La crise du 75

p Lamy
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Re: La crise du 75

Message par p Lamy »

Bonjour à tous,
trouvé au marché au Puces à Metz un petit historique de l'atelier de chargement des Gravanches plus connu sous le nom de P.C.F.D. - Parc de Chargement de Clermont Ferrand, de 1914 à 1918. Document tapé à la machine à écrire et sans doute jamais publié, écrit en 1938-1939.
En voici le plus bel extrait au sujet de la crise du 75 :
"Au mois d'avril 1915 l'artillerie venait de subir ce qui fut appelé la crise du 75 ...
...Il y avait eu des éclatements dans l'âme des canons ou à la sortie du tube...l'explosif enfermé dans le projectile faisait explosion au départ même du coup, les accidents étaient devenus terriblement nombreux et porataient sur des obus de toutes provenances.
Le Gal. Ste Claire Deville venu à Clermont en discutait avec le Cdt. Gutton (directeur du parc de Clermont). De la discussion une conclusion : l'obus vient d'une barre d'acier rond tronçonnée an "lopin" de la longueur convenable, par forgeage on lui fait une ogive, on le creuse ensuite intérieurement en lui laissant un fond de 3 cm d'épaissseur au culot. On a remplacé ainsi par un moyen simple et rapide la fabrication antérieure qui prenait un disque plat découpé dans une tôle laminée et avec une presse puissante on faisait un pot de fleur en forme d'obus dont l'ogive était ensuite formée.
Pour aller vite, et faute de presses, on avait fait venir des barres d'amérique, on les avait tronçonnées à la longueur convenable, et tout ouvrier muni d'un tour avait pu faire un obus de 75. Mais la barre ronde avait été laminée dans le sens de la longueur. Si une bulle d'air, si petite soit-elle est restée dans le métal, au laminage elle s'est allongée, elle a pu devenir un canal minuscule, mais ouvert à ses deux bouts par le tronçonnage d'un côté et de l'autre par l'évidement fait au tour. Si ce canal microscopique a bien ainsi été ouvert, les gaz provenant de la combustion de la poudre de la cartouche peuvent forcer le canal microscopique percé au travers du culot de l'obus et enflammer l'explosif.
Ces gaz sont doués d'une pression telle que l'obus sort de l'âme du canon avec une vitesse de 500 m par seconde.
Telle était la conception qui se dégageait de cette conversation.
Si c'était vrai, il suffirait de boucher ces canaux par une plaquette de fer blanc qui laminée dans le sens transversal du culot ne pourrait pas présenter les mêmes petits canaux infiniments étroits. La plaquette serait facilement soudée avec de l'étain fondu...2 jours de réflexion et voici le général et le cdt. en route pour Bourges et l'école de pyrotechnie. Huit jours plus tard, on commençait à souder des plaquettes au culot de tous les obus...la maladie de l'obus de 75 était guérie....
...Le cdt Gutton livra des centaines de mille d'obus munis de cette plaquette. Il fit mieux : le P.C.F.D. entreprit de réfectionner tous les obus déjà chargés d'explosif en leur soudnat une plaquette au culot.
Pour garantir l'atelier contre les dangers d'une explosion possible, l'opération se faisait en csemate sans avoir à chauffer le culot de l'obus. 1.600.000 projectiles furent ainsi rendus à l'armée en quelques mois...
Voilà une petite tranche d'histoire un peu méconnue.
Cordialement.
P. Lamy
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TURPINITE
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Re: La crise du 75

Message par TURPINITE »

Bonsoir,
oui le problème des 75 fut lié à deux soucis, celui que vous citez ici et au fait que l'industrie privée fabriqua des munitions, (obus en deux parties, ogive dévissable) en même temps que les établissements de l'état, ce que vous mentionnez ici est une des causes de l'éclatement prématuré des obus dans l'âme, d'autre conséquence tel que le diamètre mal respecté a eu des conséquences très grave, les longs feux étaient fréquents, et lorsque l'on sait que la pression au départ du 75 dans la chambre est de 10 tonnes, on comprend mieux pourquoi, il y a un linguet de sécurité empêchant l'ouverture de la culasse en cas de long feu! Les obus les plus touchés furent les obus de de 75 explosif mle 1900-15 et mle 1915, beaucoups furent reboutés et réutilisés avec le mortier de 75T, tir à faible vitesse initiale.
c'est d'ailleurs pour cela que les obus, ensuite furent dotés d'une plaquette arrière évitant les éventuels accidents liés à la flamme dégagée par le tir et l'inflammation de la charge propulsive.
On retrouva dans le même genre, dans les années trentes, ce genre de problême de fabrication, qui fut très vite assimilé aux travailleurs de conviction communiste. Pour ce dernier sujet, je n'ai pas approfondis, et donc pas de recherche concernant les éventuels sabotages qui auraient pu avoir!

Amicalement
Florian
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p Lamy
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Re: La crise du 75

Message par p Lamy »

Bonjour Florian,
je me doutai que mon texte vous interpellerait. Par contre je ne connaissais pas la deuxième raison que vous évoquez et vous en remercie. A tout hasard, si vous aviez des informations supplémentaires sur les Gravanches, je suis prenneur. Pour la petite histoire, il y avait avec ce superbe recueil des photos de charrgement des obus...mais le vendeur en voulait de trop et je les ai laissées. Je m'en mords encore les doigts aujourd'hui.
Le colonel Gutton était un industriel du textile qui était originaire des Vosges, qui a mis tout son svoir dans l'organisation du travail au P.C.F.D. durants les deux années où il y était, avant de rejoindre les ateliers de Montluçon.
Bien à Vous.
P. Lamy
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rolando
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Re: La crise du 75

Message par rolando »

Bonjour Florian et p Lamy, bonjour à toutes et à tous,

Je tiens de ma mère, que son père qui travailla dans un arsenal à partir de 1915, avait été menacé de passer en Conseil de Guerre (et probablement beaucoup d'autres ouvriers) pour sabotage car des obus de "75" éclataient dans les canons. L'hypothèse avait été émise que le corps de l'obus aurait été poreux.
Malheureusement je n'en sais pas plus.

Bie cordialement, Caballero.
Caballero
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TURPINITE
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Re: La crise du 75

Message par TURPINITE »

Bonjour à tous, bonjour Caballero,
oui tout à fait, la crise du 75 a eut un impact, c'est certain, l'affaire a été prise pour un sabotage, il y a eu des enquêtes, bien entendu!!!
Amicalement
Florian
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TURPINITE
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Re: La crise du 75

Message par TURPINITE »

Bonsoir à tous, bonsoir Pierre,
merci pour ce complément, j'avais lu que c'était le diamètre qui était déffectueux, donc c'est bien, cela va me permettre de corriger par rapport à ce que j'ai!!
Amicalement
Florian
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Cyril Cary
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Re: La crise du 75

Message par Cyril Cary »

Bonsoir
Un autre cas d'éclatement d'obus dans l'âme de canon couta les deux pièces de 520 française.
Image
Le tir d'acceptation (80 obus OAT) a Quiberon de la première se passa sans problème mais la seconde pièce de la batterie explosa au cinquième coup le 27/07/18.
La pièce survivante ne participa pas à la guerre. Aprés guerre, les causes de cette explosion prématurée furent découvertes: faiblesse structurelle, dut à l'acier utilisé, du corps des obus. Une grande partie des obus fabriqués furent coulés au large de Brest. Une toute petite partie d'"anciens obus" fut stockée en arsenal, tandis que la production de nouveaux obus fut lancée. Les troupes allemandes capturèrent la pièce en 1940, utilisèrent les nouveaux obus, puis , le stock écoulé, utilisèrent les anciens, sans connaitre, a priori, le défaut. La dernière pièce de 520 explosa le 5 Janvier 1942 au siège de Léningrad.
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Cordialement
Cyril
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dominique rhety
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Re: La crise du 75

Message par dominique rhety »

Bonsoir,

des artilleurs ont invoqué la responsabilité par incompétence de certains " tourneurs " d'obus, notaires ou avocats par exemple, embusqués dans les usines .

Cordialement .
Dominique Rhéty
Nathalie C.
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Re: La crise du 75

Message par Nathalie C. »

Bonjour à tous

Je ne suis guere familiarisée au vocabulaire des artilleurs mais quand j'entend le nom des Gravanches, cela m'evoque ceci :
Image

..et surtout ceci..

Image

Bien à vous
Nathalie
(PS : pour Jean, au premier plan il s'agit de l'HC n °78 )
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Bernard Plumier
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Re: La crise du 75

Message par Bernard Plumier »

Bonjour,

l'on peut voir au musee de Notre-Dame de Lorette un tube de 75 victime de ces eclatements

http://www.passioncompassion1418.com/Ca ... rette.html

Amicalement

Bernard
"- ... On s'amuse bien : tous les soirs nous enterrons nos copains !"
"La Peur" (en permission) - G. Chevalier


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