obus ceinture en plomb

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TURPINITE
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Re: obus ceinture en plomb

Message par TURPINITE »

Bonsoir à tous, bonsoir Xavier,

Tout d'abord, pour bien comprendre l'utilisation des ceintures de forcement, l'utilisation du plomb, du zinc et du cuivre pour celles-ci, il faut remonter à l'origine de l'artillerie rayée et avant elle, à l'apparition des rayures dans une arme.

La rayure a été tout d'abord utilisée dans les armes portatives et cela de très bonne heure.

Dès 1480, un armurier de Vienne, Gaspard Züllner, pratique des rayures rectilignes pour loger les crasses de la poudre.

Vers 1500, un artisan de Nuremberg, Köller, utilise des rayures en spirale. le chergement se fait bien entendu par la bouche,
ce qui exige que l'on fasse pénétrer la balle de force, à l'aide d'une baguette et d'un maillet.
On constate que ces armes réalisent un gain de portée et surtout une amélioration très nette de la précision du tir.
Pendant plus de deux siècles, aucune explication n'est donné de ces faits.

Vers 1750, le physicien anglais Robins essaye de justifier l'amélioration en question par la rotation du projectile, qui rend l'action de la résistance de l'air symétrique, quelles que soient les déformations subies lors du chargement ou du départ du coup.
Le mathématicien Euler ne tarde pas d'ailleurs à démontrer mathématiquement que cette explication est sans valeur mais, ne pouvant en proposer une autre, il conclut que la rayure est sans intérêt ! ben voyons !
Malgré cela, les essais empiriques se poursuivent en cherchant surtout à éliminer la difficulté du chargement par la bouche avec une arme rayée.
Différents procédés sont imaginés, pour cela. Tout d'abord les carabines Delvigne en 1826 à chambre rétrécie et Thouvenin à tige, permettent, en faisant reposer la balle sur une butée à sa position de chargement, de ne réaliser leforcement avec la baguette qu'à cette position.

En 1833, le géomètre Poisson préconise pour la première fois l'emploi de balles allongées. Des essais sont faits, mais lepas des rayures étant mal choisi, l'expérience est peu concluante.
Vers 1840, Minié propose, pour éviter l'aplatissement de la balle, d'utiliser un projectile ogivé forcé avec une baguette à tête creuse, à la demande de l'ogive finale.
Essayée dans la carabine Thouvenin, la balle Minié triple laportée et donne une précision tout à fait remarquable.
Pour la première fois se trouvent heureusement associés les deux procédés inséparables : la rayure et le projectile oblong.
Mais en l'absence de toute théorie rationnelle sur le mouvement gyroscopique, Le capitaine Tamisier, attribue les résultats obtenus à la présence, vers le culot de la balle Minié, d'une rainure qu'il pense agir comme un empennage pour stabiliser le projectile.

Après de multiples expériences, ilmet au point une balle à cannelures, un peu meilleure que la balle Minié,mais sans se rendre compte de l'influence de l'allongement combiné à l'emploi de la rayure.

En 1857, Minié fait adopter une balle à cannelures et à culot expansif.
Cette dernière disposition permet de réaliser le forcement automatique sous l'action des gaz. Elle n'a pu être réalisée qu'en allongeant la balle, qui atteind environ deux calibres.
Les résultats sont remarquables, et, au grand étonnement des expérimentateurs, subsistent même en suppirmant les cannelures !
L'explication n'est toujours pas trouvée, mais après d'interminables tâtonnements empiriques, lasolution féconde et tout de même mise au point.
Le gain de portée et de précision est tel que l'on pense tout naturellement à réaliser les mêmes avantages dans les canons, mais avec un projectile en fonte, ilne peut être question, ni de forcement par écrasement à la baguette, ni de culot expansif.
Il faut malgré tout retenir qu'un essai fut fait avec un projectile en deux parties réunies par une collerette de plomb. Au départ, la poussée sur le culot fait gonfler la collerette qui prend les rayures.

Dès 1845, l'italien Cavalli a réalisé un canon rayé tirant un projectile à ailettes. C'est le début de l'artillerie rayée.
Bien que l'obturation ne soit pas réalisée, les résultats sont remarquables.
En France, le capitaine Tamisier obtient, non sans mal, l'autorisation de faire des essais qui aboutissent seulement en 1850, mais démontrent que l'adoption de la rayure doit permettre de réaliser, à poids égal, une très importante augmentation de puissance du matériel.

Napoléon III charge alors le capitaine de la Hitte d'utiliser les résultats obtenus par Tamisier pour réaliser un matériel de campagne aussi puissant que le canon obusier de 12 (compte tenu de laportée et du poids du projectile) mais plus mobile, c'est-à-dire plus léger.

Ce sera le canon de 4 rayé de campagne Mle 1858, système de la Hitte.
Le projectile oblong, mesurant environ 2 calibres de longueur, pèse à calibre égal sensiblement le double du projectile sphérique. Le projectile du canon de 4 pèse 4 kg.

A partir de ce matériel, toutes les désignations de calibre se feront de cette façon, en kilos et non plus en livres.
Comme la portée est plus grande, la puissance du matériel est au moins égale à celle du canon obusier de 12 livres, mais la réduction du calibre a permis une amélioration très nette de lamobilité; le programme fixé est bien rempli.
Le projectile oblong est muni latéralement de deux couronnes de tenons en zinc destinés à prendre les rayures.
Pour tirer ce type de projectile, il fallait impérativement trouver une solution pour éviter le battement du projectile dans l'âme, c'est pour cela que sont apparut les tenons.

Avec l'adoption de nouvelles poudres, on du penser au remplacement des tenons qui n'offraient pas une fermeture correcte. De plus, l'obus en fonte occasionnait des usures rapides des bouches à feu en bronze.
Ce n'est qu'à partir de 1871 qu'un programme fut établi, comportant la réalisation d'un canon de campagne au calibre de 75 mm. C'est également à cette date qu'est décidé de désigner les matériels par leur calibre en millimètres.

Les ceintures de plomb remplacèrent donc les tenons, mais là encore, on s'aperçut très rapidement de l'usure prématurée de celle-ci, de leur détérioration rapide, etc.

Le programme prévoyait donc le remplacement des chemises et ceintures de plomb, par des ceintures de forcement en cuivre.

C'est avec le système Lahitolle que la ceinture de forcement en cuivre va apparaître, avec en 1875, le premier canon français en acier et un projectile à ceinture de cuivre.
Le canon de 95 mm Mle 1875

Voilà donc toute l'histoire de la ceinture de forcement, et l'emploi de matériaux comme le plomb ou le zinc, ce n'était en fait que les suites de recherches pour améliorer la trajectoire du projectile, la portée et la précision.
On se devait de rechercher un métal tendre, n'ayant aucune incidence sur la bouche à feu en bronze, et à cette époque, le plomb et le zinc s'y prêtaient parfaitement, du moins le pensait on !

Amicalement
Florian
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Xavier_76
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Re: obus ceinture en plomb

Message par Xavier_76 »

Un grand merci Florian pour ces informations ultra précises. C'est vraiment impressionnant l'évolution de l'artillerie entre 1860 et 1875.

A bientôt

Xavier
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TURPINITE
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Re: obus ceinture en plomb

Message par TURPINITE »

Bonsoir,

Et ce n'est qu'une infime partie de l'évolution de l'artillerie et de ses munitions.

Le pourquoi de l'écriture d'un glossaire sur le sujet, afin de dépoussiérer un peu !

j'oubliais, pour avoir une idée des tenons, chemises et ceintures, va sur ce lien et descend dans les pages :

pages1418/Pages-d-Histoire-Artillerie/f ... _622_1.htm

Amicalement

Florian
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Xavier_76
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Re: obus ceinture en plomb

Message par Xavier_76 »

Merci beaucoup pour ce lien, lui aussi super intéressant

Xavier
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cawete
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Re: obus ceinture en plomb

Message par cawete »

Bonjour

Merci beaucoup Florian --- j'ai encore appris beaucoup grâce à toi

José
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