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Source : http://www.lepoint.fr/culture/les-chron ... 3447_3.php
Les chroniques scolaires d'Alsace-Moselle, de petites histoires de la Grande Guerre
De petites histoires pour enrichir celle de la Grande Guerre: à l'approche du centenaire, les archivistes s'intéressent aux chroniques scolaires tenues par les instituteurs alsaciens et mosellans, un héritage de la période allemande qui livre de précieux témoignages sur la vie civile en 1914-18.
Près de 3.500 "Schulchroniken" auraient été rédigées par les instituteurs alsaciens et mosellans entre 1893 et 1918. Les archives départementales du Bas-Rhin ont engagé une vaste opération de collecte et de numérisation qui a reçu le label de la Mission du Centenaire.
"Ouvrir une chronique scolaire, c'est découvrir une multitude de petites histoires qui racontent le conflit depuis les villages alsaciens, alors allemands", décrit Marie-Ange Duvignacq, chargée du service collecte et traitement des fonds aux archives départementales du Bas-Rhin.
La rédaction de ces chroniques est imposée en 1892 par un décret de l'empereur allemand Guillaume II. Dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de Moselle, rattachés au Reich depuis 1871, les instituteurs doivent s'y soumettre.
"Dès le départ, les instituteurs ne se limitent pas à raconter la vie de leur école", explique Philippe Tomasetti, historien et enseignant au collège de Woerth (Bas-Rhin). "Ils notent tout ce qui se passe dans le village: les événements météorologiques, la date des récoltes, le passage de la première voiture... Et puis l'entrée en guerre."
Pleurs à l'annonce de la mobilisation
"Dans une de ces chroniques, un instituteur explique qu'à l'annonce de la mobilisation, +les gens se regroupaient et pleuraient ensemble+", détaille Marie-Ange Duvignacq.
Rédigées de manière plus ou moins régulière, les "Schulchroniken" sont des cahiers noirs de 200 pages, d'environ 30 centimètres de haut sur 20 de large. A l'intérieur, la date est souvent notée dans la marge. Le texte rédigé en caractères gothiques et en allemand, parfois agrémenté de coupures de presse ou de photos.
A partir de 1914, on y suit l'avancée de la guerre et son impact sur le village: nombre d'hommes mobilisés et de chevaux réquisitionnés, introduction des tickets de rationnement, liste des morts au combat...
"Un instituteur mentionne les premières cartes de ravitaillement pour le pain, qui arrivent en 1915. Un autre y détaille la consommation de lait et de beurre pour la commune, ou encore le nombre de lits et de lieux destinés à la prise en charge des blessés", relate Marie-Ange Duvignacq.
La plupart des chroniques s'arrêtent avec l'armistice de 1918. Mais certaines ont été tenues jusqu'en 1920, ou même plus tard, passant de l'allemand au français à la faveur du retour de l'Alsace et de la Moselle dans le giron de la France.
On y raconte alors une autre histoire, celle de "l'épuration qui a lieu dans le corps enseignant et des formations que doivent suivre les instituteurs pour s'adapter au français", ajoute Philippe Tomasetti.
A ce stade, seules 56 chroniques ont été numérisées, souligne Marie-Ange Duvignacq. "Il y a un an, nous en avions seulement huit. Mais sachant qu'il y a environ 500 communes dans le Bas-Rhin, avec parfois plusieurs écoles par village, c'est un nombre encore ridicule!", admet l'archiviste.
La collecte se heurte aux réticences de certains élus, qui s'opposent à une sortie des chroniques des archives municipales pour les numériser à Strasbourg. "Beaucoup ignorent l'existence même de ces documents, qui finissent à la poubelle ou au marché aux puces", déplore Philippe Tomasetti.
"L'objectif est de poursuivre la collecte et de numériser l'ensemble avant l'été 2014", résume Marie-Ange Duvignacq. Ensuite, les historiens pourront travailler sur ces documents, et une utilisation pédagogique est envisagée pour les scolaires.
Cordialement
Jean-Louis
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"Pas s'en faire, pas s'en fichtre .... Le Lion atteint toujours sa proie"
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