Delvert et le canon de 75

Baldovino
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Re: Delvert et le canon de 75

Message par Baldovino »

La guerre devait ramener les partisans de l'offensive à outrance aux réalités de l'emploi de l'artillerie moderne.
Cordialement, Guy.

Bonsoir Guy François

Vous êtes un spécialiste de l'artillerie 14-18.
Je voudrais pouvoir établir un dialogue avec vous. Mon adresse est <[email protected]>. Peut-être en sortira-t-il quelque chose d'intéressant pour le Forum.
Cordialement
Baldovino
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Charraud Jerome
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Re: Delvert et le canon de 75

Message par Charraud Jerome »

Bonsoir
Delvert parle de l'allongement de cette longueur de tir.
J'ai une question concernant son raccourcissement. Quand ont été inventées les plaquettes dites "malandrin"?
Malandrin: nom de l'inventeur. Il s'agit de plaquettes rajoutées pour un tir plus court et plus courbe donc plus proche du style de tir d'un obusier que d'un canon.

Il y a des discussions sur ces "rondelles" sur le forum, mais je ne trouve aucune date.

Cordialement
Jérôme Charraud
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bruno17
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Re: Delvert et le canon de 75

Message par bruno17 »

Bonjour,
À tout hasard, concernant le canon de 75, ce post que j'avais mis dans un précedent forum:

Le colonel Potel et le canon de 75

« Le libérateur ! Ainsi L’Eclair appelle-t-il le canon de 75, dont la puissance a imposé à l’ennemi sa maîtrise incontestée. Tout à été dit sur cet engin merveilleux ; la presse française et étrangère a chanté sa gloire. Lors de la retraite de Charleroi, il relevait les courages ; depuis, il n’a cessé d’inspirer la terreur aux Allemands, et le moment approche où il contribuera à délivrer de l’envahisseur les dernières parcelles du territoire national.
On sait quel éminent officier d’artillerie l’a confectionné, par quelle intelligente faveur il a été adopté. Mais sait-on quel officier a enseigné la théorie et la manœuvre du canon de 75 ? Dans le Nouvelliste on l’a dit. On l’a dit aussi dans le Courrier de la Vienne et dans l’Echo rochelais. Mais on ne l’a pas dit ailleurs. Et la presse française, en annonçant purement et simplement la mort du colonel Potel, tombé au champ d’honneur, n’a pas, faute de renseignements, rendu l’hommage nécessaire à celui qui fut le professeur de presque tous les officiers de l’artillerie française.
Le colonel Potel avait été directeur du cours pratique de tir à Poitiers, il était rochelais ; il était le beau-frère de Mr Delalande, bien connu à Bordeaux, et c’est pourquoi le Courrier de la Vienne , L’Echo rochelais et le Nouvelliste ont signalé le rôle capital qu’il avait joué dans l’histoire du canon de 75.
Le colonel Potel, dès le second jour de la mobilisation, avait été rappelé au commandement de l’artillerie de la 62ème division de réserve. Après avoir, aux environs de Paris, constitué son artillerie, il était envoyé dans le Nord au moment où les Allemands se ruaient comme un torrent vers Paris. Le 28 août, au combat de Bapaume, il fut blessé mortellement et succomba quelques jours après.
Son nom restera toujours associé à l’histoire glorieuse du canon de 75. Ainsi que le disait L’Echo rochelais, il savait et il disait les effets foudroyants de cet engin. Plein de modestie, il ne parlait jamais de ses services qu’il avait rendus à l’armée par l’étude approfondie qu’il avait faite de cette arme terrible, par l’enseignement prodigué pendant des années à ses camarades de tous les grades.
Mais il est mort pour la France, comme était mort son frère, en 1870, sur le champ de bataille de Sedan, et il apparaît à celui qui fut son ami et son parent très cher, qu’il est juste et nécessaire de rendre au colonel Potel, ancien directeur du cours pratique du tir du fameux canon, l’hommage dû à tous les bons serviteurs de la Patrie. »
Edmond Béraud

(Cet article m’a été donné par l’arrière petit-fils du colonel Potel)
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)
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TURPINITE
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Re: Delvert et le canon de 75

Message par TURPINITE »

Bonjour à tous, bonjour Jérôme,

je vais vérifier dans mes notes pour la date.

Il existe quatre types de plaquettes :

La plaquette L, au diamètre de 58 mm, pesait 34 g et était peinte en noir.
La plaquette M, au diamètre de 63 mm, pesait 40 g et était peinte en rouge.
La plaquette P, au diamètre de 68 mm, pesait 50 g et était étamée.
Par la suite fut mise au point une plaquette spéciale à oeil fileté, d'un diamètre externe de 68 mm et pesant 100 grammes. Elle était peinte en jaune, et destinée à l'obus de 75 mm modèle 1915 tiré dans le canon de 75 BS des chars.
Notice sur le canon de 75.

Amicalement
Florian
S'ensevelir sous les ruines du fort, plutôt que de se rendre.
La munition n'a ni amis, ni ennemis, elle ne connait que des victimes.
Si j’avance, suivez-moi ; si je meurs, vengez-moi ; si je recule, tuez-moi.
ALVF
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Re: Delvert et le canon de 75

Message par ALVF »

Bonsoir,

L'étude de la "plaquette Malandrin" va bien au delà du simple aspect technique de la question car elle symbolise l'incroyable mauvaise foi du pouvoir politique face aux demandes des militaires.
Les faits s'inscrivent dans le contexte de l'adoption d'un obusier léger à tir courbe destiné à couvrir tous les aspects que peut présenter un champ de bataille.Depuis l'adoption du canon de 75 mm modèle 1897 à tir très rasant, il y a impossibilité pour l'artillerie de "traiter" des objectifs à contre-pente en terrain vallonné.Depuis 1905, l'adoption d'un obusier léger a été demandé pour compléter l'action du 75, d'autant plus nécessaire qu'un obus de 105 plus lourd produit beaucoup d'effets sur un personnel abrité.La question devient "brûlante" lorsque l'Allemagne adopte un obusier de 10,5 cm en 1909.
Les commissions militaires du Sénat et de la Chambre des Députés sont très hostiles à de nouvelles dépenses militaires, d'autant plus que l'adoption du 75 a déjà coûté cher aux finances du pays.Les commissions parlementaires ont beau jeu de railler les partisans de l'obusier de 105 et de ceux préconisant un obusier de 120, ils encouragent en sous-main ces querelles d'experts (et aussi d'intérêts industriels) qui permettent de "gagner du temps".Il y a pourtant de multiples projets d'obusiers tout prêts en 1911, le 120 du Capitaine Bourdelle et le 120 du commandant Challéat, un 105 mm de Bourges pour ne parler que des réalisations de l'état, mais il y a aussi des 105 et des 120 Schneider et Saint-Chamond (industries privées) qui ont des modèles "export" vendus à plusieurs puissances européennes (Serbie, Roumanie, Russie, etc...).
A partir de 1910-1911 et de la crise d'Agadir, la menace de guerre avec l'Allemagne devient extrême, celle-ci fournit un effort gigantesque en construction d'armements d'artillerie.Il faut pourtant décider sur cette question de l'obusier léger, le Général de Lamothe, inspecteur des études et expériences techniques de l'artillerie très clairvoyant, incite le Ministre de la guerre à agir et organise en 1912 des essais à Calais effectués devant le Ministre et des membres des commissions parlementaires qui "découvrent" alors une solution "miracle".Le capitaine Malandrin a en effet mis au point une plaquette s'appliquant au projectile de 75 mm et qui permet, DANS LES CHAMPS DE TIR ET LES POLYGONES D'EXPERIENCES, de donner une trajectoire courbe au 75, surtout afin de limiter les risques de ricochets pouvant "déborder" des champs de tir et causer ainsi des dégats aux propriétés privées extérieures, voire des accidents de personnes.
Moyennant quelques "modifications", des experts "auto-proclamés" se font fort de donner au 75 mm toutes les possibilités d'un obusier léger et donc de faire l'économie d'un programme coûteux d'obusiers légers.Une telle solution qui ne coûte pratiquement rien a tout pour plaire à un parlement et un gouvernement peu soucieux de sacrifier encore quelques millions de francs or pour la construction de matériels "militaires", investissement qui déclencherait une polémique majeure au parlement.
L'adoption de la plaquette "Malandrin" permettait donc de créer un 75 "bon à tout" y compris à remplacer un obusier!La guerre devait ramener les esprits les plus obtus à la réalité, la plaquette Malandrin donnait des trajectoires des plus imprécises et ne servait à peu près à rien sur le champ de bataille.
Une simple étude de carte de tranchées allemandes de 1914 et 1915 montre clairement que les positions de résistance des allemands étaient toutes établies à contre-pente et bien défilées à l'action du 75 mm.L'absence d'un obusier léger a coûté à la Nation quelques dizaines de milliers de vies françaises.
On continuera pourtant à lire que les militaires français n'avaient rien compris à la guerre moderne et que l'absence d'obusiers légers est imputable aux seuls "services techniques de l'artillerie", solution commode et anonyme d'incriminer la communauté militaire pour son incompétence.J'invite tous les chercheurs de bonne foi à étudier le "travail" des commissions parlementaires (où tout se décide à cette époque) pour se faire une idée des responsabilités qui sont pour le moins très "partagées" entre les gouvernants, les parlementaires et la haute hiérarchie militaire.
Un dernier point, le Capitaine Malandrin fut stupéfait de se voir "promu" au rang d'inventeur d'un mouton à cinq pattes et ne supportait pas les railleries de ses camarades artilleurs qui savaient, eux, à quoi s'en tenir concernant "l'invention miracle permettant de se passer d'un obusier léger".
J'ajouterai qu'il existe heureusement des écrits et rapports qui retracent cette affaire navrante qui n'est pas seule de son espèce avant 1914 en ce qui concerne le budget de l'Armée.
Cordialement, Guy.

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Charraud Jerome
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Re: Delvert et le canon de 75

Message par Charraud Jerome »

Bonsoir
Merci Florian et Guy pour ces éclaircissements. Il me semblait bien aussi que le coup de la rondelle de saucisson était un peu tirée par les cheveux.
Désolé, Sébastien, d'abord dévier le fil de départ.

Cordialement
Jérôme Charraud
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Baldovino
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Re: Delvert et le canon de 75

Message par Baldovino »

Bonsoir
Merci général Guy François de ces explications passionnante mais avez-vous entendu parler de l'artillerie lisse avec projectils ayant leur centre de gravité à l'avant ?
(voir mon intervention du 11 / 11 dernier)
Cordialement
Baldovinoi
Baldovino
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Bernard Plumier
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Re: Delvert et le canon de 75

Message par Bernard Plumier »

Ce sujet a été déplacé de la catégorie Forum Pages d'Histoire vers la categorie Forum Pages d'Histoire : artillerie par Bernard plumier
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Marck
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Re: Delvert et le canon de 75

Message par Marck »

Bonjour à tous, bonjour Jérôme,

je vais vérifier dans mes notes pour la date.

Il existe quatre types de plaquettes :

La plaquette L, au diamètre de 58 mm, pesait 34 g et était peinte en noir.
La plaquette M, au diamètre de 63 mm, pesait 40 g et était peinte en rouge.
La plaquette P, au diamètre de 68 mm, pesait 50 g et était étamée.
Par la suite fut mise au point une plaquette spéciale à oeil fileté, d'un diamètre externe de 68 mm et pesant 100 grammes. Elle était peinte en jaune, et destinée à l'obus de 75 mm modèle 1915 tiré dans le canon de 75 BS des chars.
Notice sur le canon de 75.

Amicalement
Florian
En voila au moins 2 (merci Denis)
La 58mm à gauche et la 68mm à droite (étamée) qui porte la lettre P mais c'est difficile à voir sur la photo.
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Pour en revenir à cette histoire de distance.............?

Difficile de déboucher à plus de 6500m avec l'engin du dessous.

Image

Florian, a tu bien reçu le cd ?

Marck
Kostal
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Re: Delvert et le canon de 75

Message par Kostal »

Bonsoir,

Sur le thème des plaquettes Malandrin j'ai trouvé un témoignage dans des mémoires de guerre, "La grande guerre d'un lieutenant d'artillerie" de Pierre Grison, chez L'Harmattan.
P 43. Le capitaine Legros me fait si bien raccourcir qu'un coup tombe à 15 mètres de notre tranchée. Le tir est assez délicat à cause des arbres, nous sommes en effet obligés de nous servir des plaquettes (dispositif en tôle d'acier adapté à la fusée du projectile, réduisant constamment la vitesse de celui-ci, afin.de réaliser une trajectoire plus courbe, notamment pour ne pas écrêter les arbres. Il existait des plaquettes P (près) et L (loin).

Cordialement
Olivier
Olivier
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