Commémoration: texte important du général BACH

chanteloube
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Re: Commémoration: texte important du général BACH

Message par chanteloube »

Bonjour à toutes et à tous,
Quelques temps avant sa disparition le général Bach m'avait fait parvenir un texte. Probablement l'avait-il envoyé à d'autres ....
Il est long, compact, essentiel.

Il me semble que le temps est venu de le faire connaître:

Les Commémorations du Centenaire de la Guerre de 1914-1918 ne sont pas encore terminées mais je peux dès à présent faire part de ma consternation devant la façon dont le pouvoir politique mène ces commémorations. Et pourtant, il est de son devoir de mettre en scène le souvenir d’un évènement qui est constitutif de la mémoire de notre Nation. 1914-1918 dans notre imaginaire Républicain renvoie à un évènement aussi important que celui du 14 Juillet. Le 14 Juillet 1790, les représentants des provinces sont venus à Paris jurer fidélité à la Nation. A l’école, on a appris qu’en 1914 les Français se sont levés en masse dans une « union sacrée » pour récupérer les provinces perdues d’Alsace-Lorraine arrachées par la force après la guerre de 1870. En outre, sur toutes les places des villes et des villages de France s’élèvent des Monuments dits « aux Morts » qui rappellent la saignée démographique qui a ravagé l’Hexagone avec une intensité jamais vu
depuis la peste noire au 14eme siècle. Un tel évènement oblige l’Etat à lui donner du sens. Il est dommage de dire, à l’observation de
cérémonies réalisées depuis 2014, que cela, à l’exception de la commémoration au Chemin des Dames, a été complètement raté. Tout d’abord, une évidence, il n’y pas eu de communication d’Etat. Ce dernier s’est simplement invité à des cérémonies organisées sur le plan régional. Ainsi, la première manifestation a eu lieu dans les Vosges, le 3 Août 2014, au cimetière Militaire du HARTMANS WILLERKOPF, suite à la volonté de la Région Alsace et des Lander allemands limitrophes de rappeler les sauvages combats de 1915 et 1916.
Comment faire comprendre aux Français qu’il ait fallu commémorer l’entrée en guerre de 1914, en ces lieux. En évoquant des faits qui se sont passés en 1915 et 1916. Le Président Allemand, convié à cette manifestation, aurait pu dire qu’en 1914, au HWK, le 3 Août, il aurait été sur un territoire allemand envahi par l’armée française. On n’a eu droit qu’à un pâle « remake » de la photo de Mitterrand-Kohl. Et à des discours dont on a oublié le contenu. Et pourtant, en cet anniversaire, du début de la guerre, il y avait à faire apparaître avec éclat un évènement majeur : Celui qui a fait que 100 ans après Waterloo, l’armée anglaise foulait à nouveau le sol belge, non contre, mais aux cotés de l’armée française. La Grande Bretagne a envoyé la fine fleur de son armée commandée par ses meilleurs généraux et s’est montrée un allié fidèle dans l’adversité.
En dépit de l’atmosphère de défaite en fin du mois d’Août 1914, le Corps expéditionnaire Britannique n’a pas plié et a joué sa partie dans la victoire de la Marne.
J’attendais une communication de l’Etat pour marquer la profonde gratitude que la Nation Française envers le peuple Britannique. Une Nation, qui se respecte, se reconnait à de tels gestes. Ce dédain du service rendu et cet oubli de l’histoire à enseigner à nos enfants m’a empli de la plus grande consternation.
Le 12 Septembre 2014, le Premier Ministre prononçait à Mondement un discours très convenu sur les lieux où l’armée Foch était en passe d’être percée par l’attaque allemande en 1914. On a déjà oublié ce discours qui exaltait l’audace des Français. Et, pourtant, pour évoquer la bataille de la Marne, il y avait nécessité de rétablir la vérité historique. Au lieu d’avoir présenté aux badauds parisiens le défilé maigrelet de quelques Taxis, dits « de la Marne » il aurait été judicieux de mettre en valeur l’action de l’Armée Maunoury , armée improvisée constituée de
divisions défaites, d’un renfort de divisions de réserves mal encadrées et mal armées et d’unités
hâtivement prélevées en Afrique du Nord, qui s’est jetée sur le flanc de la redoutable armée de Von Kluck, provoquant par son action la décision du haut commandement allemand de stopper son offensive et de se replier. Au prix de pertes sanglantes suite à son manque d’entrainement, elle a su manifester un esprit de sacrifice absolument nécessaire, dans ces circonstances anxiogènes. Le 11 Novembre 2014, le gouvernement pratiquant à nouveau la stratégie du coucou s’est invité à l’inauguration de l’Anneau de la mémoire à notre Dame de Lorette érigé sur l’initiative de la Région Nord - Pas de Calais. Sur cet anneau sont gravés les noms des combattants des différentes nationalités qui ont perdu la vie
dans cette région : 600 000, deux fois plus qu’à Verdun. Cette inauguration aurait mieux pris place en 2015, centenaire de l’année 1915 où la majorité des victimes est tombée dans les effroyables offensives d’Artois du printemps et de l’automne. C’est cette même année qui a vu le plus grand nombre de pertes de la guerre, d’une ampleur telle que si cela avait continué à un tel rythme, l’armée française se serait écroulée en 1918 par manque d’effectifs. L’idée de cet anneau était bonne. J’eusse aimé que sur initiative de l’Etat français, les chefs d’Etat des pays entré en guerre en 1914, à l’exception de la Belgique, soient venus devant cet anneau, et se tenant par la main, dirent la responsabilité de leurs prédécesseurs qui s’étaient conduits comme des « funambules », suivant l’heureuse expression de l’historien Georges Henri Soutou, devant le désastre qui se profilait à l’horizon . Cette déclaration aurait permis de faire comprendre aux spectateurs et aux téléspectateurs la raison pour laquelle les 600 000 victimes venus de pays très lointains, australiens, néo- zélandais, indiens, magrébins, africains sub-sahariens au côté de français, britanniques et allemands en sont venus à s’étriper, sans se connaître, sur ces territoires du Nord de la France. Au lieu de cela, on a eu une commémoration dans le style des célébrations de comices agricoles, le Président de la République serrant les mains des élus locaux et s’entretenant devant l’anneau avec des jeunes triés sur le volet pour une séquence télé. On avait l’impression que le président ne se sentait pas
concerné et avait l’air de considérer ces victimes comme ceux causées par un gigantesque tsunami, gommant ainsi la responsabilité des hommes politiques. Le choix du 11 Novembre 2014 montre en outre que dans l’optique gouvernementale, cette commémoration signifiait que le cycle des commémorations de 14 – 18 se terminait dès fin 2014, après un cycle de 6 mois. Il est exact qu’en 2015, il n’y a plus eu de commémorations nationales. Le pire était à venir en 2016 pour commémorer Verdun. On ne va pas revenir sur ce triste épisode où on a présenté à la jeunesse une chorégraphie pour analphabètes au milieu des tombes du cimetière militaire. Le retrait d’un spectacle de rap n’a pas empêché de créer la polémique. La responsabilité de ce pataquès en incombe aux idéologues du « Secrétariat aux Anciens Combattants
et à la Mémoire » qui nous ont expliqué, qu’à cette occasion, cent ans après l’évènement, il fallait comme l’a déclaré Serge Barcellini au « Monde » « dépêtainiser » Verdun, laissant entendre qu’à cette occasion des sectateurs du Maréchal condamné à mort pour son rôle à la tête de « l’Etat Français » allaient mener une offensive pour le réhabiliter. En conséquence, a été offert ce spectacle attristant. Certes, il y a 100 ans, la jeunesse franco-allemande était conviée à Verdun pour un spectacle où elle a servi d’acteur et à qui on a prodigué une profusion d’artifices pyrotechnique et ce pendant presque toute une année. Le résultat a été une mort par « overdose » de 300 000 jeunes, dont les corps ont constitué le gigantesque charnier en plein air qui est devenu les collines au nord de Verdun. Saint-Cyrien de la promotion Lieutenant-Colonel Driant, héros de Verdun, j’ai assisté avec mon Bataillon aux cérémonies du cinquantenaire en 1966. J’ai entendu le discours, impressionnant, du Général de Gaulle, écouté dans un silence recueilli et glaçant par une foule d’Anciens Combattants, mis aux places d’honneur face à l’ossuaire de Douaumont. Cinquante ans plus tard, le gouvernement, qui n’avait, apparemment, rien à dire sur cet évènement a choisi d’utiliser le vieil adage cynique de la Rome Impériale concernant la « gestion » de la plèbe : « donnez lui du pain et des jeux du cirque », meilleur
moyen pour évacuer les interrogations. Offrira t’on en 2044, alors que la génération qui a vécu 39-45 aura disparu, un spectacle dans les ruines d’ Oradour sur Glane, où on invitera, en guise de commémoration, les jeunes « teufeurs » à lever bien haut dans le ciel étoilé leurs briquets allumés en scandant en transe : « Allumez le feu » Offrira-t-on en cette même année, un spectacle grandiose à Auschwitz où, au milieu du déchainement des décibels, le ballet des rayons lasers croisant dans le ciel leurs trajectoires écarlates sera là pour appeler discrètement le rougeoiement issu pendant des années des chambres de crémation. Si on revient à Verdun, le retrait du spectacle de Black M a permis au secrétariat d’Etat aux Anciens Combattants d’en appeler à la défense républicaine face à l’offensive de la nébuleuse « fachosphère ». Cet appel a disparu du fait de sa boursouflure et de son insignifiance. Et pourtant, ce lieu de Verdun était l’endroit pédagogique idéal pour rappeler aux jeunes générations ce qui est arrivé quand les Nations européennes se sont enfermées dans les égoïsmes nationaux, la
détestation et la méfiance envers les voisins, à savoir une guerre civile dans un espace culturel commun à toute l’Europe. Nos gouvernants auraient pu rappeler en cette période de désamour pour la construction européenne le risque à courir d’en revenir à la situation d’il y a cent ans et aux horreurs qui se sont déroulés alors.
Au lieu de cela, on a donc eu une commémoration dénuée de sens. A ce sujet, j’ai été heurté par le silence de la communauté historienne. Les rares qui se sont manifestés, ont approuvé du bout des lèvres cette pantomime gouvernementale, au motif que les Anciens Combattants auraient pu penser qu’un concert serait la meilleure chose pour évoquer leur mémoire. Pour moi, l’historien n’a pas à intervenir dans ces jeux du pouvoir. Il est là pour traquer la vérité historique et dans cette fonction, il joue un rôle de passeur pour les jeunes générations, en leur livrant la réalité du passé, pour les aider par cette rétrospective à imaginer la prospective. Cette complaisance de certains historiens à justifier les choix du pouvoir est malheureusement devenue une constante à notre époque. Au début des années 1990, en parallèle avec la disparition rapide des survivants de la première guerre mondiale, un groupe d’historiens a publié un livre pour annoncer que tous les travaux antérieurs sur la guerre de 14 étaient à mettre au feu. Pour ces historiens dits de l’école de Péronne, la question essentielle concernant le premier conflit mondial était : « comment ont-ils tenus ? ». Leur réponse était qu’il fallait aborder ce problème en s’intéressant au seul domaine des mentalités. Dans cette optique, la réponse a été que cette guerre a été consentie par les populations qui de ce fait, ont entraîné les gouvernements. Cette théorie a envahi les publications et les programmes de l’éducation nationale qui insistent dorénavant sur les violences entre les hommes dans la guerre en donnant comme exemple comme sujet d’étude le génocide arménien.
Cette explication mono-causale a entraîné une faible réaction de certains historiens, dont ceux regroupés dans le collectif informel du CRID 14-18 (Collectif de recherche international et de débats sur 14-18) qui ont rappelé que la guerre est un évènement social et qu’il faut l’aborder à travers toutes ses facettes. En ce qui concerne les motivations des soldats pour tenir au front, cela peut être de la conviction, l’obéissance à des impératifs moraux ou civiques, la crainte aussi, en cas de désertion, d’être déshonoré et de ne pouvoir revenir vivre au foyer familial, voire, la peur d’être condamné à mort en cas de refus d’obéissance en présence de l’ennemi. Pour chaque individu, il faut étudier son statut social, son imprégnation par l’école de la République, ses convictions politiques, etc.… Ces motivations sont donc le résultat d’un ensemble de facteurs qui se combinent différemment suivant les combattants et suivant les péripéties de la guerre. On pourrait faire de même en recherchant les raisons qui ont poussé des dizaines de milliers de soldats à manifester lors des mutineries de 1917, à crier : « A bas la Guerre, la Paix ou la Révolution », et à inscrire ces slogans sur les wagons qui les amenaient en permission. Cette mise en garde contre une approche mono causale s’est traduit sous la plume des journalistes en école de la contrainte. Ainsi, a pu se perpétuer une polémique opposant deux camps, celui du consentement et celui de la contrainte. Bizarrement, cette polémique semblait derrière nous depuis le début du cycle des commémorations de 14-18. Une hypothèse serait que suite à la collecte de carnets et de correspondances des combattants européens, conservés dorénavant dans les dépôts d’archives, la thèse d’une impulsion sanguinaire des populations, comme raison du consentement à la guerre, a perdu de sa pertinence. Hélas, une nouvelle polémique est en train de chasser la précédente. Un petit groupe d’historiens s’est fait connaître au début des années 2010 en proposant de faire un autodafé des ouvrages des historiens, ouvrages à la base de ce qui a servi pour étudier l’histoire de la France. Michelet, Lavisse, Malet, Isaac ont inventé, d’après eux, un fatras de légendes mémorielles. Ainsi, des générations d’écoliers auraient appris une histoire nationaliste qui pousserait à la xénophobie et qui ne serait qu’un « roman national ». Le grand mot est lâché ! Et de même, qu’il a fallu pendant 20 ans lorsqu’on publiait des travaux sur 14-18, se positionner obligatoirement, dans le camp du consentement ou celui de la contrainte, il faudra dans les 20 ans à venir prendre position sur l’histoire enseignée au niveau planétaire ou bien sur l’histoire apprise
jusqu’à présent : Le roman national.
Le débat va s’amplifier car les politiques ont pris le relais. Pour les ayatollahs de la nouvelle histoire, on peut se passer de la description de l’aventure Napoléonienne sinon simplement en l’intégrant dans un cours thématique sur la traite négrière. Qu’importe de s’appesantir sur les détails des combats à Verdun, alors qu’il est plus judicieux de s’intéresser aux ravages de la grippe espagnole qui a touché tous les
continents. En définitive, les catastrophiques commémorations de 14-18 par le gouvernement se comprennent mieux quand on réalise que des historiens sectaires sont en train de mettre en pièces, avec rage le « roman national ». A Vimy-Arras, le 09 Avril 2017, nous avons fait presque aussi bien qu’à Verdun. Entre temps, nous avons passé sous silence gouvernemental la leçon que nous ont donné les britanniques pour la
commémoration du début de la bataille de la Somme à Thiepval : recueillement, effacement devant la parole des combattants. Bref, un peuple qui sait se souvenir de son histoire. Au monument de Vimy, devant 25 000 personnes dont 10 000 canadiens, le premier ministre, Justin
Trudeau, délivrait un discours inspiré. Evoquant avec sobriété et retenue la souffrance des soldats canadiens à Vimy, il rappelait que, grâce à Vimy, le Canada avait été autorisé à signer le traité de Versailles comme nouvelle nation indépendante, elle qui en 1914 n’était qu’un Dominion.
Et surtout il affirmait, qu’à Vimy, les composantes anglophones et francophones avaient combattu côte à côte avec la même détermination. Pour lui, ces soldats ont montré la voie pour un Canada, multiculturel qui reste aujourd'hui sa meilleure chance pour se projeter dans l’avenir.
Très bel exemple d’un discours d’état s’appuyant sur l’Histoire pour donner du sens au sacrifice des soldats canadiens.
L’après-midi, à Arras, retour à la fête à Neu-Neu. Sur la vaste place d’armes, on découvrait une sculpture qui m’a fait penser à un énorme gâteau au chocolat. Tout autour, elle était entourée par des bouts de cartons colorés avec des propos à la twitter, du style : faites l’amour, pas la guerre! Peace and Love! Non au nucléaire! Et j’ai compris ! Merdrre ! Bon sang, mais c’est bien sûr ! Ils nous font le coup du Bataclan, où spontanément des gens s’étaient dirigés vers la statue de la République pour déposer leurs réactions après cette tragédie. Ici, ce n’était qu’un pâle remake de cet évènement, cette fois, tout à fait téléguidé. Le message était clair. Victimes du Bataclan et victimes de la guerre étaient à mélanger, victimes du terrorisme islamique et victimes d’un conflit déclenché par des chefs d’état.
Bel exemple de confusion, voulu ? …. Ensuite, sont apparus autour du Président de la République et du Premier Ministre du Canada, les notabilités locales accompagnées de fillettes à qui ils donnaient la main. En promenade, ils sont venus déposer à leur tour, leur « haiku » auprès des autres cartons. On ne sait ce qu’il y avait dessus. J’ai noté sur le visage de Justin Trudeau un demi-sourire, lui qui le matin, s’était montré à la hauteur d’un homme d’état, obligé de se prêter à cette activité de patronage. Ensuite, une adolescente a lu un texte adjurant
la jeune génération à se montrer pacifique dans son coeur et à rejeter la pulsion de guerre. On continuait à utiliser les enfants comme faire-valoir médiatique! C’était plutôt aux hommes d’Etat de faire réfléchir sur le fait que les guerres ne sont pas déclenchées par les individus mais par les représentants du peuple. Après tout cela, les commémorations du 16 Avril 2017 laissaient craindre la continuation d’errements
aussi consternants.
Heureusement, la série des mascarades a pris fin et espérons le définitivement. Il sera utile de connaître quel est le responsable de l’agencement des cérémonies et le nom de celui qui a écrit le discours du Président de la République. C'était bien. Même l'animateur du reportage, sur France 3, Hauts de France, Ali Baddou, a été à la hauteur de la commémoration de l'évènement. Cela partait mal, toutefois. Jean
Yves Le Naour, historien talentueux et que j'aime bien, a proféré d'emblée une grosse contre-vérité. Je le cite: "ce sont les mutins qui ont contraint le Général Pétain à stopper les offensives". Je l'invite à aller à Vincennes consulter la cinquantaine de cartons qui traite de l'action du Haut Commandement entre Avril et Mai 1917 et surtout les fonds privés manuscrits, non publiés, des Généraux Hély d'Hoissel et de Barescut. Voici ce qu'on peut lire dans le manuscrit Hely d'Hoissel à la date de fin mars 1917. Pétain lui fait part de ses réflexions: "Voilà la situation
« Attendre de Nivelle qu’il soit beau joueur, qu’il reconnaisse avoir perdu la partie avant de l’avoir commencé, c’est trop exiger de l’amour-propre humain. Le pays tout entier a les yeux sur lui et attend de lui un acte d’énergie. Il n’a plus sa liberté de décision. Le vrai coupable en cette affaire c’est le gouvernement qui manque de patience comme le pays, qui pousse Nivelle à l’offensive à tout prix, sans même savoir si elle est actuellement possible et qui n’a pas su faire confiance à des hommes comme Joffre et Foch moins faciles à remplacer qu’on ne pense.
« Quelle erreur de croire qu’il suffit d’avoir une affaire heureuse, comme exécutant, pour acquérir d’emblée la hauteur de vues, l’oubli de soi-même, et l’exceptionnelle probité militaire qu’il faut pour commander en chef dans une guerre pareille ! La probité militaire dont je parle consiste, de la part du général en chef, à savoir dire au gouvernement la vérité, surtout quand elle n’est pas agréable à dire. Et ici la vérité est que le recul volontaire des Allemands nous oblige à attaquer dans des conditions mauvaises, contre la partie la plus solide de tout le front allemand et que la sagesse serait de remettre cette offensive à plus tard » Puis, après un silence, comme s’il regrettait d’en avoir trop dit, Pétain reprit avec force « D’ailleurs le temps est passé où nous pouvions espérer la victoire d’une percée locale du front allemand. Depuis deux ans l’ennemi a rempli le Nord de la France et la Belgique d’une série de positions fortifiées de plus en plus puissantes. Il a multiplié les voies ferrées transversales et les
moyens de transport automobiles. Il peut amener en huit jours 20 ou 30 divisions fraiches devant le front attaqué. Ce qu’a pu faire Foch dans la Somme, avancer de 15 km en terrain fortifié ennemi, on ne le fera probablement plus et on ne percera que le jour où on attaquera l’ennemi partout à la fois, et où toutes ses réserves seront, du même coup, immobilisées en même temps Mais tant qu’on attaquera sur 30 ou 40 km de front, et même plus sur 75kms comme vous allez le faire cette fois ci, il restera plus de 600 kms de front non attaqué et de tout repos, où l’ennemi ne laissera que le minimum de défenseurs et d’où il fera accourir toutes ses réserves C’est élémentaire. Et cette fois ci vous aurez contre vous, en plus, les réserves allemandes du front russe, puisqu’on ne s’y bat plus ! Les offensives partielles comme toutes celles qu’on a faites jusqu’ici : l’Yser et Verdun du côté allemand, l’Artois, la Champagne et la Somme du côté français n’ont pas donné de résultats décisifs.
Elles en donneront de moins en moins dans l’avenir, à cause de la puissance croissante des organisations fortifiées et de la facilité également croissante des transports de troupes par VF et par camions automobiles La guerre ne finira que par la victoire décisive de celui des deux adversaires qui pourra attaquer l’autre sur tout son front de la Mer aux Vosges, et j’ai confiance que nous serons les premiers prêts à cet
immense et décisif effort, grâce à l’entrée en guerre de l’Amérique, et aussi à l’énorme développement qu’ont pris depuis quelque mois nos fabrications de canons et d’obus. Mais il faut encore au moins un an de patience. Voilà ce que le général en chef, quel qu’il soit, doit avoir
l’honnêteté de dire au gouvernement et au pays Mais faire des offensives stériles et coûteuses en vies humaines pour calmer l’impatience de ceux qui ne se battent pas, c’est un crime. Ayant ainsi parlé, Pétain me reconduisit à ma voiture. Et au moment où j’y montais, il me proposa de me prendre à Ambonnay le lendemain matin à 9 h pour aller avec lui à Orrouy près de Compiègne voir manoeuvrer les tanks qui doivent participer à l’offensive prochaine et dont j’aurai probablement un groupe sous mes ordres." Convoqué à Paris, à l'insu de Nivelle, Pétain développait la même idée avec moins de brutalité devant le Ministre de la Guerre qui à l'issue de cet entretien avait acquis la conviction qu'il faillait arrêter l'offensive.
Ensuite, il faut lire les mémoires du Général de Barescut qui fut Chef d'Etat Major de Nivelle, et puis de Pétain au moment du limogeage de Nivelle. On y voit que, dès la nomination de Pétain début Mai au poste de Chef d'Etat Major Général près de Painlevé, il a ordonné à Nivelle de suspendre ces projets ultérieurs de continuation de l'offensive. Dans les archives, dans ses correspondances avec le pouvoir politique, Pétain ne justifie en aucun cas l'arrêt de l'offensive par l'obligation qu'il a de disposer d'une armée qui ne veut plus obéir. Il le fait pour les raisons qu'il a développées devant Hely d'Hoissel et Painlevé approuve son point de vue. Les mutineries n'éclatent que fin mai 1917. On peut difficilement imaginer, que dès le début Mai, Pétain ait eu la préscience de ce qui allait se passer. Si Yves Le Naour consulte cet immense corpus de documents, il ne pourra trouver qu'à la date du 1er Juin, une lettre du Général Maistre adressée à son commandant de groupe d'armée qui prend en compte dans sa décision d'attaquer, de l'état de certaines divisions en insubordination.
VI° ARMEE QGA le 1er Juin 1917
Etat-Major SHD 19 N 1055
3° Bureau
N° 2630/3 Le Général de Division MAISTRE
Commandant la VI° Armée
à Monsieur le Général Commandant le GAN (Général Franchet d'Esperey) L’état d’esprit qui règne actuellement dans certaines grandes unités, qui, sans être (jusqu’à présent : rajouté à l’encre sur la minute), inquiétant, mérite néanmoins de retenir (sérieusement : rajouté à l’encre sur la minute), l’attention), l’état de fatigue de certaines autres, apportent des éléments nouveaux qui peuvent ne pas être sans influence sur les possibilités de réussite de l’opération offensive envisagée et que je crois de mon devoir de soumettre très franchement à votre haute appréciation
….. Dans ces conditions, je suis amené à penser que si je ne dispose pas de 3 Divisions fraîches en arrière du 21° CA dont la 12° DI, qui sera dans de bonnes conditions pour relever ce CA quelques jours après les attaques et de Deux autres DI pour remplacer les 38° et 158°, soit au total 5 Divisions, il serait dangereux d’engager l’opération offensive projetée En remplacement des 4 Divisions nouvelles qui me seraient accordées, je pourrais rendre les 38°, 158° et deux sur 4 des Divisions restantes des 6° et 20° CA Dans le cas où ces 4 Divisions ne pourraient m’être accordées, j’estime qu’il serait préférable de se stabiliser sur nos positions actuelles et après avoir renforcé les organisations de remettre progressivement à la disposition du GQG les DI les plus fatiguées. Bien entendu, les travaux en cours pour la préparation de l’attaque seraient continués activement et le terrain laissé ensuite en sommeil pendant un certain laps de temps, de façon qu’une attaque puisse ensuite être montée rapidement lorsque les circonstances seraient plus favorables
Signé Général Maistre (autographe)
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La réponse immédiate du GQG sera de suspendre l'offensive, preuve que cette dernière attaque d'armée ne coïncidait pas avec la vision stratégique, dorénavant adoptée, tant au niveau politique que militaire. On voit bien, à travers ces exemples, que la décision de Pétain est bien antérieure aux mutineries. Elle repose sur un concept stratégique, mûri longuement à l'observation des conditions économiques, industrielles, technologiques et tactiques de la situation géopolitique du moment. Il est dommage qu'Yves Le Naour, avec beaucoup de fougue et d’assurance, se soit laissé aller à ce dérapage, d'autant plus que par la suite, il a été très bon. Pour le reste, il n'y a rien à dire.
Tout cela a été de très bonne tenue et un hommage respectueux a enfin été rendu aux soldats tombés dans la bataille du Chemin des Dames. Comment expliquer cela ? Je dirais tout d’abord que cela est dû au silence officiel entretenu pendant près de cent ans sur ce qui s’est passé en ces lieux. Ces lieux, ont gardé intact la mémoire des évènements dont le souvenir imprègne encore aujourd’hui les populations locales. Aussi, il n’aurait pas été possible d’imaginer un concert du style BLACK-M car l’indignation se serait répandue au-delà de la « fachosphère ».
Un discours passe-partout gouvernemental était impossible à faire en ces lieux, en 2017, car le travail de mémoire réalisé dans l’ombre depuis une vingtaine d’années par des associations de bénévoles ont fait que l’Histoire n’y peut être manipulée par les faiseurs de propagande officielle politiques et perturbée par les hypothèses de certains universitaires fondés sur des à priori et sur une méconnaissance étonnante des archives militaires, quand celle-ci ne sont pas interprétées d’une manière qui dénote une incompréhension de la correspondance militaire. Cela permet de rappeler que le CRID s’est crée contre le discours politiquement correct de Péronne et ce n’est pas un hasard si son siège social a été installé à la Mairie de Craonne. Ce groupe informel qui ne disposait pas des capacités de lobbying de l’Ecole de Péronne, omniprésente dans les médias, édition, inspection de l’Education Nationale, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, a trouvé naturel d’inscrire ses recherches au coeur de ce qui fut de manière évidente, un moment de contestation de la politique d’ « Union Sacrée ».
Le CRID a beaucoup appris au contact des chercheurs locaux et a été conforté dans sa conviction qu’on ne pouvait réduire la guerre aux pulsions des populations. Je tiens ici à rendre hommage à Frédéric Rousseau et à Rémy Cazals dont la rigueur voire la « roideur » dans le respect des trouvailles historiques m’ont marqué. J’ai été plusieurs années Vice-président du CRID pour signifier aux jeunes chercheurs qu’ils n'étaient pas obligés, pour réussir, de faire allégeance à la doxa « péroniène » et qu'ils n'avaient à juger qu'en fonction de ce qu’ils trouvaient dans les archives.
Cette longue cohabitation avec les associations qui, durant des décennies, venaient tous les ans, revisiter, de manière non officielle, ces tragiques évènements que la France jacobine gardait sous le boisseau, a été une découverte pour moi. J'ai connu notamment l'Association "Soissonais 14-18" avec Jean-Luc Pamart, Denis Rolland et surtout l'ancien maire charismatique de Craonne, Noël Genteur, personnage hanté par la tragédie du Chemin des Dames. Au delà, l'impact mémoriel de ce lieu, touche toute la France. Il est symptomatique que la « chanson de Craonne » ait été interprétée par une chorale scolaire des Pyrénées Atlantiques. On ne peut comprendre cela si on ne sait pas que c'est le 18ème RI basco-béarnais qui a emporté Craonne et le plateau de Californie puis qui s'est mutiné fin mai 1917.
Durant ces longues années, j'ai côtoyé en ces lieux des associations comme la Libre Pensée, la Ligue des Droits de l'Homme, "Les Chemins de la Mémoire Sociale" avec l'impressionnant Didier Cochet et aussi des personnalités qui m'ont beaucoup marqué comme Marc Blondel et surtout Jacques Tardy, immense dessinateur qui m'a mieux fait toucher du doigt ce qui avait pu être la souffrance des hommes. Véritable boule d'émotions, écorché vif, la mémoire de ces évènements bouillonne chez lui encore de manière incandescente.
Cette dernière commémoration pourrait laisser à penser qu’un redressement est possible. Néanmoins, je reste pessimiste en considérant que ce n'est peut-être qu’un baroud d’honneur de l’histoire nationale. Comme je l’ai indiqué plus haut, la conjonction entre les deux entreprises de démolition de la réalité de notre passé historique qu’ont été l’Ecole de Péronne et maintenant le groupe d’historiens bling-bling qui se caractérise par sa rage à mettre en pièce le soi-disant « roman national », sont des moyens particulièrement utiles aux politiques de tous bords attentifs à se défausser de leurs responsabilités historiques et à pouvoir oser des opérations de communication en mélangeant des évènements sans rapports entre eux pour faire oublier aux citoyens d'où vient la Nation. Qu'un ex-ministre, énarque déclare à Alger que la colonisation est un crime contre l'Humanité traduit sans surprise ce que l'on pense de la manière dont l'Histoire est enseignée à ces hauts fonctionnaires et
surtout de ce qu'ils en retiennent. J'aurais dit que lors de la conquête de l'Algérie entre 1830 et 1848, certaines actions de l'Armée Française seraient de nos jours qualifiées de crime contre l'Humanité, pas la colonisation en général. Ce ne sont que propos politiciens qui traduisent le faible vernis historique de son auteur. Ce qui est plus préoccupant est que je crains que nos nouveaux historiens bling-bling ne proposent à l'Education Nationale une étude thématique sur le sujet: "la colonisation, crime contre l'Humanité". Certes, le peuplement planétaire s'est fait par d'immenses migrations humaines qui ont chassé et détruit les occupants autochtones. On peut se poser la question de savoir si la colonisation de la planète par l'Homo-Sapiens n'a pas été accompagnée du génocide des hommes de Neandertal. Ensuite, ces nouveaux historiens nous proposeront d'étudier les différents empires mongols, du Moghol, du Macina sans parler de la flopée d'autres empires. Qui dit Empire dit Colonisation et donc décolonisation toujours cruelle. Enfin, cela permettra d'en arriver à un épisode de repentance en expliquant que les pires colonisateurs ont été les Européens qui, seuls, ont colonisé tous les continents par delà les mers.
En bref, l'Europe serait mise au ban de l'humanité car étant le continent le plus criminel dans l'histoire de la planète. Et à partir de ce moment là, on pourra battre notre coulpe. Bien sûr, pour enseigner tout cela, il faudra mettre au rencard l'Histoire des Grands Hommes qui ont fait la France: Jeanne d'Arc, Napoléon, De Gaulle, Jean Moulin, Mendès-France, histoire enseignée avec talent par nos professeurs d'histoire et qui est un peu à la base de ma décision d'entrer dans l'Armée Française. Tout cela est en route. Quant on voit qu'on a inhumé au Panthéon Jean Zay, au titre de la Résistance en ignorant Pierre Brossolette, au motif que le premier a été un "résistant potentiel", "empêché ". Que son nom apparaisse au fronton des écoles pour son action exemplaire pendant le Front Populaire au profit de l'éducation ne pose pas de
problèmes et mérite d'être encouragé et mis à l'honneur. Son statut de victime de la milice est évident. Ceci, étant, on a du mal à comprendre que ce futur ministre de l'Education Nationale se soit laissé abaisser, à écrire un poème ordurier sur le drapeau français à la sortie de cette guerre si douloureuse, alors qu’autant d'hommes ont été ensevelis couverts de ce drapeau. Rouler dans la boue, l'incompétence et le sadisme des généraux, l'égoïsme des classes possédantes, des profiteurs de guerre, ne pose pas de problèmes mais, cracher sur le drapeau, symbole des conquêtes révolutionnaires, aurait dû entraîner de la part de son père qui venait de vivre la guerre, une bonne paire de claques. Certes, on a échappé, au temps du Président Sarkozy, à la panthéonisation de Guy Moquet pour représenter la résistance patriotique de la jeunesse à l'occupant. Bref, tout cela, en une période où je suis frappé par une maladie incurable ne m'incite pas à l'optimisme. Je fais le voeu qu'une nouvelle génération brise ce cycle mortifère qui entraîne la recherche universitaire à se détourner de l'étude de l'Histoire pour, à cheval sur des Rossinantes" se lancer contre de nouveaux moulins à vents. Général André BACH
17 Avril 2017


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Arnaud Carobbi
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Re: Commémoration: texte important du général BACH

Message par Arnaud Carobbi »

Ce sujet a été déplacé de la catégorie Forum Pages d'Histoire vers la catégorie Pages d'aujourd'hui : actualités 14-18 - commémorations par Arnaud Carobbi

Bonjour,

Publié dans la Nouvelle revue d'Histoire en juillet dernier.
https://www.la-nrh.fr/2017/07/un-plaido ... eral-bach/ (extraits)

Cordialement,
Arnaud
garigliano1
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Re: Commémoration: texte important du général BACH

Message par garigliano1 »

Bonjour Arnaud,

Effectivement, j'avais signalé alors la parution de cet article même tronqué aux membres du forum conformément à ce qui avait été convenu entre nous. pages1418/Pages-d-aujourd-hui-actualite ... 4488_1.htm

A noter que vendredi, au cours du colloque "comment écrire le guerre" du Crid 14/18 , un hommage lui a été rendu

Image

Cordialement,
Yves
chanteloube
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Re: Commémoration: texte important du général BACH

Message par chanteloube »

Bonjour à toutes et à tous,
bonjour Arnaud, bonjour Yves,
Le général Bach, qui a veillé sur les premiers pas de mes recherches sur le 15°Ca, comme sur celles de bien d'autres passionnés, m'avait envoyé ce texte dans une version "word ouverte" pour que je lui communique mes remarques, ajoutant qu’après sa parution je pouvais le communiquer au "grand public". C'est la raison pour laquelle je l'ai intégralement proposé sur le forum, persuadé que le moment était venu de le faire.
Le général m'a légué une partie de sa bibliothèque et surtout "un catalogue répertoire" des Archives et des documents consultés pour son premier travail sur les fusillés. J'ai été abasourdi par la somme de ses annotations, du travail que cela représente. J'ai compris pourquoi il dormait si peu et répondait à mes mails vers 1heure du matin.
La lecture de son ouvrage "Fusillés pour l'exemple" après laquelle j'étais entré plus étroitement en contact avec lui a été un tournant dans mes propres recherches !
Je lui dois beaucoup.
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b sonneck
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Re: Commémoration: texte important du général BACH

Message par b sonneck »

Bonjour,

et merci pour ce texte, dense en effet, mais d'autant plus intéressant. La date de sa rédaction lui confère un peu du statut de testament.

N'étant pas historien, je ne suis pas certain de toujours bien comprendre les références aux diverses écoles qui se disputent le haut du pavé ; le peu que j'arrive à en percevoir me placerait probablement dans le camp du général. Cela pour dire que j'adhère à pratiquement tout ce qu'il écrit ; tout en ne partageant pas son point de vue sur la Grande-Bretagne, "un allié fidèle dans l'adversité".

La Grande-Bretagne n’est pas entrée en guerre pour défendre son alliée, pour la bonne raison qu’il n’existait aucun traité d’alliance entre nos deux pays ; juste une entente cordiale, sans obligations particulières. Lorsque l’Allemagne a déclaré la guerre à la France le 3 août 1914, les Britanniques n’ont pas bronché. Ils ne sont entrés en guerre que le lendemain, en réaction à l’entrée des Allemands en Belgique. La France de la Révolution et de l’Empire avait appris, à ses dépens, que l’Angleterre ne tolèrerait jamais qu’une puissance continentale mette la main sur les embouchures du Rhin et de l’Escaut. Un siècle plus tard, elle n'avait pas changé d'avis.

Edité pour préciser que cette remarque concerne en fait le gouvernement de sa Majesté et sa conduite, légitimement dictée par les intérêts propres de la Grande-Bretagne. Cela ne préjuge en rien de ce que je puis penser par ailleurs des soldats britanniques qui ont bien combattu à nos côtés.

Quant à la partie joué par le corps expéditionnaire britannique dans la bataille de la Marne, il fallut toute l'insistance du général Joffre pour l'obtenir : "Monsieur le Maréchal, il y va de l'honneur de l'Angleterre !"... Il est vrai que ce corps expéditionnaire, comme toute l'aile gauche française, avait fort souffert depuis la bataille de Charleroi et Mons.

Mais ce n'est là que du détail.

J'archive soigneusement ce texte et je le diffuserai dans mon entourage. je côtoie quelques anciens profs d'Histoire que cela devrait intéresser.

Cordialement
Bernard
chanteloube
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Re: Commémoration: texte important du général BACH

Message par chanteloube »

Rebonjour,
Cette belle photographie du général Bach est sur mon bureau

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HT62
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Re: Commémoration: texte important du général BACH

Message par HT62 »

Bonsoir,

Recevez mes remerciements pour ce magnifique portrait du Général Bach qui représente l'exemple et la clairvoyance à mes yeux.
Cordialement, Hervé.
Les régiments de Béthune et Saint-Omer : les Poilus du Pas de Calais et d'ailleurs :

http://bethune73ri.canalblog.com/

http://saintomer8ri.canalblog.com/

NOUVEAU : http://dunkerque110eri.canalblog.com/

Recensement des Poilus des 16e et 56e BCP
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IM Louis Jean
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Re: Commémoration: texte important du général BACH

Message par IM Louis Jean »

Bonsoir à toutes et à tous,
Bonsoir Bernard,
La Grande-Bretagne n’est pas entrée en guerre pour défendre son alliée, pour la bonne raison qu’il n’existait aucun traité d’alliance entre nos deux pays ; juste une entente cordiale, sans obligations particulières. Lorsque l’Allemagne a déclaré la guerre à la France le 3 août 1914, les Britanniques n’ont pas bronché. Ils ne sont entrés en guerre que le lendemain, en réaction à l’entrée des Allemands en Belgique. La France de la Révolution et de l’Empire avait appris, à ses dépens, que l’Angleterre ne tolèrerait jamais qu’une puissance continentale mette la main sur les embouchures du Rhin et de l’Escaut. Un siècle plus tard, elle n'avait pas changé d'avis.

Édité pour préciser que cette remarque concerne en fait le gouvernement de sa Majesté et sa conduite, légitimement dictée par les intérêts propres de la Grande-Bretagne. Cela ne préjuge en rien de ce que je puis penser par ailleurs des soldats britanniques qui ont bien combattu à nos côtés.

Quant à la partie joué par le corps expéditionnaire britannique dans la bataille de la Marne, il fallut toute l'insistance du général Joffre pour l'obtenir : "Monsieur le Maréchal, il y va de l'honneur de l'Angleterre !"... Il est vrai que ce corps expéditionnaire, comme toute l'aile gauche française, avait fort souffert depuis la bataille de Charleroi et Mons.
Mais ce n'est là que du détail.
Tout à fait d'accord... sauf sur un point : <<Mais ce n'est là que du détail>>. Dans le contexte de l'article d'André Bach oui, mais ce genre de raccourci est un procédé typique de ceux utilisés par ceux qu'André Bach dénonce : "les ayatollahs de la nouvelle histoire" "le groupe d’historiens bling-bling qui se caractérise par sa rage à mettre en pièce le soi-disant « roman national »". Qu'il cite Jean-Yves Le Naour n'est, à mes yeux, pas anodin.

André Bach ne peut hélas, ou tant mieux (?), lire dans Libé l'article de Nicolas Mariot intitulé "Du Poilu Hertz à Merah, une radicalisation en famille"...

C.V. de Nicolas Mariot, chercheur au CNRS Section 40 : Politique, pouvoir, organisation, autoproclamé historien, membre du CRID : http://www.jourdan.ens.fr/~mariot/hopfi ... riotcv.pdf

Cordialement
Étienne
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
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b sonneck
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Re: Commémoration: texte important du général BACH

Message par b sonneck »

Bonjour Etienne,

Ma remarque finale n'avait pour but, et je vous remercie d'en avoir convenu, que de relativiser la portée mes remarques par rapport à l'article du général BACH.
Ayant toujours énergiquement récusé la qualité d'historien qu'on est parfois tenté de m'attribuer localement, et personnellement imprégné du roman national qui a bercé mon enfance, nourri mon imaginaire et décidé de ma vocation, je ne puis donc me croire amalgamé, à l'insu de mon plein gré, aux "historiens bling-bling" que vous dénoncez...

Cordialement
Bernard
p Lamy
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Re: Commémoration: texte important du général BACH

Message par p Lamy »

Bonjour,

l'article de Libé peut-on comparer un militaire les armes à la main contre d'autres militaires dans le même cas il y a un siècle, avec un terroriste s'en prenant à des civils sans défense vaquant à leurs occupations quotidiennes et familiales ?
Pour revenir au texte du général Bach, j'ai parfois le même sentiment que lui (sans être catholique pratiquant), lors d'une cérémonie religieuse de mariage ou de communion, où l'église devient un lieu de "grand cirque" initié par beaucoup d'adultes qui manquent totalement de respect pour le lieu et pour la cérémonie.

Bien cordialement.
P. Lamy
"C'est le Vin qui a fait gagner la Guerre"
Jean-Louis Billet, agent de liaison au 70e BACP
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