Les lieux où danser.
Sur le front
- En 1ère ligne.
A la suite de l'étude des documents qu'il nous a été possible de consulter (films, photographies, dessins, récits, cartes postales,...) il apparaît que dans les tranchées, il n'était matériellement pas possible de danser. (Manque de place, équipement militaire, stress, angoisse, bombardements, surveillance des lignes ennemies, tour de garde, ...) sauf à entamer, ce que Roland Dorgelès appelle dans son livre "Les croix de bois", une danse de l'ours qui consiste en un piétinement sur place pour se réchauffer. Seuls la voix ou des instruments peu encombrants peuvent être utilisés (harmonica, ocarina, flûte, mirliton) pour l'accompagnement (une page leur est consacrée ).
- Sur l'ensemble des documents mis à disposition, aucun ne montre de représentation dansées dans ces conditions, mise à part celui-ci:
Extrait d'un article de l'hebdomadaire des tranchées "Les trois couleurs" N° 4 du 31/12/1914 - Épisodes, contes et récits de la grande guerre.-" A la bataille de l'Yser, Mohamed Ali, qui dans un engagement précédent n'avait pas eu l'occasion de tuer un seul ennemi, faute d'avoir pu les approcher, se trouva fort humilié. Aussi quand son escadron arriva sur l'Yser, s'avança-t-il immédiatement au-delà des tranchées jusqu'à l'entrée d'un château. Il s'embusqua dans un massif, attendant avec une patience toute orientale qu'un allemand se présenta à la distance voulue. Le premier qui parut, fut abattu. Accourus à la rescousse, deux de ses pareils subirent le même sort. Après quoi Mohamed ben Ali courut vers sa tranchée. Littéralement fou de joie, il exécuta avant d'y descendre, une danse frénétique ponctuée de défis homériques à l'adresse de l'ennemi qui enveloppa ce brave d'une salve de projectiles. Mohamed ben Ali dansait toujours. Aucune balle ne l'atteignit. Il descendit lentement, lorsqu'il eut fini cette fantasia héroïque, dans la tranchée parmi ses camarades. Aux gronderies cordiales de son lieutenant, le Spahi répondit:
-" Mohamed ben Ali ne craint pas les Allemands, ni aujourd'hui, ni demain!"
- Dans "Les mémoires d'un poilu breton" - Editions Ouest-France-Imprimerie Floch à Mayenne avril 2009 - Ambroise Harel nous décrit, page 98, son 14 juillet 1915:
"Le 14 juillet arriva et, comme l'année précédente, me trouva dans la Somme. Bien qu'étant dans la zone dangereuse, nous organisâmes, pour marquer le fête, de nombreux jeux, concours de chants et un bal avec un piano automatique dans la salle d'une maison abandonnée. Presque tous les amateurs étaient déguisés (...)
Dans la soirée, les boches firent concert à leur tour avec des marmites de 210, nous obligeant à fuir, pour leur faire de la place, dans des boyaux protecteurs en dehors de la ville. Après cette séance, nous revînmes et l'animation reparut, mais moins brillante à cause de la nuit qui tombait. Deux obus étaient venus choir devant mon cantonnement."
- Dans ses "Souvenirs de guerre 1914-1918" d'Edouard Legros recueillis par Gaston de Zélicourt, voici les faits qu'il nous conte dans un chapitre intitulé "la bourrée":
Sources: Archives départementales du CherAu poste d'écoute, à 20 mètres des Allemands.
Un jour, on avait eu du vin remboursable.
Parmi nous, il y avait un morvandiau. le plus curieux c'est que ses parents avaient une ferme qui s'appelait la ferme des Allemands. Ce morvandiau avait un harmonica. Il a dit : "Legros, je vais te faire danser la bourrée".
Et on s'est pris à danser la bourrée ; ça faisait un foin ; je chantais à tue-tête ; on ne songeait même pas qu'on était en danger.
L'adjudant qui arriva sur ces entre-faits fut stupéfait de nous voir dans cet état, à quelques pas des Allemands. Il nous cria : "Vous êtes fous, vous allez vous faire zigouiller!".
Je lui ai dit : "Mon adjudant, vous n'avez qu'à danser avec nous".
Il a répondu : "C'est pas le moment ; vous n'avez qu'à vous tenir tranquilles". Mais non, il n'y a rien eu à faire.
Et les Allemands ne nous ont pas tiré dessus, parce que, quand eux faisaient la bringue, on les laissait tranquilles aussi.
N'empêche qu'après coup, l'adjudant nous a passé un savon.
Texte intégral à lire sur http://www.archives18.fr/arkotheque/cli ... os_doc.pdf
- Dans le carnet de notes d'Eugène MARTIN, brancardier au 16ème Régiment d’Artillerie, 21ème batterie, voici l’anecdote qu'il nous conte à la journée du 18 janvier 1915.
Commentaire: Ce texte est particulièrement intéressant, car il décrit de façon précise dans quelles conditions le bal est réalisé, le lieu et l'heure sont précisés, quel est l'accompagnement utilisé, et quelles danses sont pratiquées. Dans cet extrait, on voit encore une fois que les supérieurs ne voient pas toujours d'un bon œil ces distractions même si les menaces de punitions ne sont pas mises à exécution. Il nous explique aussi une des raisons pour lesquelles les soldats dansent. Curieusement, dans cet extrait, un certain Le Gros danse la bourrée et se fait lui aussi attraper par un supérieur. S'agirait-il du même personnage?"18 janvier (1915)
Rien à signaler.
Calme inaccoutumé : le soir, sur les 8 heures nous sommes réunis en grande partie dans notre cuisine et sur l’initiative d’un de nos camarades nous allons faire bal (Pour imiter les Boches qui dansent tous les soirs à Nouvron paraît il)
D’abord quelques bourrées par le Gros et d’autres auvergnats et peu à peu le goût de la danse prend tout le monde même les moins entraînés.
Polkas, valses même le pas des patineurs sont dansés, et comme musique on siffle où on chante.
A 9h nous montons pour nous coucher, mais ce vent de folie a gagné l’étage supérieur et en haut on danse aussi. Nous nous mettons encore aussi de la partie. Et ici un incident comique. Nous en sommes à une mazurka. Le Gros placé à l’embrasure de la porte chante un tra-la-la-la sur l’air de la Mousmé en battant la mesure avec sa grosse pipe.
Et les danseurs tournent au milieu des rangées de paille. Tout à coup le lieutenant POISSARD (?) commandant l’échelon apparaît ; les danseurs s’esquivent en un clin d’œil et vont sous leurs couvertures se transformer en vrais dormeurs tandis que le Gros qui lui tournait le dos continue toujours sa Mousmé : « Attendez, crie le lieutenant, je vais vous en passer des tra-la-la-la » et il nous fait un joli sermon.
Et en se retirant on l’entendait qui disait au brigadier qui l’éclairait « Quel est dont celui qui entraîne si bien à la danse … Martin. Eh bien vous lui direz qu’il aura 8 jours de prison. Il n’en sera rien car nous avons un bon lieutenant.
Ce petit incident suffit à nous amuser un bon moment, nous rions. Et cela fait passer pour un instant l’ennui et le chagrin qui parfois nous gagnent."
L'air de la Mousmé évoqué ici et chanté par Le Gros est peut être celui-ci ou celui-là.
Merci à Jacqueline ACTIS qui a bien voulu autoriser la parution de cet extrait.
Si vous avez d'autres témoignages, je suis preneur!
- en retrait, en seconde ou troisième ligne.
Ici, en revanche, les soldats sont moins exposés et hors de portée du feu de l'ennemi. Des documents photographiques et des récits existent. La danse a pour but essentiellement de se distraire, d'oublier un peu les combats. Ces danses se déroulent en plein air ou parfois dans des bars situés derrière la ligne de front quand un arrêté municipal ne les a pas interdits.
Extrait d'un article intitulé : "Villages du front" du journal belge "Fantasio" daté du 01 juillet 1916.
L.Somerhans - Armée belge en campagne"A six heures tapant, heure sacramentelle de l'ouverture des cafés le soir, une cohue de prottes fait irruption dans la salle! On pousse les tables dans un coin, les chaises dans l'autre. Un musicien avec un accordéon tellement poisseux qu'il semble sortir d'une friture, se juche sur un escabeau! Puis pendant deux heures pleines avec une grande fougue, il égrène toutes les perles de son répertoire. La musique boche y prime : "Veuve joyeuse" et autres viennoiseries! Do-do-mi-sol-do. Et les prottes s'enlacent avec des gaucheries cocasses et tournent et polkent et valsent! A part une matrone mafflue qui préside au comptoir, aucune femme ne participe à ces séances de Callisthème! C'est que tudieu! elles ont mieux à faire! La danse, le flirt, l'amour! Bagatelles que tout ça! Au front les femmes sont sérieuses, actives, économes, âpres au gain comme de vieux Grecs!
Les braves poilus dansent donc entre eux. Ils tournent parmi la fumée opaque des pipes. Par moments leurs pieds glissent sur les petites mares qui étoilent le plancher boueux. Entre deux valses ils s'arrosent le gosier de multiples rasades tout en échangeant des vues très personnelles sur la situation ou sur les "faits divers" du cantonnement!
Do-mi-sol-do! la sarabande reprend! Ils tournent, tournent, tournent.
le poilu, de temps à autre, ferme les yeux, se laisse conduire par le rythme berceur de la valse et croit enlacer sa payse qui l'attend là-bas par dela l'Yser dans un beau pays!"
Source : Gallica/ Bnf http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6 ... f4.highres
Commentaire: Ce texte est très riche en détails sur l'heure, le lieu, l'organisation, les danses, l'accompagnement, le déroulé du bal...
- Dans ses carnets, Paul Duchatelle (1885-1917) sergent puis sous-lieuteneant au 303ème régiment d'infanterie, 21ème compagnie note ceci:
Commentaire: Malheureusement pas de description du bal (lieu, instruments, participants,...)"13 mai 1915 - Watronville
Jour de l'Ascension.
Très beau et chaud soleil. Je vais à la messe.
Calme complet, pas un coup de canon. Lebrun est plus que gai et me rappelle les souvenirs d'Auvours dont voici déjà une année de passée. Il organise un petit bal que les gendarmes font cesser car il est 9 heures du soir.
Nuit sombre, les projecteurs des forts fouillent l'horizon."
- en cantonnement.
Les troupes campent en pleine nature. Elles y restent de façon transitoire plus ou moins longtemps. Un grand nombre de documents (films et photographies) y montrent des soldats en train de danser pour se distraire et pour passer le temps.
Sources : Historique du 98e régiment d'infanterie"Vitry le François. Tout près de cette ville, dans le coquet village de Saint-Amand, nous vivons heureux, parmi des habitants très accueillants. Nous y fêtons le 14 juillet.
Toute la division est passée en revue par le général Gratier. Elle défile magnifiquement. Les cantonnements ont été décorés de drapeaux et de guirlandes. Des prix sont donnés par le colonel à ceux qui ont fait preuve du meilleur goût. L'après-midi, une séance récréative est offerte aux habitants et aux poilus ; et, le soir, on danse au son de la musique militaire."
http://www.dumoul.fr/mili/14-18/regimen ... hp#en_haut
-Un dessin humoristique de Pavis paru dans le journal "La baïonnette" n°132 du 10janvier 1918 et intitulé "Un bal au cantonnement".
- Quelques exemples de photographies.
- lors de déplacement de troupes.
Les déplacements en train sont souvent très longs, plusieurs correspondances évoquent des voyage de plus de 50 heures. Les haltes sont l'occasion de se dégourdir les jambes.
-Soldats autrichiens en transit.
- France - Un témoignage très émouvant, décrivant une danse "furtive" dans la salle d'attente d'une gare, à l'occasion de la halte d'un train emmenant les soldats au front.
Extrait de :"Les saisons de l'âme - le printemps - le bal : 28è carnet de Raymond Rollinat - 17 juin 1917."- "Ce soir au train de 10h11, un poilu qui avait un accordéon organisa un bal dans la salle de la buvette, transformée depuis longtemps en salle d'attente.
On invita les demoiselles qui se trouvaient sur le quai, et on dansa ferme pendant les 3 minutes d'arrêt du train.
Personne ne disait rien; le silence était presque absolu et l'on n'entendait que l'instrument et le pas des danseurs.
A trois reprises, un employé vint siffler à la porte en disant que le train allait partir. Enfin les poilus consentirent à y prendre place au cri de "Vive la Révolution!".
- Une scène du film italien réalisé par Mario MONICELLI en 1959, "la Grande Guerre" évoque ce type de situation. Vous pouvez la visionner ici
- Un autre témoignage un peu moins précis.
Source: "Le journal de route d'un engagé volontaire" -Carnet de bord de la première guerre mondiale d'André Cambounet du 26 janvier 1916 (engagement) à l'armistice => http://www.muad.com/andre/andrelire.php ... =3&page=18"Nous passons à la gare régulatrice de Bologne, d'où nous sommes dirigés sur Blesmes-Haussignémont, dans la Marne.C'est là que nous descendons du train, à six heures du soir, le 7 septembre, après cinquante-quatre heures de voyage, environ.
De là, nous filons à pied pour Vavray-le-Petit, à vingt kilomètres de là, lieu de stationnement momentané du dépôt divisionnaire de la 165e division. Nous y arrivons à vingt-trois heures, amusés pendant les pauses par les chants et les danses des Martiniquais qui sont avec nous."
Déplacements en bateau:
Un endroit inattendu est apparu au cours de cette enquête. Il s'agit des ponts des bateaux. Occasionnellement, les marins organisent des bals où ils dansent entre eux.
- Marins de la Royal Navy dansant sur le pont du croiseur léger HMS Concord.
Source: Imperial War Museums
- Sur le film suivant, muet de 0'45", intitulé "United States soldiers and sailors ride a boat, dance and talk with Mr Solly Joel at Maidenhead" produit par les studios Gaumont, on peut voir la danse de marins et de soldats US, filmée en 1918 en Angleterre, sur un bateau, sur ce qui semble être un fleuve : https://www.youtube.com/watch?v=HU-EdiizlHM
"Les soldats US et les marins sur le départ, durant la première guerre mondiale, sont encouragés par Mr Solomon (Solly) Barnato Joel à Maidenhead, en Angleterre. Soldats US et marins US sont sur un bateau de croisière. Ils dansent par deux et discutent avec M. Joel. Soldats et marins sur le bateau posent en groupe et applaudissent.
Merci à I.M Louis Jean qui m'a signalé ce film.
Voir l'article entièrement consacré aux danses des marins.
- au casernement.
Les soldats y apprennent les rudiments du "métier" (Maniement des armes, marche au pas, vie militaire, ...). Un certain nombre de documents (films et photographies) y montrent des soldats en train de danser. Il s'agit parfois de spectacles organisés pour le plus grand nombre. Les visées sont parfois à but de propagande, pour montrer les conditions de vie dans les casernes et rassurer les civils.
Extraites des Albums Valois: Camp d'entraînement de Champlieu (près de Compiègne (60)) - Séance récréative à l'occasion du 14 juillet 1917. Couple de danseurs dont l'un est travesti en femme. La danse exécutée semble être un tango.
Merci à Marpie qui m'a signalé ce document.
- dans les camps de prisonniers.
Là encore nous avons un grand nombre de documents (films et photographies) montrant des soldats en train de danser. Ici encore, les visées sont à but de propagande, mais les documents s'adressent autant aux populations civiles qu'aux journalistes et publics étrangers. Le but est de montrer que les prisonniers sont bien traités, qu'il jouissent d'un relatif confort et d'une certaine liberté. N'oublions pas que "danser" est une une forme d'expression de sa culture nationale.
-Prisonniers russes qui dansent.
A voir ici : =>http://www.europeana1914-1918.eu/fr/eur ... rettyPhoto
Le passage montrant les soldats russes qui dansent se situe à 13' 10" du film.
Source : Film Archiv Austria
-Prisonniers musulmans au camp de Wünsdorf près de Berlin.
Copyright: Museum Eüropaischer Kunsten - Staatslichemuseum zu Berlin - Otto Stiehl
Commentaire: On remarque sur cette photo, des prisonniers de différentes nationalités. Ce camp contenait des prisonniers musulmans de différentes armées. C'est dans ce camp que sera construite la première mosquée d'Allemagne.
Cette photo est extraite d'un documentaire allemand de Behrang Samsami et Martin Donath de 2014. Durée 6'32" intitulé "Allahs vergessene Krieger" (Les guerriers oubliés d'Allah) constitué d'images d'époque sur la vie dans ce camp. A 3'20" du film, on voit quelques prisonniers (sikhs?) qui dansent.
- Prisonniers français au camp de Wurzburg - 21 janvier 1917
Dans la revue "L'intermède" n°37 éditée par les prisonniers français du camp en date du 21 janvier 1917, on peut lire dans un article intitulé "Souvenir sombre" :
"Aujourd"hui, le pauvre fou est mort et le Revier - abréviation de l'allemand Krankenrevier, le quartier des malades dans un bâtiment militaire - est tout au bout du camp. Son ancienne baraque abrite la sixième compagnie. On y parle un français sonore, coloré des compatriotes du midi, des Corses gais, loquaces, vifs, et noirs y causent dans leur patois aux inflexions rauques et douces. Presque chaque soir, quand la soupe est mangée, nos amis s'assemblent. Une voix tremblante, plaintive, une voix qui semble devoir sangloter en complainte surannée l'air le plus vif, la voix d'un accordéon se fait entendre. Sous les doigts de l'artiste habile, le fruste instrument s'anime et dit un air simple, aérien, un air dont les notes grêles semblent s'espacer pour mieux s'accrocher aux rameaux des buissons et aux herbes folles du maquis. Par couples aux gestes vifs, aux esprits joyeux, on danse, on danse....
Et n'est-ce pas notre part, danser sur nos souffrances, par dessus les tombes?
Je vois toujours, menant la ronde, la grande ombre du fou extatique, visionnaire, brandissant sa baguette à contre-temps de la cadence gaie: un mécanisme humain, cassé par la réalité brute.
Article signé Claude.
Source Bnf/ Gallica
- dans les hôpitaux et les maisons de convalescence.
Dans les hôpitaux et maisons de convalescence, un élément majeur apparaît dans la danse: la présence de personnels féminins! Les représentations de danses trouvées dans les documents, font apparaître quelques femmes dansant avec les malades ou les blessés ( dans la mesure de leurs possibilité). Il s'agit de danses récréatives ou de fêtes organisées pour différentes circonstances.
- Ici la danse des aveugles.
Copyright: Cinéma Pathé British Source http://www.britishpathe.com/workspaces/ ... collection puis effectuer une recherche avec "dance" et réduire les curseurs sur la période 1914-1918.
Le film se nomme "A Day With Blinded Soldiers At St. Dunstan's (1914-1918)" (une journée avec les soldats aveugles à St Dunstan)
- Une séquence intitulée "Le violoniste aveugle" montre une scène similaire dans ce film 35 mm en anglais intitulé: "TOPICAL BUDGET 248-2 [Main Title]" produit le 27 mai 1916.
© IWM (NTB 248-2)
- Un article paru dans "La revue de Paris" bi-hebdomadaire du 15 novembre 1918, évoque le passage de Jim, un soldat australien blessé aux yeux, à l’hôpital de Saint-Dustan. Il précise l'adresse: "Horseferry Road, London (Westminster)". Dans cet article où il est accompagné de Joan, une nurse qu'il nomme "Matron", il précise notamment, les danses qui sont pratiquées lors de ces bals:
Source Bnf/ Gallica"Deux choses frappèrent Joan dès qu'elle entra dans la salle: l'éclairage sombre de cette salle de bal, et la gaîté des danseurs. Ceux qui ne dansaient pas causaient avec les jeunes femmes venues pour les distraire. (...) Les couples tourbillonnaient sans se bousculer plus que dans une salle de bal ordinaire; les danseurs accompagnaient l'orchestre en sifflant ou en chantant lorsque la valse était une de celles qu'ils préféraient. Des cris de joie et des "encore" saluaient les dernières mesures de chaque danse , et la "scottish" se terminait toujours au milieu de cris sauvages que poussaient les Écossais présents.(...) Ils traversèrent la salle dès que les danseurs eurent applaudi le "Fox-trot" qui avait toujours le plus grand succès. "
- A cette époque, Deauville est un lieu de repos des troupes Anglaises et Écossaises. Un témoignage étonnant nous est fourni par Georges-Michel Michel dans son livre intitulé "L'époque Tango tome 2, le Bonnet Rose, La vie mondaine pendant la guerre" - 1920 :"On danse pourtant le tango à Deauville. Mais il faut se lever à cinq heures du matin pour voir cela, en plein air, en plein jour, sur la plage. A cette heure matinale, tout le camp anglais, qui vit sur la colline, descend en costumes de highlanciers sur le sable et prend son quotidien bain de mer. La plupart sont des convalescents. Et pour « la réaction », au lieu de boire l’apéritif, ils dansent, entre eux. Et ils dansent quoi? horror ingens [comble de l’horreur] : le tango, le subversif tango joué par le bag-piper de la compagnie. Ah ! sur cette plage normande, dans le petit matin, cet air argentin beuglé par un instrument d’Écosse, devant cinquante couples masculins en peignoirs, ou une serviette jetée sur les épaules... Un pas en avant, deux pas en arrière... C'est le tango, tango de guerre, tango triste, malgré les jeunes figures rieuses de toutes leurs longues dents britanniques !..."
A l'arrière.
- dans les salles de bal.
Dans certaines communes autorisant encore les bals publics (voir le post : => "Interdit de danser?" ) ou en famille.
Ailleurs, certains établissement passent outre ces interdictions et organisent des bals clandestins ou furtifs.
- lors de fêtes officielles.
Des représentations de danse ont été organisées lors de représentations officielle données souvent au profit des victimes de la guerre (Blessés de guerre, orphelinats, veuves de guerre, réfugiés,...).
- - Paris - Fête à l'Hôpital de l’Écosse - rue de la chaise - le 10 juillet 1916
Photographie parue dans le journal "Excelsior" du mardi 11 juillet 1916.
© Piston / Excelsior – L'Equipe / Roger-Viollet
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