Le deuxième jour, à la nuit, par un clair de lune splendide nous partîmes en ligne sans savoir où nous allions, un homme de liaison devant nous mener à notre nouveau poste. Les hommes, dans de pareils cas, sont vraiment des moutons, ils marchent automatiquement et la route paraît longue quand on n'en connait pas la fin ; heureux lorsque l'on ne fait pas ce qui nous est arrivé une fois vers la fin 1914 : marcher pendant deux heures pour se retrouver au même point, nous avions fait le tour d'un village! C'était notre brave Rosalie, alias Colliou, qui avait fait ce beau coup, il a entendu quelque chose ce jour-là.
Notre poste était sur la rive de l'Yser, nous avions Dixmude en face de nous vers notre droite, ce n'était plus que des ruines.

Emplacement du poste dit "pétrolifère"
Nous avions une pièce sur le bord de l'Yser, sur la jetée, face à l'autre rive, et une autre au milieu de la jetée, la prenant en enfilade. C'était l'extrême limite fu front allié dans ce coin-là, car après c'était l'inondation. Les tranchées se trouvant en contrebas, à notre gauche, étaient tenues par les Belges, nous distinguions très bien, la nuit, avec le clair de lune qu'il faisait, les guetteurs belges dans leurs postes avancés.

crédit Annie