20° R Infanterie

Parcours individuels & récits de combattants
anloy
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Re: 20° R Infanterie

Message par anloy »

Bonsoir à tous

Le jour de deuil de l'armée française, tome 2, par Jean-Claude Delhez, vient de sortir de presse.
prix 28 euros

site des ouvrages de J.C. Delhez :
http://www.destabul.be/delhez.php

Bonne lecture à tous
Marie Thérèse

COMMUNIQUE DE PRESSE

Vient de paraître

Le jour de deuil de l'armée française, tome 2

par Jean-Claude Delhez


En novembre 2011 était paru le tome 1 du Jour de deuil de l'armée française. La suite, c'est-à-dire le deuxième et dernier tome, vient aujourd'hui le compléter. Cet ouvrage, tout aussi copieux que le premier, commence là où le précédent s'était arrêté : le 23 août 1914 au matin. Il étudie les opérations militaires qui se déroulent jusqu'au 26 août, quand l'armée française se replie derrière la Meuse. De nombreux affrontements méconnus émaillent cette période : la contre-attaque d'Etain, unique victoire française, les batailles de Longuyon, Matton, Bièvre, Nouillonpont, Arrancy, Spincourt..., le raid allemand pour franchir la Meuse à Fumay, les combats de Sedan, Les Bulles, Marville... le siège de Longwy, etc. On y retrouve les troupes françaises et allemandes qui avaient déjà subi une saignée dans la journée du 22 août 1914 et qui consentent à nouveau de lourdes pertes. Au total, sur 1,2 million de soldats, près de 130.000 sont tués, blessés ou prisonniers.

Du neuf sur les limogeages
Ce livre adopte la même méthode que le tome 1, présentant les affrontements les uns après les autres, illustrés de nombreux témoignages de soldats. Parmi eux, citons Jacques Rivière, Alain-Fournier, Louis Pergaud, Jean Galtier-Boissière, Paul Lintier. Il s'appuie sur une vaste documentation, issue des archives militaires françaises et allemandes et de nombreuses bibliothèques scientifiques. Les sources, détaillées en fin d'ouvrage, donnent au lecteur accès à un millier de références. On peut aussi y trouver de nombreuses annexes : ordre de bataille détaillé, état des pertes, bombardement de Trèves et Luxembourg par le dirigeable Fleurus...
C'est en fin de ce tome 2 que viennent toutes les conclusions relatives à l'étude de la bataille des Frontières. Et elles sont nombreuses. Ainsi, on y trouvera un copieux chapitre sur les limogeages dans l'armée française, étudiant le cas de tous les généraux, un par un, sur base d'archives militaires ouvertes pour la première fois (et hautes en couleur). On peut aussi ranger dans cette thématique les chapitres consacrés à la responsabilité du général Joffre et à une affaire Cailleaux inédite, impliquant la classe politique française. C'est par ailleurs l'occasion de s'attarder sur la psychologie militaire et, revenant sur une page douloureuse de l'Histoire, de décrypter les massacres commis par l'armée allemande dans de nombreuses localités (Ethe, Rossignol, Tintigny, Latour, Longuyon, Rouvres, Margny, Haybes...). Enfin, les archives des services secrets allemands permettent d'appréhender un peu mieux cette obscure réalité du renseignement, souvent fantasmée.

La plus grande victoire allemande ?
Les conclusions les plus importantes du livre concernent la tactique militaire et l'économie. Ainsi, la bataille des Frontières apparaît comme une révolution : c'est l'invention du front continu, c'est le primat du feu sur le mouvement, qui conduira à la guerre des tranchées, et c'est l'artillerie qui devient pour la première fois l'arme principale du champ de bataille, au détriment de l'infanterie. Il faut quitter la sphère militaire pour découvrir l'impact le plus important de cette bataille. En effet, par leur victoire d'août 1914, les Allemands s'emparent de la poule aux oeufs d'or : le minerai de fer lorrain. Grâce à lui, ils pourront faire tourner leur économie pendant les quatre années de guerre. Voilà un acquit capital. Il fait de la bataille des Frontières la victoire allemande la plus fructueuse de toute la guerre, la défaite la plus cuisante des Français. Une bataille dont les effets se feront encore sentir en mai 1940, laissant croire aux Français que la forêt ardennaise est infranchissable, et jettant sur les routes de l'exode des milliers de civils traumatisés par les massacres allemands d'août 1914.
Le livre se conclut par une critique bibliographique nécessaire. En effet, les études historiques antérieures avaient popularisé de nombreuses idées sur cette époque, notamment que les Français avaient perdu la bataille parce qu'ils s'étaient lancés tête baissée, baïonnette au canon, dans les forêts ardennaises où les attendaient les mitrailleuses et l'artillerie lourde allemande, qui avaient sanctionné par la défaite les erreurs de commandement de Joffre. Tout cela est faux. Il fallait le démontrer et pointer du doigt les errements de l'historiographie, y compris la plus récente.
Le jour de deuil de l'armée française, tome 2, riche de 656 pages au format 16/24, est illustré par une vingtaine de cartes des opérations et une soixantaine de photographies d'époque. Il est disponible en librairie, dans la zone géographique des batailles, au prix de 28 euros. Sinon, il peut être commandé à l'auteur. Tous les renseignements à ce sujet sur le site www.destabul.be/delhez.php sinon par téléphone au (00.33) (0)3.29.88.92.71.


Présentation du livre par l'auteur :
BELGIQUE : librairie de Nochet, Sainte-Marie-sur-Semois (Etalle), le vendredi 12 octobre, de 16 à 19h.
FRANCE : salon du livre de Longwy, parc Brigidi (Mont-Saint-Martin), le dimanche 14 octobre, tout l'après-midi.



LEGENDE DES PHOTOS
1
Un soldat allemand pose parmi les ruines de la citadelle de Longwy, capturée le 26 août 1914.
2
Un crime de guerre parmi d'autres : la maison incendiée par le baron rouge, Richthofen, au carrefour forestier de la Croix-Rouge, entre Etalle et Virton.
3
Défilé des troupes allemandes du côté de Stenay, devant le Kaiser et le Kronprinz.
Marie Thérèse
Ex 18 Dragons
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Re: 20° R Infanterie

Message par Ex 18 Dragons »

Bonjour Marie Thérèse, bonjour à tous les fidèles du 17° C.A

Merci de nous parler du second ouvrage de J.C Delhez, il intéressera sûrement tous ceux qui se passionnent pour cette période de 1914.

Cordialement à tous.

Jean Pierre
anloy
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Re: 20° R Infanterie

Message par anloy »

A tous, je vous souhaite un Joyeux Noël et une très bonne année 2013
Paul 47
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Re: 20° R Infanterie

Message par Paul 47 »

Bonjour Marie Thérèse

Lacapelette Durfort c'est vraiment un lieu ....petit,

et pourtant c'est pour moi un des centres du monde.

C'est le pays d'origine de mes ancêtres paternels .

Mes trois GO: Joseph ( 11° RI ) Norbert (7° RI ) Thomas (15° puis 102° RI )
Mon GP Joseph (143° )

Sont tous issus de ce village .

Cordialement

Bonnes fêtes à Tous

Paul
Popol
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Re: 20° R Infanterie

Message par Popol »

Bonjour à Toutes & Tous, fidèles du 17e CA;

- Robert vient de nous transmettre ce dernier témoignage, bonne lecture !

pages1418/qui-cherche-quoi/hommage-bata ... _1.htm#bas

- Meilleurs voeux à tous pour l'an nouveau, en particulier pour Marie-Thérèse en lui souhaitant déjà une bonne préparation pour 2014 ...!
Bien cordialement
Paul Pastiels
Ex 18 Dragons
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Re: 20° R Infanterie

Message par Ex 18 Dragons »

Bonjour Marie-Thérèse, bonjour Paul et à tous les fidèles du 17° C.A.

Pour cette année de pré-centenaire, je vous adresse mes Meilleurs Voeux de bonheur et de santé.

Je joins 2 photos de la courageuse armée belge qui a permis de retarder l'invasion allemande.

Cordialement à tous.

Jean Pierre

Image
Ex 18 Dragons
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Re: 20° R Infanterie

Message par Ex 18 Dragons »

suite...Image

Ces 2 photos ont été prises vers le 12 août 1914. Le peloton de cyclistes est équipé de mitrailleuses hotchkiss.
Popol
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Re: 20° R Infanterie

Message par Popol »

Bonjour à Toutes & Tous, ami(es) de la 33e DI

- Etant enfin en possession de l’ouvrage de Jacques MORTANE, intitulé L’Odyssée des « 120 », je ne résiste pas au plaisir de vous livrer un extrait du 1er chapitre (Editions Baudinière – Paris – 1939) relatif au combat de Luchy du 22 août 1914. L’auteur retrace, sur base de témoignages et du rapport du sergent-major Jean LAURENT du 11e RI, les pérégrinations d’un groupe de soldats, isolés après le combat.

p. 12 et s.

(…) "Le 20, à 19h, il (11e RI) partit pour Sachy qu’il atteignit à 1h du matin. Après une halte de deux heures, il entra à Messemprè au petit jour.

Tandis qu’on procédait à la distribution des vivres, accueillis avec joie par la troupe affamée et exténuée un ordre arriva prescrivant le départ immédiat vers Sainte-Cécile. Sans avoir eu le temps de se restaurer, le 11e reprit sa route. La 33e division d’infanterie, à laquelle il appartenait, devait pousser jusqu’à Ochamps et attaquer l’ennemi coûte que coûte, partout où elle le découvrirait.

Le 22 août, à 5h du matin, après avoir reçu un supplément de quinze cartouches par homme, la division s’ébranla dans cet ordre : en tête, le 20e RI, puis les 4e, 1ère et 2e compagnies du 1er bataillon du 11e RI, un groupe d’artillerie, et la 3e compagnie du 11e RI. Deux groupes d’artillerie, les 3e et 2e bataillons du 11e RI et la 65e brigade d’infanterie devaient rejoindre Bertrix.

Après avoir quitté Sainte-Cécile, le 11e RI s’était dirigé vers la forêt de Bouillon, avait traversé la Semoy et était arrivé aux environs de Bertrix en même temps que le 20e.

A cet instant, deux taubes apparurent à moins de 500m d’altitude, en quête de renseignements. Ils aperçurent les troupes se rassemblant : l’avant-garde les reçut à coups de fusil, sans paraître les atteindre.

Continuant sa route le 11e pousse jusqu’à Libramont (Ndlr : jusqu’à Bertrix!). Les habitants le reçoivent avec enthousiasme, le considérant comme un sauveur !

- Méfiez-vous, disent-ils, les Allemands sont à peine à trois kilomètres d’ici. Ils ont envahi la forêt de Luchy et s’y sont fortement retranchés. Ils vous attendent. Prenez vos précautions.

Avec une générosité dont la population de cette région fit toujours preuve durant toute la guerre, des vivres, des canettes de bière, du tabac sont distribués à ceux qui vont au combat et qui sont trop heureux de bénéficier de ces douceurs. Une légère perturbation se produit dans les rangs et il faut commander une halte à la sortie de Libramont (Ndlr : de Bertrix!) pour reprendre l’alignement avant le choc que chacun prévoit.

Attaquez l’ennemi partout où vous le rencontrerez !

Il est 11h30. Chaleur torride. Les fantassins sont fourbus. Cependant l’ordre sera exécuté. Nouvel arrêt au premier détour de la route : sur une prairie se trouve l’un des deux avions qui étaient venus survoler les troupes quelques instants auparavant. La riposte avait été efficace : le radiateur atteint, l’équipage a dû se poser avant de regagner son champ d’aviation. Le pilote, blessé, est resté dans la carlingue. Il est fait prisonnier. L’observateur indemne cherche à s’enfuir. Il court dans la direction d’Ochamp en opérant des crochets pour échapper au tir des soldats lancés à sa poursuite et qui réussissent à le rattraper. Voilà deux aviateurs qui ne pourront pas dire à leurs chefs ce que leurs yeux ont vu.

Cette double capture a ragaillardi, un instant, la troupe. Des hommes se précipitent sur l’appareil pour récolter, parmi les débris, un souvenir de ce beau succès. Il était rare, à cette époque, de détruire des avions.

L’ordre renaît dans les rangs. La marche reprend vers Ochamps : le 20e en avant-garde, le 11e suit. Le premier bataillon de ce dernier régiment (Ndlr : chef de bataillon ROY) s’arrête à l’orée de la forêt de Luchy. Incapables de marcher tant ils sont fatigués, accablés par la chaleur, nombreux sont ceux qui s’étendent sur le bord de la route. Ils ne peuvent plus faire un pas. Le repos est de courte durée.

Vers midi, en effet, du côté d’Ochamps, la fusillade éclate. Le 20e a rencontré l’ennemi et engagé le combat. Le 11e se précipite à la rescousse. Il est dépassé par une reconnaissance d’artillerie qui va déterminer l’emplacement des pièces. Un officier supérieur, galopant pour la rejoindre, crie aux fantassins : Courage, les gars, nous allons vous aider.

L’artillerie doit en effet se porter au nord de Bertrix sur la première crête, pour être doublée par l’infanterie, au courant de ces consignes. Soudain, elle fait demi-tour et repasse devant les régiments envoyés au feu, qui entendent déjà les coups de fusil auxquels il leur faudra répondre sans le secours des canons.

Les fantassins sont découragés par cette manœuvre.

- Alors quoi, on nous envoie à l’abattoir ! s’exclament quelques uns.

Le mécontentement gagne les rangs. Le bataillon s’étire comme une longue chenille. Les traînards, de plus en plus nombreux, sont distancés. Les officiers tentent de ranimer les énergies défaillantes. Les braves exposent aux timorés les conséquences de leur acte.

- Si vous ne nous suivez pas, croyez-vous que vous serez sauvés ? La moindre patrouille ennemie et vous serez tués comme des lapins.

Les retardataires se laissent plus ou moins convaincre. La 3e compagnie (Ndlr : capitaine GERVAISE) est chargée de prolonger à gauche et en échelon la 2e compagnie (Ndlr : capitaine BASTIEN), et de lui remonter le moral.

Or, pour remonter le moral des autres, il faut en avoir soi-même ! Ceux de la 3e compagnie du 11e en possédaient encore quoique n’ayant aucune notion sur ce qui allait se passer, ignorant complètement la situation de l’ennemi : pas une seule observation, pas le moindre renseignement.

Les deux compagnies avancent de quelques centaines de mètres sous bois, s’attendant sans cesse à une attaque imprévue. Des hommes croient distinguer entre les arbres des casques, des pièces d’artillerie. Mirages pour l’instant. Mais la réalité apparaît bientôt, nullement rassurante, des blessés arrivent, clopinant vers l’arrière, perdant leur sang. Un officier gît sur le sol, effroyablement atteint, défiguré, les membres disloqués. Il a pourtant toute sa connaissance et supplie ceux qui passent : Tuez-moi ! Achevez-moi !

Ces hommes qui vont recevoir le baptême du feu, ont été privés de vivres et de sommeil, ils sont à la limite de leurs forces, ils sont impressionnés par l’abominable spectacle. De la guerre, ils connaissent déjà les horreurs avant même de les avoir subies. Leur énergie décline de plus en plus : seuls, les plus courageux sont là qui encadrent les autres.

Non loin de la lisière nord de la forêt de Luchy, la 3e compagnie se déploie en tirailleurs à l’abri d’une sapinière. Des hommes se dissimulent dans un fossé.

Les ailes droite et gauche de l’ennemi ont réussi à progresser. La fusillade jaillit de tous côtés. Afin de conserver le contact avec les autres unités, le capitaine GERVAISE, commandant la 3e compagnie, prie le sous-lieutenant BACQUEY d’aller voir ce qui se passe en avant et d’établir la liaison avec le 20e RI.

Le sergent-major, Jean LAURENT, qui n’a pas eu jusqu’alors, en raison de ses fonctions, de section à commander, est agent de liaison auprès du capitaine, mission périlleuse entre toutes, consistant à porter les ordres sous le feu de l’ennemi. Il va se livrer aux mêmes observations que le sous-lieutenant BACQUEY à l’égard de la 4e compagnie (Ndlr : capitaine GAILHBAUD).

Quand il revient, sa mission accomplie, il aperçoit BACQUEY arrivant livide, titubant, se tenant le ventre, atteint grièvement. Plusieurs des soldats qui l’accompagnaient sont également blessés. Malgré les obus qui tombent en abondance, Jean LAURENT panse l’officier, et le fait évacuer ensuite vers une ambulance de l’arrière.

Le caporal DESBARAX part avec plusieurs volontaires, comme lui, pour aller aux renseignements sous la mitraille qui fait rage. Il ne rentre qu’avec deux : ils sont tous trois touchés par les shrapnells, les autres ont été tués. Jean LAURENT prend le sac du caporal et tente de rejoindre sa compagnie. Un obus de 77 qui, par miracle, n’éclate pas, lui enlève le sac qu’il porte à la main et le projette lui-même cinq ou six mètres plus loin. Tout étourdi, le sergent-major ne se relève qu’au bout de quelques secondes. Il faut agir vite : il rejoint son unité, toujours déployée en tirailleurs et ripostant avec ardeur aux forces allemandes qui cherchent à empêcher la jonction de nos troupes.

La situation devient intolérable. A chaque seconde, le capitaine GERVAISE espère un ordre, un renseignement. Rien ne lui parvient. Il combat sans savoir la portée de son action. Il voudrait communiquer avec le commandant de la compagnie voisine, mais la section de cette unité est séparée du reste de la troupe. Des tronçons du 20e RI, des blessés battent en retraite, le capitaine GERVAISE cherche à obtenir des précisions auprès des gradés. Elles sont loin d’être rassurantes.

Il ordonne alors le repli afin de rejoindre le bataillon. L’opération s’effectue sans perte dans un enfer d’acier et de feu. La troupe s’enfonce davantage dans la forêt.

Lorsqu’elle arrive à la route conduisant d’Ochamp à Bertrix, l’adjudant BOIS signale : Un bataillon ennemi est en marche en colonne par quatre en direction de Bertrix.

Le capitaine GERVAISE, craignant l’encerclement, fait aussitôt déployer sa compagnie face à cette force et, à 400m, ouvre le feu. L’adversaire, s’imaginant avoir en face de lui une troupe beaucoup plus importante, est surpris par cette attaque, se retire en désordre, en se dissimulant dans la forêt, non sans avoir enregistré de nombreuses pertes. Sur les ordres et les menaces de ses chefs, le bataillon ennemi se reforme, se rend compte qu’il a pour lui la supériorité du nombre, et cherche à cerner les fantassins français.

- Rompez le combat et repliez-vous dans la forêt, ordonne le capitaine à ses chefs de section.

Le mouvement s’opère. Jean LAURENT, qui a ramassé un fusil, tire sans répit, plaqué au sol. Il tient à épuiser toutes les cartouches qu’il a trouvées. Rien ne saurait le détourner de sa mission. Il a devant lui un adversaire auquel il doit faire subir le plus de pertes possible. Il s’obstine.

En rechargeant son arme, il entend une lamentation. Il se retourne et aperçoit, près de lui, un sergent réserviste touché à la tête : sa figure est couverte de sang et son corps se tord dans les convulsions de l’agonie. Là, c’est un caporal qui entoure de son pansement individuel sa jambe pantelante. Ici, ce sont des blessés graves qui gémissent en appelant leur maman.

Le tir est devenu moins nourri. Que se passe-t-il ? Jean LAURENT cherche son capitaine. Il ne le découvre pas. Dans l’ardeur de la bataille, il n’a pas entendu l’ordre de repli.

Il n’est pas le seul. Soixante de ses camarades environ sont restés, face à l’ennemi, tandis que les autres se retiraient en vue de retrouver, dans les profondeurs de la forêt, les restes du bataillon et du 20e RI, afin de regagner Bertrix.

Une demi-heure durant, Jean LAURENT et ses compagnons, jouant le tout pour le tout avec une intrépidité folle, continuent à tenir tête, alors que les Allemands sont à moins de cent mètres. Ceux-ci finissent par s’apercevoir, avec stupéfaction, qu’ils n’ont devant eux qu’une poignée d’hommes, véritables diables à leurs yeux.

Voulant en finir, ils lancent à l’assaut des forces au moins vingt fois supéreiures.

Aussitôt, Jean LAURENT se lève, sort son sabre du fourreau et, revolver à la main, se précipite en criant : Mes amis, en avant !

Avec une trentaine de survivants, groupés autour de lui, baïonnette au canon, ils chargent désespérément vers la route d’Ochamps – Bertrix.

C’est le premier corps à corps. Le sodlat sait qu’il doit se débarrasser de l’ennemi s’il ne veut pas être un cadavre de plus sur le champ de carnage. Frénétiquement, les nôtres avancent. Les Allemands, croyant qu’il s’agit seulement d’une avant-garde, reculent surpris et décontenancés. L’engagement ne dure que quelques minutes, mais nos héros ont le temps de mettre à profit le flottement que leur action inattendue a provoqué chez un adversaire pourtant bien plus nombreux.

Ils s’échappent, franchissent la route, se jettent dans la forêt, se mettent à l’abri. Pour plus de sûreté, ils se frayent un passage à travers les taillis pendant près d’un demi-kilomètre. Puis, exténués physiquement et moralement, ils s’étendent sur le sol pour se dissimuler d’abord, pour se reposer ensuite.
A la tombée de la nuit, ils se retrouvent huit, tous légèrement blessés. Les autres ? Morts au champ d’honneur, sans doute.

La situation n’est pas très favorable pour nos fantassins. Les coups de fusil qui claquent, sans discontinuer, de la lisière sud prouvent que la retraite est coupée. Que vont devenir ces héros ? Où est leur compagnie ? Ils ne peuvent pas espérer repasser une seconde fois à travers les lignes allemandes. Ils sont sans aucun doute cernés par un ennemi implacable. Même s’ils ne le sont pas complètement, comment pourraient-ils sortir de là ?

Jean LAURENT n’a ni carte, ni boussole, ni vivres. La fusillade crépite. Les Allemands avancent sur Bertrix. Donc, nos huit fantassins sont en arrière des lignes ennemies.

Après quelques instants de repos, le sergent-major veut reprendre la marche. Il faut fuir cet enfer, s’évader de cette prison. Il déploie ses camarades en tirailleurs, et va en avant espérant le miracle qui leur permettra d’être épargnés par les balles allemandes. Oubliée la fatigue, c’est la lutte pour la vie. Ils se dirigent du côté où roulent les coups de canon.

Soudain, Jean LAURENT trébuche : il a heurté un corps. Deux hommes côte à côte se dressent, revolver au poing. Ils s’attendaient à voir un adversaire, ils reconnaissent un Français. Vite, avec joie, ils se joignent à lui. La troupe augmente.

Un conseil de guerre s’organise. Les dix hommes, allongés par terre, discutent et cherchent une solution au problème qui semble indéchiffrable.

Des soldats d’autres compagnies, du 11e et du 20e, coupés eux aussi du gros de leurs forces, venant se cacher au creux de la forêt, y découvrent leurs camarades.

Jean LAURENT a donné des preuves de son initiative et de son héroïsme. Il prend le commandement de la trentaine d’hommes ainsi réunis. Parmi ces trente braves, l’aspirant CONSTANT, de la 3e compagnie, le caporal MARTY qui a le pied fracassé, six ou sept grièvement atteints.

Le sergent-major est décidé à traverser la forêt quoiqu’il advienne. Il passe une partie de la nuit à renouveler ses tentatives. En vain ! Les lisières sont gardées par d’importantes troupes de cavalerie. Des uhlans, à chaque essai, ouvrent un feu nourri. Ils restent sur leurs gardes et se lancent à la poursuite de Jean LAURENT et de ses compagnons qui, tels des lapins plongeant dans leur terrier, réussissent à disparaître au moment où l’ennemi croit n’avoir qu’à étendre la main pour les saisir. Les uhlans n’osent pas insister et pénétrer dans la forêt, à 11h du soir, deux d’entre eux, mis en observation à la bordure d’une clairière, ont été pris pour cible : devant la grêle de balles, les chevaux se sont enfuis, emballés, tandis que l’un des cavaliers, blessé à mort, poussait un cri lugubre.

Les autres ennemis, devant cet accueil, ne soupçonnant pas la faiblesse des forces qui leur sont opposées, préfèrent ne pas renouveler l’expérience.

La nuit, quelques soldats, se détachant imprudemment de la troupe, se perdent dans la forêt. L’aspirant CONSTANT est du nombre.

La fusillade continue, de moins en moins nourrie, mais toujours aussi inquiétante : l’ennemi ne cesse pas sa garde vigilante autour de la forêt. Nos hommes, anxieux, malgré leur fatigue, ne peuvent prendre aucun repos : dans les ténèbres, le plus petit frisson des feuilles leur fait redouter une menace.

Ils craignent tout ! Nuit interminable ! "

- Bonne lecture et un bonjour (ensoleillé et chaud!) de Bruxelles !








Bien cordialement
Paul Pastiels
Ex 18 Dragons
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Re: 20° R Infanterie

Message par Ex 18 Dragons »

Bonjour à tous les fidèles du 17° C.A, bonjour à tous.

A l'heure où j'écris ces quelques mots, j'ai une pensée pour tous ceux, qui, il y a pile 99 ans, affrontaient le feu de l'ennemi dans la fournaise de Bertrix-Ochamps. Tiste journée de larmes et de deuils qu'ont vécu tous ceux qui se sont battus autant qu'ils le pouvaient.
Il ne faut pas les oublier en pensant à août 2014.

Cordialement à tous.

Jean Pierre
Popol
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Re: 20° R Infanterie

Message par Popol »

Bonsoir à tous les fidèles du 17e CA,

- La tranchée belge est également émue en cette date anniversaire du 22 août!

- Marie-Thérèse PIPEAUX nous a communiqué le programme des commémorations pour 2013:

> Maissin : aucune commémoration cette année;
> Anloy: 25/08/2013 11h messe au cimetière militaire d'Anloy-Bruyères, puis discours et dépôt de gerbes devant la Mélancolie, le monument aux morts devant l'église, au centre du village, puis au monument des fusillés.
Ensuite apéro et repas (pour les inscrits) à la Maison de Village d'Anloy (comme les autres années).
Vers 16h30, nous accompagnerons le groupe de Vendéens, au cimetière de Maissin pour un dépôt de gerbes.

- Voici déjà, en primeur, le programme des différentes commémorations annoncées pour 2014:

"Du 2 au 8 août 2014 : En collaboration avec « Mémoire 82 » organisation d’un voyage à Montauban.
Afin d’être sur place du 4 au 7 août 2014. (Les régiments du Sud-Ouest ayant combattu à Luchy, Ochamps et Anloy ont pris le train à Montauban en direction de Suippes le 5-8-1914 arrivée le 7). Participeront à ce voyage, les autorités communales de Libin et Bertrix et les personnes impliquées dans le travail de mémoire (Anloy – Bertrix et Ochamps) ainsi que les anciens combattants qui le désirent.

Le dimanche 17 août 2014 : participation aux cérémonies à Ethe-Virton

Le programme d’Ochamps : le samedi 23 août
- 14 h balade historique (en association avec le groupement « Sur les pas de la Mémoire » de Ethe-Virton) présentée par Anne-Marie Lambert.
- Des panneaux didactiques auront été placés en des points stratégiques comme à la chapelle d’Ochamps, à la Justice, et à l’emplacement des tombes provisoires connues.
- Présentation d’une maquette expliquant la bataille d’Ochamps et les représailles sur la population civile.
- 18h office religieux à la grotte N-D de Lourdes à Ochamps

Le programme d’Anloy le dimanche 24 août 2014 :
en association avec le groupement « Sur les pas de la Mémoire » de Ethe- Virton
10 h 30 : Anloy
au CM Anloy-Bruyères : office religieux, avec la participation du Consulat de France et d’Allemagne, de l’association « Le souvenir français », une délégation française du Sud-Ouest, de Bretagne, les Spahis, les autorités provinciales et communales, les autorités militaires belges, une délégation des Chasseurs Ardennais de Marche.
Lecture de lettres de « poilus » par les enfants du village.
Au centre du village : hommage aux victimes civiles.
Ensuite restauration simple avant de se rendre à Maissin pour 15 h.
Retour à Anloy 19 h :
- Présentation par l’association « M.E.R.Ci » du chemin de Mémoire inauguré le 11 novembre 2013. Présentation de la revue éditée par Marie Thérèse Pipeaux concernant l’historique des évènements qui se sont déroulés dans le village d’Anloy « Anloy 1914-2014 ».

Apéritif et repas vers 20 h.

Le programme de Maissin le dimanche 24 août 2014 :
La semaine précédente, inauguration de l’exposition qui restera ouverte jusque mi ou fin septembre 2012.
Le dimanche à15 h : Cérémonie au C.M. Pierre Massé, puis au monument aux morts devant l’église.
Présentation d’un panneau reprenant l’itinéraire du parcours historique sur Maissin.
Ensuite direction Anloy pour l’apéro.

Le programme de Bertrix le lundi 25 août 2014 :
Office religieux le lundi 25 août à Bertrix et hommage au cimetière militaire de Luchy.
Voir la commune de Bertrix pour plus amples informations, leur programme serait axé vers une démarche pédagogique vers les écoles de l’entité.


En 2015 : exposition à Anloy sur la vie au quotidien de la population pendant les années de guerres."

- Une bonne soirée (bien agréable) de Bruxelles !
Bien cordialement
Paul Pastiels
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