Bonjour à tous,
BOSPHORE
Rencontre avec un sous-marin le 21 Septembre 1918
Navire réquisitionné par le transit maritime
Traversée Toulon - Corfou
Capitaine Bernard JACK Douarnenez n° 8
32 hommes d’équipage
Rapport du capitaine
Le 21 Septembre, étant en convoi avec le vapeur grec MENTOR à notre gauche, le chalutier MONTESQUIEU en éclaireur, LIBERTE, chef de convoi, à notre droite sur l’arrière du travers, MARGUERITE II en position analogue par rapport au MENTOR à la gauche de celui-ci, nous faisions du S70E en zigzags lorsqu’à 02h46 nous avons évité une torpille dont la trajectoire était dirigée sur la partie arrière du château et venait d’un quart sur l’arrière du travers. La torpille a été aperçue par l’officier de quart Monsieur VENERE et par le veilleur de bâbord. La barre a été mise toute à droite et la machine à l’allure maximum tandis que le sifflet était mis en action et que le navire prenait une allure de fuite au S10E jusqu’à 04h00 du matin.
Voici le graphique des manœuvres
L’équipage a été mis au poste de combat, prêt à tout évènement, et les "Allos" réglementaires lancés aussitôt.
Position de l’attaque 38°09 N 07°40 E
Nous avons navigué ainsi jusqu’à ce que le chef de convoi fasse le signal de reprendre la route suivie avant l’attaque.
La cargaison de BOSPHORE se composait en majeure partie d’explosifs (680 tonnes) ce qui le plaçait ainsi dans des conditions défavorables en cas de torpillage. La catastrophe a été évitée grâce au système de surveillance établi à bord, à la veille attentive exercée par les hommes de quart, au sang froid et à la manœuvre rapide et judicieuse de l’officier de quart Monsieur VENERE dont je signale en cette occasion l’attitude élogieuse.
Rapport du capitaine du MENTOR à l’arrivée à Bizerte
Le 21 Septembre 1918, par 37°50 N et 07°08 E, mon bateau a été attaqué par un sous-marin qui a lancé deux torpilles. La première a frappé le navire à tribord entre la soute à charbon et la cale 3, mais n’a pas éclaté. La 2e lancée trois minutes plus tard, est passée à 10 m sur l’arrière du navire. Elle a été évitée en faisant venir le navire sur bâbord.
Au moment du torpillage, j’ai jeté à la mer dans une couverture plombée tous les documents et les ordres reçus au départ de Toulon.
Le choc de la torpille contre la coque ayant été très fort, je demande qu’un scaphandrier soit envoyé pour visiter la coque au point de choc.
Le navire transportait 4700 t de charbon. Affrété par la Marine Française.
Note de l’officier enquêteur (CC BORIES)
Les deux affaires de BOSPHORE et MENTOR sont connexes, bien que les deux capitaines aient appris seulement à Bizerte qu’ils avaient été attaqués en même temps.
LIBERTE et MARGUERITE II n’ont rien vu.
Les déclarations du capitaine de MENTOR sont confuses, sans doute parce qu’il peine à se faire comprendre en français. Celles du capitaine de BOSPHORE sont très nettes. Le graphique, résultant de ce que lui et son officier de quart ont vu, montre que l’avant de MENTOR a coupé le sillage du sous-marin venant de bâbord.
Celui-ci n’a pas eu le temps de se mettre à mi-distance entre les deux bâtiments et a lancé de trop près sur MENTOR. La 1ère torpille n’était pas encore à son plan d’immersion et elle est passée en raguant sous la coque, d’où la détonation entendue sur le MENTOR, absolument comparable à une explosion réelle. Cette circonstance a sauvé le MENTOR à bord duquel la veille ne paraît pas avoir été fameuse.
Le sous-marin a alors lancé une 2e torpille qui est passée sur l’arrière grâce à la manœuvre du bâtiment.
Peu après, BOSPHORE est arrivé dans le champ de tir du sous-marin qui de son autre extrémité a lancé une 3e torpille.
BOSPHORE, qui veillait bien, l’a vue à temps et l’a évitée. Il est à remarquer que c’est la 5e fois que ce bâtiment évite ainsi un torpillage, fait qui est tout à la louange du capitaine et de son équipage.
Le sous-marin attaquant
N’est pas identifié.
On pourrait penser à l’U 34 du Kptlt Johannes KLASING, mais sans aucune certitude.
Cdlt