Nous savons qu'un nombre appréciable d'enfants ou d'adolescents ont tâché de suivre des troupes ou de gagner le front, seuls ou à plusieurs, parfois de très loin. Les JMO des Prévôtés en sont pleins: on les intercepte, et on les ramène à l'arrière. Les cas les plus célèbres sont ceux des "petits héros", Jean-Corentin Carré, Emile Bigarré (15 ans 1/2), le Caporal Gustave Chatain, 2 citations, 2 blessures, qui aurait fait 9 prisonniers et aurait été proposé pour la médaille militaire (il est figuré sur une carte postale de propagande où on le voit (très jeune), les bras croisés. Léonce Mallet, 15 ans, amputé à la cuisse etc... Le Pol Woitelin, 13 ans, dont parle André Kahn en novembre 14, etc...
Certains officiers n'appréciaient pas, d'autres laissaient faire.
Et il y avait de quoi. Tous n'étaient pas des boy-scouts enflammés par l'amour de la patrie, mais des apaches ou des voyous.
Riotor, par exemple, à l'arrivée du jeune Jean Mercadié, engagé volontaire à 16 ans, comprend tout de suite qu'il a affaire à une petite crapule: "morveux fantaisiste" et prédit, quel flair, qu'il finira en conseil de guerre. Comme chacun sait, Barrès chanta le petit héros, on fit une quête en sa faveur, jusqu'à ce qu'on le retrouve, comme prévu par Riotor, d'abord au tribunal puis devant un conseil de guerre: il arborait sur son uniforme une médaille militaire achetée à Châlons (Gazette des tribunaux du 3 mai 15).
En lisant le JMO du service de santé du 15e RI, en voici un autre: Marius Prudent, portant un uniforme de caporal. J'ai scanné le paragraphe qui reprend le rapport adressé au colonel:

Il y a une suite, naturellement.
Quelques jours plus tard, disparition du "caporal", parti "sans prévenir personne". Le médecin fait entreprendre des recherches, qui ne donnent aucun résultat: Le 12 août : « Il est probable qu’il est parti avec un des régiments coloniaux qui étaient nos voisins », partis dans la nuit du 9 au 10. Le 13 août : « Le [[strike]soldat[/strike]] soi-disant caporal Prudent Marius n’a pas reparu au cantonnement du dépôt d’éclopés ».
C'est tout pour aujourd'hui,
Bon dimanche.
aB