GASCONIER Vapeur belge

olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

GASCONIER Vapeur belge

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

GASCONIER

Vapeur belge de 2965 t construit en 1906 au chantier Irvine de Harbour Dock sous le nom de RIPON pour Furness Withy & Co de West Hartlepool
Longueur 99 m Largeur 14,3 m

1913 FRUITHANDEL Scheepvaart Mij Gylsen Anvers
1916 GASCONIER Lloyd Royal Belge SA Anvers

Voici ce navire sous le nom de RIPON, chargeant du charbon à Fowey (entre Falmouth et Plymouth).

Image

Naufrage du GASCONIER le 20 Août 1918

Traversée New York-Rotterdam avec un chargement de grain.
Capitaine Rodney GARTON. 37 ans

Article publié par un journal de Stavanger le 21 Août 1918

Le vapeur belge GASCONIER a été coulé hier à 2 milles de l’île d’Utsire. Un mécanicien qui se trouvait en bas a tout d’abord entendu une forte explosion sur tribord et a reçu l’ordre de stopper la machine ce qui a été fait immédiatement. Cinq minutes plus tard, un second coup a frappé le navire par le milieu. L’équipage a immédiatement sauté dans les embarcations et les deux ont été mises à la mer. Cependant, quand l’une des embarcations, portant 13 hommes, atteignit l’eau, trois autres coups furent tirés détruisant complètement le canot et précipitant tous les hommes à la mer. Six furent tués. Les survivants furent recueillis par l’autre canot, qui contint alors 19 hommes. Ils ont nagé vers la côte et ont été recueillis par un destroyer norvégien, le TROLL, qui les a déposés à Haugesund. Deux sont hospitalisés et les autres sont logés au foyer du marin.
Le capitaine dit que le navire a été coulé par un sous-marin et que l’explosion d’une mine est à exclure.

Communiqué de la station allemande de Nauen. 21 Août 1918

L’Amirauté Norvégienne annonce que le vapeur hollandais GASCONIER, transportant de la farine de New York à Rotterdam, sous service belge, a heurté une mine hier au large d’Utsire. En conséquence, ce navire n’a pas été torpillé sans avertissement par un sous-marin allemand comme annoncé dans un journal norvégien. Un patrouilleur norvégien a recueilli les membres survivants de l’équipage soit 19 hommes et les a débarqués à Haugesund. Six hommes ont péri tandis que le navire a pris feu et a coulé en 25 minutes.

Rapport de l’officier enquêteur d’Oslo (Captain LERCHE). 2 Septembre 1918

Cette affaire va être l’objet d’une enquête serrée. Le texte est assez long et voici un extrait assez intéressant des conclusions.

Avant d’étudier le cas actuel, précisons que tout au long de la côte de Norvège on trouve difficilement une ville ou un village de pêcheur qui n’ait perdu un ou plusieurs hommes dans des navires torpillés par les Allemands. La conséquence est que dans la population maritime les sentiments sont très hostiles aux Allemands et que la première impulsion est d’attribuer la perte à l’action d’un sous-marin.
Aussi, lorsqu’un incident se produit sur la côte de Norvège entre un navire de guerre des belligérants et un bâtiment marchand, les Autorités ont le devoir d’obtenir des preuves que l’incident a eu lieu hors des eaux territoriales. Le capitaine du navire, de son côté, cherche à prouver que l’incident a eu lieu dans les eaux territoriales, car dans ce cas aucun reproche ne peut lui être imputé.
Actuellement, les Autorités veillent tout particulièrement aux assertions prouvant que des sous-marins allemands fréquentent les eaux norvégiennes en contravention avec la loi du Royaume de Norvège.

GASCONIER a été coulé par des explosions à 12h50, à 3 milles à l’Ouest de Rövaer Island le 20 Août. Toute la population de Haugesund, et même le vice-consul, qui s’active beaucoup dans des domaines hors de son secteur, sont prêts à croire que le vapeur a été coulé par une torpille tirée d’un sous-marin allemand. C’était d’ailleurs ma première impression… Mais peu à peu, il m’est apparu évident que la perte était due à une mine plutôt qu’à une torpille. Le jour suivant, j’ai appris qu’un bateau de pêche à moteur avait trouvé à 5 milles de la position du naufrage du GASCONIER, et juste en bordure des eaux territoriales norvégiennes, une petite bouée à laquelle était fixé un fil de cuivre. Ils l’ont apporté aux autorités navales qui ont déclaré que c’était exactement l’antenne attachée aux mines américaines déjà trouvées par elles.

Le capitaine Garton déclare qu’il gouvernait au SW3/4S sur la pointe Sud de Utsire.

La première explosion a eu lieu à 11 milles de ce point et il est probable que la terre aperçue était la partie haute de l’île. D’un autre côté, le capitaine avait pris comme variation du compas 15° alors qu’elle était de 12,5 °. Le cap donné par le capitaine et le relèvement donné de Rovaer corrigé de la variation place le navire à ½ mille à l’intérieur des eaux norvégiennes.

Que l’explosion soit due à une torpille ou à une mine, ni sous-marin ni torpille n’ont été vus par aucun témoin et tous disent qu’il y a eu plus de deux explosions, jusqu’à 5, et qu’elles ne ressemblaient pas à celle d’une torpille ou d’une mine. L’embarcation n’a certainement pas été frappée par une torpille. Le canot et tous ses occupants auraient été pulvérisés et la torpille serait sûrement sortie de l’eau avant d’exploser. Le canot était alors à 5 m du navire et il apparaît que c’est une explosion sous le navire qui l’a endommagé.
Il est improbable qu’un sous-marin ait frappé à 5 reprises le navire par bâbord, à des intervalles de temps relativement longs, sans qu’il soit aperçu soit du navire, soit de Rovaer.

Je suis donc persuadé, devant ces évidences, que GASCONNIER est entré dans un champ de mines, juste en dehors des eaux norvégiennes, zone que nous avions déclarée dangereuse, et qu’il a heurté ces mines. Ces mines, soit en raison de la profondeur à laquelle elles sont mouillées, soit à cause de leurs charges moins puissantes que de coutume, ne produisent pas l’effet habituel de choc et de destruction.

Rapport du capitaine (extrait) présenté devant la cour de Haugesund le 14 Septembre 1918

Ce long rapport reprend le déroulement des faits résumé ci-dessus avec les précisions suivantes :
Le capitaine et le 2e lieutenant étaient sur la passerelle.
Le capitaine était en train de prendre le relèvement du phare de Rovaer quand la première explosion s’est produite. Il a compté 5 explosions dans les 10 minutes qui ont suivi, plus fortes d’ailleurs que la première explosion qui n’avait pas été très violente.
Le capitaine, le 2e officier et 10 hommes ont pris place dans le canot tribord. Le restant dans le canot bâbord. Le canot bâbord ayant été détruit, le canot du capitaine a recueilli 7 survivants.
Le capitaine précise qu’il était inutile d’avoir un homme de veille sur le gaillard car la veille depuis la passerelle, qui est plus haute, est bien meilleure.

Conclusion

Il est admis que GASCONIER a été coulé par des mines américaines dans un champ de mines situé à la limite des eaux territoriales norvégiennes.

On peut d’ailleurs remarquer que les navires de commerce allant de New York à Rotterdam faisaient un large détour par le Nord de l’Ecosse, puis le long des côtes de Norvège, pour atteindre leur destination finale.

On note aussi que les Allemands avaient un bon service de renseignements en Norvège puisque la station de Nauen répond le jour même de sa parution à l’article du journal de Stavanger, en donnant des informations relativement précises sur le sauvetage des naufragés.

Cdlt
olivier
Répondre

Revenir à « Navires et équipages »