TIJUCA Quatre-mâts barque Cie Bordes

olivier 12
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Re: TIJUCA Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

TIJUCA

Construit en 1902 par le chantier O’Donnel de Glasgow sous le nom de MARION JOSIAH. Racheté en 1910 par la compagnie Bordes et rebaptise TIJUCA (2e du nom)
Tijuca est un grand parc national brésilien situé près de Rio de Janeiro, dans l’ouest de Copacabana.

Il succédait au TIJUCA (1) trois-mâts clipper en fer de 1220 tonnes, construit en 1866 au chantier Ernest Gouin de Nantes et destiné au transport du café du Brésil. Gréé carré à l’origine, il avait été transformé en trois-mâts barque par Bordes lorsque celui-ci l’avait racheté en 1880 à l’Union des Chargeurs.
Bordes le revendit en 1907 à un armateur argentin qui le conserva jusqu’en 1946. Ce trois-mâts fut, avec le BELEM aujourd’hui, un des voiliers ayant eu la plus grande longévité : 80 années.
Le 20 Juillet 1946, au cours d’une traversée Capetown – Santa Fé, il se mit à la côte au nord de Rio Grande, entre Porto Alegre et Montevideo et devint perte totale.

Voici TIJUCA (1) en escale à Fort de France vers 1894

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Puis à Capetown à pendant la 2e guerre mondiale.

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Caractéristiques du TIJUCA (2)

Quatre-mâts barque en acier
3800 tpl 2543 tx JB

La perte du TIJUCA

Capitaine Joseph OLLIVIER CLC né le 28/05/1880 à Plounez inscrit à Paimpol
Second Edmond RAULT inscrit à Saint Malo
Lieutenant Alcide FRESLON
Equipage de 36 hommes

Le second Rault était déjà un rescapé de l’ALEXANDRE coulé le 1er Août 1917. Il avait aussitôt rembarqué sur TIJUCA.

Voici quatre capitaines de la compagnie Bordes photographiés au Chili vers 1912. Le capitaine Joseph Ollivier est debout au centre. Devant lui, assis, le capitaine Le Corfec qui atteint de typhoïde décèdera au Chili. Les deux autres sont Pierre Le Chevanton (à gauche) et Charles Fourchon.(Source : Souvenirs des marins de la Compagnie Bordes de Brigitte et Yvonnick Le Coat.)

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Le quatre-mâts quitte La Pallice le 14 Novembre pour Taltal, à ordres.
Le 22 Novembre 1917, il est intercepté par un sous-marin à la position 36°01 N 19°24 W (position donnée par le voilier)

Le capitaine Ollivier ne peut que décrire la position d’infériorité dans laquelle il se trouve face aux navires de guerre allemands.

Récit du capitaine Ollivier

« Le canonnier Moreau et le matelot Joyeux sont blessés. Les projectiles nous exposent constamment ; le navire est encadré par les points de chute. J’ai jugé la lutte inutile et pour sauver mon personnel j’ai ordonné de cesser le combat et d’évacuer le navire.
J’ai donné l’ordre à mes embarcations de s‘écarter du champ de tir et peu de temps après le sous-marin cesse le feu. Nous l’apercevons se dirigeant vers nous. Je donne l’ordre de faire route dessus et, en l’accostant, il me prie de monter à son bord avec tout l’équipage, en laissant deux hommes dans chaque canot.
Le commandant du sous-marin m’a demandé :
-« Etes-vous Français ? Est-ce que tous vos hommes sont Français ? »
Je lui ai répondu oui.
-« Tant mieux ! » a-t-il répondu ; « si vous aviez été Anglais, je vous aurai tous envoyés par le fond ».
Il m’a dit avoir torpillé le BLANCHE le 18 Septembre car l’équipage était revenu près des canons après avoir fait croire qu’il abandonnait le navire. (voir fiche de ce navire)

Finalement, le sous-marin lance une torpille pour couler le TIJUCA. Le second Rault voit son navire couler à moins de 200 milles du point où il avait vu disparaitre l’ALEXANDRE. Il commençait à connaitre la zone…!

Mais les marins ne sont pas au bout de leur peine.

« Nous avons été conduits à bord d’un vapeur norvégien, le BRINK II. Il était sous les ordres des officiers du sous-marin qui en avaient pris le contrôle et est resté stoppé toute la nuit. Le 23 au matin, un équipage allemand, revolver au poing, m’a sommé de faire obéir mes hommes aux officiers du sous-marin. Il fallait jeter à la mer différentes marchandises de la cale afin de dégager des saumons de cuivre placés à fond de cale. Ces saumons ont ensuite été transportés à bord du sous-marin avec nos embarcations qui ont beaucoup fatigué et subi des avaries vu le mauvais état de la mer. J’ai protesté au sujet de la façon dangereuse dont on a fait travailler mes hommes, d’abord dans la cale 2 où ils étaient menacés d’être engloutis, puis sur le pont. Ils étaient menacés d’accident par le balancement des palanquées, le navire norvégien roulant violemment.
L’officier allemand m’a répondu en riant que, quoi qu’il arrive, je n’aurais pas de réclamations à rédiger !
Le 24 vers 14h00, la vigie allemande a signalé une épaisse fumée à l’horizon, qui s’est rapprochée et divisée, laissant voir qu’elle appartenait à plusieurs navires groupés. Les Allemands ont pensé qu’il s’agissait de destroyers anglais. Ils ont disposé des bombes, nous ont donné l’ordre de quitter le bord, puis l’ont évacué et fait sauter.
Le vapeur avait été évacué par les quatre équipages prisonniers.
En fait, la fumée venait d’un groupe de trois vapeurs qui ont aussitôt changé de route et disparu.

Nous avons fait route sur Madère. Pendant ce trajet nous avons eu du gros temps de NE – ENE. J’ai atterri sur Madère dans la nuit du 27 Novembre, avec mes deux embarcations. »

Sur TIJUCA était embarqué un jeune élève officier de 16 ans, Marcel Guillou, de Binic
, dont voici la photo.

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C’était son premier embarquement et il se retrouva dans la baleinière du second, Edmond Rault.
Voici la lettre qu’il écrivit à ses parents depuis Madère :

« Je vous écrit ces quelques lignes pour vous dire que je suis arrivé en bonne santé à Madère Mardi matin à 05h00. Nous avons été attaqués le Jeudi 22 à 12h30 par un sous-marin. Nous nous sommes battus dans la limite du possible et n’avons évacué que lorsque nous n’avons pu faire autrement. Nous avons été prisonniers pendant quarante huit heures, trois sur le sous-marin et le reste sur un navire capturé. Nous l’avons quitté Samedi vers 15h00 heures, grâce à une circonstance fortuite.
Dans les embarcations, nous avons eu de la misère et avons failli maintes fois y rester, principalement Dimanche soir où nous n’arrivions plus à étaler l’eau que faisait la baleinière. Mardi matin, nous avons essuyé un coup de torchon, avec des lames hautes comme des maisons. Nous sommes arrivés épuisés. Mais maintenant, nous sommes retapés. Je suis logé et nourri avec les officiers à l’hôtel Golden Gate, le plus grand hôtel d’ici.
J’ai tout perdu sauf mon ciré et mon pardessus qui m’ont été bien utiles et quelques autres vêtements.
J’ai été habillé hier, mais tout est très cher ici.
Il est probable que nous resterons à Madère au moins un mois ou deux.
Lundi il y a un service solennel en mémoire des morts de la canonnière française SURPRISE, torpillée en rade de Funchal le 3 Décembre 1916 . Nous y sommes invités et irons tous. Etant les seuls Français ici, nous tenons à montrer que nous n’oublions pas les compatriotes morts pour la patrie en terre étrangère….
L’ile est assez pittoresque et les gens affables. Nous avons l’intention de faire des excursions pendant notre séjour ici.C’est la seule distraction que nous aurons. Le climat est très doux actuellement. On se croirait au Havre fin Avril ou début Mai.
Sur le journal d’hier, il y avait un article sur nous ; deux grandes colonnes. Je vais l’acheter et le faire traduire pour l’avoir comme souvenir »

En quelques lignes fort bien écrites, cet adolescent raconte avec une grande modestie, une certaine fierté et tout l’étonnement de la jeunesse à la fois la terrible expérience qu’il vient de vivre et la découverte d’une ile enchanteresse.

Mais en fait, Marcel Guillou quittera l’ile quelques jours plus tard avec son capitaine et ses camarades, rapatrié par le paquebot portugais AFRICA. Après des escales à Lisbonne, Bayonne et Bordeaux, il retrouvera la maison familiale le soir de Noël 1917 et c’est en famille qu’il fêtera son dix septième anniversaire.

Marcel Guillou avait aussi un incontestable talent de peintre et il laissera plusieurs tableaux de grands voiliers. Voici celui du TIJUCA, son premier embarquement.

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On ne distingue plus les faux sabords sur la coque du navire, caractéristique des voiliers Bordes. Ils avaient été effacés sur ordre du gouvernement. La peinture grise avait remplacé la blanche par mesure de sécurité.

Le sous-marin attaquant

C’était l’U 151 du KK Waldemar KHOPHAMEL
La position donnée par le KTB diffère un peu de la position de source française : 36°00 N 20°40 W

Cdlt

Olivier
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Re: TIJUCA Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Un complément sur TIJUCA


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Autres extraits du rapport du capitaine Ollivier

A 12h20 le 22 Novembre 1917, par 36°01 N et 19°30 W, aperçu un convoi de trois vapeurs faisant route au nord. Au même moment, le novice Boileau, de veille au mât de misaine, signale un sous-marin faisant route sur nous à grande vitesse. Mis aux postes de combat et hissé le pavillon français.

Le sous-marin tire un premier coup auquel nous répondons. Tiré de façon intensive avec les pièces avant et arrière. Points de chute en bonne direction mais toujours trop courts.
Continué le tir avec portée maximum des pièces, mais toujours trop courts d’un tiers. Le sous-marin nous encadre avec des projectiles de plusieurs calibres. Nous sommes touchés à la flottaison et deux hommes sont blessés.
Jugeant la lutte inutile, j’ai donné l’ordre d’évacuer. Amené le pavillon et hissé le pavillon blanc. Le tir du sous-marin cesse alors, remplacé par un tir de schrapnells, mais heureusement personne n’est blessé.
Donné l’ordre aux embarcations de s’éloigner du champ de tir.
J’estime que le sous-marin a tiré 150 coups et le TIJUCA une cinquantaine. (Nota : en fait, les deux navires ont tiré environ 80 coups chacun.)
Le sous-marin fait route sur nous. Nous l’accostons et il nous prie de monter à son bord, sauf deux hommes dans chaque canot qui sont pris en remorque.

Puis le capitaine Ollivier rapporte sa conversation avec le KK Kophamel en ce qui concerne la nationalité de l’équipage et le torpillage du BLANCHE. Le commandant allemand lui déclare qu’il est accompagné de deux sous-marins du même type que le sien et que tous trois patrouillent entre Dakar et les Açores. Sur l’avant du sous-marin, il y a une grande brèche dans la fausse coque. Aux questions du capitaine Ollivier, le commandant répond qu’il a été touché par une batterie de terre de Dakar, mais qu’il a quand même réussi à couler un navire au large de ce port.

(nota : le cdt Kophamel induit en erreur son homologue français. La brèche dans la coque n’est pas le résultat d’un tir de batterie terrestre de Dakar, mais d’un abordage survenu le 12 Octobre précédent au large de Casablanca avec le destroyer anglais PARTHIAN. Ce destroyer de 1025 tonnes avait d’ailleurs été endommagé. En revanche, il est exact que l’U 151 a coulé deux navires brésiliens, assez loin de Dakar tout de même, du côté des îles du Cap Vert.)

Le sous-marin aurait pris la mer depuis trois mois et coulé 27 vapeurs et 17 voiliers.

(nota : là encore, les chiffres semblent très exagérés. Tous vapeurs et voiliers confondus, le TIJUCA est la 13e victime de l’U 151 qui a commencé sa patrouille en Septembre 1917 soit deux mois auparavant, avec justement le torpillage du BLANCHE.
Néanmoins les chiffres ne sont pas faux si on les étudie plus en profondeur.
Concernant la durée de patrouille, il est évident que l’équipage a été embarqué au moins trois mois auparavant, ne serait-ce que pour les essais avant mise en service.
Concernant le nombre de navires coulés, le cdt Kophamel a du dire au capitaine du TIJUCA qu’il avait à son actif 54 navires environ. Ce dernier en déduit que l’U 151 a déjà coulé 54 navires.
Or cette déduction est erronée car ce chiffre est en réalité, à très peu près, le nombre de navires déjà coulés ou endommagés par Kophamel, mais avec U 35 et U 151 confondus. La confrontation des sources française et allemande permet de comprendre d’où vient l’erreur. Il ne s’agit pas exactement de désinformation…)

Vient ensuite le récit du séjour sur le BRINK II, où les Français doivent dégager une centaine de saumons de cuivre qui sont transférés sur le sous-marin avec les embarcations, travail difficile et dangereux. Le BRINK II est accompagné du vapeur portugais SOBRAL qui est coulé par bombe dans la nuit du 22 au 23. Le TIJUCA, lui, a été coulé au moyen d’une torpille car le canonnage se révélait trop long et inefficace. Il s’est incliné et a coulé en moins d’une minute.
Le 23, c’est le petit trois-mâts portugais TROMBETA, 235 t, qui est coulé au canon.
Le 24, apparaissent à l’horizon des fumées que le cdt allemand prend pour celles de destroyers anglais. Il ordonne l’évacuation du BRINK II qu’il veut faire sauter. Les équipages prennent place dans les embarcations et les Français font route sur Madère.
Le capitaine Ollivier signale que le lieutenant Alcide Freslon n’est pas dans son canot ; il demande au second s’il est avec lui et celui-ci confirme qu’il est aussi manquant dans son canot. Mais des hommes affirment l’avoir vu embarquer dans un autre canot, soit avec les Portugais, soit avec les Norvégiens. Le capitaine déclare qu’ayant quitté le BRINK II le dernier, il est certain que le lieutenant Freslon n’était plus à bord.
Plus tard, les Français voient la vedette du BRINK II revenir vers le vapeur et son équipage remonter à bord. Puis ils perdent de vue le navire.

Le BRINK II ne figure pas sur la liste des navires coulés par l’U 151. Il est donc probable que le cdt Kophamel a laissé l’équipage norvégien repartir (sans le cuivre). Peut-être le lieutenant Freslon est-il rentré sur ce navire, mais aucune indication le concernant ne figure dans les archives.

Enfin, le capitaine Ollivier signale que le sous-marin est équipé de 2 pièces de 150 mm à très longue volée, 2 pièces de 88 mm, 1 mitrailleuse sur le kiosque. Il ajoute que la portée de l’artillerie allemande est supérieure d’au moins 3000 m à celle du voilier. Le sous-marin est long de 108 m et possède deux moteurs. Il peut emporter 800 tonnes de pétrole. Sa vitesse atteindrait 26 nœuds en surface et 14 en plongée.

Le sous-marin est armé par 72 hommes. La vie à bord semble très dure et un marin aurait même déclaré qu’il voulait se suicider pour en finir avec cette terrible vie. Plusieurs marins, qui parlaient français , ont fait part de leur désir de voir cette guerre se terminer tant cette vie était pénible.
L’un d’eux, ancien pilotin sur le BEETHOVEN, a raconté qu’en 1916, sur un autre sous-marin, il avait coulé un cuirassé français. Pendant longtemps il avait cru que c’était un anglais mais, plus tard, il avait appris que c’était un français.
(L’officier enquêteur écrit en bas de la page : « Ne s’agirait-il pas de notre SUFFREN ?)
Le dit pilotin a aussi déclaré qu’il leur restait encore trois mois de patrouille a effectuer avant de pouvoir rentrer en Allemagne.

Il termine son rapport en signalant qu’il est à Madère et n’a aucune possibilité immédiate de rapatriement, sauf si l’AFRIQUE peut les prendre.

Dessins du sous-marin

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Rapport de la commission d’enquête

Cette commission ne va pas être tendre avec le capitaine du TIJUCA qui a pourtant tenté de résister et a sauvé tout son équipage.

Elle écrit :

« Le sous-marin a gagné aisément de vitesse sur le TIJUCA et a ouvert le feu entre 10000 et 12000 m. La riposte du TIJUCA, dont les canons ont une portée maximum de 9000 m, a été inefficace. Très logiquement, le capitaine Ollivier a conclu à l’inutilité de cette riposte. Il ne s’est pas préoccupé de rechercher une manœuvre qui aurait pu amener le sous-marin à se rapprocher. Une seule préoccupation l’a obsédé : sauver son équipage. Il a donné l’ordre d’abandonner le navire alors qu’il n’y avait pas de blessés graves et pas d’avarie vraiment sérieuse qui puisse lui servir d’excuse. Il n’a pas mis ses pièces d’artillerie hors service.

Comme la commission lui montre la gravité de sa faute, il reconnaît avec sincérité son incompétence dans le domaine de l’artillerie. Il n’a assisté qu’à deux conférence données à Nantes par un lieutenant de vaisseau qui s’est beaucoup étendu sur la formation des convois, mais a passé sous silence tout ce qui concerne les voiliers aux prises avec un sous-marin.
Cette excuse, aussi bonne soit-elle, n’atténue pas le manque de présence d’esprit dont il a fait preuve. Il aurait du se battre jusqu’à la dernière extrémité (sic) puisqu’il avait un bon armement et un bon équipage. Il a manqué d’énergie et de persistance. La commission est d’avis qu’il reçoive un blâme ».

Le capitaine Ollivier recevra donc un blâme. Il gardera néanmoins la possibilité de commander.

On se demande toutefois ce que la commission entend par « dernière extrémité »! S’agit-il de l’explosion d’une torpille suivie de la disparition de tout l’équipage … :???:

Enfin, la commission termine en insistant vivement sur la nécessité de former les capitaines, officiers et maîtres de la marine marchande sur les manœuvres à effectuer en présence de sous-marin et sur l’utilisation de l’artillerie.

Le Capitaine de Corvette Kophamel

Le CC Waldemar Kophamel (16/08/1880 – 04/11/1934) aura coulé ou endommagé 60 navires dont 3 navires de guerre, successivement à bord des sous-marins U 35 (sur lequel il a précédé von Arnauld de la Périère), U 151 et U 140. Parmi eux les Français GRIS NEZ, LA LIBERTE, DIAMANT et RAVITAILLEUR avec U 35, et les grands voiliers FRANCOIS et TIJUCA avec U 151.

Il recevra la Croix Pour le Mérite le 29 Décembre 1917.

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olivier
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Yves D
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Re: TIJUCA Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par Yves D »

Bonjour à tous,

Photo du Korv. Kapt. Kophamel (Kaptlt à l'époque de la photo)

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et de U 151, un U-Kreuzer, dernier modèle de grands sous-marins océaniques armés de 2x150mm

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Yves
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La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
binicasons
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Re: TIJUCA Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par binicasons »

[quotemsg=29354,4,8411]
Bonjour à tous voici un complément d'information concernant la fin du Tijuca commandé par le capitaine Joseph Ollivier de Kerity près de Paimpol.et le Lieutenant cambusier Marcel Guillou. http://gw5.geneanet.org/index.php3?b=tr ... n=ollivier
Hervé Guillou
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Re: TIJUCA Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous, bonjour Hervé Guillou,

Très belle photo.
Mais je n'arrive pas à ouvrir votre site pour voir le laisser-passer et le CV à la Transat.
Je vous ai laissé un message privé.

Cordialement
olivier
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extraterrestre
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Re: TIJUCA Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par extraterrestre »

bonjour,
je suis arrivée à ouvrir le lien comme ceci:
http://www.genealogiefamilleguillou.web ... net=1&ej=1

Cdlt
Jacqueline L.
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markab
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Re: TIJUCA Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par markab »

Cordialement / Best regards
Marc.

A la recherche des navires et des marins disparus durant la Grande Guerre.
olivier 12
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Re: TIJUCA Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

L'élève officier Marcel Guillou

Grâce à son petit-fils Hervé, voici quelques renseignements sur le jeune élève officier du TIJUCA et sur sa carrière dans la Marine Marchande.

Voici tout d'abord le laisser-passer qui lui a été délivré pour permettre son rapatriement de Madère jusqu'à Lisbonne, puis au Havre.

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Marcel Guillou, né à Binic le 17 Décembre 1899, était le fils du capitaine au long cours Joachim Guillou, pilote de la Seine à Elbeuf. Sa mère, Elisa Rioual était une cousine du CLC François Rioual, capitaine du trois-mâts BELEM en 1897. Il avait un frère, Robert, qui sera aussi CLC et pilote de la Seine.

Plus tard, Marcel Guillou épousera Lucie Ollivier, dont une sœur était mariée à Louis Le Guern, futur chef mécanicien du paquebot NORMANDIE.

Donc, encore une grande famille de marins...

Résumé de sa carrière

Hydro du Havre de Décembre 1916 à Juin 1917. Diplôme d'élève officier de la Marine Marchande obtenu le 20 Juin.

Navire Fonction Embarquement Débarquement


TIJUCA Lieutenant Rochefort 28/09/17
Coulé le 11/11/17 par 36°01 N et 19°24 W
AMIRAL PONTY Pilotin 04/02/18 10/10/18
ALICE (3-mâts carré)Lieut. Le Havre 17/12/18 08/12/19 Le Havre
(Voyage de blé sur l'Australie avec retour
par le Horn)
MULHOUSE Lieutenant 26/01/20 25/04/20
(Voyages de charbon sur Cardiff)

Hydro Le Havre de Mars à Juillet 1924. Brevet de CLC, puis navigations diverses à la Compagnie Générale Transatlantique
ARIZONA 2e capitaine 10/05/36
OREGON 1939 – 1941 (avec navigation en convoi et nombreux
incidents)
SAN DIEGO 1942 – 1943
CAP PINEDE Commandant Alger 24/02/45

Puis navigation sur Liberty-ships et sur vapeur PEROU dernier navire duquel il débarque le 31/10/1952.
Retraite anticipée en 1953.

Tous mes remerciements à Hervé Guillou pour ces documents et renseignements sur son grand père.

Cdlt
Dernière modification par olivier 12 le sam. févr. 03, 2018 9:55 am, modifié 1 fois.
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Re: TIJUCA Quatre-mâts barque Cie Bordes

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Toujours grâce à son petit-fils Hervé, voici un complément d'information fort passionnant sur l'élève officier du TIJUCA

Tout d'abord, des extraits d'un article paru le 26 Juillet 1951 dans le quotidien Ouest-France.

« Ainsi que nous l'avons annoncé, le liberty-ship AVRANCHES est entré Mardi soir dans le port de Nantes. AVRANCHES est commandé par le capitaine au long cours Marcel Guillou, de Binic, depuis de longues années au service de la Compagnie Générale Transatlantique et qui, au lendemain de la libération, fréquenta assidûment le port de Nantes sur le cargo CANTAL qu'il commandait.
On se souvient des exploits du CANTAL qui, pendant douze mois, ravitailla notre cité en vin d'Afrique du Nord. Il le fit avec une telle régularité qu'il battit le record des rotations entre Nantes et l 'Algérie, apportant du vin et remportant des futailles vides. Cela lui valut le ruban « Lie de Vin », attribué au navire et à son capitaine.
Le commandant Marcel Guillou, depuis quatre années n'avait pas revu notre port , roulant sa bosse dans le Pacifique Nord et Sud avant d'être chargé du transport de sucre des Antilles vers la métropole. C'est avec la joie que l'on devine qu'il a revu le quai Ernest Renan où l'attendait ses amis.

Il a reçu avec cordialité à bord d'AVRANCHES le représentant d'Ouest France et l'un de ses collègues, le capitaine au long cours Georges Aubin, venu lui rendre compte du congrès des Cap-Horniers auquel il n'avait pu assister. Dans sa spacieuse cabine, décorée de tableaux représentant trois-mâts, quatre-mâts et cargos modernes, car la peinture à l'huile est le violon d'Ingres du détenteur du ruban « Lie de Vin », les visiteurs ont constaté avec plaisir que le commandant Marcel Guillou, à l'instar des Lacroix, Aubin et autres Cap-Horniers nantais, est une belle figure de notre marine de commerce ».

(nota : à propos du commandant Georges Aubin voir fiche MARGUERITE III)

pages1418/Forum-Pages-d-Histoire-aviati ... _1.htm#bas


Voici une vue du CANTAL, qu'avait commandé Marcel Guillou. Ce cargo fut, en Juin 1945, le premier navire à remonter jusqu'au port de Nantes après la capitulation allemande.

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En Juin 1951 s'était en effet tenu à Nantes le congrès de l'Amicale des Cap-Horniers. A cette occasion, Marcel Guillou avait envoyé au capitaine Louis Lacroix une lettre pleine d'humour dont voici quelques extraits.

« Mon cher capitaine,

Un petit souvenir des Antilles, parfumé à la vanille de la Guadeloupe et embelli des foulards et madras des femmes antillaises pour vous offrir mes meilleurs vœux de succès au congrès des Cap-Horniers, à Nantes, les 9 et 10 Juin.
Par manque de chance, je serai aux Antilles et n'envisage d'escaler à Nantes, au quai Saint Louis bien sûr, que vers le 14 Juillet. J'aurais eu grand plaisir à me trouver à Nantes et à rencontrer des anciens, Français ou étrangers, comme les captains d'Aberdeen, Londres, Liverpool ou Glasgow, dont Basil Lubbock, à célébrer les aventures tant à la mer que dans les coups durs du « Cap Dur »......

J'ai été torpillé le 22 Novembre 1917 sur le quatre-mâts TIJUCA de la maison A.D. Bordes commandé par le capitaine Ollivier, de Kérity-Paimpol. Peut-être sera-t-il des vôtres, tout comme le capitaine Henri Rault, de Brest, avec lequel j'ai fait un voyage d'Australie sur ALICE en 1919.

A eux et à mes autres capitaines de la Transat qui pourraient se trouver au congrès, présentez tous mes vœux de bonne santé et de gai et joyeux congrès, qui devra naturellement débuter par ... « Jean-Françoué de Nantes... ».
A tous, et même à toutes, car il y aura bien quelques Trentemousines, ou rescapées d'ailleurs... à accompagner leurs maris en continuation de voyage autour des caps.

Pour ma part, ne pouvant vous faire concurrence, j'ai pensé que je pouvais imiter Winston Churchill et me suis lancé dans la peinture des bateaux, voiliers principalement. Les débuts n'étaient pas brillants, mais cela commence à devenir convenable pour un amateur qui manque de professeurs....

Donc, portez bon plein au congrès des Cap-Horniers.

Vous ne pourrez terminer le congrès aux accents de « La Mère Lancelot », car la rue des Trois Matelots n'est plus qu'un souvenir. De même la rue des Voiliers pour les Rochellois, la rue des Mousses pour les Rochefortais, ou la rue des Casernes de la Marine pour les habitués de Dunkerque!

J'ai entendu un certain nombre d'aventures dont le souvenir doit apporter quelques moments de gaieté aux capitaines se remémorant ce qui a pu arriver à leurs équipages de retour du long cours.

Je vous souhaite un franc succès et suis certain que votre présence amènera animation et gaieté... »

Marcel Guillou.

Voici un cliché de Marcel Guillou pris en 1927 lors d'une escale à La Havane

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et une autre photo - portrait


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Rutilius
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TIJUCA [II] — Quatre-mâts barque — Armement Antoine Dominique Bordes & Fils.

Message par Rutilius »

Bonjour à tous,


Le Miroir, n° 222, Dimanche 24 février 1918, p. 11.


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Dernière modification par Rutilius le dim. déc. 13, 2020 5:33 pm, modifié 2 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
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