Frontenay sur Dive 14-18

Parcours individuels & récits de combattants
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 29 avril 1918……

Ce 29 avril 1918, 2 jeunes de Frontenay sont convoqués sous les drapeaux:

- Georges Proust, né à Frontenay en 1897, frère de Lucien mort pour la France à Signeulx (Belgique), de Hyacinthe, Pierre, Odette, Antonine, Maurice entre autres, est incorporé au 9ème régiment du Génie basé à ..... la Citadelle de Verdun comme soldat ... auxiliaire. Georges Proust est appelé tardivement au service militaire car il est ajourné depuis 18 mois pour des problèmes de santé. Problèmes qui vont même empirer au point d'être réformé temporairement le 26 septembre 1918 par la Commission d'Angers et même s'il se retrouve tout près du front avant cette date, il fera toute sa campagne à "l'intérieur". Cette réforme temporaire est renouvelée jusqu'en 1926.....

Georges Proust se marie à Frontenay le 03 novembre 1920 avec Berthe Depoys, la soeur de mon grand-père Joseph et deviendra donc mon grand-oncle. Il a 5 enfants: Gilbert, héros du Maquis de Scévolles (86) en 1944, Paulette, Jeanne, Evelyne et Blanche, toujours de ce monde aujourd'hui.
Il a le malheur de perdre son épouse le 02 mars 1945. Lui-même meurt le 17 février 1975 à Frontenay. Georges Proust repose dans le cimetière communal auprès de son épouse.

- Olivier THOMAS, né à Villiers de Frontenay en 1896, est incorporé au 9ème Escadron du Train des Equipages basé à Châteauroux comme soldat ... auxiliaire. Lui aussi est ajourné depuis 18 mois pour des problèmes de santé. Cependant, contrairement à Georges Proust, Olivier THOMAS est maintenu comme soldat auxiliaire jusqu'au 20 septembre 1919, jour de sa démobilisation. Pire même, il est envoyé au front du 02 août au 09 novembre 1918.

Olivier THOMAS se marie avec Théolinde Chebeau et a au moins 2 enfants dont Germain et Denis. Théolinde Chebeau meurt en janvier 1949 à Frontenay et Olivier THOMAS décède le 30 mai 1980, aussi à Frontenay.
ils reposent tous les deux dans le cimetière communal.
Il faut noter un fait particilier. Olivier THOMAS autrefois, son fils Denis dans les années 1980 et le petit-fils Alain aujourd'hui font partie du conseil municipal de Frontenay.
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 30 avril 1918……..

Ce 30 avril 1918, Joseph Depoys, mon grand-père, né en 1890 à Frontenay, envoie une carte postale à sa promise. Il écrit:
"Mardi 30 avril 1918,
Ma chère Marie
Un tout petit mot pour te donner de mes nouvelles qui ne sont pas mauvaises
pour l'instant vu que je suis toujours au repos. Depuis que nous sommes ici le
temps a été favorable deux ou trois jours mais depuis dimanche la pluie tombe de
nouveau presque continuellement.
Pendant les quelques jours qu'il a fait beau les nuits ont été également fraîches
il gelait assez fort les arbres fruitiers n'ont pas encore de mal vu qu'ils sont moins en
avance que chez vous mais il* ne sont pas encore sauvés. Mauvaise affaire pour vous
s'il n'y a pas de fruits vous qui les aimez bien et moi aussi j'aime d'aller en goûter
en votre société enfin il en restera peut-être quelques-uns. Voici le mois de mai qui
approche je t'envoie ce petit bouquet en souvenir du mois de Marie accepte-le avec
plaisir en attendant que je puisse aller t'embrasser car je commence à trouver le
temps long. Bonne santé celui qui t'aime Joseph
Je pense remonter en ligne dans 2 jours Joseph
"

Ce 30 avril 1918, Le grand-père Joseph est au kilomètre zéro de la ligne de front, à Pfetterhouse, en sud-Alsace, allemande à l'époque.
Joseph Depoys est loin d'imaginer le périple qui l'attend au cours de ce mois de mai 1918 et que moi-même, pour l'avoir connu seulement jusqu'à mes dix ans, je découvre en égrenant ses cartes postales .......

La veille de ce 30 avril 1918, Hyacinthe Bironneau, né en 1893 à Frontenay, cousin germain du grand-père Joseph Depoys, lui envoie une carte poste depuis Klbasnica, en Grèce du Nord. Il lui écrit:
"Klbasnica, le 29-4-18
Cher Cousin
Je viens de recevoire* ta carte dattée* du
30 ou* tu me di* etre* toujours en bonne santé
ten* mieux pour moi cet* la même chôse* pour
le momen* vivement que ce bordel finisse
et que lon* puisse se retrouver au pays sous
peux* jai eu une lettre de Hubert en même temps
que la tienne toujours en bonne santé
Ton Cousin tembrasse*
Hyacinthe
"

L'écriture du cousin Hyacinthe est toujours aussi laconique et plutôt phonétique.
Elle permet toutefois de savoir que lui et son frère Hubert sont en bonne santé, mais surtout vivants.
Car ce que ne sait pas Hyacinthe, à cause du décalage entre l'envoi et la réception du courrier, c'est qu'Hubert Bironneau et son 76ème RI, après avoir subi de plein fouet l'attaque allemande du 21 mars sur le front de la Somme, ont dû opérer un repli dans l'Oise et que ce 29 avril 1918, les allemands les harcèlent toujours du côté de Ricquebourg, au nord de Compiègne. Depuis plus d'un mois, l'artillerie ennemie bombarde avec plus ou moins d'intensité les positions françaises avec des obus toxiques, causant chaque jour des victimes.
Hubert Bironneau, l'autre cousin germain du grand-père Joseph et qui n'a peur de rien, le tireur d'élite, passe au travers à chaque fois. Tiendra-t-il longtemps comme ça?

Car les Allemands préparent une nouvelle offensive sur le front. Les mouvements ennemis du côté de Roye (80), à quelques kilomètres au nord de Ricquebourg, ne laissent aucun doute sur le sujet...................

* = écriture d'origine
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 09 mai 1918……..

Ce 09 mai 1918, Joseph Depoys, mon grand-père, né en 1890 à Frontenay, envoie une carte postale à sa future. Il écrit:
"Jeudi 9 mai 1918
Ma chère Marie
Tu es sans doute loin de songer ou* je passe ma journée aujourd'hui.
Il y a en effet pas mal de temps que je ne m'étais pas promené en
ville, eh bien aujourd'hui c'est une partie de promenade a* l'endroit que
tu vois au verso de la carte.
Je suis dans les environs depuis dimanche au soir et on doit être
équipé demain pour partir samedi mais en attendant on est là a* ne
savoir quoi faire on y trouve le temps long d'autant plus que depuis
8 jours que j'ai parti de la compagnie je suis sans nouvelles il me tarde
d'être de retour je me demande pourquoi on me fit rendre mes affaires enfin
c'est militaire
Bons Baisers. Celui qui ne t'oublie pas Joseph
"

* = écriture d'origine

Le recto de la carte, ce sont le temple et l'église de Montbéliard où le grand-père Joseph séjourne avant de changer radicalement de zone. L'ennemi est nettement moins actif sur la ligne de front et l'Etat-Major commence à déplacer ses troupes pour parer à une nouvelle offensive qui ne fait aucun doute.......
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 16 mai 1918……...

Ce 16 mai 1918, Joseph Depoys, mon grand-père, né en 1890 à Frontenay, envoie une carte postale à sa promise. Il écrit:
"Jeudi 16 mai 1918
Ma chère Marie,
Quelques lignes seulement pour te donner un peu de mes nouvelles
et en réponse à ta lettre du 12 courant que j'ai reçue hier au soir toujours
avec grand plaisir.
Malheureusement tu m'annonces une victime de plus de la guerre
ton cousin André j'ai appris aussi que Léonel Tiffeneau était blessé ainsi
que Samuel Thiollet.
Pour mon bras on ne m'a rien fait du reste je m'y attendais enfin j'ai été
faire une petite promenade.
Maintenant nous sommes relevés des lignes ce soir et ce coup-ci je crois
que c'est la grande relève on va voir d'ici quelques jours où on va nous diriger.
Bonne santé je t'embrasse bien fort.
Celui qui songe toujours à toi Joseph
"

Joseph Depoys est au courant des victimes du moment.
J'avais cité la mort d'André Valançon le 30 mars dernier et la grave blessure de Léonel Tiffeneau le 28 avril dernier aussi.
Par contre, la blessure de Samuel Thiollet m'est inconnue et même la fiche matricule ne le précise pas. Ce sera à voir avec sa petite-fille qui habite maintenant Frontenay-sur-Dive pour y passer sa retraite.

Quant au grand-père Joseph, de grands bouleversements se préparent .........
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 25 mai 1918……

Ce 25 mai 1918, Joseph Couillebault (et non Tiffeneau, comme je l'ai mis par erreur deux fois sur mon commentaire du 11 janvier dernier), né à Frontenay en 1891, embarque pour l'Armée d'Orient.
Voici les précisons de l'historique du régiment concernant le parcours de Joseph Couillebault dans cette armée puisque qu'il ne reviendra qu'en octobre 1919, précisions que je livre telles quelles:

CONTRÉES TRAVERSÉES par le 4ème Régiment de Chasseurs d'Afrique:

VIEILLE SERBIE (1918), BULGARIE (1918-1919), ROUMANIE (1918), BESSARABIE (1919), UKRAINE (1919),
TURQUIE (1919).

COMBATS ET AFFAIRES auxquels le 4e Régiment de Chasseurs d'Afrique a pris part:

FRONT D'ORIENT (1918)
Combat de Zagrad-Prilep (Serbie) 24 septembre;
Prise d'Uskub (Serbie) 29 septembre : « Manoeuvre d'Uskub »
Affaire de Katchanik (Serbie) 4 octobre; Prises de Férizovitch (Serbie) 6 octobre; de Mitrovitza (Serbie) 9 octobre, « Opérations de l'A. F. 0. »

FRONT D'ORIENT (1919)
Combat de Tiraspol (Ukraine) 7 février; Affaires de'Vozniziensk (Ukraine) et de Biélajewska (Ukraine) du 26 février au 5 mars; Défense d'Odessa: (Krémidova (Ukraine) 23 mars; Bouyalik (Ukraine) 29 mars; Bouyalik-Lizinska (Ukraine) 1° avril; Lizinska-Sémérinovska (Ukraine) 3 avril; Malbouyalik-Alexandrovska (Ukraine) 5 avril; Kouyalik (Ukraine) 6 avril; Andrevska (Ukraine) 31 mars (P. M.); Bouyalik (Ukraine) 2 avril; Krémidova (Ukraine) 5 avril) : « Opérations de l'Armée du Danube. »

Et participer à l'Armée d'Orient est souvent très exigeant, comme en témoignent ci-dessous les deux citations du régiment, celle du 11 novembre 1918 et celle du 01 avril 1919:

« Régiment plein d'allant, qui, sous les ordres du Lieutenant-Colonel LABAUVE, a abordé, après une marche des plus rudes, à travers un massif montagneux élevé, la ville d'Uskub, par la plaine, le 29 septembre 1918. Tombant pendant la progression à cheval, sous le feu des mitrailleuses allemandes et d'un train blindé, a pris la formation de combat à pied dans le plus grand calme, a progressé ensuite sans arrêt pendant quatre heures, entrant dans la ville, occupant la gare, sauvant un énorme matériel et obligeant l'ennemi à fuir en désordre, en abandonnant d'importants approvisionnements. »
(Signé) : HENRYS, Général Commandant l'Armée Française d'Orient,

« Régiment d'un moral, d'un entrain et d'une endurance hors de pair qui, sous l'impulsion énergique de son chef, le Lieutenant-Colonel Labauve, a grandement contribué au succès des dernières opérations offensives.
« Après avoir combattu le 4 octobre 1918 à Katchanik et le 6 octobre 1918 à Férizovitch, a contribué en ces points à la prise d'un nombreux matériel de guerre, s'est emparé de l'important noeud de chemins de fer de Mitrovitza dont il a bousculé les défenseurs, très supérieurs en nombre, qu'il a poursuivis sans relâche, les empêchant de se ressaisir, capturant 34 officiers et 573 hommes valides, et prenant possession d'une quantité considérable d'armes, de munitions, de vivres, d'un matériel, de chemins de fer très important, dont 8 locomotives et 170 wagons en bon état. Parcourant ensuite la Bulgarie, une partie de la Roumanie, le 4° Chasseurs d'Afrique, sous le commandement par intérim du Chef d'escadrons Bernard, a toujours été sur la brèche, a concouru au maintien de l'ordre en Ukraine, a participé aux opérations de Tiraspol et a défendu héroïquement l'usine de Biélajewska.
"
(Signé) : FRANCHET D'ESPEREY, Général Commandant en Chef les Armées Alliées en Orient,

Pour Joseph Couillebault, les combats ne se terminent pas le 11 novembre 1918 ..............

Pour les autres soldats de Frontenay, il n'y a quasiment pas de dates événementielles depuis début mai 1918.
Mais la fin du mois va être terrible, les petits gars de Frontenay vont souffrir.........
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 27 mai 1918……..

Ce 27 mai 1918, Raphaël Depoys, né à Frontenay en 1897 et son régiment, le 265ème RI et non le 346ème comme je l'ai écrit par erreur le 19 mars dernier, sont en poste au Chemin des Dames. Ce jour-là, ils y sont depuis bientôt 8 mois, dans les environs de Laffaux (02).

L'historique du 265ème RI rapporte qu'Allemands et Français se tendent quelques embuscades, sans plus. Depuis le 04 mai 1918, l'artillerie allemande se tait, l'artillerie française en fait presque autant depuis le 15 mai et c'est ainsi sur presque tout le front.
La situation est calme depuis plusieurs semaines, trop pour que cela dure. les Allemands vont attaquer, mais où et quand?
Dans la nuit du 25 au 26 mai, la 21ème Division fait 2 prisonniers qu'on interroge sur le champ. Le 26 mai à 19h00, c'est l'alerte générale au Chemin des Dames.
Le message reçu par le régiment est sans équivoque: "Attendez-vous à être attaqué cette nuit; commencement probable du bombardement: une heure du matin".

Et à 1 heure du matin, l'horizon s'embrase. Tous les abris et tranchées notés minutieusement par l'ennemi depuis plusieurs semaines subissent un déluge de feu et de gaz toxiques. Au lever du jour, ce sont les fantassins allemands qui apparaissent, accompagnés plus tard par des avions en groupe de 10.

Le premier assaut est brisé, mais les munitions manquent et les canons français ne sont pas présents. La lutte est inégale. Pendant 4 jours, les Français s'accrochent ainsi au terrain. Les Allemands qui croient à une victore facile enragent de rencontrer une telle résistance.

le 265ème RI reçoit une citation à l'ordre de l'Armée pour ces combats de fin mai 1918: "Grâce à son attitude héroïque et à son esprit de sacrifice sans limites, les premiers éléments ennemis ne purent pénétrer que le lendemain dans la ville convoitée. A ensuite, en prolongeant son effort jusqu'à la fin de la troisième journée de lutte, contenu l'extension des gains ennemis".

Le Boche a du ralentir sa progression mais les pertes du 265ème RI sont énormes: le 27 mai 1918, le JMO enregistre 26 tués, 92 blessés et 225 disparus. Parmi ces derniers figure Raphaël Depoys, qui est ensuite déclaré tué aux combats de Laffaux. Apparemment, on n'a jamais récupéré son corps puisqu'on ne le retrouve dans aucune nécropole, ni dans le cimetière du village où vivra son père jusqu'en 1950 et sa mère jusqu'en 1971!

Ce même 27 mai 1918 aussi, Fernand Auriau, né à Frontenay en 1885 et son régiment, le 299ème RI sont en déplacement et cantonnent à Crouy (02), à 15 km de Laffaux.
L'historique du régiment annonce que cette unité subit de plein fouet l'attaque allemande. Plusieurs fois, les assauts sont repoussés, mais la furie ennemie finit par l'emporter. Ici aussi, l'artillerie française réduite à quelques batteries ne peut rien. Les fantassins sont démunis en cartouche à la fin de la journée. On se bat à la baïonnette et on s'accroche au terrain.
Et Fernand Auriau, de la 6ème Compagnie, fait partie de ces fantassins. Il est porté disparu à Crouy ce jour. Pendant de longs mois, on est sans nouvelles.
Les Allemands n'établissent de listes de prisonniers que le 10 juillet suivant, puis une autre le 24 juillet à destinantion du CICR (Comité International de la Croix-Rouge). "Est-il prisonnier à Limbourg (Belgique)", telle est la question posée sur la demande de recherche faite le 04 août suivant par une veuve Deméocq habitant Poitiers.
Et la réponse arrive plus tard, sûrement au grand soulagement de la famille: Fernand Auriau est prisonnier en Allemagne, à Cassel d'abord, puis à Minden.

La guerre est finie pour lui, mais combien de temps sera-t-il prisonnier? Finalement, Fernand Auriau va recevoir son plus beau cadeau de Noël, car il est libéré le 25 décembre 1918. Mais il n'est pas libéré pour autant du service, car il va rester 'à l'intérieur" jusqu'au 08 avril 1919, date de sa démobilisation.

Fernand Auriau se marie le 30 juin suivant avec Radegonde Bonnet à Frontenay-sur-Dive, le même jour que son frère Paul, sourd de naissance et donc exempté de service militaire.

Fernand Auriau décède en août 1966 à la Grimaudière (86), commune proche de Frontenay-sur-Dive, où il a monté un atelier de mécanique agricole qui perdure toujours. Il repose dans le cimetière de cette commune.

Ce même 27 mai 1918 enfin, Albert Morin, né à Chalandray (86) en 1879 et habitant Frontenay depuis au moins 1911, est en poste avec son régiment, le 205ème RI, à Cannectancourt (Oise), village située près de Noyon. Et là, Mémoire des Hommes indisponible en ce moment me manque pour compléter cette triste journée pour notre frontenaysien.
L'historique du régiment précise toutefois que, entre le 18 mai et le 07 juin 1918, ont lieux de nombreux coups de main et de violents bombardements. Des renseignements sérieux laissent prévoir une attaque imminente sur le front du régiment.
Toujours est-il qu'Albert Morin, sergent de son état, est blessé (plaie cuisse droite par balles) pour la seconde fois après sa blessure de 1914. Il est soigné jusqu'au 18 août 1918, date à laquelle il repart au front jusqu'au 11 février 1919, pour finalement être démobilisé 10 jours plus tard.

Marié depuis 1906 à Léa David, Albert Morin, père de Pierre Morin à Villiers de Frontenay, va être cité à l'ordre du régiment le 26 novembre 1918: "Sous-officier brave et énergique, a pris part à de nombreuses patrouilles et s'y est montré audacieux. Deux blessures. Croix de Guerre avec étoile de bronze."

Albert Morin meurt à Frontenay en février 1947, retraité de l'agriculture qu'il continue à exercer à son retour après-guerre. Il repose dans le cimetière communal.
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 28 mai 1918……...

Le 7 mai 1918, venant de la région d'Ypres, le 413e R.I. de Roger Achard, né à Frontenay en 1890, est transporté dans la région d'Épernay (51), où il se reforme.
En l'absence de Mémoire des Hommes et donc du JMO en ce moment, on ne peut se reporter qu'à l'historique du régiment qui rapporte les faits suivants:
"Le 27 mai 1918, le régiment, enlevé en autos, est jeté au travers de la ruée allemande dans la région de la Vesle. Débarqué, au sud de Jonchery, à 20 km à l'ouest de Reims, dans la nuit du 27 au 28 mai, il est engagé au sud d'Hourges et Vandeuil le 28 à midi. Il doit, en principe, soutenir le 9ème corps anglais et rester en liaison à gauche avec la 13e D.I. française ; mais le 9e corps anglais est dispersé, la 13e D.I. refoulée vers Broulet, et le régiment supporte seul la violente poussée d'une D.I. de l'armée Von SCHMETOW. Il s'engage sans artillerie, le groupe qui devait l'appuyer ayant été appelé d'urgence sur les bords de la Marne.
Pris sous les feux violents de l'artillerie ennemie et les tirs de mitrailleuses de front et d'écharpe, les 2e et 3e bataillons sont arrêtés dans leur progression. Ils cherchent à se dégager en chargeant à la baïonnette, et ils sont anéantis presque en entier. Le 1er bataillon et les sapeurs pionniers restent seuls pour contenir la poussée allemande ; ils le font héroïquement pendant le restant de la journée du 28 et la plus grande partie de la nuit.
Le 29, le 1er bataillon défend le village de Serzy avec une admirable ténacité ; il inflige des pertes considérables aux masses ennemies qui dévalent les pentes de la côte 201 sur la vallée de l'Ardre.
Complètement découvert sur le flanc gauche par la retraite de la 13e D.I., menacé d'être coupé du 414e R.I., bombardé par derrière par l'artillerie ennemie déjà installée sur les hauteurs de Lhéry, pressé par des forces très supérieures, le régiment est obligé de se replier sur la rive gauche de l'Ardre. Il le fait par échelons, sous la protection de ses fusiliers mitrailleurs, dont la conduite est héroïque. Il dispute le terrain pied à pied jusqu'aux environs de Tramery, puis de Sarcy. Le 30 mai, il passe en arrière des troupes de la 28e D.I. et de la 19e D.I. anglaise.
"

Voilà donc dans quelles circonstances Roger Achard va subir ce combat.
Au soir du 30 mai 1918, les pertes s'élèvent à 1178 hommes et 32 officiers. Roger Achard fait partie des disparus aux combats de Serzy depuis le 28 mai précédent.

Et comme pour Fernand Auriau évoqué hier, une longue attente commence. La recherche établie au nom de Achard Roger ne donne rien dans un premier temps puisque Roger est le prénom usuel figurant .... en seconde position à l'état-civil.
Et pourtant les Allemands ont établi depuis le 8 juillet, puis le 15 juillet et enfin le 08 août 1918 une liste de prisonniers où est recensé Fridolin Achard du 413ème RI, Fridolin étant son premier prénom!.
Notre Roger Achard, retenu dans un premier temps à Hirson (02), est transféré depuis le depuis le 08 juillet 1918 au camp de prisonniers de Darnstadt, puis à Lansdorf à compter du 08 août 1918.
Il sera libéré le 02 janvier 1919, mais continuera son service "à l'intérieur" jusqu'au 16 août 1919.

Roger Achard reprendra ensuite sa vie d'ecclésiastique en étant entre autres durant de nombreuses années curé de Dissay (86) jusqu'à son décès en 1968.
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 29 mai 1918……

Joseph Depoys, mon grand-père, né en 1890 à Frontenay, dans une de ses dernières cartes postales à sa future, annonce un changement d'affectation de son régiment, le 346ème RI, qui stationne à Pfetterhouse (sud-Alsace) depuis plusieurs mois. Les événements le concernant vont le rendre prolifique en écriture pour quelques jours.

Ce 29 mai 1918, il envoie une carte postale à sa bien-aimée. Il écrit:

"Jeudi 29 mai 1918
Ma chère Marie,
Je suis un peu en retard pour t'écrire car tous ces jours-ci nous étions
en voyage, j'aurai* pu t'écrire en route mais cela n'avance en rien le courrier
si bien que j'ai attendu jusqu'à aujourd'hui et probablement il y aura encore du
retard de même que pour toi tes nouvelles vont mettre quelques jours pour venir me
trouver. Enfin nous voilà rendu* dans la Somme c'est ici le point souvent en
question il ne faut pas s'en faire pour ça on verra bien ce qui s'y passera.
Nous avons eu chaud ces jours-ci pour marcher aujourd'hui le temps est un peu
rafraîchi. Je termine pour aujourd'hui en t'embrassant de tout coeur.
celui qui ne t'oublie pas Joseph
"

Le grand-père Joseph, comme toujours soigne son orthographe, beaucoup moins la ponctuation.

Il se veut rassurant, mais la Somme est proche de l'Aisne où les combats font rage ce même jour et les journaux ne parlent que cette offensive allemande très difficile à contenir.
La future grand-mère ne doit pas être aussi rassurée que le voudrait bien son promis.

Mais le lendemain, elle va être surprise par une nouvelle carte de son petit ami Joseph...........
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 30 mai 1918……

Et ce 30 mai 1918, Joseph Depoys envoie une nouvelle carte à Marie Panier, sa petite amie. Il écrit:

"Guéret le 30 mai 1918,
Ma chère Marie,
je ne doute pas que je vais encore te surprendre aujourd'hui en voyant le lieu d'où je t'écrit*.

J'ai été évacué de nouveau pour mon bras qui ne fonctionne pas bien je suis arrivé ici hier au
soir je ne sais pas ce que l'on va faire de moi je n'ai pas encore passé la visite ici.

En tout cas, ne m'écrit* pas avant d'avoir reçu de nouveau
quelques lignes car il est probable que je ne resterai pas ici.

J'ai reçu ta carte datée du 19 courant avant de partir je ne peut*
que te remercier en lisant au recto de ta carte les mots si touchants.

Je t'en envoie de pareils en échange.
Reçois les plus doux baisers de celui qui t'aime. Joseph
Hopital* complémentaire n°3 salle 13 Guéret Creuse
"

Le grand-père Joseph souffre d'un traumatisme du coude gauche, attribué à une chute de cheval à Autreville (54) alors qu'il est au 25ème Régiment de Dragons, juste avant de passer au 146ème RI et d'aller combattre à Verdun, où il va être blessé au .......bras droit.
Deux documents que m'a transmis le SAMHA de Limoges indiquent que Joseph Depoys est allé au service de santé de Montbéliard les 9 et 13 mai précédents, ce qui explique sa carte du 9 mai venant de cette ville.
Joseph Depoys souffre d'une "ostéo-arthrite chronique du coude gauche vraisemblablement bacillaire" qui en 1919 aura pour conséquence une "atrophie de 3 cm du bras et de 4 cm de l'avant-bras gauches".
Sans oublier une tumeur blanche au genou gauche pour laquelle l'Armée le déclarera "invalide à 100%" à l'âge de 39 ans.
Joseph Depoys s'éloigne des fusils, mais souffrira dans sa chair durant toute sa vie........
regis 79
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Re: Frontenay sur Dive 14-18

Message par regis 79 »

Il y a cent ans, jour pour jour, le 31 mai 1918……...

Ce 31 mai 1918, Joseph Depoys, mon grand-père, envoie encore une carte postale à Marie Panier, sa petite amie. Il écrit:

"Guéret, le 31 mai 1918,
Ma chère Marie
Je pense rester ici quelques jours donc contrairement a* ce
que je t'ai dit hier tu pourras m'envoyer quelques lignes au
reçu de cette carte.
Rien a* ajouter aujourd'hui ici le secteur est calme, on peut
tenir il n'y a que toi qu me manques pour être heureux.
Bien le bonjour celui qui ne t'oublie pas. Joseph
Hopital* complémentaire n°3 salle 13 Guéret (Creuse)
"

La tension du front commence à retomber, le coup de cafard de Joseph Depoys arrive...
On peut le comprendre.
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