Fanion 115e RAL

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ljullien
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Re: Fanion 115e RAL

Message par ljullien »

Bonjour à tous !!

Je me permets d'écrire sur le forum car j'aurais besoin de votre aide et de votre savoir.
Voici en photo un Fanion du 115e RAL datant de 1918 que conservait mon arrière-grand-père. Ce fanion est décoré de la croix de guerre et l'inscription est la suivante : « VIe GROUPE, 115e R.A.L., 9 juin – 6 Novembre 1918 ».
D'après les informations que j'ai trouvées sur le net, les fanions de régiment, dont la création restait à l'initiative des chefs de corps, se sont généralisés au cours de la Grande Guerre. Le fanion se répandit dans toute l'Armée et prit une importance grandissante du fait qu'à chaque citation collective attribuée à une unité, la Croix de Guerre était solennellement accrochée au fanion sur le front des troupes. C'est souvent à l'occasion de cette citation que le fanion était créé. La prolifération de ces fanions qu'aucun règlement ne contrôlait, fut immense.

D'après mes recherches, mon arrière-grand-père intégra ce régiment le 20 janvier 1918 en tant que sous lieutenant et le quitta le 19 février 1918.
Suite à ces informations, j'aurais plusieurs interrogations sur lesquelles vous pourrez peut-être me renseigner :
J'aurais aimé savoir

1) si l'un d'entre vous saurait à quelle date ce régiment s'est vu attribué la Croix de guerre.

2) si quelqu'un aurais des informations sur la création de ce fanion (date, personne...)

3) s'il était habituelle qu'un officier (ou autre) reçoive le fanion du régiment, et si oui pour quelles occasions ? De plus, les dates inscrites sur le fanion ne correspondent aux dates pendant lesquelles mon aïeuls a servit dans le régiment ...


J'espère que vous pourrez m'aider.
Merci d'avance à tous et bon week-end.
Laurent

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ALVF
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Re: Fanion 115e RAL

Message par ALVF »

Bonsoir,

Vous avez un bien beau fanion du VIème Groupe du 115ème R.A.L.Ce fanion et sa croix de guerre pose un problème dont je vous livre mon analyse:

-tout d'abord, le VIème Groupe du 115ème R.A.L ne figure pas sur la liste officielle des unités d'artillerie admise au port de la fourragère et dont la liste figure dans la "Revue d'Artillerie" numéro de janvier 1920 (partie officielle).

-ce Groupe a une histoire compliquée, successivement en fonction des réorganisations très complexes de l'artillerie lourde:
-il provient des 8ème et 9ème batteries hippomobiles du 10ème R.A.P, formées le 1er avril 1915.
-le 1er novembre 1915: ces batteries deviennent VIème Groupe du 115ème R.A.L (réorganisation, création du 115ème R.A.L).
-le 6 mars 1918, le Groupe devient IIIème Groupe du 114ème R.A.L (réorganisation).
-le 16 juillet 1918, il change encore d'appellation et devient IIIème Groupe du 414ème R.A.L (réorganisation) jusqu'à sa dissolution en 1919.

-ce groupe, d'abord armé de 120 L Mle 1878 de Bange est réorganisé à partir de novembre 1917 au C.O.A.L de Chaumont et est réarmé de canons de 155 L Mle 1917 Schneider.

-le Groupe alors affecté au 115ème R.A.L est cité à l'ordre de l'Armée en 1916 suite aux actions des 24 octobre et décembre 1916 à Verdun.

-le Groupe désormais affecté au 414ème R.A.L est cité à l'ordre de l'Armée belge pour son action en octobre 1918 en Belgique

Ce groupe a donc bien deux citations à l'ordre de l'Armée mais la citation à l'ordre de l'Armée belge n'est pas prise en compte pour l'attribution de la Fourragère!

Autre hypothèse:
-après la transformation de l'ex-VIème Groupe du 115ème R.A.L en IIIème Groupe du 414ème, un NOUVEAU VIème Groupe du 115ème R.A.L est créé le 10 mars 1918 pour créer le Groupe d'Artillerie Lourde organique de la 126ème Division, ce groupe armé de 155 C Mle 1917 Schneider 1917 rejoint la 126ème D.I le 7 avril 1918.Je ne trouve pas de citation à l'ordre de l'Armée pour ce groupe qui a dû pourtant être récompensé pour la défense de Noyon le 9 juin 1918.

Il faut pour lever toute ambiguïté nous donner les affectations connues de votre Grand-Père et toute référence et photographies éventuelles de matériels pour éviter les contresens, ce qui arrive souvent tant l'organisation de l'artillerie lourde est compliquée!
Voyez aussi si vous trouvez mention de votre Grand-Père dans les JMO suivants:
26 N 1173/1: IIIème Groupe du 414ème R.A.L (et des unités précédentes à compter du 1er janvier 1917).
26 N 1134/8: VIème Groupe du 115ème R.A.L (de deuxième formation) du 11 mars 1918 à 1919.
J'ai pour ma part rédigé cette réponse en m'appuyant sur les historiques imprimés des 115ème, 114ème et 414ème R.A.L et des tableaux d'organisation de l'artillerie en 1918.
Cordialement,
Guy François.
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Tanker
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Re: Fanion 115e RAL

Message par Tanker »

Bonjour,

Il est aussi possible que la croix de guerre soit celle du grand-père, accrochée sur le fanion à titre de souvenir.

A titre d'exemple, le fanion du Groupe AS 39, détenu par les descendants de son chef le Capitaine Coppinger,
porte aussi croix de guerre et fourragère de la croix de guerre.

Ce Groupe de char, pas suffisamment cité, n'a reçu ni croix de guerre ni fourragère de la croix de guerre.
Par contre le Capitaine Coppinger avait bien était décoré de la croix de guerre et il portait la fourragère de
son régiment qui avait lui bien reçu la fourragère.
Comme fantassin, il était seulement détaché du 67°RI dans l'Artillerie Spéciale, et portait donc les attributs de son régiment.
Ce sont probablement donc aussi ses propres décorations que Jacques Coppinger a du fixer sur ce fanion de l'AS 39.

Michel
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Liens sur les sujets Artillerie Spéciale de "Pages 14-18" :
viewtopic.php?f=34&t=52768
ljullien
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Re: Fanion 115e RAL

Message par ljullien »

Guy et Michel,

Merci beaucoup pour toutes ces précisions.

Pour répondre à votre interrogation, mon arrière-grand-père fut effectivement décoré de la croix de guerre 14/18, et il se pourrait donc que celle présente sur le fanion soit le sienne….

Je ne sais malheureusement que très peu de chose sur ce fanion. D’après les souvenirs des plus anciens, celui-ci a été offert à mon arrière-grand-père après la guerre. Par qui ? Et pour quelle raison ? Ceci reste un mystère. D’autant plus qu’il n’ait resté dans ce régiment que moins d’un mois. Ce dernier semble avoir été seulement un régiment de transition et il n’y a donc, semble-t-il, aucune raison pour qu’il reçoive ce fanion. J’essaierai de mettre rapidement quelques photos supplémentaire du fanion (recto/verso).
Peut-être que l’un d’entre vous, pourrait me dire à quelles occasions étaient généralement décerné ces fanions ?


Voici un bref aperçu du parcours de mon aïeul, Marie-Philippe Jullien, à partir de février 1917.

Le 7 février 1917, il passe comme sous-lieutenant au 3ème régiment d’artillerie coloniale. Le 28 avril, il est blessé par un petit éclat d’obus au coté droit de la figure dans la région de l’os molaire en traversant le village de Vauxaillon, violement bombardé, pour donner un ordre à sa batterie. Pour cet acte de courage, il reçoit sa première citation à l’ordre du Ier corps colonial : « officier d’un courage et d’un dévouement au dessus de tout éloge. Blessé le 28 avril, ne s’est pas laissé évacuer malgré un violent bombardement par des obus toxiques, a continué à faire tirer ses pièces et, par d’habiles dispositions, a su éviter des pertes ».
Le 7 mai 1917, il est à nouveau blessé par un petit éclat d’obus à la joue gauche en revenant de voir un blessé, au Mont des Singes près de Vauxaillon, qu’il croyait faire parti de la section d’accompagnement du 58T. Il reçoit la Croix de Guerre le 16 mai suivant avec une citation à l’ordre du Ier corps des chasseurs alpins : « officier remarquable d’activité, de sang froid et de courage, commandant une batterie de tranchée de 58, a été, du 25 août au 5 septembre 1917, un précieux auxiliaire de l’infanterie, au tenant en première ligne en liaison constante avec elle, réglant lui-même son tir sous de violents bombardements, obtenant ainsi des résultats exceptionnels dans les destructions et barrages qu’il effectuait ».
Il est muté le 15 septembre 1917 au dépôt de La Rochelle du 1er régiment d’artillerie coloniale. Après avoir reçu de nouvelles instructions, il incorpore le 111ème bataillon de 58 du régiment. Par la suite, il est successivement muté au 4ème groupe du 120ème régiment d’artillerie lourde le 29 septembre 1917, au 115ème régiment d’artillerie lourde (6ème groupe ?) le 20 janvier 1918 et au 7ème groupe du 116ème régiment d’artillerie lourde le 19 février 1918.
Le 21 mai 1918, il reçoit une citation de la 65ème division de chasseurs : « officier très courageux, chargé d’assurer le service d’un observatoire avance a poussé ce dernier en première ligne et a toujours su maintenir sa liaison avec les batteries ». Il est nommé par décret du 10 juillet 1918, Chevalier de la légion d’honneur. Le 24 juillet, il reçoit une citation de la Ière armée : « le 27 juin 1918, chargé de régler un tir d’artillerie sur un objectif à proximité de nos lignes, est resté pendant toute une journée dans les positions évacuées par notre infanterie, où il capture un soldat ennemi réfugié dans notre tranché, est parti avec les vagues d’assaut pour se rendre compte des tirs de destruction de sa batterie ». Le 1er octobre 1918, il est cité par la 66ème division d’infanterie : « d’un courage et d’une crânerie sous le feu qui fait l’admiration de tous, vient de donner de nouvelles preuves de son dévouement pendant la période du 5 au 10 septembre, en remplissant plusieurs missions de liaison auprès des chasseurs dans des conditions périlleuses ». Marie-Philippe Jullien passe lieutenant le 30 novembre 1918.
ALVF
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Re: Fanion 115e RAL

Message par ALVF »

Bonsoir,

La lecture de la liste des mutations de votre AGP appelle quelques commentaires:
-en septembre 1917, la mutation doit concerner la 111ème batterie de 58 du 1er R.A.Col (et non pas le 111ème bataillon), il s'agit d'une batterie d'artillerie de tranchée.
-la citation du 21 mai 1918 ne peut provenir de la "65ème Division de chasseurs" car la 65ème D.I n'est pas une division de ce type, il s'agit plutôt déjà de la 66ème Division qui est une division "bleue" dont l'infanterie est en 1918 composée de chasseurs.
-il est d'ailleurs logique qu'à partir du 19 février 1918, les citations concernent la 66ème Division et la 1ère Armée car le 7ème Groupe du 116ème R.A.L est le groupe organique de 155 C Mle 1917 Schneider affecté en février 1918 à la 66ème Division.
Tout ceci n'explique pas le fanion du 6ème Groupe du 115ème R.A.L dont les dates semblent concerner le "nouveau" VI/115e R.A.L où votre AGP n'a pas servi.
Une dernière interrogation: où était votre AGP au début de 1919 quand la démobilisation de nombreuses unités d'artillerie lourde a entraîné de nombreuses et éphémères mutations?Il pourrait y avoir là l'explication de la présence de ce fanion "récupéré" ou "sauvé" au moment des dissolutions.
Cordialement,
Guy François.
ljullien
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Re: Fanion 115e RAL

Message par ljullien »

En effet, il s'agit bien de la 111e batterie et non bataillon. Concernant le citation du 21 mai 1918, vous devez effectivement avoir raison. En effet, en regardant de plus près son dossier militaire, on trouve suivant les documents 65e ou 66e division (chose que je n'avais pas remarqué auparavant). Probablement un erreur de retranscription. Merci pour votre coup d’œil expert !

Voici ces affectation après guerres :
Le 7 février 1919, il rejoint le 1er régiment d’artillerie coloniale, puis passe au 156ème régiment d’artillerie coloniale le 19 février puis à de l’Etat Major des Côtes Occidentale d'Afrique (COA) le 6 mars. Il intègre par la suite la 83ème batterie du 143ème régiment d’artillerie lourde coloniale de l’armée d’Orient stationnée à St Raphael le 2 juillet 1919 et passe le 24 novembre 1919 au 5ème groupe du 10ème régiment d’artillerie coloniale à Marseille pour y remplir les fonctions d’officier du détail. Après avoir suivi de nouveau cours d’application pour officiers à l’école militaire de Fontainebleau le 1er juillet 1920, il est attaché le 13 janvier 1921 au 3ème groupe du 10ème régiment d’artillerie coloniale dont la garnison est à Nîmes. Il y occupe la fonction d’officier chargé de la mobilisation.

Mais je n'ai trouvé aucune trace d'un retour ou d'un quelconque lien avec le 115ème RAL.
ALVF
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Re: Fanion 115e RAL

Message par ALVF »

Bonsoir,

Vos nouvelles informations appellent quelques remarques:

-le 19 février 1919, vous indiquez que votre AGP est muté au "156ème régiment d'artillerie coloniale", il n'y a pas de régiment d'artillerie coloniale portant ce numéro.Le seul 156ème régiment d'artillerie est un Régiment d'Artillerie à Pied (R.A.P) formé en 1918 et basé en 1919 à Toul.
-6 mars 1919: je ne connais aucun "Etat Major des Côtes Occidentales d'Afrique", pourriez-vous indiquer dans quel document vous avez trouvé cette appellation.Vous indiquez "COA", ce sigle désigne dans l'artillerie les "Centres d'Organisation de l'Artillerie", pourriez-vous préciser davantage?
-d'autre part, l'annuaire des officiers de 1920-1921 précise bien pour le lieutenant Jullien (Marie, Philippe, André, Ferdinand) une affectation au 10ème R.A.col de Marseille mais indique le 7 février 1919 pour sa date de promotion au grade de Lieutenant (vous indiquez la date de sa promotion au grade de lieutenant au 30 novembre 1918?).
Cordialement,
Guy François.
ljullien
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Re: Fanion 115e RAL

Message par ljullien »

Cher Guy François,

Encore merci pour toutes ces remarques fort instructives.
Je dois avouer que je ne suis pas familiarisé avec les abréviations militaires (que j’ai découvertes au fur et à mesure de mes recherches). J’essaie de faire au mieux pour comprendre tout cela mais cela n’est pas toujours très facile.

Je vais donc essayer de répondre à vos questions.

1) A propos du "156ème régiment d'artillerie coloniale". Il s’agit bien d’une erreur de ma part. Il intègre le 143ème régiment d’artillerie lourde coloniale (RAL Coloniale) et non pas, comme vous l’avez justement fait remarqué, le 156ème RAC.

2) Concernant sa nomination au grade de Lieutenant, les choses sont en effet pas très claires (pour moi du moins, peut-être y verrez vous plus clair). Voici ce que l’on peut lire sur sa fiche de renseignements :

« 116e RAL S/Lieutenant à TT 19 février 1918
id. Lieutenant à TT 30 novembre 1918
id. S/Lieutenant à TD 7 février 1917 (1918?)
1er Régt. d’Artillerie Coloniale Lieutenant à TD 7 février 1919
[Je suppose que TT et TD signifie respectivement à Titre Temporaire et à Titre Définitif.]
Sur une feuille à côté on trouve l’annotation suivant :
« 116e RAL s/Lt TT 19-2-18
s/Lt à TD (JO du 21-3-19) p.c. s/Lt T.D 30-11-16 (p.c. ??)
Lieutenant à TD (JO du 22-1-23) p.c. du 30-11-18 »

Maintenant dans une autre fiche de renseignement qui semble avoir été écrite plus tardivement, on y lit :
« S/Lieutenant T.T. 30 novembre 1916
S/Lieutenant T.D. 7 février 1917 30 nov. 1918
Lieutenant à T.D. 7 février 1919 30 nov. 1918

J’ai donc interprété ceci par le fait qu’il avait été nommé lieutenant à titre provisoire le 30 novembre 1918 avant d’être confirmé dans son grade le 7 février 1919 et c’est la raison pour laquelle j’ai noté la première date comme date de promotion.

3) Problème du C.O.A. : Toujours dans sa fiche de renseignements, il est noté :
« E.M (pour Etat Major je suppose) du C.O.A. de Neuilly en Thelly (?). Affecté au 143e RALC par D.M. n°4247. »
J’ai donc recherché la signification de ce sigle. On m’a suggéré que celui-ci pouvait signifier « Côtes Occidentales d'Afrique » compte tenue du fait qu’il participe par la suite à la campagne d’Afrique occidentale française (10 sept. 1921 - 2 nov. 1923). N’étant pas initié au terme militaire, cela ne m’a pas interpelé. Mais vous avez très certainement raison lorsque vous dites que ce sigle signifie "Centres d'Organisation de l'Artillerie". Il doit s’agit là encore d’une erreur de compréhension de ma part.

Dans tous les cas, je vous remercie beaucoup de votre aide et vos lumières sur ce travail de recherche.
Laurent
ALVF
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Re: Fanion 115e RAL

Message par ALVF »

Bonjour,

Tout s'éclaire à présent!
Voici ce que je déduis de vos nouvelles informations:

1) Affectation au 156ème R.A, je confirme qu'il s'agit bien d'un "Régiment d'Artillerie à Pied", donc le 156ème R.A.P de Toul où votre AGP reste fort peu.

2) Votre AGP a bien été promu lieutenant à Titre Temporaire le 30 novembre 1918 (T.T) et à Titre Définitif le 7 février 1919 (T.D).
Pour ce qui concerne les contradictions apparentes de dates de promotion, je suppose que votre AGP a été d'abord "Officier de Réserve" puis "activé" ensuite et seulement en 1919?
Ce doit être d'ailleurs pour ces raisons qu'il revient à Fontainebleau en 1920 pour suivre un cours d'application, en effet, l'expérience de trois ans de guerre n'est rien et il faut retourner en Ecole pour acquérir de "saines" connaissances utiles pendant le temps de paix!
Cette pratique est constante dans les Armées de la République de 1871 jusqu'à nos jours...(la vérité impose de dire que ces pratiques n'existaient pas dans les Armées des Premier et Second Empires!Est-ce un bien ou un mal, malgré près de quarante ans de carrière militaire, je ne saurai le dire!).

3) "C.O.A de Neuilly-enThelle", cette affectation n'a aucun rapport avec l'Afrique occidentale, il s'agit bien d'une affectation au Centre d'Organisation de l'Artillerie de Neuilly-en-Thelle (Oise), non loin de Creil.Ce C.O.A a surtout formé des unités d'artillerie de campagne pendant la guerre, notamment en 1917-1918, il forme à grande cadence des "Régiments d'Artillerie de Campagne Portée" (sur camions) par transformation d'unités d'Artillerie de Campagne hippomobile.En 1919, ce C.O.A est surtout occupé à pratiquer "en grand" les opérations de dissolution de nombreux groupes d'artillerie de toute sorte, y compris d'artillerie lourde.
Je crois qu'il y a de fortes possibilités de penser que le "don" ou la "récupération" du fanion date de cette affectation.En effet, les fanions ne sont pas des emblèmes "officiels" au même titre que les Drapeaux.Dans ces conditions, il est fort possible qu'un officier supérieur ait donné à votre AGP ce fanion provenant d'une unité dissoute si aucun autre officier ne souhaitait le garder.

En tout cas, votre AGP a eu une riche expérience de guerre dans l'artillerie de tranchée et dans l'artillerie lourde, ses citations sont nombreuses et témoignent de sa valeur.J'espère que cet AÏeul vous a laissé des photographies et que vous avez pu garder ses diplômes de citations.
Cordialement,
Guy François.
ljullien
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Re: Fanion 115e RAL

Message par ljullien »

Merci encore de votre aide et de vos explications passionnantes.

Concernant mon AGP, il a effectivement effectué une belle carrière. Tout d’abord en Afrique à partir de 1900 avec les campagnes d’Algérie, de Madagascar, du Sénégal et du Niger avant de revenir en France en 1915 pour combattre l’Allemagne. Il poursuit par la suite avec les campagnes du Niger et du Maroc et prend sa retraite en 1931 avec le grade de chef d’escadron.
Comme si une guerre ne suffisait pas, il réintègre l’armée en 1939-40 pour quelques mois. A la suite de la défaite de l’armée française, il intègre un réseau de résistance et vient en aide aux personnes recherchées par les nazis. En attendant, son fils « s’évade » de France par l’Espagne pour rejoindre les forces libres stationnées en Afrique du nord. Il fera lui aussi carrière dans l’artillerie coloniale et terminera sa carrière, comme son père, avec le grade de chef d’escadron et cette légion d’honneur, qui a été un véritable fil conducteur au sein de ma famille (depuis Napoléon III, tous mes aïeuls en ont été décorés). A ce propos, les recherches que je mène sur son père (qui servit en 1870) sont très difficiles, par le manque de documents d’une part, puis par un désordre apparent au sein de l’organisation de l’armée d’autre part. Je m’y perds.

Pour répondre à votre question, je ne possède malheureusement ni photos, ni documents, ni témoignage de mon AGP sur sa période militaire (juste une photo en uniforme de 1926). Par contre, ma famille détient toutes ces décorations et quelques « souvenirs » ramenés au cours de ses différentes campagnes. Concernant ses diplômes, peut-être sont-ils encore chez mon grand père, du moins je l’espère…
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