LA MARSEILLAISE Vapeur russe

olivier 12
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LA MARSEILLAISE Vapeur russe

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

LA MARSEILLAISE

Vapeur russe de 3568 t construit en 1900 au chantier Gray de West Hartlepool sous le nom de LLANSENOR pour l’armateur Llansanor SS Co Ltd de Cardiff
Longueur 103 m Largeur 15,6 m 1 hélice

1916 LA MARSEILLAISE Armement Dodero Hermanos de Montevideo
1917 MARSELIEZA Ocean SS Co Russia de Mourmansk.

Dans tout le rapport d’enquête le navire est désigné sous le nom de LA MARSEILLAISE. Nous allons donc garder ce nom, celui de MARSELIEZA n’ayant pas été enregistré par les autorités d’Hammerfest.

Capitaine Robert WIMBE (Russe)
Equipage 43 hommes : 33 Russes, 8 Français (dont 3 canonniers, le TSF et 4 chauffeurs), 1 Hollandais. 2 Russes étaient des femmes de chambre.
Navire armé d’un canon de 90 mm modèle 1877
Canonniers
- KERMORGAN
- SOUIN
- BATAILLE (tous trois Français)

Navire possédant le code français délivré aux bâtiments de commerce par le Gouvernement français.
Traversée Brest – Arkhangel avec 4500 tonnes de munitions, des autos et des avions.

Naufrage de LA MARSEILLAISE

Rapport de l’officier enquêteur

Le 28 Août 1917 à 17h15 le vapeur se trouve par 72°33 N et 30°00 E, à environ 110 milles au NNW du Cap Nord faisant route à 6,5 nœuds de Brest vers Arkhangel lorsqu’un périscope apparait à 200 yards (700 m) sur l’arrière tribord du navire. La route est changée vers le Sud en faisant des zigzags. Envoyé SOS et reçu accusé de réception de l’INTREPID.

Le sous-marin tire 25 coups avant l’abandon du navire au rythme de 10 coups par minute. Le navire n’est touché que par des shrapnels.
Les canonniers ouvrent le feu à 17h30 avec deux coups, puis tirent environ 50 coups après 18h00 à raison de 2 à 3 coups par minute. Tous étaient trop courts, le sous-marin s’étant éloigné à 4 milles.
Abandon du navire à 18h30.
Les Allemands ont alors envoyé sur LA MARSEILLAISE douze de leurs hommes, accompagnés de 4 Russes, du 4e mécanicien, du chauffeur français LOISEL et d’un graisseur. Ils ont fait accoster le long du sous-marin une des baleinières dans laquelle se trouvaient les canonniers français et le 2e lieutenant du vapeur, un jeune homme de 21 ans, qui était en uniforme et que le commandant a fait monter à son bord. Il lui a demandé les papiers et a constaté qu’ils étaient en règle. Il a alors laissé partir la baleinière en lui disant d’aller vers le Sud.
Pendant ce temps, l’équipage remonté sur LA MARSEILLAISE a remis en route vers 20h00. Le chauffeur Loisel a reçu l’ordre de pousser les feux et le navire s’est remis en marche. Les feux étant très bas et le personnel insuffisant (Loisel était seul) le bateau ne put dépasser la vitesse de 3 nœuds. A 23h00, Loisel reçut l’ordre de remonter et il aperçut dans le youyou qui était monté à hauteur de la lisse les 4 Russes qui avaient reçu l’ordre de rejoindre le sous-marin pour y déposer tout le butin ramassé par les Allemands. En remontant sur le sous-marin, Loisel aperçut alors un vapeur anglais à environ 1 mille, qui avait l’arrière tout enfoncé. Il est très possible que la route suivie de 20h00 à 23h00 ait été choisie pour se rapprocher de cette prise. Le commandant du sous-marin fit remonter Loisel et les 4 Russes, les remorqua sur quelques milles, puis leur rendit la liberté. Quand il largua la remorque du youyou, il retourna vers les deux bâtiments.
Impossible de dire si le navire a coulé. Il a été vu flottant à 01h00 le 29 Août.

1 officier et 6 hommes de LA MARSEILLAISE ont donc été pris par le sous-marin et les Allemands ont pris tout ce qu’ils pouvaient emporter dans leurs bras comme nourriture, approvisionnements, vêtements et objets en cuivre.

Les marins de trois embarcations (dont le youyou) ont été recueillis par le SS CAMEROUN et déposés à Arkhangel. Une embarcation est encore manquante avec 8 hommes. Un autre navire marchand que l’on pense être OTHELLO a été vu en dérive à 30 milles de cette position. Le sous-marin aurait été vu en train de couler ces deux navires.

Le commandant du sous-marin a interrogé le capitaine. Il parlait un bon anglais et aussi un bon français. Il a demandé les instructions de route, provenance et destination du navire et s’est excusé de ne pouvoir prendre en remorque les canots car il avait un autre travail à effectuer.

Longueur du sous-marin 250 pieds. Largeur 38 pieds.
1 canon de plus de 100 mm sur l’avant du kiosque. Portée supérieure à 9000 m. Obus à cartouches
Pas de tubes lance-torpilles.
2 mâts rabattus sur le pont.
Peinture gris sale avec des taches de blanc. Kiosque peint en gris sombre.
Commandant portant 3 galons, bien rasé, environ 38 ans, mince, « good looking » et aimable. Tenue bleu avec pantalon de cuir, bottes et casquette d’officier de marine.
Un autre officier de 25 ans environ, avec 1 seul galon, également aimable.
Le sous-marin a suivi en surface le vapeur à 8 nœuds, avant d’ouvrir le feu. Mais le capitaine pensait qu’il pouvait atteindre 12-14 nœuds.

Conclusion de l’officier enquêteur

Le navire étant à 90 milles des eaux neutres les plus proches, ayant une faible vitesse, aucun secours à proximité et étant chargé de munitions je considère que le capitaine a fait tout ce que l’on pouvait attendre d’un non-britannique. Il était compréhensible de se rendre après 1heure et 20 minutes de combat, bien qu’indemne. Toutefois, le capitaine n’avait pas détruit ses instructions secrètes et c’est une chance qu’elles ne soient pas entre les mains de l’ennemi. Elles sont actuellement à bord de l’INTREPID. Il a quelque peu perdu ses nerfs quand le sous-marin a été aperçu. D’ailleurs, son autorité à bord était nulle. C’est pour remplacer 4 Russes qui avaient déserté à Brest que 4 chauffeurs français avaient été embarqués.
L’attitude de ces Russes fut peu courageuse et ils ont voulu évacuer le plus rapidement possible sans tenter de gagner par le combat. Seul le chef mécanicien s’est bien conduit. Il fut le seul, à la fin de l’action d’artillerie à prêter main forte aux canonniers. Il a débarqué en dernier avec le TSF.
En revanche, l’équipe des canonniers français a bien combattu. Ils ont quitté le navire quand ils se sont rendu compte que les Russes avaient déjà coupé les bosses des embarcations dans lesquelles ils avaient mis leurs bagages.
Le navire a été abandonné sans que l’on prévienne l’opérateur radio, un jeune matelot français du nom de GRILLET. Il a été abandonné seul sur le navire et, sans doute paniqué, y a oublié son livre des signaux et ses instructions que les Allemands ont saisis. Il a quitté le bateau le dernier, avec le chef mécanicien, étant resté à son poste jusqu’au bout, et n’a pu être interrogé car il se trouvait dans l’embarcation qui a atterri quelque part sur les côtes de Norvège. Mais dans cette embarcation il était avec deux des canonniers et leur a dit qu’il avait reçu une réponse à son SOS provenant d’un bâtiment anglais. Dans cette embarcation se trouvait aussi le chauffeur français SIZORE.

Enquête effectuée à Hammerfest le 31 Août 1917

Lettre du consul anglais à Hammerfest. 11 Septembre 1917 à Senior British S.O White Sea

Je vous fais suivre le rapport des Russes de LA MARSEILLAISE. Je regrette qu’il soit incomplet. J’ai demandé quelques renseignements à mes collègues russes, mais ils ne connaissent même pas le tonnage du navire, son nom exact, le nom de son capitaine ou de son armateur. Ils ne savent même pas si le reste des membres d’équipage a été sauvé. J’espère que l’on en sait plus à Arkhangel.

J’estime que deux sous-marins ont opéré en arctique. L’un doit être l’auteur de l’explosion de OLIVE BRANCH, et l’autre a concerné les navires ci-dessous.
Le 3 Septembre à 16h00, un sous-marin a été aperçu à 40 milles à l’Ouest de Staalet (nota : sur l’île de Soeyroey, dans l’Ouest du Cap Nord). Il était en surface, mais je pense que c’était une ruse de guerre. Il a du rentrer à sa base avec des naufragés du sous-marin coulé le 2 Septembre dans l’explosion de l’OLIVE BRANCH. Les survivants de ce vapeur ont signalé avoir aperçu des fusées rouge la nuit qui a suivi leur naufrage, lancées depuis la position où il avait vu le sous-marin en train de couler.

Note de SNO Yukanskie Septembre 1917

Le S/S CAMEROUN a récupéré les 7 hommes qui avaient été pris par le sous-marin qui avait attaqué LA MARSEILLAISE. Ces hommes disent qu’il a coulé OTHELLO ( ?). LA MARSEILLAISE et OTHELLO ont été arrimés ensemble par des aussières et des bombes ont été placées sur LA MARSEILLAISE. La dernière fois qu’ils les ont vus, ils étaient encore à flot, mais LA MARSEILLAISE apiquait de l’avant.

Le sous-marin avait trois écoutilles sur le pont, 2 sur l’avant du kiosque et 1 sur l’arrière. Le commandant leur a dit qu’il avait coulé 7 navires en 2 jours.
L’officier qui avait pris en charge les prisonniers était le 2e mécanicien du sous-marin. Il parlait bien anglais et français.

Le sous-marin attaquant

C’était l’U 28 du Kptlt Georg SCHMIDT.

Ce 28 Août, il avait coulé HIDALGO (que les marins nomment par erreur OTHELLO), WHITECOURT et LA MARSEILLAISE (dont le nom véritable était en fait MARSELIEZA). On est donc assez loin des 7 navires dont parle son commandant. Le 1er Septembre il coulera DRONT et le 2 Septembre OLIVE BRANCH. Mais il disparaîtra avec tout son équipage de 39 hommes après avoir torpillé OLIVE BRANCH. Il vint trop près du vapeur pour le canonner et fut coulé par l’explosion formidable du cargo. Contrairement à ce que pensait le consul anglais d’Hammerfest, il n’y avait pas eu de survivants. Il n’y avait d’ailleurs pas d’autre sous-marin que l’U 28 dans l’arctique à cette époque.

Voici la silhouette de ce sous-marin U 28 dessinée par les hommes de LA MARSEILLAISE

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Et par ceux d’HIDALGO coulé le même jour.

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Re: LA MARSEILLAISE Vapeur russe

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément avec le naufrage de WHITECOURT

Ce vapeur britannique de 3670 t allait d’Arkhangel à Londres avec un chargement de bois.
Armateur Blow Richards de Cardiff.
Capitaine Ernest Lewis CRADDOCK.
28 hommes d’équipage en tout, 12 britanniques, 9 Arabes, le reste mixte.
Canon anglais de 15 livres. Canonniers Richardson et Sago.

Le 28 Août 1917 à 07h00, position 72°48 N et 29°00 E. Un sous-marin est aperçu, à 9 milles. Il attaque un vapeur que LA MARSEILLAISE signale comme étant le vapeur PENDARVES, mais il s’agit plus probablement du vapeur HIDALGO.
A 07h30, le sous-marin s’approche de WHITECOURT et à 5 milles tire 12 coups de canon. Les Arabes refusent de rester à bord ce qui va contribuer largement à la perte du navire qui est abandonné. Ils ont aussi une très mauvaise conduite dans les embarcations, refusant de faire quoi que ce soit. Pas de riposte, le sous-marin étant hors d’atteinte.
8 Allemands vont se rendre sur le navire en utilisant un canot du WHITECOURT. Un officier (sans doute le second du sous-marin) pose des questions en bon anglais. Le navire est pillé : provisions, cloche, cuivres de la machine et tous les habits personnels du capitaine et des officiers sont emportés sur le sous-marin. Le navire est ensuite coulé à coups de canon. Mais on ne le voit pas disparaître. Le soir du même jour, il est encore vu à flot, sur sa cargaison, par les hommes d’HIDALGO.
L’équipage gagne la terre avec les embarcations. Le canot du capitaine est recueilli par le voilier RIODAHL et débarqué à Honningsvag. Le canot du second atteint la côte de Norvège. Certains rescapés sont envoyés à l’hôpital de Tromsoe, ayant souffert du froid.

Description du sous-marin

Longueur 300 pieds
Gris sale
1 canon à poste fixe sur l’avant
Commandant de taille moyenne, très brun, bien rasé, en uniforme d’officier de marine. Environ 40 ans.
Second, cheveux roux, moustache et favoris. Parle un très bon anglais.

Cdlt
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Re: LA MARSEILLAISE Vapeur russe

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément avec le naufrage du DRONT

Le DRONT allait d’Arkhangel vers l’Angleterre quand il a été torpillé à 14h30 le 1er Septembre par 72°50 N et 27°30 E. Il a coulé en 5 à 6 minutes.
L’explosion de la torpille a tué le 3e mécanicien et deux hommes et détruit l’un des canots de sauvetage. Panique lors de la mise à l’eau des deux autres canots et l’un d’eux a chaviré, projetant à la mer ses occupants. Chef mécanicien, second mécanicien, 5 marins, stewardess et son assistante, cuisinier, se sont noyés (soit 8 hommes et 2 femmes). Le sous-marin a fait surface et on lui a lancé des appels. Mais ils ont été ignorés et le sous-marin s’est éloigné vers le Nord et a plongé. La température au moment du naufrage était de 2° et celle de l’eau de 4°.

L’équipage est très démoralisé et il est difficile d’obtenir un rapport précis. La déclaration assurant que le sous-marin a pu tirer une torpille d’une distance de 30 brasses sans avoir été aperçu est peu convaincante

Cdlt
olivier
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