Les Canonniers-marins - Historique

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Yv'
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Re: Les Canonniers-marins - Historique

Message par Yv' »

Bonjour à tous,

N'ayant pas trouvé d'historique des canonniers-marins, j'ai profité d'un passage au SHD pour ramener quelques documents sur cette unité finalement peu connue. Et comme toujours, je pense que le mieux est d'en faire profiter le plus grand nombre (et comme toute mise en ligne, cela permet aussi de préserver les documents originaux).
Les reproductions des documents du SHD n'étant pas autorisées, je ne mettrai ici aucune image, et vous propose donc cette transcription tapée entièrement à la main.
:sweat:
Vos remarques sont les bienvenues ! :hello:


Commencé le 23-1-19

R A P P O R T
du Contre-Amiral JEHENNE ,
Commandant les Formations de Marins détachés aux Armées
sur la participation des FORMATIONS
CANONNIERS – MARINS
et
CANONNIERES – FLUVIALES
aux opérations des Armées de terre,
du 30 août 1914 au Mars 191


A CANONNIERS-MARINS

I Création du corps des Canonniers-Marins
II Les Canonniers-Marins affectés à la défense du Camp retranché de Paris
III Les modifications successives apportées à l'Organisation du Corps des Canonniers-Marins détachés aux Armées
IV Les Canonniers-Marins en Lorraine et en Alsace pendant les années 1914, 1915 et 1916
V Les Canonniers-Marins à Verdun de 1914 à 1916
VI L'offensive de Champagne en septembre et octobre 1915
VII Les opérations de l'année 1916
VIII Les opérations de l'année 1917
IX Les opérations de l'année 1918
X Les batteries d'A.L.V.F. armées par les Canonniers-Marins au cours des hostilités
XI Les péniches porte-canons sur les rivières et canaux au cours des hostilités
XII La création du Front de Mer de Belgique


B CANONNIERES FLUVIALES

XIII Historique succinct des Batteries de Canonnières Fluviales
XIV Les canonnières fluviales dans les opérations de 1915
XV Les canonnières fluviales dans les opérations de 1916
XVI Les canonnières fluviales dans les opérations de 1917
XVII La création de la flottille de surveillance du Rhin
XVIII Transformations et améliorations apportées aux matériels d'artillerie Marine servis par les canonniers-marins
XIX Réalisation de la mobilité des matériels de 16
XX Perfectionnements apportés aux méthodes de tir au cours de la Campagne


XXI Liste des pièces de 14 et de 16 fournies par la Marine
XXII Récapitulation des pertes en matériel
XXIII Liste des Officiers ayant fait partie de la formation des Canonniers-Marins
XXIV Liste des pertes en tués et blessés (Canonniers-Marins)
XXV Liste des citations collectives obtenues par des unités de la Formation des Canonniers-Marins
XXVI Récapitulation du nombre de coups de canons tirés au cours de la Campagne par les Canonniers-Marins et Canonnières fluviales
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Yv'
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Re: Les Canonniers-marins - Historique

Message par Yv' »

I Création du corps des Canonniers-Marins

Le 9 août 1914, le Ministre de la Marine propose au Département de la Guerre de lui céder les disponibilités d'Artillerie et du Personnel correspondant, pour renforcer les opérations de siège.
Le 15 août, la Guerre accepte.
Après examen des stocks de munitions, la Marine offre 9 pièces de 14 et 9 pièces de 16 c/m.
Tandis que ces pourparlers ont lieu, les Allemands s'avancent sur Paris et leur menace devenait si pressante que la Guerre demande à la Marine d'envoyer immédiatement et sans attendre les pièces promises, le personnel marin prévu pour ces matériels afin de l'utiliser à la Défense de Paris.
Le capitaine de vaisseau AMET reçoit ainsi à 4 ou 5 jours d'intervalle 2.000 marins environ qui sont, dès le 1er septembre, répartis dans les forts de Paris.


II Les Canonniers-Marins affectés à la défense du Camp retranché de Paris

1) Répartition du personnel dans les forts

A peine arrivés au cantonnement de LIVRY, dans la soirée du 30 août 1914, les meilleurs éléments de la Formation – environ 750 hommes – sont répartis en détachements qui vont prendre, le 1er septembre, le service des pièces à longue portée (120-L et 155) dans les forts de VAUJOURS - STAINS – ECOUEN et redoute du MOULIN – DOMONT – MONTLIGNON – CORMEILLES-en-PARISIS.
Le 2 septembre 150 hommes environ sont envoyés dans les forts de SUCY – ROSNY – HAUTES BRUYERES – BUTTE PINSON – STAINS et MONT VALERIEN pour y armer les pièces de 75 contre aéronefs, en remplacement des artilleurs partis la veille pour armer des batteries de 75.
Le 3 septembre, 300 hommes environ sont répartis dans certains forts pour y assurer le service des pièces de flanquement et de caponnières.
Le 5 septembre, un nouveau contingent de 250 hommes environ, venant de BREST et LORIENT, est presque entièrement partagé entre les forts de VILLENEUVE-ST-GEORGES et de MONTLIGNON.
Après la formation des premiers détachements des forts, il reste, au cantonnement de LIVRY, un nombre assez considérable -environ 500 hommes – de marins qui sont groupés en compagnies et entraînés rapidement en vue de son utilisation éventuelle. Cette réserve fournit, dans le courant de septembre, les compléments nécessaires à l'armement des forts ou des batteries installées dans le camp retranché de Paris au début d'octobre.
Finalement, à la fin de septembre, l'ensemble du Régiment des Canonniers-Marins est sensiblement divisé de la façon suivante :
1500 hommes environ dans les 7 forts principaux des régions NORD et EST du camp retranché de Paris (I) ;
300 hommes environ pour les 2 batteries de 16 de COUBRON et SAINT-BRICE ;
200 hommes environ dans les sections de 75 contre aéronef de 5 forts.
Cette répartition du personnel n'a pas été obtenue sans difficultés ni surtout sans des fluctuations considérables inhérentes à l'imprévu des situations.
En même temps qu'il prend le Commandement du fort de VILLENEUVE-SAINT-GEORGES, le 5 septembre à 8 heures du matin, le Lieutenant de Vaisseau d'ARVIEU reçoit du Général DUBOIS Commandant l'artillerie de la région, l'ordre d'être prêt à tirer le soir même sur l'ennemi.

(I) Cormeilles = 204 hommes Stains = 195
Montlignon = 112 VAUJOURS = 336
DOMONT = 212 Villeneuve St-Georges = 300
Ecouen = 198.

Le 3 septembre, le Général DESALEUX, Commandant l'artillerie de la Place et des Forts de Paris, demande que les Canonniers-Marins arment, partout où ils le pourront, les pièces de flanquement et de caponnières ainsi que les mitrailleuses des forts : le Commandant AMET peut satisfaire en partie à ce désir en puisant 300 hommes dans ses ressources utilisables et en prélevant, la nuit, du personnel sur l'armement des pièces à longue portée.
Le 6 septembre, le Général DESALEUX demande de donner aux marins le service complet de certains forts en substituant les marins non seulement à toute l'artillerie pour le service des pièces mais aussi à toute l'infanterie constituant la garnison de ces forts. Le Commandant AMET répond (7 septembre) qu'il pourra fournir un appoint à la garnison des forts pour leur troupe d'infanterie, mais non leur substituer complètement des matelots parce que l'instruction militaire de ceux-ci ne leur permettrait pas de remplir au pied levé le rôle d'infanterie mobile : tout au plus seraient-ils capables d'occuper quelque tranchée ou position fixe.

Tandis que le Général DUBOIS prévoit l'armement par les marins de 6 pièces de 90 du fort de CHELLES, le Général DESALEUX demande, le 8 septembre, que des Canonniers-Marins arment les pièces à longue portée d'un plus grand nombre de forts ; et il propose de leur confier ceux de SAINT-CYR et PALAISEAU. Le manque de personnel canonnier obligea le Commandant AMET à décliner cette offre.
Entre temps, le Général DESALEUX fait assurer par les Canonniers-Marins le service des projecteurs de la Tour Eiffel.
Toutes ces demandes, formulées pendant la grave période des premiers jours de septembre, entraînent naturellement des études rapides pour examiner la possibilité d'y faire face et des mouvements continuels de personnel pour y satisfaire. Par leur imprévu même, des demandes entraînent un incessant bouleversement dans le personnel, car pour satisfaire à chacune d'elles, il faut répartir les hommes d'après leurs spécialités et organiser leur encadrement, ce qui oblige à puiser chaque jour certains éléments dans les formations organisées la veille, et à faire ainsi des chassés-croisés perpétuels aussi bien parmi les Officiers que dans les équipages.
En somme, le Régiment des Canonniers-Marins se décompose chaque jour en groupements nouveaux et imprévus, nécessitant chaque fois des adaptations spéciales de personnel : on comprend que, avec ses fluctuations, le personnel n'ait pu avoir la cohésion que donne la stabilité. Ce n'est que vers le 15 septembre qu'une position d'équilibre à peu près stable est atteinte.
A cette date, tous les Canonniers-Marins sont, dans la mesure de leurs moyens, répartis suivant les ordres du Général Commandant l'Artillerie de Paris ; l'affectation des Officiers est définitivement fixée, le Commandement des détachements des forts et des groupes est lui-même défini. Les ordres sont donnés pour le ravitaillement des munitions ; des instructions sont établies pour les moyens de transport et de communication ; la procédure pour les questions de ravitaillement d'Intendance ou d'Administration est résolue ; l'instruction militaire du personnel est activement poussée ainsi que son adaptation au nouveau rôle qui lui incombe.
Mais il va sans dire que cette troupe n'a encore malgré tout pas l'entraînement nécessaire et qu'il lui manque beaucoup d'objets d'équipement, de matériel de campement et même de cartouches.
Par contre l'entrain de tous est manifeste, le meilleur état d'esprit règne partout et l'arrivée dans les forts des marins et de leurs Officiers a galvanisé les troupes territoriales qui en forment les garnisons, troupes pleines de bonne volonté mais ayant besoin d'exemples d'activité et d'une direction compétente et vigoureuse qu'elles rencontrent dans nos marins (lettre n° 27 du commandant Amet).

2) Commandement des forts

Dans les forts où le contingent élevé des marins comporte un chef assez ancien, celui-ci est nommé Commandant d'armes du fort par le Général Gouverneur de Paris savoir :

Lt. de V. DAGANET Cdt. d'Armes du F. de VILLENEUVE-St-GEORGES
d° RENAUX --d°--- VAUJOURS
d° MARTEL --d°--- STAINS
d° FABRE --d°--- ECOUEN et Rd. du MOULIN
d° DESFORGES --d°--- SUCY-en-BRIE
d° BARCKHAUSEN --d°--- MONTLIGNON
d° LACLOCHE --d°--- DOMONT
d° DUC --d°--- CORMEILLES.

Dans les 4 autres forts (Mont-Valérien – Rosny – Butte-Pinson et Hautes Bruyères) les Officiers chefs des détachements de marins sont simplement Commandants de l'artillerie du fort. L'Officier Commandant aux Hautes Bruyères devient Commandant d'armes du fort le 23 septembre par ordre du Général GROTO, Commandant la Place de Paris.

3) Groupement des Forts

Pour la direction d'ensemble des détachements de marins, pour les questions de Commandement des forts et des services de l'artillerie, les forts sont eux-mêmes groupés (I) :
Ceux de la région N. du camp retranché de Paris (Stains - Ecouen – Redoute du Moulin – Domont – Montlignon – Cormeilles – Butte Pinson) sous la direction du Capitaine de Frégate ECKENFELDER mis à la disposition du Général Commandant la région N. et résidant à son Q.G. (Montmorency).
Ceux de la région E. (Vaujours – Rosny – Sucy – Villeneuve-St-Georges) sous la direction du Capitaine de Frégate GILLY mis à la disposition du Général Commandant la région E. (Général CHAPAL) et résidant à son Q.G. (Villers s/Marne).
Enfin la portion centrale du Régiment cantonnée à LIVRY ainsi que les détachements des forts du Mont-Valérien (région O.) et des Hautes Bruyères (région S.) sont placés sous la direction du Capitaine de Frégate GRANDCLEMENT, adjoint au Capitaine de Vaisseau AMET, Commandant le régiment et résidant avec lui à LIVRY.

(I) Ordre du Général DESALEUX – 8 septembre.

A suivre...
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Ar Brav
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Re: Les Canonniers-marins - Historique

Message par Ar Brav »

Bonjour Yves,
Bonjour à tous,

Vos remarques sont les bienvenues !

En ce qui me concerne, çà va être simple : :love: :love:

Depuis le temps que je tente d'obtenir ce rapport du CA Jéhenne, Guy m'avait bien orienté vers ce document, mais je n'ai pas la possibilité de me rendre au SHD, comme beaucoup d'entre nous, hélas.
En attendant la suite avec impatience, je copie/colle à tout va.

Pouvez-vous préciser quelle est la période effectivement concernée ? Dans l'intitulé, un doigt a du glisser sur le clavier :)

R A P P O R T
du Contre-Amiral JEHENNE ,
Commandant les Formations de Marins détachés aux Armées
sur la participation des FORMATIONS
CANONNIERS – MARINS
et
CANONNIERES – FLUVIALES
aux opérations des Armées de terre,
du 30 août 1914 au Mars 191


Bien amicalement et merci encore,
Franck

www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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Yv'
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Re: Les Canonniers-marins - Historique

Message par Yv' »

Bonjour Franck,

Content de faire un heureux.
Non, mon doigt n'a pas glissé, je recopie le texte le plus fidèlement possible ! Il doit s'agir de mars 1919.
Pour la suite, il va falloir être patient, cela prend du temps...
Cordialement.
PS : pour l'instant, je ne suis pas satisfait de la mise en page, mais je vais voir ce que je peux faire.
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Yv'
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Re: Les Canonniers-marins - Historique

Message par Yv' »

4) Pièces de 16 affectées à la défense de Paris

4 pièces de 16 demandées par le Général GALLIENI pour la défense du Camp retranché de Paris et constituées en 2 batteries de 2 Pièces arrivent le 3 octobre au moment où la plus grande partie du Régiment de Canonniers-Marins allait quitter les forts de Paris pour se rendre à TOUL et VERDUN.
Ces 2 batteries sont installées l'une à COUBRON l'autre à SAINT-BRICE. La première est commandée d'abord par le Lieutenant de Vaisseau de FOURCAULD puis ensuite l'Ingénieur d'artillerie navale METIN et par le Lieutenant de Vaisseau RETOURNARD ; la batterie de Saint-Brice est commandée par le Lieutenant de Vaisseau REYNAUD.
L'ensemble de ces batteries est placé sous les ordres du Lieutenant de Vaisseau RENAUX qui après le départ du Commandant ECKENFELDER devient le Chef du détachement des 400 marins environ restant à Paris pour assurer l'armement de ces batteries et des sections de 75 et mitrailleuses des forts.
Chacune des batteries de COUBRON et ST-BRICE comporte un effectif de 70 hommes.

Disons tout de suite que l'installation de ces batteries inaugure la série des nécessités auxquelles une troupe à terre est soumise et qui, pour la Marine, comporte certaines hésitations ou difficultés d'exécution parce que les marins n'y sont pas habitués comme ils le sont devenus dans la suite. La question des cantonnements et des secteurs d'approvisionnement, la liaison entre les magasins de secteur et de batterie, les relations téléphoniques, l'établissement des voies de 0,60, les terrassements, magasins et abris de la batterie constituant en effet autant de problèmes inconnus des marins.
Cependant grâce à l'initiative des uns, à l'aide de la direction des autres (en particulier génie) à la bonne volonté de tous, ces questions sont très rapidement résolues. Un ingénieur en Chef d'Artillerie Navale (M. GATARD) est chargé des travaux de la construction des plateformes, de la réunion, des transports du matériel des batteries de SAINT-BRICE et COUBRON.
L'ensemble des travaux (terrassements, abris à munitions, baraquements, lignes téléphoniques etc.) est terminé dans les deux batteries le 20 novembre, sauf les 2 observatoires de la Batterie SAINT BRICE qui ne sont prêts que le 15 décembre 1914.
La voie ferrée de COUBRON et la communication téléphonique avec son observatoire ne furent jamais exécutées, l'éloignement de l'ennemi rendant ces travaux inutiles.
Le recul de l'ennemi rendant de plus en plus improbable une attaque sur Paris, le Gouvernement Militaire envisage bientôt l'envoi aux Armées des ressources dont Paris n'a plus besoin. Dans cet ordre d'idées les munitions des batteries de COUBRON et SAINT-BRICE sont dirigées sur TOUL le 26 décembre 1914 et le personnel marin restant dans le camp retranché de Paris est, en janvier 1915, fractionné en 2 groupes dont la composition s'inspire du départ prochain de ces groupes pour l'Est et de leur affectation envisagée dans les Armées. L'un de ces groupes est constitué par certains services auxiliaires et avec le personnel de défense contre aéronefs ; il quitte le camp retranché le 7 mars pour aller dans l'Est. L'autre groupe constitué par les armements des pièces de COUBRON et SAINT-BRICE est scindé en 2 groupes équivalents et symétriques permettant leur scission entre VERDUN et TOUL.
Le 3 mars 1915, après avoir été remplacés par des Artilleurs, les armements de COUBRON (118 hommes) et de SAINT-BRICE (112 hommes) sont respectivement dirigés sur Toul et VERDUN, il ne reste plus dans chaque batterie que 10 hommes et un gradé pour la mise en ordre du matériel d'armement au service de l'artillerie des secteurs correspondants aux Batteries.
Le Lieutenant de Vaisseau RENAUX quitte lui-même PARIS le 23 mars 1915 pour TOUL, après avoir terminé la liquidation du matériel et de la comptabilité des batteries de PARIS.
Quant aux pièces de 16, les 2 canons de COUBRON sont expédiés à TOUL (en avril 1915), 1 canon de SAINT-BRICE est envoyé à DUNKERQUE (en mai 1915) et l'autre est mis en réserve d'où il part, à son tour, en juin 1915 pour la même destination.
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Yv'
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Re: Les Canonniers-marins - Historique

Message par Yv' »

La suite :

5) Autos-Projecteurs

La Marine ayant proposé 45 projecteurs de 0m60 pour la défense du Camp retranché de PARIS, le Gouverneur Militaire Général GALLIENI décide le 30 septembre 1914 que 25 de ces projecteurs serviront à la défense du Camp retranché et que 20 seront installés sur automobiles pour constituer des sections d'éclairage mobiles, en vue de faciliter les tirs ou reconnaissances d'infanterie.
Tous ces projecteurs doivent être armés par le Régiment de Canonniers-Marins, ce qui amène le Commandant AMET à adresser, le 1er octobre, une demande supplémentaire de 8 officiers et 422 gradés et matelots. Il charge en même temps l'Ingénieur d'Artillerie Navale DENIS de pousser l'étude technique et administrative de cette installation.
Dès le principe de cette organisation admis, le Ministre de la Marine désigne, par Dépêche du 3 octobre, le Lieutenant de Vaisseau GOYBET pour s'en occuper ; cet officier quitte Toulon le 9 octobre pour Paris.
Le 12 octobre, la Marine, ayant opéré certaines réductions dans la demande de personnel faite par le Commandant AMET, parce qu'elle commence à ne plus pouvoir en prêter à la Guerre, envoie au Régiment de Canonniers-Marins 5 officiers et 300 hommes pour assurer le service des projecteurs.
Sur ces 300 hommes, 240 environ sont réservés pour les autos-projecteurs (armés à 2 relèves de 3 hommes et y compris certains services de voiture et de remplacements).
Le 10 octobre, le Commandant AMET, en partance pour TOUL et surchargé de travail avec ses canonniers, passe l'organisation des autos-projecteurs au Commandant CHAMONARD commandant le Dépôt de Paris, et laisse à Paris l'Ingénieur DENIS pour passer le service à M. GOYBET ; il reste toujours entendu que, conformément aux Instructions Ministérielles, cette formation des Autos-Projecteurs sera administrée par le Régiment.
Le Lieutenant de Vaisseau GOYBET prend en mains la direction militaire de toute cette organisation qui devient, par la force des choses, rapidement indépendante.
Le 24 octobre, le Commandant AMET approuve la séparation entre le service des A.P. et des Canonniers-Marins et, le 31 octobre, confirme cette situation en stipulant que la formation des A.P. jouira de la plus grande autonomie compatible avec les nécessités de son administration par le Régiment, le Commandant des A.P. se contentant de rendre compte au Commandant du Régiment des mesures adoptées pour son personnel.
D'ailleurs le Commandant GOYBET est chargé d'un service essentiellement mobile et appelé à être rattaché aux Armées. Son service doit être par suite autonome, administré par le Régiment des Canonniers-Marins comme celui des Autos-Canons est administré par le 6ème Dépôt.
Dès lors, l'historique des A.P. est indépendante des Canonniers-Marins, au même titre que les Fusiliers-Marins.

6) Projecteurs fixes

Le 30 septembre 1914, le Général GALLIENI décide que le Régiment des Canonniers-Marins assurera le service des Projecteurs du Camp retranché de PARIS.
A cette époque, la défense "lumineuse" de PARIS est assez rudimentaire : elle se compose de 13 projecteurs répartis dans certains forts, mais l'artillerie se dispose à en fournir 15 grands et la Marine en met 45 petits (de 0m60) à la disposition du Camp retranché qui en réserve 20 pour les Autos Projecteurs. Le Camp retranché va donc recevoir 40 projecteurs nouveaux, et, dans son ordre du 30 septembre, le Gouverneur Militaire envisage leur répartition de la façon suivante :
20 projecteurs pour la zone Nord
9 ------- do ------ Sud
11 projecteurs en réserve.
Sans parler des Autos-Projecteurs, le Régiment des Canonniers-Marins aura donc à assurer le service de 29 projecteurs attendus auxquels il y a lieu d'ajouter les 13 existant déjà, soit un total de 42 projecteurs. En prévision de cette charge nouvelle, le Commandant AMET demande le 1er octobre, à la Marine de lui envoyer un renfort de 340 hommes et 2 Officiers. La Marine ayant à peu près épuisé ses ressources disponibles en personnel, opère dans les demandes du Commandant AMET les réductions compatibles avec l'interprétation la plus restrictive des ordres du Général GALLIENI et finalement envoie, le 12 octobre, 300 hommes au Commandant AMET dont 200 au moins sont réservés aux Autos-Projecteurs.
Il reste donc au maximum une centaine d'hommes pour assurer les services des projecteurs du camp retranché, mais il est bon d'ajouter que dès le 25 septembre, le Régiment des Canonniers-Marins a déjà sur ses propres ressources allégé avec 27 hommes, le service des projecteurs suivants installés dans les forts (SUCY – HAUTES BRUYERES – ROSNY – BUTTE PINSON – TOUR EIFFEL et MONT VALERIEN). Ces hommes ont été demandés par la Guerre pour doubler et non pour remplacer le personnel de ces projecteurs.
D'ailleurs l'installation des projecteurs se fait lentement, à mesure qu'ils sont livrés au Gouvernement Militaire de PARIS ; et leurs emplacements subissent des modifications parallèles au recul de l'ennemi.
Le 16 octobre, le Général GALLIENI écrit au Commandant du Dépôt de PARIS pour le prier d'assurer le service suivant. Les 13 projecteurs précédemment installés dans les forts pour l'exploitation aérienne ou le combat d'artillerie, et qui se trouvent :
1 à la BUTTE PINSON – 1 à Sucy – 1 à ROSNY.
1 aux Htes-BRUYERES – 1 au Mt-VALERIEN – 1 à VAUJOURS
1 au POINT du JOUR – 1 à l'AUTOMOBILE CLUB.
2 à la TOUR EIFFEL – 1 près de CARNETIN et 2 dans l'Intervalle Nord-Est.
Des 15 projecteurs fournis par l'artillerie, 4 sont mis en réserve et les 2 autres vont être répartis :
8 dans la zone Nord de Paris
3 dans la zone Est.
Quant aux petits projecteurs de la Marine, des ordres ministériels prescrivent de réserver leur emploi jusqu'à nouvel ordre.
Le Régiment de Canonniers-Marins a donc à assurer le service de 24 projecteurs fixes.

Au milieu de décembre 1915 [1914 ?], le Commandant MORACHE est mis par la Marine à la disposition de la Guerre et attaché à l'E.M. du Gouvernement Militaire de Paris (3e Bureau) pour s'occuper du service spécial de défense contre aéronefs. Dès lors, le Capitaine de Vaisseau MORACHE auquel le Capitaine de frégate PAQUE est adjoint, s'occupe de l'utilisation militaire de tous les projecteurs de la défense de Paris, l'administration, la discipline et les besoins du personnel marin des projecteurs restant toujours du ressort du personnel des Canonniers-Marins.
Le 19 janvier 1915, les marins des projecteurs des forts et de la Tour EIFFEL sont remplacés par des sapeurs et regagnent leur régiment.
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Yv'
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Re: Les Canonniers-marins - Historique

Message par Yv' »

7) Défense contre aéronefs

Le 2 septembre 1914, sur l'ordre du Général Commandant l'Artillerie de Paris le Régiment de Canonniers-Marins est chargé d'armer les sections de 75 contre aéronefs de certains forts ; il affecte à ce rôle 200 hommes environ choisis parmi les canonniers-marins répartis depuis la veille dans les forts de Paris, et peut ainsi armer les 75 des Forts de CORMEILLES – MONTLIGNON – VILLENEUVE ST GEORGES.
Le même jour, le Régiment reçoit l'ordre d'assurer également le service des sections de 75 contre aéronefs des forts de SUCY – ROSNY – HAUTES BRUYERES – BUTTE PINSON et MONT VALERIEN ; il envoie à cet effet, dans chacun de ces forts des détachements d'une quarantaine d'hommes qui sont rejoints le même jour par 4 sections de mitrailleuses-marine (8 pièces) primitivement destinées à la brigade de Fusiliers-Marins mais que celle-ci ne peut pas utiliser parce qu'elles ne sont pas sur roues.
Le nombre des mitrailleuses à la Brigade est d'ailleurs assez variable avec les disponibilités de la Brigade. De plus le 6e Dépôt profite de toutes les occasions pour envoyer dans les forts (principalement à SUCY, à la BUTTE PINSON et au Mont-VALERIEN) des équipes de fusiliers par groupes de 10 hommes pour suivre, pendant une quinzaine de jours, une instruction rapide sur l'emploi des mitrailleuses. On constitue ainsi une réserve de mitrailleuses qui sont utilisées soit pour certaines missions réclamées par le Ministère de la Marine, soit surtout pour satisfaire aux demandes de l'Amiral RONARC'H.
La défense contre aéronefs par mitrailleuses reste assez éphémère, car dès le 10 septembre le Général GALLIENI donne l'ordre à l'Amiral RONARC'H de se faire suivre de ses mitrailleuses, et, à partir de ce moment les mitrailleuses inutiles sont enlevées peu à peu par petites fractions des forts de défense contre aéronefs pour être rendues à la Brigade des Fusiliers.
En ce qui concerne les sections de 75 contre aéronefs armés par le Régiment des Canonniers-Marins proprement dit, leur service se fait sans à coup pendant un mois, mais le 11 octobre, les Canonniers-Marins ayant quitté les forts qu'ils arment, pour se rendre en Lorraine, la défense contre aéronefs de ces forts est, à partir de cette date, assurée par des artilleurs, et le Régiment n'assure plus cette défense que dans les 5 forts où il a envoyé du personnel exclusivement pour ce rôle, savoir : SUCY – ROSNY – HAUTES BRUYERES – BUTTE PINSON et MONT VALERIEN, ce qui représente environ 200 hommes.
Les Canonniers Marins affectés aux 75 contre aéronefs quittent Paris le 7 mars 1915 pour se rendre à TOUL et à VERDUN.
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Yv'
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Re: Les Canonniers-marins - Historique

Message par Yv' »

Nous allons voir maintenant que l'organisation du corps des canonniers-marins n'est pas simple.
Nota : dans le dernier paragraphe, les dates sont manquantes.

III MODIFICATIONS SUCCESSIVES DE L'ORGANISATION DU CORPS DES CANONNIERS-MARINS DETACHES AUX ARMEES

En octobre 1914 le 1er Régiment des Canonniers-Marins est constitué par :
neuf batteries organiques
Un parc (Toul et Verdun)
Des services administratifs (Toul, Verdun et Paris).

Les batteries sont réparties en quatre groupes :
1er Groupe à Verdun sous les ordres du Capitaine de Frégate GRANDCLEMENT.
2ème Groupe à Toul sous les ordres du Capitaine de Frégate GILLY où réside également le Capitaine de Vaisseau AMET.
3ème Groupe à Nancy sous les ordres du Capitaine de Frégate ECKENFELDER.
4ème Groupe à Paris sous les ordres du Lieutenant de Vaisseau RENAUX.
Le 1er Groupe reste rassemblé autour de Verdun jusqu'au mois de mars 1916.
Les batteries du deuxième et troisième Groupes sont assez rapidement éparpillées sur le front de Lorraine ; deux d'entre elles (3e et 5e) arment les trains de 19 A.L.V.F.
Le 4e Groupe est supprimé en 1915 et ses batteries sont réparties entre les autres groupes ; l'une d'elles (la 9e) sert à constituer une batterie d'A.L.V.F. de 27 sous les ordres du Lieutenant de Vaisseau HERITIER.
En mars 1915 le régiment prend le nom de "Batteries de Canonniers-Marins".
En février 1916 les Canonniers-Marins sont par ordre du Général en Chef rattachés à l'Artillerie lourde à grande puissance.
Le Capitaine de Vaisseau JEHENNE, commandant les Canonnières fluviales depuis le 11 novembre 1915 prend aussi à la date du 18 mars 1916 le Commandement Supérieur des batteries de Canonniers-Marins, en remplacement du Contre-Amiral AMET rappelé au Service Général de la Marine.
Au commencement du mois d'avril 1916, les parcs de Toul et Verdun sont ramenés à Mailly, les services administratifs sont concentrés à Paris sous les ordres du Capitaine de Frégate ECKENFELDER ; le Commandant Supérieur et son Etat-Major suivent les mouvements du Général commandant l'A.L.G.P. dans les différents déplacements de son quartier Général.
Le Commandant Supérieur est représenté dans chaque Armée par un Lieutenant de Vaisseau qui est adjoint au Commandant de l'A.L.G.P. de l'Armée et exerce le commandement des unités de Marins qui s'y trouvent.
Dès le commencement d'avril 1916, le Capitaine de Vaisseau JEHENNE envisage et poursuit la création des batteries mobiles de 16 en remplacement des matériels à poste fixe utilisés jusqu'alors.
Ces batteries mobiles sont destinées à remplacer progressivement les anciennes batteries organiques, à l'exception des 3e et 5e batteries qui restent affectées aux trains A.L.V.F.
Elles commencent à sortir en fin 1916 malgré les grosses difficultés matérielles et l'indifférence du Service de l'A.L.G.P.
En janvier 1917 l'A.L.G.P. est englobée dans la réserve générale d'Artillerie lourde commandée par le Général de Division BUAT et ne tarde pas à augmenter considérablement son [?].
Les Unités de marins (batteries et canonnières) forment la 3ème Division R.G.A.L. sous les ordres du Capitaine de Vaisseau JEHENNE (nommé Contre-Amiral le 23 février 1917).
Mais les 3e et 5e batteries de Marins armant les trains d'A.L.V.F. restent attachées à la 1ère Division R.G.A.L.
Malgré les démarches faites, elles ne comptent en somme que fictivement aux canonniers-marins, occasionnant surtout jusqu'à la fin de 1916 pour les deux Chefs successifs de cette Formation une situation particulièrement pénible, fausse et même parfois humiliante que seul l'état de guerre permet de supporter. Les Marins qui les composent sont en effet sous les ordres de Chefs d'Escadron qui n'ont aucune relation de service avec le Commandant Supérieur des Canonniers-Marins et les Officiers et leurs hommes sont souvent déplacés et même changés de postes ou de formations sans qu'il en soit informé.
Cette situation change lorsque le Commandement des Groupes A.L.V.F. constitué avec ces batteries est enfin donné à des Officiers de Marine. Le 1er août 1917, le Capitaine de Corvette STAPFER prend le commandement du Groupe de 305 et le 14 janvier 1918 le Lieutenant de Vaisseau KERDUDO est nommé au commandement du Groupe de 19 : l'expérience prouve qu'ils ne sont pas inférieurs à cette tâche.
Toutefois les deux groupes créés sont incorporés dans des régiments d'Artillerie de terre.
Pendant l'année 1917, onze batteries mobiles sont créées ainsi qu'une batterie de péniches portant chacune un canon de 19 modèle 70-93 et une batterie comprenant une péniche armée d'un canon de 24. Tout est devenu plus facile comme conception et facilité de réalisation.
Au début de 1918 les canons de 14 modèle 1910 sont rendus à la Marine, les anciennes batteries organiques encore existantes sont définitivement supprimées et les batteries mobiles de 16 dont le nombre est porté à 18 sont réparties entre 4 Groupes organiques :
1er Groupe comprenant 4 batteries au Groupe d'Armées de l'Est sous le Commandement du Capitaine de Corvette d'EUDEVILLE.
2ème Groupe comprenant 4 batteries au Groupe d'Armée du centre sous le Commandement du Lieutenant de Vaisseau de FOURCAULD puis du Capitaine de Corvette CHOLET.
Les 3e et 4e Groupes comprenant chacun 5 batteries, commandés le 3e par le Lieutenant de Vaisseau de VIGOUROUX d'ARVIEU, le 4e par le Capitaine de Corvette DARLAN, sont affectés à la réserve du G.Q.G.
Un 5e Groupe commandé par le Lieutenant de Vaisseau QUESNEL et comprenant les péniches canons est également affecté à la réserve du G.Q.G.
Le Capitaine de Corvette STAPFER est détaché comme représentant de la RGA à la 7e Armée, le Lieutenant de Vaisseau de FOURCAULD [?] un poste analogue auprès du Groupe d'Armée du Centre.
En mars 1918 la R.G.A.L. devient la R.G.A. (Réserve Générale d'Artillerie) et passe sous les ordres du Général HERR Inspecteur Général de l'Artillerie. Le Contre-Amiral Jehenne tout en conservant le Commandement de la 3ème Division R.G.A. prend le commandement supérieur de toutes les formations de Marins détachés aux Armées (Fusiliers et Canonniers-Marins auxquels vient s'ajouter en novembre 1918 la flottille de surveillance créée sur le Rhin).
En fin décembre 1918, la Marine ayant signalé les besoins en personnel, il est procédé au désarmement des trains d'ALVF armés par les Marins et à celui de six batteries mobiles de 16 dont le nombre se trouve ainsi réduit à douze batteries.
Le janvier le Ministre de la Marine demande au Maréchal commandant en chef des Marins français d'envisager le désarmement et le retour à la Marine du personnel et du matériel des Canonniers-Marins. Cette demande reçoit satisfaction, le mouvement prévu des douze batteries vers les bords du Rhin est arrêté et la formation est dissoute le .
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Ar Brav
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Re: Les Canonniers-marins - Historique

Message par Ar Brav »

Bonjour Yves,

Merci beaucoup pour votre fastidieux travail de retranscription, que pour ma part, j'apprécie énormément :jap:

[:nico56]

Amicalement,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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Yv'
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Re: Les Canonniers-marins - Historique

Message par Yv' »

Merci Franck.

Au passage : vous n'auriez pas une photo de canonniers-marins, par hasard ? Ce serait pour illustrer un peu ce sujet. Je n'arrive pas à en trouver (il faut dire qu'ils étaient relativement peu nombreux). Je pense que leur tenue n'était pas la même que celle des fusiliers, mais je peux me tromper.
Cordialement.
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