PIERRE LOTI Trois-mâts barque

olivier 12
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Re: PIERRE LOTI Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

PIERRE LOTI

Lancé le 1er Février 1901 aux chantiers nantais de Chantenay pour l’armement Guillon.
Trois-mâts barque de type ordinaire, modèle AMIRAL COURBET. (Voir sujet BOUGAINVILLE)

Caractéristiques

3000 tpl 2196 tx JB 1926 tx JN
Longueur 84,7 m Largeur 12, 26 m Creux 6,89 m TE 6,20 m

Pris au neuvage par le capitaine Trottel. Vendu en 1909 à la Société Nouvelle d’Armement de Nantes.

Effectua surtout des voyages de Californie et Chili.

La perte du PIERRE LOTI

Extrait du rôle

Trois-mâts PIERRE LOTI immatriculé à Nantes n° 539
Rôle bureau tenant lieu de rôle bord, celui-ci ayant été confisqué par le capitaine du croiseur allemand PRINZ EITEL FRIEDRICH au moment de la capture du PIERRE LOTI le 27 Janvier 1915.

Armé au long cours en date du 1er Avril 1914 à Nantes par la Société Nouvelle d’Armement pour un voyage au long cours sur San Francisco.
Equipage embarqué à Hambourg

Capitaine Alfred TRANCHANT CLC né le 13 Mai 1883 à Lancieux Inscrit à Dinan
Second Auguste TIERCELIN né le 4 Mars 1880 à Messac Inscrit à Vannes
Lieutenant Joseph LEROY né le 30 Décembre 1887 à Plouezec Inscrit à Paimpol

Le PIERRE LOTI a quitté Hambourg le 10 Avril 1914. Il a fait escale à San Francisco du 19 Septembre au 4 Novembre 1915. Il a appareillé de San Francisco à destination de Queenstown (Irlande) –en réalité à destination de Harwich-

«Le trois-mâts PIERRE LOTI a été capturé par le croiseur allemand PRINZ EITEL FRIEDRICH le 27 Janvier 1915 et coulé le même jour par 29°33 S et 26°47 W (environ à mi-distance entre la côte brésilienne et Tristan da Cunha)).
L’équipage du PIERRE LOTI a été débarqué et retenu prisonnier à bord du croiseur allemand qui l’a débarqué le 10 Mars 1915 à Newport News (Virginie).
Dirigé ensuite sur New York, puis rapatrié au Havre le 25 Mars 1915. »

Rapport du capitaine Tranchant

« Je soussigné, capitaine du trois-mâts PIERRE LOTI, immatriculé à Nantes et appartenant à la Société Nouvelle d’Armement, déclare avoir quitté San Francisco le 5 Novembre 1914 avec un complet chargement d’orge à destination de Harwich (Angleterre). Le navire en parfait état de navigabilité et armé par 24 hommes d’équipage tout compris. Largué le remorqueur et débarqué le pilote en dehors des passes. Etabli toute la voilure et fait route au SW avec des vents de NW. La traversée s’est effectuée normalement avec les vents généraux des latitudes traversées. Coupé la ligne le 27 Novembre par 117° de longitude Ouest et passé en vue de Diego Ramirez (nota : sud du Horn) le 9 Janvier 1915.
Le 26 Janvier, étant par 30°10 S et 26°45 W, les vents de NW passant au NE, viré de bord et fait route au plus près, tribord amures.
Le 27 Janvier au matin, aperçu un quatre-mâts faisant même route. Vers 08h00 aperçu un vapeur courant sur le quatre-mâts. Plus tard, j’ai remarqué que le quatre-mâts serrait toutes ses voiles et que le vapeur mettait le cap sur nous. A 17h00, le vapeur me signale de stopper immédiatement et de montrer les couleurs. Comme il approchait toujours, j’ai pu voir qu’il avait enlevé son nom , qu’il ne montrait aucun pavillon de nationalité et qu’il portait en outre plusieurs canons. J’ai mis en panne, et peu après reçu la visite d’une baleinière portant deux officiers et une vingtaine de matelots, tous armés.
Aussitôt monté à bord, l’officier commandant cette baleinière a fait amener le pavillon et m’a déclaré prise de guerre. Ensuite, il m’a demandé les papiers du navires suivant une liste dressée à l’avance. J’ai remis ces papiers et demandé ce qu’ils allaient faire du navire et de l’équipage.
« Le vaisseau allemand va casser le navire français et faire prisonnier l’équipage à bord » -fut-il répondu dans un français approximatif-
J’ai protesté contre la destruction d’un navire chargé de marchandise américaine.
Pendant ce temps, plusieurs autres embarcations du croiseur sont venues et ont emporté vivres et matériel qui leur était utile. Les matelots allemands se sont livrés au pillage, fouillant mes tiroirs avant que j’ai pu prendre mes effets personnels.
J’ai dit à l’équipage de prendre ses affaires et de débarquer dans les baleinières pour être conduit au croiseur. La première baleinière est arrivée sans incident. La seconde , partie plus tard sous le commandement du lieutenant, et emportant le reste des effets et tous les papiers du navire laissés par les Allemands, a rempli à mi-distance entre le PIERRE LOTI et le croiseur. Le lieutenant a fait jeter tout le contenu à la mer pour sauver les hommes au nombre de onze. Ils furent recueillis quelque temps après par une embarcation du croiseur. La nuit étant arrivée, il fut impossible de retourner essayer de sauver ces bagages.
La première baleinière étant retournée à bord, j’ai pris passage avec le reste de l’équipage, après m’être assuré que tous les hommes étaient débarqués.
A mon arrivée à bord du PRINCE EITEL FREDERIC (sic), tel est le nom du croiseur, j’ai de nouveau protesté contre la destruction de mon navire. Le commandant m’a répondu que « C’était la guerre ».
Dans la soirée, ils ont coulé le PIERRE LOTI à l’aide d’une mine par 29°33 S et 26°47 W.
Le 7 Mars, j’ai reçu un certificat de prise. Le 10 Mars, le navire étant mouillé en rade de Newport News,
Je suis descendu à terre et me suis adressé à l’agent consulaire anglais au sujet de mon rapatriement et de celui de mon équipage.
Je certifie la véracité de ce rapport et me réserve le droit de l’amplifier au besoin pour sauvegarder les intérêts de qui de droit. »
Fait à New York, le 13 Mars 1915.
Signé A. Tranchant

On peut noter que ce rapport est un modèle de concision et de précision, sachant ne pas entrer dans les détails, mais susceptible d’amplification. Bref un de ces rapports qu’on devrait citer en exemple dans les écoles d’hydrographie pour la formation des futurs officiers.

Le navire attaquant

Le 1er Novembre 1914, avait eu lieu devant le port chilien de Coronel, au sud de Valparaiso, le premier combat naval entre l’escadre allemande du Pacifique commandée depuis le cuirassé SCHARNHORST par l’Amiral von Spee, et l’escadre britannique de l’Amiral Cradock dont le pavillon était sur le croiseur cuirassé GOOD HOPE.
Cradock fut tué dès le début du combat et la défaite fut totale pour les Anglais qui perdirent plusieurs centaines d’hommes (678 pour le seul croiseur MONMOUTH). Le croiseur allemand NÜRNBERG avait bien tenté de repêcher des naufragés, croisant sur les lieux jusqu’à l’aube, mais la mer houleuse n’avait pas permis de mettre à l’eau les petites embarcations.
Mais après Coronel, les Allemands n’étaient pas rentrés à Valparaiso. LEIPZIG, SCHARNHORST, GNEISENAU, DRESDEN, NÜRNBERG, PRINZ EITEL FRIEDRICH et quelques autres s’étaient lancés à la chasse aux navires de commerce, ce qui entraina d’ailleurs de graves incidents diplomatiques entre l’Allemagne et le Chili. De toutes façons, sur rade neutre, les navires belligérants ne pouvaient pas mouiller à plus de trois.
Le plus grave problème de l’escadre allemande demeurait l’approvisionnement en charbon. Le commandant du LEIPZIG estimait que les croiseurs devaient se séparer, mener individuellement une guerre de course, et se faisait fort de rallier Wilhelmshaven en s’approvisionnant seulement avec le charbon des prises.
Mais von Spee refusa pareille tactique, ce qui le conduisit au Falkland.
Von Spee, quoique né à Copenhague, était Prussien dans l’âme et voulait avant tout ordre serré, évolution d’escadre, concentration des forces, attaques en masse. En fait, seul le commandant de l’Emden, von Müller avait réellement compris la tactique à adopter face aux alliés.
Pourtant, von Spee laissa derrière lui, sur les côtes du Chili, le PRINZ EITEL FRIEDRICH, qui fit à lui seul plus de bruit que toute son escadre réunie.
Car le 8 Décembre 1914, l’escadre de von Spee était anéantie par celle de Sturdee au large de Port Stanley. SCHARNHORST (795 hommes), GNEISENAU (400 hommes) , LEIPZIG (386 hommes) et NÜRNBERG furent coulés. Le NÜRNBERG avait lutté 27 heures, sans amener son pavillon. Seul le DRESDEN s’était échappé et réfugié dans les canaux de la Terre de Feu. C’était un désastre pour l’Allemagne.

En Janvier 1915, seul le PRINZ EITEL FRIEDRICH continuait donc à semer le trouble et à paralyser le trafic marchand sur la route du Chili et de la Californie via le Horn.
Le 3 Novembre 1914, avec le LEIPZIG, il avait déjà arraisonné le magnifique quatre-mâts VALENTINE de la maison Bordes.

Nota : dans son ouvrage sur les derniers grands voiliers nantais, Lacroix donne le PIERRE LOTI coulé le 27 Janvier 1916 (sans doute une erreur typographique). Mais cette erreur a été reprise par Randier dans son ouvrage sur les grands voiliers français, où le PIERRE LOTI est donné coulé en 1916 dans l’Atlantique sud.
En fait, il s’agit bien du 27 Janvier 1915.

Je n'ai pu identifier le quatre-mâts arraisonné juste avant le PIERRE LOTI. Il ne s'agissait pas d'un Français...

Cdlt

Olivier
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Re: PIERRE LOTI Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Voici une photo du trois-mâts PIERRE LOTI à quai à Nantes

Image

Cdlt

Olivier
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Re: PIERRE LOTI Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Pour compléter le sujet voici quelques renseignements sur le croiseur auxiliaire PRINZ EITEL FRIEDRICH

Paquebot lancé le 18 Avril 1904 aux chantiers Vulcan de Stettin
16000 tpl Longueur 154,6 m Largeur 16,96 m TE 8,50 m
Machine à vapeur de 7000 cv donnant une vitesse de 15 nds

Transformé en croiseur auxiliaire le 5 Août 1914

Image

Armement - 4 canons de 105 mm
- 6 canons de 88 mm
- 12 canons de 37 mm

Après avoir coulé ou capturé 13 navires dans le Pacifique et l'Atlantique sud, dont les grands voiliers français VALENTINE, JACOBSEN, JEAN et PIERRE LOTI, le PRINZ EITEL FRIEDRICH, à court de charbon, se réfugia aux Etats-Unis. Il fut interné dans le port de Newport News le 9 Avril 1915. Le voici, avec le KRONPRINZ WILHELM.

Image

En 1917, les Américains le remirent en service et l'utilisèrent comme transport de troupes sous le nom de DE KALB.
Il redevint navire à passagers de 1921 à 1924 sous le nom de MONT CLAY. Il fut démoli en 1935.

Cdlt

Olivier
Dernière modification par olivier 12 le ven. juil. 19, 2019 4:17 pm, modifié 2 fois.
olivier
Rutilius
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PIERRE-LOTI ― Trois-mâts barque — Société nouvelle d’armement, Nantes.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,


Le trois-mâts barque Pierre-Loti à Nantes en 1901, le jour de son baptême.


Image

Louis LACROIX : « L’âge d’or de la voile. Clippers et cap horniers. »,
Collection publiée sous la direction d'Henri LE MASSON,
éd. Horizons de France, Paris, 1949, p. 93.
Dernière modification par Rutilius le mer. juil. 24, 2019 8:45 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
Memgam
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Re: PIERRE LOTI Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Le capitaine au long cours Louis-Marie Malbert (1881-1949), sera le maître après Dieu de Pierre Loti, du 20 août 1908 au 21 août 1911.
On le voit assis au premier plan, en pantalon blanc et chapeau melon, avec sa moustache de palikare, au milieu de son équipage.

Image

Pendant la guerre de 14-18, le CLC Malbert commandera successivement le trois-mâts La Rochefoucauld (donc avant la capture de ce voilier par le Seeadler) puis le quatre-mâts Champigny. Il échappera aux vicissitudes de la guerre, mais pas à la grippe espagnole qu'il contractera à San Francisco. Par la suite, il sera de 1924 à 1931, commandant du remorqueur d'assistance Iroise (ex Tchernomore) en station à Brest et inspirera Roger Vercel pour "Remorques" dont fut tiré le film éponyme de Jean Grémillon avec Jean Gabin et Michèle Morgan.
Memgam
Rutilius
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PIERRE-LOTI ― Trois-mâts barque — Société nouvelle d’armement, Nantes.

Message par Rutilius »

Bonsoir à tous,
olivier 12 a écrit : dim. juin 01, 2008 5:47 pm « Je n’ai pu identifier le quatre-mâts arraisonné juste avant le Pierre-Loti. Il ne s’agissait pas d’un français... »
Selon cet éminent auteur, il s'agissait du trois-mâts barque russe Isobel Browne.

E. Keble Chatterton, Capitaine de corvette de réserve : « Les coureurs de mers. Le Dresden. ~ Le Karlruhe. ~ Le Wolf. ~ Le Kronprinz Wilhelm. ~ Le Prinz Eitel Friedrich. ~ Le Moewe. », traduit de l'an-glais par Guy Malgorn, lieutenant de vaisseau de réserve, éd. Payot, Paris, 1931, p. 174 et 175 :

« […] Le Prinz Eitel avait quitté l’île de Pâques, le 6 janvier. Le désastre des Falklands remontait déjà à un mois, et Thierichsens décida de doubler le cap Horn, de remonter l’Atlantique, de se frayer un chemin à travers le blocus anglais dans la mer du Nord et de revenir en Allemagne. Son plan fut mis prudemment à exécution, et il prenait la précaution de descendre, malgré le froid et la mauvaise mer, jusqu’au 51° degré de Lat. S. au-dessous du cap Horn. Il se trouvait ainsi au voisinage de l’Antarctique, dans des parages reconnus par Schackleton et bien d’autres, comme ceux où se rencontrent les plus mauvaises mers. Puis il remonta vers le Nord, en suivant la route des voiliers qui, nous l’avons vu, court en plein milieu de l’Atlantique. Et soudain il eut une série heureuse.
Le 26 janvier, le corsaire se trouvait par 33° de Lat. S., et 20° 30 Long. O., c’est-à-dire à plus de 1.300 milles à l’Est de la côte de l’Uruguay, lorsqu’il aperçut et captura le trois-mâts barque le trois-mâts barque russe Isobel Browne. Le lendemain, un peu plus au Nord-Est, il capturait un trois-mâts français nommé Pierre Loti et le quatre-mâts américain William P. Frye ; le 28 mars, le trois-mâts barque français Jacobsen subissait le même sort. Quatre voiliers en trois jours ! C’était du joli travail. Trois d’entre eux furent coulés sans délai, mais le cas du William P. Frye fit hésiter Thierichsens. Sa cargaison consistait en blé venant de Seattle à destination de Queenstown, mais il appartenait aux Etats-Unis. Sa première intention fut de saisir le blé et de relâcher le navire.
Mais le corsaire se rendit vite compte du temps que prendrait l’opération de jeter la cargaison à la mer, aussi abandonna-t-il son premier projet, et le William P. Frye fut coulé. Ce procédé illégal fut sévèrement jugé en Amérique, et l’Allemagne dut payer une forte indemnité.
[...] »
Dernière modification par Rutilius le mer. juil. 24, 2019 8:55 pm, modifié 1 fois.
Bien amicalement à vous,
Daniel.
olivier 12
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Re: PIERRE LOTI Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour à tous,

Le premier voyage du PIERRE LOTI

Je n'ai pas retrouvé à Nantes le rôle de désarmement de ce premier voyage qui eût lieu entre le 27 Avril 1901, départ de Saint Nazaire, et le 16 Avril 1902, retour au Havre.
C'est d'ailleurs logique car le désarmement eut lieu au Havre et le rôle doit se trouver aux AD de Rouen.
Mais à Nantes, j'ai trouvé sur des rôles de voiliers de l'armement Guillon, qu'il y avait parfois, embarqués à bord comme passagers, des missionnaires se rendant dans les îles du Pacifique ou en revenant (Nouvelle Calédonie par exemple).
Il est donc très possible qu'il y ait eu un missionnaire, passager sur PIERRE LOTI.

Sur ce trois-mâts avait alors embarqué comme lieutenant Léon DUPART, originaire de Saint Briac, sous le commandement du capitaine TROTTEL, connu à Nantes pour être un bon marin.
Léon Dupart n'est pas un inconnu sur le forum puisqu'il deviendra commandant à la Navale de l'Ouest et trouvera la mort le 3 Avril 1917, sur la cargo SAINT SIMON, torpillé par l'UC 37 de l'OL Otto Launburg.

Or il se trouve que dans son ouvrage "Les derniers grands voiliers", le capitaine Louis Lacroix raconte justement ce premier voyage qui ne fut pas de tout repos.
Le navire avait été envoyé sur les côtes du Chili pour charger du salpêtre. Il était aussi missionné par le Comité des Assureurs maritimes de Paris, pour aider au retour du voilier MADELEINE, en avarie sur la côte du Chili.

Fin 1901, il prit le chemin du retour vers l'Europe et ayant doublé le cap Horn, remonta l'Atlantique. Or, le 3 Février 1902, alors qu'il était à 50 milles dans l'Ouest de La Palma (Canaries) le feu prit dans le salpêtre. L'incendie fut violent. Il ne pouvait s'éteindre qu'en versant immédiatement sur la cargaison de l'eau déjà salpêtrée, mise en réserve pour cette éventualité.

La violence du feu ne permettait pas de garder l'espoir de sauver le navire et, après une violente explosion qui ébranla tout le bâtiment, les embarcations furent mises à la mer et tout l'équipage s'y réfugia, sauf le capitaine Trottel et un timonier, le matelot Lépine, qui demeurèrent à bord car le navire ne coulait pas.
L'une des embarcation était donc sous les ordres du second capitaine et l'autre sous les ordres du lieutenant Dupart.
Mais, contre toute attente, l'explosion avait étouffé le feu, du moins en grande partie. Les marins purent remonter à bord.

C'est là qu'intervient un épisode, demeuré dans les mémoires familiales des Dupart, de façon très imprécise il est vrai.
Il y avait à bord un missionnaire passager, qui avant de prendre place dans l'embarcation du lieutenant, avait jeté une caisse de ses bagages à l'eau afin qu'elle ne fut pas brûlée dans l'incendie; à moins que l'explosion n'ait fait passer la caisse par dessus bord... Toujours est-il qu'avant de remonter à bord, il supplia le lieutenant : "Ma caisse, ma caisse... c'est ma Vierge!"
L'officier n'a eu qu'à manœuvrer un peu son canot pour la récupérer et la caisse fut remontée sur le voilier. Elle contenait une magnifique statuette de la Vierge, en bois polychrome.

Par la suite, le voilier fut pris en remorque par l'ancien VILLE DE BUENOS AYRES, paquebot des Chargeurs Réunis, qui venait d'être vendu en 1901 et rebaptisé VILLE DE ROCHEFORT. Il le ramena à Santa Cruz de La Palma.
Le PIERRE LOTI dut y rester quelque temps pour finir d'éteindre le feu et procéder à quelques réparations. Il n'arriva au Havre qu'en Avril 1902.

Quant au missionnaire, c'est sans doute pour remercier le lieutenant Dupart, qu'il lui fit cadeau de sa statue de la Vierge.
Depuis 110 ans, la famille Dupart a précieusement conservé cette statue sauvée des eaux de l'Atlantique qui est désormais dans une petite chapelle de Saint Briac.

Voici sa photo

Image

Seul l'examen du rôle qui nous renseignerait sur la présence d'un passager pourrait confirmer cette hypothèse qui m'apparaît extrêmement probable vu les évènements et les coïncidences assez extraordinaires. On saurait même alors à qui elle appartenait.

Dans les mémoires familiales, l'évènement semble être situé vers le cap Horn ou au large de la côte d'Afrique. C'est bien au large de l'Afrique, mais en arrivant du Horn, que l'incendie s'est produit.
Les hommes sont bien descendus dans les embarcations car il s'agissait presque d'un naufrage.
Ce ne serait donc pas en secourant un bateau naufragé, comme le pensaient les descendants de Léon Dupart, mais en tentant de sauver leur propre navire que les marins ont sauvé des eaux cette statuette.

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olivier
Memgam
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Re: PIERRE LOTI Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Un tableau de Marie-Edouard Adam (1847-1929), représentant Pierre Loti, sous voilure réduite, tribord amures, en vue de travers bâbord, dans le chasse-marée n° 306.

Le tableau fait l'objet d'une demande d'identification de Joëlle Canu, basée sur la description du guidon de l'armateur (Norbert et Claude Guillon) et sur l'indicatif du navire( KQJL en pavillons du code international).
Le navire est représenté entre 1901 et 1909, année de la vente à la Société nouvelle d'armement.

Cette vue est très semblable à celle d'un autre tableau de Marie Edouard Adam, sur la première page de la jaquette du livre de Jean Randier, à ceci près qu'il s'agit du trois-mâts carré (barque pour Pierre Loti) Amiral Cécille, dont le nom est écrit sur une flamme du mâts d'artimon, à la place de l'indicatif et que le guidon d'armateur, la compagnie française de navigation, blanc, avec une diagonale bleue, l'hermine au guindant et les initiales CFN au flottant.

Source : chasse-marée n° 306 d'août-septembre 2019, question 2279, page 16.
Registre n°84, Bureau Veritas 1912.
Jean Randier, Grands voiliers français, 1880-1930, Editions des 4 seigneurs, 1974.

Cordialement.
Memgam
olivier 12
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Re: PIERRE LOTI Trois-mâts barque

Message par olivier 12 »

Bonjour àtous,

Un trois-mâts barque donné comme étant le PIERRE LOTI, par Lislet

Image

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Re: PIERRE LOTI Trois-mâts barque

Message par Memgam »

Bonjour,

Vision improbable du peintre Lislet, car un trois-mâts ne peut se trouver dans cette position par rapport au phare d'Armen, dans la chaussée de Sein. Il passe loin au vent de la basse occidentale d'Armen, la bouée la plus au large !

Source : Carte 5316 P du SHOM (1984).

Cordialement.
Memgam
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