Bonjour à tous,
Naufrage du 10 Mars 1918
Navire équipé d’un canon de 90 mm modèle 1877 sur affut modèle 1916
2 Verdier et 8 Berger non utilisés.
Cette liste d'équipage semble plus précise au point de vue orthographe de certains noms que celle de Février 1918.
Rapport du capitaine
Quitté Swansea le 10 Mars 1918 à 04h00 avec un complet chargement de 1670 tonnes de charbon pour Rouen. Débarqué le pilote à 04h20 par le travers du feu des Mumbles et suivi la route donnée par les instructions de l’Amirauté britannique. Temps clair. Mer belle. Suivi la côte le plus près possible. Contourné les baies et les pointes en zigzaguant. Toute la bordée de veille à son poste avec vigie haute, canonnier à la pièce avant, canonnier à la pièce arrière, canonnier, capitaine et maître d’équipage à la passerelle.
Rien d’anormal lorsqu’à 10h15 le TSF reçoit un télégramme annonçant la présence d’un sous-marin à 2 milles dans le N45W de Trevose Head. Avisé l’équipage et donné l’ordre de faire une veille attentive et de se tenir prêt à toute éventualité.
Soudain, à 11h36, l’homme de vigie signale à 45° sur l’arrière du travers tribord le sillage d’une torpille venant en direction du navire à 700 m de distance. Je me rends aussitôt à l’évidence et fais manœuvrer à gauche toute, à seule fin de présenter le moins de surface possible à cette torpille, et fais donner la vitesse maximum au navire.
A 11h37, la torpille frappe par le travers de la cale 4 à tribord. Donné l’ordre de stopper, manœuvre effectuée immédiatement. Vérifié la position qui est transmise immédiatement au TSF (2 milles dans le Nord de Pentire Head, côte de Cornouailles).
Voyant l’arrière du navire s’enfoncer, donné l’ordre de disposer les embarcations de sauvetage, manœuvre exécutée dans de très bonnes conditions. Chacun a pu rejoindre le poste qui lui était désigné. La torpille avait provoqué une déchirure des tôles sur 4 m de longueur à la flottaison et la cale 4 était entièrement envahie. Voyant la position critique du navire et n’ayant plus aucun espoir de sauvetage, après m’être assuré que le personnel était au complet dans les embarcations, embarqué le dernier et donné l’ordre de s’éloigner du bord.
Les documents confidentiels, mercantiles tables n° 8 et 9, ont coulé avec le navire sous enveloppe cachetée et enfermée dans une caissette plombée.
Il y avait sur les lieux deux contre-torpilleurs anglais, deux dirigeables, deux hydravions et deux vedettes qui accompagnaient un convoi de navires marchant à contre-bord. Avons été recueillis aussitôt par l’une de ces vedettes qui est restée sur les lieux jusqu’à la disparition complète du navire et nous a déposés à Padstowe.
Rapport certifié devant Monsieur Emile FEER, Consul de France à Southampton, le 12 Mars 1918.
Rapport de la commission d’enquête
Elle reprend tous le déroulement des faits et souligne :
- Ordre et sang froid de l’équipage
- Le radiotélégraphiste est un tout jeune homme qui n’a pas hésité à descendre sous le pont pour mettre en marche le moteur de secours et a envoyé le signal de détresse avec le plus grand calme
- Le capitaine s’est assuré que tout le monde était sauf et a embarqué le dernier dans le canot.
- Il s’est écoulé 30 minutes entre le torpillage et le moment où le navire a coulé.
- La torpille était tellement en surface que l’on a eu l’impression pendant un moment que c’était le sous-marin lui-même.
- La secousse a été très violente, une énorme gerbe d’eau est retombée, mélangée à du charbon et du bois, la plateforme du canon arrière a sauté et le canonnier a failli être projeté à la mer.
- Le bâtiment a tout de suite pris de la gite et s’est enfoncé par l’arrière.
- L’absence de cloisons étanches dans le bâtiment rendait la situation très grave.
- Aucune infraction aux instructions de route depuis le départ de Swansea.
Récompenses
Lettre de félicitations du Ministre
DURAND Joseph Pierre Capitaine au Cabotage Capitaine
Pour le sang froid et l’esprit de discipline dont il a fait preuve ainsi que pour la bonne organisation du sauvetage du personnel à l’occasion du torpillage de son navire
JAMBON François Auguste Capitaine au Cabotage 2e capitaine
Pour le zèle, le dévouement, l’esprit militaire avec lesquels il a assuré à bord du vapeur GERMAINE le bon ordre et la discipline, ainsi que la parfaite organisation du service de l’artillerie dont il était l’officier de tir, et du service de veille, et aussi pour le sang froid dont il a fait preuve lors du torpillage de GERMAINE.
Citation à l’Ordre du Régiment
MOREAU Théodore Radiotélégraphiste
Pour le sang froid et le courageux dévouement dont il a fait preuve lors du torpillage de son bâtiment en assurant son service dans des circonstances particulièrement difficiles
Témoignage Officiel de Satisfaction
Vapeur GERMAINE
Pour le sang froid et la discipline dont chacun a fait preuve lors du torpillage.
Le sous-marin attaquant
C’était le grand croiseur sous-marin U 110 du Kptlt Carl Albrecht KROLL.
Correction : type mittel U - Voir post d'Yves ci-dessous-
Voici ce sous-marin photographié Heligoland
Et un superbe portrait de son commandant
(source uboat.net) réalisé par Hans Erich Godbersen (1884-1930).
Cinq jours plus tard, le 15 Mars, U 110 sera sévèrement endommagé au Nord de l’Irlande par une attaque des HMS MICHAEL et MORESBY. Il parviendra à faire surface mais finira par couler par 55°49 N et 08°06 W, emportant avec lui 32 de ses 41 hommes d’équipage. Le commandant Kroll sera pas au nombre des rescapés.
On ne peut d'ailleurs que constater qu'en attaquant GERMAINE alors que ce vapeur croisait un convoi puissamment escorté par des moyens navals et aériens, ce commandant n'hésitait pas à prendre des risques...
Cdlt