par l’opinion publique est la suivante :
« Les hommes enrôlés ont-ils reçu un traitement équitable ? »
Ce même rapport décline ensuite les principaux défauts du système des cours martiales :
« 1. Nulle enquête préliminaire et nul examen des charges retenues et du délit à l’origine des charges ne sont menés par un officier juriste en vue d’établir leur légalité, et la nécessité de juger un prévenu. Ce défaut du code a amené de nombreux hommes à être jugés, qui n’auraient jamais dû être jugés.
2. Nul officier juriste ne siège en cour martiale pour y poser des questions relatives au droit et aux preuves sur lesquelles les débats se fondent. Ce défaut du code permet à de graves erreurs d’advenir et à la mise en accusation subséquente du prévenu.
3. Nul conseil compétent n’épaule généralement le prévenu dans sa défense. Ce défaut du code cause fréquemment la condamnation du prévenu en raison de l’incompétence des officiers désignés pour assurer la défense.
4. L’officier qui convoque une cour martiale, et doit approuver les conclusions de ladite cour avant de procéder, n’est pas tenu de suivre des règles ou procédures établies au moment de sa révision du dossier. Il n’est censé s’en tenir qu’à sa propre volonté et à son propre avis. Ce défaut du code amène, d’une part, à ce qu’un officier approuve des conclusions de cours martiales qui s’avèrent dures et injustes, et d’autre part, à ce qu’il rejette des sentences justes en retournant le dossier à la cour, et en obligeant ainsi celle-ci à se conformer à son propre avis. Dans bien des cas, par exemple, alors que la cour martiale acquittait le prévenu, l’officier a ordonné à la cour de reprendre le dossier et de conclure à la culpabilité.
5. Dans la très grande majorité des cas, nul officier, nul tribunal, n’a autorité aux fins de réviser l’action de l’officier ayant convoqué la cour ou les conclusions de celle-ci. Le juge avocat général, qui est l’autorité supérieure, dans des affaires caractérisées par de flagrantes erreurs de légalité, ayant entraîné des peines injustement sévères au regard des charges et des preuves, n’a pas le pouvoir de modifier les conclusions afin de les mettre en conformité avec la loi, et ne peut qu’adresser des recommandations à l’officier en charge de l’affaire. Nul organisme n’équivaut à la cour d’appel de la justice civile, laquelle permet à des juridictions de statut inférieur de commettre des injustices. Ce défaut du code a conduit à la condamnation de nombreux hommes dont la culpabilité aurait été rejetée si un organisme d’appel en capacité d’agir avait existé.
6. Il n’existe pas d’uniformité d’action entre les différents échelons de commandement susceptibles de convoquer une cour martiale. Il n’existe pas de standardisation des peines au sein des cours martiales selon l’échelon auquel elles se situent. Ce défaut du code conduit à condamner des hommes accusés des mêmes délits de manière inégale et disproportionnée : une cour martiale peut acquitter un homme quand une seconde le condamnera à 10 ans d’emprisonnement, une troisième à 30 jours de prison, et une quatrième à 25 ans.

Les cas suivants, qui ont été choisis au hasard, illustrent la sévérité et l’inégalité des sentences des cours martiales, lesquelles résultent des défauts du système. Dans certaines de ces affaires, les hommes poursuivis ont été justement condamnés à certaines peines, suite à la commission de crimes ou délits graves dont ces hommes avaient été indubitablement reconnus coupables. Lesdits cas ont été inclus afin de montrer la très grande dureté d’autres peines dans des affaires bien moins graves que celles qui viennent d’être évoquées.

Parmi les cas cités dans le rapport figurent ceux-ci :
442. Absence de 30 jours, vol d’un fusil : 5 ans d’emprisonnement.
435. Absence d’une journée : condamnation à 10 ans d’emprisonnement, commutation en 8 ans d’emprisonnement.
430. Absence de 6 mois : 10 ans d’emprisonnement.
407. Absence d’une journée : condamnation à 10 ans d’emprisonnement, commutation en 5 ans d’emprisonnement.
294. Absence de 5 mois : condamnation à 5 ans d’emprisonnement.
353. Absence de 3 jours, tentative d’évasion : condamnation à 5 ans d’emprisonnement.
207. Absence de 20 jours : condamnation à 10 ans d’emprisonnement, commutation en 5 ans d’emprisonnement.
204. Absence de 2 mois : condamnation à 5 ans d’emprisonnement.
273. Absence d’un mois : condamnation à 5 ans d’emprisonnement, commutation en 6 mois d’emprisonnement.
102. Fort Worden. Absence d’une journée, vol de 30 dollars, vol d’une automobile d’une valeur de 1.000 dollars : condamnation à 5 ans d’emprisonnement.
133. Fort George Wright. Absence d’une journée : condamnation à 6 ans d’emprisonnement.
124. Fort George Wright. Absence de 2 semaines : condamnation à 6 ans d’emprisonnement et à la suspension de toute solde.
121. Fort George Wright. Absence de 10 jours : condamnation à 3 ans d’emprisonnement et à la suspension de toute solde.
169. Fort Winfield Scott. Absence de 6 semaines : condamnation à 10 ans d’emprisonnement et à la suspension de toute solde.
177. Fort McArthur. Absence de 6 semaines : condamnation à 10 ans d’emprisonnement et à la suspension de toute solde.
113. Absence de 10 semaines et 17 jours : condamnation à 3 ans d’emprisonnement et à la suspension de toute solde, commutation en 6 mois d’emprisonnement et à la suspension de 2/3 de la solde durant la même période.

- Soldat Guy Davis, Fort Oglethorpe, Géorgie. Ayant reçu l’ordre de se rendre à l’hôpital, a désobéi à cet ordre, et à celui de se tenir au garde-à-vous : condamnation à 25 ans d’emprisonnement.
- Soldat E. E. Fast, Fort Oglethorpe, Géorgie. A désobéi à l’ordre de se rendre à l’instruction : condamnation à 40 ans d’emprisonnement, commutation en 10 ans d’emprisonnement.
- William Adamheit, Atlanta. A désobéi à l’ordre d’effectuer la corvée de cuisine : condamnation à 15 ans d’emprisonnement.
- Soldat R. E. Peters, Camp Forest. Fort Oglethorpe, Géorgie. A refusé de porter l’uniforme, a désobéi à l’ordre d’effectuer une corvée : condamnation à 10 ans d’emprisonnement.
- Soldat C. H. Newkirk, Fort Caswell. Ne s’est pas présenté à l’appel : condamnation à 10 ans d’emprisonnement.
- Soldat William Towle, Arcadia, Floride. N’est pas resté au cantonnement, malgré l’ordre reçu : condamnation à 15 ans d’emprisonnement.
- Soldat T. H. Grimes, 11th infantry. A désobéi à l’ordre de participer à l’exercice : condamnation à 10 ans d’emprisonnement.

116. Soldat Henry, Fort D. A. Russell. A désobéi à l’ordre du lieutenant Gifford de se mettre au travail : condamnation à 10 ans d’emprisonnement et à la suspension de toute solde, commutation en 4 ans d’emprisonnement et au renvoi de l’armée sans certificat de bonne conduite.
135. Soldat Moore, Fort Winfield Scott. A désobéi à l’ordre d’assurer la garde du bureau de l’intendance, donné par le lieutenant Faust : condamnation à 20 ans d’emprisonnement et à la suspension de toute solde, commutation en 10 ans d’emprisonnement et au renvoi de l’armée sans certificat de bonne conduite.
270. S’est coupé le pouce et l’index de la main gauche : condamnation à la perpétuité, commutation en 10 ans d’emprisonnement, au renvoi de l’armée sans certificat de bonne conduite, et à la perte de toute solde.
296. Walter Reed Hospital. A refusé l’amputation d’un orteil : condamnation à 5 ans d’emprisonnement et à la suspension de toute solde
293. A refusé l’excision d’un orteil : condamnation à 8 ans d’emprisonnement, au renvoi de l’armée sans certificat de bonne conduite, et à la perte de toute solde, commutation en 2 ans d’emprisonnement.
420. Walter Reed Hospital. A refusé de se soumettre à une intervention chirurgicale : condamnation à 5 ans d’emprisonnement, au renvoi de l’armée sans certificat de bonne conduite, et à la perte de toute solde, commutation en 2 ans d’emprisonnement.
401. Rock Island Arsenal. Vol d’une conserve de haricots, d’une conserve de porc et haricots, d’un ouvre-boîte, de trois oignons, de huit tranches de pain. Possession d’une bouteille de whisky. Six condamnations antérieures. Condamnation à 2 ans d’emprisonnement, suspension de peine et renvoi de l’armée sans certificat de bonne conduite.
324. Fort Washington. Absence de 6 mois : condamnation à 10 ans d’emprisonnement, au renvoi de l’armée sans certificat de bonne conduite, et à la perte de toute solde, commutation en 5 ans d’emprisonnement (circonstances atténuantes : jeune âge et inexpérience du prévenu).
637. Fort Sheridan. Absence de 17 jours : condamnation à 20 ans d’emprisonnement, au renvoi de l’armée sans certificat de bonne conduite, et à la perte de toute solde, commutation en 5 ans d’emprisonnement (peine suspendue).

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Bien cordialement,
Eric Mansuy
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