POITIERS Cie des Chemins de fer d'Orléans

olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: POITIERS Cie des Chemins de fer d'Orléans

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Vapeur POITIERS

Caractéristiques
Construit à West Superior (USA) en 1917
2045 t Longueur 76,5 m largeur 13,3 m
Machine à triple expansion de 1300 cv 1 hélice

Extrait du rôle

Armé pour 1 an au cabotage international par la Compagnie des Chemins de fer d'Orléans, sis à Paris Bd de l'Hôpital, 1 place Valhubert.
Autorisé par l'administration des douanes à se rendre en Angleterre avant de rejoindre son port d'attache (Nantes) sans formalités de francisation. (Brevet et congé consulaire provisoires)

Capitaine CORLAY François CLC né le 06/07/1878 à Plérin Inscrit à Paimpol dom Paimpol
Second LE BRAS Alfred né le 21/02/1880 à Perros Guirec inscrit à Lannion
Lieutenant LE VEUX Julien inscrit à Vannes
Chef Méc. DECLERCK Jules OM1 né le 02/09/1877 à Dunkerque inscrit à Dunkerque

" Le POITIERS a été torpillé le 28 Avril 1918 à 19h00 à 5 milles dans le SSW de Hartland Point. L'équipage a été réglé de ses salaires le 13 Juin 1918."
Pas de rapport du capitaine, ni de précisions sur les circonstances.

Dix marins ont disparu lors du naufrage. En voici la liste :

Image

Le sous-marin attaquant

C'était l'U 60 du Kapitänleutnant Franz GRÜNERT

Cdlt

Olivier
olivier
Avatar de l’utilisateur
Yves D
Messages : 1984
Inscription : ven. mai 18, 2007 2:00 am
Localisation : Toulon
Contact :

Re: POITIERS Cie des Chemins de fer d'Orléans

Message par Yves D »

Bonjour à tous

U 60 avait appareillé de Heligoland le 16.4 et avait fait route en contournant la GB par le N puis en descendant la côte W d'Irlande, cap sur sa zone d'opérations, le secteur des côtes de la Cornaouaille anglaise qu'il atteignait le 24. Les choses sérieuses commençaient le 28 avec d'abord le torpillage en plongée du vapeur norvégien Rimfaske (1119 tonnes) suivi en soirée de celui du vapeur F Poitiers dans les mêmes conditions.
Le lendemain 29, en surface cette fois-ci, il coulait d'une torpille le vapeur F Saint Chamond. Les jours suivants, il poursuivait sa mission de guerre au commerce et reprenait la route du retour le 4 mai, ayant épuisé ses torpilles et coulé 5 navires.
Il était de retour à Heligoland le 13.5.1918.
En remarque dans son journal de bord, Franz Grünert souligne la grande compétence de son Ingénieur Mécanicien Fritz Neumann qui, au cours de 9 longues patrouilles, a toujours fait en sorte de ne pas perturber les missions en effectuant toujours les réparations nécessaires dans le délai habituellement imparti de 3 à 4 semaines.
U 60 et son commandant allaient survivre à la guerre.

Cdlt
Yves

www.histomar.net
La guerre sous-marine 14-18, Arnauld de la Perière
et autres thèmes d'histoire maritime.
kgvm
Messages : 1126
Inscription : ven. janv. 18, 2008 1:00 am

Re: POITIERS Cie des Chemins de fer d'Orléans

Message par kgvm »

Rutilius
Messages : 15307
Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

Re: POITIERS Cie des Chemins de fer d'Orléans

Message par Rutilius »


Bonjour à tous,


■ Un marin de l’État disparu le 28 avril 1918 avec le cargo Poitiers.

— KERMORVANT Henri Pierre Marie, né le 22 mars 1895 à Lanester (Morbihan) et domicilié à Lorient, au 96, rue du Port, mort le 28 avril 1918, « disparu en mer lors du torpillage du Poitiers », Quartier-maître canonnier, « Marine à Nantes », immatriculé au 2e Dépôt, n° 96.078-2 (Jug. Trib. Bordeaux, 28 nov. 1918, transcrit à Bordeaux, le 23 déc. 1918).

________________________

Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
Messages : 4029
Inscription : ven. oct. 12, 2007 2:00 am

Re: POITIERS Cie des Chemins de fer d'Orléans

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Voici un complément sur le POITIERS

Rapport de mer du capitaine du POITIERS

Partis de Saint Nazaire le 24 Avril à 15h00. Arrivés à Quiberon à 20h00. Quitté Quiberon le 25 à 03h00 et arrivés à Roscanvel à 17h00. Retardé par la brume dans ce port pendant 36 heures. Repartis le 27 à 16h00, n°1 du convoi traversant la Manche. Arrivés au matin du 28 à Lizard. Dislocation du convoi dans la baie de Penzance, chaque navire faisant route vers sa destination.

Vers 19h00, à 5 milles dans le SSW de Hartland et 3 milles de terre, me trouvant de quart sur la passerelle, j’ai entendu une forte explosion. Le navire venait d’être torpillé. Disposé les embarcations amenées immédiatement dans le plus grand calme. Appel de l’équipage ; tout le monde répond, sauf le quart de la machine et quelques uns du pont dont les noms suivent (voir liste ci-dessus).
Le POITIERS a coulé en une minute, ce qui fait que les embarcations ont été prises dans le remous du navire et tous les hommes ont été projetés à la mer. Nous nous sommes raccrochés à des madriers, des panneaux de cale, quelques uns aux radeaux et sommes restés ainsi trois quarts d’heure jusqu’à ce que nous soyons recueillis par le vapeur norvégien JANVOLD de Bergen, capitaine Jules Meyer. (nota : ce vapeur de 1366 tx sera torpillé à son tour le 26 Mai 1918, au cours d’une traversée Bilbao-Glasgow, par l’U98 de Rudolf Andler).
Je tiens à témoigner de la parfaite hospitalité que nous avons reçue de ce dernier qui nous a réconfortés, habillés et conduits à Cardiff où nous sommes arrivés le 26 Avril à 10h00.

J’ajoute que deux autres navires, un Anglais et un Norvégien (probalement le RIMFAKSE), ont été coulés à un quart d’heure d’intervalle l’un de l’autre et au même endroit. Je m’étonne que l’organisation des convois cesse à la baie de Penzance alors que dans le canal de Bristol la navigation ne cesse d’être quotidiennement dangereuse en raison de l’absence de tout patrouilleur ou torpilleur.

Liste des rescapés

CORLAY François Capitaine Paimpol
LE BRAS Alfred Second Lannion
LE VEUX Julien Lieutenant Vannes
DECLERCK Jean Chef M. Dunkerque
LORREAU Anatole 2e mécan. Saint Nazaire
SAVARY François Matelot Auray
GLOIRE Daniel Matelot Noirmoutier
MAHE Emmanuel Matelot Le Croisic
JUHE Elie Matelot Le Croisic
LEMARCHAND Louis Matelot Saint Malo
GALLO Joseph Novice Auray
MERIAN Jean Cuisinier Vannes
JACOB Joseph Chauffeur Auray
WELLA Ovidio Chauffeur (Maltais)
MAMADOU Gaye Chauffeur (sujet français)
ALI Mansour Chauffeur (sujet français)
LUCA Bernard Chauffeur (Péruvien)

Militaires

L’HEVEDER Auguste TSF
VINCENOT Charles Canonnier
MELEDEC Guillaume Canonnier Quimper
ROUSTANY Marcel Canonnier
SALAVERIA Vincent Canonnier
CHARRIER François Canonnier Les Sables d’Olonne
DAGORN François Canonnier

La liste des disparus est conforme à la liste donnée plus haut.

Conclusions de la commission d’enquête

Aucun périscope n’a été aperçu et le capitaine s’est retrouvé devant une situation qui annihilait toute action comme toute initiative.
La commission a constaté l’excellente organisation du bord et la fidèle observation des prescriptions de la navigation : veille, route en zigzag, voilage des surfaces vitrées, rôle des embarcations, vérification des appareils, affichage des points de route, dispositifs de sauvetage ; tout était réglementaire et bien suivi.

Le POITIERS possédait quatre cales séparées par des cloisons en bois formées de madriers. Seules étaient étanches les cloisons avant et arrière de la machine.

Au moment de l’explosion, le chef mécanicien sortait de sa cabine et se dirigeait vers l’escalier de la machine lorsque le bâtiment s’est englouti. Le premier chauffeur Guéguan fut tué par l’explosion. Le soutier Luca, blessé, put gagner le pont. Il est hopitalisé à Cardiff. Un autre chauffeur put se sauver. Le 3e mécanicien Le Guennet et le chauffeur Rouxel, de quart dans la machine, ont disparu.
Tous, officiers comme équipage ont fait preuve de sang-froid et de discipline. Le capitaine a rempli courageusement tous les devoirs qui lui incombaient face à une situation sans issue.

Il fait –avec raison- remarquer aux autorités anglaises de Cardiff que le jour de l’attaque, depuis 08h00 jusqu’à 18h00, exception faite d’un dirigeable signalé, aucun chalutier, aucun patrouilleur ne fut aperçu sur son parcours alors que le nombre de bâtiments provenant d’un convoi disloqué aurait pour le moins necessité une surveillance occulte.

La commission propose des témoignages de satisfaction pour le capitaine et son équipage.

Elle signale particulièrement le lieutenant Julien Le Veux et le matelot François Savary, coulés chacun pour la deuxième fois par l’ennemi.

Elle propose une citation à l’ordre de la brigade pour le second capitaine Alfred Le Bras, torpillé pour la quatrième fois, et coulé pour la troisième.

Cdlt
olivier
Avatar de l’utilisateur
RIO Jean-Yves
Messages : 1169
Inscription : mer. oct. 20, 2004 2:00 am
Localisation : VANNES (Morbihan)
Contact :

Re: POITIERS Cie des Chemins de fer d'Orléans

Message par RIO Jean-Yves »

Bonjour à tous.

La courte notice d'Adrien SEVENO, parue dans le "Livre d'or du Collège SFX de VANNES" dont il était ancien élève :

SEVENO Adrien Marie
Marin de commerce
Né à l’Ile d’ARZ, le 5 mai 1888, élève à Saint François-Xavier (1898-1901), se destina ensuite à la marine marchande.
Durant toute la guerre, il resta à bord des bâtiments de commerce.
Victime d’un torpillage, à bord du POITIERS, il périt en vue des cotes Anglaises, le 24 avril 1918.
C’était un chrétien fervent et pratiquant . Il avait puisé dans sa foi ce genre particulier d’héroïsme continu qui fut celui de nos équipages sans cesse en alerte, parce que sans cesse exposés aux surprises d’une mine flottante ou d’un torpillage .


(p.316 & 317 - « Le Collège Saint François-Xavier de Vannes au champ d’honneur - 1914-1918 » - G.Beauchêne éditeur Paris - 1923)
===============
Cordialement
Jean-Yves


Recherches sur les régiments vannetais (116e & 316e RI, 28e & 35e RAC) et l'histoire de VANNES
http://vannes1418.canalblog.com/
Rutilius
Messages : 15307
Inscription : mar. avr. 22, 2008 2:00 am

Re: POITIERS Cie des Chemins de fer d'Orléans

Message par Rutilius »


Bonsoir à tous,

Journal officiel du 14 juin 1918, p. 5.152.

« Un témoignage officiel de satisfaction est accordé au vapeur Poitiers (Société maritime auxiliaire de transports) : pour le sang-froid montré par le commandement et la parfaite discipline de l'équipage au cours de l’évacuation de ce bâtiment torpillé. »
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Répondre

Revenir à « Navires et équipages »