Bonsoir,
poursuivant mes recherches sur le 373e je trouve dans le JMO de ce régiment qu'il est renforcé lors de son départ de Corse, les 16 et 17 septembre 1914, par des soldats de la territoriale (352) et de la réserve territoriale (520). Il est indiqué que ces soldats sont prélevés sur les bataillons de supplément. Je pensais qu'il s'agissait de soldats du 116e RIT mais à cette date il est en afrique du nord et ce n'est que le 28 septembre que l'ordre est donné de renvoyer 1200 soldats vers les dépots du continent (historique du 116e RIT).
Que sont donc ces "bataillons de supplément"
Si quelqu'un sait me répondre qu'il en soit remercié par avance.
Cordialement
Bonjour,
Je tombe sur votre message par hasard... Je ne sais pas si j'ai raté une étape (présentation, ou autre, que les modérateurs n'hésitent pas à me le rappeler), mais je me jette à l'eau.
Les "bataillons de supplément" étaient des unités autonomes, recrutés parmi les RAT (réservistes de l'armée territoriale, les plus vieux des mobilisables, ceux qui jouaient les GVC sur le continent), encadrés par des officiers et sous-off en retraite présents sur place (ils ne manquaient pas).
Leur formation est prévue par un plan spécial de 1910, qui faisait de la Corse une place forte, justement parce que l'on craignait alors un débarquement italien. Ces bataillons de supplément étaient une force de défense strictement locale... On devait y adjoindre des engagés volontaire devançant l'appel, pour "servir exclusivement en Corse".
Dans la panique des premières hécatombes d'août, le gouverneur militaire de la Corse a puisé indistinctement dans ces réserves pour grossir les rangs du 373e, lui même mis a contribution pour regarnir ceux du 173e qui avait pas mal souffert (Dieuze).
C'est de là que vient la mobilisation anormale des Corses en 14-18, celle que nombre de chercheurs maladroits, faute de pouvoir l'expliquer, et parfois pour des raisons idéologiques, ont ravalé au rang de "mythe" historique forgé par une communauté supposée excessivement encline à l'auto-victimisation : des pères de familles nombreuse, des mobilisables qui n'auraient jamais dû garnir les tranchées, sont effectivement partis au front hors de tout cadre légal... Pour être clair, de manière absolument illégale.
Pour la petite histoire, tout ce que la Corse comptait d'officiel (des maires, le conseil général, TOUS les députés et sénateurs) s'est plaint au ministère de la guerre de cet état de fait, dès la fin 14, début 15... Et leurs plaintes ont été relayées dans la presse locale, malgré la censure. Paradoxalement, très peu d'historiens locaux ont tenu compte de ces articles pourtant sans ambiguité, facilement consultables aux AD de Corse du Sud.
En tout cas vous avez mis le doigt sur l'origine du problème.
En espérant vous avoir éclairé,
très cordialement,
S. Ottavi.