Avec beaucoup de précautions et d'égards, compte tenu d'une certaine réactivité, je souhaite vous faire part de quelques anecdotes.
Un Centre d'Aide par le Travail organise, la semaine du 11 Novembre 2004, une exposition dans un village de la Drôme. Cette expo vise à reconstituer le parcours des gens du village morts ou disparus en 14-18. Elle s'élargit à un aspect didactique sur la première guerre mondiale (histoire de la guerre, évolutions des techniques et des mentalités, réquisitions, etc…) Une conférence est donnée par Mr André Breyton, qui a sauvé les archives du lieutenant Lambert (Cf. "Je suis mouton comme les autres").
Et, bien évidemment, une cérémonie du 11 Novembre, la première depuis bien longtemps, est organisée par la municipalité dans les locaux où se tient l'expo.
2005 : projet de l'éducatrice de se rendre dans le Nord-Est, avec un groupe de travailleurs en situation de handicap, pour une visite des principaux lieux évoqués dans l'expo.
Elle se fera au pas de charge (4 jours), et la sélection se porte sur la Champagne, l'Argonne, Verdun.
Le Mardi matin, direction Verdun, et sa lointaine banlieue, puisque nous irons jusqu'au camp Marguerre. Accompagnateur : le top, puisque c'est Jean-Luc Kaluzko en personne, pourtant bien occupé, qui nous guide bénévolement. Un réel plaisir.
On constate la mise en valeur des sites, quoique un petit effort de communication de la part de l'office de tourisme ne nuirait pas.
Le Mercredi, aux bons soins d'un enseignant, qui veut rester anonyme.
Bénévole… Très occupé, entre son métier d'enseignant, le théâtre, le rugby (pas si facile quand on a eu la polio), la recherche historique, l'écriture de livres. De quoi donner à réfléchir aux détracteurs des enseignants.
Le matin, visite au collège de Ste Ménehould, avec une exposition d'affiches sur les emprunts de guerre, fort intelligemment présentée, puisqu'elle est mise en rapport avec des affiches de la Révolution et de l'Empire. Toutes pièces authentiques, sorties d'une collection privée, et généreusement mises à disposition. Là aussi, un régal pour l'œil et l'esprit.
Après avoir assuré une heure de cours de 11 à 12 heures, notre guide nous rejoint à la cote 285, juste le temps d'alimenter notre nostalgie de l'époque où nous pûmes descendre dans les galeries de la Fille Morte, et en route pour le camp de la vallée Moreau. Les travaux de réhabilitation sont impressionnants, tant par la quantité de terre évacuée que par le résultat. (Ah oui, au fait… des bénévoles, de l'association "La Gruerie" ; l'un d'eux a fort obligeamment amené un groupe électrogène pour la visite souterraine). Un groupe de militaires qui passaient par là demande à se joindre à la visite, et "Philippe l'anonyme" réitère ses explications, jusqu'au petit musée à Vienne le Château. Il s'en tirera à la nuit tombée. Et le soir, petit plaisir narcissique : communication téléphonique entre JLK et Philippe : satisfaction personnelle de fédérer ces experts du terrain...
Le Jeudi matin, allez, direction Massiges, et l'inoxydable Bébert (près de 80 ans, bénévole) qui nous montre le fruit de 40 ans de recherches, comme à son habitude intarissable sur les explications et anecdotes. Nous voyons au passage les panneaux que Eric Marchal a installés avec son aide au carrefour de Massiges. Eric… Bénévole…
Petite virée avec Albert sur la main, les entonnoirs, et direction Varennes, par le cimetière d'Apremont et le Borrieslager.
Et, à Varennes, musée fermé. Nous aurions dû nous en douter, nous sommes le 10 Novembre, et pas à la belle saison, et vérifier si c'était ouvert… Non mais !
Un mot figure sur la porte, qui indique que les groupes de 30 personnes peuvent visiter. Un numéro de téléphone laisse entrevoir le salut. L'indicatif départemental est faux, (20 au lieu de 29) puisque je dérange à deux reprises une dame, fort aimable, qui n'a rien à voir avec l'affaire. Patience. Nous filons sur Vauquois.
Qu'à cela ne tienne. A Vauquois, je compose le numéro en changeant l'indicatif. Et ça marche. Du moins le téléphone. J'explique la situation (nous sommes huit) à une personne que je dérange apparemment, si l'on en croit le ton quelque peu condescendant qu'il emploie. La réponse : Monsieur, ce musée nous coûte une fortune. C'est une question de business. Appelez la régisseur, moi, je ne peux rien pour vous.
La régi (sseur, cide ?), contactée, ne peut se libérer ce jour là. Fermez le ban.
Le soleil se lève sur Vauquois et nous réchauffe après cette déception.
D'autant que quelques bénévoles font visiter la butte à une quarantaine de lycéens, au départ bien bavards, mais rapidement saisis par l'émotion que confèrent l'oppression du lieu et les explications.Nous repassons à Varennes. Musée toujours fermé. J'essaie de prendre à travers les vitres une photo de ce superbe symbole, ce tronc d'arbre qui a poussé autour d'un fusil Mauser. Mais une jeep de la seconde guerre empêche de voir bien loin. J'espère en tous cas qu'il y est toujours.
Si ma mémoire est bonne, puisque j'ai connu ce musée encore situé dans la mairie, la majorité des objets exposés proviennent de dons de quelques bénévoles qui parcoururent la forêt d'Argonne…
Promis juré, je ne ferai jamais de don.
Pendant ce temps, le groupe, qui visitait le monument de l'Etat de Pennsylvanie situé juste à coté, a lié conversation avec deux messieurs fort aimables : l'un fait partie de l'association des amis de Vauquois, l'autre, employé par les Américains, vient de s'activer à nettoyer le monument, puisque le lendemain s'y tiendra une cérémonie. Même animation à Romagne sous Montfaucon, où les gazons sont lisses comme une moquette, et les bâtiments impeccables. L'employé passe à nouveau la serpillière dans la chapelle où nous avons piétiné, mais ne se départit pas de son sourire et nous adresse quelques mots cordiaux. Nous passons devant le musée privé sans avoir le temps de nous arrêter. Dommage, car l'accueil, m'a-t-on dit, est très sympathique.
Le lendemain, cérémonie au cimetière de Souain-Perthes les Hurlus. Monsieur Godin, le maire, nous accueille, avec le sourire, et évoque notre présence, pendant que Monsieur Carillon tient fermement le drapeau des anciens combattants, avec le renfort de Monsieur Martin.
Lecture d'un compte-rendu de combattant du secteur, puis dépôt de gerbes par les enfants ; il en sera de même au cimetière civil.
Vin d'honneur, et visite de l'émouvant petit musée installé à la mairie.
Merci, les bénévoles et autres qui nous ont permis de réussir ce séjour.
Et bravo d'avoir compris que le renouveau d'intérêt pour la Grande Guerre, qui va croissant, mérite d'être pris en compte. Il y a certainement un projet global à monter, à base de relais muséographiques et interventions des experts locaux. Les retombées économiques à moyen terme ne sont pas à négliger.
Pour les autres, on sait depuis Mongénéral que le programme serait vaste…
Cordialement,
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