MIRA SGTM

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olivier 12
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Re: MIRA SGTM

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

MIRA

Vapeur en acier, type goélette à étrave droite, deux ponts, deux mâts et une cheminée.
Lancé le 23/08/1895 aux chantiers John Readhead de Southshield pour la Cuba Steamship Cy Ltd de Londres, sous le nom de CAYO BLANCO.

02/03/1905 rebaptisé MIRA, ayant été racheté par la Compagnie des Vapeurs de Charge Français.

3049 tx JB 1971 tx JN 4477 tpl
Longueur 99 m Largeur 12,51 m TE 6,5 m
5 cales 6591 m3
1 machine alternative à triple exansion et deux chaudières développant 1600 CV
Vitesse 10 nds
Indicatif KHMS

(Mira est une étoile de la constellation de la Baleine)

Voici le MIRA

Image

Réquisitionné le 19 Août 1914
En Février 1916 le navire est victime d’une avarie sous la flottaison à l’arrivée à Bizerte.

31/03/1916 Vendu à la SGTM
02/04/1916 Installé un canon de 47 mm à l’arrière

La perte du MIRA

Le MIRA se trouve le 15 Mai 1916 à 50 milles au large de la Sicile, dans l’est de Malte, effectuant une traversée Bizerte-Corfou sous les ordres du capitaine Castaldi, CLC, avec un équipage de 32 hommes. Il transporte 3436 tonnes de charbon.

Il est attaqué au canon par un sous-marin et riposte pendant 1h35, épuisant la totalité de ses munitions sans atteindre le submersible.

Le sous-marin devra tirer 120 coups de canon avant d’achever le MIRA avec une torpille.

Le capitaine Castaldi sera gardé prisonnier dans le sous-marin, débarqué à Castel Nuovo (bouches de Kotor), puis envoyé dans un camp de prisonniers en Autriche.
Il sera fait Chevalier de la Légion d’Honneur le 19 Juillet 1916.

Le MIRA sera cité à l’ordre de l’Armée navale

« A résisté à l’attaque d’un sous-marin ennemi jusqu’à l’épuisement complet de ses munitions et ce malgré les avaries graves causées par les obus ennemis. »

Le sous-marin attaquant

C’était l’U 34 du KL Claus RÜCKER. (voir fiche du LANGUEDOC)

Cdlt
olivier
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Ar Brav
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Re: MIRA SGTM

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

La Compagnie des Vapeurs de Charge Français et la Compagnie de Navigation Mixte.

Avec l'achat du Mascara et du Mansoura, en avril 1912, la Compagnie de Navigation Mixte prend la suite de la Compagnie des Vapeurs de Charge Français, le 18 avril de cette même année. Cette compagnie, qui est en liquidation, fut fondée à Marseille en 1899 pour transporter de Dunkerque et Rouen à Marseille le sucre de betteraves des raffineries du Nord de la France. Au retour, ses navires rapportaient du savon de Marseille et allaient chercher du fret dans les ports d'Algérie. En 1912, la Compagnie des Vapeur de Charge Français est prospère. Ses réserves atteignent 106 % du capital. Elle a toujours versé un dividende de 5 % à ses actionnaires. Elle décide néanmoins de se dissoudre. La Compagnie de Navigation Mixte l'achète alors pour la somme de 1.750.000 francs pour le fonds de commerce et 1.618.000 francs pour le matériel et ses quatre cargos qui conserveront leurs noms précédents : Aster, Mira, Vega, Rigel.

L'Aster, construit par Swan Hunter à Newcastle-on-Tyne, a été lancé le 23 septembre 1893 sous le nom de Cayo Mono pour le compte de la Cuban SS. C° de Londres. La Compagnie des Vapeurs de Charge Français l'achète en 1904 et le rebaptise Aster. Le navire est francisé le 17 novembre de cette même année (brevet 36 930).
C'est un navire à spardeck d'une jauge brute de 3.093,86 tonneaux pour un port en lourd de 4.200 tonnes. Sa longueur hors tout est de 99,80 mètres pour une largeur de 12,48 mètres et un creux de 7,30 mètres. Il est équipé pour transporter 11 passagers en cabines et 885 hommes de troupes.
La machine, construite par T. Richardson & Son, est du type à triple expansion d'une puissance de 1.600 chevaux donnant une vitesse de 11,50 nœuds. Ses deux chaudières à 6 foyers sont timbrées à 11,25 kilos ; elles ont une surface de grille de 13,6 mètres carrés et une surface de chauffe de 373 mètres carrés. La Compagnie achète le navire le 7 juin 1912, mais l'Aster ne restera pas longtemps à son service, car il est vendu le 22 mars 1915, trois ans après son acquisition, à la Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur. Celle-ci le revendra le 1er mai 1916 à la Compagnie de Navigation Paquet qui l'utilisera pendant dix ans. L'Aster, qui aura gardé son nom jusqu'au bout, sera désarmé en attente de démolition le 24 septembre 1931, et sera enfin vendu en févier 1933 à l'Italie. Il sera démoli à Gênes la même année, à l'âge de quarante ans, par les chantiers de démolition Ricardoni.

Le Mira, construit par J. Readhead & Son à South-Shields en 1895 sous le nom de Cayo Blanco pour le compte de la Cuban SS. C° à Londres, a une jauge brute de 3.050 tonneaux pour un port en lourd de 4.477 tonnes.
La Compagnie des Vapeurs de Charge Français l'achète le 28 févier 1905 et le rebaptise Mira.
Ce cargo peut transporter 12 passagers en cabines et peut être équipé pour transporter 969 hommes de troupes ou 270 chevaux. Sa machine à triple expansion a été construite par J. Readhead à South-Shields en 1895. Elle a une puissance de 1.600 chevaux donnant une vitesse de croisière de 10,00 noeuds.
La Compagnie Mixte achète le Mira le 15 mai 1912.
Le cargo sera lui aussi vendu à la Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur le 31 mars 1916 et la même année, le 15 mai, il sera coulé sous son nouveau pavillon qu'il n'aura arboré qu'un mois et demi, par le sous-marin allemand U-34 à l'Est de la Sicile à 35 milles Est du Cap Passaro. Le navire se rendra après un duel au canon pendant lequel il épuisera toutes ses munitions.
Une fois l'équipage réfugié dans les chaloupes, le sous-marin allemand U-34 coulera le Mira au canon.

Voir le sujet consacré au Mira :

pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... 1752_1.htm

Le Véga a été construit par Sir Raylton Dixon de Middlesborough en 1898 sous le nom de Gambia pour le compte de Elder Dempster. Bergasse et Cie l'achète le 29 mai 1899 et le rebaptise Véga, puis le revend à la Compagnie des Vapeurs de Charge Français le 19 juillet 1899.
Treize ans plus tard, la Compagnie de Navigation Mixte en fait l'acquisition le 1er juin 1912.
C'est un vapeur à spardeck de 2.955 tonneaux de jauge brute pour un port en lourd de 4.760 tonnes. Il peut transporter 12 passagers et peut être équipé pour transporter 767 hommes de troupes ou 220 chevaux.
Sa longueur hors tout est de 97,00 mètres pour une largeur de 13,49 mètres et un creux de 4,88 mètres.
Sa propulsion est assurée par une machine à triple expansion d'une puissance de 1.050 chevaux. Elle a été construite par T Richardson & Son à Sunderland en 1898 et donne au navire une vitesse de 9,50 nœuds. Les deux chaudières sont timbrées à 11,25 kilos.
Le Véga est vendu le 11 janvier 1916, quatre ans après son acquisition par la Compagnie, à la Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur et, le 12 avril, de la même année, non armé, il sera touché par les tirs du sous-marin allemand U-34, encore lui, à 80 milles Est de Barcelone ; il sera achevé à la torpille.

Le Rigel, dernier navire des Vapeurs de Charge Français, a été construit par J. L. Thompson & Son à Sunderland en 1899 pour le compte de la Compagnie Him Brothers à Mary-Port sous le nom d'Abbey Holme. Acheté le 27 février 1905 par la Compagnie Vapeurs de Charge Français, il est rebaptisé Rigel. Comme l'Aster, le Mira et le Véga, le Rigel gardera son nom lorsqu’il sera acheté par la Mixte le 22 mai 1912.
C’est un cargo à spardeck d’une jauge brute de 3.365 tonneaux pour un port en lourd de 5.242 tonnes. Sa longueur hors-tout est de 109,82 mètres pour une largeur de 13,63 mètres et un creux de 7,26 mètres. Il possède cinq cales, peut transporter 15 passagers et être équipé pour recevoir 1.010 hommes de troupes ou 280 chevaux.
La machine à triple expansion a été construite par G. Clarke Ltd à Sunderland en 1899. Sa puissance est de 1.800 chevaux donnant une vitesse de 10,00 nœuds. Les deux chaudières à six brûleurs sont timbrées à 12,62 kilos. La surface de grille de ces chaudières est de 12,4 mètres carrés et la surface de chauffe est de 409,8 mètres carrés.
Comme les trois autres navires achetés à la Compagnie des vapeurs de Charges Français, le Rigel sera vendu en 1916, très exactement le 22 janvier, à la Société Générale des Transports maritimes à vapeur. Le Rigel, qui aura gardé son nom, survivra à la guerre et sera démantelé à partir du 18 janvier 1927.

Sources :
Histoire de la Compagnie de Navigation Mixte, Bernard Bernadac, Editions Payan, 1985, pages 67 & 70.


Cordialement,
Franck
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Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
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Ar Brav
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Re: MIRA SGTM

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

Un complément sur le Mira :

MIRA Cargo de la Société Générale des Transports Maritimes (1904-1916)

Chantier & Caractéristiques :

John Readhead & Son à South Shields, Grande-Bretagne.
Commencé : 1895
Mis à flot : 23.09.1895
Terminé : 11.1895
En service : 03.1905 (MM)
En service : 19.08.1914 (MN)
Retiré : 15.05.1916 (MM)
Retiré : 15.05.1916 (MN)
Caractéristiques : 3 049 tjb ; 1 970 tjn ; 4 477 tpl ; 99,01 (ht) 95,75 (pp) x 12,51 x 7,32 m ; TE 6,50 m ; 1 machine alternative à triple expansion et 2 chaudières simples à 6 foyers timbrées à 11,25 kg/cm² construites par J. Readhead & Son en 1895 et développant 1 600 cv ; 5 cales ; 5 panneaux ; volume 6 591 m³ ; 2 mâts ; 8 mâts de charge de 5 t ; 1 cheminée ; vitesse 10 nœuds.
Il peut transporter 12 passagers en 1ère classe, et être équipé pour transporter 969 hommes de troupes ou 270 chevaux.
Armement : I de 47 mm.

Principales dates & Observations :

Cargo anglais gréé en goélette, à étrave droite, en acier à deux ponts lancé en 1895 à South Shields sous le nom de Cayo Blanco pour le compte de la Cuba Steam Ships Company Limited de Londres. Numéro de chantier 310.
26.10.1904 : achat par la Compagnie des Vapeurs de Charge Français des Cayo Blanco et Cayo Mono pour 18 500 £ et 15 300 £.
02.03.1905 : livré et rebaptisé Mira, du nom d’une étoile variable de la constellation de la Baleine..
02.03.1905: soumission de francisation n° 6 678.
03.03.1905 : brevet provisoire de francisation.
03.03.1905: brevet de francisation n° 37 183.
15.05.1912 : vente à la Compagnie de Navigation Mixte pour 370 881 F. Il conserve son nom.
09.06.1914 : heurte la pile sud de la passe de l'Abattoir, avaries à l'étrave
19.08.1914 : réquisitionné.
30.11.1915 : le Conseil d'Administration de la Compagnie Mixte reconnait qu'au vu des résultats des années 1912-1913-1914, les cargos acquis en 1912 étaient insuffisants pour la ligne océan et en décide la vente.
15.12.1915 : compromis de vente avec la SGTM du Rigel, affrété jusqu'au 03.01.1916 par la Compagnie Générale Transatlantique, du Véga, ancré à Marseille en réparations, de l'Aster, effectuant d'importantes réparations à Cardiff et du Mira sous réquisition de l'Etat. Les navires seront livrés dès que possible, le Rigel, dès la fin de sa location, le Mira, dès qu'une visite à flot et en cale sèche pourra être effectuée soit en France soit dans un port algérien possédant une cale sèche, le Véga, dès la fin de ses réparations, l'Aster à Cardiff, dès la fin de ses réparations. La vente globale est consentie au prix de 4 500 000 Francs mais il serait déduit, en cas de perte avant livraison, 1 350 000 Francs pour le Rigel, 1 250 000 Francs pour le Véga, 1 050 000 pour l'Aster et 850 000 Francs pour le Mira.
18.01.1916 : se rendant de Cardiff à Bizerte avec une cargaison de charbon, escale au Ferrol faisant eau.
12.02.1916 : arrive à Bizerte avec une avarie sous la flottaison.
22.03.1916 : vente à la SGTM pour 850 000 Francs, 4/9ème, soit 377 777,5 Francs, payables au comptant et le solde, soit 472 272,25 Francs, dans trois mois, solde non productif d'intérêts. Conserve son nom.
02.04.1916 : AMBC installé, I pièce de 47 mm.
15.05.1916 : attaqué au canon par l’U-34 du Kapitänleutnant Rücker à 50 milles au large de la Sicile lors d'une traversée Bizerte-Corfou sous affrètement de l'Etat. Cesse le combat au bout d’ 1 heure 35 de lutte après avoir épuisé la totalité des munitions de son unique canon de 47 mm. L'équipage de 32 hommes évacue le bâtiment. L'U-boot emmène le commandant Castaldi prisonnier. Le Mira avait 3 436 tonnes de charbon à bord. L’U-34 achève le navire par une torpille.
22.05.1916 : l’équipage est rapatrié à Marseille depuis Brindisi où l'avait conduit le chalutier anglais qui l'avait recueilli.
29.05.1916 : citation à l'ordre de l'Année Navale du vapeur Mira, capitaine Castaldi, pour avoir résisté à l'attaque d'un sous-marin ennemi jusqu'à l'épuisement complet de ses munitions et ce malgré les avaries graves causées par les obus ennemis.
19.07.1916 : décret nommant le Capitaine au Long Cours Castaldi chevalier de la Légion d'Honneur.

Sources :

Histoire de la Compagnie de Navigation Mixte, Bernard Bernadac, Editions Payan, 1985, pages 67 à 70.
La Société Générale des Transports Maritimes à Vapeur, Alain Croce, Editions MDV, 2003, page 187.
La Marine Marchande française, Jean Randier, EMOM, 1980
www.miramarshipindex.org.nz


Cordialement,
Franck
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gildelan
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Re: MIRA SGTM

Message par gildelan »

Bonjour,
Ci-dessous l'extrait du rapport d'enquête concernant le vapeur MIRA ayant motivé sa citation.

Extraits du rapport d’enquête

Vapeur français MIRA de 3049 tx, de la Société générale de transports maritimes à vapeur, parti de Bizerte le 13 mai à 7 heures du soir à destination de Corfou.
CASTALDI Gabriel, François, Capitaine au long cours, inscrit à Marseille, n° 569.

Le sous-marin fut aperçu le 15 mai à 4h45 du soir, à 50 milles environ dans l’est de la Sicile, par 37°05’ de latitude nord et 16°07’ de longitude est de Greenwich.

Le navire fut abandonné à 6h20 du soir et coulé vers 7 heures du soir en un point situé à environ 8 milles dans le nord du point précédent.

Le MIRA faisait route au N.7.E. à la vitesse de 9 nœuds. Il n’avait pas zigzagué.

Très beau temps calme et clair. Mer plate.

Le sous-marin fut aperçu à 6000 mètres derrière, faisant la même route que le navire, à une vitesse qui n’a pas pu être appréciée. Il n’avait pas ses couleurs. Il ne fit aucun signal.

La machine fut mise à toute vitesse et on garda la même route, mais en zigzaguant de 2 quarts environ de chaque bord.

Il n’y avait aucun navire en vue. Aucun signal de détresse ne fut fait. Le MIRA n’était pas pourvu de la T.S.F.

Son capitaine avait reçu à Marseille et à Bizerte des instructions secrètes concernant les routes, les signaux, les rencontres de sous-marins… Ces instructions avaient été enfermées par ses soins dans un petit sac de toile lesté. Il a immergé ce sac en quittant le bord.

Le sous-marin ouvrit le feu à 4h45 du soir sans avertissement préalable.

Il a tiré environ 120 coups de canon avant l’abandon du navire. Il n’a pas tiré après l’abandon. La vitesse moyenne de son tir était d’environ 1 coup à la minute. Cependant, vers la fin du combat, il a augmenté la vitesse du tir jusqu’à 2 ou 3 coups à la minute.

Le navire a été touché deux fois : un projectile a traversé la cheminée, a blessé le premier lieutenant sur la passerelle et, après avoir arraché le compas, est venu éclater dans le salon situé sous la passerelle ; un autre projectile a éclaté contre la coque arrière. Le bord a reçu d’ailleurs de nombreux éclats provenant d’obus éclatant en touchant l’eau.

Le MIRA était armé d’un canon de 47 mm, Mle. 1.902 TR. Approvisionné à 200 coups (obus en acier chargés en mélinite).

L’armement de la pièce était la suivante :
- quartier-maître réserviste GUERIN André, n° 47.211-5
- fusilier auxiliaire réserviste BOUCHERON Henri, inscrit à Noirmoutier, n° 1.052
- fusilier auxiliaire réserviste CLOUTEAU Constantin, inscrit à Noirmoutier, n° 893.

Le navire ouvrit le feu à 4h45 avec la hausse maxima de 4200 mètres.

Les couleurs furent hissées dès l’ouverture du feu.

On a tiré 200 coups jusqu’à épuisement des munitions, à la vitesse moyenne de deux coups à la minute environ. Le tir est resté constamment court. Le sous-marin n’a pas été touché.

Le sous-marin n’a pas été vu entre le moment où le navire a été spontanément abandonné et le moment où celui-ci a coulé. Les embarcations contenant l’équipage se sont écartées du côté tribord du MIRA ; elles en étaient à environ 1000 m lorsque, vers 7 heures, on a vu une gerbe d’eau s’élever à une trentaine de mètres de hauteur sur le côté bâbord, à l’aplomb de la cale n° 3, c'est-à-dire en un point situé aux deux tiers de la longueur du navire à partir de l’avant. Le navire a sombré par l’arrière vers 7h15. Le capitaine qui était dans l’un des deux canots amenés le vit couler.

L’opinion générale des officiers et de l’équipage est que le MIRA a été torpillé. Seul, le chef mécanicien pense que le bâtiment a coulé à la suite de l’explosion d’une ou de plusieurs bombes placées à bord par le personnel du sous-marin. Il base cette opinion sur les constatations suivantes : au moment de l’explosion, une forte colonne de gaz d’aspect blanchâtre et qui a mis environ 5 minutes à se dissiper s’est élevée jusqu’à la hauteur de la mâture ; la base de cette colonne s’est agrandie vers l’avant du navire jusqu’à masquer la cheminée au point de faire croire à la chute de celle-ci ; un peu plus tard, comme le MIRA commençait à s’enfoncer par l’arrière, le chef mécanicien a vu de la vapeur sortant par la claire-voie de la machine et en a conclu qu’une seconde bombe avait dû exploser dans la machine. Il estime que le temps qui s’est écoulé entre le moment de l’abandon du navire – 6h20 – et le moment de la première explosion – 7 heures – était suffisant pour avoir permis au sous-marin de se rapprocher, d’envoyer du personnel à bord du MIRA et de reprendre ce personnel. Cependant, il n’a constaté aucun mouvement extérieur lui permettant d’affirmer qu’il en a été ainsi.

La machine avait été stoppée avant l’abandon du navire. Rien ne permet de supposer que le navire fut accosté par l’ennemi.

Seul, M. THEVENEAU, premier lieutenant, a été blessé. Il n’y avait pas de passagers. L’équipage se composait au total de 32 hommes tous Français. L’attitude de tout le personnel fut parfaite.

Cinq minutes environ après le naufrage du MIRA, on a aperçu le blockhaus du sous-marin dans la direction du point où le navire venait de disparaître. Il a fait route vers les canots et on a eu l’impression qu’il émergeait à mesure qu’il s’en approchait. Sur son avant, était un canon pointé sur les embarcations. Il a stoppé à environ 300 mètres des canots auxquels il a ordonné de l’accoster. Puis, après avoir fait monter à son bord le capitaine du MIRA, il a offert, pour le blessé, des médicaments qui ont été acceptés et, pour le personnel, des vivres qui ont été refusés. Il a ensuite ordonné aux canots de s’éloigner. Au moment où ceux-ci ont exécuté cet ordre, le capitaine, gardé prisonnier, a crié à son équipage : « Au revoir, mes enfants, dites que j’ai fait mon devoir ».

Après s’être amarrés l’un à l’autre, les canots ont fait route à l’aviron, le cap au N.O. pour rallier la côte de Sicile. Vers minuit, ils ont aperçu les feux d’une escadrille de chalutiers anglais auxquels ils ont signalé leur présence en brûlant des feux Coston. Un des chalutiers s’est approché et les a arraisonnés. L’équipage du MIRA a été ensuite réparti sur trois des chalutiers et les canots ont été pris à la remorque. Le lendemain, le temps est devenu mauvais, les remorques ont cassé et les embarcations ont dû être abandonnées. Les chalutiers ont fait route sur Tarente où ils sont arrivés le 17 mai à 4 heures du soir. Les naufragés ont rallié Marseille par la voie de terre.

La nuit tombant, le sous-marin fut perdu de vue très vite dans l’obscurité. Lorsque le Capitaine du MIRA est monté à bord du sous-marin, le Commandant lui a dit en français : « Pourquoi avez-vous tiré ? » - « Pour nous défendre, lui fut-il répondu » - « Vous n’êtes pas des soldats, vous êtes des pirates et des vampires. Vous avez violé le droit des gens en vous défendant par le canon. Pour cette raison, je vous garde prisonnier. Vous serez envoyé en Allemagne, jugé et… ». Le Commandant a eu alors une hésitation, comme s’il cherchait un mot et a fait le geste de couper le cou. Un marin, près de lui, lui a soufflé le mot « fusillé » qu’il a répété. Il a continué ensuite : « Y a-t-il des soldats à bord ? ». Sur réponse négative, il a répliqué : « C’est étonnant. Pour des civils, ils tirent très bien ». S’adressant ensuite au personnel des embarcations, il a ajouté : « Quant à vous autres, n’essayez pas de recommencer. Il ne faut jamais tirer ».

Le Commandant parlait à peu près correctement le français, mais en martelant ses paroles. Un homme soufflait parfois les mots au Commandant. Enfin, un autre homme qui a paru être un matelot, parlait couramment le français et presque sans accent…

Signé : Le Capitaine de frégate, officier enquêteur – Illisible.


Transmis à Monsieur le Ministre de la Marine

Le MIRA a lutté courageusement. C’est seulement après avoir consommé toutes ses munitions que le Capitaine s’est décidé à abandonner son navire et qu’un projectile eut blessé sérieusement le Lieutenant M. THEVENEAU. Tout le monde à bord a donc rempli son devoir…

Signé : Amiral LEFEVRE

Source : Retranscription du livre d'or de la Marine - guerre 14/48

Cordialement à tous
Gilbert Delannoy
Excès de peur enhardit.
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Terraillon Marc
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Re: MIRA SGTM

Message par Terraillon Marc »

Bonsoir

D'aprés la liste de JP Clochon

15/05 MIRA VAPEUR 3050 Armé, 35 milles est du cap Passaro, coulé par un sous-marin, le capitaine a été fait prisonnier ; cargo, Sté générale de Transports Maritimes à Vapeur.

Le navire a l'indice (1) dans la base de données

A bientot :hello:
Cordialement
Marc TERRAILLON

A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Rutilius
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MIRA [II] — Cargo — Société générale de transports maritimes à vapeur (S.G.T.M.) (1916~1916).

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,

Historique (complément).

15 mai 1912 : A la liquidation de la Compagnie des vapeurs de charge français, acquis par la Compa-gnie de navigation mixte qui lui conserve son nom.

Navigazette, n° 1.203, Jeudi 16 mai 1912,
p. 6, en rubrique « Chronique maritime ~ Navigation ».

Image


Fin Novembre 1915 : Recueille une partie de l’équipage du cargo grec Zarifis (Le Temps, n° 19.873, Samedi 4 décembre 1915, p. 2, en rubrique « Sur mer »), coulé le 29 novembre 1915 par le sous-marin U-33 (Kapitänleutnant Konrad GANSSER) à 100 milles dans l’E. S.-E. de l’île de Malte, par 35° 15’ N. et 16° 33’ E., alors qu’il se rendait d’Alexandrie à Hull avec un chargement de divers. Ce bâtiment de 2.904 t. était armé par la Michalinos Maritime & Commercial Co., du Pirée.
Dernière modification par Rutilius le mer. nov. 02, 2022 2:15 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: MIRA SGTM

Message par Rutilius »



Bonsoir à tous,


• Commission instituée en vue de constater les actes commis par l’ennemi en violation du droit des gens (Décret du 23 septembre 1914), Rapports et procès-verbaux d’enquête, Rapports VI. à XI., Imprimerie nationale, Paris, 1917, p. 9 et s. « Septième rapport. Violations par l’ennemi des conventions internationales dans la conduite de la guerre sur mer », « Faits non cités dans le rapport », Pièce n° 41. (op. cit., p. 68).


RAPPORT du capitaine au long-cours Matteï (Jean), second du vapeur Mira, à M. le capitaine de vaisseau, chef de division des flottilles de l’Adriatique.


Bord Marceau, Brindisi, le 19 mai 1916.

Commandant,

J’ai l’honneur de vous informer que le 15 mai, à 16 h. 45, me trouvant par latitude 37° 05’ N., longitude 16° 07’ O., j’ai aperçu, sur notre sillage, la silhouette d’un sous-marin, et au même instant, ai entendu un coup de canon, dont le boulet est venu tomber à une vingtaine de mètres de notre arrière. Le commandant donna aussitôt l’ordre de hisser le pavillon national, fit mettre la machine à toute allure et fit commencer le tir tout en
zigzaguant.
Au début, les boulets du sous-marin tombaient à une distance assez éloignée du bord, trop long, trop court, à droite, à gauche ; mais, vers dix-huit heures, ayant peut-être repéré le calibre de notre pièce, il s’approcha de nous et put ainsi rectifier son tir. Nous reçûmes alors plusieurs éclats d’obus, ainsi qu’un boulet qui, traversant la cheminée, tomba sur la passerelle et blessa le premier lieutenant, M. Theveneau.
A 18 h. 20, ayant épuisé toutes nos munitions (deux cents coups) et jugeant notre position intenable, le commandant donna l’ordre d’abandonner le navire, ce que l’équipage fit dans le calme le plus parfait. Le tir du sous-marin cessa aussitôt que nos embarcations quittèrent le bord. Vers dix-neuf heures, nous aperçûmes une gerbe d’eau qui s’éleva à trente mètres environ de hauteur à l’arrière du navire, et quinze minutes après, le vapeur disparaissait.
Le sous-marin, après avoir accompli son acte de piraterie, s’approcha de nos embarcations et nous fit signe de l’accoster. Le commandant du sous-marin demanda à mon capitaine les papiers du bord ; il lui répondit qu’il les avait laissés sur le navire, (mais en réalité, ils ont été immergés dans un sac à cet effet).
« Montez à bord », lui dit alors le commandant du sous-marin ; s’adressant ensuite à nous tous, il nous traita de pirates et de vampires, et il ajouta que nous n’étions pas des soldats et que nous avions violé le droit des gens en nous défendant par le canon. « C’est pour cette seule raison que je garde votre capitaine prisonnier ; il sera conduit en Allemagne, jugé et fusillé. Quant à vous autres, n’essayez pas de recommencer. Vous pouvez vous éloigner. »
J’ai fait route au N.-O. pour atterrir en Sicile, et, vers 23 h. 30, j’ai aperçu des chalutiers auxquels je fis des signaux par le moyen de nos feux Costons ; ces bateaux se sont rapprochés de nous prudemment et nous ont accueillis à leur bord, où nous avons reçu les soins les plus dévoués.


Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: MIRA SGTM

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Bonjour à tous,


Récompenses accordées postérieurement à la perte du cargo Mira.



■ Citations à l’ordre de l’armée.


Le Temps, n° 20.051, 30 mai 1916, p. 2, en rubrique « Marine ».


« CITATIONS A L’ORDRE DE L’ARMÉE. – Sont cités à l’ordre du jour de l’armée : […]

Le vapeur Mira, capitaine Castaldi, pour avoir résisté à l’attaque d’un sous-marin ennemi jusqu’à l’épuisement complet de ses munitions et malgré les avaries graves causées par les obus ennemis.

Sont en outre cités
: […] dans le personnel du Mira, le capitaine au long cours Mattei, second, et le lieutenant Théveneau (blessé). »


Par décret du Président de la République en date du 19 juillet 1916 (J.O., 21 juill. 1916, p. 6.502), Gabriel François CASTALDI, capitaine au long-cours, commandant le cargo Mira fut nommé en ces termes au grade de chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur :


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Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 19 juin 1921 (J.O., 20 juin 1921, p. 7.042), Antoine Joseph THÉVENEAU, le lieutenant du cargo Mira, fut inscrit en ces termes au tableau spécial de la Légion d’honneur pour le grade de chevalier :


Image

(p. 7.044)
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MIRA [II] — Cargo — Société générale de transports maritimes à vapeur (S.G.T.M.) (1916~1916).

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Bonjour à tous,

Mira [II] — Cargo — Société générale de transports maritimes à vapeur (S.G.T.M.) (1916~1916), Mar-seille.

Le cargo Mira fut administrativement considéré comme bâtiment armé en guerre du 19 août 1914 au 16 mai 1916, lendemain de sa perte.

[Circulaire du 25 avril 1922 établissant la Liste des bâtiments et formations ayant acquis, du 3 août 1914 au 24 octobre 1919, le bénéfice du double en sus de la durée du service effectif (Loi du 16 avril 1920, art. 10, 12, 13.), §. A. Bâtiments de guerre et de commerce. : Bull. off. Marine 1922, n° 14, p. 720 et 755.]

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MIRA [II] — Cargo — Société générale de transports maritimes à vapeur (S.G.T.M.) (1916~1916).

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Bonjour à tous,

Le sous-marin allemand U-34

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• Günter KROSCHEL & August-Ludwig EVERS :
« Die Deutsche Flotte. 1848~1945. », Verlag Lohse-Eissing, Wilhelmshaven, 1986, n° 229.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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