El Herri (Maroc)

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Jean RIOTTE
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Re: El Herri (Maroc)

Message par Jean RIOTTE »

Bonsoir Michel,
Au cours de recherches sur le MAM de ma commune j'ai trouvé ces renseignements concernant VIGNEAU, Léon MPF à El Herri:
canonnier-servant au 4ème GACA - ° 3 avril 1889 à Anglet (Basses-Pyrénées), maison Vigneau, quartier des Pontots - + 13 novembre 1914 à El Herri (Maroc) "des suites de ses blessures" - acte de décés transcrit le 5 octobre 1915 mairie d'Anglet.
Cordialement.
Jean RIOTTE
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MichelC
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Re: El Herri (Maroc)

Message par MichelC »

Bonjour Jean, Bonjour Bruno,

Merci pour ces infos !

Belle aquarelle ! serait-elle de Pierre Comba ?

Bien amicalement

Michel
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bruno17
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Re: El Herri (Maroc)

Message par bruno17 »

Bonjour Michel,
Oui, d'après mon cousin elle est de Pierre Comba. Il y a également celle-ci, d'un soldat du 30ème BCA en train de faire la pause cigarette!
Cordialement
BB
Image
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)
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MichelC
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Re: El Herri (Maroc)

Message par MichelC »

Bonjour Michel,
Oui, d'après mon cousin elle est de Pierre Comba. Il y a également celle-ci, d'un soldat du 30ème BCA en train de faire la pause cigarette!
Cordialement
BB
mesimages/1757/soldat30BCA.jpg
Bonjour Bruno,

Un artiste à découvrir pour les amateurs de chasseurs !

Amitiés

Michel
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bruno17
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Re: El Herri (Maroc)

Message par bruno17 »

Bonjour,
Une photo du capitaine Oyaux du temps où il était au 30ème bataillon de chasseurs alpins à Grenoble.
Image
(Photo aimablement transmise par Jacques Oyaux)
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)
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Jean RIOTTE
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Re: El Herri (Maroc)

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour Bruno,
Merci de nous proposer cette photographie.
Voila un sujet qui régulièrement s'enrichit et rend hommage aux soldats des fronts périphériques de la PGM... trop souvent oubliés.
Cordialement.
Jean RIOTTE
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bruno17
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Re: El Herri (Maroc)

Message par bruno17 »

Bonjour,
Quelques documents complémentaires concernant El Herri, fournis par Jacques Oyaux:

EL HERRI (source : dossier 3H 585 du SHAT)

• Nombre de militaires ayant participés à la reconnaissance d'EL HERRI :
- Officiers : 43
- Sous-officiers : 84
- Troupe : 1148
• Sont rentrés :
- Officiers : 10
- Troupe : 664

Le 13/11 :
- Sont ramenés 40 corps plus 6 morts de leurs blessures.
- Non rentrés et dont les corps n'ont pas été ramenés :
- Européens : 219 dont 32 officiers
- Algériens, Marocains : 232
- Sénégalais : 115

Le 19/11, après 6 jours pour reconquérir le terrain :
- sont retrouvés : total 218 corps
- sont enterrés sur le terrain :
- 101 Européens
- 60 Algériens et marocains
- 40 Sénégalais
- sont identifiés et enterrés à KHENIFRA :
- 17 cadavres dont le Capitaine OYAUX du 5e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais.

Le 20/11 :
- sont retrouvés 353 corps

5e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais (Commandant DURMELA) :
- Ont participé à la reconnaissance :
- 7 officiers
- 20 sous-officiers dont 7 européens et 13 indigènes
- Troupe : 8 européens et 201 sénégalais
- Morts :
- 5 officiers dont le Capitaine OYAUX de la 2e compagnie
- 10 européens
- 120 sénégalais



Le combat d'El Herri du 13 novembre 1914

Le combat d'El Herri est l'un des principaux désastres subis par l'armée française au Maroc, et plus largement, dans les colonies. L'écho de cette défaite, qui augure des difficultés de la conquête du pays, a été assourdi par le déclenchement de la Grande guerre en Europe. A partir des extraits suivants, la comparaison peut être faite entre deux visions et deux manières de rendre compte d'un même événement : compte rendu écrit des militaires français, côté vaincus, tradition transmise oralement en pays zaïan, côté vainqueurs.

Le compte-rendu des militaires français

" Le 12 novembre, cinq mois se sont écoulés depuis notre installation à Khénifra. Moha Ou Hammou est mis en confiance par notre inaction et par les premiers pourparlers engagés ; il installe son campement à une quinzaine de kilomètres de Khénifra, aux abords du petit village d'El Herri, dans une cuvette traversée par l'oued Chbouka, affluent du Serrou ; il paraît se relâcher de son intransigeance et envoie ses malades se faire soigner au poste. (...)
Le commandant Laverdure commande la poste de Khénifra. Il décide d'enlever le campement de Moha Ou Hammou, malgré les ordres qui lui interdisent formellement toute sortie, (...). Cette décision semble avoir été inspirée au colonel Laverdure par un mokhazni zaïan, récemment passé à notre service et désireux de venger, sur Moha ou Hammou, un affront personnel que celui-ci lui avait infligé (...)
A 2h30, la colonne se met en marche. Elle compte 43 officiers et 1230 hommes.
A midi, un convoi de blessés, harcelé par les insoumis, et quelques centaines d'hommes à bout de souffle devaient rentrer, seuls, à Khénifra apportant la nouvelle du désastre subi. (...)
Le bilan : sur un effectif de 43 officiers, 1232 hommes, la colonne avait perdu 33 officiers tués, 590 hommes troupe tués, 176 blessés dont 5 officiers. Sur les 43 officiers ayant participé au combat, 5 officiers seulement étaient revenus indemnes dont 4 cavaliers. (...)
Jamais un échec aussi désastreux n'avait été infligé à nos troupes, en Afrique du Nord.

La mémoire des Imazighen

Moha Ou Hammou campait à El-Herri avec ses brillants cavaliers. Il campait à El-Herri.
Les Français étaient à Khénifra, la nuit. Ils disaient : " Nous allons prendre Moha Ou Hammou"
Ils firent venir une colonne. Les Français vinrent avec la colonne pour s'emparer de Moha Ou Hammou. Ils arrivèrent chez lui, la nuit, à El-Herri :
La poudre partit. Les militaires entrèrent sous les tentes, les goumiers entrèrent. La poudre sortit jusqu'au matin. Les Ichqern arrivèrent le matin ainsi que les Zayans, les Aït Ishaq et tout ceux de la région. Ils firent un grand combat à El-Herri.
Ils partirent. De El-Herri à Khénifra il n'y avait que des morts. Et ils ne prirent pas le caïd.
A El Herri, beaucoup de militaires sont morts, beaucoup d'Ichqern, de Zayans, d'Aït Ishaq, beaucoup, beaucoup de militaires....

J. Drouin, Un cycle hagiographique dans le moyen-atlas marocain, publication de la Sorbonne, 1975, p.122
Bruno BAVEREL - Romans: "La voiture de Vandier" - "Les aventures du lieutenant Maréchal" - "Le manuscrit de Magerøya ou le Tombeau des quatre ours" (Éditions des Indes Savantes)
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Jean RIOTTE
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Re: El Herri (Maroc)

Message par Jean RIOTTE »

Bonjour Bruno,
Merci de partager avec nous ces données nouvelles.
Quant à la relation du combat d'El Herri par les Imazighen elle est bien dans la tradition orale des Berbères.
Cordialement.
Jean RIOTTE
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MichelC
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Re: El Herri (Maroc)

Message par MichelC »

Merci Bruno pour ce dénombrement qui bien que macabre rend bien compte de ce désastre. Les espagnols aussi en ont fait l'amère expérience; eux qui en juillet 1921 ont perdu plusieurs milliers de morts en quelques jours.

Amicalement

Michel
lyly
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Re: El Herri (Maroc)

Message par lyly »

Bonjour à tous
C'est par hazard que je découvre votre discussion et j'en suis émue
J'ai, lors de recherche généalogique, fait des recherche sur la bataille d'El Herri
Je vous en délivre une partie
A bientot pour des photos, plans


LUCIEN BERJONNEAU
1888 - 1914
« Hélas ! Dans quelques années, qui s’en souviendra de ceux qui sont tombés à Bouddiarah et à Mecké, et dont les os ont blanchi sur le sable du désert ».
Pierre LOTI


La conférence d'Algésiras (1906), qui entérinait l'intervention des puissances occidentales au Maroc, avait reconnut à l'Espagne et à la France des droits particuliers. De 1907 à 1912, une série d'incidents avait provoqué l'intervention de l'armée française; en août 1907, les Français débarquaient à Casablanca, puis occupaient Oujda, Casablanca et Fès. En dépit de l'opposition de l'Allemagne, le traité de protectorat, finalement imposé au sultan du Maroc, Moulay Hafiz, était signé à Fès le 30 mars 1912. (Par ailleurs, en novembre 1912, la convention de Madrid plaçait le nord du pays sous protectorat espagnol.) Le général Lyautey fut nommé premier résident général de la France (de 1912 à 1925) à RABAT.
Lucien arrive dans un pays en pleine conquête. Mes recherches ne m’ont pas permis de dater avec exactitude son arrivée à KHENIFRA, ville située au pied du Moyen Atlas, à 100 kms au sud MEKNES. Cité rouge dans une terre rouge, bâtie à 830 m d’altitude, sur les bords de la rivière de l’Oum Er Rbia, cette capitale du pays Zaïan, fière tribu de cavaliers Berbères, est une étape naturelle sur la grande rocade de l’Atlas. Elle commande également les communications d’Ouest en Est. Moulay ISMAIL (1672-1727) l’avait bien compris et y avait construit une kasbah (demeure seigneuriale construite en terre battue recouvertes de pisés) pour la protéger et un pont d’une seule arche.

A la fin du 19eme siècle, MOHA OU HAMMOU affirmait une autorité grandissante en pays Zaïan. Il avait fait alliance avec Moulay HASSAN (1836-1894), ce qui lui avait valut le titre de caïd et des armes modernes. Mais vassal ombrageux, il devait bientôt rompre avec le sultan et guerroyer pour son propre compte. De KHENIFRA il fit sa capitale, y entreprit de grands travaux, y attira des commerçants. En dehors de la grande forteresse de MOHA OU HAMMOU, située sur la rive gauche de la rivière, la ville se trouvait toute entière sur la rive droite. Il n’y avait pas de mur d’enceinte. Parmi un amas de masure, les kasbas des principaux fils ou parents du Zaîani (il avait de nombreux enfants dont une quinzaine de fils) alignées en face de la sienne, présentaient seules quelque solidité et une réelle importance défensive, avec leurs tours crénelées, leurs chemins de ronde, leurs meurtrières et leurs portes massives de cèdre, toutes cloutées et bardées de fer. Une petite mosquée carrée sans minaret, un souq d’artisans, une place de marché, un grand fondouk et une petite caserne étaient disséminés dans la ville, qu’une longue rue principale, bordée d’une centaine de boutiques et orientée parallèlement à la rivière, traversait en son milieu. Avant l’arrivée des Français, il était au faite de sa puissance.
Il y a de fortes possibilités que Lucien ait participé à la prise de cette citée le 12 juin 1914, faisant parti de l’une des trois colonnes MEKNES-FOUGHAL-TADLA, attaque dirigée par le général HENRYS. Vers 11H, les goumiers de la colonne CLAUDEL entrent dans la ville complètement abandonnée. Le soir la jonction est faite entre les trois colonnes, qui n’ont éprouvé que des pertes légères (7 tués). Quelques chats, des bandes de chiens, une demi douzaine de cigognes perchées au sommet des tours des kasbas, étaient tout ce qui restait de cette vieille agglomération Berbère, peuplée de plusieurs milliers de personnes avant l’arrivée des Français. En ce mois de juin 1914, MOHA OU HAMMOU n’a pas trouvé auprès des tribus voisines tous le concours espéré et a préféré vider la place. Une partie des forces d’intervention utilisées ne restera pas sur place et repartira vers MEKNES. Lucien n’est pas de ces soldat qui repartent vers l’arrière.

Le vendredi 26 juin, arrive, à KHENIFRA, le nouveau commandant français du territoire zaian, le Lieutenant Colonel LAVERDURE René Philippe. Depuis son arrivée au MAROC, en juin 1913, en poste à RABAT, accompagné de ses filles, il avait tout fait (rencontres avec LYAUTEY, menaces de démission) pour obtenir une mission dans le bled tant l’inaction lui pesait.
C’est un homme sorti du rang. Né le 27 janvier 1862 à PARIS 15eme, fils d’un valet de chambre et d’une couturière, il devient ouvrier bijoutier. Il s’engage le 16/04/1880, à l’age de 18 ans, au 1er R.I. de Marine et va gravir les échelons, multiplier les incorporations, les campagnes et les décorations. Nommé sergent-major en 1883, adjudant en février 1884, on le retrouve sous-lieutenant le mois suivant, capitaine en 1892, Lieutenant colonel en 1910. Il a toujours été dans les coups durs : en INDOCHINE au moment de la conquête du TONKIN et de la grande piraterie; à MADAGASCAR, pendant toute la pacification; en AFRIQUE OCCIDENTALE à plusieurs reprises, et au 1er R.I. Colonial du MAROC, le 24 juillet 1913. Marié le 20 février 1901 à TOUFFREVILLE(27) avec Adèle MONNOT, veuf le 20 décembre 1910, il a deux filles : Blanche née le 13/02/1894 à TOULON et Albertine née le 01/06/1898 à LA SEYNE S/MER.
Un de ses officiers le décrit ainsi : « De taille moyenne, solide, bien charpenté, la petit vérole lui avait laissé des marques profondes qui donnaient à son aspect un air dur et sévère. Cependant il était bon et bienveillant. Il avait la franchise et parfois la rudesse du soldat. Abord froid et calme, caractère entier, il ne savait pas déguiser ses impressions. C’était un discipliné, un travailleur, un méthodique et même un méticuleux ». Ses supérieurs n’en sont pas moins élogieux : Général LYAUTEY, RABAT, le 16/11/1913 « Excellent officier supérieur, que je connais depuis longtemps, dont j’ai apprécié, au TONKIN en même temps que les plus solides qualités militaires, les talents d’organisateur, le sens politique avisé, unis à l’esprit d’initiative et de décisions ».
Si je m’attarde sur le parcours du Colonel LAVERDURE, c’est que le personnage mérite à être connu en dehors de sa fatale responsabilité dans un désastre pas forcément annoncé. Celui ci ayant donc obtenu satisfaction, va, de fin juin à fin juillet 1914, exploré son nouveau territoire et rencontrer ses premiers affrontements, se qui n’est pas pour lui déplaire, contre les Zaïans, adeptes de la guérilla contre les colonnes et convois de ravitaillement. Il les décrit comme des adversaires sérieux, se battant bien et étant très bien armés.
Le 03 août 1914, Il écrit à ses filles : « Reçu ce matin la grande nouvelle. La guerre ! On enlève des troupes du MAROC. Je ne reste plus qu’avec 9 compagnies, une batterie et un peu de cavalerie. Peut être nous appellera t’on nous aussi. Nous le souhaitons de tout cœur ! Sinon nous resterons les enfants perdus du MAROC et de la FRANCE ». Alimenté par des propagandes d’inspiration Allemande, la conviction s’ancre très vite, dans les tribus réfractaires, que les troupes Françaises vont inévitablement abandonner le pays conquis. Le départ presque simultané de vingt bataillons pour le front de l’Est contribue à confirmer cette croyance et à surexciter leur esprit d’offensive.

KHENIFRA va supporter presque quotidiennement les assauts furieux des Berbères et autres tribus voisines. Pas un jour sans connaître la perte d’hommes. Le ravitaillement va se faire plus rare. La garnison va être strictement rationnée. Elle manque de graisse, de sucre, de café, de bougies. Un troupeau de bœufs arrivé avec un convoi, mal nourri, enlisé dans la boue, périssait sur place. Les conserves ne constituaient donc tout l’ordinaire puisqu’il n’y avait pas de légumes frais. On restreint l’envoi des télégrammes pour économiser l’essence. La situation sanitaire devient mauvaise. La chaleur étouffante qui règne dans cette cuvette entourée de montagnes n’est pas de nature à l’améliorer. On y meurt de typhus, de scorbut, de dysenterie. Le morale est au plus bas. On reçoit des mauvaises nouvelles de la France : la défaite des frontières, la retraite, la menace sur PARIS. Lucien fait t’il parti de ceux qui enragent de rester inactifs et d’occuper un poste défensif ? Quoi, cette guerre de revanche qu’ils avaient appeler de leur vœux pendant tant d’années, elle va se terminer sans qu’ils aient pu y prendre part ! Bien pis, elle va se terminer par un désastre, et eux sont là, impuissant, dans ce coin perdu du MAROC.
Heureusement le 17 septembre une grosse colonne de ravitaillement venant de MEKNES débloque KHENEIFRA. Les fortes chaleurs s’atténuent. Les attaques se font plus rares. Les tribus de la vallée qui ont encore accès à leurs champs sont occupées aux labours. Les autres se préoccupent de leur ravitaillement. Celles qui s’étaient réfugiées en montagne avec leurs troupeaux de moutons, commencent à envisager la prochaine arrivée de l’hiver avec appréhension. MOHA OU HAMMOU installe son douar à EL HERRY, à 12 kms de son ancienne capitale et essaye de gérer les conflits occasionnés par le manque de place dans la plaine. Ce quadrilatère, dont chaque coté n’a pas 25kms, est une véritable fourmilière d’une centaine de tentes de différentes tribus et les querelles fréquentes.
Le 05 octobre, la garnison reçoit la visite du Général LYAUTEY et du Général HENRYS venus rassurer les troupes en place. Le Général Résident rappel aux officiers l’importance du poste de KHENIFRA, principal pilier de l’armature de défense du MAROC. Il les assura de sa gratitude et de la confiance qu’il avait en eux. Il est également venue calmer les esprits et modérer les ardeurs du bouillant Colonel LAVERDURE que l’installation de son ennemi à 12 kms de ses lignes à quelque peu échauffé son envie de baroud. Hors pour l’Etat Major, tout est question de patience. Fatalement, par l’effet des dispositions prises (fermetures de marchés locaux, amendes, etc …), par le choix des postes et de l’organisation militaire, les tribus vont se rendre. Il suffit d’attendre que la neige envahisse le creux des vallées, poussant devant elle les troupeaux. Lorsque les deux généraux repartent, tous semblent convaincus du bien fondé de cette théorie.
Durant le mois d’octobre, le 1er bataillon colonial, dirigé par le Cdt COLONNA DE LECCA, dont fait parti Lucien, va être chargé de la construction de deux blockhaus sur les premières crêtes de la rive gauche. Le Colonel LAVERDURE va visiter les différentes parties de son territoire. Il était en effet, indispensable que la ligne de communications et les arrières de KHENIFRA soient parfaitement organisés. Il commet quelques imprudences en s’éloignant de la colonne pour parcourir plus aisément cette « région de brigands » et se plaint beaucoup des pluies torrentielles. Malgré les explications de sa hiérarchie, ce dernier rumine de plus en plus un projet d’enlèvement par surprise du camp de MOHA OU HAMMOU. Il écrivait à cette période : « imaginez ce que c’est dur d’être entouré de gens enragés, de savoir ce qui se dit autour de moi, de lire dans les yeux le reproche muet d’avoir peur, de craindre les coups, d’hésiter à cueillir une bonne occasion chaque fois qu’un groupe hostile se présente à portée et que tout le monde nous pousse à lui sauter dessus, d’autant plus que, malgré les instructions reçues, cela me paraît tout de même beaucoup plus facile qu’on le croit et qu’il ne faut pas de si gros moyens pour avoir raison de ces gens là » .

Cette journée du jeudi semblait s’achever paisiblement. Après leur labeur quotidien, les troupiers de KHENIFRA, roulés dans leurs couvertures, blottis au fond des maisonnettes de terre ou sous leur tente, couchés sur leurs paillasses de maïs, dormaient déjà, tandis que quelques-uns d’entre eux restés en sentinelles scrutaient attentivement les ténèbres d’une nuit obscure et humide. Réunis autour des tables de leurs popotes respectives, bien loin de se douter de leur tragique destin pourtant si proche, les officiers et sous officiers devisaient encore, à la lueur blafarde de bouts de bougies. Il était alors environ 21H30, quand, soudain, des plantons de territoire arrivèrent dans les différents cantonnements. Ils étaient porteurs d’un ordre d’opérations que le Colonel avait dicté au Lieutenant BRAZILLACH, son adjoint, une demie heure plus tôt. Cette note prévenait les commandants d’unités d’une attaque décisive, prévu pour le lendemain matin, contre le campement de MOHA OU HAMMOU et ses 400 familles et 500 guerriers. Presque toute la garnison doit participer à l’attaque. Elle est prévue pour être brève. Lorsqu’on lui demanda à qu’elle heure il pensait revenir, le Colonel LAVERDURE répondit : « que l’opération réussisse ou non, nous serons de retour vers huit heures ». La garde du poste est confiée à une fraction minime dont le noyau est une compagnie d’Infanterie Coloniale, commandé par le Capitaine CROLL. Ce n’est pas l’unité de mon Lucien. Il va donc faire parti de l’une des quatre colonnes, constituées en vue de l’opération par un bataillon mixte colonial-sénégalais, deux batteries d’artillerie, un escadron de cavalerie, quelques goumiers à pied ou à cheval, c’est à dire 43 officiers et 1232 hommes. A quoi pense t’il à ce moment là ? Est il enthousiasme à l’idée de l’affrontement ou bien inquiet pour sa vie ? Partage t’il ses doutes avec le jeune Lieutenant J.L. MONTAIGU, du 5eme bataillon des tirailleurs Sénégalais, originaire également de FONTENAY LE COMTE (85)?. Il ne lui reste que quelques heures pour préparer son paquetage. On leur promet une bataille rapide et facile.

Le lendemain, vendredi 13 novembre 1914, à 2H30, les unités se mettent en route. Malgré la nuit, la marche s’effectue sans incident. Au lever du jour, la cavalerie qui marchait en queue, dans chaque groupe, gagne les devants, et les quatre groupes se déplacent de la droite à la gauche, dans l’ordre prescrit. Les Zaians, ayant omis de se garder en direction de KHENIFRA, sont surpris.
A 6H00, l’Infanterie ouvre le feu. Sur l’ordre de Colonel LAVERDURE, les deux pelotons de spahis, aux ordres du Capitaine HERCHET, précédant le groupe DURMELAT, se lancent à la charge, avec le 5eme goum à cheval et les mokhazenis, en direction des douars. Nos cavaliers abordent au sabre et au revolver les hommes qui sortent des tentes et qui ripostent à bout portant. De nombreux insoumis sont tués, en même temps que tombent les premiers des nôtres. L’élan des fantassins et des cavaliers est gêné par des accidents de terrain, l’enchevêtrement des tentes, des impedimenta, des troupeaux échelonnés sur une grande profondeur. La lutte dégénère vite en succession de petits combats locaux sans lien entre eux. Cependant une véritable panique envahit le camp de MOHA OU HAMMOU. Celui ci ,alerté par ses serviteurs aux premiers aboiements des chiens des douars, avait compris qu’il était spécialement visé par l’attaque française. Aidé de ses fils, qui le mirent en selle et protégèrent sa fuite, il s’était éloigné à toute vitesse dans la direction des Mesgouchen, tribu ami. Pendant ce temps, les frères OMAR et BA HASSINE, éclaireurs des troupes françaises, entrent dans sa tente et lui enlèvent ses épouses préférées. A son tour LAVERDURE, accompagné de plusieurs des ses officiers, pénètre chez son adversaire et fait emporter plusieurs trophées jalousement conservés par ce dernier. Sous la protection de l’infanterie, portée en avant, les spahis aident les goumiers à rassembler les troupeaux pour les diriger sur KHENIFRA. Si la charge de cavalerie, appuyée au plus prés par l’infanterie, est une réussite, la mission est tout de même manquée : Le chef Zaian n’a pas été capturé. Mais ses campements et ses troupeaux ont été razziés. Il ne reste à la colonne qu’à se replier sans perdre un instant.
Mais au lieu de la retraite, c’est la marche en avant que fait sonner, à 6H45, le Colonel LAVERDURE. Un désordre inouï règne. Animaux (moutons, chèvres, poulets, chameaux, chevaux, etc…) se sauvent en tous sens. Femmes et enfants courent pour échapper aux assaillants. Les soldats sont occupés a donner le coup de feu ou a évacués sur leurs chevaux les blessés de plus en plus nombreux. Tandis qu’a droite le groupe HORNECKER occupe une position à proximité immédiate des douars, les trois autres groupes se portent sur les crêtes, à 1500 mètres au delà d’El Herri.
A 8H le signal du repli est enfin donné par trois fusées rouges. Il est déjà trop tard. Les tribus rameutées accourent. On les voit qui dévalent les pentes, occuper les crêtes. Plus de deux milles guerriers Ichkerns, Ait Ishak et Mrabtines ont pris les armes et viennent participer au baroud.
A 10H, le commandant COLONNA DE LECCA arrive avec une compagnie de coloniaux pour aider au désengagement. Lucien en fait parti. Depuis 7H15, cette unité, quoi qu’en retrait, est au prise avec des Berbères arrivant de l’est et du nord est. Elle est rejointe par une compagnie de tirailleurs Algériens. Sous la protection de ces deux compagnies, les débris des 2eme et 3eme compagnies sénégalaises peuvent enfin se replier sur la ligne de crêtes tenue par le groupe HORNECKER.
Il est 10H35. A ce moment des coup de feu partent de tous les cotés. Les officiers tombent blessés ou tués. Les munitions commencent à manquer. Les unités sont mélangées et se défendent à la baïonnette.
C’est vers 11H que le Colonel LAVERDURE a dû juger la situation désespérée en voyant déboucher des groupes nombreux d’Adersane et de l’Akellal, prenant la colonne à revers. Il envoi un appel au secours au Capitaine CROLL, à KHENIFRA : « Courez occuper les crêtes du Tadla avec une compagnie et votre section de mitrailleuses, à toute vitesse. Notre salut dépend de vous ». Le combat devient très confus, sans direction d’ensemble. L’ennemi arrive de toutes parts. En masses compactes, il cerne la colonne. Les batteries de 75 et 65, auprès desquelles se tient le Colonel LAVERDURE, sont assaillies et ce dernier tué. Tous les hommes fatigués, qui ne peuvent s’échapper assez vite, ou tous ceux qui restent en arrière avec des animaux, sont impitoyablement massacrés par les cavaliers qui suivent le convoi au petit galop. L’ambulance elle même au milieu du convoi est attaquée. Des blessés sont arrachés des litières et poignardés. On se défend à coup de crosse. Lucien est il déjà de ces blessés ou de ceux qui les protègent ? Toujours est il qu’il meurt vers 11H30. Une dernière pensée sur son enfance, les pèches à la grenouille, les veillées au coin du feu, dernière prière, dernier visage de sa mère en pleure et la vie qui s’en va.
A 12H10, Le Capitaine CROLL sort de la garnison avec une compagnie forte de 3 sections, soit 60 fusils, renforcée par un groupe de conducteurs Sénégalais. Aux portes de la ville, ils croisent les premiers moghazenis ou partisans, à cheval et chargés de butin, suivaient des chevaux, des mulets, chargés de blessés, au milieu de soldats de toutes armes. Le convoi qui suit est un tel mélange entre français et marocains et si confus qu’ils leur est impossible de tirer sous peine de tuer l’un des leurs. Ils se postent à 600 mètres de la ville. Sous leur protection, le Capitaine SONDAZ est chargé de ramasser les tués et les blessés s’échelonnant sur la route, jusqu’à au moins 200 mètres de la Kasba. Il fut ramené 35 tués et trouvé une vingtaine de blessés. Les derniers soldats du convoi ayant rejoint KHENIFRA, la compagnie se replie à 14H50 sans être inquiétée. On organise la défense du poste. Mais contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, les Zaïans s’abstiennent d’attaquer la cité, leur chef jugeant la place difficile à défendre.

Il faudra attendre l’arrivée des renforts du Colonel DUPLESSIS venus d’EL GRAAR et du Général HENRYS de MEKNES, le 16 et 18 novembre pour se rendre sur les lieux du drame. La piste est jalonnée de cadavres complètement nus. On enterre sur place les corps non identifiables dans 6 fosses, à proximité de la piste. 17 cadavres reconnus, surtout des officiers, sont ramenés à KHENIFRA pour inhumation, soit au total 218 cadavres retrouvés. Le 21, une deuxième recherche permet d’ensevelir sur place 346 corps décomposés dans des fosses groupées dans la vallée de l’Oued Bou Skour. 7 autres cadavres identifiés sont ramenés en ville. Ce n’est que 11 jours après la défaite que les Berbères, en échange de la libération des femmes du chef Zaïan enlevées, déposeront sept sacs dans lesquels avaient été placés les cadavres des 7 officiers les plus importants. Celui du Colonel fut spécialement désigné par l’ennemi. Les corps avaient été dépouillés de leurs vêtements. Bien que non mutilés, ils étaient complètement méconnaissables sauf celui du Lieutenant AIMON. Le 25 au matin on ensevelit le Colonel LAVERDURE dans le cimetière de KHENIFRA.
Le bilan est catastrophique. Sur un effectif de 43 officiers, 33 sont morts, 5 sont blessés, seul 5 sont revenus indemnes, dont 4 cavaliers. Pour les hommes de troupe le bilan est de 590 tués, 176 blessés. Toute l’artillerie, toutes les mitrailleuses et nombre de fusils étaient restés aux mains des insoumis. Jamais un échec aussi désastreux n’avait été infligé à nos troupes, en Afrique du Nord.
C’était pour les Zaïans et les autres tribus locales un immense succès. Le mythe de l’inviolabilité de la montagne s’ancre encore plus fortement dans les esprits et la faillibilité des forces françaises prouvée. Pourtant les vides causés dans nos rangs allaient être rapidement comblés, tandis que les pertes ennemis devaient demeurer, pour eux, irréparables, leur victoire ayant été chèrement achetée. D’après les déclarations de leurs chefs, leurs pertes auraient été supérieures aux nôtres. Leurs meilleurs guerriers étaient tombés. Et puis la tradition orale Berbère fait état de beaucoup de morts parmi la population. En effet, même s’il n’y est jamais fait allusion dans les écrits français, le carnage à bien eu lieu. Les canons de 65 et 75, les mitrailleuses, n’ont pas pour habitude de faire une sélection combattant/civil. Les soldats eu même, dans l’attaque au petit matin, n’ont pas du faire de différence entre les guerriers et les femmes, les enfants et les vieillards qui sortaient des tentes pour se sauver. Le 13 novembre est aussi pour les marocains un jour de deuil.

La coalition de la montagne ne va pas durer. On se partage les trophées, fusils, munitions, sabres, uniformes, matériel, chevaux et mulets. MOHA OU HAMMOU tente de récupérer ses biens pillés par d’autres tribus Berbère. Face aux forces militaires venues occuper toute la plaine, il se repli sur les hauteurs. L’insoumis, qui a toujours refusé toute compromission avec l’occupant, à plus de 70 ans, va continué la guérilla. Mais les conditions sont difficiles. Les hivers sont rudes. La disette et le froid cause de gros ravage. Les terres des rebelles sont spoliées et redistribuées au profit de Caïds convertis. Certaines tribus font allégeances et parmi elles des contingents sont levés et utilisés comme boucliers en première ligne, imazighens contre d’autre imazighens. Le vieux Zayani, qui avait été le maître incontesté de toute la montagne, le dominateur redouté de la plaine, qui avait pour devise « Les montagnes sont mes os, l’Oum Er Rhbia est ma limite, la plaine est ma proie », voit son influence effritée devant le travail politique des officiers des Affaires Indigènes. Il est trahi par ses neveus, ses chefs de guerre. Ses propres fils font soumission aux chrétiens et au Makhzen (BOU AZZA à partir de 1917 combattit à la tête d’un guich aux cotés des soldats français et reçu la Légion d’honneur des mains du Maréchal LYAUTEY, HASSAN se soumet en juin 1920 au Général POEYMIREAU, est nommé Pacha sur les Zayans et devient un grand propriétaire terrien). La lutte est inégale et la fin prévisible, MOHA OU HAMMOU tombe, les armes à la main, à Azlag N Tzemmurt, prés de Tawjgalt, le 27 mars 1921, tué par les gens de sa propre tribu. La bataille d’El Herri sera le premier et dernier exemple de l’unité Amazighes autour d’un seul leader. Tous les chefs rebelles seront battus en 1932 car il n’ont pas agit en tant qu’identité national. C’est l’intelligentsia intellectuelle et religieuse de Fes qui reprendra le flambeau de la résistance, éloignant de la scène politique, voir marginalisant, les tribus Berbères. En 1956, le Maroc accède à l’ indépendance. Un monument, érigé par la France en mémoire des soldats tombés ce 13 novembre 1914, est, à cette occasion, détruit et remplacé par une stèle à la gloire des combattants marocains.


Trois personnes, aux itinéraires si différents, pour un même lieu de sépulture, le sable du Maroc. MOHA ou HAMMOU est enterré sur les lieux de sa dernière défaite. Le Colonel LAVERDURE repose maintenant au Cimetière de Ben M’Sick ou ont été regroupés, au cours des années 1970, les corps des soldats français. Peut être en est il de même pour mon lointain cousin, Lucien BERJONNEAU, en tant que simple soldat inconnu, à moins qu’il demeure dans les fosses communes jalonnant la route de KHENIFRA à EL HERRI. Le vieux chef Berbère laissera l’image du courage, de la fierté, de la résistance des Zaîans. Le choix de L’Officier français sera très critiqué par sa hiérarchie et on prête à LYAUTEY ces paroles : « s’il eut survécu à sa défaite, je l’aurais fait fusiller ». Rare seront ceux qui assisteront ses deux filles dans cette incurie.

Lucien, lui, humblement, aura nourrit l’imaginaire de mon adolescence. . J’ai voulu transmettre se vécu pour que Lucien ne soit pas que cette belle photo glacée de soldat, ce nom gravé parmi tant d’autre sur le monument aux morts de Fontenay Le Comte. Il nous reste de lui quelques photos, lettres et cartes malhabilement écrites, un casque colonial depuis perdu. Et ce récit pour raconter à nos enfants ces histoires que notre grand mère nous a laissé.




SOURCES :

- Archives Départementales de la Vendée :
- 1R 627 Dossier militaire Lucien BERJONNEAU
- Acte de naissance Lucien BERJONNEAU
- Acte de décès Lucien BERJONNEAU
- Sites Internet :
- Wikipedia.org («Mouha ou Hammou » et « Elhri »)
- Tawiza.net (« L’histoire de la résistance armée dans les Atlas racontée par la poésie » par A.Khadaoui)
- Mémoire des hommes.com
- France Gen web.com
- Ministère de la Défense, Bureau des monuments historiques et des lieux de mémoire
- Service Historique de la Défense :
- 4Ye 1014 Dossier militaire Colonel LAVERDURE
- 3H 902 Opérations chez les Zaïans
- 3H 903 JMO des 3 colonnes, affaire Khénifra
- Etude : «Modifications apportées en 1936-1937 à l’organisation administrative et au commandement de l’Empire Chérifien»
- Bibliothèque Historique de la Défense :
- T.U. 74 «Le Corps Français d’Occupation de Chine 1901-1945», Mémoire de maîtrise d’Amaury Verron
- 14660 «Ce Maroc que nous avons fait» de Jean D’Esme
- 23690 «El Herri» de Jean Pichon
- 3099 «Les berbères marocains et la pacification de l’Atlas central 1912-1933» du Général A.Guillaume
- 7036 «Maroc, vingt troisième heure» du Général Jean Charbonneau
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