Secteur Quennières...

Sur les traces des combats et de combattants
Avatar de l’utilisateur
RADET Frederic
Messages : 2524
Inscription : lun. oct. 18, 2010 2:00 am

Re: Secteur Quennières...

Message par RADET Frederic »

Bonsoir,

un couple venu visiter l'Ouvrage de la Falouse, m'a donné des documents sur un soldat de leur famille, mais reste sans nouvelles de leur aïeul, du 2e Zouaves tombé en décembre 1914 dans le secteur de Quennevières.
Pas de JMO de régiments, mais dans les autres (Brigades, Divisions...) il semblerait que le soldat VONNER Joham à été tué et porté disparule 21/12/1914 prés du Bois St Mard.

J'aimerais beaucoup avoir des photos de ce secteur, au plus prés si c'est possible, notamment du secteur de "l'Ouvrage allemand, dit du Bochu"....

Cette famille a fait des recherches dans les années 20-30, sans succès...

Je compte sur vous... je ferai transmettre directement en Mail ! :bounce:

Amicalement,
Frédéric


Courage on les aura !
http://www.ouvragedelafalouse.fr/
Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1203
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: Secteur Quennières...

Message par serge »


Bonjour Frédéric,

Ferme de Quennevières et Bois Saint Mard, secteur difficile fin 1914 et quand le front "se stabilise", lieu de la guerre des mines début 1915.
Il y a de bons connaisseurs du secteur sur ce forum et je pense qu'ils interviendront.

C'est le secteur de la butte des Zouaves où ceux-ci sont régulièrement honorés.
Ci-joint photo d'une cérémonie passée:

Image


et cartes de la zone:

Image

Image

Je vais rechercher la localisation de l'ouvrage du Bochu.
Cordialement
Serge

Avatar de l’utilisateur
christophe lagrange
Messages : 2677
Inscription : dim. mai 08, 2005 2:00 am
Contact :

Re: Secteur Quennières...

Message par christophe lagrange »

Bonsoir,

Un petit tour du côté de Patrimoine de la Grande guerre et l'ouvrage paru l'an passé :
http://409ri.canalblog.com/archives/201 ... 63308.html

Jean-Michel qui fréquente le forum devrait pouvoir répondre.
Amicalement,
Christophe
Avatar de l’utilisateur
RADET Frederic
Messages : 2524
Inscription : lun. oct. 18, 2010 2:00 am

Re: Secteur Quennières...

Message par RADET Frederic »

Bonjour Serge, salut Christophe,

un grand merci pour ces infos, elles me permettent de mieux me situer car je ne connais pas du tout ce secteur du front.
Reste t'il des vestiges de nos jours, tranchées, boyau, abris...?

D'aprés le JMO de la Brigade, beaucoup de soldats ont été portés disparus. Comme c'est le cas chez nous, est ce que l'on retrouve toujours des restes humains dans ce secteur ?

Des "forumeurs" du coin pourraient-ils faire des photos du secteur où à combattu le 2e Zouaves ?

Voici la fiche du soldat Vonner, né en Alsace.
Image

Son portrait et son tableau à Médailles:

Image

Bien cordialement,
Frédéric
Courage on les aura !
http://www.ouvragedelafalouse.fr/
Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1203
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: Secteur Quennières...

Message par serge »



Bonsoir Frédéric, bonsoir à tous,

Le bois Saint-Mard fut un haut lieu de la guerre des mines en 1915.
Il reste de nombreuses sapes mais ce bois est une forêt privée et il faut l'accord du propriétaire pour la visiter. Je vous conseille le livre de M. Gorlet sur la guerre des mines en ce lieu mais je crois qu'il est difficile à trouver aujourd'hui.

Je vous joins quelques vues des monuments de Bimont dans cette forêt:

Image

Image

Image

Je recherche quelques photos de la Butte des Zouaves pour un prochain message.
Cordialement
Serge









Avatar de l’utilisateur
serge
Messages : 1203
Inscription : mar. mars 15, 2005 1:00 am
Localisation : Aisne

Re: Secteur Quennières...

Message par serge »

Le secteur de la Butte des Zouaves se trouvait sur la première ligne mais hors forêt:


Image

Image


Ce lieu vit combattre les Zouaves, mais sous cette butte ce sont des Sapeurs qui sont ensevelis, victimes d'un tir de mine allemande.


Image

C'est aussi le lieu prévu pour une extension de la décharge voisine, ce qui a provoqué plusieurs manifestations d'opposition à ce projet.
Le terrain a déjà été défriché dans ce vallon.

Image




Cordialement
Serge
breizh820
Messages : 381
Inscription : dim. juil. 01, 2007 2:00 am

Re: Secteur Quennières...

Message par breizh820 »

Bonsoir Frédéric,
Bonsoir à tous,
comme l'a dit Christophe, un livre écrit par Jean Michel Nowak et Didier Guénaff et sorti il y a un an, relate les combats dans le secteur de Quennevières et du bois St Mard près de Tracy le Mont.
Ce livre "La Butte des Zouaves-Quennevières" est édité par l'association Patrimoine de la Grande guerre. Des infos a ce sujet ont été données sur le forum dans de nombreux courriers dont les derniers datent des 27/1/2010 et 23/3/2010 par JMN02 (qui a écrit le livre) et 27/12/2010 par Breizh820 dans la rubrique "Bibliophile".
Un parcours pédestre a été inauguré en novembre dernier au départ de Tracy le Mont. Particulièrement bien balisé, agrémenté de panneaux explicatifs et jalonné de silhouettes de soldats il traverse une partie du bois St Mard, remonte vers la Nécropole de Tracy(très nombreuses tombes de Zouaves) passe par les carrières et rejoint le bourg de Tracy.
Sur les photos de Serge vous pouvez voir les deux petits monuments situés en bord de chemin dans le bois St Mard en mémoire de zouaves et implantés a la place d'un cimetière provisoire.
La butte de zouaves est un peu à l'écart du bois mais facile à trouver.
Sur l'avant dernière photo de Serge vous pouvez voir la zone qui risque d'être ensevelie sous les déchets si la justice donne raison à une société d'enfouissement. Une association de défense lutte contre cette éventualité. La photo est prise de la butte des Zouaves et montre au fond le bois St Mard et au centre et à droite la zone concernée par le projet funeste. Le creux au centre était précédemment entouré de végétation et d'arbres sur le coté droit. Tout a déjà été rasé.
La mairie de Tracy vous apportera toute info complémentaire.
Kénavo.
Louis

Avatar de l’utilisateur
RADET Frederic
Messages : 2524
Inscription : lun. oct. 18, 2010 2:00 am

Re: Secteur Quennières...

Message par RADET Frederic »

Bonjour Louis, bonjour Serge,

un grand merci à vous deux pour tous ces renseignements sur cette terre désormais menacée.Je vais regardez pour le fil sur le livre "La Butte des Zouaves-Quennevières", et mettrai le lien.
Ensuite j'enverrai le lien de ce sujet directement sur la BAL de la famille du soldat Vonner, qui sera trés heureuse de prendre connaissance de toutes ces infos.

Encore merci à vous :hello:

Bien amicalement,
Frédéric

P.S: Quelqu'un aurait-il une carte plus "large" de la région ?

Le livre:

Image

pages1418/annonces-pages-bibliophile/bu ... 4659_1.htm
Courage on les aura !
http://www.ouvragedelafalouse.fr/
Avatar de l’utilisateur
Ferns
Messages : 1053
Inscription : jeu. juil. 05, 2007 2:00 am

Re: Secteur Quennières...

Message par Ferns »

Bonsoir,

N'oublions pas l'excellent ouvrage de notre ami Rémi Hébert : La Ière de Nivelle, la bataille de Quennevières, juin 1915.Ed. Le Manuscrit, Paris 2005. WWW.manuscrit.com

Cordialement,


L'homme en campagne a les mêmes besoins qu'en temps de paix ; ces besoins deviennent même plus impérieux, étant exacerbés par une existence plus active et plus énervante.(Henry Mustière)
jmn02
Messages : 543
Inscription : jeu. sept. 24, 2009 2:00 am

Re: Secteur Quennières...

Message par jmn02 »

Bonjour à tous,

Le 21 décembre 1914, les Français, qui poursuivent la lente reconquête de Tracy-le-Val, du Bois Saint-Mard et du secteur de Puisaleine, secteurs submergés par l'offensive allemande du 9. AK (Armee Korps), le 20 septembre 1914, attaquent en effet au nord-est de Puisaleine, avec pour objectif de dégager cette position vers le plateau des Loges, et de repousser les Allemands au nord du Bois Saint-Mard.
Le 31 octobre 1914, le 2e Zouaves avait déjà reconquis les ruines de la ferme de Quennevières.
La préparation d'artillerie, préliminaire à l'attaque, est déclenchée le 20 décembre 1914, en milieu d'après-midi.
Le secteur étant tenu par la 37e DI, c'est à la 73e BI qu'incombe la mission de prendre l'offensive au nord de Puisaleine (la 74e BI attaquant depuis ses positions dans le Bois Saint-Mard). Les compagnies du 2e Zouaves et du 2e Tirailleurs, soutenues par le 3e bataillon du 42e RI sont chargées de s'emparer de l'"Ouvrage du Barbu" ainsi que de la position du "champignon" (qui se trouve à quelques dizaines de mètres de l'actuelle butte des Zouaves).
Néanmoins, cette attaque française a été éventée par deux tirailleurs algériens qui se sont rendus aux Allemands, à priori pour n'avoir pas à y prendre part. Aussi, les Allemands sont-ils prévenus de cette offensive. Le 21 décembre 1914, ils déclenchent un violent feu de contre-batterie, avant même que les Français ne soient sortis de leurs tranchées.
L'attaque française débute au matin du 21 décembre 1914. Elle a été précédée par l'explosion de charges explosives que les sapeurs de la compagnies 19/1 ont mises en oeuvre durant la nuit, pour faire sauter les barbelés allemands.
Aussitôt que les zouaves et les tirailleurs, épaulés par les fantassins du 42e RI, sortent des tranchées, le feu d'artillerie français redouble. Les assaillants progressent sous le feu croisé des deux artilleries (française et allemande), ainsi que des tirs de mitrailleuses et de mousqueterie. Les balles et les éclats d'obus fauchent à tout instant des combattants. Les Français, qui subissent leurs premières pertes dans la traversée du no man's land, dans une situation défavorable (ils doivent gravir les pentes de Puisaleine !), parviennent néanmoins à s'emparer de leurs objectifs.
La réaction allemande est cependant très vigoureuse. Les unités du 9. AK contre-attaquent aussitôt. L'offensive dégénère très rapidement en un corps à corps, dans les positions prises d'assaut par les Français.
Les zouaves parviennent tant bien que mal à se maintenir au "champignon", qui reste inexpugnable. En revanche, à l'"ouvrage du barbu", la situation devient vite intenable pour les Français. Les Allemands chargent les zouaves, dont les rangs s'éclaircissent à vue d'oeil. Malgré cela, les zouaves font "sidi brahim" et s'élancent à leur tour contre les troupes allemandes. Il ne reste plus qu'un poignée de combattants français à l'"ouvrage du barbu". Aucun renfort n'arrive. Submergés par des forces supérieures, ne recevant aucun renfort, les derniers survivants du 2e Zouaves, accompagnés de quelques sapeurs, luttent avec l'énergie du désespoir. Tout à coup, une violente explosion se produit, à hauteur de la position tenue par cette dernière poignée de combattants français. Que s'est-il produit exactement ? S'agit-il d'une explosion de mine ou d'une sape que les Allemands avaient préalablement préparée (le secteur étant dès cette époque déjà parsemé de souterrains creusés de part et d'autre par les troupes en ligne). Il reste difficile de répondre avec certitude à ce jour. Les sources militaires restent muettes sur ce point. Cette explosion met en tout cas un terme à la résistance à l'"ouvrage du barbu", qui est définitivement perdu pour les Français. Les derniers survivants sont faits prisonniers.
Un des témoins de cette offensive, le sapeur Charrier donnera le récit de cette attaque 23 ans plus tard (Notre Evasion d'Allemagne).
Les pertes françaises, au cours de cette offensive, ont été tout à fait considérables. Rien que dans le secteur du 89 GR (Grenadier Regiment), un témoin parle de 100 morts laissés sur le terrain. Les sources françaises, et notamment le JMO du 2e Zouaves ayant disparu, il reste difficile d'établir une statistique précise et détaillée des pertes réelles.

Pas étonnant dans ces conditions que le zouave Vonner ait été tué dans cette furieuse attaque. Le 2e zouaves était un des régiments d'élite de l'armée française. Dans le secteur de Quennevières et de Puisaleine, dans ces jours d'automne et d'hiver 1914, la "furia francese" a trouvé quelques-unes de ses expressions les plus symboliques.

J'ai pris une série de clichés hier à la NN de Tracy-le-Mont. Il me faut encore voir si la tombe du zouave Vonner se trouve dans cette série de clichés (j'ai dû opérer un tri sélectif, compte tenu de la capacité de ma carte mémoire et de l'autonomie de mon appareil). Je pourrais vous communiquerai volontiers une copie, s'il se trouve que la sépulture de ce combattant figure dans la série de clichés pris hier.

Pour information, le registre de la NN est consultable en mairie de Tracy-le-Mont (et ce afin d'éviter toute dégradation ou tout vol, ce document ayant déjà disparu...).

Concernant les sites et vestiges, ils restent nombreux, principalement dans le Bois Saint-Mard. Les ruines visibles aujourd'hui à Puisaleine sont celles des maisons issues de la reconstruction après la Grande Guerre. Il reste également de nombreux souterrains, dont la plupart sont difficilement accessibles et de toute façon dangereux (il n'est donc pas recommandé de s'y aventurer). Il subsiste également des carrières (privées et donc interdites d'accès), comme la carrière Mingasson, la carrière de Maison Rouge ou la "Martial", ainsi que des monuments, principalement la Butte des Zouaves et à la ferme de Quennevières. La nécropole nationale de Tracy-le-Mont renferme une grande partie des corps des combattants tués sur le secteur entre 1914 et 1918. Il existe également, comme l'a très bien expliqué Louis, un circuit à Tracy-le-Mont, qui débouche sur la NN et la carrière de la Maison du Garde (près d'Offémont), mais qui peut également se prolonger par Bernanval jusqu'à Puisaleine (et le site où il est projeté de construire une nouvelle décharge). Par ailleurs, un comité de pilotage existe depuis maintenant un an, qui travaille à l'élaboration et à la mise en place d'un musée-territoire 14-18, qui prendra en compte les sites incontournables de la Grande Guerre sur le ressort de la communauté de communes du canton d'Attichy (dont dépendent les secteurs spécifiques de Puisaleine et de Quennevières qui nous intéressent précisément ici).

Le champ de bataille de Puisaleine (avec le fameux "bois des Zouaves") a été conservé intact jusqu'en 1973. Son nouveau propriétaire, soucieux de récupérer ces terres agricoles, l'a alors fait niveler (ainsi qu'il était alors monnaie courante dans toute l'Oise et dans l'Aisne, en particulier sur le Chemin des Dames).

Très cordialement,

Jean-Michel
JMN02
Répondre

Revenir à « SITES ET VESTIGES DE LA GRANDE GUERRE »