Journal d'un fusilier marin

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Ar Brav
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Re: Journal d'un fusilier marin

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Bonjour à tous,

Je vous propose des extraits du journal d’un fusilier marin paru dans la revue Etudes, publiés par les pères de la compagnie de Jésus. 1915/10-12 (merci Sophie et Stéphan).
"Le journal de route d'un officier de fusiliers marins, le mois d'Octobre 1914-Gand-Dixmude."
Journal d’une teneur modeste, certes, mais loin des envolées patriotiques de Charles Le Goffic. Merci de votre indulgence pour la retranscription.

L’enseigne de vaisseau POISSON est affecté à la 9ème Cie du 3ème Bataillon du 1er Régiment de la Brigade de Fusiliers Marins de l’Amiral RONARC’H.

"Claude PRIEUR, Pseudonyme de V.M.A. Charles POISSON. Né à Rion des Landes, Landes en 1882. Il passa par l’Ecole Navale ; comme enseigne de vaisseau, il fit la croisière d’Islande sur le Lavoisier. Puis il démissionna pour entrer dans la Compagnie de Jésus. Il était novice lorsqu’il fut mobilisé en août 1914 comme enseigne réserviste à l’arsenal de Cherbourg. Le 2 octobre, il rejoignit la brigade de fusiliers marins du contre-amiral Ronarc’h dont on complétait les cadres avant de l’envoyer au secours d’Anvers. Il fut affecté comme lieutenant en premier à la 9ème compagnie du 1er régiment (Régiment Delage, Bataillon Rabot, Compagnie Demarquay succédé par Béra). L’enseigne Poisson prit part à la marche sur Gand, à la défense de Dixmude, à la défense des positions stabilisées sur l’Yser, d’abord devant Dixmude, puis à Nieuport. Une entérite gagnée au Maroc avant la guerre lui imposa pendant l’hiver des repos forcés au front et causa enfin son évacuation le 8 mai 1915. Son récit commence à son départ de Cherbourg et se termine à son départ du front."

Sources : Jean Norton Cru, Témoins, PUN, octobre 2006.
Analyse complète pages 232, 233 et 234.


JOURNAL DE ROUTE
D'UN OFFICIER DE FUSILIERS MARINS
SOUVENIRS D'UNE COMPAGNIE DU Ier REGIMENT DE MARINS
EN BELGIQUE *


* Même après l'admirable Dixmude de M. Ch. Le Goffic (Etudes du 20 juin 1915) et la Bataille de l’Yser, de M. Pierre Nothomb, il nous a semblé que ce Journal - faut-il dire : de route, ou : de bord ?- gardait son puissant intérêt. Ecrit sur des notes prises au jour le jour, avec le souci d'une exactitude rigoureuse, il explique, détaille et circonstancie l'épopée des fusiliers marins en Belgique. On verra là les humbles choses, les efforts d'abord tâtonnants, puis mieux dirigés, d'un courage héroïque appliqué à des tâches nouvelles, d'une complexité déconcertante. On se rendra réels les décors, les incidents quotidiens, les essais, la ténacité, la splendide endurance qui furent l'envers et, pourrait-on dire, "la cuisine" de cette gloire. C'est délibérément que l'auteur, évitant toute généralisation hâtive, s'est borné à dire ce qu’il a vu, à raconter les faits dont il a été le témoin et l'acteur. II dépose ces pages, en trophée, sur la tombe de ses nobles camarades, auxquels la mort n'a pas manqué. N. D. L. R.

Vendredi 2 octobre 1914. — Dans le train qui nous emporte vers Paris. Quelle joie intime pour plusieurs d'entre nous ! On désirait tant agir, prendre part au mouvement des armées, se trouver là on il y avait des coups à donner et à recevoir, là on l'on risquait quelque chose ; et voilà que, depuis deux longs mois, le service nous retenait dans l'arsenal de Cherbourg, avec la tâche ingrate d'équiper, de discipliner, d'occuper les réservistes de la marine. Sous nos yeux, on avait formé, dès le début d'août, un bataillon de marins destiné au camp retranché de Paris. Mais son état-major ne devait pas comprendre d'enseignes. Nous savions seulement que ce bataillon de Cherbourg s'était réuni, au Grand-Palais, à d'autres bataillons venus de Brest, de Lorient, de Rochefort, et avait forme un régiment. Puis l'effectif des marins avait été porté à une brigade, confiée au contre-amiral Ronarc'h, le plus jeune d'âge et de grade de nos amiraux. Hier, brusquement, un télégramme venu de Bordeaux désignait six enseignes de réserve et deux lieutenants de vaisseau de Cherbourg, pour « continuer leurs services à la première brigade de marins, qu'ils rejoindront le plus tôt possible au Grand-Palais, à Paris ». On va donc faire campagne, puisque la brigade complète son état-major ?
Tout de suite, ç'a été la hâte des préparatifs, de l'équipement à acheter, revolver, cantine, etc., des derniers ordres à recevoir. A l'état-major, dans les bureaux de la préfecture maritime, on nous a souhaité bonne chance avec un ton d'envie : « Veinards, qui allez vous battre ! »
En gare de Cherbourg, le vice-amiral Le Pord, préfet maritime, a tenu à venir serrer la main des huit partants. Comme il partirait aussi de bon coeur !
En wagon, nous écoutons les anecdotes et les conseils que raconte volontiers un jeune lieutenant d'infanterie, instructeur à Saint-Cyr avant la guerre, et qui retourne au front après sa troisième blessure. Rencontre précieuse pour des marins sans expérience des nécessités de la campagne 1.

Dimanche 4 octobre. — Dix heures du matin. Reçu, au Grand-Palais, une capote d'infanterie qui porte les boutons des riz-pain-sel ! Horreur ! Puis nous montons, avec des camarades venus de Lorient et Rochefort, dans des autos qui vont nous transporter au cantonnement de la brigade. Au passage des fortifications, regardé avec intérêt les barricades de pavés, les arbres abattus, les fils de fer barbelés avec passages en zigzags, tout ce décor de guerre qui nous sera bientôt familier. Les autos nous déposent dans le camp retranché de Paris, à la porte d'une villa de Pierrefitte qui loge l'amiral et son état-major. Là, nous recevons nos affectations et je dois me séparer de mon ami Philippe de Blic, envoyé au 2ème régiment tandis que je vais au 1er. Puis, c'est la présentation au « colonel », le capitaine de vaisseau Delage, et aux officiers de l'état-major régimentaire, parmi lesquels j'ai grande joie à trouver un aumônier plein d'amabilité et d'entrain. A quatorze heures, en gare d'Epinay-Villetaneuse, assisté au débarquement de mon bataillon qui revient en chemin de fer d'Amiens. Rejoint la compagnie à laquelle je suis attaché, et cantonné avec elle à Montmagny.

1. Quelques détails pratiques nous terrifient un peu. « Prenez un havresac réglementaire, portez tout ce qui vous est nécessaire sur vous, comme vos hommes, car en marche, vous resterez des semaines sans revoir vos cantines. » Conseil béni : grâce à mon havresac, j'ai moins souffert à Dixmude de l’absence de ma cantine, que je n'ai pas revue une seule fois en six semaines.

Nous sommes trois officiers : un lieutenant de vaisseau, un enseigne, un officier des équipages, et le hasard des billets de logement m'installe au presbytère, on nous accueille un vieux prêtre, supérieur d'un séminaire de vocations tardives.

(à suivre)
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Ar Brav
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Lundi 5.— Présenté à ma section ce matin. La compagnie compte deux cent cinquante hommes, du recrutement de Lorient. Quelques-uns sont des réservistes, d'autres de jeunes matelots fusiliers, fraîchement sortis du bataillon, malheureusement, ceux-ci sont en trop petit nombre par rapport à l'ensemble, enfin, pas mal de tout jeunes marins, envoyés au régiment au bout de quinze à vingt jours de stage dans une compagnie de formation. Ils portent la capote d'infanterie avec une variété déconcertante de boutons. Du marin, ils n'ont conservé que le bonnet - sans pompon ni jugulaire blanche (ces ornements seront rétablis plus tard) - et le pantalon de molleton bleu.
Nous changeons de capitaine cet après-midi, le lieutenant de vaisseau, qui a formé la compagnie, devenant adjudant-major du bataillon à titre d'ancienneté. II nous reste heureusement un officier des équipages excellent, et connaissant très bien les hommes. (*)

Mardi 6 . — Marche-manœuvre du bataillon aux environs du fort de Stains : remarque en passant que ce fort a une garnison de canonniers marins. On nous annonce officiellement que la bri¬gade partira demain - pour où ? En tout cas, derniers préparatifs de mise en route.

Mercredi 7. — Le régiment se rassemble en gare de Pierrefitte-Ceinture, d'où nous partons à raison d'un bataillon par train. Nous commençons par un retard de trois heures, causé par le déraillement de la locomotive de l'amiral. Notre train s'ébranle à seize heures : les hommes, très entassés dans leurs fourgons ; les officiers, dans un wagon de voyageurs. Le long des petites gares de Ceinture, on acclame les marins, on leur jette des fruits que les conducteurs des voitures de compagnie ramassent sur les plate-formes des trucks. Nous passons l'Oise près de Pontoise. Vers Anvers-Beaumont, on aperçoit plusieurs ponts dont on a fait sauter le tablier.

Jeudi 8. — Le froid a engourdi les hommes dans leurs wagons ouverts. Ils sont tout heureux quand à Calais, à Bourbourg, etc., des femmes viennent leur offrir du café chaud. On croyait descendre à Dunkerque : mais le commissaire militaire de la gare apporte l'ordre de continuer sur la Belgique. On mangera, s'il le faut, les vivres de réserve. Décidément, on nous envoie au feu ; quelle chance ! Notre train croise, en gare d'Adinkerke, la première station belge, un train de jeunes Belges de la classe 14 qui vont faire leur instruction militaire en Normandie. Dans les gares belges, les marins sont reçus avec un véritable enthousiasme ; spécialement entre Fumes et Gand, à quatre reprises différentes, on vient nous combler de toutes sortes de bonnes choses : café, cigares, tartines variées, fruits, bière, lait, etc. Il paraît que plusieurs des trains qui nous ont précédés n'avaient pas été annoncés à temps, aussi les habitants concentrent-ils toutes leurs attentions sur nous et sur le train des mitrailleuses, le dernier, qui nous suit. Dans une certaine gare, dont j'oublie le nom, les personnages officiels, bourgmestre, député, que sais-je encore ? sont sur le quai, attendant les officiers du bataillon avec un nombre respectable de bouteilles. Effroi !
Il commence à être temps que ce trajet prenne fin, sans quoi nos hommes seront en piteux état. Déjà un grand drapeau français, sorti de je ne sais quel sac, flotte triomphalement au-dessus du toit d'un wagon. Enfin, vers dix-sept heures trente, le train stoppe à Gand. On avait prévu d'abord pour nous des cantonnements séparés par compagnies, mais un peu plus tard le batail¬lon est concentré en cantonnement d'alerte à la caserne Léopold. Il paraît que plusieurs autres bataillons, arrivés avant nous, sont déjà en ligne, quelque part en avant de Gand. Les officiers du 3ème bataillon sont groupés dans un dortoir de l'école normale de filles, le chef de bataillon occupant naturellement la chambre de la surveillante. Au rez-de-chaussée, une ambulance belge est établie.

Vendredi 9. — Rassemblés à sept heures pour nous porter à un point déterminé, nous attendons longuement dans la cour de la caserne que le guide vienne nous rejoindre. Nous n'avons pas de cartes des environs ; les officiers ont dans leurs étuis de simples cartes cyclistes Taride. Dans ces conditions, il est difficile de se débrouiller avec les noms du pays. Enfin, vers neuf heures trente, le 3ème bataillon du 1er régiment et un bataillon (2ème) du 2ème se portent au sud-est de la ville, en dehors du dernier faubourg, où nous devons constituer la réserve générale avec les mitrailleurs. Pendant que les hommes font la soupe sur un terrain de manoeuvres, nous attendons. Les autres bataillons sont engagés déjà. A onze heures, alerte : l'amiral fait porter la réserve en avant. Nous nous séparons, le bataillon du 2ème régiment allant dans la direction de Melle où son régiment est engagé, et nous, déployés en soutien dans la boucle de l'Escaut, près du pont de Heusden, déjà détruit lors de la précédente visite des Allemands. Nous entendons le canon et la fusillade dans la direction de Melle, Quatrecht et Wetteren. Devant nous, de l'autre côté de l'Escaut, une ligne de petits postes de notre régiment. Le long de la berge de l'Escaut commencent à nous arriver des fugitifs, un par un, quelquefois par groupes. Ce sont presque tous des hommes. Nous les interrogeons : tout ce qu'ils savent dire, c'est qu'on se bat chez eux, que les Allemands sont là. Le reste des renseignements est confus, contradictoire. Nous nous retranchons sur la berge, avec une section de mitrailleuses. Tout à coup, à notre droite, une alerte : on voit une ligne de tirailleurs qui s'avance par bonds. Nos hommes vont tirer ; nous avons toutes les peines du monde à main¬tenir le calme, à faire faire une reconnaissance dans cette direction. La patrouille part ; elle aborde les assaillants. Ce sont des volontaires belges qui ont choisi cet inopportun terrain d'exercices au risque de se faire canarder. Les voilà qui filent prudemment en colonne par un, hors de notre champ de tir.
Vers dix-huit heures, le bataillon est appelé à Melle, où nous allons nous mettre aux ordres du commandant Varney, colonel du 2ème régiment, qui a demandé des renforts. Un coup d'oeil aux champs voisins de la route, tandis que le crépuscule achève de tomber. Quelle drôle de chose ! Ce terrain dans lequel nous nous battrons peut-être cette nuit, est planté de larges plates-bandes de bégonias en fleurs, avec çà et là des serres !
Comme nous approchons de Melle, la fusillade se fait plus distincte et semble toute proche. Nos hommes, énervés par l'attente de la journée, vont-ils recevoir le baptême du feu en pleine nuit ? Comment le subiront-ils ? Le commandant Varney dissipe cette anxiété : le bataillon passera la nuit dans une école de Melle, en alerte. Et, pendant quelques heures, j'entends les ronflements amicaux d'un camarade résonner dans la chambre d'une reli¬gieuse que je partage avec lui, et où mille petits objets disent le départ précipité, la détresse de l'abandon.

(*) Il doit s'agir de l'Officier des Equipages Le Gall

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Ar Brav
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Samedi 10. — Trois heures du matin : en route pour renforcer la ligne avant le petit jour, heure propice aux attaques. Nous sortons du village par un chemin à droite, puis longeons le pied d'un remblai de voie ferrée. Nous voici en soutien d'une compagnie du bataillon Mauros, le 3ème du 2ème régiment. Une sorte de banquette de tir a été creusée en hâte à la crête du talus, perpendiculaire à celui que nous venons de longer près d'un croisement de voies. Au jour levé, l'attaque ne s'étant pas produite, notre bataillon reste en ligne, tandis que le bataillon Mauros va se reposer. Devant nous, un champ de betteraves, une voie ferrée, des prairies en contre-bas où l'on distingue quelques cadavres. A 800 ou 900 mètres en avant, un bois où l'ennemi se cache. Dans la matinée, patrouille avec quelques hommes de ma 1ère section : retrouvé l'emplacement où notre camarade Le Douget, capitaine de la 2ème du 2ème, a été tué hier. Son carnet de réquisitions marque l'endroit, à côté d'une tache de sang. Le capitaine m'envoie fouiller une ferme, d'où nous faisons lever comme des lièvres deux Boches gris. Mes hommes tirent nerveusement : les voilà tombés, l’un après l’autre. Derrière des meules de paille, plusieurs blessés allemands paraissent très effrayés de notre arrivée. Ils n'acceptent même pas qu'on leur donne à boire, si ce n'est avec leurs bidons, craignant peut-être d'être empoisonnés. Noté l'emplacement : tout à l'heure, une ambulance anglaise osera se risquer jusque-là et les relèvera, grâce à l'insistance et l'énergie d'une « nurse », dont l'uniforme kaki m'a fait sourire. II y a des cadavres allemands nombreux disséminés çà et là dans le champ. Deux officiers de réserve sont tombés l'un sur l'autre au bord d'un chemin. Une vive répugnance m'étreint, tandis que je les fouille pour chercher carnets et papiers militaires. Premier contact avec l'ennemi mort...
Quelques instants plus tard, on nous rappelle en réserve à Melle. Les hommes mangent leurs vivres de réserve. Le capitaine et moi, qui n'en avons pas, avisons une cuisine où s'affaire un matelot, une table. Vite, nous nous installons. L'ordonnance hésite un moment à nous servir, puis se décide. C'est le déjeuner du commandant Varney que nous enlevons ainsi d'assaut sans le savoir, et le « colonel » s'en amuse quand il vient, un peu plus tard, manger une bouchée entre deux arrivées d'estafette.
On a fait cette nuit quelques prisonniers. Un officier pleure de rage en apprenant notre petit nombre. « si nous avions su ! » dit-il. Sans doute, ils étaient assez nombreux pour nous culbuter, mais ces marins, rencontrés inopinément en pleine Belgique, les ont surpris et ils ont craint un piège.
L'après-midi, je vois brusquement le « colonel » Varney monter sur le marchepied d'une auto-mitrailleuse belge et filer à bonne allure. Peu après il revient. Le pointeur est triomphant : ils sont allés au-devant d'une grosse auto allemande qui venait, battant pavillon anglais. Les quatre officiers qui la montaient sont morts; le chauffeur traverse nos rangs, blessé aux deux bras, et voici la voiture elle-même remorquée par la mitrailleuse belge.
Le soir, on nous renvoie au talus du chemin de fer, occuper les mêmes postes que le matin. Notre ligne forme une sorte d'U, dont le petit côté est directement opposé au bois où se tient l'ennemi. Des mitrailleuses gardent tant bien que mal les ponts par où l'ennemi pourrait nous envahir. Les hommes sont très nerveux : on a eu beau leur faire reconnaître avant la nuit les buissons, les taupinières et jusqu'aux moindres cailloux, pendant cette nuit, tout devient sujet d'alerte, vite transformée en fusillade. Devant une de mes escouades, à 25 mètres, se trouve une pile de rails. Une sentinelle s'obstine à faire feu dans cette direction : la balle, en frappant sur le métal, fait une étincelle. « Vous voyez bien, lieutenant, que ce sont les Boches qui avancent, on voit la lueur du coup de fusil ! » Pas d'attaque sérieuse de notre côté.

Dimanche 11. — Les talus que nous occupions cette nuit sont laissés aujourd'hui à la garde de notre bataillon, les autres pouvant aller prendre un peu de repos. Journée superbe. Nous la passons à creuser des tranchées, à les consolider avec des traverses, etc. Les tirailleurs ennemis sont à la lisière du bois et ne se montrent guère. Vers quatre heures, alerte. Des forces importantes allemandes arrivent. Le commandant Rabot, qui a organisé une « souricière » sur la route, assiste à l’avancée prudente d'éclaireurs en civil. Il arrête même le chef de la bander habillé en civil, lui aussi, et qui tente vainement de se faire passer pour agent secret à notre service. Notre ligne est en alerte, les tranchées garnies. Au dernier moment, nous sommes prévenus que des Anglais vont nous remplacer ; leurs officiers inspectent les positions avec calme, tandis que les Allemands se massent toujours à l'entrée du bois. Puis, brusquement, au pas gymnastique, des fantassins en kaki, sans sac, arrivent sur notre ligne. D'un seul coup, ma compagnie fait en courant les 50 mètres qui la séparent de la pente du talus. Le décrochage est fait. Mais les marins grognent; ils réclament parce qu'on les fait partir à l'heure où la bataille commence ; il nous faut affirmer que notre retraite est voulue, stratégique, que ce n'est pas un aveu de défaite. Seulement, on nous a demandé de tenir quarante-huit heures et nous sommes au soir du troisième jour. On recommencera ailleurs...Les Anglais ont l'ordre de tenir deux heures pour nous permettre de rejoindre la brigade à Gand. Et de nous mettre en route. Il est dix-huit heures. Le 3ème bataillon ne s'arrête pas pour manger, il marche. Pendant toute la nuit, nous allons, au clair de lune ; mes hommes tombent de sommeil, moi aussi. Au bout de très peu de temps, je n'ai plus conscience de ce qui se passe, on marche toujours, tantôt par une grande route, tantôt par des petits chemins ; aux haltes — pour aller plus vite (?) on a supprimé la moitié des haltes horaires — nous nous laissons tomber à terre sans même quitter le sac. J'ignore où nous allons mes hommes demandent de temps à autre si l'on ne va pas nous embarquer en chemin de fer. Les médecins, passant en queue de la colonne, secouent les traînards. « Donne-moi l'adresse de ta famille. — Pourquoi? — Parce que, dans une demi-heure, les Allemands seront là, et je veux pouvoir prévenir ta mère que tu es pris. — Oh! pas encore! » Et le traînard retrouve des jambes.

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Stephan @gosto
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Re: Journal d'un fusilier marin

Message par Stephan @gosto »

Bonjour tout l'monde, bonjour Franck,

Afin d'illustrer ce beau travail que tu partages ici, voici un portrait de Poisson et la couverture du témoignage qui sera publié par la suite en volume, chez Perrin.

Amicalement,

Stéphan

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Lundi 12. — A cinq heures du matin, la brigade fait halte à Aeltre. Quelques heures de sommeil, mes hommes dans un grenier, moi sur le lit d'un gendarme belge apitoyé, puis rapide déjeuner et, à onze heures trente, nous sommes de nouveau en route. Les forces sont revenues, l'en train aussi : il y a du soleil, on marche, sans trop « groumer », en colonnes par deux de chaque côté de l'affreux pavé de la route. Pas un seul manquant dans notre compagnie. D'assez bonne heure, nous arrivons à Thielt.
Mes hommes sont logés dans une école ecclésiastique. Mon officier des équipages et moi sommes cordialement reçus dans une maison voisine. Avant de nous mettre au lit, — car nous aurons ce soir un lit, — j'assiste, amusé, à la réquisition de toutes les pièces restées disponibles, par des Anglais arrivés après nous. Nous serons bien gardés cette nuit, mon camarade et moi : il y a trente-deux « tommies » couchés sur de la paille dans les corridors de la maison !

Mardi 13. — De bonne heure ce matin, j'ai pu constater que mes hommes ne sont pas encore très débrouillards ni très complaisants quand il s'agit de faire le café. Leur éducation sur ce point se complètera vite. Profité du voisinage d'une chapelle de Recollets pour y entendre la sainte messe. Malgré l'heure matinale, il y a du monde et bon nombre de communiants. En sortant dans la rue, j'entends une fusillade qui vient d'un peu partout : un Taube survole la ville en passant trop bas. Et de toutes les cours de maison, « tommies » en bras de chemise ou matelots en capote tirent à qui mieux mieux. Touché ! le vilain oiseau tombe, et une auto part ramasser les aviateurs. La brigade se remet en marche. Vers huit heures, c'est le tour de mon bataillon. Notre compagnie, qui est d'arrière-garde, ferme la marche, ce qui nous vaudra, vers l'heure de la grande halte, d'être serrés de trop près par une patrouille de uhlans. Mais les Anglais suivent une route parallèle à la nôtre. Leur cavalerie prévenue cueille délicatement ces gêneurs. Le temps s'est gâté, une pluie tombe. Pendant la halte, nous causons avec les officiers anglais d'un convoi de ravitaillement arrêtés à la même hauteur que nous. Il faut leur faire voir les casques, les trophées que rapportent quelques-uns de nos hommes, et surtout une casquette d'officier, car ils sont anxieux de reconnaître le « gris boche ». Très gentils, d'ailleurs, ces Anglais, très à l'aise avec nous. Comme ils ne portent pas de galons, nos hommes, qui ignorent le mystère des étoiles sur les pattes d'épaule, viennent familièrement tendre à un lieutenant un "quart de jus", qu'il accepte, d'ailleurs, très volontiers. « Tiens, vieux, avale çà, çà te fera du bien... »
La pluie devient de plus en plus dense. Arrivée à Thourout, le bataillon installe les petits postes pour nous couvrir le long de la voie ferrée. Le reste de mes hommes campe tant bien que mal dans une filature, et je partage le dîner de quatre officiers belges de l'intendance, qui se montrent fort accueillants lorsque j'ai décliné mon identité complète.

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Mercredi 14. — L'étape d'aujourd'hui est courte jusqu'à Cortemarck, noeud de Chemins de fer où nous avons, paraît-il, ordre de tenir. Les Anglais sont descendus plus au sud vers Roulers et Ypres, et l'on entend le canon dans cette dernière direction. Deux batteries de 75 belges nous accompagnent. On prépare des tranchées sous la pluie. Mon bataillon est à Peereboom. Voici que mon pied, écorché, se refuse à supporter plus longtemps une chaussure trop juste. Le capitaine me prête ses pantoufles et je le suis péniblement dans la boue tandis qu'il inspecte les Chemins et les défilements. Faudra-t-il donc se battre dans cet accoutrement de podagre ? Les hommes n'ont pas fait de cuisine ce soir : mendié à dîner au chef de bataillon, qui n'est guère mieux monté que nous. Nous sommes terriblement en l'air par notre droite, qui manque de liaison avec les Anglais. La 12e compagnie et la mienne le comprennent mieux encore, lorsqu'on leur donne la garde des chemins de repli. Pourtant les Allemands ne se pressent pas : ils nous laissent le temps de recevoir un contre-ordre, et de reprendre notre route vers une position meilleure.

Jeudi 15. — Rassemblement à trois heures trente. Le commandant du bataillon a pitié de mes pantoufles, et me fait monter d'office dans son auto, tandis que, fidèle à la résolution qu'il tient depuis le début, il fait la route à pied, en tête de ses hommes. Vers dix heures, nous sommes à Dixmude, où la brigade est déjà arrivée. Pendant que certains bataillons nous couvrent dans la direction d'Eessen d'où nous venons, et dans le sud, halte et repas a Caeskerke pour mon bataillon. Puis, dans l'après-midi, nous allons prendre position au nord, sur la route d'Ostende qui passe par Keyem et près de Beerst. Le commandant Rabot installe son poste auprès d'un vieux moulin dont on immobilise les ailes, et nous commençons à creuser des tranchées dans des pâturages humides, perpendiculairement à la route et de chaque côté. Ce ne sont pas des tranchées bien savantes, avec pare-éclats, parados, mais de simples fossés presque rectilignes : l'expérience nous apprendra à faire mieux. Abattu des arbres superbes qui bordaient la route, pour en faire des barrages, etc. Pendant tout l'après-midi, et une bonne partie de la soirée, des fugitifs arrivent d'Ostende, d'Aertrycke, d'Ichteghem, de Leke, de Cortemarck, annonçant, les uns après les autres, l'entrée des Allemands dans leurs villages. II arrive des femmes, des enfants, mais surtout des jeunes gens et des gardes civiques, qui ont peur d'être faits prisonniers ou fusillés.
Dans les prés qui s'étendent devant nos tranchées un bétail nombreux circule paisiblement. Les vaches paissent par douzaines, avec des chevaux, des moutons. Pourquoi ne les évacue-t-on pas ? Cette nuit, pour peu que l'énervement de Melle continue, mes hommes vont tirer sur toutes ces formes errantes, et ce sera double gaspillage, de munitions et d'animaux domestiques. Tenté vainement de le faire comprendre à quelques obstinés qui restent encore dans les fermes en avant de notre ligne. Deux jeunes filles pleurent, promettent d'apporter du lait à nos hommes si on respecte leurs vaches... En fait, cette nuit là, nous avons obtenu de nos marins qu'aucun coup de fusil ne soit tiré.
La nuit est humide et froide dans ces tranchées. Elle est calme sur le front qu'occupe notre bataillon. Mais vers vingt heures nous entendons des coups de feu, une alerte du côté d'Eessen. Pendant la nuit, les Belges qui occupent Keyem établissent la liaison avec nous; je vérifie au matin l'emplacement de leurs postes.

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Vendredi 16 octobre 1914. — La matinée se passe au travail pour compléter les tranchées et les postes. Vers onze heures, notre compagnie reçoit l'ordre de se porter au sud de Dixmude, où elle se mettra aux ordres du capitaine de frégate de Kerros, commandant le 2ème bataillon du 1er régiment, chargé de la défense avancée du front sud. Il nous place à cheval sur la route qui va vers Woumen. Notre poste avancé de droite, afin de battre la route, s'installe dans le cimetière et commence à s'organiser. Une section de mitrailleuses est postée sur la route même. Nos autres sections, en liaison avec les compagnies du 2ème bataillon, prolongent la ligne vers la gauche. J'ai ma première demi-section au cimetière, la deuxième avec moi au pied d'une grange, à gauche de la route. Nous attendons une attaque de front par des cyclistes, dont des gendarmes, encore tout étonnés d'avoir couru sous le feu, nous ont signalé la présence à Woumen. Au lieu de cela, il vient un feu d'artillerie nous prenant d'enfilade et à revers, par la route d'Eessen. Léger fléchissement de la ligne : une compagnie a été surprise en pleine distribution de vivres, que les fourriers faisaient avec la candeur des périodes d'exercices.. La présence du « colonel », du chef de bataillon, etc., rétablit l'ordre et calme les frémissements. Je suis fier de ma section, qui n'a pas bougé. Avant que notre tranchée soit assez profonde pour constituer un abri sérieux, nous sommes complètement pris à revers par une mitrailleuse. Un repli de terrain nous protège un peu. L'ordre nous vient de se faire tuer sur place plutôt que de reculer, même jusqu'au chemin de fer. Les hommes regagnent leurs postes en rampant dans le fossé de la route sous le feu de la mitrailleuse. Il est dix-huit heures ; nous sommes enfin baptisés et tout s'est bien passé. Cette nuit, légère attaque venue de Woumen sur le poste avancé du cimetière. Un blessé à la compagnie, le premier.

(à suivre)
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Ar Brav
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Re: Journal d'un fusilier marin

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Bonjour à tous,

Merci Stéphan pour le portrait de Poisson et la couverture du livre, c'est enregistré. :)
La suite du témoignage,
Bien cordialement,
Franck


Samedi 17. — Mes hommes souffrent du manque de sommeil. Les veilleurs eux-mêmes n'arrivent pas toujours à rester éveillés. Nous jouissons de quelques heures de calme dont on profite pour s'organiser. Après l'expérience cruelle d'hier, le ravitaillement de jour est naturellement interdit. Heureusement pour nous, granges et maisons abandonnées contiennent encore quelques lapins et poules, que les obus ne nous empêcheront pas de faire cuire. Dans la matinée, nous voyons l'artillerie reprendre à notre gauche, et une attaque allemande assez vive essaye de progresser par la route d'Eessen. Nos camarades résistent bien. Un peu plus tard, une batterie établie dans cette même zone commence à battre progressivement notre secteur avec des shrapnells qui sont au moins de 90. Deux maisons brûlent près du passage à niveau. Aperçu un civil qui, grimpé sur sa toiture, essaye stoïquement d'empêcher l'incendie de se propager chez lui. II y réussit. Le tir continue à battre régulièrement, par salves échelonnées, tout le terrain compris entre la voie du chemin de fer et le cimetière. Je n'avais jamais vu de tir progressif. Celui-ci est conduit méthodiquement. Il bat nos tranchées d'enfilade, et met hors de combat quatre hommes de la 3ème section. Mon poste, protégé par la grange, au pied de laquelle est creusée la tranchée, ne reçoit que des éclats de tuiles. Le feu cesse vers midi trente. Une heure plus tard, notre compagnie est relevée par la 1ère du 1er régiment (capitaine Payer) et nous allons occuper une partie du chemin de halage qui constitue la berge ouest de l'Yser, au nord du port de Dixmude. Déjà nos chefs prévoient le bombardement par des obusiers de gros calibre, et nous font construire des abris profonds de 1 m 70, que permet la surélévation de la berge. L'Yser est assez étroit pour qu'une péniche, mise en travers, constitue un pont suffisant. L'une de ces péniches est amarrée en face de ma section, gardée par deux matelots torpilleurs chargés de la faire sauter en cas de nécessité. Nous jouissons, dans ce secteur de deuxième ligne, d'une tranquillité relative qui sert de repos.

(à suivre)
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Ar Brav
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Re: Journal d'un fusilier marin

Message par Ar Brav »

Bonjour à tous,

La suite,
Cordialement,
Franck


Dimanche 18 octobre 1914. — La nuit a été calme pour nous. Ce matin, j'essaye en vain d'avoir une messe. Déjà l'église de Dixmude est fermée. Il y a bien encore des chapelles ouvertes, notamment chez les Récollets et au Béguinage, mais impossible de rencontrer l'aumônier (*). Un de nos blessés d'hier est mort cette nuit entre ses bras. On essaye de lui faire des obsèques militaires, et sa section envoie un détachement de vingt-cinq hommes. A peine la cérémonie a-t-elle commencé, que nous sommes alertés vers seize heures.
L'attaque se produit au nord, dans un secteur tenu par des Belges, et ne se propage pas jusqu'à nous. Nuit paisible.

(*) Il doit s'agir de l'aumônier Pouchard
(à suivre)
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Ar Brav
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Re: Journal d'un fusilier marin

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(...suite)

Lundi 19 octobre. — L'artillerie reprend dès six heures. A l'heure du déjeuner, ordre de nous mettre en route pour participer à une offensive que la brigade va tenter dans la direction des villages de Keyem et de Beerst. C'est bon signe : on se donne de l’air. N'ayant pu trouver à remplacer les pantoufles de mon capitaine, avec un pied de plus en plus abîmé, je dois, à défaut d'ambulance, exécuter l'ordre du commandant qui me consigne dans son auto. Un jour d'attaque, c'est navrant. Sur la grand'place, que les civils n'ont pas encore évacuée, j'admire le sens commercial du chauffeur, un négociant en dentelles, qui renoue des affaires avec des réfugiés belges. Je l'aide à repousser les présents d'Artaxerxe — on lui offre 500 francs pour transporter à Furnes une famille qui commence à s'effrayer. Le 3ème bataillon reste en réserve dans les fosses de la route de Beerst; tandis qu'un escadron de goumiers attend l'ordre de charger, auprès du vieux pont romain du canal d'Handzaeme. L'affaire est chaude pour les bataillons Pugliesi Conti (2ème ) et Jeanniot (1er ) du 2ème régiment. Vu évacuer successivement le corps du lieutenant de vaisseau de Maussion de Condé, tué, puis des blessés, du Reau, de Roucy, l'athlète Hébert, Pertus, de Blois. Deux autres officiers tués, et environ cent cinquante hommes hors de combat. Mais les fermes et Beerst finissent par être à nous. Le 1er régiment, qui en assure l'occupation, reçoit de nuit l'ordre de se replier, et va s'installer au bivouac à Saint-Jacques-Capelle, sur la rive ouest de l'Yser, tandis que les Belges s'installent aux tranchées. Entre temps, le bataillon Mauros, avec des goumiers, a poussé sous nos yeux une pointe hardie vers Vladsloo. Ce soir-là, au retour, on voit tomber les premières grosses marmites, destinées aux batteries belges installées près du canal d'Handzaeme.

(à suivre...)
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