Verdun 1916

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clem
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Re: Verdun 1916

Message par clem »

Bonsoir,
je lisais un magazine sur Verdun, et j'ai eu la surprise de lire :
"21 février 1916, à Paris il est 7 heures du matin et l'on perçoit nettement ou loin un roulement de tambour ponctué de coups de grosse caisse. La plus grande attaque allemande est lancée sur verdun" (!!)
Qu'en pensez-vous ? Affabulations ? car cela me parait bien gros.
Merci,
bien cordialement,
Clément
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Daniel Ruis
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Re: Verdun 1916

Message par Daniel Ruis »

Bonsoir,

Je pense que ceci n'est qu'une métaphore, comparaison du roulement de tambour avec la canonnade et des coups de grosses caisses aux tirs de gros calibres, une telle avalanche d'obus de toutes sortes à dû réellement faire un sacré raffut, alors affabulations, je ne le pense pas.

Cordialement
Daniel
p Lamy
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Re: Verdun 1916

Message par p Lamy »

Bonjour,
Dans une série de lettres qu'une femme de Vigy (Moselle, à 20 km au nord-est de Metz) écrit à son mari soldat en Pologne, elle indique qu'elle entend les bombardements de Bois-le-Prêtre en 1915, distant de plus de 50 km ainsi que les bombardements de Verdun de 1916, qui font même vibrer les fenêtres fermées. Verdun est à plus de 70 km de Vigy. Elle parle dans ses courriers d'un roulement. Elle parle aussi de tambour. Par contre de Verdun à Paris il y a presque 300 km, je doute que l'on entendait le bombardement.
En sortant du sujet, et à titre anecdotique, lors de la prise du fort de Vaux, les rues étaient pavoisées et l'on a sonné les cloches à la volée. Vigy était alors en Lorraine annexée.
Cordialement.
P. Lamy
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Frederic S.
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Re: Verdun 1916

Message par Frederic S. »

Bonsoir,

A ce sujet, voici deux extraits du journal de guerre d'Yvonne Bufaumène, une jeune fille de 22 ans en 1916 qui habitait Garches en région parisienne. Dans ses écrits elle ne précise pas qu'elle entend le canon du front de Verdun. Elle en fait quand même part à 2 reprises mais pour d'autres combats.

Voici ce qu'elle écrit le 14 juillet 1916 : "Plusieurs soirs, nous entendons très sourdement le canon du front." Il s'agit là de la bataille de la Somme.

Et à la date du 20 juillet 1918, ce témoignage très impressionnant :
" Cette nuit du 14 au 15, nous sommes réveillées vers minuit, peu après nous être endormis, par un roulement continu et tel que nous n’en avons jamais entendu qui nous fait sauter toutes deux à bas de nos lits pour courir à la fenêtre. C’est un véritable feu roulant qui n’a rien de commun avec les tirs de barrage contre avions. Du reste, pas d’alerte. Nous en concluons que c’est le canon du front que nous entendions du reste très distinctement depuis plusieurs jours et nuits, mais sans comparaison avec ce roulement impressionnant qui augmente à mesure que nous l’écoutons, et ce qui étonne beaucoup, ce sont des lueurs semblables à des éclairs qui traversent le ciel et correspondent à chaque coup dominant le roulement qui devient tel vers 1 h ½, entre autres deux coups très secs qui de nouveau nous font supposer un raid d’avions. Puis la canonnade diminue tant soi peu. Mme Guion nous demande par le plafond « ce que nous en déduisons » (sic), Mr Guion monte au 4ème. Toutes les têtes apparaissent aux fenêtres et commentent sans savoir, les suppositions vont leur train. Toutes trois, nous avons le cœur serré tant cette canonnade continue est impressionnante dans le grand calme de la nuit. Si c’est le canon du front, nous disons-nous, quelle formidable offensive est donc déclenchée ? Nous ne nous recouchons que vers 2 h ½, le roulement beaucoup plus faible du côté de la chambre à Mère diminue quoique toujours très continu, et nous finissons par nous rendormir après cette nuit impressionnante que nous venons de passer.
Le lendemain matin, comme nous nous en doutions, les journaux ne parlent pas encore d’offensive mais disent seulement, en dernière heure, que les Parisiens n’ont jamais perçu aussi distinctement le canon du front que cette dernière nuit. [...]
C’était donc bien le canon du front que nous avions entendu cette dernière nuit, et les lueurs inexplicables que nous voyions dans le ciel n’étaient autres que celles produites par notre contre-préparation d’artillerie du côté de Villers-Cotterets qui avait précédé, disent les journaux, de quelques heures l’offensive ennemie. Nous ne regrettons pas de nous être levées car nous ne reverrons peut-être pas ce spectacle impressionnant et n’entendrons sans doute plus intensément à ce point la lointaine canonnade du front. Nous la percevons encore ces jours-ci, la nuit surtout, mais ce n’est plus ce roulement inoubliable. "


Frédéric S.
boucan38
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Re: Verdun 1916

Message par boucan38 »

Bonjour,

Il me semble que, même si les bruits de l'activité urbaine dans le Paris du 21 février 1916 n'étaient pas aussi importants qu'aujourd'hui (peu de bruits de circulation) le niveau sonore produit par la formidable canonade qui s'est abbatue sur Verdun pouvait difficilement être identifiée par les parisiens car elle pouvait difficilement dépasser le bruit ambiant (c'est l'effet de masque)
Deuxième élément : la nature du terrain entre Paris et Verdun est favorable à une absorbtion des ondes sonores dite "effet de sol".
Par contre entre les sommets des Vosges et Verdun il existe une notable différence d'altitude et une absence de mouvements de terrain faisant obstacle. De plus, si localement l'artillerie ne se manifestait pas trop, le calme ambiant a pu laisser aux observateurs aux aguets le loisir d'entendre le boucan du fameux Trommelfeuer.

Donc acoustiquement parlant la situation du parisien et celle du poilu du poste d'observation qui dominait le Lac Blanc étaient très différentes. Je doute fort que les parisiens se soient réveillés au son du canon le 21 février 1916.

thierry31000
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Re: Verdun 1916

Message par thierry31000 »

bonjour
j'ai une lettre de poilu il dit qu'il entend le canon de Verdun et lui se trouve vers Nancy , il dit environ 80 km
cdlt thierry
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nicolas55
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Re: Verdun 1916

Message par nicolas55 »

Bonsoir,
je lisais un magazine sur Verdun, et j'ai eu la surprise de lire :
"21 février 1916, à Paris il est 7 heures du matin et l'on perçoit nettement ou loin un roulement de tambour ponctué de coups de grosse caisse. La plus grande attaque allemande est lancée sur verdun" (!!)
Qu'en pensez-vous ? Affabulations ? car cela me parait bien gros.
Merci,
bien cordialement,
Clément

bonjour a tous

je sait que le 21 fevrier 16 le bombardement ces entendu dans les vosge j"ai eu different temoinage qui disait " une sorte de roulement de tambour" a ca a environs 120 a 160 km de la

cdlt
nicolas
pierreth1
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Re: Verdun 1916

Message par pierreth1 »

Bonjour,
Le bruit des explosions de l'artillerie à Verdun fut bien entendu dans les vosges comme un grondement sourd et continu, ce n'est pas aussi surprenant.
e, 1943 lors dudebarquement allie en Sicile ma tanteecrit dans son carnet tenu au jour le jour du debarquement en AFN au 8 mai 1945 qu'elle entend dans le lointain le grondement du tonnerre une partie de la nuit, et le lendemain elle note que c'etait le debarquement en Sicile distance 200Kms certes sans obstacle quoique entre le domicile de mes grands parents il y avait le relief du cap bon
Concernant Paris enetendre le bruit du canon est plus problematique des que l'on est dans la ville chaque immeuble faisant masque simple probleme d'accoustique par contre en banlieue nord et est cela peut etre possible
Cordialement
Pierre
pierre
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albert et clemens
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Re: Verdun 1916

Message par albert et clemens »

Bonjour

en guise de réponse( tardive !!!) cette lettre du 25 février 1916
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à cette date ce régiment se trouve à environ 80 kms au sud de Verdun

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bonne journée

Patrick
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ALVF
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Re: Verdun 1916

Message par ALVF »

Bonjour,

La question de "l'acoustique des canons et des projectiles" a été magistralement étudiée par le professeur Esclangon dans une très savante intervention parue dans le "Mémorial de l'Artillerie française" 3ème fascicule 1925, pages 639 à 1026.
Les exemples véritablement surprenants mentionnés dans cette étude permettent de mieux comprendre pourquoi, sous certaines conditions, un observateur ne perçoit que peu d'effets sonores à faible distance ou au contraire en perçoit à des distances très grandes.La présence des masques existants dans une grande ville n'est pas un facteur déterminant et il convient de nuancer les analyses trop simples.L'étude du professeur Esclangon (directeur de l'observatoire de Strasbourg après 1918, professeur à la faculté des sciences de Paris et aussi un des créateurs des Sections de Repérage par le Son) permet de mieux comprendre la propagation des ondes sonores.
A noter aussi, dans le même "Mémorial de l'Artillerie française" de nombreux articles sur ce sujet et notamment les effets des explosions importantes à des distances très considérables et les phénomènes sonores enregistrés à cette occasion.
Il apparaît "hors de doute" que les grandes préparations d'artillerie de la Grande Guerre aient pu être perçues à très grande distance alors même qu'elles ont pu passer inaperçues à des distances beaucoup plus faibles, y compris en pleine campagne.
Cordialement,
Guy François.
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