Bonjour à tous,
BERENGERE
Trois-mâts carré du type D des Chantiers de la Loire, construit en 1902 aux chantiers de Normandie à Rouen pour la Société Vincent et Cie. Il fut racheté sur cale par la Société des Voiliers Dunkerquois.
Navire semblable au NANTES et au MADELEINE.
Voilier dit à baignoire, avec long gaillard et dans le cas du BERENGERE, très longue dunette.
Longueur 79, 50 m Largeur 12,25 m TE 6,20 m
2630 m2 de voilure
2851 tx JB 2280 tx JN 3340 tpl
Pris au neuvage par le capitaine Beaudouart.
Voici une photo du BERENGERE
En Septembre 1905, toujours sous les ordres du capitaine Beaudouart, BERENGERE réussit un sauvetage périlleux dans les parages du HORN, par une mer énorme. Il parvint à récupérer tout l’équipage du trois-mâts franc anglais GARSDALE, démâté depuis cinq jours et dont le chargement de briques, coke et fonte avait ripé. Le GARSDALE était couché sur le côté.
Le BERENGERE mit un canot à la mer et récupéra tout d’abord le second et 19 hommes, puis le capitaine et les 4 derniers marins qui s’étaient jetés à la mer.
Il effectua l’essentiel de ses voyages sur le Japon, la Californie et le Puget Sound.
La perte du BERENGERE
Le trois-mâts avait appareillé de Buenos Aires le 29 Janvier 1917 à destination du Havre avec un complet chargement de bois de quobracho.
Le capitaine était Thomas GUENO, CLC, inscrit à Vannes.
Le second capitaine, dont le nom n’est pas donné, décéda en mer le 21 Février et fut immergé le 22.
Le lieutenant avait été laissé à l’hôpital de Buenos Aires avec une crise d’appendicite.
L’équipage comportait donc en tout 22 hommes, dont un seul officier.
Le maitre d’équipage faisait office de second capitaine et le second maitre Henri EGAULT faisait office de lieutenant.
Les matelots ayant signé le rapport du capitaine sont :
Joseph MAHE de Paimpol
Jacques LEGRAND de Concarneau
Auguste GOURET de Saint Nazaire
Pierre LE BUHIT d’Auray.
Il y avait un matelot finlandais et un matelot suédois.
Le 10 Mai vers 11h00 du matin, le navire se trouvant par 50°06 N et 11°30 W, le capitaine était dans la chambre de veille à faire le point lorsqu’il entendit un coup de canon qui donna l’alarme. Un projectile traversa la mâture et tomba à une trentaine de mètres. Il y avait une légère brise et une faible houle. La visibilité était de 3 ou 4 milles. Il aperçut alors par tribord un sous-marin qui lui coupait la route. Tout l’équipage fut mis aux postes de manœuvre, les voiles contre-brassées et les embarcations débordées. Le sous-marin tira encore quatre coups de canon. Le dernier projectile tomba à vingt mètres sur l’avant.
Après s’être assuré que personne ne restait à bord, le capitaine embarqua dans la 2e embarcation par les palans de bossoirs, sans avoir pu récupérer les papiers du bord.
Le sous-marin s’approcha alors à 80 mètre du BERENGERE et tira au moins quinze coups sur la coque ; le voilier coula sans qu’aucun Allemand soit monté à bord.
Le sous-marin vint alors à ranger les embarcations et son commandant demanda au capitaine GUENO les papiers du navire. Le capitaine répondit qu’il n’avait pas eu le temps de les prendre et qu’ils avaient coulé avec le voilier. L’Allemand demanda alors nom, provenance, destination et chargement, et le capitaine donna les renseignements.
Puis le commandant du sous-marin interrogea : « Avez-vous des vivres ? » Le capitaine répondit « Oui, nous en avons suffisamment ». Il indiqua : « Vous devez faire route à l’ENE pour gagner la terre ». Puis il salua militairement les Français, tandis que son équipage, rangé sur le pont du sous-marin, saluait également en soulevant les bonnets.
Toute la conversation avait eu lieu en anglais.
Les marins hissèrent alors les voiles des embarcations et firent route ENE. Ils ne virent pas le sous-marin plonger.
Il décrivent le sous-marin comme étant long d’environ 65 m et très large. Il y avait un petit mât sur le kiosque et deux canons à poste fixe. Trois officiers dans le kiosque dont un (sans doute le commandant) parlait très bien anglais. Douze à quinze hommes sur le pont du sous-marin.
Les officiers portaient une grande capote grise et une casquette, les hommes des vareuses grises et des bonnets.
Trente heures plus tard les naufragés ont aperçu la terre d’Irlande. Finalement, l’équipage fut recueilli au bout de 42 heures, à 5 milles dans l’ouest de la pointe de Kinsale, par des patrouilleurs anglais. Ceux-ci les ont conduits à Queenstown le 12 à 11h00 du matin, où ils ont reçu le meilleur accueil, ainsi que des vivres et des vêtements.
Le sous-marin attaquant
C’était l’U 62 du KL Ernst Hashagen. Il avait déjà coulé le trois-mâts français JULES GOMES le 12 Mars précédent.
Cdlt
BERENGERE Trois-mâts carré
-
- Messages : 4143
- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: BERENGERE Trois-mâts carré
olivier
Re: BERENGERE Trois-mâts carré
Bonsoir à tous
Voila bien l'attitude chevaleresque d'Ernst Hashagen !
Ce que par contre le Commandant Gueno ne savait pas, c'est qu'au nombre de ceux qui observaient la fin de son Berengère en ce jour de mai, il y avait un officier de Marine britannique, le Cdr Norman Lewis, ex commandant du sloop HMS Tulip que l'U 62 avait envoyé par le fond quelques jours plus tôt et qui était prisonnier à bord du sous-marin. En fait je ne suis pas certain que Lewis ait assisté à la destruction du Bérengère mais ce que l'on sait, c'est qu'après cet épisode guerrier, Hashagen et Lewis devinrent d'excellents amis et donnèrent ensemble par la suite nombre de conférences pour prêcher la paix dans le début des années 30, tant en GB qu'en Allemagne.
En 1931, Ernst Hashagen a publié ses mémoires en allemand et en anglais. Illustré de plusieurs photos, c'est de ce livre que les photos ci-dessous sont tirées.
U-Boote Westwärts! Meine Fahrten um England 1914-1918
U-Boats Westward!
Encore un exemple concret de cette fraternité sans frontières qui réunit les gens de mer
A bord de U 62 (avr./mai 1917) détente au soleil - Hashagen est au premier plan, Lewis à ses côtés.
A l'occasion d'une conférence à Londres vers 1932 (Lewis à g., Hashagen à dr.)
Cdlt
Yves
Voila bien l'attitude chevaleresque d'Ernst Hashagen !
Ce que par contre le Commandant Gueno ne savait pas, c'est qu'au nombre de ceux qui observaient la fin de son Berengère en ce jour de mai, il y avait un officier de Marine britannique, le Cdr Norman Lewis, ex commandant du sloop HMS Tulip que l'U 62 avait envoyé par le fond quelques jours plus tôt et qui était prisonnier à bord du sous-marin. En fait je ne suis pas certain que Lewis ait assisté à la destruction du Bérengère mais ce que l'on sait, c'est qu'après cet épisode guerrier, Hashagen et Lewis devinrent d'excellents amis et donnèrent ensemble par la suite nombre de conférences pour prêcher la paix dans le début des années 30, tant en GB qu'en Allemagne.
En 1931, Ernst Hashagen a publié ses mémoires en allemand et en anglais. Illustré de plusieurs photos, c'est de ce livre que les photos ci-dessous sont tirées.
U-Boote Westwärts! Meine Fahrten um England 1914-1918
U-Boats Westward!
Encore un exemple concret de cette fraternité sans frontières qui réunit les gens de mer
A bord de U 62 (avr./mai 1917) détente au soleil - Hashagen est au premier plan, Lewis à ses côtés.
A l'occasion d'une conférence à Londres vers 1932 (Lewis à g., Hashagen à dr.)
Cdlt
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
-
- Messages : 4143
- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: BERENGERE Trois-mâts carré
Bonsoir Yves, Bonsoir à tous,
Belle histoire !
Décidément, les archives sur les grands voiliers dans la guerre de 14 sont vraiment passionnantes et contiennent parfois des récits étonnants...
Cdlt
Belle histoire !
Décidément, les archives sur les grands voiliers dans la guerre de 14 sont vraiment passionnantes et contiennent parfois des récits étonnants...
Cdlt
olivier
Re: BERENGERE Trois-mâts carré
Bonsoir Olivier
J'avoue que depuis que j'ai "croché dans la toile" de ces grands oiseaux du cap, je deviens accro à mon tour et je pense qu'on n'a pas fini d'être étonnés !
Amts
Yves
J'avoue que depuis que j'ai "croché dans la toile" de ces grands oiseaux du cap, je deviens accro à mon tour et je pense qu'on n'a pas fini d'être étonnés !
Amts
Yves
www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
-
- Messages : 4143
- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: BERENGERE Trois-mâts carré
Bonjour à tous,
Un petit complément concernant l'équipage du BERENGERE.
Henri Egault, Pierre Le Buhit et Jacques Legrand rembarqueront aussitôt sur le BON PREMIER de la SGTM, respectivement comme lieutenant, maître d'équipage et matelot.
Ils seront à nouveau coulés le 29 Septembre suivant.
Cdlt
Un petit complément concernant l'équipage du BERENGERE.
Henri Egault, Pierre Le Buhit et Jacques Legrand rembarqueront aussitôt sur le BON PREMIER de la SGTM, respectivement comme lieutenant, maître d'équipage et matelot.
Ils seront à nouveau coulés le 29 Septembre suivant.
Cdlt
olivier
- Terraillon Marc
- Messages : 3983
- Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
Re: BERENGERE Trois-mâts carré
Bonsoir,
Un lien sur le voilier BERENGERE (avec diverses erreurs historique, cf message d'Olivier)
http://www.culture.gouv.fr/public/mistr ... SPECIFIC=1
A bientot
Un lien sur le voilier BERENGERE (avec diverses erreurs historique, cf message d'Olivier)
http://www.culture.gouv.fr/public/mistr ... SPECIFIC=1
A bientot
Cordialement
Marc TERRAILLON
A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
Marc TERRAILLON
A la recherche du 17e RIT, des 166/366e RI et du 12e Hussards.
-
- Messages : 4143
- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: BERENGERE Trois-mâts carré
Bonjour à tous,
La note signalée ci-dessus par Marc est intéressante. Mais les rédacteurs se trompent en écrivant qu'en étant coulé par un sous-marin allemand le voilier BERENGERE a emporté avec lui le capitaine Guéno et son équipage.
Les naufragés ont bien été recueillis par les Anglais et débarqués à Queenstown (Irlande)
Cdlt
La note signalée ci-dessus par Marc est intéressante. Mais les rédacteurs se trompent en écrivant qu'en étant coulé par un sous-marin allemand le voilier BERENGERE a emporté avec lui le capitaine Guéno et son équipage.
Les naufragés ont bien été recueillis par les Anglais et débarqués à Queenstown (Irlande)
Cdlt
olivier
-
- Messages : 4143
- Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am
Re: BERENGERE Trois-mâts carré
Bonjour à tous,
Suite à l'identification de ce voilier par Memgam, il s'avère qu'il n'est pas le CHATEAUBRIAND comme rapporté par Lacroix dans son ouvrage "Les derniers grands voiliers".
C'est le BERENGERE recevant le dernier obus à une vingtaine de mètres sur son avant lors de son arraisonnement.
Cdlt
Suite à l'identification de ce voilier par Memgam, il s'avère qu'il n'est pas le CHATEAUBRIAND comme rapporté par Lacroix dans son ouvrage "Les derniers grands voiliers".
C'est le BERENGERE recevant le dernier obus à une vingtaine de mètres sur son avant lors de son arraisonnement.
Cdlt
olivier
Re: BERENGERE Trois-mâts carré
Bonjour,
Bérengère est donc connu, comme le signale Olivier 12 ci-dessus, par le sauvetage des 25 marins de l'équipage du trois-mâts Garsdale, dans de dures conditions (12 heures de manoeuvres), le 25 septembre 1905, pour lequel l'équipage a reçu des récompenses, dont un des lieutenant du bord, comme le signale Rutilius dans le sujet Sylvie (I).
Le 7 septembre 1905, lors d'un voyage de South Shields vers Portland d'Oregon, Garsdale, capitaine King, est totalement démâté au large du Horn, la cargaison de briques et de charbon ripe et le navire engage. L'équipage passe trois jours exténuants à dégager le pont. Le 9 septembre, le trois-mâts italien Asensione est en vue, mais la mer est trop mauvaise pour mettre un canot à l'eau. Le navire promet de rester, mais le lendemain, il a disparu. Le Garsdale fait eau et commence à couler. Le 12, arrive Bérengère. La mer est très forte. Garsdale met sa baleinière à l'eau avec le bosco et 19 hommes, mais elle se défonce contre la coque. Celle de Bérengère réussit à l'accoster et sauve tous les hommes. Le capitaine et les quatre hommes restants se jettent à l'eau l'un après l'autre et sont récupérés par la baleinière française. (cf le sujet Sylvie (I) de Rutilius pour la référence des Annales du sauvetage).
C'était toujours le capitaine G. Baudouart qui le commandait depuis le neuvage, avec des conditions pas toujours sereines avec ses état-majors et ses équipages, comme le montrent les larges extraits du journal de bord, de la période 1905-1907, publiés par Jean Randier.
Sources : Louis Lacroix, Les derniers Cap-Horniers, Imprimerie S. Pacteau, 1940.
Alan Villiers & Henri Picard, The bounty ships of France, PSL, 1972.
Jean Randier, Grands voiliers français, 1880-1920, Editions des quatre seigneurs, 1974, pages 316 à 324.
Brigitte et Yvonnick Le Coat, Cap Horn, une vie, un mythe, Pascal Galodé éditeur, 2008, page 91 (photo).
Basil Lubbock, The last of the windjammers, Vol 1, Brown, Sons & Ferguson, 1927, page 103.
Cordialement.
Bérengère est donc connu, comme le signale Olivier 12 ci-dessus, par le sauvetage des 25 marins de l'équipage du trois-mâts Garsdale, dans de dures conditions (12 heures de manoeuvres), le 25 septembre 1905, pour lequel l'équipage a reçu des récompenses, dont un des lieutenant du bord, comme le signale Rutilius dans le sujet Sylvie (I).
Le 7 septembre 1905, lors d'un voyage de South Shields vers Portland d'Oregon, Garsdale, capitaine King, est totalement démâté au large du Horn, la cargaison de briques et de charbon ripe et le navire engage. L'équipage passe trois jours exténuants à dégager le pont. Le 9 septembre, le trois-mâts italien Asensione est en vue, mais la mer est trop mauvaise pour mettre un canot à l'eau. Le navire promet de rester, mais le lendemain, il a disparu. Le Garsdale fait eau et commence à couler. Le 12, arrive Bérengère. La mer est très forte. Garsdale met sa baleinière à l'eau avec le bosco et 19 hommes, mais elle se défonce contre la coque. Celle de Bérengère réussit à l'accoster et sauve tous les hommes. Le capitaine et les quatre hommes restants se jettent à l'eau l'un après l'autre et sont récupérés par la baleinière française. (cf le sujet Sylvie (I) de Rutilius pour la référence des Annales du sauvetage).
C'était toujours le capitaine G. Baudouart qui le commandait depuis le neuvage, avec des conditions pas toujours sereines avec ses état-majors et ses équipages, comme le montrent les larges extraits du journal de bord, de la période 1905-1907, publiés par Jean Randier.
Sources : Louis Lacroix, Les derniers Cap-Horniers, Imprimerie S. Pacteau, 1940.
Alan Villiers & Henri Picard, The bounty ships of France, PSL, 1972.
Jean Randier, Grands voiliers français, 1880-1920, Editions des quatre seigneurs, 1974, pages 316 à 324.
Brigitte et Yvonnick Le Coat, Cap Horn, une vie, un mythe, Pascal Galodé éditeur, 2008, page 91 (photo).
Basil Lubbock, The last of the windjammers, Vol 1, Brown, Sons & Ferguson, 1927, page 103.
Cordialement.
Memgam
Re: BERENGERE Trois-mâts carré
Bonjour,
A bord de Bérengère, le capitaine Cavelan a succédé au capitaine Beaudouart.
Il a laissé un certain nombres de photos, dont quelques-unes ont été utilisées par le Louis Lacroix et reprises aussi ailleurs. Parmi elles, il y a des photos de prises d'albatros et d'autres de manoeuvres.
Source : Louis Lacroix, les derniers grands voiliers, Peyronnet, 1937, page 188.
Jean Randier, Phares carrés, Gallimard, 1996, page 58.
Cordialement.
A bord de Bérengère, le capitaine Cavelan a succédé au capitaine Beaudouart.
Il a laissé un certain nombres de photos, dont quelques-unes ont été utilisées par le Louis Lacroix et reprises aussi ailleurs. Parmi elles, il y a des photos de prises d'albatros et d'autres de manoeuvres.
Source : Louis Lacroix, les derniers grands voiliers, Peyronnet, 1937, page 188.
Jean Randier, Phares carrés, Gallimard, 1996, page 58.
Cordialement.
Memgam