YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

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Ar Brav
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Re: YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

Je copie ici un message de Mireille au sujet du sauvetage par les marins de l'ile d'Yeu du cargo norvégien YMER. Il m'a semblé intéressant d'en faire un sujet à part, à la mémoire de ces sauveteurs bien souvent restés dans l'ombre, et en hommage à leurs successeurs qui ne le sont pas moins :

Voir ici :

pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _126_1.htm

Bien cordialement,
Franck

Posté le 06-12-2007 à 14:23:16 par Mireille Salvini :hello:

bonjour à tous,
bonjour Franck,

en janvier 1917,un cargo norvégien fut torpillé par un sous-marin allemand,au large de l'île d'Yeu.
des marins de l'île d'Yeu se sont portés au secours des naufragés,mais certains de ces sauveteurs n'en sont jamais revenus.
la Norvège érigea un monument en l'honneur de ces marins à Port-Joinville.
mais avec le temps et l'air marin,les noms commencent à s'effacer.

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amicalement,
Mireille
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Ar Brav
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Re: YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

Message par Ar Brav »

Bonjour Mireille,

Merci pour ce sujet que je ne connaissais pas, c'est plutôt émouvant. Dommage qu'on laisse disparaître peu à peu les noms des sauveteurs pourtant gravés dans la pierre comme pour l'éternité...

Amitiés, :hello:
Franck
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Ar Brav
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Re: YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

Message par Ar Brav »

Bonsoir à tous,
Pour les curieux de la petite histoire :

YMER NO 1T
1,123 J. Lund & Co., Bergen 228.5 x 35.2
C Laxevaags Maskin & Jernskibsbyg., Bergen (10) #99
15 - A/S D/S Ymer (J. Lund & Co., mgrs.)
Captured and scuttled with explosives by UC 16, 23 Jan 1917, 60 miles west of Rochefort, voy. Santander - Middlesbrough, iron ore

Starke Register 1910

L'UC 16 était à l'époque commandé par l'Oblt z.S. Egon von Werner qui venait de fêter son 28e anniversaire. Il allait ensuite commander les s/m UB 54 puis UB 111 et survivre à la guerre.
Yves
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Terraillon Marc
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Re: YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

Message par Terraillon Marc »

Bonjour

Ce naufrage a fait l'objet d'articles.

Voici les références :

BIB PC 16 - 1917, naufrage de l'Ymer, bâtiment norvégien : la tragique odyssée des sauveteurs de l'Ile-d'Yeu / Jean-François Henry.

In : Recherches vendéennes. - (1999) n° 6, p. 115-118



Titre(s) : Recherches vendéennes / 1917, naufrage de l'Ymer, bâtiment norvégien
Auteur(s) : Henry, Jean-François

Contexte historique : 1917
Lieu(x) : Ile-d'Yeu, L'
Matière(s) : Sauvetage en mer / Naufrage / Ymer (cargo)


tiré du site http://recherche-archives.vendee.fr/sau ... ?NOCLEAN=0

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
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Ar Brav
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Re: YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

Message par Ar Brav »

" En janvier 1917, un cargo norvégien fut torpillé par un sous-marin allemand, au large de l'île d'Yeu. Des marins de l'île d'Yeu se sont portés au secours des naufragés, mais certains de ces sauveteurs n'en sont jamais revenus. La Norvège érigea un monument en l'honneur de ces marins à Port-Joinville "
Bonsoir à tous,

Pour exprimer sa reconnaissance pour le dévouement dont avaient fait preuve les hommes du canot de sauvetage de l'île d'Yeu, qui s'étaient portés au secours de l'équipage de l' Ymer, le gouvernement norvégien décerna la médaille d'or du sauvetage à M. Devaud, patron, et la médaille d'argent du sauvetage à MM. Plessis, Girard, Tonnel, Gouiller et Tarbé, ses équipiers ; se vit également attribuer la médaille d'argent du sauvetage M. Marrec, inscrit de Concarneau, qui avait aidé au débarquement des naufragés et les avait sauvé par les soins qu'il leur avait prodigués (La Croix, n° 10.425, 2 mai 1917, p. 7).

Bien à vous,

Daniel.
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Ar Brav
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Re: YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

Message par Ar Brav »

Pour ceux qui sont curieux de cette histoire voici le texte tiré de l'Illustration du 10 Mars 1917, qui relate le periple du canot et les noms des marins.

La Tragique Odyssée des Sauveteurs de l’Ile d’Yeu


Nos marins des côtes de l’ouest.

La destructive hostilité des éléments rivalisant, par exception, avec la meurtrière furie allemande, vient d’ajouter aux annales de notre marine, un épisode qui vaut plus que la rapide mention qui en fut faite sur les feuilles volantes des quotidiens.
Il est tout à l’honneur de nos populations des côtes de l’Ouest, les marins de cette vaste zone qui s’étend du littoral breton à la province basque n’ont peut être pas une réputation aussi généralement établie d’endurance, d’expérience nautique et d’entreprenantes audace que leurs émules des régions voisines plus au nord et plus au midi
A tort sans doute, au centre de cette zone l’Ile d’Yeu par exemple sentinelle placée par la nature en avant de nos rivages de l’Atlantique comme pour les gardez, de la Loire à la Gironde, tant d’hydravion y devraient nicher !
L’île d’Yeu est une véritable pépinière de matelots et de capitaines au long cours, pas un bâtiment de la marine de l’Etat qui se signale par quelques exploit ou qui périssent glorieusement sur lequel ne figurent pas un marin originaire de l’île d’Yeu
C’est de la que, pour tenter de sauver sept Norvégiens naufragés par une torpille boche, douze de nos Islais se sont récemment élancés dans une expédition où six d’entre eux ont péri.
Cette odyssée des sauveteurs de l’île d’Yeu avec les naufragés norvégiens qu’ils voulurent au prix de leur vie, arracher à la mort, restera parmi les plus tragique aventures de la mer.

L’équipage et les Volontaires.

Le 26 janvier dernier, en pleine période des froids exceptionnels de cette saison, à 11 heures du matin le sémaphore de la Pointe du But ( nord ouest de l’île ) signalait à Port Joinville qu’une embarcation paraissant contenir sept hommes était en détresse à 3 milles dans l’ouest.
Le patron du canot de sauvetage Noè Devaud ( 53 ans, mais gaillard solide et trapu très alerte encore ) faisait aussitôt battre le rappel de ses hommes, l’équipage d’un canot de sauvetage de ce modèle comporte outre le patron qui est à la barre et le sous-patron ou brigadier qui se tient à l’avant prêt à toute manœuvre et notamment à jeter les amarres, dix rameurs, naturellement marin de choix dans la force de l’age et valides.
Mais les marins dans la force de l’age et valides sont en ce moment dispersés sur tout les fronts de mer, ils sont sur les torpilleurs, sur les croiseurs, sur les cuirassés, il reste néanmoins des marins de choix dans l’île, mais de ceux constituant les deux équipes régulières du bateau de la société centrale de sauvetage il n’y avait de présents que deux des doyens, Pierre Girard 54 ans et Pierre Pelletier 46 ans, inscrit le premier depuis 27 ans, le second de puis 21 ans aux rôles de ces équipages d’élite ; il y en avait avec Devaud un quatrième, leur cadet Emmanuel Trubé 30 ans, père de cinq enfants revenu du front de l’Yser après réforme définitive, pour blessure de guerre reçue en combattant parmi les fusiliers marins, quoique marchant avec difficulté, il se présenta promptement.
Autour d’eux se groupèrent alors des volontaires. Au premier signal il en était sorti de toutes les petites maisons blanches aux volets gris qui s’étagent autour du port, il en vint même des villages les plus proches, les uns se levant de table et quittant leur déjeuner, les autres qui n’avaient pas commencé, renonçant à leur repas.
L’un deux, Adolphe Izacard 46 ans se remettait d’un bronchite qui le tenait cloué au lit depuis plusieurs semaines. Mis en éveil par quelque agitation autour de sa demeure et apprenant de quoi il s’agissait il se leva « femme je me sens mieux, veut tu que j’aille jusqu’au port ? un petit tour le fera du bien » et rassurant ses enfants, il en à sept, il se hâta. C’était sa première sortie.
Déjà le patron constituait son équipage de fortune, il avait pris d’abord par droit d’estime et d’affection un fin marin, son beau frère Edmourd Pillet, quinquagénaire père de six enfants en attente d’un septième , et puis tout naturellement le frère de celui ci Emile Pillet, 49 ans et sept enfants aussi, puis un réformé de vingt huit ans Joseph Renaud gravement contrefait des deux pieds mais doté d’un torse d’hercule, puis un tout jeune pas encore sous les drapeaux, classe 1918, Alexandre Gouillet, puis encore un réformé, père de famille Olivier Pessis, un autre père de famille 48 ans et cinq enfants Batiste Tonnel, enfin Arnaud Taraud 46 ans, un vrai routier de la mer au repos dans l’île entre deux navigations et qui accourut, essoufflé du bout du port, afin de ne pas manquer ce départ.
Les voilà donc tous, se passant aux épaules le gilet de sauvetage se le ceignant aux reins et parés, leur canot armé avancé sur son chariot, jusqu’au seuil grand ouvert de l’abri, prêt a descendre sur ses rails jusqu’à la mer, les voilà tous, non sans quelques impatience à « espérer » que le flot monte, le canot n’aurait en ce moment pas assez d’eau. Enfin sur les 13 h 30 tous les sauveteurs à leur poste a bord, le signal est donné, l’embarcation chargée dévale avec rapidité, atteint l’eau, talonne légèrement glisse et s’élance hors du port.

Le Sauvetage et les Premieres Péripéties du retour.

Le vent soufflait du sud est , Devaud fait mettre à la voile, double la point nord et fait route franchement vers l’ouest, ils trouvent enfin deux heures après à plus de trois milles la baleinière en détresse, ils l’accostent, y découvrent sept norvégiens, la moitié de l’équipage du vapeur « Ymer » de Bergen, torpillé trois jours auparavant à environ 150 milles de la dans les eaux d’Espagne, dérivant sous l’action des courants et des vents ces malheureux ont été apportés jusqu’ici, tandis que l’autre moitié de leur équipage, plus malheureuse encore à disparue vers le large où elle sait perdu a jamais, ceux ci sont eux même à bout de forces confortablement vêtus, mais rongés par la faim, ils gisent presque inanimés. Ce bateau qui les accoste avec ses douze vaillants sauveteurs, c’est le salut inespéré, c’es t la vie, ils se redressent, s’accrochent on les transborde et , vite on leur passe des biscuits le rhum qui sont réglementairement a bord, et sur lesquels ils se jettent, cela les ragaillardit provisoirement
Il n’y a donc plus qu’à rentrer, a ce moment passe une petite voile, un islais a vide, qui prendrait bien volontiers quelques uns des naufragés ,mais pourquoi nos sauveteurs se déchargeraient t’ils du devoir de ramener eux mêmes leur précieux fardeau humain, puisque tout va bien a bord ?
L’islais disparaît, le canot plus chargé remonte un peu, à l’abri de l’île, pour doubler la ponte nord hérissée de récifs, après quoi il faut faire route plein est, contre le vent, aux avirons et souque.
Une heure plus tard nos rameurs sont à un mille au nord de l’île, ils avancent plus lentement car le vent fraîchi et surtout le courant formé par la marée descendante croit en force de minute en minute, les hommes tirent sur les avirons, ils tirent, tirent se fatiguent visiblement n’avancent plus !
Inutile de s ‘obstiner, il est 17 heures, dans cinq heures par l’effet de la marée remontante le courant aura viré et servira la rentré à laquelle il s’oppose maintenant.
Devaud décide de mouiller l’ancre tombe, va se crocher dans le fonds et le canot brusquement mais solidement retenu au bout de son câble fait tête au courant, le vent fraîchit toujours et les hommes mouillés par les embruns immobiles sur leurs bancs commence a souffrir du froid, le sémaphore les observe de loin et signale au port qu’ils ne bouge plus, la manœuvre judicieuse de Devaud y est d’ailleurs comprise de tous on en s’alarme pas
Si l’on avait soupçonné qu’en dépit de l’expérience , de l’habileté de la résistance de cette équipage pourtant improvisé, la situation pour lui s’aggravait constamment le vapeur de Fromentine à Port Jonville qui venait précisément de rentrer et qui était encore sous pression fût on veut le croire reparti à leur secours, il les eût indubitablement rejoints et ramenés.
Mais nul à terre n’imaginait et ne prévoyait les périls qui s’accumulaient là bas.
Carle courant augmente toujours accéléré par le vent qui souffle maintenant avec violence, il atteint une vitesse d’environs six nœuds, et la nuit tombe le grand phare, la haut de cinq secondes en cinq secondes ,brasse maintenant des ses brusques éclairs tournants jusqu’à perte d’horizon ; l’immensité pleine d’ombre mouvantes. Tout en bas l’eau qui s’enfle en houle torrentueuse enveloppe la frêle embarcation, il semble que d’innombrables mains humides et bruissantes glissent sous la coque, palpent ses flancs, l’étreignent, l’attirent vers le large, le brave canot résiste, il se démène il se débat.
Montant descendant, rejeté sur tribord, bousculé sur bâbord, mais retenu pas son câble, un beau câble presque neuf, il tient toujours tête a l’eau monstrueuse.
L’équipage est du reste sans inquiétude m ais tous ils frissonnent, ils tremble de froid, un vent glacial les fouette et les cingle de grésil
Deux heures durant il agira cruellement sur eux, tandis que la mer irritée par le minuscule obstacle qu’elle ne peut vaincre poursuit d’autre part son œuvre sournoise….
Ainsi jusqu’au moment où le canot dans une sorte de bond se trouve irrésistiblement enlevé, emporté comme par un tourbillon.
L’ancre avait dû se fixer dans les bas fonds entre deux rochers, les secousses, que la houle grossissante et le courant imprimaient au canot, descendait en saccades le long du câble et le sciaient peu à peu sur une arrête, il finit par ce rompre !

A la dérive dans la Tempête

Alors les canotiers se remettent à l’ouvrage, c’est à dire aux avirons pour maintenir la dérive, par cette forte marée, la plus forte marée de la saison à cette heure où le courant atteint son maximum de violence et alors que le vent dans le même sens redouble ils filent vers le large avec rapidité, les hommes luttent, mais on se souvient que pour répondre plus vite a l’appel les uns s’étaient a peine vêtus et les autres n’avaient pas mangé, voilà maintenant près de dix heures qu’ils sont en mer, ils s’épuisent les embruns déposent sur leurs visage, sur les mains une bruine qui se congèle en verglas, ils se sentent lentement paralyser, ils multiplient pourtant leurs efforts et le phare s’éloigne toujours sa quadruple fulguration devient une étoile intermittente qui diminue.
Les voilà donc en proie au plus redoutables ennemis de l’homme le froid, la faim, et l’eau, l’eau noire aux blanchissantes écumes, quelques formidable et menaçante qu’elle apparaisse c’est l’eau qu’il redoute le moins, ils la connaissent ils l’ont si souvent domptée ils savent manœuvrer pour éviter ses coups les plus terrible, mais la faim qui les ronge intérieurement et le froid qui les pétrifie et les immobilise !
Il devient évident qu’ils ne rejoindront plus le port, ils sont toujours chassé vers l’ouest, a la voile en poussant au nord ils peuvent atteindre Belle Isle
La grand voile et la misaine sont hissé et le bateau par vertigineusement, la mer à grossi encore le vent souffle en tempête, un paquet de mer qui leur arrive par le travers éteint le fanal fausse le compas les submerge, ces canots de sauvetage ont sous leur pont, des compartiments étanches qui en assurent l’insubmersibilité, et des tubes a soupapes qui doivent assurer l’évacuation automatique de l’eau, mais le canot est très chargé les paquets de mer se succèdent les soupapes fonctionnent mal, le canot ne se vident plus, dans l’eau jusqu’au cuisses les hommes se hâtent d’amener la grand voile, on fera route sur la misaine, c’est encore trop ,on l’amène et on met l’ancre flottante sorte de poche en toile qui posée sur l’eau, se gonfle sous l’action du vent et maintient en pareil circonstance le canot debout a la mer
On a double le cap de nuit du 26 au 27 janvier là bas a terre le thermomètre a marque cette nuit là moins 15 °
Eux sont ici, les pieds et les jambes dans l’eau, le haut du corps battu par les lames ruisselants de gouttes qui se congèlent au fur et a mesure et recouvrent d’un verglas toujours plus épais les bancs, les mâts les avirons et leur chair même.
Ah ! l’homme dans sa lutte contre l’homme peut toujours prétendre à la victoire, il a dans sa propre résistance la mesure de son ennemi, et sa volonté peut toujours aspirer à surpasser la volonté adverse amis qu’elle que soit l’énergie qu’il déploie dans sa lutte contre les éléments, une heure advient parfois où les puissances coalisées de la nature abusent et surpassent non le courage mais la force même de l’individu.
Cette heure approche pour quelques un de nos pauvres naufragés, la plupart, ils sont encore prêts a déjouer et à contre battre tous les maléfices de la mer. Comment annihiler le froid mortel qui les pénètre et qui les envahit ?
Pourtant ils ne geignent guère et il suffit des avoirs connus pour se douter qu’ils n’exhalent pas de vaines récriminations.

La barque funèbre.

Un sourd gémissement des plus affaiblis, deux des norvégiens, dont c’est la troisième nuit en mer, et Izacard, qui avait quitté sont lit de convalescent pour s’embarquer, une brève plainte de tant de misère, de tant de misère physique venant de couronner l’autre, et puis une série de transe et d’évanouissement progressif, tous les trois presque ensemble ils glissent du froid douloureux et passagers de la vie dans le froid insensible et définitif de la mort.
Les autres s’aperçoivent à ce moment que l’ancre flottante vient d’être arrachée par la mer, à présent tout a fait démontée, la situation est devenue extrêmement périlleuse, vite une drôme sorte de cadre qu’ils improvisent avec deux mâts et un grand aviron fortement lié, et qu’ils mouillent à l’avant ce qui est de même que l’ancre flottante maintient le canot debout à la mer et présente en outre l’avantage de briser les lames avant leurs arrivée sur l’étrave.
Devaud s’est établi ainsi comme a la cape, et toute la journée, il y reste dérivant légèrement en pleine tempête sous les des rafales de neige. Ses hommes arrivent à vider un peu le bateau, le soir revient et puis la nuit retombe, le froid sévit atroce, ils sont transpercés , le feu de Belle isle leur apparaît dans le nord est, et cela leur permet d’évaluer leur position : 15 milles dans le sud Ouest
Il est près de minuit, deux autres norvégiens à bout de résistance expirent.
Le froid est de plus en plus intolérable, Devaud voit son brigadier, Pelletier agoniser, a tous risque il faut aller atterrir, au prix de d’efforts qui sont autant de tortures , les moins exténués démontent la drôme, replantent les mâts, hissent les voiles puis aussitôt, a cause de la houle énorme, abattent la grand voile, cependant le canot s’incline, embarque des paquets de mer, un ris a la misaine, il reprend de l’allure et fuit ainsi vers le nord ;de l’eau sur bâbord jusqu’à la lisse
Pelletier , puis Taraud, meurent et Renaud puis un cinquième norvégien commence a râler ; l’un des deux Pillet articule péniblement qu’il sent ses yeux ce voiler.
Belle Isle est loin dans l’est, Groix est encore trop au nord est , le canot de sauvetage de l’île d’Yeu n’est plus q’une barque funèbre à demi noyée chassée par le vent et par les flots où quelques survivants luttent encore désespérément tandis que sont pilote, la main figée à la barre par le verglas scrute avidement devant lui la ligne médiane de la mer et des nuées pour y découvrir la côte du Finistère qui finira bien par lui fermer l’horizon.
Devaud a déjà devant lui sept morts, dont trois norvégiens en groupe a ses pieds, en passant tout ces cadavres par dessus bord ses matelots allégeraient sans doutes l’embarcation qui peut être remonterais à la lame, ni lui ni les autres n’y songent où s’ils y songent ils ne si arrête point .
Ils se sont jetés dans cette aventure pour enlever à la mer des victimes de la piraterie allemande, s’ils ne peuvent les ramenez vivants du moins ils ne les abandonneront pas mortes et les norvégiens qu’ils ont voulus sauver seront inhumer sur le rivage à coté de leur camarades français.

Le Troisième jour.

Quoique ainsi surchargé du reste, le canot file toujours bonne allure le jour se lève, le troisième qui les éclaire dans leur barque, Groix glisse a l’est, disparaît dans le sud est, les Glénans se devinent à gauche, Devaud suppute que sa direction étant fermement maintenu au nord , il va aborder sur la gauche de l’embouchure de l’Aven
Mais il faut se hâter, Joseph Renaud qui s’est abandonné a l’avant la tête sur la lisse, meurt, il faut ce hâter pour qu’il ne périssent pas tous, les un après les autres jusqu’au dernier. On essaie encore la grand voile il faut y renoncer, le vent a tendance a faiblir mais la houle est encore trop forte, une heure se passe puis deux, le grand jour est venu depuis longtemps, le soleil par moment fait des trouées dans les nuages et la côte se précise , un cinquième norvégien meurt, Devaud voit un îlot, qu’il sait être désert, l’île Verte, et pousse plus loin.
Il élonge la côte de l’îlot Raguenès qu’habite avec sa famille, un seul pêcheur sorte de Robinson, Jean Marrec, vaguant sur la falaise sud Marrec a aperçu le canot en détresse et lui fait signe de venir aborder par le nord ouest. Enfin il vont toucher terre, le premier a descendre est un des deux norvégiens, lieutenant de l’Ymer ses vêtements imperméable l’ont relativement protéger durant ces nuits mortelles. Surmontant son épuisement il va sur la terre ferme chercher du secours à l’hôtel qu’on aperçoit à 600 mètres, tandis que Marrec hale le canot sur sa grève. Devaud débarque le second avec Marrec il aide ses camarades à se tirer de l’embarcation les frères Pillet sont incapable d’un mouvement déjà presque inanimé, sur un plateau qui sert au transport du varech le pêcheur de Raguenès les traîne, les hisse, les porte jusqu'à son logis, Emile Succombe sur le seuil, Edmond en dépit des soins dévoué et rudimentaire qu’on leur prodigue, succombe douze heure plus tard.
Ce sont les deux dernières victimes de cette odyssée ,avec la première des victimes française, Izacard, ils laissent à eux trois, vingt et un orphelins.

Le lendemain on dégageait les neufs autres morts de la carapace glacé dans la quelle ils étaient engainés au fond du canot, lequel de lui même peut après avoir été délesté des survivants s’était en grande partie vidé.
Et on enterrait les cinq norvégiens et les six français dans le cimetière du bourg voisin de Nevez, où ils reposent cote a cote fraternellement.

Pour les victimes

C’est comme on a pu en juger, un extraordinaire enchaînement de coïncidences fâcheuses et presque imprévisibles qui a transformé ce drame de la mer en tragédie.
D’abord la plus forte marée de la saison ayant à la basse mer asséché le port de départ , à retardé le lancement, puis le courant descendant accentué par le vent du sud est, à l’heure même où les sauveteurs revenaient rompit le câble de mouillage, La Société Centrale De Sauvetage des Naufragés qui est avec le concours mais indépendamment le l’administration maritime comme un véritable ministère du sauvetage tout en restant une institution privée ouverte à toute les initiatives favorables a toutes les améliorations, ne saurait que trop se préoccuper de placer devant des eaux toujours suffisante les cales de lancement des ses canots, jusque dans les ports ou au moins à proximités des ports mêmes qui assèchent à marée basse. Ce problème difficile à résoudre, n’est sans doute pas insoluble.
Si les canotiers de l’île d’Yeu étaient partis une heure plus tôt, ils auraient pu, au retour franchir en temps opportun la passe critique. Un plus long tronçon de chaîne reliant l’ancre au câble de chanvre eût probablement évité le sciage de l’attache.
La Société Centrale de Sauvetage a croyons nous l’intention de doter d’un canot a moteur les poste important de la côte dès que les événements le permettrons. l’île d’Yeu bénéficiera de cette mesure, avec un canot a moteur, nos hommes même partis seulement à l’heure où ils ont effectivement pris la mer auraient encore au retour, aisément rebroussé le courant redoutable.
La Société Centrale, outre des médailles d’or et des prix en argent aux survivants va d’ailleurs selon sa coutume assurer une pension aux veuves
Un souscription ouverte à leur bénéfice en Norvège aurait atteint déjà un chiffre fort appréciable .
Quoi que l’ont fasse on ne peut craindre de dépasser la mesure envers des familles qui portent leur deuil avec une si noble simplicité, qui l’entourent pudiquement d’un voile de silence.
A quoi leur serviraient il de se répandre en lamentations bruyantes ? Si des circonstances toutes semblables s’offraient a nouveau, d’un sauvetage de vie humaines avec les risques qui lui sont toujours inhérents est ce que des marins tels que les leurs pourraient loyalement ne pas répondre encore a l’appel ? …alors ?
Tout ce que permettent ces parents en vêtements noir, ces veuves accablés par la fatalité, c’est une protestation farouche contre une si incompréhensible hostilité de la nature contre l’unanimité de éléments qui trahissent avec une persistance, une perfidie rares, ce petit groupe de vaillants

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Terraillon Marc
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Re: YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

Message par Terraillon Marc »

Bonjour

Voici un lien vers un des sauveteurs disparus durant le sauvetage de l'YMER

http://www.famille-bretet.net/FicheGoui ... xandre.htm

Le navire de sauvetage était le "Paul Tourreil"

Il est référencé dans la base de données

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

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Ar Brav
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Re: YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

Message par Ar Brav »

Bonsoir Dominique,
Bonsoir à tous,

Merci pour la relation de cet évènement dramatique.
Une vue très simplifiée de la tragique odyssée des rescapés du cargo norvégien Ymer, des Sauveteurs de l’Ile d’Yeu et du trajet parcouru dans des conditions extrêmes :

Image

Cordialement,
Franck
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Re: YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

Message par Terraillon Marc »

Bonjour

Et voici un autre exemplaire de l'article de l'Illustration avec des photos

http://www.famille-bretet.net/documents5.htm

A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON

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Ar Brav
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Re: YMER - Cargo norvégien et les Sauveteurs de l'ile d'Yeu

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

Voici la relation du drame telle que parue dans l'hebdomadaire Le Marin du vendredi 04 décembre 2009, rubrique "Mémoire de l'histoire", page 30. L'auteur n'est pas cité.

Bien cordialement,
Franck

Les rescapés de l'Ymer.

Le courage des marins de l'île d'Yeu a été mis en évidence lors de l'affaire « Paul Tourreil ». C'est le nom de l'ancien canot de sauvetage de l'île, qui vécut une véritable odyssée en 1917.


Le monument dont nous présentons une photographie dans cette page a été érigé à Port-Joinville sur l'île d'Yeu. Dû au sculpteur Isabelle Véry, il a été inauguré le 26 mai 1991 en présence d'un représentant du gouvernement norvégien. Il remplace une ancienne stèle, dont il est une copie conforme, qui avait subi les outrages des embruns. Les Islais sont très attachés à ce monument, symbole de la bravoure de sauveteurs locaux qui laissèrent malheureusement dans l'île cinq veuves et 21 orphelins, en janvier 1917, en se portant au secours de marins norvégiens perdus en mer.

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A l'extrémité nord du port de Port-Joinville (île d'Yeu), voici l'actuel monument érigé à la mémoire des marins du Paul Tourreil, sur la place de Norvège (place Dingler avant 1922).

Sources :
Le Marin du vendredi 04 décembre 2009, rubrique "Mémoire de l'histoire", page 30.
Photo M. Maurice Esseul.


Depuis l'érection de la stèle, ce monument sert de point de ralliement pour la célébration de toutes les cérémonies officielles dans l'île. La tragédie qu'il évoque marqua si profondément les esprits que, de nos jours, par tradition, les cortèges nuptiaux de l'île viennent, à la sortie de l'église, faire trois fois
le tour de la statue en chantant des chansons anciennes, en hommage à de glorieux aînés. Mais de quelle héroïque tragédie s'agit-il ? En voici l'histoire.

Emmanuel Turbé marche avec difficulté. Une blessure reçue au combat alors qu'il était fusilier marin durant la guerre - nous parlons de la Première Guerre mondiale - l'a obligé à revenir chez lui, à l'île d'Yeu, après avoir été réformé. Pourtant, ce midi du 26 janvier 1917, il répond à l'appel du patron du canot de sauvetage de de Port-Joinville à l'île d'Yeu.
En effet, une embarcation en difficulté a été aperçue au large par le sémaphore de la pointe du But, au nord-ouest de l'île. La Société centrale de sauvetage des naufragés doit porter assistance, malgré le grand froid.
La plupart des membres habituels de l'équipage du canot Paul Tourreil sont absents, dispersés sur différents bâtiments de la Marine nationale à cause du conflit qui perdure. Aussi les autres sauveteurs disponibles, abandonnant leur repas qu'ils n'ont parfois pas eu le temps de commencer, ne sont-ils pas tous en état.
Adolphe Izacard, père de sept enfants, se remet d'une bronchite. Il se lève quand même et se rend à la station. Le patron, Noé Devaud, 53 ans, embauche des pères de famille nombreuse ou des réformés : son beau-frère Edmour Pillet (père de 7 enfants lui aussi) et le frère de celui-ci, Émile (autant d'enfants), ainsi que le jeune Joseph Renaud, handicapé des pieds mais doté d'un torse d'Hercule.
Hélas, la marée est au plus bas. Les canotiers montent à bord du canot sur son ber et attendent que la mer monte un peu pour qu'il y ait suffisamment d'eau au pied de la cale de lancement. Ce n'est qu'à 13 h 30 que le signal de départ est donné.
Ensuite, une fois à flot, le patron fait établir la voile. Le vent souffle de sud-est. Le canot de la SCNS, armé de ses douze hommes, met 2 heures à parvenir à la baleinière en détresse. Il s'avère qu'elle dérive et qu'elle contient la moitié de l'équipage du cargo norvégien Ymer, torpillé le 23 janvier par un sous-marin allemand dans le golfe de Gascogne (1).

(1) L'Ymer est un caboteur lancé en 1910 à Bergen (Norvège), d'une longueur de 69 mètres et de 1 123 tonneaux. Lors d'un voyage entre Santander et Middlesbrough (minerai de fer), il est intercepté, le 23 janvier 1917, par le sous-marin allemand UC-16, (commandant Egon von Werner) ; une source dit qu'il a été sabordé par des explosifs, une autre qu'il a été torpillé.

L'autre partie de l'équipage norvégien, avec son capitaine, a disparu en mer. Les marins récupérés, à bout de force, n'ont rien mangé depuis le naufrage. Une fois dans le canot, ils se jettent littéralement sur les biscuits et le rhum qui équipent le coffre du bord. Une partie de la nourriture du bord est engloutie...
La vingtaine de marins revient à Port-Joinville. Sur le chemin du retour, tout se passe bien, même si le canot est bien chargé. On croise un petit bateau à voiles de l'île d'Yeu qui propose de prendre quelques Norvégiens. Mais les sauveteurs mettent un point d'honneur à ramener à terre eux-mêmes "leurs" naufragés.
On double la pointe nord de l'île, ensuite, cap à l'est. C'est-à-dire contre le vent. Tout le monde se met aux avirons et souque ferme. Mais le lourd canot est lent. Plus lent que prévu.
A cause du vent, bien sûr. Mais surtout, à cause de la renverse de courant. Un courant de plus en plus fort lié à la marée descendante. Manifestement, au fil des quarts d'heure, l'équipage a beau nager, il s'aperçoit qu'il n'avance plus. Les épreuves ne font que commencer...

(à suivre, vendredi prochain pour la suite de l'article...)
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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