Retranscription du journal d'un cyrard, hélas arrêté au bout de quelques pages.
<< 2 août 1914
Mobilisation générale. Pékin de Bahut. la promo de la C du Drapeau part. Nous sommes sous lieutenants!
Je suis nommé au 54e de ligne. Départ vers 10h 1/2. J'ai fait coudre des galons sur ma tunique et acheté un sabre.
Départ de la gare du Nord. Arrivée à Compiègne à 16h00. Je finis de toucher ce qu'il me faut (cantine, étui à révolver) et touche 1 000 F chez le trésorier. Suis à la 9e Cie. A 21 h 00 à la gare arrive le 2e échelon commandé par le Cne Arousse. Les réservistes de la 9e sont commandés par Delsuc. Embarquement. Je voyage avec Fouret normalien ss lieutenant.
3 août 1914
Débarquement à Sampigny. Popote. Marlio Jean officier de liaison du bataillon va aux ordres à Saint Mihiel. Nous partons vers 12h00 pour Saint Maurice sous les côtes. Il fait très chaud. Puis orage. Puis la nuit. Route interminable. Débandade. Mes réservistes sont éreintés. Il y en a qui pleurent.
Enfin St Maurice!! Je cherche le cantonnement de la 9e. Bois un quart de jus. Mange un peu puis m'endors sur la paille dans une grange. Ouf.
4 août 1914
4h00. Bonne sous lieutenant commandant la 9e me réveille. Très gentil. Me donne à boulotter. Repos. Promenade. Présentation au Commandant Rick du 3e bataillon. Etait ...illisible... d'art mili à la Spéciale. Présentation au Lieutenant Colonel Boisseau.
Les jours qui suivent. Repos, barbettes sur l'éperon de St Maurice et sur la route du calvaire. Je vais à Woël me faire soigner les dents. Rondes avec Bonne. Nous sablons le champagne en force.
Lieutenant Mitrailleur Astolfi (son oncle Colonel en retraite à Agen).
Enfin départ. Vu des prisonniers. Nous prenons les avant-postes à Jonville nuit calme dans un bois, puis barbettes au nord de Jonville. Nous sommes relevés par le 1er bataillon. Allons cantonner à Wadonville en Woevre. Pays infect. Il pleut. Puces. Fermes abandonnées. Départ. Arrivons à Bracquis. Mieux mais encore des histoires de vols. Service mauvais. Cabarets etc. Promenades à cheval sur Pirouette. Été à Saint Maurice le château. Explication avec Munier. Des prisonniers encore. Nous partons le 21 aout pour Arrancy en passant par Spincourt. Arrivé à Han. Les cavaliers allemands venaient de partir .../... Chevaux allemands tués et un chasseur à cheval allemand. Devant Arrancy distributions. Bon cantonnement. Marie Marchal. Omelette au jambon. Vin vieux.
22 août
Départ à 4h00. Route longue. Nous touchons le supplément de cartouches. Mission spéciale avec une section du Génie. On entend le canon. Un bois en feu au delà de Cosnes nous empêche de passer. Nous restons en réserve.
1° Balles perdues. 1 en dessus du Colonel. Blessés. Spectacle de bataille merveilleux.
2° 1er obus .../... Haucourt. Tout brûle. Lenis, Cutry, Cons la Grandville, Villers la chèvre, Cosnes etc etc. Çà pleut. Vu Giraux ex capitaine au Prytanée au 106.
Le 106 se fait .../... dans le ravin de Cons la Grandville. Nous faisons face à droite en tirailleur dans le fossé de la route de Longwy. Balles dzz ... dzz ... flac, mîîaou etc etc. Je monte sur le fossé. Balles! une à mes pieds. Premier feu à volonté à 1200 m les allemands gagnent le bois, de là on se canarde.
Biplan Farman atterrit en pleine ligne de feu. Baïonnettes .... on. Ordre de se replier. Je pars le dernier. Ma section isolée à cause d'un détour obligé vers Cosnes (corvée d'eau). Artillerie lourde allemande tout le temps. Déroute du 46e. Je prends un sac avec ce qu'il me faut. Linge, papier, vivres. Marche longue, longue. Tellancourt, Revémont par Viviers je retrouve la 9e compagnie. ouf. Effusion. Bivouac.
>>
à suivre
J'ai respecté l'orthographe des nom de personnes même quand cela diffère de l'historique du 54e régiment d'infanterie.
Capitaine Arousse : Arrous
Sous-lieutenant Fouret : Fouré
Colonel Boisseau : Boissaud
Commandant Rick : Ricq
Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
23 août
Soutien d'artillerie. Obus. 1 schrapnell à 10 pas, rien. Fausse alerte par un coup de fusil. Retraite par Longuyon. Nous revenons devant Arrancy face à l'Est. Avant cela on retrouve le Commandant Rick sur Pirouette cheval de Bonne. Panique de convoi près de Constantine. Attente. Rien à manger. Avant-postes de .../... devant Arrancy au lieu de cantonnement. Les allemands tirent jusqu'à 0h30.
24 août
Nous changeons d'emplacement. Artillerie allemande!!! En blaguant à Bonne balle de schrapnell dans le mollet gauche. Aïe. j'en ai. Je pars à pied pour Constantine suis pansé par infirmier du 8e bataillon de Chasseur.../... Ça tombe sur la ferme. Les cochons grognent de peur. Les allemands approchent. Je me relève et laisse là une bande de blessés qui râlent. Suis recueilli sur un caisson de 120 (4e régiment) puis dans l'auto d'un colonel de ce régiment. Pillon. Repansement. En charrette et quelle charrette jusqu'à Azannes avec Marlio. Chemin de fer, sur un truc avec Marlio.
25 août
1h00 Verdun. Départ pour Troyes. Marlio, Macquigny (Ingé chez Hammel et Cie) Guichard du 59e Duquesne du 120e (notaire à Chambrun) nous .../... Troyes, changement de train. Nous rigolons.
Voyage ahurissant.
27 août
Agen. Ovation à l'arrivée. Hôpital Sainte Foy. Infirmière .../... Alquier, de Dampierre, Hagen (présidente). Docteur de Nazaris. Traitement. Je me fais habiller à neuf. .../... Départ en convalescence le 28 septembre .../...>>
Fin des feuillets.
En note au crayon derrière le dernier feuillet:
<<le biplan qui a atterrit le 22 août est piloté par le Ct Ruekel>> si je déchiffre bien!
Soutien d'artillerie. Obus. 1 schrapnell à 10 pas, rien. Fausse alerte par un coup de fusil. Retraite par Longuyon. Nous revenons devant Arrancy face à l'Est. Avant cela on retrouve le Commandant Rick sur Pirouette cheval de Bonne. Panique de convoi près de Constantine. Attente. Rien à manger. Avant-postes de .../... devant Arrancy au lieu de cantonnement. Les allemands tirent jusqu'à 0h30.
24 août
Nous changeons d'emplacement. Artillerie allemande!!! En blaguant à Bonne balle de schrapnell dans le mollet gauche. Aïe. j'en ai. Je pars à pied pour Constantine suis pansé par infirmier du 8e bataillon de Chasseur.../... Ça tombe sur la ferme. Les cochons grognent de peur. Les allemands approchent. Je me relève et laisse là une bande de blessés qui râlent. Suis recueilli sur un caisson de 120 (4e régiment) puis dans l'auto d'un colonel de ce régiment. Pillon. Repansement. En charrette et quelle charrette jusqu'à Azannes avec Marlio. Chemin de fer, sur un truc avec Marlio.
25 août
1h00 Verdun. Départ pour Troyes. Marlio, Macquigny (Ingé chez Hammel et Cie) Guichard du 59e Duquesne du 120e (notaire à Chambrun) nous .../... Troyes, changement de train. Nous rigolons.
Voyage ahurissant.
27 août
Agen. Ovation à l'arrivée. Hôpital Sainte Foy. Infirmière .../... Alquier, de Dampierre, Hagen (présidente). Docteur de Nazaris. Traitement. Je me fais habiller à neuf. .../... Départ en convalescence le 28 septembre .../...>>
Fin des feuillets.
En note au crayon derrière le dernier feuillet:
<<le biplan qui a atterrit le 22 août est piloté par le Ct Ruekel>> si je déchiffre bien!
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Re: Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
Bonjour,
un grand merci à vous pour ces lignes émanant de ce cyrard de "la croix du drapeau", magnifique promotion de Saint-Cyr (ma préférée avec la Montmirail, bien entendu).
Bien cordialement
Ludovic
un grand merci à vous pour ces lignes émanant de ce cyrard de "la croix du drapeau", magnifique promotion de Saint-Cyr (ma préférée avec la Montmirail, bien entendu).
Bien cordialement
Ludovic
Montmirail, Croix du Drapeau, Fusiliers marins, De Gironde, Cigognes, etc... : http://bravouresetgrandeursmilitaires.wifeo.com/
Re: Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
Bonsoir à Toutes & Tous
Bonsoir "sessouvenirs", Ludovic
- Un grand merci pour le sympathique partage du journal d'un cyrard du 54e RI. Nous disposons ainsi d'un nouveau témoignage sur les premiers combats près de Longwy, le 22 août 1914 ...!
- Connaissez-vous son nom? Selon l'ordre de bataille du 54e RI début août 1914 publié dans son JMO, il y a trois sous-lieutenants à la 9e compagnie du 3e bataillon du 54e RI (III/54e RI): BONNE (cité dans le journal), FRANQUET et DELSNE ....?
- L'épisode de l'atterrissage d'un biplan Farman en pleine ligne de feu est particulièrement intéressant! Nos amis aviateurs ont-ils plus d'informations à ce sujet? Merci d'avance!
Une bonne soirée bien ensoleillée de Bruxelles!
Bonsoir "sessouvenirs", Ludovic
- Un grand merci pour le sympathique partage du journal d'un cyrard du 54e RI. Nous disposons ainsi d'un nouveau témoignage sur les premiers combats près de Longwy, le 22 août 1914 ...!
- Connaissez-vous son nom? Selon l'ordre de bataille du 54e RI début août 1914 publié dans son JMO, il y a trois sous-lieutenants à la 9e compagnie du 3e bataillon du 54e RI (III/54e RI): BONNE (cité dans le journal), FRANQUET et DELSNE ....?
- L'épisode de l'atterrissage d'un biplan Farman en pleine ligne de feu est particulièrement intéressant! Nos amis aviateurs ont-ils plus d'informations à ce sujet? Merci d'avance!
Une bonne soirée bien ensoleillée de Bruxelles!
Bien cordialement
Paul Pastiels
Paul Pastiels
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
grâce à la gentillesse de Gérault qui m'a répondu sur le forum aviation et retranscrit l'extrait concernant le Farman (sans oublier TLR qui avait identifié aussi le pilote) voici le récit vu du pilote, le lieutenant René Roeckel!
<<Tout à coup, un bruit formidable dans mon appareil, le moteur s'arrête... mon appareil, projeté, retourné par le souffle d'un obus plus rapproché commence à dégringoler à l'envers.
Descente vertigineuse de 2 000 mètres et rien à faire pour le rétablir les commandes ne répondaient pas. Je traverse une couche de nuages, puis j'aperçois, au dessus de ma tête, Longwy (la citadelle) en flammes et c'est exactement au milieu de la fournaise que je suis précipité ! Vers 1 000 mètres peut être, la position de l'appareil change. Il descend en vrille autour de l'extrémité de l'aile gauche à une vitesse vertigineuse. Je fais des efforts désespérés pour le rétablir, et comme mon observateur me crie des paroles inintelligibles : « Allez vers le sud, remettez le moteur... » je me tourne vers lui « Il n'y a rien ci faire, mon capitaine, l'appareil est démoli ! Et la descente continue, terrifiante ! »
« A 200 mètres des flammes, la descente ralentit légèrement. Est ce la chaleur, que l'on sent déjà, qui a produit un remous ascendant favorable? Mon appareil commence à répondre. D'un effort violent, avec la rage du désespoir, je le remets droit. Mais où atterrir? A la citadelle en feu ? Là, au mois, je ne serai pas prisonnier.
Le capitaine me crie : Là bas ! au milieu des troupes. Ce sont peut être des Allemands ! Ces troupes rampent au milieu des obus au sud de la route qui va vers Longuyon et gagnent la route. J'ai l'idée d'atterrir dans le ravin boisé, au sud est, comptant sur un retour offensif des nôtres que j'attendrai dans la forêt en me défendant de mon mieux.
A 100 mètres je reconnais nos braves fantassins, je me crois sauvé, j’atterris le plus près possible d'eux... et je me pose sous une grêle d'obus et de balles. Les fantassins se replient en rampant parce que la position n'est plus tenable. Les balles sifflent autour de moi. Instinctivement je baisse la tête une seconde seulement, puis je descends de l'appareil; le sol est jonché de cadavres et de blessés qui se traînent. Au moment où je pose le pied à terre, un obus tombe à 5 mètres, je me couche, les éclats passent au dessus de moi... Je ne fais plus attention aux balles, mais les obus m'abrutissent autant par leur bruit que par leur action. Ce ne sont qu'explosions autour de moi, un mélange de terre noire et d'éclats. Le capitaine veut rejoindre nos troupes, je lui dis de me mettre en route. Je remonte sur mon appareil et ce brave capitaine, avec beaucoup de sang froid (il n'a jamais mis de moteur en marche et me le répète), tourne l'hélice sous une grêle de balles. A ce moment l'une d'elles fait un sillage dans l'hélice, une autre traverse le longeron inférieur contre lequel mon observateur se tient, et tant d'autres qui nous sifflent aux oreilles ! Malgré cela il réussit à me mettre en marche. Je lui crie de monter et nous partons. Je ne sais si l'appareil est en état de voler, et quel terrain de départ! Tant pis ! Je roule ventre à terre et, à mesure que j'avance, quatre obus tombent successivement juste devant moi (je ne parle pas des autres), comme si je courais à eux. Je décolle, mon appareil est déséquilibré, mais il s'agit bien de conduite d'appareil!... Je ferais trente six loopings pour échapper à cet enfer. C'est quelque chose de terrifiant ! J'essuie encore quelques balles françaises des tirailleurs retranchés le long de la route (insignifiant !) et je rentre clopin clopant au nid. >>
Jacques Mortane dans " la guerre des nues "
<<Tout à coup, un bruit formidable dans mon appareil, le moteur s'arrête... mon appareil, projeté, retourné par le souffle d'un obus plus rapproché commence à dégringoler à l'envers.
Descente vertigineuse de 2 000 mètres et rien à faire pour le rétablir les commandes ne répondaient pas. Je traverse une couche de nuages, puis j'aperçois, au dessus de ma tête, Longwy (la citadelle) en flammes et c'est exactement au milieu de la fournaise que je suis précipité ! Vers 1 000 mètres peut être, la position de l'appareil change. Il descend en vrille autour de l'extrémité de l'aile gauche à une vitesse vertigineuse. Je fais des efforts désespérés pour le rétablir, et comme mon observateur me crie des paroles inintelligibles : « Allez vers le sud, remettez le moteur... » je me tourne vers lui « Il n'y a rien ci faire, mon capitaine, l'appareil est démoli ! Et la descente continue, terrifiante ! »
« A 200 mètres des flammes, la descente ralentit légèrement. Est ce la chaleur, que l'on sent déjà, qui a produit un remous ascendant favorable? Mon appareil commence à répondre. D'un effort violent, avec la rage du désespoir, je le remets droit. Mais où atterrir? A la citadelle en feu ? Là, au mois, je ne serai pas prisonnier.
Le capitaine me crie : Là bas ! au milieu des troupes. Ce sont peut être des Allemands ! Ces troupes rampent au milieu des obus au sud de la route qui va vers Longuyon et gagnent la route. J'ai l'idée d'atterrir dans le ravin boisé, au sud est, comptant sur un retour offensif des nôtres que j'attendrai dans la forêt en me défendant de mon mieux.
A 100 mètres je reconnais nos braves fantassins, je me crois sauvé, j’atterris le plus près possible d'eux... et je me pose sous une grêle d'obus et de balles. Les fantassins se replient en rampant parce que la position n'est plus tenable. Les balles sifflent autour de moi. Instinctivement je baisse la tête une seconde seulement, puis je descends de l'appareil; le sol est jonché de cadavres et de blessés qui se traînent. Au moment où je pose le pied à terre, un obus tombe à 5 mètres, je me couche, les éclats passent au dessus de moi... Je ne fais plus attention aux balles, mais les obus m'abrutissent autant par leur bruit que par leur action. Ce ne sont qu'explosions autour de moi, un mélange de terre noire et d'éclats. Le capitaine veut rejoindre nos troupes, je lui dis de me mettre en route. Je remonte sur mon appareil et ce brave capitaine, avec beaucoup de sang froid (il n'a jamais mis de moteur en marche et me le répète), tourne l'hélice sous une grêle de balles. A ce moment l'une d'elles fait un sillage dans l'hélice, une autre traverse le longeron inférieur contre lequel mon observateur se tient, et tant d'autres qui nous sifflent aux oreilles ! Malgré cela il réussit à me mettre en marche. Je lui crie de monter et nous partons. Je ne sais si l'appareil est en état de voler, et quel terrain de départ! Tant pis ! Je roule ventre à terre et, à mesure que j'avance, quatre obus tombent successivement juste devant moi (je ne parle pas des autres), comme si je courais à eux. Je décolle, mon appareil est déséquilibré, mais il s'agit bien de conduite d'appareil!... Je ferais trente six loopings pour échapper à cet enfer. C'est quelque chose de terrifiant ! J'essuie encore quelques balles françaises des tirailleurs retranchés le long de la route (insignifiant !) et je rentre clopin clopant au nid. >>
Jacques Mortane dans " la guerre des nues "
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Re: Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
Bonsoir à Toutes & Tous
Bonsoir "Ses Souvenirs", Gerault
Encore un grand merci à nos amis érudits aviateurs pour le partage des renseignements sur le lieutenant René ROECKEL et son exploit à Longwy, le 22/08/1914. Ce forum est merveilleux !
Le ciel n'appartenait donc pas uniquement aux taubes allemands au début de la Grande Guerre. Le rôle de l'aviation militaire française à cette époque mérite d'être mieux étudié ...!
Une bonne soirée de Belgique
Bonsoir "Ses Souvenirs", Gerault
Encore un grand merci à nos amis érudits aviateurs pour le partage des renseignements sur le lieutenant René ROECKEL et son exploit à Longwy, le 22/08/1914. Ce forum est merveilleux !
Le ciel n'appartenait donc pas uniquement aux taubes allemands au début de la Grande Guerre. Le rôle de l'aviation militaire française à cette époque mérite d'être mieux étudié ...!
Une bonne soirée de Belgique
Bien cordialement
Paul Pastiels
Paul Pastiels
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
Souvenirs d'un officier du 25e RAC. Mêmes lieux mêmes dates.
<<Le 22,
réveil à 3 heures et départ vers 6 heures dans la direction du nord, pour gagner la Belgique en passant entre Longwy et Longuyon. Là nous devions bientôt tomber dans un véritable guet-apens. Les Allemands, installés dans la région dès la mobilisation, connaissant parfaitement le terrain très accidenté, y ayant amené des pièces de siège en grand nombre, ont laissé passer à notre avant-garde le ravin à pic au fond duquel se trouve le très joli village de Cous-la-Grandville, et ont accueilli le gros de nos troupes, de l'autre côté, par une fusillade et une canonnade nourries. J'espère que l'avenir établira les responsabilités : je crois à une trop grande confiance de nos généraux, mais combien grave aussi le silence des habitants, terrorisés par les Allemands cachés dans leurs vergers et ne nous répondant rien quand nous leur demandions s'ils avaient vu l'ennemi ... En tête du groupe des échelons, à 150 mètres derrière les batteries, je voyais leur arrivée sur la crête accueillie par une volée d'obus. Un peu plus tard, c'étaient nos échelons que criblaient les balles d'infanterie, tuant un cheval et en blessant une demi-douzaine ; impression pénible que celle qu'on éprouve à entendre siffler autour de soi des balles invisibles, bien que d'abord on ne réalise pas le danger ; je me suis très tranquillement promené le long de la colonne pour obliger mes hommes, couchés dans le fossé, à revenir à la tête de leurs chevaux et je n'ai eu l'impression que je m'exposais que quand j'ai vu un cheval dont la bride avait été coupée et la joue trouée par une balle. Tout s'est en somme passé avec beaucoup de calme, mais il ne faisait pas bon moisir dans le ravin ; nous sommes remontés à cheval et nous avons passé la crête au trot, sans nous faire tuer, pour aller nous installer à l'abri d'un grand bois, derrière les batteries.
Déjeuner sur le pouce. Mise en batterie tout de suite après. Dès le début de l'après-midi, les Allemands recommençaient à tirer, cette fois avec des projectifs explosifs de gros calibre. Les batteries étaient arrosées d'abord - et nous voyions nettement d'énormes nuages surgir du sol tout près des pièces. J'ai su plus tard que le premier obus, tombé sur la 9ème batterie, avait tué le lieutenant et plusieurs hommes. Mais, tout à coup, sifflements différents - et deux obus tombent en plein dans nos échelons, mettant le feu à un caisson qui part emballé. Un moment de flottement, mais bientôt, instinctivement, tout le monde est à cheval et tout le monde galope pour sortir au plus vite de la zone dangereuse. Le tir ennemi ne nous a suivi qu'un instant. Cela a été spontané, mais cette fuite a un heureux résultat, car nous ne laissons sur le terrain ni homes ni chevaux.
A un kilomètre de là, la masse des voitures arrive à la route, à l'entrée du village de et passe au pas dans le village. Je me concerte avec mon camarade Tézenas , qui part reconnaître un nouvel emplacement. Je reste au carrefour et j'aiguille les voitures sur le bon chemin. Ma jument, nerveuse, est toute couverte d'écume et ne veut pas tenir en place. Un quart d'heure après nous faisons l'appel et nous nous retrouvons au complet.
Les tuyaux circulent. Un tel aurait été tué, telle batterie serait complètement anéantie. Mais, en définitive, si la journée avait été très dure pour nos batteries, elles s'en tiraient avec honneur et sans perdre trop de monde. Mon groupe, qui était à l'avant-garde le matin, a dû l'après-midi tenir sous un feu terrible jusqu'à ce que l'infanterie se soit repliée, soit pendant plus d'une heure et demie. Le commandant Bastard fumait flegmatiquement des pipes. Mon capitaine, légèrement blessé au cou, refusait de se laisser évacuer. Le soir, le colonel félicitait le commandant et l'embrassait devant tous les hommes, lui disant qu'il avait sauvé l'infanterie de la division.
A la fin de la journée, l'ordre nous arrivait de nous replier. Nous traversions à la tombée de la nuit Louquyon, grouillant de monde. De l'autre côté, nous prenions la route de Beuveille, notre cantonnement de la veille. Route déserte. Nuit noire. Abruti par toutes ces émotions, le roulement des voitures qui nous suivent ressemble à la canonnade dont le bruit obsédant nous poursuit. Pas un coup de canon ni un coup de fusil. Dans la direction où nous marchons un village flambe. Fatigués comme nous le sommes, où allons nous pouvoir trouver le repos ? Mais non, ce n'est pas Beuveille qui brûle, nous arrivons à l'entrée du village. Un officier d'état-major nous apprend que l'ennemi est à quelques centaines de mètres et nous envoie coucher à Arrancy , à 3 kilomètres de là. Nous trouvons un village bondé de monde. Nous laissons les voitures en colonne dans les rues, les chevaux attelés, avec quelques gardes et nous trouvons de la paille où nous dormons pesamment.
Le 23 août,
lever à 4 heures. Nous partons nous reformer à l'extérieur du village et rejoindre nos batteries. A peine notre dernière voiture en est-elle sortie, que les obus recommencent à tomber sur Arrancy. Ni canonnade, ni fusillade du côté des lignes. Nous repartons tranquillement vers Louguyon. Près de la ferme constantine, des batteries de 120 long prennent position. Réconfort énorme de sentir que les Boches ne seront pas seuls à avoir de l'artillerie lourde aujourd'hui.Un peu plus loin, je vois le général Heir, arrêté pied à terre au bord de la route. Son capitaine adjoint, que j'ai connu à Châlons, m'appelle - et le général me demande des nouvelles des officiers de mon groupe.
Nous traversons Languyon et montons sur un plateau à l'Est. Nos batteries sont en position tout près. Et voici que la canonnade reprend. Explosifs percutants devant nous. Obus à balles fusant à gauche. Et tout celà nous semble converger vers nous, tant à la guerre on se considère souvent à tort comme l'objectif de l'ennemi. Sontanément tous sautent à cheval comme hier. Cette fois, je reste à pied, à la tête de mon premier caisson pour diriger la colonne et l'empêcher de se faire voir, ce qui pourraient être désastreux. Raisonnement faux. J'aurais bien mieux dirigé mn monde à cheval. Mon échelon se replie au trot, avec ceux des deux autres batteries. Mon ordonnance est sur ma jument et je fais 2 kilomètres à pied sous le tir qui me suit. J'ai chaud.
Batteries et échelons se retrouvaient de l'autre côté de Longuyon. Ma batterie avait été obligée, en se repliant d'abandonner deux canons embourbés dans un fond. Après-midi calme, sur le qui-vive - bivouac aux avant-postes près du village de Pillon - si près de l'ennemi que nous nous croyions sacrifiés.
Attaques et contre-attaques incessantes le 24 août. Changements de position nombreux ; les échelons suivant ce mouvement de flux et de reflux sur la route de Mangienne. C'est éreintant pour les hommes et pour les chevaux, ceux-ci attelés toujours et ne buvant jamais, les uns et les azutres mangeant mal. Pour accompagner une contre-attaque sur la ferme de Constantine, mon groupe a été envoyé sur une position où venait de se faire démolir un groupe du 46ème. Avant de l'envoyer à la mort, le général Heir est venu faire ses adieux au commandant. Mise en batterie sous le bombardement. Position occupée 3 heures - sans qu'un homme ni un cheval n'ait été touché.
Le 25,
nouvelle journée de bataille, toujours dans la même région. Et, l'après-midi, retraite derrière les côtes de Meuse - où nous avons joui, couchés dans une herbe très verte, d'une fin de journée délicieusement calme.
Nous avons tenu ici d'une façon admirable, nous heurtant à des forces supérieures, surpris par des travaux de fortification très complets, ayant un canon de campagne meilleur que les Allemands, mais désorientés par leur s grosses pièces qui tirent à 9 kilomètres et auxquelles nous ne pouvons répondre. Quatre jours de suite nous avons attaqué. Maintenant nous sommes très las d'avoir ainsi marché 4 jours sans répit, dormant peu, couchant sur la paille, habillés et chaussés depuis près de huit jours, restant parfois 24 heures sans avoir le temps de manger. >>
Extrait de http://matbru.net/poilu/index.php
Si un artilleur savait à quel régiment appartenaient ces 120 longs?
<<Le 22,
réveil à 3 heures et départ vers 6 heures dans la direction du nord, pour gagner la Belgique en passant entre Longwy et Longuyon. Là nous devions bientôt tomber dans un véritable guet-apens. Les Allemands, installés dans la région dès la mobilisation, connaissant parfaitement le terrain très accidenté, y ayant amené des pièces de siège en grand nombre, ont laissé passer à notre avant-garde le ravin à pic au fond duquel se trouve le très joli village de Cous-la-Grandville, et ont accueilli le gros de nos troupes, de l'autre côté, par une fusillade et une canonnade nourries. J'espère que l'avenir établira les responsabilités : je crois à une trop grande confiance de nos généraux, mais combien grave aussi le silence des habitants, terrorisés par les Allemands cachés dans leurs vergers et ne nous répondant rien quand nous leur demandions s'ils avaient vu l'ennemi ... En tête du groupe des échelons, à 150 mètres derrière les batteries, je voyais leur arrivée sur la crête accueillie par une volée d'obus. Un peu plus tard, c'étaient nos échelons que criblaient les balles d'infanterie, tuant un cheval et en blessant une demi-douzaine ; impression pénible que celle qu'on éprouve à entendre siffler autour de soi des balles invisibles, bien que d'abord on ne réalise pas le danger ; je me suis très tranquillement promené le long de la colonne pour obliger mes hommes, couchés dans le fossé, à revenir à la tête de leurs chevaux et je n'ai eu l'impression que je m'exposais que quand j'ai vu un cheval dont la bride avait été coupée et la joue trouée par une balle. Tout s'est en somme passé avec beaucoup de calme, mais il ne faisait pas bon moisir dans le ravin ; nous sommes remontés à cheval et nous avons passé la crête au trot, sans nous faire tuer, pour aller nous installer à l'abri d'un grand bois, derrière les batteries.
Déjeuner sur le pouce. Mise en batterie tout de suite après. Dès le début de l'après-midi, les Allemands recommençaient à tirer, cette fois avec des projectifs explosifs de gros calibre. Les batteries étaient arrosées d'abord - et nous voyions nettement d'énormes nuages surgir du sol tout près des pièces. J'ai su plus tard que le premier obus, tombé sur la 9ème batterie, avait tué le lieutenant et plusieurs hommes. Mais, tout à coup, sifflements différents - et deux obus tombent en plein dans nos échelons, mettant le feu à un caisson qui part emballé. Un moment de flottement, mais bientôt, instinctivement, tout le monde est à cheval et tout le monde galope pour sortir au plus vite de la zone dangereuse. Le tir ennemi ne nous a suivi qu'un instant. Cela a été spontané, mais cette fuite a un heureux résultat, car nous ne laissons sur le terrain ni homes ni chevaux.
A un kilomètre de là, la masse des voitures arrive à la route, à l'entrée du village de et passe au pas dans le village. Je me concerte avec mon camarade Tézenas , qui part reconnaître un nouvel emplacement. Je reste au carrefour et j'aiguille les voitures sur le bon chemin. Ma jument, nerveuse, est toute couverte d'écume et ne veut pas tenir en place. Un quart d'heure après nous faisons l'appel et nous nous retrouvons au complet.
Les tuyaux circulent. Un tel aurait été tué, telle batterie serait complètement anéantie. Mais, en définitive, si la journée avait été très dure pour nos batteries, elles s'en tiraient avec honneur et sans perdre trop de monde. Mon groupe, qui était à l'avant-garde le matin, a dû l'après-midi tenir sous un feu terrible jusqu'à ce que l'infanterie se soit repliée, soit pendant plus d'une heure et demie. Le commandant Bastard fumait flegmatiquement des pipes. Mon capitaine, légèrement blessé au cou, refusait de se laisser évacuer. Le soir, le colonel félicitait le commandant et l'embrassait devant tous les hommes, lui disant qu'il avait sauvé l'infanterie de la division.
A la fin de la journée, l'ordre nous arrivait de nous replier. Nous traversions à la tombée de la nuit Louquyon, grouillant de monde. De l'autre côté, nous prenions la route de Beuveille, notre cantonnement de la veille. Route déserte. Nuit noire. Abruti par toutes ces émotions, le roulement des voitures qui nous suivent ressemble à la canonnade dont le bruit obsédant nous poursuit. Pas un coup de canon ni un coup de fusil. Dans la direction où nous marchons un village flambe. Fatigués comme nous le sommes, où allons nous pouvoir trouver le repos ? Mais non, ce n'est pas Beuveille qui brûle, nous arrivons à l'entrée du village. Un officier d'état-major nous apprend que l'ennemi est à quelques centaines de mètres et nous envoie coucher à Arrancy , à 3 kilomètres de là. Nous trouvons un village bondé de monde. Nous laissons les voitures en colonne dans les rues, les chevaux attelés, avec quelques gardes et nous trouvons de la paille où nous dormons pesamment.
Le 23 août,
lever à 4 heures. Nous partons nous reformer à l'extérieur du village et rejoindre nos batteries. A peine notre dernière voiture en est-elle sortie, que les obus recommencent à tomber sur Arrancy. Ni canonnade, ni fusillade du côté des lignes. Nous repartons tranquillement vers Louguyon. Près de la ferme constantine, des batteries de 120 long prennent position. Réconfort énorme de sentir que les Boches ne seront pas seuls à avoir de l'artillerie lourde aujourd'hui.Un peu plus loin, je vois le général Heir, arrêté pied à terre au bord de la route. Son capitaine adjoint, que j'ai connu à Châlons, m'appelle - et le général me demande des nouvelles des officiers de mon groupe.
Nous traversons Languyon et montons sur un plateau à l'Est. Nos batteries sont en position tout près. Et voici que la canonnade reprend. Explosifs percutants devant nous. Obus à balles fusant à gauche. Et tout celà nous semble converger vers nous, tant à la guerre on se considère souvent à tort comme l'objectif de l'ennemi. Sontanément tous sautent à cheval comme hier. Cette fois, je reste à pied, à la tête de mon premier caisson pour diriger la colonne et l'empêcher de se faire voir, ce qui pourraient être désastreux. Raisonnement faux. J'aurais bien mieux dirigé mn monde à cheval. Mon échelon se replie au trot, avec ceux des deux autres batteries. Mon ordonnance est sur ma jument et je fais 2 kilomètres à pied sous le tir qui me suit. J'ai chaud.
Batteries et échelons se retrouvaient de l'autre côté de Longuyon. Ma batterie avait été obligée, en se repliant d'abandonner deux canons embourbés dans un fond. Après-midi calme, sur le qui-vive - bivouac aux avant-postes près du village de Pillon - si près de l'ennemi que nous nous croyions sacrifiés.
Attaques et contre-attaques incessantes le 24 août. Changements de position nombreux ; les échelons suivant ce mouvement de flux et de reflux sur la route de Mangienne. C'est éreintant pour les hommes et pour les chevaux, ceux-ci attelés toujours et ne buvant jamais, les uns et les azutres mangeant mal. Pour accompagner une contre-attaque sur la ferme de Constantine, mon groupe a été envoyé sur une position où venait de se faire démolir un groupe du 46ème. Avant de l'envoyer à la mort, le général Heir est venu faire ses adieux au commandant. Mise en batterie sous le bombardement. Position occupée 3 heures - sans qu'un homme ni un cheval n'ait été touché.
Le 25,
nouvelle journée de bataille, toujours dans la même région. Et, l'après-midi, retraite derrière les côtes de Meuse - où nous avons joui, couchés dans une herbe très verte, d'une fin de journée délicieusement calme.
Nous avons tenu ici d'une façon admirable, nous heurtant à des forces supérieures, surpris par des travaux de fortification très complets, ayant un canon de campagne meilleur que les Allemands, mais désorientés par leur s grosses pièces qui tirent à 9 kilomètres et auxquelles nous ne pouvons répondre. Quatre jours de suite nous avons attaqué. Maintenant nous sommes très las d'avoir ainsi marché 4 jours sans répit, dormant peu, couchant sur la paille, habillés et chaussés depuis près de huit jours, restant parfois 24 heures sans avoir le temps de manger. >>
Extrait de http://matbru.net/poilu/index.php
Si un artilleur savait à quel régiment appartenaient ces 120 longs?
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
Extraits du carnet d'Auguste Pérocheau, artilleur au 4e RAL :
<<
Le 19 août, on part pour destination inconnue. On passe par Dieu, Samedieu, Handimond, Renvaux, Chatillon et Avricourt. On passe la nuit à Hautecourt et le 21 on part de nouveau. On passe à Maucourt, à Azanne et Mangiennes. On commence à voir les tombeaux de 2 soldats du 130e de ligne. On voit les traces des combats,qui ont eu lieu huit jours avant. On à Saint Laurent dernier village de la Meuse pour rentrer dans la Meurthe et Moselle. On cantonne à Longuyon à 12km de la Belgique.
Le 22 arrive au combat sans y prendre part. C'est un vrai duel d'artillerie. Les Allemands nous sont de beaucoup supérieurs. Le soir on cherche une position de mise en batterie. On reçoit un ordre de partir autre part sans savoir où, par une nuit très noire. Mais après deux heures de marche à travers champs, on nous fait faire demi-tour par voiture. Les projecteurs allemands étaient braqués sur nous. On allait dans la gueule du loup.
Le 23 août, on se met en batterie auprès d'une petite ferme et on ouvre le feu pour la 1ere fois. A peine avait-on tiré une dizaine de coups par pièce que l'ordre nous est donné de cesser le feu et par un beau soleil, on se couche sur l'herbe à côté de nos canons. La fusillade et la canonnade continuaient toujours, de chaque côté et en avant de nous. Quand tout à coup un désordre se met dans la batterie, les Hullans apparaissaient sur une crête environ à 800m de nous. On enlève vivement les culasses de nos canons, prêts pour partir, afin de n'être pas prisonniers avec canons. Il commençait à faire nuit. C'est à ce moment là que plusieurs batteries du 40e d'artillerie se sont fait entendre. La cavalerie ennemie a été fauchée, ce qui nous a permis de partir avec nos canons. Nous avions vraiment pas de chance pour notre début.
Le 24 août, on se replie en ordre. On passe à Pillon, tout est incendié et pillé. On revient par Mangienne. On marche du côté d'Azanne, mais voilà qu'on reçoit l'ordre de faire demi-tour. Les Prussiens reculent sur toute la ligne.
>>
La transcription du carnet, s'arrêtant en octobre 1914 : http://membres.lycos.fr/newcia/guerre14/guerre2.html
Cordialement
sesouvenir
<<
Le 19 août, on part pour destination inconnue. On passe par Dieu, Samedieu, Handimond, Renvaux, Chatillon et Avricourt. On passe la nuit à Hautecourt et le 21 on part de nouveau. On passe à Maucourt, à Azanne et Mangiennes. On commence à voir les tombeaux de 2 soldats du 130e de ligne. On voit les traces des combats,qui ont eu lieu huit jours avant. On à Saint Laurent dernier village de la Meuse pour rentrer dans la Meurthe et Moselle. On cantonne à Longuyon à 12km de la Belgique.
Le 22 arrive au combat sans y prendre part. C'est un vrai duel d'artillerie. Les Allemands nous sont de beaucoup supérieurs. Le soir on cherche une position de mise en batterie. On reçoit un ordre de partir autre part sans savoir où, par une nuit très noire. Mais après deux heures de marche à travers champs, on nous fait faire demi-tour par voiture. Les projecteurs allemands étaient braqués sur nous. On allait dans la gueule du loup.
Le 23 août, on se met en batterie auprès d'une petite ferme et on ouvre le feu pour la 1ere fois. A peine avait-on tiré une dizaine de coups par pièce que l'ordre nous est donné de cesser le feu et par un beau soleil, on se couche sur l'herbe à côté de nos canons. La fusillade et la canonnade continuaient toujours, de chaque côté et en avant de nous. Quand tout à coup un désordre se met dans la batterie, les Hullans apparaissaient sur une crête environ à 800m de nous. On enlève vivement les culasses de nos canons, prêts pour partir, afin de n'être pas prisonniers avec canons. Il commençait à faire nuit. C'est à ce moment là que plusieurs batteries du 40e d'artillerie se sont fait entendre. La cavalerie ennemie a été fauchée, ce qui nous a permis de partir avec nos canons. Nous avions vraiment pas de chance pour notre début.
Le 24 août, on se replie en ordre. On passe à Pillon, tout est incendié et pillé. On revient par Mangienne. On marche du côté d'Azanne, mais voilà qu'on reçoit l'ordre de faire demi-tour. Les Prussiens reculent sur toute la ligne.
>>
La transcription du carnet, s'arrêtant en octobre 1914 : http://membres.lycos.fr/newcia/guerre14/guerre2.html
La réponse, je crois, est ci-dessus! Le caisson de 120 sur lequel il a été recueilli devait appartenir au 4ème Régiment d'Artillerie Lourde.Si un artilleur savait à quel régiment appartenaient ces 120 longs?
Cordialement
sesouvenir
Re: Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
Bonsoir à Toutes & Tous
Bonsoir "sesouvenir"
Super! Toujours un grand merci pour le partage de vos recherches!
Après l'aviation, voici l'artillerie lourde. Nous allons de ce pas explorer les JMO's y afférents ...
Dommage que cette artillerie soit arrivée tardivement sur le champ de bataille du 22 août 1914, elle aurait peut-être pu contrebattre l'artillerie allemande effectuant le siège de Longwy ...!
Une bonne soirée de Bruxelles.
Bonsoir "sesouvenir"
Super! Toujours un grand merci pour le partage de vos recherches!
Après l'aviation, voici l'artillerie lourde. Nous allons de ce pas explorer les JMO's y afférents ...
Dommage que cette artillerie soit arrivée tardivement sur le champ de bataille du 22 août 1914, elle aurait peut-être pu contrebattre l'artillerie allemande effectuant le siège de Longwy ...!
Une bonne soirée de Bruxelles.
Bien cordialement
Paul Pastiels
Paul Pastiels
- IM Louis Jean
- Messages : 2741
- Inscription : dim. mars 22, 2009 1:00 am
Re: Promotion "Croix du Drapeau". Premiers jours de guerre d'un cyrard.
Bonsoir à toutes et à tous,
Bonsoir Didymes,
Grâce à vous Didymes le sous lieutenant Fouret évoqué dans le premier message est identifié :
<< ... il s'agit de Louis FOURET, promo Ulm 1912 (Lettres).>>

Le cliché a été pris à Mourmelon le Grand en décembre 1916.
Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
PS Posté tardivement car j'ai encore quelques difficultés avec Mac et son iPhoto (ainsi que pour joindre les photos à un courriel sans qu'elle se transforme en charabia informatique).
Bonsoir Didymes,
Grâce à vous Didymes le sous lieutenant Fouret évoqué dans le premier message est identifié :
<< ... il s'agit de Louis FOURET, promo Ulm 1912 (Lettres).>>

Le cliché a été pris à Mourmelon le Grand en décembre 1916.
Cordialement
IM Louis Jean
sesouvenir
PS Posté tardivement car j'ai encore quelques difficultés avec Mac et son iPhoto (ainsi que pour joindre les photos à un courriel sans qu'elle se transforme en charabia informatique).
<< On peut critiquer les parlements comme les rois, parce que tout ce qui est humain est plein de fautes.
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau
Nous épuiserions notre vie à faire le procès des choses. >> Clemenceau