DIANE Compagnie des Affréteurs Réunis

olivier 12
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Re: DIANE Compagnie des Affréteurs Réunis

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

DIANE

Vapeur de la Compagnie des Affréteurs Réunis

Construit sous le nom de SILESIA aux chantiers Aron et Gollnow de Stettin
Lancé en Mars 1882

602 tx JB 300 tx JN

Rebaptisé MAGALI en 1901 et DIANE en 1916

Effectue une traversée Carthagène – Oran, sur lest, sous les ordres du capitaine au cabotage Louis DROUAILLET, inscrit à Alger.
Chef mécanicien Antoine GEORGIETTI inscrit à Bastia.

Rapport du capitaine DROUAILLET

Quitté Carthagène le 5 Juin à 18h00. Tiré sur Oran en faisant route au S17E.

Beau temps clair. Houle de NE.

Le 6 Juin 1917 à 06h45, un sous-marin surgit à 6000 m à deux quarts bâbord. Il ouvre le feu avec une seule pièce pour régler son tir, puis avec deux pièces à 8 coups par minute.
Présenté l’arrière et ouvert le feu à raison de deux coups toutes les trois minutes. Le chef mécanicien active la chauffe et nous naviguons en zig-zag pour éviter les obus qui tombent à droite et à gauche.
Deux obus éclatent contre la muraille bâbord, à la flottaison cale 2 et au poste équipage au dessus de la flottaison.
Le navire faisant eau et notre canon ne pouvant plus être remis en batterie, je fais mettre les embarcations à la mer et évacuer le navire.
Déchiré les papiers secrets et amené le pavillon national que je mets dans un canot. Quitté le bord en dernier avec le chef mécanicien.

Le sous-marin plonge, puis émerge près de nous. Le commandant me fait monter à bord. Il me présente un registre sur lequel j’ai inscrit mon nom, celui du navire, provenance et destination. Il me demande pourquoi j’ai arrêté mon tir et combien de fois j’ai été touché.
Il garde un homme sur le sous-marin (le cuisinier) et va le long du bord du DIANE où ses hommes prennent des effets et des vivres. Puis il fait rembarquer le cuisinier dans mon canot et me dit de m’en aller.

Le sous-marin s’écarte de 50m environ et envoie un obus dans la soute à munitions. L’arrière du DIANE fait explosion et le navire s’engloutit immédiatement.

Le temps étant au calme plat, nous fîmes route à l’aviron jusqu’à 20h00 quand, à dix milles d’Oran, nous rencontrâmes le SAINT CHARLES qui nous y remorqua.
Je tiens à faire remarquer la conduite du chef mécanicien et des trois canonniers qui m’ont aidé de tout leur possible.

Voici la silhouette du sous-marin dessinée par le capitaine Drouaillet

Image

Le Ministre de la Marine accordera :

Une citation à l’ordre du Corps d’Armée au capitaine Louis DROUAILLET

« Pour l’énergie dont il a fait preuve dans sa riposte à l’attaque d’un sous-marin »

Une citation à l’ordre de la brigade pour :

- GEORGIETTI Antoine Chef Mécanicien
- CARTIER André Quartier maître canonnier
- LAIR Félix Matelot canonnier
- GOSSELIN Albert Matelot canonnier

« Pour l’énergie et le sang-froid dont ils ont fait preuve lors de l’attaque de leur navire par un sous-marin. »

Le sous-marin attaquant

C’était l’U 39 du KL Walter FORSTMANN.

Ce commandant sera sur U 39 de Mai 1915 à Octobre 1917 et coulera 151 navires dont les Français

- HIRONDELLE (le 2 Juillet 1915)
- L’AUDE
- VILLE DE MOSTAGANEM
- CETTOIS
- AMIRAL MAGON
- VILLE DE BOUGIE
- DIANE
- ISERE

Il obtiendra la croix « Pour le Mérite » le 12 Août 1916.
Il est décédé à Essen le 2 Novembre 1973.

Cdlt
olivier
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Ar Brav
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Re: DIANE Compagnie des Affréteurs Réunis

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

Un petit complément sur le vapeur Diane :

Lancé en mars 1882 à Stettin, alors en Prusse, (aujourd’hui Szczecin en Pologne) sous le nom de SILESIA pour le compte de la compagnie allemande Stenzel & Rolke
Il devient le MAGALI en 1901 pour le compte de A. Busck & Co
En décembre 1915, il est acheté par J. Stern et rebaptisé DIANE

Cordialement et bon dimanche,
Franck
www.navires-14-18.com
Le cœur des vivants doit être le tombeau des morts. André Malraux.
Rutilius
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Re: DIANE Compagnie des Affréteurs Réunis

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,


Le Temps, n° 20.458, Mercredi 11 juillet 1917, p. 4, en rubrique « Marine »


Image


Ce cargo, acquis en 1901 par la Compagnie Axel Busck et Cie, de Marseille, et renommé Magali, fut affecté par cet armement à la ligne Marseille ~ Menton. En Décembre 1915, il fut cédé à la Société « Les Affréteurs réunis » (15, rue Scribe, Paris, XIe Arr.) qui le renomma Diane.

Ses caractéristiques étaient les suivantes :

Jauge : 590 t jb ; 382 t jn ; 780 t pl.

Dimensions : 51,69 x 7,35 m.

Puissance installée : 240 cv.

Vitesse : 7,5 nd.

Capacité : Accueil possible de 200 passagers de pont.

[Paul BOIS : « Armements marseillais. Compagnies de navigation et navires à vapeur (1831 ~ 1988) », Chambre de commerce et d’industrie Marseille ~ Provence, 3e éd. revue et corrigée, Avril 2003, p. 296.]

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Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: DIANE Compagnie des Affréteurs Réunis

Message par Rutilius »


Re,


L’Humanité, n° 2, Mardi 19 avril 1904, p. 3, en rubrique « Les grèves ».


Image
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Bien amicalement à vous,
Daniel.
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xave31
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Re: DIANE Compagnie des Affréteurs Réunis

Message par xave31 »

Voici deux vues du MAGALI
xave31ImageImage
xave31
Rutilius
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Re: DIANE Compagnie des Affréteurs Réunis

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


Lors de sa perte, le cargo Diane était commandé par Louis DROUAILLET, capitaine au cabotage, inscrit à Alger, n° 2.504, et avait pour chef mécanicien Antoine GIORGETTI, inscrit à Bastia, n° 2.938 (Déc. du sous-secrétaire d’État à la Marine marchande du 13 avr. 1917 établissant la liste des capitaines ou patrons de navires de commerce ainsi que des mécaniciens qui ont obtenu des félicitations pour la bonne tenue des postes d'équipage de leur navire et pour le bon entretien des chaudières, machines, etc. : J.O. 17 avr. 1917, p. 2.964).


— DROUAILLET Louis Mansuy, né le 29 mars 1881 à Nancy (Meurthe-et-Moselle) et décédé le ... à ... (...). Capitaine au cabotage, inscrit à Alger, n° 2.504.

Fils de Léon DROUAILLET, né vers 1843, banquier, et de Marie Pauline PERROT, née vers 1850, son épouse (Registre des actes de naissance de la ville de Nancy, Année 1881, f °123, acte n° 485).

Époux de Gabrielle Jeanne THRAEN, née le 24 octobre 1884 à Oran (Département d’Oran, Algérie), avec laquelle il avait contracté mariage à Alger, le 1er octobre 1912 ; divorcée de Marcel BRÉMONT, suivant acte de divorce transcrit à Oran, le 15 novembre 1907 (Registre des actes de mariage de la ville d’Alger, Année 1912, f° 90, acte n° 972). Fille d’Edmond François Frédéric THRAEN – qui termina sa carrière major au 143e Régiment d’infanterie – et d’Eugénie Clorinde Semiramis Herminie LARROQUE, sans profession, son épouse (Ibid.).
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Rutilius
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Re: DIANE Compagnie des Affréteurs Réunis

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


Journal officiel du 14 juillet 1917, p. 5.488.

Image
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: DIANE Compagnie des Affréteurs Réunis

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Complément au récit du naufrage. Rapport de la Commission d’enquête.

Le 3 Juin 1917 à 06h35 par 36°11 N et 00°40 W un coup de canon tiré sur le vapeur signale la présence d’un sous-marin à 6000 m à deux quarts tribord. Le vapeur faisait route à 6,5 nœuds au S17E. Beau temps avec houle de NE. Horizon clair. Le sous-marin fait route Ouest à la même vitesse.
Le capitaine vient sur tribord pour présenter l’arrière, fait activer la chauffe et ouvre le feu. La lutte dure de 06h35 à 08h45, DIANE ripostant au feu du sous-marin. Ce dernier ayant interrompu son tir pendant un quart d’heure, le capitaine de DIANE fit de même.
Le sous-marin a tiré 200 à 250 coups dont 2 ont porté. Un à hauteur de la flottaison a fait un trou par lequel l’eau est entrée dans la cale 2. Un autre a touché le poste. Le sous-marin tirait avec 2 pièces de 105 mm.
DIANE a tiré avec sa pièce de 90 mm 96 coups, mais au 40e coup, le retour en batterie a du se faire à l’épaule, le frein ne fonctionnant plus. Au 96e coup, le retour en batterie est devenu impossible. Pendant le tir il y a eu de nombreux ratés d’étoupille.
A 08h45 DIANE a cessé le tir, le navire commençant à s’enfoncer. Le capitaine a fait stopper et l’équipage a mis les embarcations à la mer. Le sous-marin s’est rapproché en surface, a fait le tour du navire en plongée à 100 m de distance, puis est revenu en surface.
Le commandant du sous-marin a demandé au capitaine le rôle, le registre des procès-verbaux de visite. Les papiers confidentiels placés dans un soulier avaient été coulés. Des marins accompagnés d’un officier ont pillé le navire, emportant des vivres (ils avaient pris le cuisinier avec eux) et de l’outillage.

Le capitaine de DIANE a été appelé à bord du sous-marin et on lui a demandé son nom, celui du navire, jauge, provenance et destination. On lui a aussi demandé les raisons de la cessation de son tir et le nombre de coups reçus.
Sous-marin sans numéro, long de 70 m et armé de 2 canons de 105. Périscope avec lentille en forme de champignon, permettant dans doute de voir les hydravions. Peinture fraîche, couleur gris clair.

Le capitaine signale qu’au départ de Carthagène, un canot monté par des officiers d’un navire allemand interné, accompagnés de dames, est passé près de DIANE. Les officiers ont fait avec la main des gestes signifiant clairement que le vapeur serait coulé. Les mêmes faits se sont reproduits à la sortie du port dans une embarcation à voiles montée par des dames et des officiers d’un navire allemand qui passa à proximité de DIANE.
Le vapeur SAINT CHARLES, parti d’Oran pour Marseille avec des marchandises diverses a recueilli l’équipage de DIANE le 6 Juin à 20h30 à 15 milles à l’Ouest d’Aiguille et l’a ramené à Oran.

La commission estime que le commandant était sur la route recommandée, qu’il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour sauver son navire et que sa responsabilité est complètement dégagée.

Cdlt
olivier
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