CHIENS SOLDATS

cat74
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Re: CHIENS SOLDATS

Message par cat74 »

Bonjour à tous,
J'ai lu que pendant la guerre on utilisait des animaux, chevaux bien sûr et aussi pigeons, mais également des chiens. d'après ce que j'ai lu, les allemands étaient beaucoup plus avancés que les français dans l'utilisation des chiens. Quelles étaient les missions de ces "chiens soldats", y en a t'il qui ont accompli des missions de "bravoure" ? Etaient ils envoyés en première ligne ?
Merci à ceux qui voudront bien me répondre
Cordialement et bonne journée à tous
Catherine
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olivier gaget
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Re: CHIENS SOLDATS

Message par olivier gaget »

Bonjour Catherine,

j'ai quelques trucs que je vous ai scannés ; mais je ne connais pas votre adresse e-mail. Contactez-moi sur ma bal. :D

amicalement,
Olivier
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patrick mestdag
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Re: CHIENS SOLDATS

Message par patrick mestdag »

Bonsoir ,
Beaucoup de chiens , abandonné rodaient autour des camps militaires ,
et surtout autour de la roulante , suivaient les colonnes de troupes
Nouaient amitié avec l’un ou l’autre soldat .
l’attendaient a son retour de première ligne ,
Souvent en vain , et renouvellent une autre amitié .
Mise à part l’amitié avec l’homme dans les durs moments de la guerre

Voici qq exemples d’utilisations de chiens dans la grande guerre
Le chien fut utilisé comme chasseur de rat dans les tranchées
et il existe nombreuses images de ces héros .
Comme chien croix rouge .
Comme chien messager .
Comme porteur etc….

@+
Patrick
Voici un lien général
http://community-2.webtv.net/Hahn-50thAP-K9/K9History2/

Images
Image
Chiens a l’attaque, je doute très fort a l’ authenticité de cet usage

Image
Oh la brave bête a cote de son maître , attaque de Colonfay St Quentin 1914

Image
Comme chien messager .

Image
Chasseur de rat Chilly (Livre Der Patrouillenganger Kurt Hesse)
Arnaud Lejaille
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Re: CHIENS SOLDATS

Message par Arnaud Lejaille »

Bonsoir,
Le masque à gaz pour chien est apparu après la fin des combats, en 1919.
Bien cordialement
Arnaud
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Frederic Avenel
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Re: CHIENS SOLDATS

Message par Frederic Avenel »

Bonsoir,

Ce sujet ayant été récemment évoqué sur un forum voisin, voici quelques documents complétant les réponses déjà apportées:

1)"Note n° 3342-4 du 15 décembre 1916, du Général Commandant la 7e armée.
Le général a décidé que les militaires appartenant à la 7e armée, ne devraient pas avoir de chiens leur appartenant. Seuls sont autorisés dans l’armée, les chiens réellement utilisés dans le but militaire, c’est à dire :
Les chiens de sentinelle
Les chiens de liaison ou d’estafette
Les chiens de patrouille, d’attaque ou de recherche
Les chiens sanitaire
Les chiens de trait.
Les chiens ratiers, les chiens de guerre et de trait sont toujours accompagnés d’hommes les ayants en garde spéciale. Ces hommes doivent avoir fait un stage dans un des chenils de l’armée ou appartenant à l’une des sections d’équipage canins de l’Alaska.
Le Général Cdt d’Armes. Signé : Hanoteau."

Le catalogue est donc dressé par cette note!

2) Organisation des équipages canins de l'Alaska:
source: "Le Train des Equipages et le Service Automobile pendant la grande guerre 1914-1918"; Association Nationale des Anciens Combattants du Train 1934;colonel Astouin et chef d'escadron Izard.


Ce fut le capitaine d’infanterie Moufflet, grièvement blessé au début de la guerre, qui suggéra l’idée d’employer les traîneaux à chiens pour le ravitaillement des troupes en lignes dans la montagne des Vosges et de l’Alsace.
Cette suggestion ayant été agrée, le capitaine Moufflet et le lieutenant Mallet, qui était en temps de paix attaché aux Etablissements Revillon frères, furent envoyés au Canada et en Alaska pour acheter les chiens, les traîneaux et le matériel nécessaire.
Pour constituer les effectifs des équipages canins, des volontaires furent demandés au début d’avril 1916, dans les différentes formations du Train des Equipages employées sur le front d’Alsace.
Tous ces volontaires, gradés et hommes de troupe furent rassemblés et un détachement important fut dirigé sur le Havre pour y prendre livraison des animaux et du matériel qui venait d’y être débarqué.
Ces éléments furent dirigés ensuite sur le Syndicat Saint-Amé (Vosges) où l’équipage fut organisé en deux sections

La première à l’effectif de :
1 officier … lieutenant Mallet.
60 gradés ou conducteurs.
160 chiens de trait.
25 traîneaux.
Alla s’installer dans des baraquements à la ferme du Tanet près de Col de la Schlucht.

La deuxième à l’effectif de :
1 officier (maréchal des logis d’artillerie Hérodier, promu sous-lieutenant par la suite, également attaché en temps de paix à la Maison Revillon).
62 gradés ou conducteurs.
100 chiens de trait.
5 paires de skis
alla s’installer au camp Boussat, au-dessus de Kruth Wlidenstein et Mittlach en Alsace dans des baraquements avec chenil.

L’instruction du personnel fut faite par les lieutenants Mallet, Hérodier et par le Révérend Père Bernard, missionnaire du Canada et de l’Alaska qui connaissait à fond ce genre de transport pour l’avoir pratiqué en temps de paix.
Le traîneau était conduit par un homme ou gradé qui se tenait à l’arrière, le pied appuyé sur le patin du frein qui, par pression s’aggripait dans la neige par ses pointes d’acier, les chiens qui avaient l’habitude de cette manœuvre s’arrêtaient aussitôt.
Sur le traîneau se tenait un deuxième conducteur chargé de surveiller le chargement et qui, le cas échéant, prêtait main forte au conducteur.
Selon la nature, le poids du chargement et l’état de la neige, les traîneaux étaient attelés de 5, 7 ou 9 chiens accouplés par deux. On choisissait parmi les meilleurs celui qui obéissait le mieux au conducteur, on le plaçait en tête et il dirigeait les autres. Les traîneaux marchaient à une très vive allure et les équipes de chiens, complètement blancs, se confondaient avec la neige et le paysage, ce qui leur permettait de passer assez souvent à travers les obus et les balles.
Pendant la période des grands froids, lorsque toutes les communications étaient interrompues, quand les fantassins étaient bloqués par les neiges dans leurs tranchées, les artilleurs dans leurs abris de batteries, les équipages canions, sur leurs traîneaux, transportaient à leurs camarades les denrées indispensables : des vivres, du charbon de bois, des vêtements chauds et des munitions. Ils assuraient également le transport des officiers généraux et d’Etat-Major qui n’avaient pas d’autre moyen pour se rendre dans les lignes.
La 1ère section eut à ravitailler dans ces conditions la 151e et la 127e D.I. La 2e section les 52e, 96e et 13e D.I.
Les principaux points de ravitaillement furent pour la 1ère section : le Calvaire, le Lac Blanc, le Lac Noir, la Roche des Fées, Risberg, le Linge, etc… ; pour la 2e section : l’Hartmannvillerskopf, la cote 1025, Mittlach, le Linge, Lac Noir, Lac Blanc, Metzeral, le Honeck, etc…
Pendant la période d’été, les traîneaux étaient munis de roues caoutchoutées et le ravitaillement continuait dans des conditions analogues.
Les gradés et conducteurs de la 2e section furent en outre appelés, à l’occasion de coups de main, à servir des pièces de 155 ; ils avaient été au préalable initiés à la manœuvre de ces pièces.
Les équipages canins furent souvent bombardés par canons, par avions, ils essuyèrent également, au cours de leurs transports, le tir des mitrailleuses ennemies ; ils eurent des conducteurs blessés, de nombreux chiens tués et du matériel détruit ou endommagé.
Le 1er avril 1918, les équipages canins furent rattachés à la 50e compagnie du 19e escadron du train."


3) Mon grand-père, alors soldat au 96e RI, eut quelques temps la garde d'un chien sentinelle alors qu'il se trouvait dans le secteur sud de l'Alsace, fin 1917 début 1918.
Voici le récit qu'il en a fait:

"[...] Le 24 novembre, nous retournons en ligne secteur d’Aspasch-le-Haut. Le sol y est très humide. Les tranchées ne sont pas profondes et envahies d’eau en bien des endroits. Les sentinelles sont assez éloignées les unes des autres. Si les secteur est assez tranquille, il est aussi assez propice aux coups de mains : de part et d’autre, chacun essayait de capturer les sentinelles. Pour protéger les hommes de garde pour la nuit, l’armée a fait dresser des chiens. Les uns furent dressés pour la garde et d’autres pour l’attaque. Je fus désigné pour prendre possession d’un chien de garde. J’ai donc été envoyé à Roye près de Lure où il y avait un chenil qui dressait ces chiens. Il me fut remis une de ces bêtes. C’était un chien de garde ou chien sentinelle qui s’appelait Dick. Je suis revenu du chenil le 10 décembre et j’ai rejoint ma compagnie le 11. Elle était au repos à Sentheim. Le 17 décembre, nous étions à Soppe-le-Haut et le 24 nous reprenions le secteur à Aspach-le-Haut.
Dick ne pouvait pas prendre plus de deux heures effectives dans la nuit. Quand j’avais passé une demie-heure de surveillance, je revenais. Ce qui fait que je n’avais pas beaucoup de repos. Etant au poste de surveillance, il me fallait contrôler ses réactions et ses oreilles car il n’aboyait pas du tout. Quand il y avait une patrouille ennemie sur le terrain, ses oreilles restaient droites. Ce fut le cas plusieurs fois. J’allais avertir le chef de poste qui mettait tout le monde sur le qui vive, c’est-à-dire en alerte et l’on envoyait des fusées éclairantes. L’ennemi voyant qu’il était démasqué ne venait pas. Une nuit que j’était de garde avec mon chien, les allemands font un violent bombardement sur nos postes. Dick m’a alors signalé la présence d’une patrouille sur le terrain. J’en ai averti le chef de poste, un sergent, mais compte tenu du bombardement il n’a pas cru qu’une patrouille vienne de suite. Alors il ne mit pas tout le monde en alerte de suite et les allemands sont venus nous prendre une sentinelle. C’est grâce à l’eau qui était dans la tranchée qu’ils ne firent qu’un prisonnier.
Le 26 décembre, je pars en permission de douze jours pour Paris et La Gahandière. Je suis toujours heureux de retrouver la famille en bonne santé malgré toutes les restrictions imposées. Je ne suis resté qu’une demie-journée à Paris.
Le 12 janvier 1918, je suis donc de retour à la compagnie qui est en réserve à Michelbach toujours en Alsace. Le 13 janvier, nous reprenons les lignes à Aspach. Je suis toujours accompagné de mon chien qu’un autre soldat avait eu en garde lors de ma permission.
Ce fut le 16 janvier que l’ennemi fit l’attaque que je viens de mentionner. Quand le sergent qui était chef de poste se fut rendu compte qu’il manquait une sentinelle, il m’a donné un ordre à porter au capitaine l’avertissant de cette capture. Il faisait une nuit très noire et pour me rendre au poste du capitaine il y avait un réseau de fils de fer barbelés. Il m’a été impossible de repérer un passage, alors j’ai franchi ce réseau en y laissant tout un pan de ma capote et d’autres déchirures ainsi que des égratignures tant aux mains qu’aux jambes. Je suis resté longtemps encore avec cette capote.
Le 25 janvier, nous venons en réserve à Rammersmatt. Le 2 février, je suis envoyé au fort de Giromagny pour y continuer le dressage de mon chien. Le 5, je reviens et retrouve ma compagnie au village de Vauthiermont. Nous sommes affectés à faire des tranchées et à poser des fils barbelés. Nous y allons de jour et moi, toujours accompagné de Dick. Nous marchions en colonnes sur la route. Nous avions sans doute été repérés par un avion, toujours est-il que l’artillerie ennemie s’est mise à nous tirer dessus. Il n’y avait pas de tranchée à proximité. Il n’y avait que les fossés de la route et ils n’étaient pas profonds. Cette séance a duré un bon quart d’heure. Il y eut pas mal de blessés. J’avais quant à moi lâché la laisse de mon chien. Il en a profité pour s’éclipser. Il m’a été impossible de le retrouver. Peut-être a-t-il suivi d’autres troupes. Bien entendu, je l'ai signalé ce qui m’a valu trois jours de prison… que du reste je n’ai pas faits. [...]"


A noter que le chenil de Lure, cité par mon grand-père, était le chenil de la VIIe Armée. Des régiments n'appartenant pas à cette armée (c'est le cas du 96e RI) avaient donc accès à ces installations.

4)Enfin, relevé sur le Net:

Bref historique des chiens de guerre en France :

"A la suite de diverses expériences menées dans divers pays, la France est le dernier pays à s'intéresser aux chiens "militaires", vers la fin du XIXème.
C'est avec la guerre de 1914-1918(1), que l'organisation des chenils deviendra formelle au sein des armées, mais encore faudra-t-il bien d'hésitations et de tâtonnements, et avoir vaincu les oppositions ou plutôt le scepticisme pour en arriver à l'usage rationnel des chiens au combat. C'est la pression d'une certaine l'opinion publique, civils et militaires, qui le "le 20 septembre 1915 [fera céder] le ministre de la guerre Millerand". En fin décembre 1915, un service de chiens de guerre est créé et est rattaché à la direction de l'Infanterie.

Les débuts ne sont pas encourageants, faute d'une bonne organisation.
En 1917, on songe à supprimer le service des chiens de guerre, mais Clemenceau et Foch décident au contraire de le maintenir, après son entière réorganisation. La direction (capitaine Malric) est directement rattachée au cabinet du ministre de la Guerre. On s'attachera à dresser les chiens sanitaires, les chiens sentinelles et les chiens de liaison. Ce n'est qu'en 1918 qu'on adoptera le dressage des chiens de traits (qui a tant de succès en Belgique - 1911) et des chiens porteurs (15kg) et même des chiens télégraphistes(2).
Il aura fallu trois années pour enfin obtenir de très bons résultats, ce qui donnera lieu à de nombreux récits d'exploits de chiens, dont une bonne partie sera décorée en cours de guerre.

(1) Toutefois les chiens sanitaires ont été mis en place avant 1914 : M. Lepel-Cointet et le Docteur Granjeux - co-fondateurs de la "Société nationale du Chien sanitaire en 1908 - avec premiers essais dans les armées. Leur volonté est directement liée au fait que lors des guerres et particulièrement celle de 1870, les armées avaient du mal à "récupérer" leurs soldats disparus, (Par exemple pour explorer le champ de bataille, on utilisait le principe du "râteau" en mettant en ligne des brancardiers, à deux mètres l'un de l'autre, chargés de fouiller le terrain - soit 500 hommes pour 1km !!!).
(2) On trouvera encore des chiens "dératiseurs" dans les magasins d'approvisionnement, les tranchées, et aussi des chiens patrouilleurs ; en 1940 des chiens anti-chars, anti-gaz, des chiens colombophiles ; en 1950-1960 apparaissent les chiens détecteurs de mines, et des chiens parachutistes - voir leur usage actuel dans la recherche de personnes (tremblement de terre par exemple), de drogue, d'explosifs, etc.

Au début 1916, les généraux Castelnau, pour la IIème Armée, et Maud'huy, pour la VIIème armée, on demandé respectivement au Capitaine Tolet et à M. Méguin d'organiser des chenils au sein de leur armée.

L'organisation rationnelle des chenils a conduit de créer une sorte de hiérarchie des chenils selon leur fonction au regard de la gestion et de la formation des chiens. Ainsi au dernier niveau (le 5ème) on trouvera les "chenils d'Armée" dont la mission est d'entretenir et perfectionner les chiens et de former leur conducteurs (je pense qu'il s'agit des "maîtres-chien", comme on dit à présent), c'est ce que laissent entrevoir vos photos "canines".
(Pour mémoire au 6ème niveau on trouve les hôpitaux militaires canins, créés en 1917, pour les chiens malades ou blessés).

Tout ceci à la gloire des 15 000 chiens de guerre mobilisés en 1914-1918 et dont 5 321 furent tués ou portés disparus."
Henri FRIGOUL
le 22 novembre 2003



A bientôt,

Frédéric Avenel[/i]
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Jean-Claude Poncet
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Re: CHIENS SOLDATS

Message par Jean-Claude Poncet »

Bonsoir,
Voici pour répondre à votre interrogation sur les chiens de guerre.
Je possède quelques belles images de chiens chez nos braves chasseurs de Savoie mais ne les ai pas préparées pour les mettre à votre disposition. Le document est un peu long mais c’est ainsi...

Article paru dans « Lectures pour tous » du 1er juin 1919.
LES CHIENS DU FRONT RENTRENT CHEZ EUX
Ils ont été les compagnons du Poilu, ces braves toutous qui ont, comme lui, couru tant de dangers, et rendu tant de services à nos armées. Au moment où ils rentrent dans la vie civile, n’est-il pas juste d’envoyer un mot d’éloge à ces bons combattants ?
Voici qu’à leur tour, les chiens de guerre sont démobilisés ! Il’ n’est point de poilu qui, à cette nouvelle, n’évoque en sa pensée l’image d’un compagnon de misère à quatre pattes et ne lui accorde un souvenir ému. C’est que le chien de guerre a partagé toutes ses bonnes et mauvaises heures, vivant souvent de la même gamelle dans les tranchées, sommeillant la nuit sur la même botte de paille dans les cagnas, râlant sous les mêmes vagues de gaz asphyxiants, mourant parfois du même obus. Mais des poilus se souviendront aussi que, s’ils purent continuer à combattre; à certaine heure critique, que s’ils ne furent point fait prisonniers, que si même, ils sont encore de ce monde, ils le doivent à l’obscur dévouement d’une, pauvre bonne bête que rien, cependant, ne destinait au métier de héros.
Pendant cette terrible guerre de cinquante mois, il a fallu demander en effet, au meilleur de nos frères inférieurs, l’emploi de tous les dons merveilleux d’intelligence, d’endurance et de fidélité que la nature lui a si largement départis. Aussi le chien de guerre a-t-il été de toutes les tragédies, petites et grandes, qui ont eu pour théâtre le champ de bataille, et souvent on lai a demandé des sacrifices que l’homme ne pouvait accomplir.
On ne sait guère qu’au cours de ces quatre ans et demi de guerre, plus de 15 000 chiens de races différentes, mais principalement des chiens de berger de la Beauce, de la Brie et des Pyrénées, des dogues et des bouviers, des ratiers et des chiens de montagne ont été mobilisés aux armées. Presque tous ont été donnés, ou prêtés par leurs propriétaires qui rarement s’en séparèrent sans chagrin.
La proportion des pertes montre que le sacrifice demandé fut loin d’être inutile. Quand, quelques semaines après l’armistice, on fit le recensement des chiens de guerre, on constata que plus de 35 % d’entre eux étaient morts ou disparus : 4 000 en chiffres ronds, étaient morts au champ d’honneur, tués par les balles, les obus; les torpilles et les bombes ou morts des suites de leurs blessures ; 1 500 étaient disparus, faits prisonniers ou perdus au cours des vicissitudes des combats ou des déplacements de troupes.
UNE IDÉE QUI FAIT SON CHEMIN.
L’idée de mobiliser les chiens est venue du souvenir des services remarquables que rendirent, en 1836, les quarante chiens éclaireurs de la compagnie franche du capitaine Blanpin, dans l’expédition de Constantine. Les surprises qu’ils évitèrent, les embuscades qu’ils déjouèrent sont demeurées légendaires et trace en a été conservée dans les archives du ministère de la Guerre.
On savait aussi que l’armée allemande, de 1885 à 1914, avait soigneusement préparé des équipes de chiens éclaireurs, destinées à accompagner les sections d’infanterie et, chez nous, plusieurs officiers, préoccupés du soin avec lequel les Allemands paraissaient préparer tout ce qui leur pouvait être utile en cas de conflit européen, tentèrent de doter l’armée française de sections de chiens de combat et de chiens sanitaires. Parmi ceux-là, il convient de citer le capitaine Lauth du 67e d’infanterie, le lieutenant Faucher du 21e bataillon de chasseurs, le lieutenant Jarry du 5e dragons et le lieutenant Buer du 9e bataillon de chasseurs. Leurs chiens furent utilisés aux manoeuvres surtout comme chiens porteurs d’ordres. Des rapports élogieux suivirent ces essais, et ce fut tout. On ne croyait pas à la guerre : alors, à quoi bon !
L’initiative privée, heureusement, était moins dolente. Quand éclata le coup de tonnerre de 1914, dès les premiers jours d’août; la Société nationale du chien sanitaire offrait au ministère de la Guerre une centaine de chiens dressés à la recherche des blessés. Presque tous devaient disparaître dans la tourmente de Charleroi. La plupart de nos soldats blessés gravement demeurèrent sur les champs de bataille et, comme il avait été, par suite de ces circonstances, à peu près impossible de se rendre compte de l’utilité réelle de ces pauvres bêtes, une incroyable circulaire ministérielle, datée du 15 septembre 1915, supprima l’emploi des chiens sanitaires aux armées.
Cependant nombre de nos officiers furent appelés à constater que, dans l’armée allemande, l’emploi des chiens avait maintes fois déjoué des coups de mains de nos soldats. Beaucoup de nos chasseurs alpins avaient amené avec eux leurs chiens personnels, de belles bêtes de montagne, dévouées et admirablement dressées. Comme elles sauvèrent bien des sentinelles et même des petits postes, et que cela fut répété, on fut bien obligé de se rendre compte que l’utilisation des chiens, sur une grande échelle, donnerait des résultats sérieux. Ce ne fut cependant qu’au mois de décembre 1914 que le 12e bataillon de chasseurs fut doté d’une première équipe officielle d’une douzaine de chiens.
L’armée de l’Est était commandée par un chef ouvert à toutes les idées pouvant apporter un supplément de sécurité à ses hommes : le général de Castelnau. La proposition lui fut faite de créer un chenil militaire pour son armée : il accepta. Des chiens furent demandés un peu partout : ils arrivèrent assez nombreux, et le dressage commença.
Un chenil militaire était aussi créé à l’armée des Vosges et d’Alsace et une quinzaine de dresseurs professionnels venaient en hâte instruire une soixantaine de chiens. En novembre 1915, notre IIe et notre VIIe armée avaient à Toul un chenil central, dont tous les sujets avaient donné depuis quelques mois les résultats les plus heureux. Le 25 décembre 19I5, M. Millerand, alors ministre de la Guerre, reconnaissait officiellement les chenils militaires et rattachait le service des chiens de guerre à la direction de l’infanterie.
Il avait fallu un an et demi d’efforts individuels pour en arriver là, mais enfin, mieux valait tard que jamais et notre armée allait être dotée d’une organisation sérieuse dont les services n’allaient pas tarder à surprendre même les plus optimistes. Peu à peu chaque armée eut son chenil central particulier, et l’on peut dire qu’à la signature de l’armistice, les 10 000 à 11 000 chiens de guerre, qui étaient en service sur les divers fronts, constituaient la sélection la plus, belle qui existât au monde.
POUR RAVITAILLER LES COMBATTANTS.
Ce ne fut qu’à la suite tâtonnements et d’études que le service des chiens de guerre fut mis au point. Ainsi, à partir du début de 1916, on reconnut que certaines races de chiens, seules, étaient propres à un bon dressage. Il fallut presque totalement écarter les chiens de chasse, dont les fonctions furent limitées au rôle d’avertisseurs. Mais, par contre, tous nos bergers français, les bergers belges de Malines, de Groenendael et de Tervueren, les bergers écossais, les grands loulous et les bâtards de ces races, donnèrent des résultats surprenants. Ce furent tous d’excellents chiens avertisseurs et de liaison, Les dogues, les bouviers, les mâtins devinrent de merveilleux patrouilleurs. Dressés à l’attaque, ils étaient lancés contre l’ennemi, et capturaient, non sans rudesse, des prisonniers. Les chiens de montagne devinrent des chiens d’attelage et des chiens porteurs. On ne saura jamais les services que rendirent ces animaux, notamment -pendant les opérations de 1918.
Les chasseurs à Grivesnes, les cuirassiers des 4e et 8e régiments à Moreuil, les cuirassiers du 11e régiment en Champagne qui tinrent tête pendant des journées à des forces supérieures et qui furent maintes fois séparés du gros des troupes de soutien par d’épouvantables tirs de barrage, ne furent ravitaillés en première ligne, tant en vivres qu’en munition, que par des chiens de montagne. A l’arrière, ces robustes et courageuses bêtes étaient chargées de douze à quinze kilos de grenades réparties dans les deux poches d’une sorte de sac posé sur leurs reins. Les dresseurs leur pointaient le nez dans la direction des soldats à ravitailler et – ne sourions point de ce touchant élan – les lâchaient, après les avoir embrassés comme de bons amis qu’on ne reverra probablement plus. Les chiens dressaient les oreilles, rampaient un instant sur le sol, puis à toute allure filaient sous les obus. Ils étaient si parfaitement dressés, qu’on les voyait agir comme des hommes, se terrant un instant dans les trous d’obus, puis repartant jusqu’à un autre trou d’obus.
Souvent une balle de mitrailleuse jetait bas le pauvre chien qui poussait un cri plaintif et cherchait un trou pour mourir. Plus souvent encore un obus éclatait à côté de lui, un éclat venait frapper le chargement de grenades : tout sautait et la malheureuse bête était volatilisée. Mais sur cent cinquante chiens lancés, les trois quarts arrivaient à destination. Là encore les poilus les embrassaient, parfois les larmes aux yeux. Puis ils prenaient les grenades et, sous la rafale, les chiens repartaient vers l’arrière, reprendre un nouveau chargement. La section qui ravitaillait ainsi le 11e cuirassiers fut de beaucoup la plus éprouvée, mais sa vaillance et son excellent dressage furent l’objet de félicitations officielles du haut commandement, ce dont le lieutenant Hautecloque, qui la commandait, fut justement fier. Ces jour-là, les chiens de guerre avaient bien mérité de la Patrie.
HÉROS A QUATRE PATTES.
Le dressage des chiens durait généralement un mois. Après quoi ils étaient bons pour le front et, en chemin de fer, ils rejoignaient les chenils des armées où ils étaient mis pendant quelque temps en contact avec les poilus destinés à devenir leurs conducteurs en première ligne.
Dès lors la vie d’aventures, la vie infernale commençait : interminables stations au bord d’un trou, à côté d’une sentinelle immobile, longues heures passées avec le masque contre les gaz asphyxiants sur le museau, voiturettes parfois chargées de plus de cent kilos de vivres et de munitions qu’il fallait traîner là où ni chevaux ni mulets ne pouvaient parvenir, courses à la mort sous les rafales d’obus, attaques furieuses, où, tout comme des poilus, les grands bergers malinois sautaient à la gorge des Allemands et les terrassaient.
Une balle, un obus, une bombe, un coup de baïonnette venait souvent, hélas ! mettre fin à la carrière du brave animal. Les soldats savent combien de fois nombre d’entre eux ont commis l’imprudence de risquer leur vie pour sauver leur chien blessé, tombé entre les lignes. C’est que le plus souvent ce n’était pas seulement par un sentiment de tendresse vis-à-vis du chien, mais par un véritable sentiment de reconnaissance. On ne compte plus les chiens qui ont arraché des officiers ou des soldats à une mort certaine, et si la chronique officielle n’a point gardé les noms ou les matricules de ces nobles bêtes, il n’est guère de troupier qui ne puisse conter une histoire touchante où le chien de guerre joue un rôle splendide.
SURTOUT, SOIGNEZ-LES BIEN !
La guerre finie, il fallait bien songer à démobiliser l’armée canine. Les livrets de chaque animal indiquant leur origine, les propriétaires qui les avaient prêtés ont été invités à les reprendre, mais c’est le petit nombre. La majorité des chiens de guerre n’a plus d’autre maître que le soldat, ce qui rendit la démobilisation assez délicate.
L’administration de la guerre a jugé sage de faire revenir au chenil central militaire de Satory, que dirige le capitaine Beur, tous les chiens disséminés dans les chenils d’armée. Ils sont revenus par lots de 300 à 400. Puis là, ils ont été divisés en deux grandes catégories : les uns ayant de la race, les autres, ceux qui n’en avaient pas. Ces derniers n’en sont pas moins de bons et braves chiens qui ont fait leur devoir comme les autres. Les premiers ont été vendus à des amateurs pour la somme bien modeste de cent francs. Aussi nous n’étonnerons personne, en disant que cela s’est su dès les premiers jours et qu’il s’est trouvé tout de suite beaucoup plus d’amateurs qu’il n’y avait de chiens à vendre. Il serait donc inutile de chercher maintenant à s’en procurer:
Ceux de la seconde catégorie ont été donnés à ceux qui les désiraient, à la seule condition que les bénéficiaires prissent l’engagement de ne point les vendre et de bien les soigner. Ces chiens méritent tous les égards et l’engagement a toujours été pris de grand cœur. A la date à laquelle paraît cet article, ce qui reste de chiens disponibles ne se trouve plus à Satory, mais au chenil-dépôt du jardin d’acclimatation. Parmi ceux qui ont demandé des chiens de guerre se sont trouvés quantité de poilu qui ne regardaient guère la race ; ils cherchaient surtout à retrouver un compagnon de campagne, et quand cela est arrivé, car c’est arrivé quelquefois, nulle phrase ne saut rait traduire la joie du poilu et de l’animal.
LA SÉANCE CONTINUE.
L’institution de chiens de guerre ne disparaît pas du fait de la démobilisation des animaux. Le chenil central de Satory reste un dépôt central et une école où une pépinière de chiens de guerre continuera à être instruite.
Maintenant, de même que des poilus restent au front, un certain nombre de chiens restent à l’armée. Des auxiliaires de sentinelles et des chiens de liaison demeurent dans les corps qui assurent la garde du Rhin.
Une autre catégorie de chiens, celle des porteurs et chiens de trait, reste également mobilisée. Après avoir fait la guerre, ces animaux ont à contribuer à la renaissance de nos régions libérées. 100 voiturettes et 300 chiens notamment sont affectés au ravitaillement de la ville de Lille. Chaque attelage véhicule quotidiennement cinq à six mille kilos de marchandises diverses. Pour nos bons serviteurs à quatre pattes, comme pour tant d’entre nous, ce n’est point assez d’avoir donné toutes les preuves de courage : la paix exige d’autres luttes, il faut être à la place d’honneur et faire son devoir.

Cordialement.
JCP.
cat74
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Re: CHIENS SOLDATS

Message par cat74 »

D'après la lettre du grand père de Frédéric, les chiens étaient dressés dans un chenil et après affectés à un soldat, donc il n'y avait absolument aucun lien affectif entre eux. Qu'en était il de l'obéissance de ces chiens à leur nouveau maitre. Dans le cas cité, le chien a filé et le soldat ne l'a pas retrouvé
Cordialement
Catherine
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Alain Dubois-Choulik
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Re: CHIENS SOLDATS

Message par Alain Dubois-Choulik »

Bonjour,
Je me suis toujours étonné qu'on ne trouve rien de précis sur le web. J'avais un berger des pyrénées (pas le gros, le petit faussement appelé labrit), dont on vantait les exploits pendant la guerre ( pas les siens !), mais je n'ai trouvé que des "on dit"
- En premier lieu, il y a les qualités indiscutables et, principalement, une intelligence qui, durant la première guerre mondiale, lui valut la réputation d'être " le chien de liaison le plus intelligent, le plus roublard, le plus rapide et le plus habile " de l'armée française

- La race fut presque décimée pendant la Première Guerre alors que le petit chien -qui en temps de paix accompagnait les contrebandiers- servait d'agent de liaison dans les tranchées.

Peut-être que quelqu'un du coin en sait plus
Cordialement
Alain
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Alain Dubois-Choulik
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Re: CHIENS SOLDATS

Message par Alain Dubois-Choulik »

Bonjour,
Ce livre est réédité - on trouve toujours l'original, mais le prix "y est !" - y compris d'occasion :
http://livres.kelkoo.fr/ctl/do/search?s ... tId=150401
(Un régal)
Alain
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J-L Jalabert
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Re: CHIENS SOLDATS

Message par J-L Jalabert »

Bonsoir,

Voici une bonne occasion de glisser une carte sympa .
On n'est pas sur H....FORUM quoi ! :lol:

Cdlt
J-Luc
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