Re: Danse

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Inouk44
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Re: Danse

Message par Inouk44 »

Contexte de la guerre

Les lieux où danser.


Sur le front

- En 1ère ligne.
A la suite de l'étude des documents qu'il nous a été possible de consulter (films, photographies, dessins, récits, cartes postales,...) il apparaît que dans les tranchées, il n'était matériellement pas possible de danser. (Manque de place, équipement militaire, stress, angoisse, bombardements, surveillance des lignes ennemies, tour de garde, ...) sauf à entamer, ce que Roland Dorgelès appelle dans son livre "Les croix de bois", une danse de l'ours qui consiste en un piétinement sur place pour se réchauffer. Seuls la voix ou des instruments peu encombrants peuvent être utilisés (harmonica, ocarina, flûte, mirliton) pour l'accompagnement (une page leur est consacrée ).
  • Sur l'ensemble des documents mis à disposition, aucun ne montre de représentation dansées dans ces conditions, mise à part celui-ci:
il s'agit d'un dessin représentant un spahis marocain effectuant une danse de guerre.
Image
-" A la bataille de l'Yser, Mohamed Ali, qui dans un engagement précédent n'avait pas eu l'occasion de tuer un seul ennemi, faute d'avoir pu les approcher, se trouva fort humilié. Aussi quand son escadron arriva sur l'Yser, s'avança-t-il immédiatement au-delà des tranchées jusqu'à l'entrée d'un château. Il s'embusqua dans un massif, attendant avec une patience toute orientale qu'un allemand se présenta à la distance voulue. Le premier qui parut, fut abattu. Accourus à la rescousse, deux de ses pareils subirent le même sort. Après quoi Mohamed ben Ali courut vers sa tranchée. Littéralement fou de joie, il exécuta avant d'y descendre, une danse frénétique ponctuée de défis homériques à l'adresse de l'ennemi qui enveloppa ce brave d'une salve de projectiles. Mohamed ben Ali dansait toujours. Aucune balle ne l'atteignit. Il descendit lentement, lorsqu'il eut fini cette fantasia héroïque, dans la tranchée parmi ses camarades. Aux gronderies cordiales de son lieutenant, le Spahi répondit:
-" Mohamed ben Ali ne craint pas les Allemands, ni aujourd'hui, ni demain!"
Extrait d'un article de l'hebdomadaire des tranchées "Les trois couleurs" N° 4 du 31/12/1914 - Épisodes, contes et récits de la grande guerre.

  • Dans "Les mémoires d'un poilu breton" - Editions Ouest-France-Imprimerie Floch à Mayenne avril 2009 - Ambroise Harel nous décrit, page 98, son 14 juillet 1915:
"Le 14 juillet arriva et, comme l'année précédente, me trouva dans la Somme. Bien qu'étant dans la zone dangereuse, nous organisâmes, pour marquer le fête, de nombreux jeux, concours de chants et un bal avec un piano automatique dans la salle d'une maison abandonnée. Presque tous les amateurs étaient déguisés (...)
Dans la soirée, les boches firent concert à leur tour avec des marmites de 210, nous obligeant à fuir, pour leur faire de la place, dans des boyaux protecteurs en dehors de la ville. Après cette séance, nous revînmes et l'animation reparut, mais moins brillante à cause de la nuit qui tombait. Deux obus étaient venus choir devant mon cantonnement."


  • Dans ses "Souvenirs de guerre 1914-1918" d'Edouard Legros recueillis par Gaston de Zélicourt, voici les faits qu'il nous conte dans un chapitre intitulé "la bourrée":
Au poste d'écoute, à 20 mètres des Allemands.
Un jour, on avait eu du vin remboursable.
Parmi nous, il y avait un morvandiau. le plus curieux c'est que ses parents avaient une ferme qui s'appelait la ferme des Allemands. Ce morvandiau avait un harmonica. Il a dit : "Legros, je vais te faire danser la bourrée".
Et on s'est pris à danser la bourrée ; ça faisait un foin ; je chantais à tue-tête ; on ne songeait même pas qu'on était en danger.
L'adjudant qui arriva sur ces entre-faits fut stupéfait de nous voir dans cet état, à quelques pas des Allemands. Il nous cria : "Vous êtes fous, vous allez vous faire zigouiller!".
Je lui ai dit : "Mon adjudant, vous n'avez qu'à danser avec nous".
Il a répondu : "C'est pas le moment ; vous n'avez qu'à vous tenir tranquilles". Mais non, il n'y a rien eu à faire.
Et les Allemands ne nous ont pas tiré dessus, parce que, quand eux faisaient la bringue, on les laissait tranquilles aussi.
N'empêche qu'après coup, l'adjudant nous a passé un savon.
Sources: Archives départementales du Cher
Texte intégral à lire sur http://www.archives18.fr/arkotheque/cli ... os_doc.pdf

  • Dans le carnet de notes d'Eugène MARTIN, brancardier au 16ème Régiment d’Artillerie, 21ème batterie, voici l’anecdote qu'il nous conte à la journée du 18 janvier 1915.
"18 janvier (1915)

Rien à signaler.

Calme inaccoutumé : le soir, sur les 8 heures nous sommes réunis en grande partie dans notre cuisine et sur l’initiative d’un de nos camarades nous allons faire bal (Pour imiter les Boches qui dansent tous les soirs à Nouvron paraît il)

D’abord quelques bourrées par le Gros et d’autres auvergnats et peu à peu le goût de la danse prend tout le monde même les moins entraînés.

Polkas, valses même le pas des patineurs sont dansés, et comme musique on siffle où on chante.

A 9h nous montons pour nous coucher, mais ce vent de folie a gagné l’étage supérieur et en haut on danse aussi. Nous nous mettons encore aussi de la partie. Et ici un incident comique. Nous en sommes à une mazurka. Le Gros placé à l’embrasure de la porte chante un tra-la-la-la sur l’air de la Mousmé en battant la mesure avec sa grosse pipe.

Et les danseurs tournent au milieu des rangées de paille. Tout à coup le lieutenant POISSARD (?) commandant l’échelon apparaît ; les danseurs s’esquivent en un clin d’œil et vont sous leurs couvertures se transformer en vrais dormeurs tandis que le Gros qui lui tournait le dos continue toujours sa Mousmé : « Attendez, crie le lieutenant, je vais vous en passer des tra-la-la-la » et il nous fait un joli sermon.

Et en se retirant on l’entendait qui disait au brigadier qui l’éclairait « Quel est dont celui qui entraîne si bien à la danse … Martin. Eh bien vous lui direz qu’il aura 8 jours de prison. Il n’en sera rien car nous avons un bon lieutenant.

Ce petit incident suffit à nous amuser un bon moment, nous rions. Et cela fait passer pour un instant l’ennui et le chagrin qui parfois nous gagnent."
Commentaire: Ce texte est particulièrement intéressant, car il décrit de façon précise dans quelles conditions le bal est réalisé, le lieu et l'heure sont précisés, quel est l'accompagnement utilisé, et quelles danses sont pratiquées. Dans cet extrait, on voit encore une fois que les supérieurs ne voient pas toujours d'un bon œil ces distractions même si les menaces de punitions ne sont pas mises à exécution. Il nous explique aussi une des raisons pour lesquelles les soldats dansent. Curieusement, dans cet extrait, un certain Le Gros danse la bourrée et se fait lui aussi attraper par un supérieur. S'agirait-il du même personnage?
L'air de la Mousmé évoqué ici et chanté par Le Gros est peut être celui-ci ou celui-là.
Merci à Jacqueline ACTIS qui a bien voulu autoriser la parution de cet extrait.






:hello: Si vous avez d'autres témoignages, je suis preneur!



- en retrait, en seconde ou troisième ligne.
Ici, en revanche, les soldats sont moins exposés et hors de portée du feu de l'ennemi. Des documents photographiques et des récits existent. La danse a pour but essentiellement de se distraire, d'oublier un peu les combats. Ces danses se déroulent en plein air ou parfois dans des bars situés derrière la ligne de front quand un arrêté municipal ne les a pas interdits.
Extrait d'un article intitulé : "Villages du front" du journal belge "Fantasio" daté du 01 juillet 1916.
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"A six heures tapant, heure sacramentelle de l'ouverture des cafés le soir, une cohue de prottes fait irruption dans la salle! On pousse les tables dans un coin, les chaises dans l'autre. Un musicien avec un accordéon tellement poisseux qu'il semble sortir d'une friture, se juche sur un escabeau! Puis pendant deux heures pleines avec une grande fougue, il égrène toutes les perles de son répertoire. La musique boche y prime : "Veuve joyeuse" et autres viennoiseries! Do-do-mi-sol-do. Et les prottes s'enlacent avec des gaucheries cocasses et tournent et polkent et valsent! A part une matrone mafflue qui préside au comptoir, aucune femme ne participe à ces séances de Callisthème! C'est que tudieu! elles ont mieux à faire! La danse, le flirt, l'amour! Bagatelles que tout ça! Au front les femmes sont sérieuses, actives, économes, âpres au gain comme de vieux Grecs!
Les braves poilus dansent donc entre eux. Ils tournent parmi la fumée opaque des pipes. Par moments leurs pieds glissent sur les petites mares qui étoilent le plancher boueux. Entre deux valses ils s'arrosent le gosier de multiples rasades tout en échangeant des vues très personnelles sur la situation ou sur les "faits divers" du cantonnement!
Do-mi-sol-do! la sarabande reprend! Ils tournent, tournent, tournent.
le poilu, de temps à autre, ferme les yeux, se laisse conduire par le rythme berceur de la valse et croit enlacer sa payse qui l'attend là-bas par dela l'Yser dans un beau pays!"
L.Somerhans - Armée belge en campagne

Source : Gallica/ Bnf http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... f4.highres

Commentaire: Ce texte est très riche en détails sur l'heure, le lieu, l'organisation, les danses, l'accompagnement, le déroulé du bal...

  • Dans ses carnets, Paul Duchatelle (1885-1917) sergent puis sous-lieuteneant au 303ème régiment d'infanterie, 21ème compagnie note ceci:
"13 mai 1915 - Watronville
Jour de l'Ascension.
Très beau et chaud soleil. Je vais à la messe.
Calme complet, pas un coup de canon. Lebrun est plus que gai et me rappelle les souvenirs d'Auvours dont voici déjà une année de passée. Il organise un petit bal que les gendarmes font cesser car il est 9 heures du soir.
Nuit sombre, les projecteurs des forts fouillent l'horizon."
Commentaire: Malheureusement pas de description du bal (lieu, instruments, participants,...)




- en cantonnement.
Les troupes campent en pleine nature. Elles y restent de façon transitoire plus ou moins longtemps. Un grand nombre de documents (films et photographies) y montrent des soldats en train de danser pour se distraire et pour passer le temps.
"Vitry le François. Tout près de cette ville, dans le coquet village de Saint-Amand, nous vivons heureux, parmi des habitants très accueillants. Nous y fêtons le 14 juillet.
Toute la division est passée en revue par le général Gratier. Elle défile magnifiquement. Les cantonnements ont été décorés de drapeaux et de guirlandes. Des prix sont donnés par le colonel à ceux qui ont fait preuve du meilleur goût. L'après-midi, une séance récréative est offerte aux habitants et aux poilus ; et, le soir, on danse au son de la musique militaire."
Sources : Historique du 98e régiment d'infanterie
http://www.dumoul.fr/mili/14-18/regimen ... hp#en_haut

-Un dessin humoristique de Pavis paru dans le journal "La baïonnette" n°132 du 10janvier 1918 et intitulé "Un bal au cantonnement".
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  • Quelques exemples de photographies.
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- lors de déplacement de troupes.
Les déplacements en train sont souvent très longs, plusieurs correspondances évoquent des voyage de plus de 50 heures. Les haltes sont l'occasion de se dégourdir les jambes.

-Soldats autrichiens en transit.
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- France - Un témoignage très émouvant, décrivant une danse "furtive" dans la salle d'attente d'une gare, à l'occasion de la halte d'un train emmenant les soldats au front.
- "Ce soir au train de 10h11, un poilu qui avait un accordéon organisa un bal dans la salle de la buvette, transformée depuis longtemps en salle d'attente.
On invita les demoiselles qui se trouvaient sur le quai, et on dansa ferme pendant les 3 minutes d'arrêt du train.
Personne ne disait rien; le silence était presque absolu et l'on n'entendait que l'instrument et le pas des danseurs.
A trois reprises, un employé vint siffler à la porte en disant que le train allait partir. Enfin les poilus consentirent à y prendre place au cri de "Vive la Révolution!".
Extrait de :"Les saisons de l'âme - le printemps - le bal : 28è carnet de Raymond Rollinat - 17 juin 1917."

  • Une scène du film italien réalisé par Mario MONICELLI en 1959, "la Grande Guerre" évoque ce type de situation. Vous pouvez la visionner ici
Déplacements à pied:
- Un autre témoignage un peu moins précis.
"Nous passons à la gare régulatrice de Bologne, d'où nous sommes dirigés sur Blesmes-Haussignémont, dans la Marne.C'est là que nous descendons du train, à six heures du soir, le 7 septembre, après cinquante-quatre heures de voyage, environ.
De là, nous filons à pied pour Vavray-le-Petit, à vingt kilomètres de là, lieu de stationnement momentané du dépôt divisionnaire de la 165e division. Nous y arrivons à vingt-trois heures, amusés pendant les pauses par les chants et les danses des Martiniquais qui sont avec nous."
Source: "Le journal de route d'un engagé volontaire" -Carnet de bord de la première guerre mondiale d'André Cambounet du 26 janvier 1916 (engagement) à l'armistice => http://www.muad.com/andre/andrelire.php ... =3&page=18



Déplacements en bateau:
Un endroit inattendu est apparu au cours de cette enquête. Il s'agit des ponts des bateaux. Occasionnellement, les marins organisent des bals où ils dansent entre eux.
  • Marins de la Royal Navy dansant sur le pont du croiseur léger HMS Concord.
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Source: Imperial War Museums


- Sur le film suivant, muet de 0'45", intitulé "United States soldiers and sailors ride a boat, dance and talk with Mr Solly Joel at Maidenhead" produit par les studios Gaumont, on peut voir la danse de marins et de soldats US, filmée en 1918 en Angleterre, sur un bateau, sur ce qui semble être un fleuve : https://www.youtube.com/watch?v=HU-EdiizlHM
"Les soldats US et les marins sur le départ, durant la première guerre mondiale, sont encouragés par Mr Solomon (Solly) Barnato Joel à Maidenhead, en Angleterre. Soldats US et marins US sont sur un bateau de croisière. Ils dansent par deux et discutent avec M. Joel. Soldats et marins sur le bateau posent en groupe et applaudissent.

Merci à I.M Louis Jean qui m'a signalé ce film.


Voir l'article entièrement consacré aux danses des marins.


- au casernement.
Les soldats y apprennent les rudiments du "métier" (Maniement des armes, marche au pas, vie militaire, ...). Un certain nombre de documents (films et photographies) y montrent des soldats en train de danser. Il s'agit parfois de spectacles organisés pour le plus grand nombre. Les visées sont parfois à but de propagande, pour montrer les conditions de vie dans les casernes et rassurer les civils.
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Extraites des Albums Valois: Camp d'entraînement de Champlieu (près de Compiègne (60)) - Séance récréative à l'occasion du 14 juillet 1917. Couple de danseurs dont l'un est travesti en femme. La danse exécutée semble être un tango.

Merci à Marpie qui m'a signalé ce document.



- dans les camps de prisonniers.
Là encore nous avons un grand nombre de documents (films et photographies) montrant des soldats en train de danser. Ici encore, les visées sont à but de propagande, mais les documents s'adressent autant aux populations civiles qu'aux journalistes et publics étrangers. Le but est de montrer que les prisonniers sont bien traités, qu'il jouissent d'un relatif confort et d'une certaine liberté. N'oublions pas que "danser" est une une forme d'expression de sa culture nationale.

-Prisonniers russes qui dansent.
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A voir ici : =>http://www.europeana1914-1918.eu/fr/eur ... rettyPhoto
Le passage montrant les soldats russes qui dansent se situe à 13' 10" du film.
Source : Film Archiv Austria

-Prisonniers musulmans au camp de Wünsdorf près de Berlin.
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Copyright: Museum Eüropaischer Kunsten - Staatslichemuseum zu Berlin - Otto Stiehl

Commentaire: On remarque sur cette photo, des prisonniers de différentes nationalités. Ce camp contenait des prisonniers musulmans de différentes armées. C'est dans ce camp que sera construite la première mosquée d'Allemagne.
Cette photo est extraite d'un documentaire allemand de Behrang Samsami et Martin Donath de 2014. Durée 6'32" intitulé "Allahs vergessene Krieger" (Les guerriers oubliés d'Allah) constitué d'images d'époque sur la vie dans ce camp. A 3'20" du film, on voit quelques prisonniers (sikhs?) qui dansent.



- Prisonniers français au camp de Wurzburg - 21 janvier 1917
Dans la revue "L'intermède" n°37 éditée par les prisonniers français du camp en date du 21 janvier 1917, on peut lire dans un article intitulé "Souvenir sombre" :
"Aujourd"hui, le pauvre fou est mort et le Revier - abréviation de l'allemand Krankenrevier, le quartier des malades dans un bâtiment militaire - est tout au bout du camp. Son ancienne baraque abrite la sixième compagnie. On y parle un français sonore, coloré des compatriotes du midi, des Corses gais, loquaces, vifs, et noirs y causent dans leur patois aux inflexions rauques et douces. Presque chaque soir, quand la soupe est mangée, nos amis s'assemblent. Une voix tremblante, plaintive, une voix qui semble devoir sangloter en complainte surannée l'air le plus vif, la voix d'un accordéon se fait entendre. Sous les doigts de l'artiste habile, le fruste instrument s'anime et dit un air simple, aérien, un air dont les notes grêles semblent s'espacer pour mieux s'accrocher aux rameaux des buissons et aux herbes folles du maquis. Par couples aux gestes vifs, aux esprits joyeux, on danse, on danse....
Et n'est-ce pas notre part, danser sur nos souffrances, par dessus les tombes?
Je vois toujours, menant la ronde, la grande ombre du fou extatique, visionnaire, brandissant sa baguette à contre-temps de la cadence gaie: un mécanisme humain, cassé par la réalité brute.
Article signé Claude.

Source Bnf/ Gallica




- dans les hôpitaux et les maisons de convalescence.
Dans les hôpitaux et maisons de convalescence, un élément majeur apparaît dans la danse: la présence de personnels féminins! Les représentations de danses trouvées dans les documents, font apparaître quelques femmes dansant avec les malades ou les blessés ( dans la mesure de leurs possibilité). Il s'agit de danses récréatives ou de fêtes organisées pour différentes circonstances.
  • Ici la danse des aveugles.
Image
Copyright: Cinéma Pathé British Source http://www.britishpathe.com/workspaces/ ... collection puis effectuer une recherche avec "dance" et réduire les curseurs sur la période 1914-1918.
Le film se nomme "A Day With Blinded Soldiers At St. Dunstan's (1914-1918)" (une journée avec les soldats aveugles à St Dunstan)
  • Une séquence intitulée "Le violoniste aveugle" montre une scène similaire dans ce film 35 mm en anglais intitulé: "TOPICAL BUDGET 248-2 [Main Title]" produit le 27 mai 1916.
http://www.iwm.org.uk/collections/item/ ... ropeanaapi
© IWM (NTB 248-2)

  • Un article paru dans "La revue de Paris" bi-hebdomadaire du 15 novembre 1918, évoque le passage de Jim, un soldat australien blessé aux yeux, à l’hôpital de Saint-Dustan. Il précise l'adresse: "Horseferry Road, London (Westminster)". Dans cet article où il est accompagné de Joan, une nurse qu'il nomme "Matron", il précise notamment, les danses qui sont pratiquées lors de ces bals:
    "Deux choses frappèrent Joan dès qu'elle entra dans la salle: l'éclairage sombre de cette salle de bal, et la gaîté des danseurs. Ceux qui ne dansaient pas causaient avec les jeunes femmes venues pour les distraire. (...) Les couples tourbillonnaient sans se bousculer plus que dans une salle de bal ordinaire; les danseurs accompagnaient l'orchestre en sifflant ou en chantant lorsque la valse était une de celles qu'ils préféraient. Des cris de joie et des "encore" saluaient les dernières mesures de chaque danse , et la "scottish" se terminait toujours au milieu de cris sauvages que poussaient les Écossais présents.(...) Ils traversèrent la salle dès que les danseurs eurent applaudi le "Fox-trot" qui avait toujours le plus grand succès. "
    Source Bnf/ Gallica
  • A cette époque, Deauville est un lieu de repos des troupes Anglaises et Écossaises. Un témoignage étonnant nous est fourni par Georges-Michel Michel dans son livre intitulé "L'époque Tango tome 2, le Bonnet Rose, La vie mondaine pendant la guerre" - 1920 :
    "On danse pourtant le tango à Deauville. Mais il faut se lever à cinq heures du matin pour voir cela, en plein air, en plein jour, sur la plage. A cette heure matinale, tout le camp anglais, qui vit sur la colline, descend en costumes de highlanciers sur le sable et prend son quotidien bain de mer. La plupart sont des convalescents. Et pour « la réaction », au lieu de boire l’apéritif, ils dansent, entre eux. Et ils dansent quoi? horror ingens [comble de l’horreur] : le tango, le subversif tango joué par le bag-piper de la compagnie. Ah ! sur cette plage normande, dans le petit matin, cet air argentin beuglé par un instrument d’Écosse, devant cinquante couples masculins en peignoirs, ou une serviette jetée sur les épaules... Un pas en avant, deux pas en arrière... C'est le tango, tango de guerre, tango triste, malgré les jeunes figures rieuses de toutes leurs longues dents britanniques !..."

A l'arrière.

- dans les salles de bal.
Dans certaines communes autorisant encore les bals publics (voir le post : => "Interdit de danser?" ) ou en famille.
Ailleurs, certains établissement passent outre ces interdictions et organisent des bals clandestins ou furtifs.



- lors de fêtes officielles.
Des représentations de danse ont été organisées lors de représentations officielle données souvent au profit des victimes de la guerre (Blessés de guerre, orphelinats, veuves de guerre, réfugiés,...).
  • - Paris - Fête à l'Hôpital de l’Écosse - rue de la chaise - le 10 juillet 1916
Image
Photographie parue dans le journal "Excelsior" du mardi 11 juillet 1916.
© Piston / Excelsior – L'Equipe / Roger-Viollet





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Dernière modification par Inouk44 le mer. févr. 28, 2018 4:38 pm, modifié 2 fois.
C'est agréable d'être important. C'est important d'être agréable.
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extraterrestre
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Re: Danse

Message par extraterrestre »

Interdiction de danser?


La rareté des documents concernant la danse, tout du moins en France, amène à se demander s'il était interdit de danser durant cette période?
A cette question on peut répondre oui...et non.

• En octobre 1913, toutes les collectivités reçoivent des instructions concernant les pouvoirs militaires en France en cas de guerre appelé aussi « état de siège ». Ces pouvoirs se réfèrent à la loi du 9 août 1849 et ils sont de toutes natures. La censure y est explicitement indiquée et l’autorité militaire peut « interdire les publications et réunions jugées de nature à exciter ou à entretenir le désordre (art.2 – 4°)». La mise en état de siège est déclarée le 2 août 1914.
« Art.24 : ?…? Par le terme de publication il faut entendre tous les procédés?…? tel que la presse, les livres et les brochures, les affiches et les placards, la distribution d’imprimés. L’autorité militaire a donc le droit de supprimer les journaux qui seraient dangereux pour le maintien de l’ordre et de la discipline. »
Les instructions sont aussi très claires vis à vis des spectacles :
« Art.23 : Les salles de spectacle et de débit (hôtels, auberges, cafés) resteront, en principe, ouvertes, sous la réserve qu’elles pourront être fermées par simple décision de l’autorité militaire. Aucune représentation, de quelque nature qu’elle soit, ne pourra être donnée sans que le programme ait été approuvé par l’autorité militaire. »

• Il n'y a pas eu de décret de loi interdisant la danse, les bals et les réjouissances en général, comme cela a pu être le cas durant la seconde guerre mondiale, où l'envahisseur a fait interdire cette pratique jugée dangereuse pour le maintien de l'ordre public.
Une réunion de danse est à la fois la manifestation d'une expression du caractère régional - voire national d'une population et part là, un acte de résistance à la culture de l'envahisseur.
C'est aussi un lieu où il est facile à des personnes désireuses de créer des réseaux secrets, de se rassembler et de faire passer discrètement des informations, voire des armes légères.

• En revanche, la bienséance et la compassion à l'égard des familles touchées par le deuil, ont imposé - de facto - une auto-censure de la population vis à vis ce ce genre de manifestations. Il a donc existé d'une part une loi "tacite" qui stipulait que les femmes dont le mari était parti au front, s'interdisait de danser en leur absence, l'époux faisant la même promesse de son côté et d'autre part un article de loi stipulant que certaines manifestations publiques pouvaient être interdites.

Ainsi trouve-t-on la remarque suivante du lieutenant Frederick Morse Cutler, aumônier du 55ème Régiment d’artillerie américain en poste à Aubière (05) d'avril à juin 1918 dans un livre paru aux US en 1920.
..."Pour marquer une exception à la loi en vigueur, le maire permet aux officiers et aux marraines, à la fin des cérémonies du baptême [il s'agit du baptême de canons américains] , une danse non autorisée.C’est parce que les femmes françaises refusent leur passe-temps favori comme une expression de leur patriotisme pendant les années terribles de la guerre ; et seul le départ proche de leurs amis américains a justifié une suspension de cette règle."...

Source: http://cghaubiere.blogspot.fr/2014/01/1 ... ere05.html - Chapitre intitulé "« Une cérémonie franco-américaine à Aubière : le baptême des canons ». §12


Ici, le narrateur fait allusion aussi à une loi en vigueur et à la volonté des femmes de ne pas danser.

La loi dont il parle est une loi "locale", souvent instituée par un arrêté municipal ou préfectoral.

Ces règlementations ont commencé en certains endroits dès le début du conflit, en d'autres très tardivement.
Ainsi trouve-t-on par année, pour les villes de :



1914
  • Nantes (44) - Loire inférieure
Un arrêté municipal du 1er août 1914 ordonne la fermeture immédiate des théâtres, cafés chantants et interdit tout spectacle. La Mairie craint des troubles à l’ordre public. Cependant, constatant que la réouverture dans d’autres villes ne causent pas de problèmes, la Mairie décide d’en faire de même le 6 mars 1915, également par arrêté. Il faut faire une demande adressée à la Mairie avant la production d’un spectacle ou d’une conférence. De plus il faut verser « pour les concerts et conférences, la totalité de la recette, déduction faite des frais de salle, droit d’auteur et cachets du conférencier et des artistes. » Les films ne doivent eux, ne contenir aucune scène « de nature à choquer les sentiments patriotiques des spectateurs ou à provoquer des discussions entre eux ».

mesimages/17892/Nantes.png
Sources: Archives municipales de la ville de Nantes : - http://www.archives.nantes.fr/pages/DOS ... riere.html



  • Créteil (78) - Seine et Oise - Arrêté municipal du 02/08/1914
" Un conseil municipal fut réuni le 2 août, on y parla notamment de la réquisition des chevaux et des voitures qui devait être pris en charge par une commission siégeant à Saint-Maur. Le même jour, « considérant que, dans les circonstances actuelle, des réjouissances publiques seraient déplacées, qu’il importe de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le bon ordre au milieu des opérations de la mobilisation et la tranquillité du pays pendant que les hommes valides sont sous les drapeaux. », le maire décidait la fermeture des salles de bal et de spectacles, celle à 21 heures des débits de boisson pour la durée des opérations et l’interdiction « de former des attroupements sur la voie publique, de battre le tambour, de sonner du clairon ou de la trompette et de colporter des nouvelles dont l’exactitude n’aurait pas été officiellement confirmée.»
Source: Archives de la ville de Créteil http://www.ville-creteil.fr/creteil-et-la-guerre-14-18



  • Dunkerque (59) - Nord
De 1914 à 1918, Dunkerque se trouve à proximité du front. Transformée en camp retranché, la cité sert de base logistique aux troupes alliées qui combattent en Flandre.
Un arrêté municipal d’août 1914 a fait fermer les théâtres, les cinémas et les bals.
Source: Archives de la ville de Dunkerque - http://www.ville-dunkerque.fr/decouvrir ... de-guerre/



  • Tours (37) - Indre et Loire
L’état de siège induit le contrôle de la circulation des hommes et de l’information (notamment les voies de communication et les gares), la fermeture des théâtres, des cinémas et salles de spectacle, la fermeture des débits de boisson à 23h00, l’interdiction de l’absinthe.
Source: Archives départementales d'Indre et Loire - http://archives.cg37.fr/UploadFile/GED/X/1410337299.pdf





1915
  • Orléans (45) - Loiret
Maintenir les fêtes publiques ?
Ouvrir l'exposition?

La municipalité est elle-même à l’origine de plusieurs manifestations publiques. Or, la question du maintien des réjouissances est épineuse durant la guerre. En effet, les fêtes sont un dérivatif pour les Orléanais, les réfugiés et les soldats convalescents. Néanmoins, afin de ne pas choquer la population, et en particulier les familles endeuillées, les manifestations ne doivent pas être trop démonstratives voire exprimer une certaine retenue. Pour les autorités, il s’agit aussi de faire passer des messages de patriotisme, de soutien aux combattants et de recueillement pour les morts.
Ainsi, entre 1915 et 1918, les fêtes de Jeanne d’Arc sont très réduites. Le 8 mai, la statue de la Libératrice d’Orléans, située place du Martroi, est fleurie par un cortège restreint qui se dirige ensuite vers le cimetière pour rendre hommage aux morts de la guerre. On est loin des fêtes d’avant-guerre, notamment de celles de l’année 1912, célébrant avec le faste le 500e anniversaire de la Pucelle.
Le 14 juillet, quant à lui, prend une dimension uniquement patriotique. Les bals, banquets et feux d’artifices sont interdits. En revanche, les quêtes sont autorisées.
Source: Archives municipale de la ville d'Orléans - http://archives.orleans.fr/article.php? ... publiques-


  • Haute Savoie (74) - Arrêté préfectoral du 04.07.1915 envoyé par télégramme à toutes les mairies du département.
"4.07.1915, 8h20
Préfet à Maires département.

Conformément à instructions ministre de l’Intérieur, la Fête Nationale du 14 Juillet devra avoir cette année un caractère exclusivement patriotique et commémoratif.
Les monuments publics seront en conséquence pavoisés comme d’usage et les distributions de bienfaisance qui sont de tradition dans les communes seront maintenus.
Par contre, devront être supprimés toutes manifestations présentant un caractère de réjouissances publiques : banquets, bals, illuminations, feux d’artifice.
Les sommes votées à cet effet devront être versées à des œuvre de guerre.

Sources: Archives de la ville de Naves Parmelan(74) - http://www.navesparmelan.com/Les-Requis ... uerre-1914





1916
  • Chatellerault (45) - Loiret - 11 juillet 1916
"Le général de division de Tours a pris un arrêté imposant la fermeture des «cabarets, cafés, estaminets» à 21 heures et demi.
La législation concernant les bals se durcit mais on sent bien que la vie publique et les réjouissances sont en train de renaître. Les lecteurs de l’Echo nous renseignent à ce propos. Une lettre au directeur du journal signée «Jele-Pense» rapporte qu’un concert au profit des blessés organisé par le personnel de la Manufacture a été interdit au dernier moment. «Surprise pour tous! On prétexta parait-il qu’un ordre arrivé à la dernière heure, ne permettrait pas de réjouissances en ce moment. Mais beaucoup pense (sic) qu’un concert de bienfaisance est moins une fête de plaisir qu’un bal, par exemple, comme il en a été autorisé plusieurs depuis le commencement de la guerre. Et, je doute fort que les recettes de ces réunions aient été destinées à l’œuvre des blessés.»
Extrait de "l’Echo de Châtellerault" n° 3294, 23 janvier 1915 disponible à l’imprimerie Deshouillères, rue Poulain - Chatellerault (45)




Pour revenir au sommaire c'est ici =>pages1418/Pages-14-18-l-Art-et-la-Guerr ... .htm#t2160

Bonjour

Châtellerault dans le Loiret ! [:ar brav:8]

que non, c'est dans la Vienne (86)

même si l'article conserne un département voisin, :pt1cable:


cordialement
Jacqueline L.
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Inouk44
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Re: Danse

Message par Inouk44 »

Merci Jacqueline pour votre relecture active!

J'ai corrigé l'erreur.

Il faut sans doute comprendre que le général de division a pris la décision sur la "région militaire"?
Plusieurs départements seraient donc concernés par cette décision?

Merci de votre participation.
Cordialement.
Daniel
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Inouk44
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Re: Danse

Message par Inouk44 »

o Danses traditionnelles

  • Danses Turques
Image

Voici la seule photographie de soldats turcs en train de danser.
:hello: Sauriez-vous identifier le lieu, l'époque, la danse? :hello:


  • Un film anglais, intitulé "A TURKISH PRISONER OF WAR CAMP" (un prisonnier turc dans un camp d'internement - peut-être celui d'El Maadi En Egypte ou Heliopolis?) muet de 1917 d'une durée de 15mn, montrant entre la 12ème et la 13ème minute la danse (du ventre?) de deux prisonniers turcs.
Image
A voir ici => http://www.iwm.org.uk/collections/item/ ... ropeanaapi
- Ce type de film servait à la propagande pour montrer que les prisonniers de guerre (d'un camp comme de l'autre) étaient détenus dans de bonnes conditions.
Source : IWM (Impérial War Museum) réf:IWM4 sur la ressource Europeana 1914-1918.


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IM Louis Jean
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Re: Danse

Message par IM Louis Jean »

Bonjour à toutes et à tous,

Dans ce reportage (signalé dans le sujet Prisonniers de guerre et camps de prisonniers en Allemagne) sur la première mosquée construite en Allemagne, au profit des prisonniers de guerre musulmans, vous trouverez une danse à 3' 20". Elle est précédée de ce cliché :

Image
source https://moscheestrasse.wordpress.com/tag/wunsdorf/

Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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Inouk44
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Re: Danse

Message par Inouk44 »

Intéressant en effet. Super aussi ce petit instrument de musique fabriqué avec une boite à biscuit?
Merci Étienne pour cette photo que je ne connaissais pas.
Je vais l'intégrer parmi les photos de prisonniers.
Cordialement.
Daniel
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Re: Danse

Message par Inouk44 »

o Danses modernes

• Cake walk
Le cake-walk ou cake walk est une danse populaire née parmi les Noirs de Virginie, pour imiter avec ironie l'attitude de leurs maîtres se rendant aux bals. Apparu vers 1870, il fut importé en Europe vers 1900 via le music-hall.
Le rythme du cake-walk fut repris par le ragtime.
Dans le sud des États-Unis, les esclaves disposaient de rares moments de détente. Le dimanche, ils profitaient parfois de l'absence des maîtres pour faire vivre ce qui leur restait de tradition africaine. Ces moments si rares comptaient beaucoup pour eux. Parfois, les colons conciliants assistaient à ces rendez-vous et récompensaient les meilleurs danseurs par un gâteau, d'où le nom de cake-walk (« marche du gâteau ») donné à ce type de danse syncopée, en forme de marche.
  • Affiche de spectacle américaine de 1896. Grande compétition de cake-walk ouverte à tous.
Image
Source wikipédia : Copyright Prints and Photographs division de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis sous le numéro d’identification var.1730

  • Extraits d'un film de 1903 "Uncle Tom's Cabin" dans lequel une troupe exécute un Cake-Walk.
https://www.youtube.com/watch?v=GCsptiarrzw et https://www.youtube.com/watch?feature=p ... l=84503534



  • A son arrivée en France, la danse a été caricaturée.
Carte postale d'époque représentant le cake-walk.
Image
Légende:" Le kanguroo ayant créé le cake-walk, le singe ne tarda pas à adopter cette danse par esprit d'imitation. Le nègre copia le singe et jouit d'une certaine vogue jusqu'à l'instant où la femme - jalouse par tempérament - s'empressa de briguer les lauriers du nègre et du singe."
Source: www.delcampe.net

Commentaire: Je n'ajouterai rien sur cette légende raciste et misogyne. Telle était (hélas!) la mentalité de l'époque.


  • Carte postale française - Le GRAND BAL DES NATIONS: Le Cake walk - 19__?
Image
Les personnages sont représentés comme des enfants (costumes, jouets).
o Caché à gauche derrière l'orphéon, on aperçoit le Kaiser Guillaume II.
o De gauche à droite se tiennent le Tsar Nicolas II .
o Puis le roi italien Victor-Emmanuel III
o Au centre, le président français Emile Loubet danse avec "Marianne" (le cake walk)
o Le roi d'Angleterre Edouard VII se tient sur la droite.

Tous tapent dans leurs mains pour les accompagner.

:hello: Reconnaissez-vous les personnages qui jouent de la musique dans l'Orphéon? :hello:

Commentaire: bien que cette carte postale soit antérieure à la Guerre de 1914-1918, j'ai décidé de la conserver car elle illustre toute la moquerie relative à cette danse. Les protagonistes du conflit sont déjà en piste.


  • Sur cette carte postale les danseurs sont carrément comparés à des singes s'agitant au rythme du Cake-Walk.
Image
Source: www.delcampe.net
Le casque à pointe ne laisse aucun doute sur l'identité du danseur...



  • Le cake-walk, comme de nombreuses danses de l'époque, a été utilisé pour caricaturer l'ennemi qui danse.
Pour voir le post consacré à "l'ennemi qui danse", c'est par ici :=> pages1418/Pages-14-18-l-Art-et-la-Guerr ... .htm#t2165
-Carte postale intitulée: "La guerre: N°24 - Le nouveau cake-walk"
Image
Légende:Guillaume II dit à l'empereur François-Joseph: "Donnons-nous des grâces, Jojo, l'Europe nous regarde!"
Source: www.delcampe.net





  • Photographie représentant le 369ème régiment d'infanterie américain, nommé "Harlem Hell Fighters" et uniquement composé de soldats noirs américains.
Image
Légende: Le "Band" qui introduisit le ragtime et le jazz en France.
Plus d'informations sur cette formation => http://theyalsofought.blogspot.fr/

:hello: Merci Jean Pierre pour les précisions concernant cette photo!




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docteurno
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Re: Danse

Message par docteurno »

Bonsoir

Voir ce lien pour l'article dont est extrait l'image du "band" > http://theyalsofought.blogspot.fr/
Version après traduction en français par Google > http://translate.google.fr/translate?hl ... rev=search

Bonne soirée
Cordialement
Jean-Pierre
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Inouk44
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Re: Danse

Message par Inouk44 »

o Le contexte de la guerre.

• Les instruments.


Le premier de tous les instruments: la voix.
Contrairement à ce qu'on peut penser, pour danser il n'est pas nécessaire d'avoir des instruments. Un grand nombre de danses traditionnelles se dansait dans les régions au chant. C'était le cas notamment en Vendée où l'on chantait "à la goule" ou en Centre Bretagne au son du "Kan a diskan" (chant traditionnel à deux chanteurs où le premier introduit la phrase musicale et le second la reprend en chevauchant les voix sur les deux dernières mesures). Il en était de même dans de nombreuses autres régions de France.
Aucun document n'a été trouvé lors de cette étude, relatant que cette pratique existait, tant au front qu'en retrait des lignes. Mais l'absence de document ne signifie pas pour autant que cette pratique n'ait pas eut lieu....Il reste encore des découvertes à faire en ce domaine!


Les instruments "officiels": les fanfares.
Au début du XXe siècle, les 163 régiments d’infanterie de l’armée française sont dotés chacun d’une musique composée de 38 exécutants, 1 sous-chef et 1 chef. Chef dont la hiérarchie des grades (sous-lieutenant, lieutenant, capitaine) est établie en 1902.
Les fanfares servent essentiellement à rythmer la vie militaire. A chaque action, sa musique. Je vous renvoie vers une page de ce forum qui lui est consacrée pages1418/Pages-14-18-l-Art-et-la-Guerr ... .htm#t1276

Toutefois, les musiciens qui la composent connaissent aussi souvent des airs qu'ils ont joué dans le civil. Au XIXème siècle de nombreuses fanfares communales et orphéons sont créés. Les airs qu'on y joue servent à accompagner polkas, scottishes, valses, mazurkas et quadrilles très populaires dans les bals publics des provinces avant-guerre.


Les instruments "non-officiels".
Tout musicien ne fait pas partie d'une fanfare militaire, loin s'en faut. A l'époque il existe un nombre important de musiciens itinérants qui font la "routine" - souvent au violon - et se déplacent de village en village pour animer des bals, des soirées de danse ou des mariages. Incorporés dans les régiments, ils emmènent leur instrument. Et puis il y a tous ceux qui jouent pour eux-même d'un instrument et tous ceux qui les accompagnent, qui en tapant sur son quart, qui avec deux cuillers.
Ainsi on va retrouver sur le front un ensemble très disparate de musiciens, de niveaux et de formations différents mais aussi d'instruments de musique, allant du mirliton fabriqué avec un peigne et du papier de soie, jusqu'au contrebassiste en passant par les banjos les harmonicas et les cornemuses. Et quand on manque d'instrument, on en fabrique. Ainsi apparaîtront de nombreuses productions dans l"art des tranchées" où l'on confectionne des instruments avec ce que l'on peut récupérer de bois, de crin et de métal sur le front.



Petit inventaire "à la Prévert" des instruments utilisés...
Image
Photos du bas crédit:http://bleuhorizon.canalblog.com/archiv ... 45289.html
- Les deux "banjos" en haut à droite sont fabriqués sur la base de gourdes en métal.
- la "guitare" bleue en bas est faite sur la base d'une boite d'emballage en métal d'un masque à gaz.

- Voici un article paru dans l'Ouest-Eclair (édition de Rennes) du 04 avril 1915 d'un auteur anonyme et qui décrit assez bien l'instrument:
UN CONCERT DANS LA TRANCHÉE
"V…. avril 1915.
Nous étions une douzaine l'autre soir, dans un « gourbi» plus ou moins confortable, avec pourtant une table et des bancs. Après souper, on discutait, comme tous les jours, sur les probabilités de la guerre pour 1915.
Sa visite était annoncée, et il vint, en effet. Un grand diable venu du Caucase, à moins que ce ne soit des Landes, la figure osseuse, taillée à coups de serpe, la barbe hirsute et drue, un « poilu » mais un « poilu » comme on en voit peu, même nous qui sommes au front depuis déjà quelque temps. Il porte un violon qu'avec les instruments plutôt rudimentaires dont nous disposons en plein bois, à 500 mètres de Boches, il a construit lui-même. Une boite de conserve oblongue, l'une de celles qui sont venues du pays, le mardi gras avec une poularde truffée ou un foie d'oie, à laquelle on a rattaché le couvercle avec des clous de sabot, un bâton de pin, voilà l'instrument. Les cordes sont des fils téléphoniques, l'archet des crins de cheval tendus sur une branche de pin qui forme l'arc. Le musicien arrive avec son instrument soigneusement enveloppé dans une housse qui est un sac à terre, un de ces sacs que l'on met plein de terre au-dessus des créneaux et qui protègent des balles.
Et il joue, il joue bien, presque juste, les airs du pays, rondeaux et contredanses. L'impression est unique. La corrélation, si l'on peut dire, est directe entre notre situation présente a nous, qui dépassons la quarantaine, et les heures que nous avons vécues il cent cinquante lieues d'ici avec celles qui sont les mères de nos fils et qui étaient alors nos fiancées.
Le musicien, lui aussi, se laisse bercer. Il joue pour lui, cherche la note juste, la reprend, essaie un air plus difficile et revient, à ce qui est plus simple, parce que c'est cela qu'il rend le mieux et parce qu'aussi peut-être c'est cela qui le touche le plus. Et après un quart de vin chaud, il joue la Marseillaise !
Nous avons les yeux pleins de larmes et nous battons des mains.
"
A. S.
Source : Gallica/bnf.fr

- Vous trouverez ici, le "rendu" que peut avoir ce type d'instrument: Pas si mal en fait! => https://www.facebook.com/video.php?v=36 ... nref=story
Source vidéo: Didier Oliver - violon 3 cordes fabriqué avec une cagette en bois.


- Je vous conseille aussi ce site qui contient une formidable collection d'instruments divers :=> http://www.artisanat-de-tranchees.fr/IN ... E-14.html

...et des musiciens qui en jouent.
Image
Crédits photos à compléter:
-http://bleuhorizon.canalblog.com/archiv ... 45289.html

Commentaire: Sur ces photos, on voit la pratique instrumentale dans les tranchées, en retrait, en cantonnement, et dans les camps de prisonniers. Sur l'ensemble du montage photographique, une seule photo où les instruments accompagnent une danse. Celle des prisonniers musulmans du camp de Wünsdorf en bas à droite. ( Voir l'article consacré "aux lieux où danser?" => pages1418/Pages-14-18-l-Art-et-la-Guerr ... .htm#t2168)





• Des fanfares.
Image
Les fanfares sont essentiellement composé de cuivres et de percussions.



• Des soldats musiciens.
Image
- Photos du haut : Soldats allemands - Accordéon - harmonica - guitare.

- Photos du milieu :
- A gauche : Groupe de soldats anglais et américains
- Au centre : Groupe de travailleurs chinois - 7 ou 8 instruments sur la photo dont certains cachés derrière les 2 personnages centraux.
- A droite : Des soldats anglais et un prisonnier allemand. Le soldat anglais situé à gauche tient dans ses mains un concertina.

- Photos du bas :
- A gauche : Soldats du contingent noirs américains dont l'un joue du banjo.
- Au centre : Groupe de soldats français: 2 accordéons, un harmonica et une guitare.
- A droite : Soldats autrichiens avec un violon.

:hello: La photo centrale est donnée pour de "la boxe chinoise". Pourquoi au son de la musique? Les attitudes des "boxeurs" ressemblent plus à celle de la danse qu'à un combat. Si vous avez des précisions ou remarques à apporter à toutes ces photos, elles sont les bienvenues.



• Des prisonniers musiciens.
Image
1 ) Prisonniers allemands
- en haut à gauche - Camp de prisonniers allemands: "l'orchestre". Violons - Mandolines - Guitare.
- en haut à droite - Camp de prisonniers de l'oued El-Hassar. L'orchestre des prisonniers allemands. Mandolines - Violons - Violoncelle - Accordéon.

2) Prisonniers russes
- en bas à gauche -Accordéon
- en bas à droite - Violon et accordéon

Commentaire : Les photos de prisonniers occupés à différentes activités, servent essentiellement la propagande et visent à montrer qu'ils sont bien traités. Rien ne prouve que tel était le cas.

:hello: Si vous voyez passer des correspondances ou des récits confirmant le fait qu'ils jouaient de la musique et avaient droit à ces distractions, n'hésitez pas à m'en faire part.



• ... et même des musi-chiens. :)
Carte postale allemande intitulée: "Bisous de Königsberg en Prusse."
Image
Légende (trad.): "Grosse caisse roulante et chien de l'orchestre du régiment d'infanterie "Herzog Karl von Mecklenburg-Sterliz (6. Prusse orientale) N°43.

:hello: Je n'ai pas réussi à déchiffrer le texte écrit au crayon de bois sur la droite de la carte. Si quelqu'un peut le faire.... Merci
En 1914 il y a 2 grands duchés:
-le Grand-Duché de Mecklembourg-Schwerin
-Le Grand-Duché de Mecklembourg-Strelitz

Ces 2 petits Etats se situent dans l'Allemagne du nord, près de la frontière Danoise. C'est par la convention du 24 juillet 1868 que les troupes du Mecklembourg-Schwerin passent sous administration Prussienne (9 novembre 1867 pour le Mecklembourg-Strelitz).
En 1914 Le Mecklembourg-Schwerin compte 640.000 habitants contre 106.000 pour le Mecklembourg-Strelitz, c'est dire si ce sont de petits Etats.

Militairement parlant l'infanterie du Mecklembourg-Schwerin forma le Regiment d'Infanterie n°90
et les 1er et 3eme bataillons du Regiment d'infanterie n°89 (I.R.89).
Le 2eme bataillon du I.R.89 etait composé de soldats du Mecklembourg-Strelitz

A part ces 2 régiments, en aout 1914 les reservistes et les landwehriens du Mecklembourg-Schwerin formèrent:
-Le RIR 90 (Reserve-Infanterie Regiment n°90)
-les Ier, IVè et Vè bat. du Régiment de landwehr n°76

Et ceux du Mecklembourg-Strelitz formèrent:
-IIeme bataillon du RIR 84
-IIeme bataillon du régiment de Landwehr n°76


En dehors de l'infanterie, voici les autres régiments des 2 duchés:

Le Mecklembourg-Strelitz:
la 3eme batterie du FAR 24 (FeldArtillerieRegiment n°24)


Mecklembourg-Schwerin:
Le 14eme bataillon de chasseurs (JB14)
Les 17è et 18e régiments de dragons
Le FeldArtillerieRegiment n°60
Extrait de http://lagrandeguerre.cultureforum.net/ ... t-strelitz


• ...ainsi qu'une section spéciale pour les binious, cornemuses, gaïta, boha, veuze, highland bagpipe, zampogna et autres bodegas.
Image
- Un lien intéressant concernant la pratique du couple instrumental Biniou-bombarde durant la guerre de 14-18 à lire ici :=> https://musikebreizh.wordpress.com/category/1914-1918/
- un autre lien vers un film "Pipers of the Trenches" (en anglais) concernant le highland bagpipe dans les armées britanniques: => https://musikebreizh.wordpress.com/2014 ... -trenches/



Fortunes de guerre.
Image
- La guerre met parfois des instruments de musique sur le chemin des soldats - ici des pianos (ou ce qu'il en reste).



Gramophones.
Cette étude ne serait pas complète si l'on n'y mentionnait pas une nouveauté apparue durant la guerre: "le gramophone portatif" qui permettait d'avoir de la musique sans électricité et sans musiciens!
Image
- Publicités anglaises pour un gramophone portatif de la marque "Decca". Au centre, un groupe de soldats italiens autour d'un gramophone plus traditionnel.




Piano mécanique.
Parmi les instruments cités, il en est un qui manque à l'appel et qui pourtant à cette époque était très populaire: je veux parler du piano mécanique. Ancêtre du Juke-box, c'était un instrument très répandu dans les bars et les cafés où souvent on se réunissait le dimanche pour danser. Il fonctionnait sur le principe des cartes perforées, où les encoches libéraient le marteau qui venait frapper les cordes du piano. Actionné de façon pneumatique ou électrique. il fallait introduire un jeton, que l'on payait pour pouvoir actionner son mécanisme. L'expression "mettre deux thunes dans le bastringue", qui date de cette époque, évoque l'action de mettre en marche le piano mécanique.

-Dans un document intitulé " RAPPORTS ET PROCÈS-VERBAUX D'ENQUÊTE DE LA COMMISSION INSTITUÉE EN VUE DE CONSTATER LES ACTES COMMIS PAR L'ENNEMI EN VIOLATION DU DROIT DES GENS (DÉCRET DU 23 SEPTEMBRE 1914) ", on trouve à la page 88, la plainte déposée par Céline Decoin (Framerville dans la Somme - 80) concernant le pillage d'une habitation par les troupes allemandes, le 30 août 1914.
DECOIN (Céline), femme JOSSE, 49 ans, propriétaire à Framerville.
Je jure de dire la vérité.
J'ai vu, le 3o août, quatre soldats allemands mettre le feu à la maison François Foucard en tirant à l'intérieur de l'habitation avec leur fusil.
J'en ai vu d'autres sortir de la même maison un piano mécanique, au son duquel ils ont dansé.

Après lecture, le témoin a signé avec nous.
Source : BNF/Gallica


- voici un lien vers un site d'instruments de musique, Aliénor.org, dont une page est consacrée au Piano mécanique, si vous voulez voir comment ça fonctionne.



• En complément
- Pour terminer ce post consacré à la musique dans les tranchées, voici un article de Sophian Fanen paru le 6 juin 2014 dans le journal "Libération" et qui résume bien la situation: => http://next.liberation.fr/musique/2014/ ... al_1035413

- Je vous recommande aussi la visite du site de Claude Ribouillault consacré à la musique des tranchées :=> http://artpopu.jimdo.com/


Commentaire : Il ne manquait ni d'instruments de musique, ni de musiciens, alors pourquoi ne trouve-t-on aucune trace de danses traditionnelles françaises pour cette époque?


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Re: Danse

Message par Inouk44 »

Bonsoir

Voir ce lien pour l'article dont est extrait l'image du "band" > http://theyalsofought.blogspot.fr/
Version après traduction en français par Google > http://translate.google.fr/translate?hl ... rev=search

Bonne soirée
Cordialement
Jean-Pierre

Merci Jean Pierre pour ces précisions.
J'ai mis le post à jour en en tenant compte.
Cordialement.
Daniel
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