Suite et dernière photo :
Il s'agit des femmes les plus proches de Nicolas, restées au pays, elles sont photographiées devant la demeure familiale. C'est une photo / carte postale qui a été faite en plusieurs exemplaires.
A mon avis, elle fut réalisée pour Nicolas, afin qu'il puisse voir son fils, je pense que le bébé a environ deux ans : la famille a probablement appris que Nicolas n'était pas mort.
Contexte explicatif :
Nous sommes en Bretagne rurale, dans une famille de meuniers/cultivateurs, à la campagne par conséquent. Tous les hommes valides sont partis à la guerre, les femmes les remplacent aux travaux: il y a des bouches à nourrir. Le bébé est en costume traditionnel de "fête" ( en général ré-utilisé pour chaque baptême). C'est le fils de Nicolas qui est sur les genoux de la mère de Nicolas.
Debout, derrière notre "matriarche": l'épouse de Nicolas.
Assise, l'une des soeurs de Nicolas( ma grand-mère)
derrière elle, debout, une autre soeur...
Un petit cours sur les costumes bretons :
Ces femmes ne portent pas la totalité du "beau" costume, celui du "dimanche". Certes on voit la chemise en velours mais elle est portée avec le petit col, pas la grande collerette. Le tablier n'est pas celui du travail, cependant il est sobre.
Normalement, pour faire une photo (rarissime) on mettait sa "belle" coiffe, ici, elles portent toutes la "petite" coiffe: celle de tous les jours (la coiffe de fête est immense : à 2 étages).
Je pense que cela ne se faisait plus, aussi longtemps que les hommes risquaient leur vie, à la guerre. Le port de telle ou telle coiffe était "réglementé" par la tradition, la couleur des rubans aussi ( ils ne sont plus en couleur). Nous pouvons aussi remarquer qu'elles ne portent pas le tablier de velours brodé/ garni de perles (celui des fêtes).
L'explication est simple : elles ne faisaient plus "la fête".
Par leur choix de vêtements pour poser sur la photo, elles transmettent toutes un message que j'ai tenté de vous décoder, un message dont Nicolas connaissait la signification.
Elles ont d'ailleurs un air aussi malheureux que celui de notre soldat prisonnier.
bien à vous
Brigitte